the great escape
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hit me baby one more time ... (romaleen)

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MessageSujet: hit me baby one more time ... (romaleen) hit me baby one more time ... (romaleen) EmptyMer 15 Avr - 2:20



« Me voici jeune et punie, et privée de ce que j'aime en secret d'une ferveur si brûlante,
et je me tords ingénument les mains devant mon désastre, devant la statue mutilée de mon bonheur... »



février 2015

Son index caressait les reliefs de la pierre grisâtre, dessinant avec une précision calculée les lettres qui formaient son nom. Derrière les barreaux d’acier, elle entrevoyait son visage, par flashs, dans son esprit, des images qui tournaient en boucle depuis si longtemps que la chronologie s’étiolait lentement. L’hémoglobine qui ruisselait sur les pans de sa chemise, son regard foudroyant et le geste dénonciateur. L’arme pointée sur lui, la Ferrari qui fendait l’air, ses excuses avortées. Recroquevillée contre un mur, dans la cellule nauséabonde qui était désormais sienne, elle enfouissait son visage dans sa chemise Dior Homme. Seul vestige d’une vie clinquante et fastueuse qu’elle ne possédait plus. Désormais, elle était une criminelle notoire, accusée à tort, de tentative de meurtre, sur la personne de Roman Da Russo. A l’hopital général de San Francisco, elle avait constaté les dommages, l’impact de la balle métallique tatoué sur son bras laisserait son empreinte pour l’éternité. Dès lors que les infirmiers lui eurent administré une dose de morphine supposée atténuer la douleur, il s’était empressé de pointer un index accusateur dans sa direction. Conduite immédiatement par les forces de l’ordre en garde à vue, dans l’attente de son procès, les poignets liés par des menottes, elle hurlait à qui voulait bien l’entendre qu’elle était innocente. Ceci n’était qu’un jeu qui avait mal tourné, mais personne en ces lieux ne semblait croire à la thèse de l’accident. Déjà, les enquêteurs élaboraient un cheminement grotesque en s’appuyant sur les déclarations conjointes de Roman et d’Eileen. Un crime passionnel. Dans l’heure qui suivit son incarcération, on lui annonçait très aimablement qu’il avait officiellement porté plainte. Brièvement, on lui énumérait les chefs d’accusation qui pesaient sur ses épaules et pour lesquels elle allait devoir se défendre. Tentative de meurtre avec préméditation, violences volontaires avec arme à feu, et possession illégale de cocaïne. Elle risquait de passer les quinze prochaines années dans une prison fédérale pour femmes au milieu du désert des Mojaves. Sauf qu’elle s’en fichait, éperdument. Son père avait d’ores et déjà réquisitionné les meilleurs avocats du pays pour sortir sa fille du pétrin dans lequel elle s’était mise. Tous tentaient vainement de négocier avec les ténors du barreau du camp adverse, on proposait à Roman des sommes astronomiques pour fermer les yeux sur l’incident, on envisageait même de mettre en place une injonction d’éloignement, mais aucun terrain d’entente ne fut trouvé en trente-six heures. « Mademoiselle Rosenbach, notre meilleure chance serait que Monsieur Da Russo retire sa plainte. » Elle manquait de s’étouffer face à l’incompétence de l’avocat assis face à elle. Roman n’avait aucune raison de retirer la-dite plainte, à moins d’envisager les prémices du pardon. Sans doute ne la laisserait-t-il pas aller en prison, mais d’ici le début du procès il comptait bien se satisfaire de la savoir en cage. « Vous savez quelle est la première chose que je vais faire en sortant d’ici ? » Ses pupilles azurs s’étaient soudainement illuminées d’une flamme fielleuse. « La vengeance. » concluait-t-elle dans un rire méphistophélique teinté d’une folie psychotique. De retour dans sa geôle, elle élaborait mentalement un plan infaillible. Le coup du siècle. Le seul capable de rivaliser avec plus de quarante heures de garde à vue. La balle changerait de camp dès l’instant où elle retrouverait la liberté.


mars 2015

Grâce à ses informateurs, Eileen était en mesure d’affirmer que le grand Roman Da Russo se trouvait actuellement quelque part au dessus de la mégalopole du BosWash. Son précieux jet avait supposément décollé dix minutes plus tôt. Aussi, et selon ses calculs, il franchirait le seuil de cette porte dans, approximativement, six heures et trente minutes. Il était en voyage professionnel à New-York en compagnie d’Alexander Astoria, les difficultés que rencontrait le magazine les obligeaient à prendre leurs responsabilités, et donc, à faire le déplacement pour convaincre leurs potentiels investisseurs. Malgré tout, elle savait qu’il rentrerait chez lui directement après l’atterrissage, qu’il n’irait pas flâner dans les clubs branchés jusqu’au petit matin. Demain avait lieu la -très attendue-, remise des diplômes et Roman comptait bien y apparaitre sous son meilleur jour. Elle l’imaginait parfaitement s’asseoir dans son fauteuil, un verre de whisky à la main, dénouer soigneusement le noeud de sa cravate, expirer un soupir de soulagement puis balancer son visage en arrière. Pourtant, le programme qu’il avait prévu risquait d’être perturbé par la disparition soudaine et inexpliquée de ses meubles. Debout, appuyée contre l’une des nombreuses baies-vitrées du salon, elle observait le défilé incessant de l’équipe de déménagement. A l’extérieur, ce n’était pas un, mais trois camions qui se remplissaient à vue d’oeil. Des centaines de cartons pleins de son bordel, de ses affaires personnelles, de ses précieuses pompes en cuir importées d’Italie. Tout partait en direction d’un entrepôt situé au milieu de la forêt canadienne. Autant dire que le plan élaboré en cellule par Eileen Rosenbach coutait relativement cher, mais le jeu en valait très largement la chandelle. Roman Da Russo aurait mieux fait de se pendre le jour où il avait offert un jeu de ses clés à Eileen. « Tenez, c’est la liste des choses à laisser sur place. » ordonnait-t-elle en tendant un ridicule post-it jaunâtre à l’homme qui supervisait le déménagement. Il considéra un instant le papier et fronça les sourcils, comprenant à son tour, que tout ceci n’était rien d’autre qu’un coup monté parfaitement orchestré. -Un magnum de champagne et deux coupes, une chemise blanche Dior, le cadre argenté posé sur le bureau, le matelas du lit, un drap, des bougies.- « C’est une mauvaise blague que vous lui faites à votre copain ? » demandait-t-il le plus sérieusement du monde en essuyant les gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Le travail à abattre était colossal étant donné l’immensité des lieux. « Une blague, même mauvaise aurait au moins le mérite de le faire rire, et croyez-moi ça ne va pas être le cas. A Las Vegas on appelle ça : une vengeance. » Un rire sardonique résonnait , et résonnerait encore mieux ce soir, une fois tous les meubles envolés; tandis qu’elle s’échappait vers le jardin afin de sortir les bolides luxueux de Roman des garages. Elle ne lui laisserait rien d’autre que ce qu’il avait d’inscrit sur la liste, absolument rien, ni shampoing, ni nourriture, pas même les ampoules. Elle voulait qu’il ait faim, comme elle lorsqu’elle était coincée dans une cellule étroite, qu’il se sente sale, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, qu’il soit rongé par la culpabilité de l’avoir laissé pourrir durant quarante heures. Elle aurait dû viser le coeur, métaphoriquement au moins, au lieu du bras. (...) Les aiguilles défilaient à une vitesse hallucinante, il ne lui restait plus qu’une heure pour parfaire sa mise en scène, pour soigner les détails de sa cérémonie de bienvenue. Sur le comptoir de la cuisine, resté uniquement parce qu’il était fixé au sol, un homme terminait de scotcher le dernier carton. A l’intérieur, l’argenterie familiale du Da Russo. « Le voyage va être long jusqu’à la banlieue de Whitehorse, mais nous vous préviendrons dès que les meubles seront arrivés à destination. » Et pour cause, 3800 kilomètres séparaient San Francisco de la province de Yukon, au nord du Canada. Au total, on pouvait aisément estimer une bonne cinquante d’heures de route. Roman n’était pas prêt de revoir ses chaussures, bouteilles de château Pétrus et meubles adorés de sitôt. Comme prévu, on avait soigneusement laissé un matelas et un drap qui trônaient dorénavant au milieu, de ce qui était autrefois, un salon. Dehors, elle remarquait que le soleil commençait à décliner, et elle s’empressa d’allumer, une à une, la centaine de bougies à sa disposition afin de ne pas se retrouver dans l’obscurité la plus totale. Elle attendait que les déménageurs quittent les lieux pour troquer sa robe Saint Laurent contre la chemise Dior Homme immaculée de Roman. Elle ne voulait porter rien d’autre que ça et un ensemble Agent Provocateur en dentelle. Délicatement elle remplissait les deux coupes de champagne et se servait du cadre en guise de dessous de verres. Leur amitié ne valait pas plus que ça, tout juste bonne à récolter les résidus et les gouttes dorés de la trahison. Elle appuyait sur l’interrupteur et tous les volets électriques de la demeure se fermèrent. La ville autrefois clinquante paraissait abandonnée, Eileen méritait une place dans le Guinness Book des records pour ce tour de passe-passe. Une cigarette se consumait entre ses lèvres tandis qu’elle percevait le son caractéristique d’un véhicule s’engageant dans l’allée. La nuit était tombée et la lumière des phares filtraient à travers un store mal fermé, qu’il n’avait pas du faire réparer. Son rythme cardiaque s’accélérait brutalement, sa vengeance n’était-t-elle pas trop démesurée et exagérée ? Peu importe, il était trop tard pour revenir en arrière. Le mal était fait. Des deux cotés, dans les deux camps. Elle entendait le bruit de ses pas gravir les dernière marches, puis la clé entrer dans la serrure, la porte s’ouvrir enfin. « Bonsoir Roman. » murmurait-t-elle en s’avançant vers lui à la manière d’un prédateur ayant trouvé sa proie. Ses ongles glissaient le long de joue, puis contre sa jugulaire, jusqu’à atteindre le noeud de sa cravate. « Il me tardait de te voir découvrir ma surprise. » susurra-t-elle en recrachant la fumée bleutée de sa cigarette dans son visage, l’air faussement impassible, il comprenait à comprendre la teneur du problème. C’était un massacre. D’un geste parfaitement exécuté, elle envoyait valser sa cigarette quelques mètres plus loin, au milieu du vide magistral qui régnait désormais. « Tu vas pouvoir parler doucement, ça résonne très bien chez toi, une fois qu’on se débarrasse du superflus. » D’un geste presque tendre, elle lui retirait sa cravate qu’elle passait autour de son cou et l’affrontait un centième de seconde du regard. Il bouillonnait, prêt à imploser. « Tu n’as plus qu’à te débarrasser de moi et ton existence sera proche de la perfection. » Son rire s’éclatait contre les murs immaculés, alors qu’elle se saisissait des deux coupes de champagne. « Faut fêter ça, Roman qui obtient la rédemption. » Elle claquait son verre contre le sien, observait ses pupilles devenir des flammes, approchait dangereusement ses lèvres des siennes. La tension était palpable et l’air n’avait jamais été aussi suffoquant entre eux. La folie l’avait contaminée, elle ne ressentait plus ni la peur, ni le danger, ni l’angoisse. C’était de sa faute tout ça, il avait juré d’être son meilleur ami sans jamais avoir les épaules pour la canaliser, il nourrissait ses penchants dévastateurs en supprimant une à une les limites, les règles du jeu. Le champagne glissait dans son palais, éveillait ses papilles, en même temps que Roman, qui déjà terminait son verre d’une traitre. L’alcool était peut-être le seul allié qu’il lui restait ce soir. « Tu aimes ? » demandait-t-elle en désignant la bouteille du regard. « C’est le goût amer et insipide de la trahison. » Les reproches ne faisaient que commencer, mais déjà, elle sentait que la discussion allait rapidement évoluer dans des tonalités plus vives et désagréables. Elle retenait son souffle, puis dans un geste brusque et inattendu le poussa contre la porte tout juste refermée. Alors que tout espoir avait foutu le camp, elle l’embrassait. Pas par envie, ni par pulsion, mais parce qu’elle savait au fond d’elle, qu’après cette nuit il n’y aurait plus jamais de moments tendres et passionnés. Elle s’appliquait, la respiration saccadée, les palpitations irrégulières, à deux doigts de l’extatique. On aurait juré qu’elle l’aimait à en crever au moment où elle l’encercla de ses jambes et qu’il la soulevait du sol. Le désir enfoui, la flamme qui brulait à l’intérieur de ses entrailles, c’était un feu d’artifice. L’apothéose de leur amitié. La fin qu’elle jugeait qu’ils méritaient, scandaleuse, outrancière, magistrale et violente. Elle n’avait rien connu de semblable -depuis cette nuit-, rien qui soit à la fois, aussi fatal, destructeur, fulgurant et enflammé. Rien qui ne ressemblait autant à la naissance des sentiments, les verrous qui protégeaient la cage de son coeur venaient d’éclater en morceaux et elle était tétanisée par cette révélation, cette vérité qu’elle avait toujours niée. Dans un mouvement de recul, elle porta sa main jusqu’à ses lèvres et tremblait prise d’un sentiment de panique incontrôlable. Elle voyait son unique chance s’envoler à travers un dédale de fumée, elle avait tout saccagé. Roman obtenait sa rédemption, pas elle. Car tout ce qui importait désormais était ce qu’il se passerait « Après cette nuit. » .
 
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MessageSujet: Re: hit me baby one more time ... (romaleen) hit me baby one more time ... (romaleen) EmptyLun 27 Avr - 22:53


hit me baby one more time ...



Romaleen ⊹ Roman n’entendait pas les airs dansants qui s’échappaient des cordes des instruments de musique autour de lui. L’espace semblait assiégé par un ensemble retentissant de sons constituant une vague symphonique qu’il ignorait pour la première fois de sa vie. La nuit dans le cœur d’un whisky pur malt, la journée la tête dans le vide et le soir à tenter désespérément de ne pas ressembler à un pantin de plus qui fredonnait une veille rengaine connue de tous. Riche et malheureux, son bonheur aujourd’hui semblait si couteux qu’il n’imaginait plus que vivre dans la misère la plus intense, cœur détruit par une sentinelle qui se serait jetée sur lui après qu’il ait tenté de frauder. Roman était épuisé de sornettes qui tenteraient de lui refaire observer la vie de la manière dont il l’avait toujours fait aujourd’hui. Du haut de sa tour d’ivoire, de son bonheur accablant et de sa plus grande rasade de suffisance. Si aujourd’hui il avait décidé de sortir, écouter cette mélodie, se pencher sur le décor d’un spectacle, apprécier la troupe qui effectuait leur dernière valse sur des planches, ce n’était en rien pour satisfaire son insatiable envie de se cultiver. Roman était raffiné et évolué. Pourtant, la musique classique ne l’apaisait plus car même là, son cœur grondait les flammes de son indésirable insatisfaction. Les gens autour de lui frissonnèrent un instant mais lui restait de marbre. C’était peut-être ça le plus gênant et le pire dans l’histoire. C’est qu’il ne ressentait plus rien. Comme si le trou qui ornait dorénavant sa clavicule avait été assez béant pour emporter dans son sillage macabre, toute la vie qui survolait jusqu’alors, ses organes vitaux et sensoriels. Dorénavant, mortel parmi des incompétents, Roman défilait comme une poupée de chiffon en espérant qu’il ne finirait pas dévorer par des loups, désireux de s’accommoder de ce revirement de situation. Jamais avait été vu un Da Russo dans cet état. Pendant un instant, seuls résonnaient les violons dans l’immensité de la salle de concert mais le téléphone de Roman venait déranger l’intensité de l’atmosphère lourde d’émotion. Sans prendre garde aux regards intransigeants qui l’inspectaient outrés, l’homme détachait son regard las de la scène pour observer qui pouvait bien l’appeler. Alexander évidement. Se levant prudemment comme s’il pouvait à tout moment perdre l’équilibre et le peu de dignité qu’il lui restait, Roman s’embrasait au contact du sol et finissait par sortir de la salle en bousculant sur leur siège, quelques hommes et femmes drapés dans de magnifiques parures, sans s’en soucier le moins du monde. Alternant regards furtifs vers les marches tapissées de rouge sang et son téléphone, Roman feignait l’indifférence à la simple vue du prénom de son meilleur ami qui trônait au centre de son appareil fétiche. S’il semblait décidé à répondre de par sa démarche décidée, il n’en fit rien et resta un instant à observer l’écran, illuminé deux secondes précédentes, se noircir sous son air distrait. Après une grande bouffée d’air, Roman avançait alors vers la voiture qui l’attendait, chauffeur privé vigilant costumé avec le plus grand soin, lui ouvrant la porte à l’instant même où il observait l’epsilon s’avancer vers le véhicule. S’installant sur la banquette, Roman décidait de rentrer chez lui et de se plonger sans attendre dans les dossiers qui s’entassaient à l’intérieur de son ordinateur dans l’attente fortuite qu’il daigne y jeter un œil. Plus rien n’allait, son cœur était détracté, sa vie menacée et son instinct de survie lui hurlait qu’il devait reprendre la barre de son navire avant de chavirer lamentablement vers un rocher aux dents acérés. Le cœur au bord des lèvres, il desserrait l’étreinte qu’il avait appliquée sans en prendre conscience sur son épaule. Comme si tout avait débuté par cette simple blessure quand elle était bien plus profonde et ancienne qu’il ne l’imaginait jusqu’alors. Depuis qu’il avait pris conscience qu’il était tombé fou amoureux de sa meilleure amie et qu’il l’était sûrement depuis des années, Roman perdait le goût de l’amusement, du bon champagne, des mets savoureux, des joies voluptueuses et des plaisirs factices que lui apportait son compte en banque élogieux sur son mode de vie. Sortant de sa voiture, il ignorait les gorilles qui sillonnaient son allée pour emprunter à pas d’ahuris le terre-plein central qui le mènerait vers l’immense porte aux dorures représentatives de son égo surdimensionné. Pourtant, à peine avait-il franchit les quelques marches du vaste perron qu’il s’immobilisait un instant. La porte était grande ouverte comme une invitation provocante qu’on lui placardait en plein visage dans l’espoir intense qu’un sentiment néfaste l’étreigne. Ses sourcils froncés, sa posture reprenait contenance et en l’espace d’une seconde, le château de sable effondré qu’il avait semblé être redevenait un bref souvenir sur lequel se construisait l’ancienne image clinquante d’un prince dépourvu de tous sens moral. Devant les yeux des étonnés, Roman Da Russo ressuscitait avec la rapidité d’un tigre à peine réveillé qui apercevait face à lui, son prochain gibier. L’homme voyait sa porte d’entrée ouverte à la dérobée et sentait déjà que quelque chose se tramait sans qu’il n’en soit maître. Redressant le menton, le visage ancré dans une sombre image d’une colère noirâtre prête à surgir, il délivrait ses pas à le conduire tout droit au centre de son domaine… Dévasté par une étendue de vide intersidérale dont il n’avait le souvenir jusqu’alors. La villa était méconnaissable. Il y voyait les poutres apparentes, les murs lisses en toute sobriété, le marbre virginale courant le long de l’escalier sans fioriture et son reflet se décalquer au travers des quelques bougies allumées ci et là. Un regard en coin pour qu’il découvre son pire cauchemar, la grande faucheuse dénudée dans la plus belle des marques d’affection et de haine consentie. Longues jambes fuselées dans un décor orgasmique, la belle et dangereuse Eileen Rosenbach gardait agrafé à ses lèvres rosées le sourire diabolique des souvenirs interdits, des aléas gravis avec peine et des limites affranchies en une nuit. Il suffisait toujours d’une seule nuit entre eux et tout pouvait changer en l’espace d’un instant. D’un souffle, d’une caresse, d’un baiser sur le pont d’un yacht luxueux ou d’une simple balle perdue fichée à tout jamais dans la chair de l’être aimé. Elle s’avançait alors pendant qu’il la dévisageait avec la plus grande prudence, mesurant chaque geste qu’elle effectuait dans l’attente impeccablement studieuse que la donzelle vienne à faire un pas de travers. Ses ongles dentelés glissaient le long de ses traits, crissant sur sa barbe de plusieurs jours qu’il délaissait dans une superbe démonstration de ce qu’un homme brisé pouvait devenir. Sans se séparer de l’illustration parfaite de la provocation poussée à son paroxysme, la jeune femme glissait le nœud de la cravate de roman pour venir encadrer son cou sulfureusement attirant dans lequel Roman avait croqué, embrassé, mordillé avec la plus grande des dévotions. Autrefois, à de rares occasions, jamais. Son poing se serrait de nouveau comme lorsqu’il était mortifié par la colère qu’il ressentait toujours lorsqu’Eileen Rosenbach n’était plus face à lui, sa meilleure amie, mais la pire des folles à enfermer sous peine de ruiner son existence et d’occuper son air si précieux. Tu t’es amusée toute la journée à donner des ordres à des pouilleux pour qu’ils embarquent tout ce qui était dans ma maison ? Qu’il disait, ses dents serrées par la nuisance sonore qu’elle provoquait chaque fois que les mots effleuraient sa langue de serpent et qu’ils s’écrasaient sur sa peau brûlé à vif par sa présence. Ta vie est si misérable que tu ne peux t’empêcher d’occuper celles des autres. Roman n’était pas au summum de sa forme et pourtant sa verve prenait forme et au fur et à mesure que les paroles régurgitaient de sa gorge, il se noyait dans la folie passagère qui l’empoignait lorsqu’il s’était imaginé de nombreuses fois, face à son démon le plus intime et perturbant. Les rêves noirs étaient tout autre chose face à ce qu’il vivait aux côtés d’Eileen. Une pute aux dents acérées qui avait planté ses canines dans sa chair pour ne plus jamais lâcher. Mais aujourd’hui, imprégnée jusqu’au sang, elle ne lâcherait jamais et il ne le lui autoriserait pas car cela lui ferait trop mal. L’habitude d’être contaminé, que le poison le dévore, l’alimente encore aujourd’hui. Où as-tu mis toutes mes affaires ?! Rien n’a d’importance pour toi, tout ce que tu touches tu le détruis car tu ne supportes pas ta propre compagnie. Je veux que tu me redonnes tout. Qu’il ne manque rien Eileen, ce n’est pas un jeu… Se contenant, les menaces profilaient l’horizon pendant que son regard intense chevauchait celui de la belle qui tentait encore d’intimider son imposant amour pour elle. Une simple lettre m’aurait suffit. Peu certain de cette simple remarque, son regard noirci par la force de la fureur se transformait pendant une seconde en la contemplant. Comme s’il l’aimait réellement, comme si la nostalgie avait pris possession de son regard, de ses membres, qu’un autre Roman rampait toujours au fond de son être afin d’hurler que tout devait changer, qu’il voulait revenir dans le passé, qu’il voulait de nouveau le duo mythique qu’ils formaient avant. Que tout s’arrête, que tout reparte. Comme avant. Mais au lieu de se repentir, Roman empoignait la coupe de champagne qu’elle lui tendait et finissait par l’écraser au sol après avoir engloutit le liquide dorée. L’air impitoyable, il semblait inexorablement résigné à détruire chaque sourire enfantin de son visage immaculé d’une beauté interminable. La pression palpable soulevait sa cage thoracique d’un souffle qui ne se contenait plus. Il hurlait, brûlait, vomissait l’horreur de se retrouver face à elle, sa présence intime, son aura, son parfum, sa détestable attirance. Et il finissait par l’accueillir dans ses bras au moment même où elle venait plaquer son corps contre le montant de la porte qui se refermait à la volée sous la puissance de leur envol. Fiévreux à s’en couper les veines pour y laisser s’échapper les nappes infâmes de cette trahison qu’il se faisait à lui-même, il l’arrachait du sol, anéantissait l’espoir de ne plus lui appartenir en nourrissant ses lèvres des siennes et en brutalisant sa chair sous ses mains. Tirant ses cheveux en arrière, il la maltraitait aussi bien qu’il lui faisait peu à peu comprendre qu’il était passionnellement et fusionnellement dépendant. Eileen cherchait à prouver qu’elle n’avait aucune limite et que tout n’était qu’un jeu de plus, qu’elle pouvait tout se permettre et lui, il lui prouvait qu’il pouvait en faire de même. Sauf que rien n’était vrai. Jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter avec la même violence qu’elle s’était jetée contre lui. Roman l’observait un instant, la lèvre rougit par la morsure vive du serpent, les cheveux en bataille, le cœur haletant, la respiration saccadée. Il voyait un regard peiné, abrutit, différent de ce qu’il avait pu voir quelques minutes auparavant. Eileen semblait dévastée, rejetée dans un retranchement vers lequel il ne pouvait aller sans se voir contrer par une immense montagne de glace protectrice. Ce qu’elle avait, il ne savait pas. Il avait cessé d’essayer de la comprendre, elle et sa folie pionnière de chacun de ses gestes. Roman n’était qu’un pion. Alors il jouerait comme tel. S’avançant de nouveau, il l’empoignait avec la vivacité d’un démon qui souillerait son intimité et l’emportait dans l’escalier de pierre qui menait droit à sa chambre. Si chaque pièce qui défilait le long de son regard était vidé avec l’application unique d’employés qualifiés dirigés par une prêtresse du détail, sa chambre à lui, ne gardait qu’en son centre l’immense lit dans lequel ils avaient tant de fois dormi ensemble, si proche et si loin à la fois. L’allongeant dans les draps délicats, il plongeait contre elle, sa bouche s’emparant avidement du moindre pore de sa peau qui semblait depuis toujours désirable à ses yeux. Mourant dans cet étreinte, profitant avidement de cette possession qu’il s’octroyait comme la dernière fois qu’il pourrait poser la main sur elle, il délivrait sur son corps, ses lèvres, sa poitrine, son ventre, ses hanches, le doux poison de l’au revoir sadique à souhait. Se retirant soudain, nourrissant l’ambition de contrôler ce qu’il se passait, Roman se redressait hors du lit pour observer Eileen, presque entièrement dénudée sous l’étreinte du Da Russo. Essuyant sa bouche de sa paume avec une grimace, il l’observait longuement d’un regard écœuré avant de lâcher quelques mots. Tu me dégoutes Eileen. Mais je t’aime. Ce qu’il ne concèderait jamais à dire car encore une fois, elle lui avait prouvé qu’elle pouvait faire voler en éclat la moindre magie qu’il imaginait encore possible dans leur relation destructrice. Lui jetant alors son téléphone, le faisant atterrir platement sur son corps nu, il l’observait, inquisiteur, perturbant, presque menaçant. Appel tes chiens, qu’on me rapporte tout ce que t’as pris. Sur ce, il tournait les talons et ressurgissait dans le couloir mais il ne se sentait pas la force de la laisser là. En fait tout ce qu’il voulait c’était la voir disparaître. Trop de mal avait été fait. Quand il semblait comprendre enfin quelque chose, il perdait toute logique la seconde suivante. Revenant sur ses pas, ressurgissant dans la chambre, il l’empoignait alors par le poignet, tirant un coup sec dessus. En fait tu feras ça dehors, tu dégages, la partie est finie. A ces simples paroles, Roman savait dès lors que demain il perdrait tout. Sa société, sa vie, ses amis, sa réputation. Car sans Eileen Rosenbach il n’était plus rien. Un simple pacte pour son ancienne meilleure amie, une vraie raison de vivre pour lui.



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MessageSujet: Re: hit me baby one more time ... (romaleen) hit me baby one more time ... (romaleen) EmptyLun 11 Mai - 3:34



« On croit toujours que certaines relations sont si fortes qu'elles pourront
résister à tout, mais ce n'est pas vrai. La confiance qui s'étiole, la lassitude, les mauvais choix,
les soleils trompeurs de la séduction, la voix chaude des sales cons, les longues jambes des sales connes,
les injustices du destin : tout concourt à tuer l'amour. Dans ce genre de combat inégal, les chances de
victoire sont minces et tiennent plus de l'exception que de la règle. »


22 000 :plop:



C’était le silence qui l’enveloppait, le sol qui se dérobait sous ses pieds nus; debout les pupilles tournées vers la nuit, elle guettait l’arrivée d’une catastrophe. Elle avait pleinement conscience de la portée qu’auraient ses actes, du pardon impossible qu’ils engendreraient, du point de non-retour que franchirait leur relation. Pourtant, elle ignorait les signaux de mises en garde, aveuglée par une folie vengeresse, elle s’entêtait à transformer le paysage en un champ de ruines. Sa tenue de combat était composée d’étoffes soyeuses, la brillance du satin et la chaleur de la soie devaient suffirent à tromper l’ennemi, car sa meilleure arme était ailleurs. Pas dans l’acte, mais dans la parole. La disparition soudaine des meubles n’était là qu’en guise de symbole, le perfectionnisme des Rosenbach poussé à son paroxysme, rien de plus qu’un goût prononcé pour les mises en scènes. Elle comptait l’achever par son éloquence, sa rhétorique, sa capacité à associer les mots pour les transformer en un poignard acéré. Et lorsque tout serait fini, il se retrouvait seul au milieu d’un vide impossible à combler, littéralement. La cruauté s’était peu à peu insinuée en elle, tout avait commencé dans les Caraïbes, tout prendrait fin ici. Jamais elle ne se serait cru capable de tant de méchanceté envers lui. Elle l’avait toujours considéré comme un être à part, l’un de ceux avec qui on possède un lien si fort qu’on le croit indestructible. Roman était l’homme qu’elle plaçait volontiers sur un piédestal, celui qui l’attirait d’autant plus qu’elle ne le posséderait jamais. La saveur de l’interdit, le fantasme inavouable qu’il représentait, les brûlures qui parsemaient sa peau à chaque fois qu’ensemble ils frôlaient les limites du politiquement correct. Puis il y avait eu un tremblement de terre, une fracture si profonde qui s’était creusée entre eux, comme ça, du jour au lendemain, sans qu’elle ne puisse rien y faire. Il y avait Eileen et Roman avant ce stupide baiser sur le pont d’un yacht au large de Cuba, et il y avait Eileen et Roman aujourd’hui capables du pire. Capables de tout pour que l’autre redevienne poussière. Elle avait brisé leur pacte, déclenché la malédiction. Il avait fini par l’ignorer, l’oublier, la relayer à une place qu’elle ne connaissait pas : le second plan. D’un coup de revolver, elle avait espéré mettre un terme à cet affront intolérable, obtenir de lui une réaction à défaut d’explications. Parce que, les explications déclencheraient forcément la verbalisation d’une vérité qu’ils connaissaient tous les deux, mais que, ni l’un ni l’autre n’était prêt à entendre. Ils s’aimaient. Pas comme des gens normaux, pas avec des fleurs et du chocolat. Ils s’aimaient avec des armes et du sang, des insultes pleuvant par centaine. Ils s’aimaient seulement la nuit, lorsque qu’endormis ils déposaient l’appréhension du bonheur au pied du lit. Dans leurs rêves secrets, dans la chaleur des draps qu’ils partageaient, les mains liées. Au petit matin, à la première lueur de lucidité, l’instinct de survie reprenait irrémédiablement le dessus. Ils s’appliquaient à se haïr tout en étant incapable de survivre sans la présence de l’autre; ils repoussaient les limites, étaient curieux de savoir jusqu’à quand le lien tiendrait. Curieux de voir jusqu’à quelle distance ils pouvaient s’éloigner l’un de l’autre avant qu’il ne reste rien. Ils se donnaient mutuellement la réplique et continueraient ainsi jusqu’à ce qu’on détermine le vainqueur. Tout était compétition. Tout était jungle. Il entrait. Méfiant, il pénétrait sur son territoire violé par son ennemi charnelle. Il contemplait les dégâts, admirait secrètement l’effort accompli, l’ingéniosité mise en oeuvre pour parvenir à un tel résultat. Elle était sa muse, sa source d’inspiration. Eileen Rosenbach lui avait autrefois promis de transformer son existence banale et surfaite en une myriade de folies; elle tenait ses engagements à la lettre. Pendant un bref instant, son regard croisait le sien, et elle savait qu’il avait compris que la scène finale se jouerait maintenant. Elle revoyait toutes les images défiler depuis cette nuit sur les cimes de Las Vegas à courir après les étoiles. Les lumières s’étaient éteintes désormais, et la lune dévoilait un visage sanguinaire. « Estime-toi heureux d’avoir encore une maison. » rétorquait-t-elle au tac-au-tac à mesure qu’il prenait conscience de ce que signifiait le mot -vengeance- dans la bouche d’un Rosenbach. La balle qui s’était logée dans son épaule n’était qu’un accident; en revanche tous les événements qui se déroulaient à présent étaient volontaires et soigneusement calculés. Tous émergeaient du même esprit, celui d’une amoureuse qui s’ignorait et qui avait été blessée à l’endroit où la douleur se voulait la plus vive -en pleine poitrine. « Elle n’était pas si misérable avant ton passage, à bon entendeur. » sifflait-t-elle d’une parole imprégnée par le dégoût et la colère. Jamais elle n’avait menti avec un tel talent, tout semblait être d’une véracité déconcertante, à s’y méprendre. Pourtant, en pénétrant dans son existence privilégiée, il l’avait rendue plus palpitante encore, il y avait mis des centaines de couleurs, était devenu en un éclair le seul gardien de ses secrets. Et là, effrontément, elle lui mentait car la vérité l’effrayait et qu’il était trop difficile de mettre des mots sur des choses aussi abstraites que les sentiments. Elle s’accrochait à l’espoir qu’il était désireux d’anéantir, ses pupilles tournées vers elle comme des poignards, la peau carbonisée par la haine, les poings serrés si forts que les ongles s’enfonçaient dans la chair. « Dans un village perdu au nord du Canada. » avouait-t-elle dans un rire diabolique digne d’une folle tout juste bonne à enfermer. Elle n’arrivait plus à se contenir, tout bouillonnait, tout se mélangeait. Les notions de Bien et de Mal s’estompaient, le discernement et la modération foutaient le camp, il restait la démence dessinée sur des lèvres roses. Un regard de putain coloré de bleu, une peau cotonneuse couverte de trois fois rien. Whitehorse à cinquante heures de route de San Francisco accueillerait bientôt les vestiges de l’existence de Roman, et elle s’en fichait éperdument. Elle avait tout expulsé à des kilomètres d’ici, sauf lui. Elle ne pouvait s’y résoudre. « Alors ça signifie que j’ai réussi à te détruire, dis-moi ? » demandait-t-elle en jubilant, impatiente d’humecter les saveurs mirifiques de la victoire; mais elle savait qu’il en faudrait davantage pour venir à bout de Roman. Il faudrait faire des sacrifices, comme renoncer à cette histoire, qui dans sa tête avait le goût du merveilleux. Elle ignorait ses menaces futiles, c’était un jeu, ça l’avait toujours été. Seulement, il prenait des proportions qu’il n’était plus en mesure d’encaisser. Il était trop lent pour suivre la cadence effrénée qu’elle imposait, trop honnête pour gagner dignement. Combien de temps lui faudrait-il encore pour craquer ? Pour que se réveille l’animal qui sommeillait en lui ? Pour qu’il perde le contrôle, comme jamais ? Elle n’attendait que ça : un adversaire enfin à sa hauteur. « La seule lettre que je t’écrirai sera celle que je déposerai sur ton cercueil, et que tu ne liras jamais. » Les mots s’abattaient comme des lames, il n’y avait plus de logique, plus de raisonnement, il s’agissait juste de blesser l’autre. Par tous les moyens. Même les plus inattendus. Il fallait qu’elle l’embrasse, qu’elle goûte une dernière fois à la saveur de ses lèvres, qu’elle revienne pendant un moment, ne serait-ce que par l’esprit, à l’endroit exact où leur histoire avait commencée. Au dessus du vide. Là où ils se tenaient encore. Mais le précipice ne les épargneraient pas une seconde fois. Leurs souffles mêlés résonnaient dans la profondeur de l’habitation vide, l’exaltation se cognait contre les murs, mais c’était trop intense pour être beau, trop passionné pour être le début d’une nouvelle histoire. Tragique et dramatique, un match nul dans les deux camps. Les éclats de la coupe de champagne menaçaient à quelques millimètres de ses orteils. Une danse macabre. Elle s’emparait de lui avec la ferveur animale des débuts; elle tentait de mémoriser pour la centième fois toutes les irrégularités de son corps, elle frissonnait, hurlait, se condamnait. Ce moment n’avait pas le droit de cesser, car enfin, elle se sentait vivante et comblée, elle obtenait l’objet central de ses désirs dans une douleur intolérable mais revigorante. Pendant un millième de seconde ils étaient heureux béats, des amoureux transis, sur la même longueur d’ondes. Un millième de seconde aussi fragile qu’un flocon de neige exposé au soleil. Brutalement, avec une violence inattendue, elle stoppait tout mouvement et s’éloignait. Elle réalisait. Trop tard. Là, à moitié nue et misérable au milieu de ruines érigées par elle-même. Le souffle haletant, le coeur chancelant, les mains tremblantes et le regard égaré dans le sien. Elle voulait reculer encore davantage, mais derrière elle il y avait un mur de béton. Trop tard. Pour les regrets, pour le pardon, pour faire marche arrière et réparer le mal déjà fait. Trop tard pour lui avouer. Sa gorge se nouait, des larmes incolores manquèrent de franchir le seuil de ses yeux. Jamais elle ne s’était sentie dans une telle impasse. L’unique porte de sortie; elle l’avait soigneusement condamnée en pensant ne pas en avoir l’utilité. Prise à son propre piège. Un quart de seconde avait suffit pour que les rôles s’inversent. Le bourreau devenait la victime et réciproquement. Il profitait de la brèche conférée par ce moment d’égarement pour agir avec la rapidité d’un vautour, pour remporter la partie comme jamais. Sans la moindre once de délicatesse, il l’attrapait par les poignets et la trainait en direction des escaliers. La force de se débattre, elle ne l’avait plus; même comprendre la situation lui était impossible. Tout allait trop vite sans qu’elle puisse y faire quoi que ce soit; elle devenait la pute qu’elle revendiquait être, alors que la maison aux allures de palace abandonné défilait sous ses yeux presque clos. Elle aurait voulu s’enfuir, lui hurler de la lâcher immédiatement, mais rien ne parvenait à terrasser ses craintes De la suite des événements, elle ne savait rien mais imaginait le pire. Elle ne voulait pas de lui, pas comme ça, pas maintenant, plus maintenant. Elle ne jouait plus depuis qu’elle avait compris que sa folie était en réalité de l’amour. Paralysée par la peur, elle fut jetée comme une malpropre sur ce lit qu’elle ne connaissait que trop bien, elle priait pour qu’il la lâche mais chaque baiser avait l’effet d’une blessure à l’arme blanche, parce qu’ils étaient les derniers, les ultimes. Ils suintaient la mort prématurée de leur amitié, l’acidité des non-dits, l’infâme amertume des regrets éternels. Immobile, elle encaissait sans tenter le moindre mouvement, elle lui laissait disposer de son corps en guise de terrain de vengeance. Et, il la démolissait chaque seconde un peu plus, ses pupilles tournées vers le plafond elle comptait les minutes qu’il lui restait avant la mort par asphyxie. Il avait ses mains perdues dans le creux de ses hanches, son visage enfoui contre le sien, il lui disait adieu de la pire manière qui soit. En la laissant sur sa faim, sur la note salée et prometteuse d’un espoir. Elle était tiraillée. Tiraillée entre l’envie de s’enivrer pleinement de ce dernier moment, du dernier baiser, de la dernière caresse, du dernier souffle et celle plus difficile encore, de crier face à ce scandale, l’application avec laquelle il tentait de faire d’elle une personne misérable en bafouant son corps contre son gré. Et lorsqu’enfin il la libéra de ses chaines en essuyant ses lèvres humides, elle crut vaciller, partir complètement à la dérive. Elle ne se redressait pas immédiatement, parce qu’elle savait qu’il était devenu fou, qu’il aurait pu aller beaucoup plus loin s’il n’avait pas eu une réputation à entretenir. Tellement loin, que la peur passagère d’Eileen Rosenbach fut remplacée par de la curiosité vraiment malsaine. Elle ne craignait plus rien désormais, sinon une partie de jambes en l’air à moitié désirée et qui confirmerait ses doutes sur la santé mentale de son ancien meilleur-ami. Au moins, elle aurait une vraie bonne raison de le haïr, de ne plus l’aimer. Elle avait réalisé qu’elle l’aimait depuis quinze minutes, qui s’était avéré être le pire quart d’heure de sa vie. On ne pouvait pas faire plus clair comme mise en garde et pourtant, jouer avec le feu était une tentation bien trop forte. « Et toi tu me déçois. » La provocation était sa carte favorite, celle qui avait un avantage sur toutes les autres. « C’est tout ? Tu crois que je vais me contenter de ça ? Tu me sautes dessus comme un chien et tu me fous dehors comme ta pute du moment. » Sa phrase à peine terminée, elle manquait de se prendre le téléphone de Roman en plein visage, mais l’évita de justesse. Il lui ordonnait en hurlant d’appeler les hommes venus plus tôt dans la journée pour débarrasser la demeure. Elle haussait les sourcils, elle s’en foutait des meubles et du reste, elle voulait seulement lui parler. Elle estimait avoir droit à des explications, pour la prison, pour la dispute ayant précédé le coup de feu, pour son éloignement soudain depuis le retour des Caraïbes presque un an plus tôt. Le téléphone en main, elle se demandait pendant un instant si elle saurait gérer seule la suite des événements, l’extermination radicale et définitive de cette amitié. « Tu me lâches ! » scandait-t-elle alors qu’il la trainait sur le palier de la chambre. « J’ai lancé cette partie, elle sera terminée quand je l’aurai décrétée. » trouva-t-elle judicieux d’ajouter en balançant le téléphone de Roman par dessus la balustrade. Il s’écrasa en mille morceaux dans un bruit singulier, dix mètres plus bas. « Tu pourras me faire sortir de chez toi par la force mais ça m’empêchera pas de te dire, une bonne fois pour toute, tes quatre vérités, et ça ne te permettra pas non plus de récupérer tes meubles. » un sourire insolent recouvrait ses lèvres, alors qu’elle s’apprêtait à commettre l’irréparable. « T’avais l’intention de faire quoi dans cette chambre ? C’est ça les nouvelles règles maintenant ? Tout est véritablement permis... » Elle reprenait brièvement son souffle en l’affrontant du regard. « Il serait tellement fier de toi ton père, à coups sûrs qu’il crèverait une deuxième fois en contemplant l’abruti que tu es devenu. » S’il y avait une vraie mauvaise idée c’était bien celle là, à savoir, évoquer le père de Roman en ces termes. Elle s’en foutait. Elle était en chute libre. « Très sincèrement, j’espère que tu seras le prochain sur la liste. Je voulais des explications mais tout ce que tu vois c’est tes cinquante paires de pompes italiennes qui sont plus là. T’es le roi des égoïstes mais je vais quand même te dire un secret. »  Elle s’avança doucement dans sa directement en retirant soigneusement la bague qui trônait sur sa main depuis quatre années. « Si quelqu’un me donnait la possibilité de revenir sur cette terrasse, celle du soir de notre rencontre, tu sais ce que je ferais... Je te pousserai dans le vide. Mais puisqu’il est trop tard pour ça, je vais te faire une nouvelle promesse. » D’un geste calculé elle propulsa le cercle doré au même endroit que le téléphone portable. Sans une once d’hésitation, désireuse d’en finir pour de bon. « Je vais m’appliquer à faire de ta vie un Enfer, histoire que tu aies de véritables raisons de me détester. Tu ne ressentiras plus du dégoût mais de la haine viscérale. Le genre qui t’empêche de dormir la nuit. Et tu seras là, comme un con à repenser à tout ce que tu as raté; à ta conquête de Playboy avortée, à tes amis qui vont tous se retourner contre toi les uns après les autres, à la pétasse de tes rêves qui va crever d’une crise cardiaque comme papa. Et quand tu auras vraiment plus rien, je partirai. » Ils s’en étaient dit des horreurs pendant ces derniers mois, mais jamais elles n’avaient atteint un point aussi culminant. « Je t’en prie exprime-toi ! » articulait-t-elle en le poussant violemment contre la rambarde de l’escalier. Il aurait pu tomber, il aurait pu s’écraser avec le reste dix mètres plus bas, elle s’en moquait. Les limites qui n’existaient déjà pas habituellement s’estompaient davantage et laissaient place à une folie contagieuse. « On y retourne, que tu termines ce que tu as commencé ? » demandait-t-elle en désignant la porte de la chambre, sans l’attendre, elle s’y engouffrait et, elle se demandait comment une seule et même personne pouvait être simultanément celle qu’on aimait et qu’on détestait le plus au monde.
 
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MessageSujet: Re: hit me baby one more time ... (romaleen) hit me baby one more time ... (romaleen) EmptyMar 19 Mai - 22:17


hit me baby one more time ...



Romaleen ⊹ Roman mourrait à petit feu. Si ce n’était pas le cancer qui détruirait sa gorge et ses poumons, se serait la maladie incurable au nom de Rosenbach qui l’emporterait dans la tombe, en le balançant sans ménagement dans une fosse sceptique à l’outrageuse odeur morbide, loin du paradis qu’on lui aurait accordé pour le recueil de son âme vertueuse pour lui, étonnement pourrie pour la majorité. Il imaginait déjà ses yeux se révulser sous ses paupières d’avoir été assez sot pour se laisser traîner jusque dans la mort même s’il aurait tenu bond jusqu’à ce que sa peau se grise d’une fierté perdue depuis longtemps mais qu’il avait jusqu’alors, tenté de retenir. Le visage d’Eileen, foudroyante de vie et d’excitation contenue lui aurait fait faire volte face. Il aurait hurlé pour qu’on le sorte de cette terre dévastée mais rien à faire, jusqu’au bout elle aurait ruiné son existence et la dernière vue qu’il aurait du jour serait sa noirceur impeccablement comblée par une fougue imprenable. Ses cheveux flamboyants voltigeraient à la mesure que leur imposerait le vent sillonnant entre les écorces repues des arbres et elle éclaterait d’un rire malsain en s’éloignant de sa tombe, contaminée par la poisse, le dénie, la cruauté, la pitié. Eileen Rosenbach entraînerait la mort de Roman Da Russo et elle finirait par en périr de la même manière. D’une solitude marécageuse. Ce serait sa malédiction à elle, une abominable détresse qui s’emparait d’elle au fur et à mesure que le temps s’écoulerait sans Roman dans sa vie. Peu à peu, elle tenterait de se forger une nouvelle vie, d’entrer dans une nouvelle ère mais jamais elle n’y arriverait. La nourriture prendrait doucement le goût du poison fatale, inodore, incolore, destitué de la moindre saveur et le liquide précieux qu’elle ingurgitait à s’en faire tourner la tête, détiendrait l’arrière goût salin de ce baiser au milieu d’une tempête de sentiments qui les avait assiégé en haut d’un yacht à la merci des vagues, des précipices et des pires démons maritimes. Eileen causerait sa propre perte si elle coulait Roman parce que, si elle le regardait de toute sa royaltie se faire happer par les flots, il finirait par l’attraper pour qu’elle le rejoigne. Au fond du trou ou sur terre. Séparés et ensemble à jamais. La ruse était bonne de croire qu’ils en finiraient de l’un et de l’autre mais chaque jour elle admirait sa vie valser sous ses yeux sans pouvoir laisser son corps se dégourdir du spectacle et son cœur se répandre en mielleux plaisirs que lui offrirait ces moments toujours privilégiés mais à l’aspect plus que jamais solitaire. Piégée dans une tourmente qu’elle avait engendrée sur le toit de ce palace végassien, Eileen ne pourrait plus compter les pas ni s’adonner aux danses hypnotiques avec un partenaire de choix. Recroquevillée dans une noire pénombre, elle découvrirait dans la glace trônant dans sa suite princière que son cœur se désagrégeait et que les veines qui ornaient sa poitrine sembleraient sur le point de ne plus irriguer tout simplement, le palpitant qui avait perdu sa cause première de survis. Il était lié à un autre et si elle arrêtait de l’abreuver, il s’arrêtait de pomper. Quand à elle, Eileen finirait par comprendre mais trop tard. Perdre Roman c’était perdre son instinct primal, premier, sauvage. Tout ce qui l’a faisait tenir debout, lui donnait l’envie de se lever le matin, d’admirer les joailleries sur lesquelles elle s’entassait, les zéros décuplés sur son compte en banque, tout ça, elle n’en aurait plus l’envie. Tout deviendrait fade, stérile, sans vie. Ainsi, elle finirait par en perdre la tête autant que Roman deviendrait sénile sans le sort fatal qu’elle avait jeté sur lui à la première occasion qui s’était présentée. Démons en eaux troubles, partagés par l’envie de clémence, de rédemption et de brandir les armes pour se saigner jusqu’à la dernière goutte de sang dans un combat épique, le choix était vite fait. Aveuglés par leur haine et apeurés par l’amour encore plus inconcevable qu’ils ressentaient l’un pour l’autre, ils préféraient s’entre-déchirer plutôt qu’un jour se faire estropier par l’autre une fois le cœur à nu, les barrières envolées et les infimes, rares et improbables « mots » prononcés. Je ne serais heureux que le jour où tu sortiras de ma vie. Qu’il dégainait après une première incartade de sa part. Une première… La centième plutôt. Mais il ne comptait plus les points, trop conscient qu’ils étaient dorénavant à la limite de l’extinction de leur ère et que c’était à celui qui pousserait le plus l’autre pour pouvoir en finir une bonne fois pour toutes. Il n’y avait plus de conséquence, plus de conscience ni de simagrée. Ils jouaient dorénavant pour s’arracher la peau, faire jaillir le sang, se mutiler l’un et l’autre jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un qui ressortirait ensanglanté de ce combat à mort. Le bouton rouge était enclenchée, c’était dorénavant la destruction totale et immuable de leur relation mais ils étaient encore à l’étape où ils devaient causer le plus de dégâts avant que la bombe ne les atteigne définitivement et n’enraye leur destin qui avait jusqu’à présent, toujours été lié. Un hameau aussi ridicule que ton attitude puérile je suppose ? Atrocement malin et pourtant dénué d’intérêt. Tu ne sais plus quoi faire pour t’amuser et je me demande encore comment j’ai fait pour te supporter ces quatre dernières années. Qu’il crissait entre ses dents serrées. Roman était quelqu’un de froid, distant, impassible. Mais il pouvait être d’une grande impulsivité lorsqu’on le poussait à bout et généralement, rien ne le retenait lorsque son sang ne faisait qu’un tour et que sa mâchoire était aussi contractée qu’elle semblait l’être face aux agissements de son ancienne meilleure amie. Il ne savait si c’était la fougue, l’envie, le désir, la haine, la rage, la colère qui le mettait dans un tel état de nerf proche de l’implosion. Roman se demandait même comment il pouvait encore tenir debout et ne pas se mettre à hurler, contaminé par la folie de la donzelle qui aurait tout réussi. Le bouffer, le détruire, le séduire, lui ôter son cœur et donc sa vie. Se repliant derrière d’ultimes barrières qu’il venait à peine d’ériger pour laisser encore à Eileen l’espace d’un instant, l’idée qu’elle tenait encore les ficelles de son jeu dangereux, Roman se contenait. Mais doucement et sûrement le monstre sortait, et il ne résistait qu’à grand effort de discipline et de rigueur qu’il avait entretenu toute sa vie pour s’élever dans un monde peuplé de requins. Mais le pire prédateur de son histoire c’était bien elle, en chair et en os dans cette sulfureuse attraction qu’elle représentait et dans cette envie charnelle que la jeune femme déployait autour d’elle comme un élixir entêtant qu’elle laissait s’attarder sous les sens de ses futures victimes. Tu peux toujours courir, t’es plus personne pour moi. Voila qu’il lâchait les mots virulents qui l’attendraient en pleine figure à défaut qu’il porte une arme ce jour là pour arracher son cœur tout comme elle avait enlevé le sien avec une violence improbable. Dépositaire dorénavant d’un contrat les amenant à se bat jusqu’à la fin des temps, il semblait que ce laps de temps serait bien plus court qu’il ne l’avait imaginé jusqu’alors. Ce serait périr sous sa main ou l’entraîner dans sa chute. Il n’y avait pas d’autres options et il choisissait la seconde en tout bon Da Russo qui se respectait. Ma vie sera bien plus prospère que tu ne le penses quand tu auras disparu pour de bon. La tombe tu la creuseras mais ce sera ton nom qui sera gravé dans le marbre. Les menaces profilaient l’interstice restreint qui les séparait encore l’un de l’autre. L’orage hurlait, grimaçait, se tordait de douleur pour ne pas encore lâcher ses vagues électriques d’éclairs aveuglants. Mais l’attente sauvage se liquéfia l’instant d’après lorsqu’elle se jetait contre son corps et qu’il s’emparait d’elle pour l’emmener dans sa chambre, le lieu de toutes les censures. Son lit dévasté par leur mort, il jetait une dernière fois son corps contre les draps et mordait, griffait, galvanisait sa honte en se souillant de cette amertume qui le dévastait lorsqu’il violait son corps de ses mains, de sa bouche et de ses morsures à répétition. Elle rougissait sous sa poigne, il se tordait sous les assauts qu’il commettait par ce crime et elle ne disait plus un mot. Tétanisée par cette force inconnue que Roman déversait contre elle, il aurait pu aller jusqu’au bout d’un final si démesurée de luxure qu’il aurait prit à perpétuité rien qu’avec sa conscience future. Il la désirait autant qu’il la détestait à cet instant précis et chacun de ses gestes prononcées avec une violence insoupçonnée dans un acte si abusif, était là pour la faire périr. Mais Roman n’avait jamais été aussi maître de lui qu’à ce moment précis. S’il avait plus d’une fois dérapé et avait regretté si souvent ses élans de tendresse envers la jeune femme, il s’écartait d’un geste aussi soudain que celui qui l’avait poussé à confronter Eileen à ses propres vices si souvent mis en avant. Tu n’étais qu’une passade de mauvais goût. Une putain aurait plus fière allure que toi aujourd’hui. Roman ne mâchait plus ses mots, ne la sauvait plus de ses affronts qu’il aurait pu sortir à tout moment. C’était dans la misère qu’il finirait et il l’écraserait de toute sa supériorité pour le mal qu’elle lui procurait, pour la douleur qu’elle avait imposée à son être, pour les cris de détresse et d’effrois qui auraient pu sortir de sa cage thoracique s’il avait seulement d’autres sons à sortir que ce simple venin qu’il lui crachait en plein visage. Alors après une vaine tentative de fuite, il faisait demi-tour. La haine déformait ses traits, son corps ne ressemblait plus qu’à des muscles tous tendus pour éviter la confrontation finale. Si la riposte était verbale, il finirait par approcher du pire sans changement de direction aucune. Il fallait qu’elle parte, pour sa propre survie pour sa santé mentale car Roman savait dès à présent qu’il pouvait commettre l’irréparable. Il le sentait dans chacun des mouvements de sa poitrine blessée et dans le tambourinement incessant de ses veines frappant sans miséricorde, sa peau brûlante d’une possession qui lui faisait perdre la tête. Mais la Rosenbach n’en avait pas fini et il la prenait pour encore plus folle qu’elle ne l’avait paru à ses yeux. Ne voyait-elle pas dans quel état il se trouvait ? Pire encore, elle ne voyait plus que sa propre colère. Dans ses yeux c’était la damnation qui se courbait au rythme de ses salves de paroles furibondes. La ferme Eileen ! Qu’il disait en la tirant avec lui quand elle tentait de s’enlever de son étreinte. Là, au-dessus de la balustrade, au sein d’un vide mortel, il finissait par laisser s’enfuir son poignet abimé par sa poigne pour brûler son visage du regard le plus sauvage qu’il pouvait employer. Elle hurlait, allait jusqu’au bout, finissait par chuter sur la limite infranchissable pour la destituer et courir jusqu’à l’horizon infini de son seuil de tolérance. Elle jetait son téléphone qui s’écrasait au sol, faisait courir ses doigts fiévreux vers son doigt pour arracher l’anneau qui les avait liés plus rapidement qu’aucun couple marié jusqu’à présent. Elle faisait tout ricocher contre le sol et il mordait la poussière. Tu veux que je te coupe le doigt aussi ? Cette lettre sur ton corps est indigne de toi. Mais c’est fébrile qu’il rétorquait car elle avait prononcé les mots de trop. Il n’entendait plus rien, que la colère. C’était une bête qui s’éveillait, celle qu’il avait voulu faire taire tout ce temps, celle dont il avait voulu la protéger quelques minutes auparavant même quand l’idée restait insoutenable de ne pas lui faire du mal. Trop tard, elle le poussait contre la balustrade et il manquait de tomber. S’accrochant, il repensait à ses mots, à son père, à tout ce qu’elle avait craché dans sa plus grande vilénie et quand elle s’avançait vers sa chambre, il fonçait déjà droit vers elle. Il ne réfléchissait plus. Le sang affluait à ses temps, sa mâchoire se crispait, son poing se serrait et il finissait par l’attraper par la gorge violemment pour la plaquer contre le mur du fond. S’il devait comprendre quelque chose qui aurait pu le retenir, à cet instant dans le regard d’Eileen, il manqua son occasion. La ferme Eileen, la ferme !!! Et sans s’en apercevoir, son poing heurtait le visage de la jeune femme qui s’écrasait sur le sol. La colère l’envahi de nouveau. Il aurait pu se jeter sur elle pour la dévorer mais au lieu de ça, il reculait, sa poitrine se gonflant encore et encore sous sa respiration comme s’il avait reçu le choc à sa place. Espèce d’idiote… Qu’il murmurait entre ses lèvres lorsqu’il voyait jaillir le mal sur le visage de la femme qu’il aimait. Il venait de lever la main sur elle et si la colère le dévastait c’était la détresse, la corruption, le malheur qui l’abattait aussi droitement que son poing sur la pommette de la jeune femme. Il titubait, reculait, s’écrasait à genoux sur le sol, passait ses mains dans ses cheveux, se redressait et frappait la porte avec violence si bien qu’il y creusait un trou imprégné de sa perte. C’est… Fini. Tout était bel et bien fini, perdu dans le mensonge, dans la haine, dans leur guerre sans pitié ni merci. Aujourd’hui il l’aimerait sourdement et aveuglément mais jamais il ne pourrait plus connaître l’espoir infime d’entrevoir l’apogée de leurs crimes. Il était ici, dans cette pièce où le premier coup fatal avait été porté et où le dernier venait de le contrer...



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MessageSujet: Re: hit me baby one more time ... (romaleen) hit me baby one more time ... (romaleen) EmptyMer 3 Juin - 9:11



« CE N'EST PAS DE L'AMOUR QUE L'AMOUR
QUI CHANGE QUAND IL VOIT UN CHANGEMENT,
ET QUI RÉPOND TOUJOURS À UN PAS EN ARRIÈRE PAR UN PAS EN ARRIÈRE.
OH !NON ! L'AMOUR EST UN FANAL PERMANENT
QUI REGARDE LES TEMPÊTES SANS ÊTRE ÉBRANLÉ PAR ELLES ; »




- Septembre 2016 - Las Vegas

Une longue table en verre séparait les anciens amants, une barrière d’ores et déjà jugée trop fragile pour supporter la bataille qu’ils entendaient se livrer. Un énième combat destiné à sauvegarder ce qui leur restait d’amour-propre et de fierté, et qui incluait, inévitablement, de faire mordre la poussière à l’adversaire. Ils se dévisageaient dans un silence pondéreux, impatients de voir débarquer leurs armées respectives; ce qui suffirait à donner le coup d’envoi officiel de ce que les médias nommaient déjà : le divorce du millénaire. Eileen Rosenbach mettait à profit ces minutes d’attente en parcourant brièvement, les pièces majeures de sa plaidoirie. Chacun des éléments qu’elle comptait mettre au centre du débat figuraient dans l’épais dossier posé devant elle; sauf un, le plus redoutable d’entre tous, qu’elle conservait dans une enveloppe directement adressée à Roman. Tel le joker d’une partie de carte, elle attendait le moment opportun pour l’exposer à la vue de tous et prendre, ainsi, l’avantage de la situation. La stratégie élaborée par ses avocats consistait à la faire passer pour une enfant démunie, qui ne possédait aucune fortune personnelle, ou somme toute, follement dérisoire en comparaison de celle de son ex-mari, qui avoisinait les quinze milliards. Aussi, elle était en droit d’en exiger, selon la loi et en l’absence de tout contrat de mariage, la moitié. D’après les calculs de ses conseillers financiers, elle empocherait pas moins de : ‘7,5 milliards de dollars’ si le juge lui donnait raison. Et bien qu’elle n’avait aucunement besoin de cet argent pour subvenir à ses besoins, la perspective de mettre à mal la dignité de Roman l’enchantait. La ligne de défense qu’allait employer ses avocats avait intérêt à être d’une robustesse sans faille, faute de quoi, son patrimoine serait divisé par deux. Un à un, les avocats des deux parties entrèrent dans la pièce et prirent place autour de la table. Ils se toisaient un bref instant, prêts à se livrer à une guerre soigneusement préparée, et à défendre coûte que coûte, les intérêts de leur client respectif. Après de succinctes salutations, ils entreprirent de recouvrir la table de documents et de relater les faits. « Ma cliente a épousé, en juillet dernier, Monsieur Roman Da Russo ici présent... ». Confortablement installée, Eileen ne perdait pas une miette de l’entrée en matière dispensée par son avocat. Il prenait soin de n’omettre aucun détail et s’appuyait sur les récentes déclarations dictées par sa cliente. Eileen et Roman s’étaient mariés deux mois plus tôt, en plein coeur de Las Vegas; un mariage en grande pompe couronné par une débauche de luxe, qui avait attisé la curiosité de la presse nationale. Aveuglée par la passion des débuts et désireuse de brûler les étapes que formaient la route vers le bonheur; elle en avait presque oublié à quel point ils étaient doués pour se faire mutuellement du mal. Or, il fallait se rendre à l’évidence, depuis qu’ils s’étaient passé la bague au doigt, ils s’entretuaient. Les fondations trop peu solides de leur union cédaient une à une, leur couple battait de l’aile, et les reproches pleuvaient inlassablement. Roman n’était pas présent, pas impliqué, tout son temps était consacré à ses ambitions délirantes; racheter Playboy. Il n’avait plus que ces deux mots à la bouche. Et, lorsqu’il ne parlait pas, il prétendait travailler en photographiant des filles totalement nues. « Le trois août dernier, en rentrant au domicile conjugal, ma cliente a retrouvé son mari en compagnie de cinq... ». Mannequins ou actrices porno, Eileen n’avait pas voulu savoir. Dans tous les cas, Roman avait dépassé les bornes en apportant son ‘travail’ chez eux, à des kilomètres de son studio photo. Son avocat ne se laissait pas interrompre et poursuivait son récit accablant, Roman écoutait attentivement sans rien montrer de son désarroi, pourtant, elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il était à deux doigts d’imploser. « Mon amour, calme-toi. » sifflait-elle, et tous les regards pointèrent dans sa direction. On la savait provocante en toutes circonstances et redoutable lorsqu’il s’agissait de défendre ses intérêts, sa réputation sulfureuse indissociable de son nom suffisait à comprendre qu’elle ne comptait pas en rester là. « J’aimerais beaucoup passer le reste de la journée en votre compagnie à écouter ces conversations superflues et à négocier le partage du moindre petit dollar; mais il se trouve que je possède des éléments qui vont, indéniablement, faire pencher la balance de mon côté, et m’assurer d’obtenir ce qui me revient de droit. » Les mots, lancés tels des projectiles, laissait prévoir un rebondissement que nul, autour de cette table, n’aurait su anticiper. « Vous permettez ? » demandait-elle en quittant son fauteuil, la fameuse enveloppe en main, elle contournait la table et se dirigeait, à la manière d’un missile, droit sur sa cible. Les talons stratosphériques de ses escarpins s’enfonçaient dans la moquette; plus elle approchait, plus l’air se chargeait d’électricité. La tension était palpable, le silence insoutenable. « Ouvre. » lui ordonnait-elle en lui remettant, en main propre, les documents qui accélèreraient sa chute, dans l’hypothèse où ils venaient à être dévoilés. A l’intérieur, trois clichés datés du mois de mars 2015 et une clé USB contenant les images de la caméra de surveillance de sa maison, la nuit où elle avait définitivement quitté San Francisco. La nuit où il aurait pu la tuer. La nuit où il avait commis une irréparable erreur; aujourd’hui elle lui offrait l’occasion de solder ses dettes. Il se décomposait littéralement en observant les photographies, ou plutôt, les preuves de la violence qu’il possédait en lui et qui faisait partie intégrante de sa personnalité. « Je pense que ça devrait suffisamment ternir ta réputation et ton image pour compromettre la signature de ton précieux rachat. Il serait dommage que ton rêve t’échappe après tant d’années de travail; n’est-ce pas ? » demandait-elle sans même attendre sa réponse; elle tournait les talons, regagnait sa place, et une fois installée, elle le défiait du regard. « Tu connais déjà le prix de la liberté. Je veux la moitié. » Elle ne céderait pas; elle s’était jurée de ne plus jamais le laisser gagner après cette nuit.


- Mars 2015 - San Francisco

Il tentait de la blesser avec les mots; les pires d’entre eux sortaient de sa bouche et s’abattaient sur elle, ça ne l’atteignait pas. En quatre ans, elle était devenue insensible à ses paroles, complètement immunisée. Pourtant, elle écoutait attentivement les reproches édifiants qu’il scandait. Il prétendait qu’elle était à l’origine de son malheur, la cause de ses soucis, qu’elle était venue au monde dans l’unique but de transformer sa petite vie tranquille en un champ de ruines. Il espérait la voir disparaitre au plus tôt car, au fur et à mesure que les secondes passaient, tout devenait cendres et poussière. Mais elle restait là, face à lui, portant sa fierté en étendard. Elle se fichait des paroles, elle attendait des actes. Roman était aveuglé par la colère, rongé par la haine; déstabilisé par les proportions que prenait leur petit jeu. Tout était malsain, tout était toxique. Leur relation était vouée à l’échec depuis le premier jour, ils s’étaient raccrochés à des souvenirs pendant des mois dans l’espoir que les effluves de la nostalgie parviennent à les sauver. Sauf qu’il était trop tard, ils n’avaient pas le pouvoir de revenir dans le passé pour réparer les erreurs commises ou se laisser une vraie chance. D’autant plus que cela nécessiterait de retourner au moins quatre ans en arrière, le matin qui avait suivi leur rencontre, lorsqu’il s’était enfui en laissant seule dans sa chambre trop grande, au milieu des draps qu’ils avaient partagés. « Non, tu ne le seras jamais. » Heureux; sous-entendait-elle en fixant la flamme qui se consumait dans son regard, aussi rapidement que leur relation. C’était donc à ça que ressemblait la fin; deux voix qui résonnaient jusqu’à en faire trembler les murs, qui s’entrechoquaient dans la brutalité; un duel interminable où il y aurait, très certainement, deux perdants et aucun vainqueur.  Il fallait aller encore plus loin, repousser toujours plus les limites, explorer des terrains jusqu’alors inexplorés, c’était la triste rançon de la gloire, le prix à payer pour conserver une certaine forme de fierté. « Je pense que tu devais être aveuglé par l’affection que tu me portais. » tranchait-elle; elle avait soigneusement utilisé le mot ‘affection’ plutôt qu’amour’; refusant d’emprunter cette pente glissante qui la blesserait davantage que lui. Pourtant, il fallait se rendre à l’évidence, s’il était resté pendant si longtemps à ses côtés, c’est qu’il l’avait sincèrement appréciée à un moment donné. Peut-être pas au début, certainement pas à la fin; mais quelque part, au milieu. Au milieu des fêtes insolentes, sur le toit des villes éclairées au néon, dans la chaleur nocturne et étouffante des Caraïbes. A l’époque où le champagne suffisait à ramener la paix, lorsque l’amour n’était pas encore dans l’équation. Les enjeux étaient moindres, les vengeances aussi, elles ne possédaient pas cette face cruelle qui menaçait de tout détruire. Désormais, elle n’était plus personne pour lui, même pas une étrangère, à peine un souvenir. Avant, elle aurait immédiatement compris que, sous le coup de l’énervement, ses mots pouvaient dépasser sa pensée; aujourd’hui elle avait la certitude qu’il disait vrai. Elle n’était plus personne, et même ça, c’était encore trop. Elle fit mine de ne pas se sentir concernée, elle ne réagissait pas mais ses poumons manquaient d’oxygène, elle se sentait prisonnière d’un étau qui se resserrait lentement sur elle. « La tombe sur laquelle tu viendras pleurer et implorer mon pardon. » Elle n’était plus capable que de ça à présent, rétorquer avec une violence supérieure, tenter de lui faire ouvrir les yeux sur sa condition. Ils étaient liés. Condamnés à crever ensemble, à s’entretuer, se déchirer et s’en vouloir. C’était une spirale infernale, un jeu qu’elle n’avait jamais crû être aussi dangereux. Un partenaire dont elle avait hautement sous-estimé la violence. Roman avait un instinct animal, primaire, il ne connaissait pas la manière douce, seulement l’attaque. Sournoise, maitrisée et infaillible. Comme une poupée de chiffon, inanimée, incapable du moindre mouvement de rébellion, il la trainait dans sa chambre. Il l’embrassait avec toute la passion, le dégoût, la haine et le désir qui bouillonnaient en lui. Sans barrière, sans limite, sans interdit, en chute libre. Et si ce n’était pas la mort, ça y ressemblait suffisamment pour qu’elle perde tout espoir. Elle aurait pu, dans un ultime souffle, tenter de réparer les morceaux brisés; ouvrir les yeux et voir son état à lui, son désespoir et la décomposition de ses traits. Mais, elle n’entendait que sa propre souffrance, celle de son coeur devenu cristal. Des milliers de fragments acérés qui lui tailladeraient les entrailles; jusqu’à sa dernière expiration. Ce que l’amitié lui avait donné, l’amour le lui reprenait. Alors évidemment, une fille des bordels parviendrait à avoir, sans difficulté, une meilleure allure qu’elle. Elles ne s’attachaient pas, elles aimaient à l’heure. D’une certaine manière, cette distance qu’elles avaient avec leurs partenaires les protégeaient. Du pire. Elle pensait à ça, recroquevillée sur elle-même au centre du lit, laissée pour morte; à ce qu’aurait pu être sa vie sans la fortune, sans Roman dans le paysage. Elle aurait eu plus fière allure. Lorsqu’elle retrouvait ses esprits, à bout de souffle, ce fut la déferlante. Animée par la folie, guidée par l’hystérie, les pires injures dépassaient le seuil de ses lèvres; d’un claquement de langue, elle salissait le passé de ses ancêtres, réveillait les morts pour qu’ils servent sa cause. Les rares objets encore présents terminaient leur chute à l’étage inférieur, tandis qu’elle hurlait encore et encore, jusqu’à s’époumoner. Elle tremblait, elle suait, elle était en transe, si bien qu’elle ne l’entendait pas. Il lui ordonnait de se taire, de ne pas évoquer son défunt père en des termes si peu élogieux, de ne pas tenter le diable. Mais Eileen suicidaire, creusait le trou de sa propre tombe. « Le R de Rosenbach ? » le provoquait-elle en lui signifiant que tout ne tournait pas autour de sa petite personne. Il n’avait pas l’exclusivité de cette lettre, il n’avait pas le pouvoir de s’approprier les choses. Mais, il avait le pouvoir d’arrêter brutalement le temps.


- Mars 2015, quelque part dans le ciel, entre San Francisco et Las Vegas

« Je n’avais rien vu venir, j’aurais pu m’attendre à tout de sa part, mais jamais à une telle violence, si directe, si meurtrière. Les signaux d’alerte qui annonçaient que j’avais franchi une ligne à ne pas dépasser ne s’étaient pas activés, ou alors trop tard. Je n’avais plus été capable de prononcer la moindre parole après ça, tétanisée, sous le choc; je l’avais regardé puis l’avait imploré de m’épargner. Accroupie sur le sol, mes mains protégeant vainement ce qui restait de mon visage, je lui avait demandé de ne pas recommencer, de me laisser partir, loin d’ici, loin de cette scène de désolation. Et il n’avait rien dit, il avait contemplé le désastre que nous avions crée, et je crois que nous nous sommes rendus compte, exactement en même temps, du mal que nous étions capables de nous infliger mutuellement. Et que, si aujourd’hui il n’y avait que des victimes et des blessés, il n’en serait pas de même les prochaines fois. La tête appuyée contre le mur de sa chambre, j’avais mal, partout. J’étais épuisée de me battre, incapable de me relever fièrement pour lui signifier que par cet acte, il était devenu un véritable monstre, une ordure de la pire espèce. Parce que j’en connaissais beaucoup des sales types, des briseurs de coeurs, des égoïstes capables de tout au nom de la fierté, de l’argent, du pouvoir ou des plaisirs. Las Vegas grouillait de ce genre de gars, pour qui les femmes sont des numéros. Et qu’importe, à quel point ils pouvaient être idiots, condescendants, imbus de leur personne, ils avaient toujours plus de mérite que Roman. En une fraction de seconde, il avait la chute la plus vertigineuse qui soit dans mon estime; et pourtant, je savais au fond de moi, qu’un jour viendrait où je passerai l’éponge, ou je lui pardonnerai. Pas demain, pas dans une semaine, mais peut-être dans un an, dans cinq ans; ou juste avant de mourir. C’était son poing contre mon visage, le désir qu’il avait eu de me détruire, pour de vrai. Plus pour jouer, plus en utilisant des mots. C’était comme la balle d’un revolver qui cette fois n’avait pas raté sa cible. Puis, lorsque des larmes s’étaient mises à couler, je m’étais sentie misérable de pleurer devant lui; et surtout, de pleurer pour lui. Mais, il ne bougeait pas, il continuait de me regarder comme si j’étais à la fois son plus grand regret et sa plus belle réussite. Et j’avais peur. Une peur insidieuse qui me conduisait à reculer toujours plus. J’aurais voulu disparaitre, juste en claquant des doigts, mais pour sortir de cette maison, je devais irrémédiablement me résoudre à passer devant lui. Sauf que ce n’était pas possible, car même si mes yeux demeuraient ouverts, j’étais dans un état de mort cérébrale et mon coeur ne battait plus. Les deux mêmes phrases à peine murmurées tournaient en boucle; ’s’il te plait’, et ‘ne me frappe pas’. Alors il s’épuisait contre les portes et dès lors que son poing percutait le bois verni, je sursautai en me demandant ce qu’il se passerait après. Du sang recouvrait mes mains, le mien, qui s’écoulait lentement de ma lèvre morcelée, de mon arcade sourcilière fendillée. Alors je continuai, immobile et suppliante, à réciter cette rengaine macabre pour sauver ce qu’il restait de mon intégrité. C’était ça la vraie fin, le feu d’artifice que je réclamais depuis quatre ans. Sauf que je n’étais plus cette fille là, Eileen était morte dans sa folie, dans son hystérie, dans son délire de vengeance. Abattue d’un coup en plein visage. J’étais perdue, face à un homme que je reconnaissais plus, à un monstre. Roman et Eileen étaient morts, en quart de seconde; eux qui pensaient résister à toutes les tempêtes, qui entendaient gouverner le monde; il avait suffit d’un rien. Minable. Nous étions devenus des étrangers; on ne se comprenait plus, on ne se parlait plus, on ne se regardait même plus. On ne savait pas quoi dire pour inverser la situation et on n’osait pas faire le moindre geste au risque de l’empirer davantage. Je n’étais plus qu’une espèce d’idiote qui s’était brulée en jouant avec le feu; il était le sale connard qui m’avait violentée en voulant éteindre la flamme. On était cuits, calcinés, brûlés vifs. Aucun vainqueur, deux perdants, salement amochés. J’aurais dû trouver la force de le regarder en face, et de lui dire. Lui dire qu’il n’avait pas à s’en faire, que le temps effacerait les erreurs, les cicatrices et les blessures. Lui dire que j’étais désolée, pour tout, les provocations, les insultes, les vengeances mesquines, les tentations criminelles, les blessures de guerre. Lui dire enfin qu’il n’avait pas gagné parce que je l’aimais quand même, je l’aimais toujours, envers et contre tous. Lui dire que je ne voulais pas sortir de sa vie, et surtout pas comme ça; mais que je voulais y rester indéfiniment, et y avoir une place de choix. C’était ça, la signification de mon silence et du regard que je portais dorénavant sur lui. Mais il ne comprendrait pas. Et, je pourrissais dans un coin en attendant de trouver la force de partir. Puis, il laissait une phrase en suspens, ou plutôt un mot qui s’était perdu dans la nuit et dans la haine; et je la terminait parce que malgré tout, il me laissait l’honneur du point final. ‘C’est peut-être mieux comme ça.’ Et j’approchais mon visage du sien, je voulais le voir une dernière fois avant de partir, de lui dire adieu. Je voulais qu’il constate sa force, son emprise, le mal qu’il était capable de faire. J’espérais, secrètement, qu’il verrait au fond de mes deux pupilles humides tous les sentiments que j’avais à son égard. On se regardait, comme des cons, pendant ce qui sembla durer une éternité. Autour de nous, le silence. Il n’essuyait pas le sang qui perlait à la commissure de mes lèvres, il ne bougeait plus, ne respirait plus. Il pensait que j’allais répliquer mais je décidais de disparaitre. En me retournant, dans ma course, je prononçais, dans un murmure, une phrase qu’il n’entendait pas. Que : ‘J’étais folle d’être amoureuse de lui.’ ».

 
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MessageSujet: Re: hit me baby one more time ... (romaleen) hit me baby one more time ... (romaleen) EmptyVen 19 Juin - 14:52


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Romaleen ⊹ Roman observait son téléphone encore et encore en se confortant dans l’idée qu’une heure plus tard, il serait sorti du chaos le plus déstabilisant qu’il avait connu jusqu’à présent. Dans cette immense salle où avocats et femme à la folie contagieuse, se partageaient le rôle de l’interroger du regard, l’homme d’affaire ne daignait pas leur accorder une attention particulière. Tout était finit depuis longtemps et allait se finir à l’heure actuelle. Ainsi, il travaillait à même son téléphone, répondait à ses mails et se permettait même d’émettre quelques sourires purement provocateurs face à certains de ses messages, pour irriter l’arrogance détestable d’Eileen face à lui. S’il relevait les yeux vers elle et s’informait des sentiments qui la soumettaient aujourd’hui, il aurait de suite remarqué cet air qu’il lui connaissait si bien. Celui de la provocation. C’était son mot ça, à Eileen. La provocation était son fort, c’était son dieu, c’était toute sa vie. Si elle s’ennuyait elle allait provoquer pour se sentir odieusement supérieure, à la pointe du dédain impérial qu’elle s’enivrait à faire passer sur chaque trait de son visage parfaitement comblé par l’ennui qui la submergeait. Eileen s’était ennuyée ces dernières semaines et elle lui en avait reproché le moindre instant. Roman quant à lui, l’avait toujours mise en garde. Jamais quelqu’un ne viendrait se mettre en travers de son chemin et de la place qu’il devait occuper dans la société. Jamais Eileen ne viendrait un jour faire reculer ses ambitions à s’emparer de Playboy et de tout ce que cette entreprise représentait pour lui et ses idées futuristes. Mais si elle l’avait compris bien avant leur mariage, lorsque ce fichu morceau de papier avait été signé, elle était devenue intransigeante. Indésirable avec son travail, elle finissait par combler son manque de présence en se pavanant au travail de Roman dans le seul but qu’il lui accorde un peu plus de son temps ministériel. Autant dire que c’était une très mauvaise idée pour s’octroyer les faveurs du Da Russo qui, au travail, ne pensait qu’à ça et rien d’autre. Ainsi, les disputes étaient devenues de plus en plus fréquentes le soir et Roman avait fini par se purger de son couple en restant à des horaires de plus en plus indécents au bureau. Ainsi, leur mariage s’écroulait avant même de s’être appuyé sur des fortifications solides et l’homme sentait qu’Eileen faisait ressurgir le malsain qui les avait encadré tant de temps en arrière quand il pensait cette époque belle et bien révolue. Ainsi, ils se détruisaient de nouveau, ils se hurlaient dessus mutuellement et n’en cessaient plus de se voiler la face. Le divorce avait été prononcé par les deux partis et les voilà dorénavant dans un bureau qui tentait tant bien que mal de contenir la haine qu’ils se jetaient au visage de l’un et de l’autre en espérant que l’un d’eux finiraient par s’arracher la peau pour disparaître et s’avouer vaincu. Autant dire que si c’était l’attente générale, la majorité serait très vite déçue. Si Roman et Eileen se jurait une froide bataille, il y aurait autant de blessés que de gagnants à la fin de la guerre. Venez en aux faits, je n’ai pas de temps à perdre. Qu’il disait sans lever les yeux de son téléphone et parce que l’avocat de sa charmante épouse était tout bonnement en train de raconter les termes de leur mariage quand il n’avait qu’une envie, arriver rapidement au final de cette déchirure amère. Celle où elle tenterait de le sucer jusqu’à la moelle pour obtenir encore une fois, tout de lui. En compagnie de cinq mannequins. Reprenez. Qu’il disait en gardant son calme et sans jamais lever le regard vers l’homme dont il coupait sans cesse la parole. S’il sentait la répréhension s’accumuler dans ses paroles, jamais il ne s’excusa de son impolitesse à toute épreuve. Jusqu’à ce qu’Eileen se mette enfin à parler. C’est à ce moment précis qu’il relevait son regard de braise pour incendier celui d’Eileen. Malgré la joute verbale qui allait avoir lieu et le combat silencieux qu’ils s’offraient au-dessus de cette table, à la dérobée du regard de tous, il sentait presque cette complicité dérangeante qui les accompagnait toujours dans leurs actes communs. C’en était presque effrayant d’imaginer que derrière cet énième procès à se reprocher le monde tour à tour, il y avait toujours cette impétueuse attache qui les liait à jamais. Un jeu de plus sûrement. Juste qu’ils jouaient très bien et sans aucune règle. Tu n’auras pas un centime. Tu m’as tiré dessus et ça, pas besoin de caméra de surveillance pour le prouver. Je peux aussi très bien faire appel aux forces de l’ordre pour prouver qu’elles ont été gracieusement rémunérées par ton père afin de ne pas te laisser croupir en prison. Si tu ne désires pas que le orange entache ton teint, tu ferais bien d’éviter de ressortir les veilles affaires du passé avant que je ne vienne à m’y pencher de la même manière. Qu’il disait dorénavant, le regard insoutenable. Il se sentait piégé par la demoiselle qui avait des cartes dans les manches et qui venait enfin de les déposer face à lui comme si de rien n’était. Mais il aurait dû se souvenir que la belle ne jouait pas dans la même cour que les autres et pour cela, il se réservait toujours une stratégie de défense afin qu’elle ne vienne pas lui offrir une surprise plutôt mal accueillie. Tu auras ce que je te donnerais. Un arrangement d’un tiers devrait suffire. Le reste, tu peux te brosser chérie. Si ces photos prouvent un acte de folie passagère, il se révèle que c’était avant notre mariage hors, tu étais consentante pour te joindre à ton bourreau. Pour ce qui est de cette balle que tu m’as décochée à bout portant, bien que ça se soit passé avant le mariage, je dirais qu’une tentative de meurtre bien que passionnelle devrait engendrer un peu plus de dégât. Qu’il disait l’œil brillant, les mots sifflant à travers sa bouche pincée. Dorénavant, il tentait de la faire plier aussi affuté qu’elle le faisait en employant chaque moyen à sa disposition. C’était des enfants à qui on avait offert un pactole sur une table afin qu’ils s’en disputent les parts simplement dans l’envie impressionnante de voir qui gagnerait. L’argent n’avait aucun but pour eux. La seule raison de leur présence était le jeu vulgaire pour faire du mal à l’autre. Et celui qui gagnerait finirait quoi qu’il arrive, par gagner une énième marque de fierté et d’attirance obscène de la part de son adversaire… […] Si elle l’avait provoqué par des tentatives insoupçonnables même venant d’elle, Eileen Rosenbach avait marqué avec justesse et c’est avec une haine pérenne et durable qu’il finissait par installer une marque indélébile sur son visage. Elle saignait. Le sang coulait le long de sa tempe sans s’arrêter comme si, l’aspect impitoyable de son geste ne pouvait offrir la rédemption de son erreur, la coagulation de son sang qui se figerait sur son visage et offrirait la cicatrisation nécessaire à son amnistie. Que dalle. Roman ne finirait jamais de payer sa dette et de s’avouer vaincu devant l’horreur qu’ils vivaient à présent comme deux sots apeurés de l’un et de l’autre. Alors elle l’observait pendant qu’il se rendait fou, malade, détruit d’amour, de crainte et de haine. Il aurait pu s’écrouler, briser tout autour de lui, que la peur irascible qui étreignait le regard bleuté de la belle, resterait à jamais éteint et inconsolable d’une misère qu’il ne lui connaissait pas. S’il avait voulu être l’unique et seul à pouvoir braver la légendaire princesse de Vegas, il avait enfin réussi son coup même devant une adversaire de taille à l’armée puissamment entraînée. Mais roman avait payé de son âme pour obtenir la victoire. Il aurait dû la retenir lorsqu’elle finissait enfin par se relever et le regarder lentement. Encore une fois, rien ne se disait, tout était immuablement imprégné dans leur mémoire commune, leurs pensées respectives. Ils se parlaient sans se comprendre depuis des semaines et pourtant aujourd’hui il pouvait succinctement comprendre les propos de la jeune femme qui s’éternisaient dans le froid et l’impuissance de ses yeux. C’était un adieu brutal, insoutenable mais inévitable. […] Eileen avait disparu de chez lui en laissant la porte grande ouverte comme pour attester de la tornade qui avait fracturé ses murs et laisser un vide interminable dans sa vie. Sa maison ne représentait plus rien. Il ne voulait plus rester ici, là où le sang avait été versé encore et encore. Il désirait la retrouver. Lui dire qu’il s’excusait, lui dire qu’il ferait tout pour elle, qu’il l’aimait comme un fou. Si, en quittant sa villa désuète dorénavant, dans son smoking abimé et de travers, il était parti pour la retrouver, il savait dès lors que sa tentative était vaine. Jamais il ne lui dirait les mots qui brûlaient ses pensées et l’empêchaient dorénavant d’entrevoir autre chose. Il l’aimait. Il était si persuadé de cette infâme trahison envers lui-même et son équilibre mental qu’il en deviendrait fou. Mais pas avant de la reconquérir.



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