the great escape
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« you surprisingly don't look that dumb. »

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MessageSujet: « you surprisingly don't look that dumb. » « you surprisingly don't look that dumb. » EmptyMar 21 Juil - 12:01



Un long week-end m'attendait, et malgré le plaisir que j'avais à côtoyer la vie de péchés qu'offrait Las Vegas, je décidai de retourner vers d'anciens horizons qui, je le savais, me plairaient tout autant : la baie de San Francisco, sous le soleil écrasant du mois de Juillet. S'il était hors de question que je m'abaisse à faire des valises, je ne m'en abstenais pas par répulsion envers ces basses corvées, mais plutôt parce qu'une villa en bord de mer m'attendait directement là-bas. J'avais fait une partie de mes études à Berkeley, et vous vous imaginez bien qu'on n'avait pas logé Raphaël de Montaigu parmi les manants dans ces bicoques sans saveur qu'ils ont l'audace d'appeler "résidence" de confréries. Même chez les Epsilons, pourtant réputés pour leurs comptes en banque aussi élevés que leur ambition. Au terme d'un voyage rapide de Vegas à San Francisco, une voiture m'emmena directement dans le quartier de Sea Cliff. Ray Ban sur le nez, mains dans les poches et sourire satisfait sur les lèvres, mes pas me menèrent à l'intérieur de cette demeure qui donnerait des complexes à Schwarzenegger en personne, pourtant ancien gouverneur de Californie. Des plafonds hauts à s'en tordre le coup à la terrasse avec vue sur mer, je prenais une bonne bouffée d'air tiède en me promenant au hasard. "James, un verre d'eau pétillante citronnée dans le salon, merci." lâchai-je d'un ton aimable, quoique laconique, au maître d'hôtel qui se trouvait dans la cuisine ouverte. Chauffeur, valet et autres tâches serviles, voilà la personne qui les effectue pour moi depuis des années. Un homme d'un âge impossible à déterminer, au maintien excellent, et traditionnel anglais dans son plus bel appareil. Je m'installe sur un des divans blancs et ferme les yeux en me laissant bercer par la voix éraillée de Richard Cocciante, chantant Il Mio Rifugio. Je fredonne cet air en tendant la main vers James qui m'apportait ce grand verre désaltérant. "James, vous savez ce qu'il y a à voir en ce moment à San Francisco ? Je suis d'humeur curieuse et culturelle." Mes pupilles claires balaient l'horizon océanique, d'un ennui poli que seuls les privilégiés de ce monde peuvent se targuer d'avoir. L'homme en costume prend la peine de parcourir les brochures qui ont envahi la boîte aux lettres depuis la dernière fois que je suis venu, et fronce les sourcils pour tenter de trouver quelque chose qui puisse me divertir. C'est l'avantage d'être assisté par un homme qui connaît parfaitement vos goûts… quoiqu'il se permette par moments d'être condescendant. C'est d'ailleurs bien le seul à qui j'offre ces brèves libertés à mon égard. "Une galerie vient d'être ouverte au musée d'art de San Francisco sur des peintres français, de la Renaissance au réalisme." J'ouvre les yeux et opine du chef. Parfait. Cela faisait bien longtemps que j'avais eu un break pour exercer mon œil sur des toiles qui, quoique sans doute déjà familières à ma mémoire, n'en sont pas moins remarquables. Je monte jusqu'à ma chambre et, après avoir pris une douche pour me délasser, je troque mes habits de voyage pour un pantalon beige, une chemise bleu ciel aux manches retroussées jusqu'au coude et ouverte de deux boutons au niveau du col, une paire de mocassins bruns accordés à la ceinture en cuir que je passe. Je passe négligemment une main dans mes boucles brunes pour qu'elles se remettent en ordre désorganisé par elles-mêmes puis redescend les escaliers d'un pas vif. "Veillez sur la maison, mon brave." lançai-je au vieil homme qui me tenait la porte ouverte et me donna les clefs de la Cadillac au garage. "Bien, Monseigneur - J'ai entendu, ça." Un sourire partagé, exaspéré en ce qui le concerne et amusé pour ma part, naquit sur nos visages, avant que je ne mette les voiles. Je profite de ces quelques minutes au volant pour jouer les pilotes aguerris sur le trafic périphérique. Après avoir slalomé entre les automobilistes afin d'en faire enrager plus d'un sur le petit bijou que je m'amusais à conduire, j'arrivais enfin juste devant le musée. J'entre et salue sobrement l'hôtesse d'accueil, puis je passe le portique une fois mon billet payé. L'endroit est climatisé et particulièrement agréable, j'ai toujours apprécié les ambiances particulières des musées. D'un bref coup d'œil, je remarque qu'il y a tout de même pas mal de touristes… En revanche, j'ai horreur de la foule. Fréquenter le bas peuple et prendre le risque d'attraper leurs germes… seigneur. Dixit le type qui donne chaque années des sommes astronomiques à une multitude d'associations pour des personnes défavorisées. Je veux bien les payer, pas les fréquenter. Après un petit détour par les antiquités gréco-romaines, j'arrive enfin dans la galerie fraîchement ouverte pour accueillir les grands maîtres français. Chauvin par nature, j'esquisse ce sourire suffisant du nationaliste orgueilleux par excellence. Les Américains ont beau exceller dans de multiples domaines, l'art n'est à mon sens pas leur point le plus fort. Face à un Monet, j'aperçois du coin de l'œil une demoiselle blonde qui s'approche, et ce qui semble être un appareil photo à la main. Je lève brièvement les yeux au ciel dans une attitude finement amusée, sinon narquoise, puis je reprends mon inspection de l'œuvre impressionniste.
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MessageSujet: Re: « you surprisingly don't look that dumb. » « you surprisingly don't look that dumb. » EmptyMar 28 Juil - 19:18

« you surprisingly don't look that dumb. » Tumblr_molswnncAe1r9i6cio1_250 « you surprisingly don't look that dumb. » Tumblr_mj074tgm3z1qeeqito1_r1_250

Enfin. Enfin, je mettais les pieds hors de la Nouvelle-Orléans, certes pour un week-end seulement, mais cela représentait déjà tant à mes yeux. Bradford et moi étions arrivés tôt dans la matinée à San Francisco, afin de passer un peu de temps… en famille, d’une certaine manière. Après une première grande rencontre avec ma grand-mère, mon oncle et deux de mes cousins, Camille, la plus jeune des deux, avait grandement insisté pour que l’on puisse un jour se revoir et il y a peu, j’avais grandement insisté pour que nous nous octroyons deux jours hors de la ville où nous avions posé bagages, mais pas n’importe où. À notre arrivée chez Joe Shark, les enfants m’avaient accueilli avec entrain et j’avais manqué d’étouffer sous leurs câlins. Quant à leur père, c'est à peine un regard moins dur qu'à son habitude qu'il m'offrit. Si j’avais été assez distante avec eux à notre rencontre, notamment parce que les gamins me fichaient bien souvent la trouille, allez savoir pour quelle raison, toutes mes craintes avaient fini par s’envoler en un rien de temps et constamment, je prenais des nouvelles de ces deux monstres. Quand ce n’était pas eux qui se daignaient à m’appeler. Pour cette matinée, j’avais proposé aux enfants de partir un peu avec moi en ville, afin de visiter certains quartiers : partir à la découverte de nouveaux lieux resté après tout l’un de mes passe-temps favoris. Après des heures de rire et de marche à vous en faire décrocher la mâchoire et les jambes, j’ai ramené Camille et Connor peu avant le déjeuner. Un déjeuner que mon père avait d’ailleurs pris soin de concocter. « J’espère que tu ne cuisines pas de nouveau pour un régiment au grand complet. », lançais-je à ce dernier tout en m’approchant afin de glisser un baiser sur sa joue. À peine ai-je le temps d’échanger quelques mots avec mon paternel que les enfants arrivent à la charge afin de me kidnapper et de me faire faire le tour de la maison et notamment de leurs chambres, ce qui me rend assez mal à l’aise. Voir une pièce propre à eux, ce que je n’ai jamais eu en plus de vingt ans et ce que je n’ai d’ailleurs toujours pas. Ma chambre est digne de celle d’un fantôme : sans aucune personnalité. Une simple armoire remplie de vêtements divers et variés, un papier-peint blanc cassé des plus banals et des draps achetés parce qu’ils étaient simplement bon marché. Pas de photos encadrées ou encore accrochées, pas de signes distincts d’une quelconque passion m’animant si ce n’est que quelques ouvrages et mes nombreux manuels de médecine. Ici, les chambres des enfants débordent de jouets ou de dessins en tous genres reflétant pleinement leur personnalité : ils savent qu’ils auront toujours ce lieu comme ultime refuge. Pour ma part, et malgré les dires de mon père, j’ai toujours cette peur de devoir un jour quitter la Nouvelle-Orléans et reprendre la route comme nous l’avions fait pendant les vingt dernières années, alors je préfère ne pas trop m’attacher et encore moins prendre trop mes aises. Après un repas bien copieux, je me décide une fois encore à quitter les lieux : après tout, je ne suis pas venue que pour explorer de fond en comble la demeure Shark. « Papa, je vais au musée d’art. Je suppose que tout comme les enfants, tu ne veux pas venir. » Surtout si c’est pour t’asseoir dans un coin, fermer les yeux et ronfler jusqu’à ce que tous les visiteurs t’entendent. Et non, je ne vais sans doute pas proposer à son frère de m’accompagner. Joe Shark, accompagnant sa niaise de nièce dans un musée… pas même dans ses pires cauchemars. Après avoir attrapé mon appareil photo, j’offre une dernière accolade à mon père, mais ce dernier me retient subitement par le bras avant même que je ne puisse tourner les talons. « Ce n’est qu’un short… Mais non, il n’est pas en train de rétrécir à vue d’œil… Tu plaisantes, on ne voit rien du tout !... Non, je ne flirterais avec aucun garçon, mais si tu continues comme ça, ça risque d’arriver. » Finalement, toujours vêtue de la même tenue, c’est-à-dire un short en jeans, un débardeur blanc avec décolleté assez révélateur et une paire de petites bottines brunes, je quitte une fois de plus la demeure afin de prendre le chemin du musée. Et quoi de mieux que de profiter du soleil rayonnant de la Californie en faisant le trajet à pied. Oui, une part de moi espère que ma peau prendra un sacré coup de bronzage dans le même temps. Je peux toujours rêver. Après plusieurs minutes de marche, j’arrive enfin au musée que j’avais repéré un peu plus tôt dans la matinée et qui avait attiré mon œil par l’ouverture récente d’une galerie sur des peintres français. L’entrée payée, c’est la première visite que je tiens alors à m’accorder. À peine ai-je mis un pas dans la galerie que me voilà absorbé par mon appareil photo qui semble faire des siennes. « Allez, mais allume-toi… », murmurais-je pour moi-même. Oh la technologie, une véritable misère. Et dire que ce fichu appareil avait très bien marché toute la matinée et que sa batterie était encore pratiquement pleine… Je pousse un faible grognement et percute au passage quelqu’un. Évidemment, ce lieu est déjà en train de me taper sur le système. « Oh pardon, excusez-moi… Qu’est-ce que je peux être maladroite. Vous n’avez rien ? » Maladroite et tête en l’air, il y a certains où j’aimerais bien me terrer dans un trou de souris. Je pose alors mon regard sur ce parfait inconnu. Des boucles brunes désordonnées et un regard bleuté… Pourquoi faut-il que la tentation soit toujours forte lorsque je dis à mon père que je ne vais pas faire de bêtise ?
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MessageSujet: Re: « you surprisingly don't look that dumb. » « you surprisingly don't look that dumb. » EmptyMer 29 Juil - 17:14



Après avoir épié la nouvelle venue dans la galerie, je ne perds pas de temps à adresser de nouveau mon attention aux œuvres qui se trouvent ici. Je délaisse le Monet pour me tourner vers un Courbet rendu célèbre pour l'effet de bombe qu'il a pu causer à l'époque de son exposition : L'enterrement à Ornans. Dans mes souvenirs, il fait partie de la collection du Musée d'Orsay à Paris, son observation n'est pas sans faire remonter une foule de souvenirs de mes années d'études à la Sorbonne. Fresque à vocation humaine et éminemment politique malgré le sujet apparent choisi, Courbet ouvre alors la voie à un mouvement qui prendra le nom de réalisme. J'épie le moindre détail avec l'avidité d'un passionné insatiable, subjugué par cette peinture monumentale et ce format anormalement immense pour un tel sujet. Je prends la peine de détailler chaque visage d'un œil averti, tant et si bien que je ne pressens même pas l'approche maladroite de la jeune femme de tout à l'heure. Alors que je vacille après cette rapide bousculade, je retrouve mes appuis instinctivement en posant la main sur la toile : par chance, je n'appuie pas comme le dernier des barbares sur cette œuvre, lui épargnant ainsi la moindre détérioration, mais l'alarme se met en route dans la seconde qui suit. Je soupire en me redressant, puis je croise enfin le regard de la fautive. "Seigneur, ils n'apprendront donc jamais…" maugréai-je entre mes dents. Les manants et leurs habitudes grossières. Deux types de la sécurité débarquent au pas de course, encadrant le conservateur que je reconnais au premier coup d'œil. "Arrêtez-là ! Monsieur de Montaigu, quel plaisir… navré pour ce dérangement, j'imagine que cette demoiselle a eu les mains un peu trop baladeuses sur ce bijou du réalisme français." Il adresse alors un regard de mise en garde à la blondinette, derrière ses petites lunettes en demi-lune. Au diable ce que me dicte ce petit instinct sadique, je décide d'intervenir en croisant les bras. "En réalité, c'est moi qui ai posé les mains sur ce Courbet." Les trois hommes cessent de fixer la jeune femme pour me regarder, incrédule. "Il s'avère que j'ai voulu regarder l'expression sur le visage du prêtre, et j'ai trébuché sur le parquet. J'imagine que son entretien presque trop régulier le rend plus glissant que ce que j'imaginais." Derrière un compliment sur la propreté, je déguise un reproche vis-à-vis de la sécurité au cœur du musée. Le conservateur relève ses lunettes sur son nez, vexé sans trop le laisser paraître. "Cette jeune femme n'y est pour rien, et j'imagine qu'il serait de galanterie tout à fait française de votre part de lui présenter vos excuses pour cette accusation un peu trop hâtive, vous ne pensez pas ?" J'arque un sourcil, d'une rare politesse combinée à un ordre savamment enrobé. Les deux agents opinent du chef en direction de la jeune femme, tandis que le conservateur marmonne une excuse entre ses dents serrées. "Ce fut un plaisir partagé." ajoutai-je à l'attention du conservateur qui tournait les talons, se retenant de toutes ses forces pour ne pas me rétorquer quoique ce soit. C'est ce qui se passe lorsqu'on est un donateur généreux : on finit par avoir plus de pouvoir que ceux qui prétendent régir un haut lieu culturel. J'affiche à peine un sourire satisfait, puis je baisse la tête pour croiser le regard de la maladroite du jour. "Inutile de me remercier." Chevalier servant, peut-être, mais arrogant, c'est une certitude. Ces quelques paroles soufflées comme on vanterait les mérites d'un preux revenu d'une croisade, je me pare d'un sourire tout ce qu'il y a de plus suffisant, mais non moins aimable. Navré si j'ai l'air supérieur, c'est plus qu'une attitude : c'est une réalité. "J'ose croire que ce… cet appareil photo a quelques problèmes pour fonctionner. Vous savez, ce n'est pas en vous acharnant sur les personnes qui sont autour que vous parviendrez à vos fins. Vous devriez ouvrir simplement vos yeux et faire travailler votre mémoire… c'est en général plus productif. Et moins dangereux pour autrui, en ce qui vous concerne plus directement." Elle a l'air charmante. De quoi vous divertir quelques instants éphémères… c'est bien à cela que les gens comme elle servent aux personnes comme moi, non ? "Vous vous appelez…?"
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MessageSujet: Re: « you surprisingly don't look that dumb. » « you surprisingly don't look that dumb. » EmptySam 15 Aoû - 15:46

« you surprisingly don't look that dumb. » Tumblr_molswnncAe1r9i6cio1_250 « you surprisingly don't look that dumb. » Tumblr_mj074tgm3z1qeeqito1_r1_250

J’admirais la scène comme si elle semblait se dérouler au ralenti. Le temps semblait s’être momentanément arrêté, même s’il ne s’agissait que d’un passage qui dura une ou deux secondes tout au plus. Il n’y avait plus de bruit, plus le moindre son en arrière-plan, les conversations alentours semblaient s’être évanouies et rien ne laissait à croire que le monde tournait encore. Pourtant, par-delà les murs de ce bâtiment, la ville de San Francisco était en perpétuel mouvement. Les piétons foulaient le bitume et les voitures roulaient constamment, une routine quotidienne qui n’allait certainement pas se briser aujourd’hui. Miss Catastrophe en personne vient une nouvelle fois de frapper et dans une nouvelle ville, décidément, je ne changerais jamais. Le nez toujours plongé dans les problèmes, importants ou non. La main de cet inconnu se pose sur la toile et la vie intérieure du musée vient soudainement de reprendre son cours lorsqu’une alarme retentit. Fronçant les sourcils, j’ai su cerner les mots de cet homme, mais de là à les comprendre… Et je n’ai après tout pas le temps d’y réfléchir puisque la sécurité avance à grandes enjambées dans notre direction. Prête à offrir des explications à celui qui semble être le conservateur, je me fais coiffer au poteau par ce dernier. Comment ça, arrêtez-là ? « C’est une plaisanterie, j’espère ?! » Hors de question que je paie les pots cassés pour une faute dont je ne suis qu’à moitié responsable. Imaginez un peu la tête du père Shark s’il apprenait cette mésaventure… J’en aurais au moins pour deux mois enfermée à la maison et avec un bracelet électronique autour de la cheville afin qu’il sache à tout instant de la journée dans quelle pièce je me trouve. Finalement, la voix de l’inconnu s’élève afin de couper court au malentendu qui vient de se dresser. C’est un mensonge si rapide qui finit par glisser d’entre ses lèvres, qu’il m’est difficile de ne pas laisser une expression de surprise s’étirer sur mon visage. Si pas un seul merci n’est prononcé alors que les trois hommes ont fait l’effort de s’excuser, c’est uniquement parce que je suis bien trop occupée à leur adresser un furtif regard noir. Défier l’autorité ? Ce n’est pas un problème après plus de vingt années d’aventure et quelques années à faire se plier de temps un autre un père reconnu pour être une véritable armoire à glace. Si je peux résister à un colosse en muscle pesant deux fois mon poids et faisant près de trente centimètres de plus, je peux résister à n’importe qui d’autre. D’une certaine manière. Mon regard croise finalement celui de l’inconnu qui se veut finalement plus… désagréable que prévu. « Je ne comptais pas le faire. » Et contre toute attente, je ne peux répliquer autrement que sur un ton quelque peu cynique. Quelque chose clochait chez ce type, un quelque chose qui avait alors le don de m’agacer au plus haut point. Il avait cet air supérieur propre des gens de la haute société et un nom de même consonance qui m’avait immédiatement interpellé. Pitié, de tous les types que je pouvais bousculer aujourd’hui, il fallait que cela tombe sur un homme que je méprisais au premier abord à peine. « Hope. », lançais-je sans me laisser démonter par les propos énoncés un peu plus tôt par ce grand brun qui me faisait face. Le jugement et les propos cassants des autres, j’y avais eu le droit depuis bien des années et j’étais clairement rôdée à ce sujet. Perpétuelle étrangère dans tous les pays dans lesquels j’ai pu vivre, je m’étais faite aux regards et aux paroles déplacés et en étais dorénavant imperméable, mais bien forcée à rappliquer derrière. Un Shark ne se laisse pas rabaisser de la sorte par les autres sans répliquer et je n’allais certainement pas être l’exception qui confirme la règle. « Monsieur de Montaigu, c’est ça ? Puisque vous faites sans aucun doute partie de ces gens hautains qui ne jurent que par leur argent et par le fait de rabaisser autrui, ne comptez pas sur moi pour vous présenter de quelconques excuses pour ce qui s’est passé. Remerciez votre côté désagréable pour cela. » La prudence ? Un terme que je ne connaissais presque plus depuis que mon père et moi avions posé nos valises à la Nouvelle-Orléans. Prête à chercher la petite bête dans tous les coins de rue, je n’allais pas déroger à la règle aujourd’hui.
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MessageSujet: Re: « you surprisingly don't look that dumb. » « you surprisingly don't look that dumb. » EmptyLun 17 Aoû - 9:24



A mesure que le conservateur s'éloigne avec ses deux agents de sécurité sur les talons, je m'adresse enfin à celle que je considère comme la fautive de cette histoire. Visiblement, au lieu de se confondre en excuses comme les bonnes manières l'auraient exigé, la voici qui se lance dans une critique peu châtiée de mon attitude envers elle. N'ai-je pourtant pas simplement pointé quelques vérités générales, associées à cette représentante en mini short du petit peuple ? Je croise les bras sur mon torse, un sourcil arqué et un sourire à la fois poli et amusé en guise de première réaction. Elle paraît jeune... Serait-ce la crise d'adolescence, ou la mauvaise "période" pour que cette demoiselle se montre aussi irrespectueuse ? Non, n'attendez pas que je reconnaisse mon indélicatesse, il s'avère que je ne la vois tout bonnement pas. Une fois son petit monologue achevé, j'opine du chef devant la dite Hope, ne la contredisant pas me de m'appeler "Monsieur". Ne rêve pas, beauté, tu n'as pas encore ce qu'il faut pour t'octroyer la familiarité de m'appeler par mon prénom. "Seigneur... Ce si joli minois était presque séduisant s'il ne s'était pas mis à... parler." relevai-je d'une voix qui, sous un faux ton déçu, demeurait plus moqueur qu'autre chose. "Vous me bousculez, je prends le blâme sur mes épaules et c'est moi qui suis désagréable ? Décidément, les petites gens sont nées sans aucun bon sens. Quel dommage, j'imagine que votre quotidien doit être mal aisé." Cette fois, c'est un sourire d'une tendresse qui laisse subtilement entendre l'ironie qui prend place sur mon visage. Oui, je ne jure que par mon argent, et oui, je suis hautain. Inutile de le nier, j'en suis même très fier. Après tout, la nature a voulu me rendre supérieur envers ce genre d'énergumènes, alors pourquoi m'en cacher ? Je me tourne de nouveau vers le Courbet de la discorde, si tant est qu'on puisse l'appeler ainsi, puis je prends le temps de plisser les yeux. Au moins, je ne l'ai pas abîmé malgré la pression de ma main. Une chance, je ne transpire pas non plus, les fluides corporels mélangés à une peinture vieille de près de 200 ans auraient mené à un cocktail qui, quoique rattrapable, n'en demeure pas moins désastreux. Finalement, en trouvant une part d'amusement nouvelle chez Hope, je laisse l'exposition de côté quelques minutes pour me concentrer sur ce nouveau divertissement. La seule chose que je trouve dommage, c'est qu'elle soit si prompte à l'affrontement verbal. Son simple physique parlerait pour elle que je ne m'en plaindrait guère. "Vous n'êtes visiblement pas française, et j'imagine que les limites d'une éducation bon marché ne vous donnent pas les clés de compréhension de ce qui doit ressembler pour vous à du barbouillage de vieillard inspiré." Vous ne rêvez pas, je réfléchis à voix haute, sans honte aucune. "Quant à l'appareil photo, inutile de revenir sur le sujet. Vous êtes en voyage scolaire ou bien vous vous êtes perdue ? Ah non, laissez-moi deviner... Vous n'êtes pas de San Francisco et la chaleur vous a conduite au premier endroit climatisé qui vous venait ?" Quoi ? Il y a bien une explication rationnelle à la présence d'une manante dans un haut lieu culturel, et je n'aime pas les questions sans réponses. Sûr de mon fait, je finis par plonger les mains dans mon pantalon. "En ce cas, puis-je vous suggérer la galerie du supermarché à quelques rues d'ici ? J'ai entendu dire que les personnes de votre milieu profitaient de... Ah, comment diable cela s'appelle-t-il...? Ah oui. Des soldes. Quelle drôle d'idée de baisser les prix de temps à autres, j'imagine qu'un philanthrope travaillant dans l'humanitaire a dû en être à l'origine." Le mot que vous cherchez probablement, c'est "odieux".
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MessageSujet: Re: « you surprisingly don't look that dumb. » « you surprisingly don't look that dumb. » EmptyMer 26 Aoû - 17:55

« you surprisingly don't look that dumb. » Tumblr_molswnncAe1r9i6cio1_250 « you surprisingly don't look that dumb. » Tumblr_mj074tgm3z1qeeqito1_r1_250

C’est à cet instant précis que je me mets à prier pour que le sixième sens de mon père se réveille. En temps normal, il est du genre à flairer le moindre danger ou imprévu, aussi minime soit-il, à des kilomètres à la ronde, mais aujourd’hui, alors qu’il profite de mon absence pour passer du temps avec son frère cadet, je commence à fortement douter de ses pouvoirs que je trouve malsains au possible. Avec le Diable en personne qui fait barrière, il y a sans doute de quoi. Les paroles de ce type me faisant face ne cessent de me révulser, encore un homme qui pense que son portefeuille peut faire des miracles, alors certes, mais face à moi, il n’obtiendra rien. Impossible de plier face à tant de prétention et de narcissisme. « Mais il est sans aucun doute bien plus plaisant que le votre. Au vu de votre attitude, je doute que qui que se soit se plaît à se trouver en votre compagnie. Riche et seul, d’une tristesse. Enfin, ce n’est pas moi qui irais vous plaindre, il y a plus intéressant à voir dans les alentours. » Je souhaite, ou plutôt non, je veux enfin couper court à une discussion qui paraît forte inutile. Abandonnant donc l’idée de pouvoir prendre quelques clichés en souvenir –les tous premiers de l’un de mes nombreux voyages lorsque l’on y réfléchit bien -, je contourne l’homme sans plus lui porter la moindre attention, avançant quelques pas plus loin jusqu’au prochain tableau. J’ose espérer que ce dernier restera dans son coin, mais mon instinct me dit que je ne suis pas au bord de mes surprises. Cet homme n’aura-t-il donc pas la paix jusqu’à ce que je lui présente ne serrait-ce qu’une piètre excuse ? Tant bien que mal, je cherche à me focaliser entièrement sur l’œuvre d’Edouard Manet vers laquelle je m’étais tournée peu avant cette interruption dont je me serais bien passée. Cet homme n’aura-t-il donc pas la paix jusqu’à ce que je lui présente ne serrait-ce qu’une piètre excuse ? Je pourrais la lui offrir, mais hors de question de lui offrir satisfaction. Pas au vu de ses propos aisément déplacés. Ce n’est pas non plus par politesse que je le laisse s’acharner sur moi à sa manière, mais bien parce que chaque terme énoncé me passe à des kilomètres au dessus de la tête, jusqu’à ce qu’enfin, il ne se daigne à ferme son clapet. Il était grand temps. « Oh pitié, encore un parfait empaffé qui croit que son argent et son statut lui permet bien des choses. » Mes yeux roulent dans leurs orbites tandis qu’un nouveau soupir vient à m’échapper. Bras croisés contre ma poitrine, mon attention se reporte sur la peinture que j’étais minutieusement en train d’analyser. « Comme si quelques paroles bafouillées sauraient me faire trembler devant vous. J’ai connu bien pire que quelques mots déplacés prononçaient seulement pour rassurer un égo fortement développé et qui cherche encore à s’étendre. » Pendant mon enfance, mais aussi mon adolescence, j’avais souvent été pointé du doigt pour être différente des autres : venue d’un pays éloigné, constamment en cavale, l’impossibilité de se poser trop longtemps dans le même endroit… les nouvelles arrivées vont souvent parler les gens en mal, et c’est ce que j’ai pu récolter. Des années à supporter moqueries et questions en tous genres, et le temps m’avait aisément permis de ne pas les calculer. « Sans doute que vous vous plaisez à rabaisser les autres parce que vous-même vous avez été victime d’une injustice plus ou moins similaire. Laissez-moi deviner… Votre mère ? Ou peut-être votre père ? » J’ose tourner mon visage en la direction de ce grand brun, le questionnant du regard tout en affichant un sourire en coin. Dis-moi que j’ai tapé dans les mille, des attitudes similaires, j’en ai croisé par centaines. « Enfin, peu importe, votre pitoyable vie ne m’intéresse guère. Je parierais que l’on vous tend tout et n’importe quoi sur un plateau d’argent, sans le moindre intérêt, alors autant resté cloîtré chez vous et claquer des doigts à l’encontre de vos servants. Le monde extérieur n’est sans doute pas fait pour vous, c’est un peu plus compliqué que ça. » Une once de respect pour cet homme ? Absolument pas. Remerciez Daddy Shark de m’avoir transmis son caractère de cochon.
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MessageSujet: Re: « you surprisingly don't look that dumb. » « you surprisingly don't look that dumb. » EmptySam 5 Sep - 18:53



L'aplomb dont fait preuve cette jeune femme ne cesse de me surprendre, sinon de m'amuser, comme l'indique ma mine à l'instant où elle se plaît à critiquer ma façon d'être. Depuis quand les pauvres ont-ils du répondant devant ceux qui leur sont naturellement supérieurs ? Touchant. Je croise les bras sur mon torse et m'applique à l'écouter sans faillir, quand bien même ses paroles ne chercheraient qu'à me faire taire. Une injustice plus ou moins similaire ? Lorsqu'elle parle de ma mère et de mon père, mon sourire semble s'affaisser légèrement, comme une falaise de calcaire immaculé qui laisserait s'échapper un pan pour venir s'écrouler dans la mer. Touché. "Il s'avère, pour votre gouverne, que mon argent et mon statut me permettent effectivement bien des choses. A commencer par une éducation, un langage approprié et définitivement un style autre que le bon marché qui, pourtant, vous va à ravir." Elle a voulu tirer sur la corde et, bien qu'adroite, elle ne s'en prendra pas moins le retour de tension en pleine figure. Pour l'éducation, cela dit, je n'ai de politesse que pour celles et ceux de ma classe. Les autres, je ne leur laisse que ces miettes qu'on jette aux pigeons des parcs publics. Presque interloqué par son agressivité, malgré sa frêle constitution, je la trouve étonnamment… charmante. Aussi curieux que cela puisse-t-être, c'est exactement le mot qui convient. Au diable ces fades bimbos perchées sur talons aiguilles qui gloussent à la moindre main baladeuse, voici une femme qui n'a pas froid aux yeux pour des raisons autrement plus intéressantes. "Vous êtes… particulière, mademoiselle." Pour la première fois, les mots qui sortent de ma bouche n'ont rien de provoquant, bien qu'elle puisse éventuellement considérer ce terme comme une insulte à ajouter à une liste qui ne cesse de s'allonger. "Le monde extérieur, comme vous dites, est bien plus divertissant que ce que je m'imaginais. On ne m'a jamais apporté quelqu'un comme vous sur un plateau d'argent." Attendez, le pire est à venir. "L'argent a une valeur qu'il serait malvenu de ternir." Voilà, ça n'aura pas duré bien longtemps. Le pire, c'est que dans cette détestable franchise, je cherche à être… presque gentil. J'enfonce finalement mes mains dans les poches de mon pantalon et je regarde autour de moi en poussant un profond soupir. "Ce qu'il y a de triste, c'est que je prends plus de plaisir à me faire insulter par une parvenue qu'à me balader dans une galerie que je pourrais acheter en in clin d'œil si l'envie m'en prenait." lançai-je sur un ton assez mélancolique. A demi-mot, je suis en train de reconnaître qu'elle a raison. Qu'elle est bien plus perspicace que ce que j'ai pu imaginer. Je ne m'arrêterai pas de penser qu'il est impossible de vivre convenablement sans avoir une fortune qui se trouve à cheval entre Bruce Wayne et Oncle Picsou, toutefois, il m'arrive parfois de me dire que je vis une existence plus creuse que je ne veux l'admettre. J'ai des amis aussi superficiels et richissimes que moi, des conquêtes aussi éphémères que les papillons de nuit, des propriétés à travers toute la planète… et une impression grandissante, à l'aube de mes trente ans, de ne pas avoir vécu du tout. J'ai travaillé, investi, fait la fête, réussi un brillant parcours professionnel… et alors ? "Pour votre information, j'ai beau claquer des doigts, mon valet fait souvent mine de faire la sourde oreille. C'est assez irritant, par moments." Raphaël de Montaigu, ou l'homme qui se posait les vraies questions de la vie. Après avoir regardé dans le vide pendant quelques instants, je cligne des yeux et croise le regard de la jeune femme. Elle, la vie, elle la connaît. "Je me plais beaucoup en votre compagnie." Et c'est dit sans la moindre arrière-pensée, comme si de mon point de vue, cette seule confession devrait embellir sa morne journée de femme de la classe moyenne. "Ca va vous paraître étrange, mais… vous m'emmèneriez faire un tour ? Quelque part où les gens de ma classe n'ont pas l'habitude d'aller ? Vous devez en connaître, des coins comme ça, non ?" Je sors ma main gauche de ma poche en lui adressant un sourire qui se veut gentil, galant… irrésistible. J'ai peut-être des défauts, mais pas celui-là. "Si vous dites oui, ça veut dire que vous allez rouler en Maserati pour la première fois de votre vie." Pas à moi, Blondie : tu n'as jamais posé ce fessier dans une voiture dont le seul intérieur cuir vaut plus que le Monet vers lequel tu m'as poussé. Cette proposition peut paraître étrangère, mais je suis soudainement envahi par une curiosité qu'elle a suscitée chez moi, ou ce qu'elle pourrait considérer comme une extravagance de riche qui s'ennuie profondément.
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MessageSujet: Re: « you surprisingly don't look that dumb. » « you surprisingly don't look that dumb. » EmptyDim 13 Sep - 16:06

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Intérieurement, je me suis mise à sourire en voyant un maigre pan du masque de cet homme tomber et ainsi me dévoiler l’une de ses faiblesses. J’adore quand mon instinct féminin repère de petites failles chez ceux qui peuvent m’exaspérer, me donnant alors l’opportunité de rappliquer de vive voix : un bonheur dont je ne saurais me passer, un véritable don d'une certaine manière. Je feins un bâillement suite à ses propos qui sont loin de m’atteindre. Certes, Bradford et moi ne roulions pas sur l’or et il avait encore moins eu l’occasion de m’offrir une éducation digne de ce nom… quant au langage, ma foi, quand on a passé plus de vingt ans auprès d’un père aux allures de bûcheron… il n’y a pas de quoi pouvoir employer quotidiennement un langage des plus soutenus ou un ton un brin moins agressif que celui que j'avais pu utiliser jusqu'à présent . Mais peu importe, pour rien au monde, j’aurais voulu avoir une autre vie que celle que j’ai pu connaître, même si j’avais voulu y changer quelques petites choses. Les soupirs s’enchaînent après coup et je laisse l’homme débiter ses paroles comme bon lui semble, ne lui prêtant alors qu’un maigre intérêt. Parfois, mieux vaut répondre par le silence plutôt que de se ridiculiser comme il est actuellement en train de le faire. Cependant, un rire ne peut s’empêcher de glisser d’entre mes lèvres. Très bien, j’avoue qu’il éveille enfin ma curiosité. « Sérieusement ? Il doit vous manquer une sacrée case pour prendre votre pied de cette manière… Une preuve de plus que vous êtes égal à un petit chien de palais qui passe son temps sur un coussin de velours. » J’ai dit qu’il éveille ma curiosité, pas que j’allais le prendre avec des pincettes. Et puis quoi encore ? Fronçant les sourcils, je l’observe de haut en bas en soupirant, une fois encore. Décidément, ce type me fait bien plus pitié que je n’aurais pu l’imaginer. « J’arrive à faire plier mon père en haussant un tantinet le ton et vous n’arrivez pas à dresser correctement votre valet… C’est pire encore que ce que j’imaginais. Quel drôle d’habitude d’aimer tendre le bâton pour vous faire battre. » J’ai actuellement un millier de raisons valables pour me moquer de lui, mais je n’en ferais rien et tiens à les garder au chaud pour un avenir sans doute proche. Sait-on jamais. Rejetant mes cheveux en arrière, je cherche un moyen peu détestable afin de lui avouer que sa compagnie m’est bien irritante, mais trop tard, me voilà face à une proposition à laquelle je ne m’attendais en rien. « Vous n’êtes pas sérieux, j’espère ? » Première réaction naturelle et le fait que cela puisse le froisser ou non ne m’importe que très peu. Je l’observe, lui et son sourire un poil trop charmeur à mon goût, de quoi en faire chavirer plus d’une, mais face auquel je ne vais en rien plier. S’il pense qu’il peut obtenir tout ce qu’il veut de cette manière, il se trompe. Aujourd’hui, il vient de tomber sur un os imposant à souhait. « Vous vous offrez le loisir de… m’insulter comme bon vous semble et vous osez à présent me demander une sorte de faveur ? Laissez-moi deviner… vous êtes atteint de troubles psychologiques ou quelque chose dans le genre, c’est ça ? » Il n’y a qu’une telle explication qui tient la route, ou alors, il a de sacrés penchants masochistes. Mais j’avoue préférer ma première théorie malgré tout. « Il faut vraiment que vous alliez consulter dans ce cas… » Et le plus vite sera sans doute l’idéal. Histoire que l’on puisse rapidement vous enfermer dans un asile psychiatrique. Mais cependant, je n’avais pas la force de fuir ou encore de rester là à ne rien faire, me contentant simplement de le regarder dans le blanc des yeux. Quelque chose me disait que j’allais me plaire à le faire vagabonder à droite et à gauche, bien que San Francisco soit une ville qui m’était totalement étrangère. Je l’imaginais bien avec une carte de la ville entre les mains plutôt que son téléphone dernier cri tout en arpentant des lieux qui lui feraient dresser de frayeur le moindre poil se trouvant sur son corps. C’est suite à un las soupir que je me daigne enfin à lui accorder une réponse des plus précises. « Bon, très bien, j’accepte de passer un peu de temps avec vous, mais pas à cause de votre radieux sourire. C’est simplement que j’ai pitié de vous… Mais voilà les conditions : soit nous prenons le taxi, soit c’est moi qui conduis votre Maserati. À prendre ou à laisser. » Dans le genre moins chiante et moins exigeante, on a vu mieux, mais c’est le prix à payer pour passer un peu de temps en ma compagnie après avoir osé me dénigrer de la sorte.
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MessageSujet: Re: « you surprisingly don't look that dumb. » « you surprisingly don't look that dumb. » EmptyDim 20 Sep - 14:09



J'arque un sourcil, tout de même vexé par la comparaison qu'elle fait de mon quotidien. De palais, d'accord, je veux bien le reconnaître, mais je n'ai rien d'un chien. A commencer par la loyauté… Mais passons. "Vous vivez encore avec votre père ?" Il se voit, mon sourire moqueur ? Je n'y peux rien. Vraiment, j'aimerai m'empêcher d'être ironique ne serait-ce que par stricte politesse, mais il s'avère que j'en suis incapable. A son âge, elle vit encore dans les pattes de son paternel, j'imagine que cet aplomb trouve sa source dans un foyer qu'elle n'a jamais quitté. Si elle était livrée complètement à elle-même dans ce monde de requins, elle ne serait peut-être pas aussi assurée qu'elle l'était à cet instant. Je croise les bras en gardant les clés de voiture dans ma main, non sans dodeliner de la tête avec dédain. On voit bien qu'elle ne connaît pas James. Un valent anglais pour un milliardaire français, c'est comme demander à Napoléon en personne d'obtenir quoique ce soit de l'amiral Nelson après la défaite de Trafalgar. Cet homme possède un sens de la répartie tout en finesse qui a su se frayer un chemin dans mes propres us et coutumes, et je ne peux m'empêcher d'admirer celui qui, à mes yeux, représente un père… bien plus que ne l'a été celui qui m'a donné la vie en premier lieu. Toutefois, au lieu d'épiloguer au sujet de mon majordome, j'accueille sans étonnement sa réaction suite à ma proposition. "Si cela peut vous rassurer, il n'est pas non plus dans mes habitudes de prêter l'oreille à ce que les pauvres ont à dire… C'est une première pour nous deux." Si ce que je viens de dire peut être interprété de la pire des façons, il s'avère que le naturel avec lequel j'en fais part témoigne de l'absence totale de gêne à dire tout haut ce que je pense. L'ennui, c'est que le terme "bienséance" trouve parfois un sens différent dans ma façon d'être que la définition originelle du terme. Troubles psychologiques ? Si j'avais envie d'aller me perdre dans une psychanalyse, je pense qu'on me diagnostiquerait un égocentrisme maladif, un machiavélisme avéré, un besoin pathologique de tout contrôler et dominer, ainsi qu'un cruel manque affectif dû à un surinvestissement de mon père envers ma sœur, non sans créer une jalousie latente à l'égard de cette dernière. Vous voyez ? J'ai économisé 15 ans de suivi psychiatrique rien qu'en étant lucide sur mes motivations. "Consulter un parvenu pour comprendre mon intellect ? Allons bon… autant aller voir un marabout, aussi." plaisantai-je avec un rire narquois. Non, Monsieur ne se prend pas pour n'importe qui. Après tout, n'est pas un De Montaigu qui veut. Toutefois, ma requête est tout ce qu'il y a de plus sérieux. J'ai besoin d'autre chose, je souhaite découvrir des horizons que l'argent ne peut pas m'offrir, en apprendre plus sur un monde duquel je me suis toujours coupé volontairement. Prêter l'oreille à une répondante a quelque chose de divertissant, comme si ce caractère bien trempé était capable d'éveiller autre chose que du mépris de ma part, malgré les apparences. Pitié de moi ? J'hausse les sourcils, presque surpris. La voilà qui se lance dans une négociation. "Vous êtes de plus en plus étonnante. Vous savez ce que n'importe quelle autre femme serait prête à faire pour être passagère dans ma voiture ?" Si toi aussi, ton estime personnelle est maladivement développée, lève la main en l'air ! Prêt à refuser catégoriquement qu'elle pose ses doigts terreux sur le cuir de mon volant, je m'arrête en pleine réflexion et laisse un sourire se dessiner sur mes lèvres. Radieux sourire, c'est elle qui l'a dit. En fin de compte, je lui tends les clés de bon cœur. "Tenez, je vous laisse conduire. Après tout, si vous nous emmenez sur le bas-côté, j'aurais une bonne occasion de m'en racheter une plus neuve pour mon anniversaire." Des personnes appartenant au commun des mortels opteraient pour un t-shirt ou un billet de concert… et d'autres s'offrent des cabriolets d'une rare indécence. Nous sortons en direction du parking et je lui désigne de la main la Maserati en question. Un petit bijou qui risque fort de faire naître tout de même un brin d'entrain de la part de la jeune femme. Galant malgré tout, j'ouvre la portière côté conducteur et l'invite à s'asseoir, avant de m'installer côté passager. "Allez-y, dites-moi que vous ne faites pas ça pour le plaisir de conduire cette voiture…" Pas besoin de vraiment me répondre, chérie, je connais déjà la réponse. "Où va-t-on ? Dans les bas-fonds ? Un pub un peu miteux…? Vous savez, j'ai fait une partie de mes études ici, à l'université de Berkeley." Ne me demandez pas pourquoi je me sens détendu et même plein d'entrain, la demoiselle doit me prendre pour un fou. "Au fait, je m'appelle Raphaël. Et vous ?"
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