Je rentrais de mes cours que je dispensais. Durant ma journée, Leandro m’avait envoyé un sms me demandant de cuisiner un plat en particulier pour ce soir. Quel chieur celui-là. Même si c’était avec plaisir que j’allais le faire. Pour mon cousin chéri. Il peut me demander tout ce qu’il veut, et je peux en faire de même en retour. Il me fallait juste acheter quelques trucs. Ce que je fis sur le chemin du retour à la maison. Je m’arrêtais au Best Market, c’est sur le chemin de la maison, mais surtout ce n’est pas trop cher. Il faut avouer qu’en ce moment, l’argent je ne roule pas dessus. Alors si je peux faire quelques économies sur la nourriture, pourquoi pas. J’entrais donc dans le magasin, où il y avait foule de monde. Comme tout le temps à cette heure-là. J’y serais bien allée plus tôt, seulement je travaillais. Comme la plupart des gens ici. Je me faufilais entre les rayons et les personnes, pour pouvoir trouver les aliments que je cherchais. Et une fois que j’eus le tout dans les mains, je m’avançais vers une file. J’essayais de chercher la plus courte, mais rien à faire. Elles étaient toutes plus longues les unes que les autres. A cet instant, je détestais mon cousin qui m’avait demandé ce plat en particulier. Il n’aurait pas pu me le demander plus tôt ? Pour que je m’organise bien, et que je n’ai pas à attendre aussi longtemps. Je m’avançais vers la file la plus proche, en soufflant déjà. Je ne suis pas une femme patiente, et toute cette attente allait me tuer. Mais à ce moment-là je remarquais la personne juste devant moi. Andrew. Mon coach sportif, mais aussi un ami maintenant. Je posais ma tête sur son épaule, car j’étais sûr et certaine qu’il s’agissait de lui. Je reconnaissais sa silhouette de loin maintenant. « Bouh. » J’eus un sourire, car maintenant que je savais que nous étions dans la même file, nous pourrions discuter et le temps passerait déjà beaucoup plus vite. « On se rencontre vraiment partout nous deux. » La première fois ça avait été dans une salle de sport, puis sur le campus de l’université. Et maintenant dans un supermarché. Tout cela voulait peut-être signifier quelque chose. Mais je n’y pensais pas pour l’instant. Les signes je n’y crois, tout comme mon cousin. « Comment tu vas ? » Je ne pus m’empêcher de jeter un coup d’œil à ses achats, curieuse comme je suis. Et de ses achats, je tentais de deviner ce qu’il comptait cuisiner ce soir. Mais en vain. Ca semblait être des courses hebdomadaires, juste pour combler le vide de ses placards et frigo. La file était tellement longue que même lorsque des gens avaient payé, nous n’avancions pas. C’est ça de venir dans un magasin aussi bon marché.

L’attente n’est vraiment pas quelque chose que j’arrive à contrôler. Je suis loin d’être patiente, alors lorsque je me retrouvais dans cette file d’attente, qui me semblait interminable, j’en pris peur. Malheureusement, je devais attendre. C’est bien pour mon cousin que je fais une telle chose. Si ça n’était pas pour lui, j’aurais tout de suite reposé toutes mes courses, et serais sortie pour rentrer au plus vite chez moi. Seulement, mon cousin ne me demande pas souvent grand-chose, et j’a envie de lui faire plaisir. Alors je peux bien attendre quelques minutes pour lui. Bien que j’ai l’impression que ça serait bien plus que quelques minutes, plutôt des heures. Mais ça c’est à cause de mon impatience. Je m’étais donc posée dans une des files d’attente, en essayant au préalable de choisir la plus courte. Ce choix fit que je me retrouvais juste derrière un jeune homme, mais pas n’importe lequel. Andrew. Je lui fis part de ma présence, en créant un contact entre nos deux corps. Ca me faisait plaisir de voir une personne que je connaissais. L’attente allait surement me paraitre moins longue maintenant. Cette rencontre fit apparaitre un sourire sur mon visage. « M’en parle pas. Rien que pour ça je pourrais ne jamais faire mes courses. Mais faut bien vivre. » Oui, si seulement on pouvait faire mes courses à mes places je me jetterais sur l’occasion. Parce qu’en plus de l’attente, choisir les articles, faire les listes, tout cela je déteste. Mais encore une fois, ça fait partie de la vie quotidienne, de la vie d’un adulte. Pour faire passer le temps, je décidais de créer une conversation avec cet ami. Après tout ça fait pas mal de temps que je ne l’ai pas vu. Maintenant que j’y pense, on s’est un peu éloigné depuis un certains temps. J’ai une petite idée de la raison, seulement je ne veux pas y croire car c’est de ma faute. Lorsqu’il me proposa de diner avec lui ce soir, ainsi qu’une petite sortie, je souris. Cela prouvait qu’il ne m’en voulait pas totalement. Et puis après tout, pourquoi est-ce qu’il pourrait m’en vouloir ? Je n’ai rien fait de mal. « Ah ce soir, j’ai un diner de prévu avec mon cousin. Mais si tu veux, tu peux venir. » Pourquoi est ce que je venais de lui proposer cela ? Aucune idée. Mais maintenant je ne pouvais pas revenir en arrière. Ca ne serait pas poli. Oh, et puis pourquoi pas. Joaquim serait heureux de me voir inviter un ami à la maison. A croire qu’il veut absolument me voir caser. Ce qui est normal, au vu de mon âge. Je ne peux pas lui en vouloir. Mais au fond mon invitation à Andrew peut être une bonne chose. Pour moi, tout comme pour nous deux. Etant donné que je lui ai quand même demandé de m’épouser. Non pas car je l’aime, ou que l’amour nous lie. Juste pour ma famille, et la réputation que je peux avoir auprès d’eux. Ils commencent tous à me mettre la pression pour savoir où j’en suis dans mes relations amoureuses. Pour eux, à l’âge de trente ans, il est temps de se retrouver mariée, voire même à avoir déjà au moins un enfant. Situation pour laquelle je suis loin d’y être. « Euh… Oui. Mais tu peux oublier. C’était stupide de ma part. » Il fallait bien que la conversation arrive sur ce sujet au bout d’un moment. Même si j’aurais apprécié qu’elle arrive plus tard. Je ne savais pas quoi lui dire. J’en avais presque honte. Ce fut enfin mon tour de passer à la caisse, je souriais à la caissière.

Spoiler:

Il ne vous est jamais arrivé d’avoir des moments totalement creux, où personne ne peut sortir, où vous vous retrouvez seuls. Et d’un coup, tout le monde vous envoie des messages, vous appelle pour vous dire qu’ils peuvent vous voir. Et généralement tout le monde vous propose la même journée. Sinon ce ne serait pas marrant. Je suis dans une de ces périodes. Tous ces derniers jours je les ai passé toute seule, car oui on ne peut pas réellement compter mon cousin. Je vis avec lui. Mais même en vivant avec lui, ces derniers jours il nous a été difficile de réellement nous retrouver. On se croisait le matin et le soir. Sans plus. On avait trouvé cette seule soirée pour se retrouver, et nous cuisiner un vrai petit plat, comme pouvaient le faire nos parents respectifs. J’avais une de ces recettes, et Leandro adore lorsque je la fais. Donc en vrai petit enfant, il me l’a demandé, voir ordonné. J’étais heureuse de le retrouver. Mais voilà qu’Andrew me proposait aussi un diner de son côté. J’aurais aimé pouvoir lui dire oui, et le retrouver comme au bon vieux temps. Partager un bon petit moment en sa présence. Seulement je ne pouvais pas reporter mon diner avec mon cousin. Il me piquerait une crise. Même si je lui disais que c’est un diner avec un candidat pour le poste de mari. « On fait ça alors. Je te tiendrais au courant pour qu’on se prenne un verre. » Je lui lançais un sourire. Ma soirée n’allait pas être de tout repos. Heureusement que je ne ressens aucune fatigue. Il faut dire que j’ai pu pas mal me reposer ces derniers jours. « Mais il faudrait qu’un jour tu passes à la maison, pour rencontrer mon cousin. » Je suis sur que Leandro serait heureux de rencontrer un de mes amis. Je ne les lui présente pas vraiment. Et puis, si je lui ramène un homme, il ne pourrait qu’en être plus heureux. Ce fut enfin mon tour pour passer à la caisse. Ce qui se fit en deux secondes. J’avais beaucoup moins d’articles que les autres. Je mis le tout dans des sacs, et je payais. Une fois le tout dans mes mains, je me retournais vers Andrew qui m’avait attendu gentiment. Mais ce n’était pas en toute innocence qu’il m’avait attendu. Non, il voulait avoir des explications. Je ne pouvais plus me défiler. « Oh c’est juste que lorsque je t’en ai parlé, à ce moment toute ma famille me mettait la pression pour rencontrer mon mari, etc. J’ai beau leur dire que je suis célibataire, ils ne veulent pas me croire. Pour eux c’est inimaginable qu’à mon âge je sois encore célibataire. Ils pensent que je suis juste trop timide pour leur présenter ce fameux mari. » Et ce n’est pas peu dire que j’ai essayé de leur faire comprendre ma situation. Ils me connaissent, ils savent que je ne suis pas timide, mais en ce qui concerne cette situation, ils me croient capable de leur cacher une telle chose. Alors qu’au contraire, je serais la plus heureuse de leur présenter l’homme de ma vie. Si un jour je le trouve. « Je pensais juste que tu pourrais m’aider. Mais c’était bête. C’est juste qu’ils me mettent une pression de fou, tu n’imagines même pas. » Et à ce moment-là, il était le seul en qui j’avais pu imaginer un potentiel faux mari. Je suis bien plus proche de Rayan, et on a été en couple un jour. Seulement, nous sommes bien trop proches pour que je lui demande une telle faveur. Andrew était parfait pour cela, mais l’idée en soit est totalement absurde.