the great escape
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I can reach an endless sky feels like paradise.

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MessageSujet: I can reach an endless sky feels like paradise. I can reach an endless sky feels like paradise. EmptyDim 29 Mar - 15:40


«  Nobody sees, nobody knows. We are a secret.
Can't be exposed. That's how it is, that's how it goes.
Far from the others. »



C’était dans une pénombre lugubre enveloppée d’un silence sépulcral qu’elle examinait les vestiges de son visage meurtri. La paupière violacée, la joue empourprée et le regard éteint, désespérément vide, témoignaient de la violence des coups portés à son encontre. Les lueurs cristallines de ses pupilles avaient disparu pour laisser place à une mer d’encre, si déchainée que les navires se fracassaient contre les falaises des sentiments. La douleur physique n’était rien comparée à l’ébullition de ses pensées, au deuil de sa fierté, à tout ce qui n’était plus. Les ecchymoses bleutées, qui cernaient son oeil, étaient le souvenir éphémère de ce qui s’était passé trois jours plus tôt dans les collines de San Francisco. Il ne lui restait plus que ça désormais, pour épancher sa peine, et commencer à l’oublier. D’un geste lent, elle fit glisser son peignoir en soie le long de son épaule, le tissu précieux tomba au sol et dévoila d’autres blessures, d’autres témoignages du supplice enduré. Un hématome safrané longeait sa colonne vertébrale tandis que ses poignets portaient encore l’empreinte de ses mains, et au fond de ses entrailles, dans les tréfonds de sa cage thoracique, plus rien ne palpitait. Il n’y avait que des éclats coupants badigeonnés de rouge, les pièces éparpillées d’un puzzle qu’elle n’aurait plus jamais la force de reconstruire. Contemplative du chaos qui avait désormais remplacé sa vie, elle sombra dans une spirale infernale qui l’aspirait, la désagrégeait. La Reine était déchue, le trône d’or sur lequel elle avait l’habitude de prendre place n’était plus qu’un amas de cendres grisâtres et sa luxueuse suite, qui avait vu passer plus d’hommes qu’un bordel des années trente ressemblait, dorénavant, au repaire secret d’une toxicomane qui ne résisterait plus bien longtemps. Les stores clos l’empêchaient d’admirer la danse nocturne des lumières de Vegas qui s’embrasaient, mais rien n’aurait su masquer les preuves de sa déchéance. Sur les carreaux de marbre italien, se mêlaient des cadavres de bouteilles de champagne parsemés de résidus de cocaïne. Fine poussière blanche qui recouvrait ses mains, virevoltait dans son système respiratoire, lui offrait une joie factice pendant quelques heures, juste avant que les ténèbres ne reprennent leurs droits. Elle aurait voulu savoir comment ils en étaient arrivés là, à ce point de non retour. Comment, il avait osé lever la main sur elle dans un excès de colère, de hargne et de haine. Ils s’étaient déchirés en étant animés par des pulsions destructrices, tout avait été rayé de la carte, leur histoire, leurs souvenirs communs, leur amitié chancelante. Ne perdurait que cette sensation de vide inqualifiable, qui la dévorait, la hantait, il lui manquait déjà. Roman. « Fils de pute » hurlait-elle tandis que son poing venait s’abattre dans son reflet, les bris de verre s’enfonçaient dans sa chair mais elle ne ressentait aucune douleur. Insensible. Déjà, le sang perlait sur ses phalanges, sillonnait les creux de ses doigts, venait mourir au bout de ses ongles. Il roulait à la même vitesse que ses larmes, celles qui, sur ses joues rendaient pastel le bleu de son coquard. Dans un énième cri glaçant, elle se laissa tomber contre le mur, entre deux bouteilles vides qui avaient épanché son malheur la nuit d’avant. A San Francisco, où il était encore, il devait célébrer sa victoire avec une fierté sans pareille, il avait terrassé Eileen Rosenbach à mains nues, seul et sans armes, sinon sa détermination et son désir de réduire l’autre au néant. Puis, il avait du se rendre à la légendaire remise des diplômes, où elle avait brillé par son absence, sa disparition soudaine, la présidente de l’Elite envolée, soufflée par la frappe d’un homme. La légende s’éteignait. Alors elle avait sauté dans le premier avion pour regagner sa terre natale, une ville gouvernée par le vice où la miséricorde n’existait pas. Elle vivait dans le péché, se noyait dedans, la tête sous l’eau, sous un océan empoisonné et sans lumière. Eileen nageait dans les profondeurs abyssales de son infortune, seule dans son malheur et sa honte, incognito dans le plus grand des secrets. Recroquevillée au pied de son lit, elle attendait que la nuit passe parce qu’elle ne dormait plus, chaque minute écoulée l’éloignait un peu plus de Roman, elles avaient toutes ce même goût amer, corrosif, insupportable. Celui de la séparation, du pardon impossible. C’était comme s’il était mort et qu’elle ne pourrait plus jamais le revoir. Le bout de chemin qu’ils avaient fait ensemble s’arrêtait là, ils partaient chacun dans une direction opposée. Loin des yeux, loin du coeur. (...) Un bruit sourd la tira alors brutalement de ses songes noirâtres, on frappait contre sa porte et hurlait son nom. Cette voix, elle aurait pu la reconnaitre entre milles. Jorden. « Je suis malade Jorden, c’est contagieux, dégage. » cingla-t-elle d’un ton volontairement tranchant dans l’unique but qu’il disparaisse, retourne hanter les dédales des machines à sous, parte s’amuser dans des soirées où elle n’ira pas. Mais les inflexions de sa voix la trahissait, elles avaient l’odeur des larmes, une note désespérée. En réalité, elle était paniquée à l’idée qu’il puisse la voir dans un tel état, terrorisée par la vérité qu’elle serait forcée de lui livrer s’il passait le seuil de cette porte. Elle ne voulait pas mêler Jorden à cette histoire, ça ne concernait qu’elle et Roman, les autres, ceux qui gravitaient autour d’eux ne devaient rien savoir, jamais. Derrière la porte, elle l’entendait insister, parler d’une soirée incroyable au Caesar Palace, lister toutes les personnes présentes et elle n’avait qu’une envie, réentendre le silence qui lui était dorénavant familier, que Jorden, au même titre que Roman, disparaisse de sa vie. « Trouve-toi des amis et fiche moi la paix. » réitérait-elle en se voulant encore plus agressive que précédemment. S’il la voyait, il comprendrait tout. Absolument tout. Il n’y avait qu’une porte pour protéger ses secrets les plus inavouables, et ce n’était pas assez.
 
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MessageSujet: Re: I can reach an endless sky feels like paradise. I can reach an endless sky feels like paradise. EmptyDim 12 Avr - 0:46


Il referma la porte du bureau de son père et resta immobile quelques instants, n’osant même pas battre des cils. Jorden tira un petit coup sec sur le bas de sa veste de costume pour la redresser. Il sembla d’abord perplexe avant de reprendre un visage totalement serein qui criait « J’ai confiance en moi, putain. ». À chaque fois qu’il voyait son père, il avait l’impression de redevenir un gosse, un peu honteux, qui craint les reproches de papa et n’attend qu’une seule chose, trouver grâce à ses yeux. Jorden avait effectivement confiance en lui, dans n’importe quelle situation il assurait et gérait seul quoi qu’il arrive, mais il y avait bien quelqu’un capable de le rattraper et de lui couper les ailes en plein vol et cette personne n’était autre que son propre père. Ce dernier avait toujours encouragé Jorden sur le chemin qui avait été le sien des années auparavant, il l’avait épaulé et soutenu et l’avait même aidé à surmonter ses échecs. Cependant, il n’était pas de ces pères tendres, affectueux, attentionnés, un de ceux qui vous demande avec un grand sourire comment était votre journée et si votre travail n’est pas trop dur. Son père à lui était plus du genre à parler business constamment. Empire, empire, empire. Argent, argent, argent. Pouvoir, pouvoir, pouvoir. Bref, vous avez compris. Gregory Rosenbach n’était pas un tyran, mais il n’était pas non plus un saint. Justement, Jorden et lui venait d’avoir une conversation animée au sujet d’un projet que le jeune héritier était supposé prendre en charge mais que son père avait décidé de lui retirer au dernier moment. Légèrement déconcerté et sur les nerfs, Jorden peinait à faire bonne figure. Il avait bien géré lorsqu’il était à Hong Kong, son père avait été heureux de son boulot en Asie, alors pourquoi lui reprendre son premier projet officiel à sa sortie de Berkeley? Ne lui faisait-il plus confiance? Devait-il seulement avoir le coeur brisé pour que son père lui offre du travail? Il était en plein doute, chose qui lui arrivait rarement. Déstabilisé et d’une humeur par franchement potable, Jorden entreprit de traverser le long couloir qui le séparait de l’ascenseur. Lorsque les portes se refermèrent et qu’il se retrouva seul dans la luxueuse cabine, il s’observa dans le miroir du fond. Intérieurement, il se répétait qu’il était le meilleur. Aussi minable que ça puisse sembler, c’était plutôt efficace sur son ego qui retrouva d’ailleurs presque aussitôt la forme. Oui, il était le meilleur. Si son père ne lui tendait pas tout sur un plateau d’argent c’était uniquement pour le préparer encore un peu plus à ce monde de requin. Pas de cadeau. Au fond, il devrait le remercier d’être dur avec lui, ça lui apprenait à prendre des coups sans se laisser abattre. Le temps que l’ascenseur rejoigne le rez-de-chaussée et que Jorden se retrouve dans le hall de l’hôtel, il avait déjà retrouvé presque toute sa confiance en lui. Il salua quelques employés d’un petit sourire, tous le connaissaient comme le fils du patron, et tous le respectaient assez au point de se plier à ses moindres demandes et désirs. Personne n’avait envie de froisser le fiston du boss. Il traversa l’entrée de l’hôtel, serra la main de deux ou trois clients qui passaient par là, leur demanda si leur séjour se passait bien, puis il rejoignit le casino. Jorden passa entre les tables de blackjack, les machines à sous, les joueurs de craps, et alla directement vers le bar où une jolie barmaid était en service. « Hey Tara, un scotch s’il te plait. » Il avait bien le droit à un petit plaisir après cette matinée stressante et décevante qu’il venait d’avoir. Puisque son père lui avait retiré le fameux projet, il n’avait plus rien à faire dans l’immédiat en dehors de s’amuser un peu. Et connaissant Jorden, il n’allait pas se priver. La jeune femme déposa le verre devant lui, et il le descendit presque d’une seule traite avant de se tourner pour observer la salle où les clients semblaient s’amuser comme des petits fous. Bon sang, ce qu’il aimait Vegas! « Dis-moi, tu n’aurais pas eu l’honneur de voir ma bien aimée demi-soeur dans les parages par hasard? » La barmaid lui indiqua que non, pourtant c’était Gregory lui-même qui avait assuré à Jorden qu’Eileen était bien à Vegas elle aussi. Il ne l’avait pas vu depuis… Merde! Il n’arrivait même pas à s’en souvenir. Il avait bien essayé de la retrouver à la cérémonie de remise des diplômes, mais Eileen n’y était vraisemblablement pas apparue. Ensuite, il s’était un peu perdu dans le flot de célébrations post-graduation qui avait eu lieu à San Francisco, il avouait bien volontiers que sa demi-soeur était passée à la trappe tandis qu’il avait été occupé à picoler plus que de raison pour célébrer la nouvelle vie qui s’offrait à lui. Maintenant qu’il s’était posé et que la page de Berkeley était définitivement tournée, Jorden commençait sérieusement à s’inquiéter de ne pas voir Eileen nulle part. Pas qu’il soit vraiment du genre à s’inquiéter pour elle, après tout elle était majeure et vaccinée et pouvait bien faire ce qui lui plaisait avec qui elle voulait et où elle voulait, mais ne pas avoir de nouvelles pendant aussi longtemps était assez peu commun… Pas un seul sms, pas un seul coup de fils, pas même une actualisation de son mur instagram. C’était un peu comme si Eileen avait disparu de la surface de la Terre et cette pensée, lorsqu’elle traversa l’esprit de Jorden, le força à se lever d’un bond pour refaire le chemin inverse qu’il venait de faire et rejoindre l’ascenseur le plus proche.

Il se trouvait à présent devant la suite d’Eileen. S’il était sûr de pouvoir la trouver quelque part, c’était bien derrière cette porte. Il possédait une clé lui permettant d’accéder à toutes les chambres de l’hôtel, mais par respect pour l’intimité de sa frangine - mais aussi et surtout parce qu’il ne tenait pas spécialement à devoir se crever les yeux après l’avoir surprise en pleine séance de sport de chambre avec un bel inconnu - Jorden toqua à la porte. « Eileen?» appela-t-il pour qu’elle sache que c’était lui et pas un quelconque petit déjeuner délivré par le room-service ou même une femme de ménage désirant refaire son lit. Voyant que la porte ne s’ouvrait pas, il continua de taper dessus et d’appeler le prénom de sa soeur. « Ouvre! Je sais que tu es là. » Il l’entendit finalement répondre qu’elle était malade. Charmante et délicate, comme à son habitude, elle lui avait demandé de déguerpir. Sauf qu’il n’y croyait pas le moins du monde. Si elle pensait se débarrasser de lui comme ça, c’était raté. Bon, au moins il savait qu’elle était en vie, mais ça ne lui expliquait pas pourquoi elle n’avait répondu à aucun de ses sms des derniers jours, ni pourquoi elle n’était pas venue à la cérémonie de remise des diplômes. « Nous n’avons pas encore eu l’occasion de célébrer la fin de nos études et si tu crois que je vais laisser passer ça, tu te fous le doigt dans l’oeil, soeurette. Allez, bouge ton cul et viens ouvrir cette fichue porte! Il y a une énorme soirée au Caesar ce soir, ça promet d’être mémorable. Tu ne veux pas rater ça! » Sincèrement enjoué à l’idée de s’amuser un peu avec Eileen et pourquoi pas leur cousin préféré, Zadig, Jorden attendait les retrouvailles familiales avec impatience. Même lui était surpris de cet entrain. Eileen, en revanche, ne semblait pas ravie. À nouveau elle l’envoya balader à coup de « fiche moi la paix » qui était sans doute supposé le décourager une bonne fois pour toute. Mais Jorden commençait à trouver tout cela vraiment louche. Pourquoi Eileen se cachait-elle ainsi dans sa suite? N’avait-elle pas mieux à faire que de rester enfermée? Pire encore, elle venait de dire non à une soirée unique au Caesar Palace. Clairement, quelque chose ne tournait pas rond. « T’es pas un peu vieille pour jouer à cache-cache?  Sérieux, je t’ai pas vu une seule fois depuis bien deux semaines! T’as raté la remise des diplômes…» Comme si la prendre par les sentiments allait marcher… Il n’était pas dupe. Mais ça devait bien lui manquer de lui faire des sales coups et de se foutre ouvertement de sa gueule, non? Deux semaines c’était incroyablement long dans leur monde. « Dois-je te rappeler que je peux ouvrir la porte moi-même si j’en ai envie? Ne me fais pas utiliser les grands moyens, Eileen.» continua-t-il de crier à travers la porte, espérant la convaincre d’ouvrir de son plein grès. « Si t’es vraiment malade, on peut faire venir un médecin… » finit-il par dire pour se montrer un peu moins insistant. Sans rire, elle commençait à sérieusement l’inquiéter.
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MessageSujet: Re: I can reach an endless sky feels like paradise. I can reach an endless sky feels like paradise. EmptySam 2 Mai - 0:34


«  Nobody sees, nobody knows. We are a secret.
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Une odeur de tabac froid saturait l’air ambiant, des morceaux de verres brisés jonchaient le sol, au milieu de cette scène d’apocalypse, elle était la seule reine. Son royaume c’était ça désormais, huit cent mètres carrés plongés dans l’obscurité; de la poussière et des cendres. Les débris de son âme, assassinée de sang-froid, pour seule compagnie. Assise à même le sol, dans la déchéance qui était sienne, elle attendait. Pas un miracle, ni même une fin heureuse; mais juste la force nécessaire pour quitter son état léthargique. Il y avait trop de choses à faire, trop de choses à réparer ou à oublier. Il fallait retirer les particules de cocaïne perdues sur son visage et ses mains, recouvrir les hématomes avec une crème teintée, sentir sa peau devenir une flamme sous le jet brûlant d’une douche, transformer chaque souvenir avec lui en néant. L’amnésie. La perte instantanée de la mémoire, c’était son souhait le plus cher. Redevenir celle qu’elle était avant qu’il se mette en travers de son chemin. Sulfureuse sous les néons des clubs, l’ivresse de Las Vegas qui coulait dans ses veines, la folie pour seul mot d’ordre. Eileen Rosenbach avec son lot d’emmerdes et d’extases. Légendaire et inaccessible, omniprésente sous le feu de la rampe. Celle qui fait le scandale et qui défait les histoires de coeur. Le visage collé contre le marbre glacial, les yeux vides et écarquillés, elle écoutait son coeur, qui même noyé sous deux magnums de champagne parvenait à battre. Et à battre pour la pire ordure qui soit. Il était là, dehors, quelque part. Il déambulait fièrement sur les trottoirs de Vegas, buvait des cocktails sucrés dans les nouveaux bars branchés. La frapper n’avait été qu’un préambule, le vrai coup, celui qui était fatal, c’était son déménagement à Vegas. La laisser pourrir dans sa cité du vice aurait été trop aimable venant de lui, il voulait admirer son corps se décomposer, son cadavre en putréfaction savamment placé sur les ruines de son ancien royaume. Savourer sa victoire misérable jusqu’à la dernière goutte. Il rodait autour de l’empire comme un animal sauvage, prêt à bondir dès qu’elle sortirait de sa tanière. Il fréquentait les hôtels luxueux le long du Strip, roulait trop vite devant les lumières clignotantes des casinos, fumait des clopes au bord des piscines. Roman Da Russo était à quelques mètres d’elle. Si proche, et déjà si loin. Elle décrétait, jurait sur son héritage, qu’elle ne mettrait pas un pied en dehors de cette suite. Ce serait prendre le risque, inconsidéré, de tomber nez-à-nez avec lui ou d’être humiliée une nouvelle fois. Personne ne devait voir les cicatrices avant qu’elles n’aient complètement disparues, ni même soupçonner la blessure intérieure qu’elle portait au plus profond d’elle. L’amour à sens unique était un poison. Aucun antidote connu à ce jour. Il ne présageait qu’une chose : la descente aux Enfers. Un long périple parsemé d’embuches et de larmes. Les organes qui se disloquent les uns après les autres. La mort au bout. Il fallait être aveugle pour ne pas voir « qu’Eileen et Roman » était une histoire jouée d’avance. La passion destructrice, étouffante, poussée à son apogée. Un final épique, mémorable et ravageur; dont il ne resterait rien. Tenter d’écrire quoi que ce soit avec lui, reviendrait à se faire beaucoup de mal pour rien de plus qu’un bonheur fugace, bancal, aussi volatil qu’un nuage de fumée. Elle s’accrochait à un espoir qui n’existait déjà plus, à la poursuite des chimères, au loin elle distinguait le bonheur comme un mirage. Tout n’était qu’une illusion. (...) Jorden massacrait la porte de sa suite, tel un acharné sorti d’asile, il s’obstinait à obtenir une réponse de sa part, pire encore, il déblatérait un flot interminable de paroles dans le but de la faire sortir de ce donjon doré dans lequel elle avait décidé de se réfugier. Il était déstabilisé de la voir devenir, si soudainement, casanière. Aussi, il n’en fallait pas plus pour qu’il devine que quelque chose se tramait, et qu’il y avait anguille sous roche. Jorden, bon Rosenbach qu’il était, avait un penchant avéré pour la curiosité. Il avait entretenu ce vilain défaut durant toute sa misérable existence sans même se rendre compte de sa faculté à taper sur les nerfs de son entourage. Egoïste. « Je ne suis pas disposée à faire du baby-sitting ce soir. » lançait-t-elle d’un ton acerbe, accentué par la violence des coups sur son visage et leur contemplation. « Tu commanderas tes bouteilles tout seul, comme un grand; et tu trouveras une gentille cruche avec qui finir la nuit. C’est l’occasion de voir si le Caesar est capable de faire une soirée correcte sans ma présence. Depuis que Céline Dion et l’équipe de Very Bad Trip sont partis c’est pas fameux. » soupirait-t-elle en sortant les pires excuses possibles pour faire fuir Jorden. Pourtant, cette soirée était sur toutes les lèvres, on annonçait une ribambelle de célébrités et d’animations hors-normes jusqu’au petit matin. L’endroit rêvé pour briller en société, dépenser des sommes astronomiques en champagne français et resserrer les liens familiaux qui s’étaient étiolés avec le temps. Qu’importe, elle ne pouvait se résoudre à sortir dans cet état, le maquillage n’y changerait rien. Elle était dévastée. Dans un effort surhumain, elle se trainait jusqu’au canapé et enfouissait son visage dans un épais coussin satiné. Lorsqu’il évoquait la remise des diplômes, événement qu’elle avait manqué et qui n’avait échappé à personne, son palpitant s’emballa. Elle manquait de temps et de réflexion pour trouver des excuses valables, elle revoyait dans son esprit ces images insoutenables qui tournaient en boucle. Les cris, les coups, ce dernier baiser dans sa chambre complètement vide, le regard noir qu’il lui avait lancé. La haine et le dégoût. Il l’avait vu comme une détestable pute qui avait ruiné sa vie. L’espace d’un instant il aurait voulu la voir morte. « Je... » commençait-t-elle en tentant de justifier son absence à la cérémonie la plus importante de sa vie d’étudiante. « J’avais pas envie d’y aller. » déclarait-t-elle finalement faute de mieux, mais sa voix tremblante trahissait son mal-être. Elle était dans une impasse, il n’y avait qu’une issue possible : dire la vérité. L’espace d’un bref instant, elle hésitait. Pouvait-t-elle mettre Jorden dans la confidence ? Etait-t-il réellement digne de confiance ? Avait-t-il les épaules pour encaisser de telles révélations ? Elle tentait vainement de peser le pour et le contre, mais son esprit était embrumé par des litres d’alcool. Puis, il haussa la voix. C’était une mise en garde. Il avait le pouvoir d’ouvrir la porte. Comme tous les Rosenbach, il était en possession d’un clé universelle. Un détail non sans importance, qu’elle avait complètement omis. Dans une panique soudaine, elle se leva d’un bond vers la porte, manquant de trébucher sur la carcasse d’une bouteille. De toutes ses forces, elle essayait de retenir la porte, elle y appliquait tout son poids. « Non, non, non, tu n’as pas le droit faire ça ! » hurlait-t-elle les pupilles humides, la peau moite et à bout de souffle. Elle se sentait fiévreuse, prête à vaciller, hors de contrôle. « Tu m’entends Jorden ? Je t’interdis d’entrer. Je ne veux pas te voir. Ni toi, ni personne. » s’époumonait-t-elle, anormalement agitée. Eileen était dans un état d’affolement proche de la folie, de la psychose. « Je peux pas sortir d’ici, alors laisse-moi ! » Ses poings claquèrent contre la paroi de la porte avec une violence inouïe, et de nouveau, elle se laissait glisser au sol. Se tenir debout représentait un effort colossal. Au bord de l’asphyxie, elle murmura dans un ultime souffle. « Je sais qu’il est là. » Dehors. Quelque part. Comme un mirage au milieu désert, impatient de lui porter le coup fatal. Roman.
 
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MessageSujet: Re: I can reach an endless sky feels like paradise. I can reach an endless sky feels like paradise. EmptyLun 1 Juin - 4:16


Dans son esprit, elle le repoussait simplement parce qu’elle n’avait pas envie de passer sa soirée à ses côtés. Il se disait qu’elle faisait comme à son habitude, qu’elle était un peu égoïste sur le bord à se montrer aussi têtue. Qu’avait-il fait de si horrible pour ne même plus mériter de la voir pendant des semaines? Certes, ils n’étaient pas toujours tendres l’un envers l’autre, mais elle restait sa soeur et il avait envie de se rendre à la plus grosse soirée de l’année avec elle. Eileen était une figure majeure des fêtes de Las Vegas, sur ce terrain là ils s’entendaient à merveille. Tous les deux ayant un goût prononcé pour le monde de la nuit, tous les deux sans limite quand il s’agissait de s’offrir des bouteilles de champagne à plusieurs centaines de dollars, ou même de décider au dernier moment un petit voyage sur une île paradisiaque avec le jet de leur père. Ils étaient du genre à savoir s’amuser et à tout faire à l’excès, mais visiblement Eileen l’évitait et cela durait depuis bien trop longtemps à son goût. Jorden ne pouvait plus laisser cette situation se poursuivre sans rien faire. Il se devait d’agir, que cela lui plaise ou non. S’il le fallait vraiment, il la porterait lui-même sur son épaule jusqu’au Caesar. Si elle avait la tête dure, la sienne l’était encore plus. Il avait décidé de sortir s’amuser avec elle ce soir, et il ne comptait pas lâcher l’affaire. « En attendant, celle qui refuse de sortir de sa chambre et qui fait l’enfant, ce n’est pas moi!  » répliqua-t-il alors qu’elle affirmait ne pas avoir de temps pour faire du baby-sitting. Il roula des yeux en l’entendant poursuivre. C’est fou ce que les paroles d’Eileen respiraient l’amour à son égard, il était touché. Malgré tout, il ne put s’empêcher de rire lorsqu’elle mentionna Céline Dion et le cast de Very Bad Trip, là au moins elle n’avait pas tord. Jorden, appuyé contre la porte, tapa à nouveau avec sa main pour l’inciter à ouvrir. « Allez Eileen, ne fais pas la rabat-joie. La soirée va être mémorable, parole de Rosenbach! » Elle refusait rarement de sortir, surtout quand cela faisait déjà un siècle qu’il ne l’avait plus croisé en soirée. Si elle souhaitait se lancer dans la vie de none, Las Vegas n’était vraiment pas la bonne ville pour se faire. Il colla son oreille sur la porte en tentant d’écouter ce qui se passait à l’intérieur. L’envie d’utiliser son pass le démangeait comme jamais. Elle allait hurler s’il osait franchir le seuil de la porte sans son autorisation, mais rester planté devant ce fichu bout de mur ne lui plaisait pas beaucoup. Jorden n’était pas tellement habitué à ce qu’on lui refuse quoi que ce soit, même si avec sa soeur - pardon demi-soeur, elle insistait sur ce détails -, il aurait dû être rôdé. Elle avait toujours aimé le faire tourner en bourrique dès qu’elle le pouvait, il n’y avait pas plus doué qu’elle dans ce domaine. Il l’entendit hésiter, puis finalement affirmer qu’elle n’avait pas envie d’aller au Caesar. « Pas envie d’y aller? Je n’y crois pas, désolé! » La voix de la jeune femme lui sembla pourtant étrange, elle n’était pas pareil que d’habitude. Il y avait comme une angoisse dans ses paroles, et peu à peu une sorte de mauvais pressentiment s’emparait de lui. Et si quelque chose n’allait vraiment pas? Sans y réfléchir d’avantage, il avait pris la peine de lui rappeler qu’il était en mesure d’ouvrir si cela lui chantait. Un simple détail qu’elle avait apparemment oublié. Sa réaction se fit d’ailleurs vivement entendre à l’intérieur de sa suite. Elle lui interdisait clairement l’accès à son espace privé. Il aurait pu abandonner, mais le mauvais pressentiment se faisait de plus en plus imposant. Elle déclara ne pas pouvoir sortir, ce qui était au final très différent de ne pas vouloir. Pourquoi donc ne pouvait-elle pas sortir? « C’est quoi le problème? Tu t’es fait refaire le nez et c’est complètement raté? Ton coiffeur a foiré ta nouvelle coupe de cheveux? » Il eut un petit rire presque moqueur. Si ce n’était que cela, il n’y avait pas de quoi vivre cloitré jusqu’à la fin des temps. Elle n’avait qu’à assumer! « Bon, allez, ça suffit. » Il attrapa sa carte qui lui permettait d’ouvrir et la passa dans la serrure. Il dû pousser la porte avec ses deux bras pour pouvoir passer la tête dans l’entre-bâillement. Eileen était juste derrière, visiblement affalée sur le sol, espérant sans doute que le poids de son corps serait suffisant pour empêcher Jorden d’entrer. Or, il n’usa pratiquement pas de sa force pour la faire bouger. « Mais qu’est-ce que tu fous? » Il n’avait pas tellement l’habitude de la voir ainsi. Mais ne lui prêtant qu’une attention minime, il ne la regarda pas et se contenta de pénétrer dans la suite en la laissant derrière lui, sans même lui offrir une main pour l’aider à se relever. Quand il se retrouva dans la grande pièce principale, il fut choqué de voir l’état dans lequel était l’endroit. « Wow… » lâcha-t-il sincèrement surpris. Il y avait des affaires dans tous les sens, et il ne savait pas où donner de la tête. C’était le bordel complet, le personnel de nettoyage ne devait pas être passé depuis plusieurs jours. Cette pièce n’avait rien à voir avec le type d’environnement auquel Eileen l’avait habitué. Elle qui aimait le luxe, les jolies choses, et la propreté qui va avec, il avait plutôt l’impression de se retrouver dans une porcherie. « Merde, mais c’est Tchernobyl ici ou quoi? » Il ne l’avait toujours pas regardé elle, trop obnubilé par le désordre étendu sous ses yeux. « Sérieusement, t’as abusé là. Il faut appeler les femmes de ménage, elles vont t’arranger ça. » Quand il se retourna, tout en sortant son téléphone de sa poche, Jorden se rendit compte de l’état physique de sa soeur et le choc fut encore plus terrible. Ses cheveux blonds cachaient un peu son visage, mais pas assez pour qu’il ne remarque pas l’oeil au beurre noir qu’elle avait. Eileen avait l’air affaiblie qui plus est, loin de son allure habituelle, elle semblait fragile et quasiment sans défense, ce qui n’était absolument pas normal venant d’elle. Son téléphone tomba par terre. Il resta immobile, comme un con. Le temps qu’il saisisse la gravité de la situation, de longues secondes silencieuses s’étaient déjà écoulées. Lentement, mais sûrement, il sentait un mélange d’inquiétude et de colère monter en lui. Son mauvais pressentiment était en train de se confirmer. « Qui t’a fait ça? » demanda-t-il, la mâchoire serrée, le ton suspicieux. Il espérait sincèrement qu’il s’agissait d’une simple bagarre de filles, ou d’une autre histoire banale qui justifiait de telles blessures. Malheureusement, il avait déjà sa petite idée sur le pourquoi du comment, et si elle confirmait ses soupçons, il allait devenir fou.
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MessageSujet: Re: I can reach an endless sky feels like paradise. I can reach an endless sky feels like paradise. EmptyMer 5 Aoû - 0:38


Bientôt les mots ne suffirent plus à contenir l’insistance de Jorden, les belles excuses s’enchaînèrent jusqu’à ce que l’imagination lui manque. Il la connaissait suffisamment pour savoir que jamais, au grand jamais, elle ne raterait une occasion de se pavaner dans les soirées brûlantes de Vegas, où sur son trône doré elle contemplerait, avec suffisance, une ville qui était presque sienne. La goût de la fête était inscrit dans ses gènes, il tambourinait dans ses entrailles à la manière d’une pulsion qu’on ne pouvait refréner. Alors, dès que la lune s’élevait Eileen entrait en scène, crinière incandescente, attitude désinvolte et ostentatoire, elle détournait l’attention, devenait pendant un instant l’épicentre du monde. Avec excès, elle s’enivrait jusqu’à perdre conscience, en chute libre jusqu’à l’aube, elle renaissait de ses cendres aux premières lueurs du jour. Mais, cette attirance pour la nuit, pour les scènes de liesse et l’exaltation l’avait subitement quitté. Sans fierté, elle n’était plus rien; sinon qu’une pâle copie d’elle-même, terne, abimée, lacérée. Alors, elle avait décidé de rester enfermer ici, dans sa suite fastueuse le temps que l’orage passe, que les blessures, unes à unes, se referment. Déboussolée et honteuse, elle refusait de prendre le risque d’être vue dans un tel état, pire encore, elle craignait de devoir avouer la vérité à quiconque croiserait sa route. Pourtant, Jorden commençait à se poser de sérieuses questions en constatant que, malgré son obstination et ses quelques paroles teintées d’un humour plus que douteux, elle ne cédait pas. Il savait que toutes les rumeurs qui courraient sur sa demie-soeur étaient vraies, ou possédaient au moins, une part de vérité. Elle jouait avec le feu jusqu’à s’en bruler les mains, défiait la vie et regardait la mort en face, connaissait tout des lois qui régissaient la démesure et la provocation. Dangereuse pour les autres, elle l’était encore plus pour elle-même. Véritable électron libre, une goutte d’eau au milieu d’un océan, Eileen était insaisissable. Trop sauvage pour être contrôlée, trop fière pour être rabaissée. « Tu n’es que la moitié d’un Rosenbach, il suffit de regarder attentivement ta mère pour s’en apercevoir. » Elle crachait son venin, toute la méchanceté dont elle était encore capable dans l’espoir de lui faire rebrousser chemin. Jorden aimait profondément Abigail, elle était son talon d’Achille, la dénigrer revenait à lui déclarer ouvertement la guerre. Elle ne regrettait pas ses paroles même si elle avait conscience de leur portée, un jour viendrait où le monde entier la détesterait. Secrètement, elle espérait que ce jour arrive le plus vite possible. Il fallait qu’il parte, qu’il disparaisse dans la fumée, que sous aucun prétexte ne s’ouvre cette porte. (...) Aveuglée par la lumière, elle enfouissait son visage dans le creux de ses paumes tandis que ses pensées cognaient contre ses tempes. Toujours recroquevillée au sol, elle ne tentait même pas de se relever ou de faire le moindre mouvement, le sang coagulait sur son poing, ruisselait le long de ses poignets et, son visage était un tableau macabre, une scène de crime, ecchymoses violettes, poussière de psychotropes, maquillage délavé. « C’est bon, tu as vu. Maintenant tu dégages. » Toujours la même violence dans les mots sauf qu’elle avait dit ça dans une sorte de souffle et qu’il n’avait pas entendu. Elle n’avait plus la force de rien, ni de se redresser, ni de parler distinctement, ni même, de l’attraper par le col de sa chemise pour le reconduire à la porte. Déjà, il s’aventurait dans l’immense suite en prenant soin d’alimenter sa visite de petits commentaires essentiels. Autrefois temple du luxe et du bon goût, l’endroit semblait à présent avoir subi les bourrasques violentes d’un ouragan. L’ouragan Eileen. Les miroirs étaient brisés, le marbre au sol recouvert de champagne, de vodka, de cocaïne. Au centre de la pièce, un canapé retourné, son téléphone portable en morceaux, et Roman. Toutes les photos, les souvenirs d’une amitié reposant sur du vide étaient étendues sur le sol, déchirées pour certaines, calcinées pour d’autres. La suite était à l’image de sa vie : une ruine. Elle aurait voulu répondre aux remarques de Jorden, mais il était trop tard pour tenter de gagner en repartie ce qu’elle avait perdu en fierté, puis il ne l’avait pas encore regardée. Peut-être qu’il ne le ferait pas. Qu’il s’en irait alarmer toutes les femmes de ménage du palace de sa découverte. Le temps qu’il revienne, elle ne serait déjà plus là. Sauf qu’un bruit sourd manqua de la faire sursauter, en un instant, elle quitta son mutisme et releva la tête. Le téléphone de Jorden rejoignait un océan d’immondices, le chaos. Pendant un moment, il n’y eut rien d’autre que le silence dans sa forme la plus glaçante. Elle n’entendait même pas le bruit de sa propre respiration et Jorden, premier spectateur de la guerre qui l’opposait à Roman, ne savait pas quel comportement adopter. Il ne lui demandait pas si elle allait bien, il ne s’approchait même pas, au risque que la folie qui l’avait conduite à ce moment soit contagieuse, il ne l’interrogeait pas sur ce qu’il s’était passé. Il voulait juste savoir une chose, la même question que lui aurait posé Gregory s’il avait été à sa place à savoir, le nom du coupable. Sans doute aurait-elle dit immédiatement la vérité à son père, sachant pertinemment qu’il la découvrirait tôt ou tard mais, avec Jorden, c’était différent. Ils avaient toujours eu des rapports conflictuels et complexes. Elle était en grande partie responsable de son divorce, de son exil en Asie et plus récemment, de la presque démolition de la maison de sa mère à Miami, des preuves d’amour « parole de Rosenbach ». Pourtant, et même si elle refusait de le reconnaitre, Jorden était l’une des personnes les plus importantes de sa vie, le frère qu’on martyrise pour la bonne cause, le seul qui, mis à part elle, savait ce qu’impliquait d’avoir Gregory Rosenbach pour père. « A ton avis, Jorden » le provoquait-elle consciente que sa question était en partie rhétorique. Jorden connaissait d’ores et déjà l’identité du coupable, seulement, il espérait qu’Eileen confirme ses soupçons; que le doute ne soit plus possible. « Qu’est ce que ça peut te faire de savoir qui a fait ça ? » Dans un ultime effort, elle tenta de se relever mais ses jambes vacillaient dangereusement; elle semblait progresser sur un fil, telle une funambule au dessus d’un précipice. « T’es pas un super-héros, tu ne me vengeras pas. D’ailleurs je t’interdis de le faire. » Immédiatement elle posait ses conditions; il était hors de question que Jorden informe tout son réseau de sa macabre découverte et qu’il décide d’envoyer les hommes de main du clan Rosenbach aux trousses de Roman. Eileen avait rendu les armes, elle ne désirait pas être vengée par qui que ce soit. La guerre était finie et, elle était dans le clan des perdants. « C’est comme le poker, on ne peut pas gagner à tous les coups. » tentait-elle de relativiser en s’appuyant sur l’épaule de Jorden afin de ne pas tomber. Son regard azur cerné de noir s’enfonça dans le sien et elle remarquait qu’il était sincèrement désolé pour elle, profondément choqué de voir sa soeur dans un tel état; c’était un mélange de colère et de peine, de l’amour fraternel comme elle n’en avait que trop rarement vu. « Tu peux me prêter ta suite ? » Dans le noir elle ne s’était pas rendu compte de l’étendue des dégâts, mais désormais mis en pleine lumière, tout lui explosait au visage.

 
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MessageSujet: Re: I can reach an endless sky feels like paradise. I can reach an endless sky feels like paradise. EmptyMar 25 Aoû - 10:30

Il avait levé les yeux avant de laisser sa tête reposer sur la porte de la suite. Elle ne se fatiguerait donc jamais de lui rappeler continuellement la séparation de ses parents et sa condition de fils refoulé ou du moins baladé au second plan pour une grande partie de son existence. Elle avait toujours mis un point d’honneur à lui faire comprendre qu’il n’était pas totalement de son monde, bien qu’il fasse de son mieux pour prétendre le contraire. Il n’avait pas grandi à Las Vegas comme elle, ses parents avaient pris des routes séparées alors qu’il n’était encore qu’un bébé et durant des nombreuses années il n’avait vu son père qu’à de rares occasions. Ce dernier pourtant avait toujours fait partie de sa vie et Jorden ne se considérait nullement comme un demi-Rosenbach. Ce nom-là lui venait de son père. Leur père à tous les deux. Il était le fils de Gregory, c’était indéniable. Plus jeune, c’était le genre de pic auquel il aurait réagit au quart de tour, sincèrement blessé que sa demi-soeur cherche à le rabaisser à chaque fois que l’occasion se présentait, mais avec le temps sa carapace s’était développée, il avait aussi appris à ne plus prêter une trop grande attention aux attaques d’Eileen, si bien qu’il était capable de faire la part des choses entre ce qui sortait de sa bouche tel un réflexe mesquin et ce qui importait vraiment. Aussi, cette énième attaque de sa part ne le toucha pas le moins du monde. Elle essayait de se débarrasser de lui, mais pour une fois elle s’y prenait très mal. « Et si tu changeais de disque? » demanda-t-il comme seule réponse à ce tacle qui n’en était pas vraiment un. Si elle était têtue, il l’était tout autant, sans doute cela leur venait-il de leur cher papa. Elle avait beau le nier, ils n’étaient pas si différents après tout. Puisqu’il n’était pas du genre à lâcher l’affaire facilement et puisqu’elle n’avait pas su lui trouver une seule bonne raison pour ne pas se joindre à la soirée, Jorden avait pris l’initiative d’entrer dans la suite de sa demi-soeur sans son autorisation et malgré ses protestations. Elle avait eu beau lui crier l’interdiction d’entrer, ce n’était pas assez à ses yeux. Il ne comprenait pas ce désir soudain qu’elle avait de disparaitre. Eileen n’était pas de celles qui aiment se faire oublier et qui passent aisément des journées entières cachées derrière les vitres de leur joli palace. Elle était plutôt de celles qui se montrent et qui font savoir au monde entier qu’elles sont bel et bien là et qu’elles ne comptent aller nulle part. S’il ne la connaissait pas mieux, il aurait presque pu penser qu’elle cherchait à se faire chipper son titre de reine de la nuit à Vegas. Cette ville où elle avait grandi était son terrain de jeu, son royaume, lui-même le reconnaissait sans problème. Pourquoi donc restait-elle enfermée? Il avait beau retourner la chose dans son esprit, encore et encore, la situation n’avait aucun sens. Quoi qu’il n’aurait pas été étonné que sa blague sur l’opération chirurgicale ratée s’avère être vraie. Quand il pénétra dans la suite d’Eileen, Jorden ne se rendit pas compte tout de suite de l’ampleur de la situation. Atterré par l’état de la pièce, sans mot devant un tel bordel, il était presque secoué du spectacle que l’ouverture de cette porte avait révélé à ses yeux. La première idée qui lui était venue en tête avait été de contacter immédiatement la meilleure équipe de femmes de ménage de l’hôtel. Eileen ne pouvait pas vivre dans un tel merdier, il l’avait vu faire des choses parfois douteuses, mais vivre dans un taudis pareil ne lui ressemblait pas. « Eileen… Mais qu’est-ce que t’as foutu? » murmura-t-il, ignorant complètement le désir de la jeune femme de le voir quitter les lieux. Il ne savait plus où donner de la tête. Si leur père voyait cela, il allait devenir fou! Quoiqu’il avait tendance à passer les caprices et les frasques de sa fille adorée, voyez ici une pointe de jalousie qui avait toujours plus ou moins habité Jorden. Il avait souvent l’impression que sa demi-soeur était favorisée par leur père, ce qu’il vivait toujours plutôt mal mais qu’il s’efforçait d’ignorer malgré tout la plupart du temps. À chaque fois qu’il osait mentionner ses inquiétudes à ce propos, son père lui rétorquait d’arrêter de faire l’enfant et de grandir un peu. Au fil du temps, il s’était efforcé d’apprendre à se mordre la langue, mais ce qu’il pensait au plus profond de lui n’avait jamais véritablement changé. Dans un élan chevaleresque, Jorden ne songeait qu’à une seule chose: aider Eileen à ranger tout ça avant que Gregory ne découvre la situation. Le choc et le dégoût d’avoir mis les pieds dans une pièce sans dessus-dessous était presque passé quand un second choc s’empara de lui, beaucoup plus violent. Il avait enfin pris le temps de diriger son attention et son regard sur elle. Eileen, assise sur le sol, recroquevillée sur elle-même, n’avait plus grand chose à voir avec sa demi-soeur. S’il n’avait pas reconnu le son de sa voix, il aurait pu penser qu’il ne s’agissait même pas d’elle. Il remarqua immédiatement l’oeil au beurre noir qu’elle arborait sous ses mèches de cheveux blondes et la colère ne tarda pas à s’emparer de lui. Il demanda aussitôt qui lui avait fait ça, se sentant presque devenir fou à la vue de sa demi-soeur, le corps visiblement meurtri. « Eileen. » articula-t-il sèchement. Quand arrêterait-elle de se battre avec lui? Quand comprendrait-elle que parfois, il y avait des choses trop importantes pour vouloir continuer de chercher le conflit? Quand cesserait-elle de le voir comme un ennemi? « Qu’est-ce que ça peut me faire? T’es sérieuse?» Pourquoi refusait-elle son aide dans un moment pareil? L’incompréhension se mêlait au sentiment de vengeance qu’il éprouvait à présent. Il n’y avait aucun doute quant au fait que Roman était le responsable des blessures de la jeune femme. « Tu m’interdis de te venger? Tu veux dire comme tu m’as interdit d’entrer dans ta suite? » Il circula dans la pièce, le visage rivé sur le sol jonchés de bouts de photos, de verre brisé, et d’une poudre blanche qu’il aurait reconnu au premier coup d’oeil. De toute évidence, elle n’avait pas essayé de cuisiner un gâteau. « Je me demande ce que dirait papa s’il savait… » Il l’avait dit presque sur le ton du défi. Rien ne le retenait vraiment d’aller voir leur père pour lui raconter sa découverte. Si Gregory apprenait ce qui était arrivé, s’en était fini pour Roman. « Est-ce que tu t’entends parler? » demanda-t-il enfin. « Regarde ce que ce type t’a fait! » Il avait haussé le ton avant de balancer un bout de miroir devant ses pieds. « Ne me dit pas que c’est encore un de tes petits jeux malsains Eileen. Ne me dis pas que tu aimes ça. Regarde toi! » Il était en colère, parce qu’elle avait toujours été forte, indétrônable, pas du genre à se laisser faire. Il refusait de croire que tout allait bien et que la situation ne la dérangeait pas plus que ça, qu’elle acceptait que Roman s’en sorte sans problème. « Ne me dis pas que tu l’aimes… » Un instant de silence. Puis, Jorden éclata de rire et porta une main à ses cheveux. « Non, tu ne peux pas être folle à ce point. » Il refusait de le croire. Elle était plus intelligente que cela. Quand elle lui demanda s’il pouvait lui prêter sa suite, il resta silencieux quelques instants, faisant mine de réfléchir. « Si c’est pour que tu la détruises comme a tu as détruit celle-ci, il n’en est pas question. Encore moins si tu comptes revoir ce type ou ne serait-ce que l’approcher. » Son statut de grand frère avait repris le dessus, c’était plus fort que lui. Elle avait beau cracher son venin vers lui depuis l’enfance, il l’avait toujours aimé. Elle était sa petite soeur, et il n’y avait absolument rien qu’elle puisse faire contre cela. Les liens du sang gagnent toujours.
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MessageSujet: Re: I can reach an endless sky feels like paradise. I can reach an endless sky feels like paradise. EmptyLun 21 Sep - 0:47

Toutes les excuses, des plus imaginatives aux plus ordinaires avaient été prononcées et pourtant, aucune n’avait refréné l’envie incoercible de Jorden d’entrer dans la suite. Elle avait feint la maladie, la fatigue, avait exprimé un refus catégorique à sa proposition d’un bain de foule arrosé de champagne. Tout avait été prétexte à ne pas ouvrir, à ne pas sortir, à rester bien sagement accroupie derrière un mur qu’elle avait cru protecteur. De sa plus belle voix, elle l’avait couvert d’insultes stériles en espérant que son effroyable méchanceté suffirait à précipiter son départ. Mais rien n’y avait fait, Jorden faisait partie de ces êtres tenaces pour qui, la découverte d’une vérité l’emportait sur le reste. Ou peut-être s’était-il convaincu qu’il trouverait, dans le comportement trouble de sa soeur, une possibilité de la faire chuter de son trône, de s’approprier sa place de privilégiée auprès de leur père. Jorden, même s’il n’en portait qu’à moitié le nom à ses yeux, était un Rosenbach. Il réfléchissait comme un requin combatif et affamé dans un océan débordant d’alevins chétifs, ambitionnait à tout instant l’ascension des plus hautes sphères du pouvoir, il savait dissimuler ses intentions les plus pernicieuses derrière un impeccable, charmant et innocent sourire. Qu’importe le combat à mener, Jorden ne compterait jamais parmi ses alliés pour la simple raison qu’elle visait les mêmes objectifs démesurés que lui. Aussi, il lui apparaissait indispensable qu’il ignore tout des épreuves terribles qu’elle endurait, qu’il ne découvre pas son talon d’Achille, sa faiblesse. Cette petite griffure sur le coeur répondant au nom de Roman et qui, chaque jour, gagnait du terrain. (...) D’abord se fut la lumière du couloir qui s’immisça dans l’ouverture de la porte puis le plafonnier et ses mille ampoules vinrent lui crever les yeux. Sous les feux, tout devenait horriblement réel, elle prenait enfin la vraie mesure de sa souffrance. Tout était sans dessus-dessous, on aurait aisément pu croire qu’une tornade était venue souffler par ici, qu’un ouragan d’une violence rare avait tout emporté or, il s’agissait uniquement des bourrasques colériques de son désespoir mêlées à sa contagieuse folie. Jorden évaluait les dégâts avec un sorte de rire cynique coincé dans la trachée; il était à la fois dégouté par le spectacle et admiratif du potentiel destructeur de sa cadette. L’inquiétude n’arriva que plus tard, lorsqu’enfin il détourna les yeux sur la responsable de cette scène cataclysmique. L’incompréhension laissait place à la colère, à l’impuissant désir de vengeance. Jorden se trouvait face à une situation qu’il ne maitrisait pas et que ni son beau sourire, ni ses dollars ne parviendraient à réparer. « Depuis quand on veille l’un sur l’autre ? » insista-t-elle intimement convaincue que la passion violente qu’elle entretenait avec Roman ne le regardait pas. « Depuis que j’ai précipité ton mariage vers la case divorce ou depuis que tu as diffusé ma sextape au réveillon de Noël ? » Elle n’hésitait pas à évoquer explicitement leurs anciennes querelles, les souvenirs les plus douloureux remontaient à la surface, encore un peu et la colère qu’elle lisait dans les yeux de Jorden se transformerait en une rage incontrôlable qui le pousserait à fuir le terrain hostile sur lequel il osait se tenir. Puis elle le toisait, assise entre les débris de verres avec sa gueule fracassée et ses pupilles cernées de noir; son rouge à lèvres foutait le camp et entre ses doigts, partout sur ses mains diaphanes, son sang royal perdait de sa noblesse. « Et tu vas faire quoi Jorden, enfiler tes gants de boxe ? Appeler ta petite armée d’avocats ? Embaucher des tueurs à gages ? Réveille-toi, tu n’es pas le héros d’un blockbuster. » soupirait-elle en se massant délicatement les tempes; sa tête prise dans un étau métallique, elle implosait. Roman resterait impuni, il était au-dessus des lois, du commun des mortels, d’une éventuelle condamnation. Attaquer un Da Russo c’était exactement comme vouloir attaquer un Rosenbach; cela relevait du domaine de l’impossible, du rêve. Jorden s’interrogeait alors sur la réaction de leur père s’il venait à découvrir la vérité; Gregory avait une vision très personnelle de la vengeance qui consistait à l’expulsion pure et simple des trouble-fêtes de sa ville. Théoriquement, se mettre un Rosenbach à dos revenait à oublier Las Vegas et ses plaisirs; mais ce soir, on s’en était pris à sa fille et les choses promettaient d’être infiniment différentes, les représailles beaucoup moins inoffensives. « Je suppose qu’il est déjà au courant. » Evidemment que Gregory savait, il n’y avait pas matière à en douter. Tout ce que se passait à Las Vegas restait à Las Vegas mais faisait, obligatoirement, un détour par le bureau du monarque autoproclamé de la Cité du vice. Derrière les néons tapageurs de son empire, il attendait le moment opportun pour agir, sortir de l’ombre, rétablir la justice. « Mais je t’en prie, demande lui de passer si c’est ce que tu veux. Je m’en fiche Jorden. Complètement. » En principe, Gregory ne se mêlait jamais des histoires relationnelles ou personnelles de ses enfants, sauf si ces dernières pouvaient entacher l’image publique de la famille, à l’instar d’un mariage précipité ou d’un casier judiciaire trop plein, qu’il se chargeait de faire disparaitre à l’aide de quelques billets. Elle l’imaginait parfaitement franchir le seuil de la suite dévastée dans son impeccable costume, arquer un sourcil furieux avant d’exiger qu’elle le suive jusque dans son bureau ovale. Assise face à lui, il lui ferait un énième discours moralisateur sur le danger d’une consommation abusive de stupéfiants, et elle hausserait insolemment les yeux au ciel. Enfin, il évoquerait Roman, condamnerait son geste malheureux tout en méditant sur la part de responsabilité de sa fille. Au bout d’une longue demie-heure, elle regagnerait de confortables appartements et fermerait ses paupières sur l’image chancelante d’un Las Vegas endormi. De son côté, Roman se trouverait contraint de fournir de vraies explications et implorerait la clémence de son bourreau. Et après quoi ? Jamais une partie ne s’achèverait de la sorte, jamais les souvenirs et les sentiments ne disparaîtraient. « Je crois qu’à un moment... il a véritablement eu envie de me tuer. » déclara-t-elle sans même exagérer, elle l’avait vu dans son regard, ce sentiment inconnu, plus fort que la colère, que la haine et que la rancoeur réunies. L’espace d’une seconde tout au plus, il avait désiré, au plus profond de lui, qu’Eileen Rosenbach et sa perversité ne soient plus sur cette Terre. La voix tremblante, elle posa la main sur le morceau de miroir brisé que Jorden avait valsé jusqu’à ses pieds. Elle osait à peine se regarder et affronter la douloureuse vérité, à savoir, que Roman était un homme violent et qu’il ne se privait pas de l’être avec elle. Il avait fallu participer à un jeu macabre, sans règles, sans limites, pour qu’enfin, après quatre années d’amitié, il dévoile son véritable visage. La colère grondait dans la voix de Jorden et elle se retrouvait dépourvue de toute capacité à répondre. Jorden avait raison, c’était un jeu et elle aimait ça. Le jeu était son principal moteur, l’art de la guerre encore plus qu’une vocation était devenue au fil du temps un état d’esprit. Et ce soir, elle n’avait plus rien, plus de partenaire, plus de fierté, pas même un beau visage mal attentionné, seulement le goût amer et corrosif de la défaite. Silencieuse, misérable et vacillante, elle se relevait tant bien que mal et tentait de prendre appui sur l’épaule de Jorden, mais bientôt, il se mit à rire aux éclats lui portant le coup fatal. « Je... » commença-t-elle sans parvenir à aller plus loin. Elle l’aimait Roman, du moins elle l’avait cru avant que tout ne prenne brusquement fin. A présent, elle était tiraillée entre la peur d’être atteinte du syndrome de Stockholm, la crainte de passer à coté du seul véritable amour de sa vie et la haine viscérale qu’elle lui vouait pour avoir osé commettre un tel acte. « Je ne sais pas, je ne sais plus. » Les certitudes s’étaient envolées, elle avait besoin de temps pour savoir si elle serait ou non, en mesure de lui pardonner un jour. « Et si je l’étais Jorden...-Folle à ce point-? » demandait-t-elle honteusement en cherchant une marque de soutien dans les yeux de son ainé mais, tout ce qu’elle y voyait se résumait en un océan de pitié. Une imperceptible larme roulait contre sa joue et s’échouait à la commissure de ses lèvres, la respiration saccadée, le palpitant battant à tout rompre, elle menaçait de s’écrouler à tout instant. Les coups, la cocaïne, l’alcool, la perte des repères, la fierté massacrée, l’amour qu’elle lui portait sans l’avouer à voix haute, le choc était trop violent, même pour elle qui pendant longtemps s’était vantée d’être invincible. « Tu ne peux pas me laisser ici. » L’idée de passer une minute de plus dans cette suite, la plus fidèle représentation de ce qui se passait dans sa tête, l’emplit d’une panique insurmontable. Eileen s’agitait, tremblait comme une feuille exposée au vent, la drogue amplifiait son état d’ores et déjà préoccupant, intensifiait ses idées noires. Elle n’avait plus rien à quoi se raccrocher mis à part lui. « Aide-moi Jorden, je t’en prie, aide-moi. » le suppliait-elle en larmes en s’agrippant à sa chemise. Plus que jamais, elle avait besoin de lui, de la protection et de l’appui de son grand frère.
 
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Nathaniel Atwoodth
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