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| “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) | |
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Invité Invité
| Sujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) Dim 20 Sep - 23:00 | |
| Déjà mal à l’aise à la seule idée d’être venue frapper chez lui, la remarque d’Ollie n’arrangea en rien sa gêne grandissante. Les yeux baissés, elle s’efforçait d’aplatir des plis imaginaires sur une robe impeccable pour occuper ses mains. Il n’avait pas idée de ce dans quoi il s’engageait, songea-t-elle avec tout le défaitisme dont elle était capable. C’était ça, le problème avec Jade : elle possédait une connaissance si poussée d’elle-même qu’elle pouvait prévoir le pire avant même qu’il n’arrive. Comme tous les autres hommes qui s’étaient laissés séduire par son physique gracile, il finirait par déchanter en découvrant ce qui se cachait derrière : une montagne de doutes, d’insécurité, un tempérament autoritaire et caractériel, et un besoin irrépressible d’avoir le contrôle sur absolument tout, à commencer par des détails insignifiants. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait choisi elle-même le restaurant dans lequel ils se rendraient : elle l’avait fait parce qu’elle y serait en terrain connu, un peu plus dans son élément que si elle avait dû le suivre, lui, et susceptible de se montrer sensiblement plus à l’aise. Elle se ferait une obligation de commander le vin, mais aussi de lui proposer ses recommandations en matière de plats. C’était ce qu’elle faisait, Jade : elle tentait d’exercer le contrôle sur tout, y compris sur ce qui lui échappait. Une façon de plus de se rassurer, et d’affirmer que l’idéal de perfection qu’elle visait depuis l’enfance lui restait bel et bien accessible. « Je pourrais dire la même chose » répondit-elle simplement, s’aventurant à remonter les yeux sur lui. Ollie avait l’air d’être le genre d’hommes à ne pas accorder grande importance à son style vestimentaire – inexistant, constata-t-elle – et elle s’étonna de ne pas le voir lui demander de patienter cinq minutes le temps d’enfiler une tenue plus appropriée. Mais elle possédait une capacité étonnante à oublier que tout le monde n’était pas comme elle, faisant du choix d’une simple robe une quête existentielle dont sa vie tout entière dépendrait. La moindre faute de goût l’aurait perturbée pour toute la soirée, jusqu’à probablement la pousser à l’écourter pour se réfugier dans une tenue dont elle saurait qu’elle était parfaite du haut jusqu’au bas. Oui, Jade était névrosée à ce point. « Je-je ne sais pas… vous comptez y aller comme ça ? » s’enquit-elle sans se donner la peine de couvrir le jugement derrière ses propos. Mais Ollie ne fit pas mine de vouloir changer quoi que ce soit à sa tenue, aussi se contenta-t-elle de soupirer, regrettant déjà de s’être aventurée en terre inconnue avec ce type débarqué de nulle part. C’était une erreur, pensa-t-elle tandis qu’ils prenaient la direction de l’ascenseur sans oser briser le silence. Une erreur monumentale, même, de croire qu’elle pouvait sortir de sa zone de confort comme ça, du jour au lendemain, elle qui ne vivait que pour son quotidien rythmé par ses habitudes profondément ancrées en elle. Il était probablement un chic type, en dépit d’un look relativement négligé et d’un comportement un peu trop insistant, mais il ne collait en rien au portrait type du genre d’hommes avec lequel elle pouvait envisager ne serait-ce que d’aller au restaurant. Il était… issu d’un autre monde, et cette seule phrase en disait assez. Le sien était fermé depuis toujours, personne n’y entrait, personne n’en sortait, elle vivait dans un vase clos, côtoyait les mêmes personnes, clones reproduits à l’infini avec lesquels les mots venaient aisément. Parce qu’elle savait quoi dire, en leur présence, elle l’avait fait si souvent qu’elle aurait pu répéter les phrases dans son sommeil. Avec lui, c’était plus compliqué. Elle devait réfléchir soigneusement avant de dire quoi que ce soit, et rien de tout cela ne lui semblait naturel. Elle se fit pourtant violence, parce qu’arrivée au bas de l’immeuble, il aurait été dommage de se défiler compte tenu de l’âpre négociation qu’elle avait menée avec elle-même toute la journée à ce sujet. Elle lui fut redevable de relancer la conversation le premier – elle aurait été capable de garder le silence toute la soirée, autrement – et les mots lui vinrent plus facilement qu’elle ne l’aurait soupçonné. « Je ne l’étais pas » confirma-t-elle, sans même chercher à enrober la chose. « Je ne le suis toujours pas, d’ailleurs. Mais je teste une nouvelle approche de la vie, alors j’imagine que si je ne me confronte pas à quelques obstacles en chemin, cette nouvelle approche se révèlera être un désastre ». C’était ainsi qu’elle concevait ce dîner : une première épreuve dans cette tentative d’ouverture au monde. Souvent, lorsqu’elle se glissait dans ses draps de satin, elle se demandait pourquoi elle se donnait tant de peine. Pourquoi chercher à tout prix à s’ouvrir aux autres, alors qu’elle n’avait jamais eu de problèmes à se mêler aux siens ? Etait-ce une preuve de masochisme, une simple tentative de tolérance, un besoin viscéral de s’extirper de la bulle dorée dans laquelle elle évoluait ? Ou une façon de soigner ses nombreuses névroses en les prenant à bras le corps pour les confronter à sa personnalité fermée ? Jade ne trouvait jamais les bonnes réponses, peut-être parce qu’elle ne se posait pas les bonnes questions. « Je ne suis pas une fille simple, Ollie. Vous l’avez déjà constaté ce matin, et je peux vous garantir que ce dîner vous en apportera la preuve. Au moins, la question sera réglée : vous aurez tenté, compris que je n’étais définitivement pas une personne fréquentable, et vous prendrez la fuite. A votre place, c’est ce que je ferais. » Elle parlait d’elle comme elle aurait parlé d’une autre personne, avec une vision si objective d’elle-même qu’elle en devenait cynique. Jade ne s’idéalisait pas, et refusait de voir les autres le faire : elle ne savait que trop bien ce que ça faisait de voir ses espoirs déçus. « C’est ici » finit-elle par dire en désignant la devanture d’un restaurant italien confidentiel niché entre deux immeubles. « Ca ne paie pas de mine, mais la cuisine est divine. » |
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| Sujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) Mer 30 Sep - 0:04 | |
| Ollie était légèrement désemparé. Il estimait n’avoir aucune chance avec Jade, ne s’était pas vraiment fait d’illusions quant à la réponse qu’elle donnerait à cette invitation et pourtant, contre toute attente, elle était là, sur le pas de la porte de son appartement, à l’attendre. Malgré la surprise, il lui adressa un sourire franc. Il ne la connaissait pas et le petit aperçu qu’il avait eu le matin même n’était pas des plus positifs, mais il était comme ça, il ne pouvait s’en empêcher. Depuis toujours, il tombait très rapidement et très facilement sous le charme des filles, un regard par ci et un sourire par là suffisaient à le séduire. C’était ça Ollie, une sorte de coeur d’artichaut qui n’avait paradoxalement jamais vécu une vraie histoire d’amour. Il avait beau se donner du mal, faire des efforts, ses rares relations n’arrivaient jamais à devenir sérieuses. Il était peut-être là le problème, il se donnait trop de mal, était peut-être à la recherche d’une chimère, d’une perfection impossible à atteindre. Silencieusement, il attendait l’amour, le vrai, mais peut-être qu’à force de l’idéaliser, il passait à côté et lui tournait le dos lorsque celui-ci se présentait. C’était d’ailleurs peut-être parce qu’il en avait pris conscience qu’il avait invité Jade à dîner. Même si elle représentait bon nombre de choses qu’il détestait, il préférait passer une mauvaise soirée plutôt que de passer à côté de cette relation sérieuse qu’il attendait depuis des années et ce, même si les chances de réussite étaient infimes. « Mon smoking est au pressing, désolé. » répondit-il ironiquement à la question de Jade. Elle était sûrement très sérieuse à ce sujet, avait probablement l’habitude de sortir avec des hommes qui considéraient un costume trois-pièces comme une tenue décontractée, mais ce n’était pas le cas d’Ollie. Les rares costumes qui occupaient sa garde robe étaient des pièces de si piètre qualité qu’il ne les portait jamais. Une chemise, une veste et un jean étaient amplement suffisant à ses yeux pour sortir dîner. Peut-être aspirait-il à vivre au sein d’une classe sociale supérieure, pour autant, il n’avait pas envie de devenir une autre personne, de se prendre trop au sérieux, il voulait garder les pieds sur terre. Il était propre sur lui et présentable, c’était bien là l’essentiel, au diable les costumes. Le moment gênant de l’ascenseur passé, Oliver brisa enfin la glace en entamant la conversation. La réponse qui lui donna Jade ne le rassura pas vraiment. A vrai dire, il ne savait pas de quelle manière y réagir. Elle n’était toujours pas certaine d’avoir envie d’aller dîner avec lui, une sorte d’expérience disait-elle. Alors c’était ça qu’il représentait à ses yeux, une sorte de spécimen rare qui pouvait offrir un peu de nouveauté dans un quotidien trop terne. Qui plus est, si elle n’était toujours pas décidée à propos de ce dîner, la soirée s’annonçait passionnante. Pendant un instant, Ollie eut envie de mettre court à tout cela, touché dans son orgueil, il avait envie de lui dire de revenir vers lui quand elle serait fin prête, plutôt que de lui faire perdre son temps. Mais après quelques secondes de réflexion, il se ravisa. Accepter de venir dîner avec lui avait sûrement demandé à Jade de faire un gros effort, et ne serait-ce que pour ça, il devait s’en montrer un minimum reconnaissant, et ce, même si ces propos maladroits l’avaient blessé. « Ravi de servir de cobaye pour vos expériences dans ce cas là. J’espère que je ne représenterai pas un obstacle trop compliqué à surmonter. » décida-t-il finalement de répondre, à mi-chemin entre humour et frustration. Elle n’avait pas l’intention d’être blessante, il en avait l’intime conviction, c’était juste sa manière à elle de s’exprimer, la manière dont elle avait été élevé probablement. Elle ne s’en rendait probablement pas compte, mais l’égo d’Ollie avait été touché. Il se battait quotidiennement pour aspirer à un mode de vie meilleur, à grimper un à un les échelons de la pyramide sociale, mais preuve en était, il arrivait encore que certaines personnes le prennent pour un moins que rien. Il arqua un sourcil quand, après l’avoir rabaissé, Jade se rabaissa à son tour, comme elle en avait apparement la fâcheuse habitude. « Ca tombe bien, vous n’êtes pas à ma place. » se contenta-t-il de répondre dans un premier temps, avant de reprendre après avoir marqué un léger temps d’arrêt. « Quant à la simplicité, ce n’est pas ce que je recherche, la simplicité m’ennuie. Mais vous avez bien raison sur un point, je vais tenter. Je vais tenter parce que malgré tous vos avertissements, je pense que vous valez le coup d’être connue, et définitivement une personne fréquentable. Regardez-vous, resplendissante. De nous deux, je suis plutôt celui qui n’a pas l’air fréquentable. » Il ne connaissait pas assez Jade pour savoir s’il s’agissait de fausse modestie ou d’une faible estime de soi, mais dans tous les cas, il n’arrivait pas à comprendre comment elle pouvait se rabaisser de la sorte. A première vue, elle avait tout pour briller, pour rayonner et pour en mettre plein la vue à toutes les personnes de son entourage. « Donc non, je compte pas fuir mais plutôt profiter à fond de cette chance que vous m’offrez. » reprit-il, en guise de conclusion à ses deux remarques précédentes. Quelques secondes plus tard, ils arrivaient devant un petit restaurant italien que Jade avait sélectionné, assurant que la cuisine y était divine. « Très bien, je vous fais confiance. » répondit tranquillement Ollie. De toute façon, il n’avait apparemment pas le choix. Jade avait accepté ce rendez-vous, mais avait tout prit en main, l’horaire, comme le lieu. Plutôt que de lui en tenir rigueur, Ollie était reconnaissant, les standards culinaires de son invitée du soir étaient probablement bien plus élevés que les siens et cela lui permettrait de noter une nouvelle table dans son carnet d’adresses. Après s’être assis à la table que le maître d’hôtel leur présentait, Ollie jeta rapidement un oeil au menu avant de le reposer quelques secondes plus tard, essayant de masquer sa gène du mieux qu’il le pouvait. Tout était écrit en italien, et s’il pouvait reconnaître les plats les plus populaires, il n’arrivait pas à déchiffrer une bonne moitié du menu. S’éclaircissant la voix, il décida de briser le léger silence qui s’était installé, masquant son ignorance derrière une petite attention. « Puisque vous connaissez le restaurant, vous n’auriez pas un plat à me conseiller ? » Il espérait de tout coeur que la réponse était oui. Dans le cas contraire, il devrait probablement se contenter de pâtes Carbonara ou d’une pizza qu’il sélectionnerait au hasard. Curieux et désireux d’en savoir davantage au sujet de Jade - qui était pour le moment un mystère total à ses yeux - il reprit la parole dans la minute qui suivit pour lancer réellement la conversation. Elle avait beau avoir de jolis yeux, il n’avait guère envie de les fixer silencieusement pendant toute la durée du repas. « Alors, qu’il y a-t-il à savoir sur vous Jade ? Excepté le fait que vous soyez organisatrice de soirée, que vous ayez un goût prononcé pour l’auto-dénigrement et que vous soyez la femme la plus en beauté du restaurant. »
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) Sam 3 Oct - 22:40 | |
| Elle répondit d'un sourire grimaçant, qui se voulait vaguement compréhensif à l'origine sans jamais réussir à atteindre son but. « Je n'aime pas les sarcasmes » précisa-t-elle, presque désolée. Et quand bien même les utilisait-elle régulièrement, il n'y avait rien de plus irritant à ses yeux que d'en être la cible. Consciente qu'il lui faudrait faire un peu plus d'efforts que cela, et se montrer nettement plus ouverte d'esprit, elle tenta une nouvelle approche : celle du lâcher-prise. « Mais ça ne fait rien. Je suppose que... ça fera l'affaire. » Elle désigna d'un geste vague la tenue d'Ollie, sans pouvoir masquer entièrement la désapprobation qu'elle lui inspirait. Sois plus docile, s'enjoignit-elle avant de prendre sa suite en direction de la sortie. L'atmosphère tendue ne l'aida pas à l'être et elle se demanda à nouveau, pour ce qui devait être la millième fois, pourquoi elle s'était embarquée dans ce qui serait sans doute un fiasco annoncé. Jade n'avait plus l'habitude des contacts sociaux hors de son monde si prévisible dans lequel elle évoluait avec aisance. Ici, elle était maladroite, cinglante et gênée. Les mots s'échappaient de sa bouche sans avoir pris le temps de les mesurer, et elle se demanda l'espace d'une seconde s'ils parviendraient à atteindre le restaurant avant qu'Ollie ne soit entièrement vexé. Pourtant, elle le pensait : il était un cobaye dans une nouvelle expérience qu'elle menait avec appréhension, et dont l'issue lui semblait de moins en moins certaine. Elle l'avait mis en garde d'emblée : elle n'était pas fréquentable. Pas par quelqu'un dans son genre, du moins. « Je suis désolée, ce n'était pas... les mots ne sont pas sortis comme ils auraient du » tenta-t-elle – mal – de se justifier avant de retomber dans un silence pesant. Les secondes s'étirèrent, longues et oppressantes, et seul le bruit de la rue lui parvint aux oreilles : les voitures qui défilaient à toute vitesse, les sirènes de police, d'ambulances, l'agitation de la ville qui lui donna l'impression d'être à New York et non plus en plein cœur de San Francisco. Ollie reprit la parole, un peu plus tranchant et sûr de lui cette fois. Un sourire se dessina sur les lèvres avant de disparaître presque aussitôt, remplacé par un froncement de sourcils. « La beauté n'est pas un critère valable » répondit-elle. « S'il ne s'agissait que de ça, je serais bien plus entourée que je ne le suis actuellement. » Peu importait qu'elle fût jolie ou, pour reprendre ses termes, resplendissante. Elle était une couverture de livre, splendide et précieuse, mais l'intérieur perdait en charme sitôt la première page ouverte. Elle replaça une mèche derrière son oreille et tourna la tête vers Ollie. « Vous êtes soit optimiste, soit stupide. Je n'arrive pas encore à me décider. » Mais l'esquisse de sourire qu'elle lui offrit semblait amusée plus que sérieuse. « Vous allez être déçu. Je le sais, parce que vous n'êtes pas le premier à vouloir s'aventurer sur ce terrain-là, et tous les précédents ont échoué. Non, vous n'êtes peut-être pas optimiste finalement, simplement présomptueux. » Cela faisait bien des années qu'elle avait renoncé aux rendez-vous, rencards, tout ce qui s'apparentait à un triste tête à tête dans lequel elle devrait parler d'elle et se révéler petit à petit. Elle était spéciale, Jade. Trop, sans doute, pour parvenir à maintenir l'intérêt des autres plus longtemps que de raison. Qui savait, peut-être ferait-il d'elle son acte de charité. Ils finirent par atteindre le restaurant et furent installés par un maître d'hôtel d'une rare élégance. A nouveau le silence embarrassé entre deux personnes qui ne se connaissaient pas, et n'avaient pas grand-chose à se dire pour l'instant, qu'elle combla en se plongeant dans la lecture d'un menu qu'elle connaissait par cœur. Ce restaurant ne payait pas de mine, mais comme beaucoup d'endroits à San Francisco, il recelait bien des trésors. Les plats y étaient divins, les serveurs incroyablement professionnels et l'ambiance n'était ni trop romantique, ni trop animée. Naturellement, comme à chaque fois, elle fit sa sélection en quelques secondes avant de refermer le menu d'un geste brusque. Jade était une grande indécise, et si elle s'était accordé plus longtemps pour choisir, elle aurait fini par hésiter toute la soirée pour un simple plat. La question d'Ollie lui fit relever la tête. « Un plat à vous conseiller ? Pas vraiment, ils sont tous excellents. Le risotto est divin. Les gambas sont exceptionnelles. Leur filet de turbo également. Je ne sais pas, tout dépend de vos préférences. » Elle haussa les épaules, consciente de ne pas être d'une grande aide. Visiblement bien plus bavard qu'elle, Ollie lança la conversation, l'air de rien. Probablement qu'attendre un premier pas de sa part les aurait amenés à la fin de la soirée sans un seul mot échangé, aussi valait-il mieux prendre les choses en main. Elle prit le temps de la réflexion, pas tout à fait certaine de savoir ce qu'elle pouvait dire d'elle si tôt dans la soirée. Des choses à savoir à son sujet, il y en avait des centaines, mais toutes n'étaient pas particulièrement pertinentes. Elle releva le compliment glissé dans la phrase d'un sourire mais ne le commenta pas. « Je ne m'auto-dénigre pas, contrairement à ce que vous avez l'air de penser. Je suis simplement honnête. Je ne vais pas vous mentir en vous faisant croire que je suis ceci ou cela lorsque ce n'est pas le cas. Je vous rends service : je vous évite de tomber de haut quand vous réaliserez que je suis exactement ce que j'ai l'air d'être, une fille névrosée, dédaigneuse et relativement insupportable. Voilà la réponse à votre question. Il n'y a pas grand-chose de plus à savoir sur moi. Je vis pour mon travail, j'ai grandi à Las Vegas et mes parents sont divorcés. Je n'aime pas la compagnie des autres mais la solitude me fait peur, mon assistant me donne régulièrement des envies de meurtre et je suis célibataire depuis si longtemps que j'ai arrêté de compter les années. Un portrait plutôt réjouissant donc. » acheva-t-elle d'un trait d'humour. C'était elle. Aussi honnête et directe que possible. Elle aurait pu se lancer dans une interminable tirade à son sujet, sur ses passions, ses doutes, et toutes ces petites choses qui apportaient un semblant de nuance à sa personnalité, mais elle avait parfois l'impression que cette nuance n'existait plus depuis bien des années. « Je suis sûre que votre vie est bien plus intéressante que la mienne » reprit-elle, pour l'encourager à répondre à son tour.
- Spoiler:
je suis désolée, c'est ultra mauvais mais impossible de me concentrer et je veux me donner l'impression d'avoir été vaguement productive aujourd'hui
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) Ven 30 Oct - 1:25 | |
| Elle n’aimait pas les sarcasmes venait-elle de dire. Finalement, elle avait sûrement raison, ils n’étaient sûrement pas compatibles tous les deux. Le sarcasme était chez lui comme un tic de langage, quelque chose qu’il ne contrôlait pas vraiment, qui sortait de sa bouche naturellement. Alors si Jade ne supportait pas le sarcasme, il allait rapidement l’exaspérer, à coup sûr. Ajouté au fait qu’elle n’avait pas l’air d’avoir l’habitude de côtoyer des gens d’un milieu social modeste, cela commençait à faire beaucoup de points en défaveur d’Ollie. Il préféra rester silencieux suite à cette remarque et à la suivante. Elle accordait apparemment beaucoup d’importance à l’apparence - et à la tenue qu’Ollie se devait de porter pour aller au restaurant - et il pria intérieurement pour qu’elle ne soit pas une de ces filles superficielles possédant un pois chiche à la place de la cervelle. Ce n’était qu’une soirée, uniquement quelques heures, mais il n’avait pas envie de les passer avec une fille qui, bien qu’intrigante à première vue, se révélait finalement être complètement inintéressante et obsédée par le paraitre plutôt que par l’être. Les filles comme cela, il en côtoyait suffisamment sur les plateaux de tournage de manière quotidienne. Alors qu’il avait ironiser sur le fait de servir de cobaye pour l’expérience de Jade, celle-ci s’excusa immédiatement, gênée d’avoir pu le blesser. Elle avait raison, les sarcasmes n’étaient vraiment pas son truc. « Aucun souci, ne vous en faites pas, je sais très bien que ce n’était pas méchant. Et même si cela l’avait été, il ne tient qu’à moi de vous faire changer d’avis au cours de ce repas. » répondit-il avec aisance pour calmer la situation. La dernière des choses dont Ollie avait envie, c’était de la mettre encore plus mal à l’aise qu’elle ne l’était déjà. Revivre le silence gênant de l’ascenseur qui avait plombé l’ambiance n’était pas dans ses objectifs. Il le voyait bien, qu’elle s’était faite violence pour accepter de se rendre à ce dîner avec lui. Elle sortait de zone de confort, elle prenait des risques, elle partait à l’inconnu. Un inconnu, voilà ce qu’il était. Un inconnu sorti de nulle part, un inconnu qui n’avait pas fait une bonne première impression, un inconnu qui venait bouleverser son monde sans crier gare, comme s’il avait donné un coup de pied dans la fourmilière. Mais parfois, le bonheur se cachait dans l’inconnu. Parfois, il fallait sortir du confort de son quotidien pour s’épanouir davantage. C’était en tout cas la manière dont il vivait sa vie, avec cette obsession de la découverte de nouveaux horizons. Pour la première fois de la soirée, Oliver arriva finalement à lui décrocher les prémices de ce qu’il devinait être un sourire qui le soulagea intérieurement. Malgré son optimisme légendaire, il avait commencé à croire que sa compagnie était d’un ennui monumental mais ce sourire venait le rassurer. Comme dans un jeu de piste, il considérait ce sourire comme un signe qu’il était sur le bon chemin, ou plutôt sur la bonne voie. « Optimiste ou stupide ? Qui sait, sûrement un peu des deux. » lâcha-t-il en lui rendant son sourire. « Optimiste pour croire que vous avez bien plus de qualités que vous ne voulez le laisser paraître. Stupide pour croire qu’il y ait une chance que je sois intéressant à vos yeux. » continua-t-il se permettant de lâcher un début de rire très léger pour marquer le ton de la plaisanterie. Même si après tout, ce n’était pas tant une plaisanterie qu’il voulait le laisser paraître. Même s’il voulait toujours donner l’impression d’avoir une grande confiance en lui, Ollie doutait que Jade ne puisse trouver quoique ce soit d’intéressant chez lui. Elle devait avoir l’habitude de côtoyer des gens passionnants lors des soirées qu’elle organisait et lui n’était qu’un simple pauvre petit acteur débutant qui essayait de faire son trou dans un métier ô combien précaire. Un jeune homme qui avait fait des siennes en quittant le domicile familial alors qu’il était encore mineure, un rêveur qui avait refusé d’aller à l’université estimant qu’il pouvait très bien devenir autodidacte du jour au lendemain. Non, il n’y avait décidément rien de très reluisant chez lui, rien qui ne pourrait faire pencher la balance en sa faveur, rien qui ne pourrait faire changer l’opinion que Jade semblait avoir de lui, celle d’un raté. Mais une nouvelle fois, c’était elle-même qu’elle rabaissait. Elle avait l’air de se voir comme une sorte de malédiction, une femme que les hommes ne pouvaient pas approcher, une femme qui faisaient fuir les pauvres fous qui s’aventuraient à la connaître davantage. Mais elle avait raison sur un point, oui, il était présomptueux, et il allait lui prouver une nouvelle fois. « Mais je ne suis pas comme les autres. » Prétentieux ? Peut-être, mais il préférait se dire audacieux. Après tout, dans le fond, il n’avait sûrement pas tort. Il doutait que Jade ne se soit déjà essayée à côtoyer des hommes comme Ollie, des hommes qui ne venaient pas du même milieu social qu’elle. Dans le contraire, elle serait assurément moins nerveuse à l’idée de passer une soirée en sa compagnie. Finalement, ils atteignirent le restaurant que Jade avait choisi, un petit restaurant italien dans lequel ils furent accueillis par un maître d’hôtel qui les installa à leur table. Complètement perdu dans le menu, Ollie demande conseille à Jade qui lui souffla trois propositions de plats. Grand gamin qu’il était, il n’aimait pas le poisson et tout ce qui s’y rapportait, il fît donc son choix par élimination. « Le risotto ce sera dans ce cas. » Habilement, il venait également d’éviter de passer pour un inculte culinaire en commandant des pâtes carbonara ou des lasagnes. Mais lorsqu’il en demanda davantage sur elle à Jade pour lancer la conversation, il fût frappé par la brutale honnêteté avec laquelle elle dépeignait son propre portrait. « Wow. » se contenta-t-il de répondre dans un premier temps, avant de rapidement reprendre, de peur que cela soit mal interprété. « Vous êtes honnête, en effet. La plupart des gens s’embellissent pour faire forte impression, mais pas vous. Cette honnêteté est tout à votre honneur, j’apprécie. Pour ce que ça vaut, j’arrive encore à vous supporter, espérons que cela dure au moins jusqu’à la fin de la soirée. » Il avait fini sa phrase avec un large sourire pour dédramatiser la situation après les confidences abruptes de Jade. Elle était une organisatrice de soirée hors-pair, c’était indéniable, mais fort heureusement, elle ne s’occupait pas de l’animation, avec son goût pour les déclarations dramatiques, elle n’était sûrement pas la personne la plus qualifiée pour instaurer une bonne ambiance. C’était désormais au tour d’Ollie de se livrer et s’il ne souhaitait pas autant se livrer que Jade l’avait fait, il ne pouvait pas pour autant se contenter de lancer quelques banalités. Il prit une profonde inspiration - sentant par la même occasion une odeur de brûlé le restaurant - avant de finalement se lancer. « J’ai grandi à San Francisco et j’ai toujours vécu ici. Je suis parti de chez mes parents alors que j’avais seize ans, j’ai fait des jobs ci-et-là pour subvenir à mes besoins, jusqu’à ce que je me lance dans une carrière d’acteur, qui est encore toute récente. J’ai aussi une fâcheuse tendance à vouloir tout faire par moi-même, sans l’aide de personne. C’est un moyen pour moi de… ne pas être dépendant des autres. » Il s’arrêta là, net. Il ne voulait pas en dire davantage, c’était aussi à elle de prendre le temps d’apprendre à le connaître, si jamais c’était vraiment ce qu’elle souhaitait. Alors qu’il se demandait ce qui prenait tant de temps au maître d’hôtel pour venir chercher leur commande, des cris surgirent du fond du restaurant. Rapidement les alarmes incendies sonnèrent et le personnel sorti de la cuisine, affolé. Tous les clients furent priés de quitter l’établissement pendant que le responsable appelait les pompiers. Le personnel n’avait pas réussi à contenir un peu et incendie avait démarré, avortant par la même occasion le dîner que Jade et Ollie devaient partager. Après une dizaine de minutes passées dans la rue à suivre l’évolution de l’incendie, ils finirent par prendre le chemin du retour. « Vous allez bien ? » voulut s’assurer Ollie au près de Jade. Du peu qu’il connaissait Jade, une crise de panique n’était pas une idée si incongrue et improbable que cela, alors il décida d’essayer de détendre l’atmosphère à sa manière, par un de ces sarcasmes qu’elle n’appréciait pas. « Je suis certain que vous n’avez jamais eu de dîner tel que celui-ci. »- Spoiler:
navré pour ce retard, j'ai honte
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) Dim 15 Nov - 22:47 | |
| Elle lui concéda un regard amusé, surprise de voir l'entrain qu'il mettait à la faire changer d'avis à son sujet quand elle-même ne se serait jamais donné la peine de le faire pour elle. Peut-être était-ce là que se trouvait la plus grande différence entre eux : l'avis des autres n'avait d'importance à ses yeux que s'ils avaient un impact sur sa vie. Elle se montrait prête à déployer des trésors d'inventivité pour plaire aux gens de son milieu parce qu'elle savait pertinemment qu'ils constituaient l'essence-même de sa vie. Jade, si solitaire était-elle, n'était rien si elle n'avait personne devant qui s'exhiber. Et malgré cela, elle continuait de n'afficher qu'un intérêt moindre à l'égard d'Ollie, peu soucieuse de laisser transparaître une image plus appréciable de sa personnalité. Son physique plaisant faisait la moitié du chemin, et quant à l'autre moitié, elle n'était pas certaine de vouloir le voir la franchir. Les innombrables barrières qu'elle mettait entre elle et les autres étaient si hautes, si grandes, si impénétrables que comme tous ceux avant lui, il se découragerait avant même qu'elle n'ait eu le temps de lui laisser la moindre place dans sa vie. « Vous êtes tellement déterminé à me plaire, ce serait touchant si ce n'était pas aussi perturbant » commenta-t-elle calmement. Après tout, quel intérêt présentait-elle pour lui, autre qu'un vague défi à relever ? Elle n'avait pas laissé entendre de réciprocité à la curiosité, avait failli se désister des centaines de fois avant de frapper à sa porte et en toute honnêteté, elle n'aurait probablement pas d'influence sur la vie d'Ollie. Alors pourquoi ce besoin de lui plaire à tout prix, à elle dont le jugement n'impacterait rien si ce n'était éventuellement l'égo de cet homme ? Il y avait des nuances dans la personnalité humaine que Jade ne comprenait pas et ne parviendrait sans doute jamais à maîtriser. Toute une palette d'émotions auxquelles elle était résolument fermée, et qui lui arrachaient surtout de la perplexité. Plaire aux gens n'avait un intérêt que s'il y avait un enjeu, et elle avait beau tenter de discerner celui de cette soirée, elle ne le trouvait pas. Pire, elle s'en moquait, presque autant qu'elle se moquait de ce type. Il n'était pas méchant, pas même indigne de son intérêt, il était simplement... banal. Un de ces hommes qu'elle croisait quotidiennement, issu d'un milieu à mille lieux du sien, qui ne comprendrait jamais son mode de vie parce qu'il n'y était pas né. Quelqu'un qui ferait croire que son argent et son statut seraient mérités quand en vérité il ne serait que le fruit du hasard et non celui du droit divin octroyé à la naissance. Jade possédait les tares de l'aristocratie en déclin : un égo aussi grand que les chiffres de son compte en banque, un mépris total pour quiconque feignait de pouvoir y appartenir, et une méconnaissance complète de la vie véritable. Elle pensait pouvoir se fondre dans la masse mais en réalité, en plus de n'en avoir pas tant envie que cela, elle en était surtout parfaitement incapable. Jade ne serait jamais une fille du commun, ce qui ne signifiait pas nécessairement que son statut fût plus enviable autrement que sur le papier. « Répondez à cette question Ollie : est-ce que votre égo masculin dépend de l'intérêt que je pourrais éprouver à votre égard ? Si oui, alors je crains que vous ayez misé sur la mauvaise personne pour booster votre fierté. » Mais il lui semblait qu'il l'avait déjà – un peu – compris. Jade était avare en compliments, ne brossait pas les Ollie dans le sens du poil parce qu'ils ne l'intéressaient pas, et si celui qui lui faisait face pensait pouvoir réussir là où d'autres avaient échoué, il était malheureusement dans l'erreur. Confortablement installés dans l'ambiance intimiste du restaurant italien, il tentait à nouveau de se frayer dans ses bonnes grâces avec une autre technique imitant à la perfection l'arrogance de son interlocutrice. Elle esquissa un vague sourire. « Tous disent la même chose, c'est le lieu commun des hommes. Vous n'êtes pas comme les autres... Je serais bien curieuse de savoir ce qui vous différencie d'eux. » Des qualités qu'elle n'avait jamais rencontrées ? Un mode de vie dont elle ne savait rien ? Cette idée lui donnait presque envie de rire. Jade n'avait pas besoin de rencontrer des hommes 'différents'. Elle aimait le type d'hommes qu'elle fréquentait depuis l'enfance, parce qu'ils la rassuraient. Elle savait se comporter en leur présence, elle connaissait leurs habitudes, leurs envies, leurs défauts autant que leurs qualités. Elle savait comment agir, à quel moment, selon quelle attitude, elle se laissait guider par la comédie soigneusement rodée depuis l'enfance. Les types comme Ollie étaient perturbants parce que sa comédie ne fonctionnait pas sur eux. Ou plutôt, elle ne s'y adaptait pas aussi aisément, et conservait en tout point ses habitudes de la haute société. Elle lui peignit un tableau brutalement honnête de sa personnalité – il n'aurait servi à rien de l'enjoliver – qui sembla le surprendre. « Vous vouliez que je vous parle de moi, vous avez votre réponse. Je pourrais bien sûr vous vanter mes bons côtés, mon amour de l'art, du bon vin, ma culture étendue sur de nombreux aspects de la vie ou mon compte en banque qui me permettra de passer le reste de mes jours à l'abri du besoin mais dans le fond, les bons côtés sont très vite gommés par les moins reluisants. Je vous épargne cette tragique découverte » répondit-elle d'un ton faussement mélodramatique. Jade était une femme complexe parce qu'elle ne se connaissait pas assez. Elle pouvait se présenter, mais jamais dépeindre le portrait parfait de sa personnalité aux multiples facettes. Elle était névrosée, sans jamais pouvoir mettre le doigt précisément sur ce qui les constituaient. Elle écouta Ollie se présenter à son tour avec la même honnêteté dont elle avait fait preuve, acquiesçant ici et là pour lui faire signe qu'elle l'écoutait réellement. « Je comprends. Il est difficile de dépendre du bon vouloir d'autres personnes. Mais vous vous trompez si vous pensez être parfaitement indépendant, car on ne l'est jamais tout à fait. » Elle marqua une brève pause, profitant du silence pour boire une gorgée d'un vin ridiculement cher. « Mais votre parcours est tout à votre honneur, bien que je ne sois pas certaine de comprendre l'intérêt que vous portez à une carrière d'acteur. » Un semblant de compliment. C'était tout ce qu'elle était en mesure de lui offrir mais pour elle, c'était déjà un effort qu'il ne fallait pas sous-estimer. Sans avoir le temps d'approfondir la conversation, la scène prit une tournure de chaos lorsqu'un feu se déclencha en cuisine, provoquant un vent de panique que la fumée puis les flammes entretinrent. Sommer sans plus de précision de quitter le restaurant en attendant de pouvoir l'éteindre, elle patienta docilement à l'extérieur en compagnie d'Ollie avant de s'avouer vaincue. Elle hocha la tête à sa question. « Je suppose que oui » fit-elle sans prendre la peine de retourner la question. Son trait d'humour la laissa de marbre et elle lui lança un regard glacial. « Cette sortie était une mauvaise idée, et j'aurais mieux fait d'écouter mon instinct. » Ce n'était pas tant qu'elle croyait aux signes du destin, plutôt que celui-ci venait de lui donner toutes les raisons du monde de ne pas réitérer l'expérience. « Je suis désolée Ollie, mais je crois qu'il vaudrait mieux en rester là. » Là, un diner avorté en même temps qu'une discussion qui n'aurait de toute façon mené à rien tant ils étaient aux antipodes l'un de l'autre. |
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| Sujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) Dim 15 Nov - 23:00 | |
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