my nightingale (misael)

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La vie n'est pas un sport qu'on se contente de regarder. Gagner, perdre, ou faire match nul, la partie est en cours, qu'on le veuille ou non. Alors allez-y, discutez avec l'arbitre, changez les règles, trichez un peu. Faites une pause et soignez vos plaies. Mais jouez. Jouez ! Jouez le jeu. Jouez vite. Jouez librement. Jouez comme si il n'y avait pas de lendemain. D'accord, l'important n'est pas de gagner ou de perdre, l'important c'est la manière de jouer. Vous ne croyez pas ? ✰ .misael & thea

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Ses écouteurs dans les oreilles. Un crayon au bout des doigts. Un bloc de papier sous le bras. Thea était à l'université de Berkeley. Elle avait fini par flancher et par l'écouter ce conseil, ce pressentiment. Elle s'était laissée guider et n'éprouvait aucun regret. Elle déambulait dans les couloirs du bâtiment artistique. Même si la jeune femme ne s'était pas inscrite dans cette section, elle ne pouvait pas s'empêcher d'y venir et de s'y égarer. Griffonner quelques dessins ou écouter quelques conseils. C'était un endroit qu'elle avait surtout et directement apprécié, un peu comme chez elle. Elle se sentait bien dans cette ambiance. Elle se sentait bien parmi ces gens. Des visages lui étaient familiers, d'autres moins. Mais, la jeune femme ne demandait qu'à en apprendre davantage. Elle était comme ça, avide de toute rencontre ou retrouvaille. Arrivée devant cette salle, la jeune femme s'arrêtait donc momentanément. Elle ne savait pas pourquoi, ni comment.. Tout ce qu'elle voyait à cet instant, c'était cette peinture et ces couleurs. Une façon de les utiliser qui lui semblait familière. Une technique qu'elle avait déjà autrefois appréciée et côtoyée. Thea ne savait pas l'expliquer mais, elle avait cette drôle de sensation. Elle semblait avoir déjà vu ce travail. Alors, sans se faire désirer et tout en s'excusant, elle décidait de pousser la porte, de prendre les devants et de.. De croiser son regard. « Je suis désolée mais, cette peinture, cette façon de faire.. » déclarait-elle naturellement et plaçant un pas devant l'autre. Plaçant son regard dans ses prunelles, celles de Misael. Ce visage, cette intensité et cette passion sur le tableau, elle les connaissait. Chaque détail de cet homme, elle l'appréciait et elle le réalisait. Une année s'était écoulée et pour elle, rien ne semblait avoir changé. Aussi différent qu'ils étaient, Misael gardait une place de choix dans son cœur. Réalisant au passage que les rumeurs n'étaient pas fausses. Il ne semblait pas la reconnaître. Cet accident était donc bien arrivé et la réalité la consumait seconde après seconde. « Elle me rappelle quelqu'un. » ajoutait-elle, en prenant place sur une chaise à quelques mètres de lui, de ce qu'ils avaient vécu. Thea n'avait jamais connu une telle situation. Elle n'avait jamais songé à ce qu'elle ferait ou ce qu'elle dirait. En vérité, en arrivant à San Francisco, elle espérait le retrouver. Elle espérait que leurs chemins finissent par se retrouver. Néanmoins, elle ne l'avait pas imaginé de cette manière. Retournée à la case départ et tout recommencer. Du moins, si la jeune femme en avait la foi. Si elle souhaitait se retrouver à ses côtés et partager à nouveau leurs longues et interminables conversations, leurs éternelles et belles insomnies. Sourire aux bords des lèvres, elle réfléchissait toujours. La jeune femme avait encore la possibilité de partir, de s'enfuir comme si de rien n'était. Elle pouvait le faire. Mais, elle restait. Thea faisait le choix de leur accorder une seconde chance. Une suite d'une certaine manière, pour elle. Et un renouveau pour lui. Se rapprochant et ôtant ses écouteurs, elle lui tendait la main. Son crayon toujours coincé entre ses doigts, elle faisant un pas vers lui. Elle faisait le choix de ne pas y renoncer, de croire qu'un jour, la mémoire pourrait lui revenir. Rien n'était impossible. Rien ne pouvait lui résister. Thea était une grande rêveuse. Elle ne l'admettait jamais. Seulement, ses actes, ses réflexions prouvaient le contraire. « Je m'appelle Thea. Et je suis vraiment fan de ce que j'ai vu au de-là de ces vitres. Tu as du talent et je suppose qu'on te l'a déjà dis. Tu n'as pas besoin d'une parfaite inconnue pour te l'apprendre. » confirmait-elle avec ce rire qu'il avait initié. Une émotion particulière qu'il avait fait naitre chez elle, dès leurs premiers instants. Elle s'en souvenait comme si c'était hier. Se revoyant accoster ce groupe de jeune homme et leur demander de l'aide pour découvrir la ville. La timidité de Misael l'avait toute suite refroidie et à la fois, charmée. Ils avaient passé la journée à discuter de ces arts qui les passionnaient et qui guidaient leurs vies respectives depuis presque toujours. Elle se rappelait de ce voyage qui devait durer une semaine et qui finalement, en durait quatre à la place. Elle se souvenait de cette différence qu'il représentait. Misael était loin d'être le genre de garçon, sur lequel elle se retournait et pourtant.. Pourtant, elle l'avait embrassé avant de s'en aller. Elle avait décidé de lui donner ce doux et tendre baiser. En guise de remerciement, Thea avait scellé ses lèvres aux siennes. Elle lui avait promis de cette manière de revenir, un jour ou l'autre. Néanmoins, le temps ne lui avait pas laissé assez de chance. Aujourd'hui, il ne se souvenait plus d'elle. Même si le regard du jeune homme n'avait pas changé. Même si elle y voyait toujours cette petite étincelle.. Elle le sentait. Elle avait l'impression qu'il n'était plus le même. Un accident l'avait totalement changé. Il n'avait pas subi que quelques complications physiques. Non, le jeune homme avait perdu ce qui était le plus cher à l'être humain, sa mémoire, ses souvenirs, ses sentiments, sa vie. « Je ne suis pas très polie. Tu attends peut-être quelqu'un.. » Dans ces mots, Thea éprouvait encore du mal à se retrouver. Il n'y avait que lui pour la rendre si innocente, si touchante. Et en même temps, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser au Misael qui avait croiser sa route, il y a une douzaine de mois. Cela devait être compliqué pour sa famille, ses plus vieux amis et sa petite copine.. S'il en avait une. Un accident et l'ardoise était complétement effacée. Elle n'arrivait pas à s'imaginer dans cette situation et ce qui la troublait davantage, c'était toujours cette éternelle grande passion. Même si le jeune homme avait oublié qui il était et ceux qu'il aimait, il n'en restait pas moins un artiste confirmé. Son art n'avait subi aucune égratignure. Bien au contraire même, Thea avait l'impression qu'il s'était confirmé et développé. Figée sur sa chaise, la jeune femme n'arrivait pas à bouger. Elle attendait un signe de sa part. Quelque chose qui l'aiderait à y croire, à se dire qu'ils pourraient se retrouver dans cette vie ou dans toutes les autres. Elle ne savait pas l'exprimer, ni même l'expliquer. Mais, Misael réveillait énormément de choses en elle et en quatre semaines, elle en avait appris énormément, à travers lui. Lui qui ne semblait plus là ou presque.. Complication assurée de toute façon, Thea semblait décidée. Elle semblait vouloir rester à ses côtés. L'espoir qu'il avait fait naitre chez la jeune femme, était l'espoir auquel elle souhaitait encore croire, pour lui, pour elle et pour eux.

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“Je vais te dire pourquoi je suis serein, comme tu dis.
Parce que l'on peut pas tout vivre, alors l'important est de vivre l'essentiel
et chacun de nous a son essentiel.”

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Pinceau à la main, comme à son habitude, Misael profite d'un moment de répit pour se réfugier dans l'endroit qu'il préfère dans cette université. Le bâtiment artistique. Depuis son arrivée à Berkeley, le jeune homme y passe le plus clair de son temps. Ces lieux sont comme sa deuxième maison. Il se sent chez lui, entouré de ses pairs et dans un milieu plus que familier. Il ne s'est pas spécialement fait d'amis, parce qu'il est comme ça Misael, plutôt solitaire, mais le peu de personnes qu'il croise lui sourie, le salue, comme s'il faisait parti des leurs depuis toujours. Les sigmas, une grande famille qu'on lui avait vendu lors du choix de sa confrérie. Et c'était vrai. Si à présent, il ne se rappelait de personne ici, dû à son amnésie, les autres membres de sa confrérie se souvenaient de lui et de son talent. Et rares étaient ceux qui lui avaient tourné le dos lorsqu'il était revenu à Berkeley, il y avait de cela même pas trois semaines. Misael a bien deux heures devant lui avant de se rendre à son prochain cours. Enfermé dans cette salle, il s'attaque à une nouvelle toile avec toute la passion qui l'habite lorsqu'il peint. On pourrait croire qu'à force de peindre à longueur de journée, l'américain pourrait se lasser, mais c'est l'effet inverse qui agit sur lui. Comme une drogue, Misael est en manque lorsqu'il ne peint pas assez et plus il peint, plus il a envie de continuer. La passion, c'est vraiment comme une drogue. Et Misael pourrait en faire des overdoses tellement il aime ça. Un léger sursaut le saisit lorsque la porte de la salle s'ouvre. Sur une jeune femme magnifiquement belle. Une jeune femme... qu'il connait. Ou du moins reconnaît, alors qu'il ne devrait pas. Il s'est amnésique après son coma, ne remettant de noms sur personne. Seul celui de Thea lui ait apparu. Comme par enchantement. Et tous les souvenirs communs qu'ils avaient ensemble. Ils n'étaient pas nombreux, mais Misael ressent une émotion particulière pour chacun d'eux. Il n'en a parlé à personne. Qu'il se rappelle que d'elle. Ca aurait attristé sa famille. Et lui, ça lui fait peur. Misael avale difficilement sa salive. Il ne veut surtout pas montrer qu'il la reconnu. Personne ne doit savoir. Même pas elle. Il la regarde s'asseoir vers lui, avant de reporter son attention sur sa toile et y déposer quelques traits de couleurs. « Et elle te rappelle qui ? Si ce n'est pas indiscret ? » quémande-t-il en se tournant légèrement vers elle, un sourire taquin sur le visage. Si son esprit lui hurle de déguerpir avant de se faire démasquer et partir loin de cette fille, son cœur lui ordonne de ne pas bouger et de rester près de cette fille qui l'a beaucoup chamboulé. Que ce soit avant l'accident ou même après. Sa beauté envoûtante n'a d'égale que son charme angélique. Il va être dur pour lui de jouer la comédie. « Moi c'est Misael. Et merci Thea pour ce compliment ». Il pose son pinceau et serre la main que tu tends Thea. Il n'a pas oublié la douceur de sa peau, l'effluve de son parfum qu'il a si souvent respiré durant ces quatre semaines passées à ses côtés. Il l'avait rencontrée un peu par hasard, elle la touriste, lui l'américain de base. Si au départ, il avait été réticent à lui faire visiter la ville – lui le grand solitaire et casanier de base – il n'avait pas été déçu d'avoir croisé son chemin. Ils avaient vécu dans une bulle enchantée qu'ils s'étaient créés à deux, avant que la réalité ne les rattrape et que la bulle éclate. Thea était repartie et il avait eu son accident. Il pensait ne jamais la revoir. Alors quelle surprise de la voir ici, devant lui. « J'aime pas trop les montrer généralement. Ou du moins, pas avant qu'elles ne soient totalement terminées ». Ses toiles, ses joyaux. Perfectionniste dans l'âme, il met un temps infini avant de complètement finir ses œuvres. Et avant de les montrer. C'est sa famille, et souvent sa sœur vu qu'ils habitent ensemble, qui découvre en avant première ses esquisses. Depuis peu, Misael les montre au grand public, dans la galerie que son père tient. « Non je n'attends personne t'inquiètes pas » la rassure-t-il, avant d'ajouter. « Je suis plutôt du genre solitaire généralement. Cet endroit, c'est mon repère entre deux cours ». Misael, il est bien tout seul. Sans personne pour l'emmerder. Et ça a toujours été ainsi. Mieux vaut être seul que mal accompagné lui a-t-ont toujours répété. Misael est quelqu'un de très mature, souvent en décalage avec les gens de son âge. Surtout étant un artiste accompli, nombreux sont ceux qui ne comprennent pas ce besoin irrépressible de peindre encore et toujours. Et il ne demande pas à ce qu'on le comprenne. Juste qu'on lui foute la paix. « Qu'est-ce qui t'amène par ici ? ». Dans le bâtiment artistique s'entend. Car il ne l'a encore jamais vu par ici, alors il devine qu'elle ne doit pas être chez les sigmas. Mais il n'en est pas certain. Et attend la confirmation de Thea. Qu'il n'a pas envie de laisser à nouveau filer.

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Si tu ne peux pas voler, alors cours. Si tu ne peux pas courir, alors marche. Si tu ne peux pas marcher, alors rampe, mais quoi que tu fasses, tu dois continuer à avancer. ✰ .misael & thea

Deux chemins qui se retrouvent et une évidence qui explose. Thea le sentait. Son cœur se réanimait. Sans qu'elle ne puisse l'expliquer, elle frissonnait. A cet instant où leurs regards se croisaient, où une folle envie de croire que rien n'avait jamais changé la traversait. Seulement, cette réalité ne pouvait pas être la sienne. Les dernières nouvelles ne lui permettaient pas d'espérer autant, de constater un quelconque miracle. Et pourtant, elle aurait tout donner pour le voir se lever et s'avancer. Comme s'il n'avait pas oublié, comme si tout était resté intact chez lui. Thea s'était déjà vu lui sauter au cou, lui crier qu'elle s'était décidée et qu'elle serait encore un moment à ses côtés. Cependant, cette image disparaissait lorsqu'il se retournait et qu'elle en prenait clairement conscience. Cet accident avait remis les compteurs à zéro. Il devait avancer vers l'avenir, sans avoir l'opportunité de se retourner sur son passé. Sans avoir la chance de réaliser que beaucoup d'épreuves l'avaient fait évoluer. Thea se demandait comment il faisait. Comment faisait-il pour se reconstruire sans savoir qu'il était avant, ce qu'il avait vécu ou les personnes qu'il avait pu aimer ? Elle n'arrivait pas à s'imaginer. Elle n'arrivait pas à se mettre à sa place. Elle qui vit énormément avec ses souvenirs, avec ses faiblesses et ses forces. Elle se tracassait pour lui. Elle tenait encore à Misael. Pour la jeune femme, c'était comme si cette année n'avait pas existé. Comme s'ils ne s'étaient jamais quitté et pourtant, c'était aussi arrivé. Elle l'avait embrassé. Elle était partie. Elle était revenue. Alors à quoi pouvait-elle s'attendre ? Pouvait-elle espérer une fraction de seconde, retrouver leur étonnante complicité ? Dans cette pièce, Thea avançait pas après pas. Elle s'approchait et lui répondait. Comme s'ils venaient de se croiser pour la toute première fois, comme si elle ne connaissait pas les magnifiques traits de sa personnalité. « Elle me rappelle un garçon que j'ai connu.. Quelqu'un de très doué, très passionné. » répondait-elle de manière très naturelle. Prenant place à quelques mètres de lui, Thea le regardait. Elle n'arrivait pas à s'en détacher et aurait pu passer pour une grande psychopathe. La jeune femme réalisait également que cette rencontre pour lui, changeait de leur toute première approche pour eux. Cette fois-ci, Thea était plus douce, plus vulnérable qu'autrefois. Elle était plus fragile que la jeune femme qu'il avait vu, il y a un an de cela. C'est vrai que les temps étaient durs et qu'elle aurait eu besoin de son éternel réconfort, de sa plus grande confiance.. Bien des détails qui faisaient de Misael, cet homme, celui qui l'avait étonné sur tous les fronts. Sans aucun doute, sa relation la plus particulière. En effet, Thea n'était pas habituée à se retourner sur des garçons comme lui et c'était arrivé. Il l'avait charmé sans même s'en douter. Alors, lorsque sa peau frolait la sienne, un sourire réservé se dessinait sur ses lèvres. Revenant sur ces nombreuses nuits où elle lui avait tenu la main, avant de s'endormir après leurs nombreuses insomnies. Ce simple geste signifiait tout. Elle se voyait noyé de remords. Et si elle n'était pas partie, si elle était restée peut-être qu'il aurait été épargné ou peut-être pas. En tout cas, Thea se sentait inutile et elle était bien là pour y remédier, pour l'aider et le retrouver qu'importe les circonstances. « Enchantée Misael. » ajoutait-elle cette fois-ci à demi mot. Se rappelant l'histoire de cet homme, de ses origines et de l'explication qu'il lui avait donné pour son prénom. Détournant ensuite son attention sur la peinture, la jeune femme remarquait que rien n'avait été touché. Dans son art, le jeune homme restait le meilleur. Il ne semblait pas avoir oublié. Elle pensait même qu'il avait évolué depuis la dernière fois, depuis tout ce temps déjà. « Oh je suis désolée. Je ne voulais pas. répliquait-elle prise de court et ne souhaitant pas dépasser les limites de la discrétion. Je vais rester comme ça, si tu veux la retourner pour préserver le mystère, je t'en prie. » Sur ces derniers mots et aussi rapide que l'éclair, Thea s'était retournée. Désormais, elle lui tournait le dos. De mieux, en mieux. Mais, de cette manière, la jeune femme ne voulait pas froisser son art et encore moins lui manquer de respect. Elle l'écoutait de cette façon. Elle l'écoutait dire qu'il n'attendait personne. Un soulagement se lisait instinctivement dans son regard, qu'il ne pouvait pas voir. Thea avait prié pour lui voler quelques heures, quelques minutes de son temps. Elle était donc arrivée au bon moment, au bon endroit. Elle n'en croyait pas non plus ses oreilles. Misael réagissait différemment. Elle se rappelait de leurs premières conversations. Elle se souvenait surtout de la réserve dont le jeune homme faisait preuve. Il lui avait fallu une semaine, voir deux pour oser parler de lui ou prononcer le premier pronom personnel, je. Aujourd'hui, Misael se confirmait grand solitaire. Il se confirmait tel qu'elle l'avait apprécié. Il se confirmait et aussi la questionnait sans la moindre esquive. Non, il posait les questions très clairement. Tournant donc le visage, très délicatement vers lui, elle le regardait et répondait : « Je me suis égarée. J'ai marché et je me suis retrouvée ici. C'est peut-être ma destinée. Réaliser que je me suis inscrite dans la mauvaise section. Réaliser que je suis en train de laisser mourir ma propre passion. » Laissant échapper un petit rire timide, Thea ne se reconnaissait pas. Elle n'avait jamais été comme ça ou réagit de cette manière. D'habitude, la jeune femme vivait comme bon lui semblait, sans rien calculer, sans rien prévoir. Juste vivre à l'état pur, à l'état brut. Seulement, à chaque fois que ses prunelles croisaient celles de Misael, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être si douce, si fragile. Face à cet homme qui ne se souvenait même plus d'elle, qui ne se souvenait pas des nuits qu'ils avaient partagé en toute simplicité et qui ne souvenait surtout pas du goût de leur premier et dernier baiser.

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“- Non, d'être avec une femme qui en aimait un autre, de jouer les doublures
et, quand on est amoureux, c'est très douloureux.
On sait, mais on feint d'ignorer, jusqu'au jour où cela vous devient insupportable,
ou jusqu'à ce qu'elle vous mette dehors.”

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A la minute où Thea est entrée dans la pièce et que leurs regards se sont croisés, Misael s'est senti à nouveau lui. Un poids s'allège de sa poitrine miraculeusement et il se sent en vie. Comme avant. Avant cet accident qui lui a coûté sa mémoire, ses souvenirs, sa vie. Un seul visage le ramène à sa vie d'avant, celui de Thea. Elle franchit le seuil de la porte et devient alors le pilier de Misael. Il ne se souvient que d'elle et sans comprendre pourquoi, il a besoin d'elle. Même si sa sœur l'aide jour après jour, lui racontant leur enfance, leurs moments partagés, lui rappelant qui il était et qui il est vraiment, il a besoin de quelque chose d'autre. Il a besoin d'être vu à travers d'autres yeux. Et pas que ceux de sa famille. Il a besoin de quelqu'un qui lui rappelle sans ménagement, qui ne l'épargne pas, qui soit sincère avec lui. La présence de Thea à ses côtés l'enveloppe d'une aura réconfortante. Il se rappelle d'elle et même si cela semble totalement fou, ça le rassure. Il se rappelle de quelqu'un. Il n'a pas totalement perdu la mémoire et surtout il y a un espoir. Qu'il finisse par retrouver la mémoire. Un jour. « C'est la passion qui fait l'art ». Il pense qu'elle parle de lui en lui disant cela mais il n'en est pas très sure. Après tout, peut-être a-t-elle rencontré d'autres artistes dans sa vie. Mais ces mots-là, passionné, doué, elle le lui a déjà dit. Avant, à plusieurs reprises. C'est donc ce qui sème le doute en lui. Mais il préfère répondre d'une phrase un peu bateau, puisqu'elle semble ne pas vouloir lui avouer qu'ils se connaissent. Ou du moins se connaissaient. Et puis Misael le pense réellement. Sans passion, l'art n'est pas l'art. Sans passion, les plus grands artistes n'auraient jamais été reconnu. Sans passion, on ne fait pas de grandes œuvres. Ce n'est pas possible. « Enchanté aussi Thea » répond-il, décidant de rentrer dans le même jeu que la jeune femme. Une pointe de déception l'habite. Parce qu'elle feint être une inconnue pour lui. Elle n'assume pas qu'ils se soient côtoyés pendant des semaines, qu'elle l'ait même embrassé avant qu'elle ne reparte. Mais il n'a rien à dire. Lui n'assume pas le fait de se souvenir seulement d'elle alors qu'il ne se remémore même pas sa famille. Il n'assume pas et surtout ne comprend pas pourquoi elle. Pourquoi ce visage qui s'est imposé à lui à peine eut-il les yeux ouverts après des mois de coma. Pourquoi est-ce qu'il y a que leurs souvenirs à eux qui n'ont pas été radiés, effacés. Misael n'aura probablement jamais la réponse. Il la contemple, ses traits angéliques, sa bouille de poupée. Son cœur bat un peu plus fort que d'habitude, parce qu'elle le trouble. Et qu'il ne sait pas comment réagir avec elle. Mais maintenant qu'ils sont partis dans leurs rôles d'inconnus, Misael ne doit pas flancher. Elle risque de lui en vouloir si il lui avoue qu'il se souvient de tout. D'elle, de leurs balades, de leurs confidences. Maintenant qu'il l'a à peine retrouvé, il serait dommage qu'il l'a perde à nouveau. Parce que cette rencontre a été un tournant dans sa vie et qu'il ne l'aurait jamais oublié. « Oh non non, ne t'inquiètes pas. Ca ne me dérange pas. Du temps que tu ne la prends pas en photo pour la montrer à tout le monde ». Il apostrophe ses paroles d'un sourire malin. Il en fait tout un plat de sa toile alors qu'elle est presque finie et que même des fois il peint dans le parc, à la vue de tous. Mais il a envie de la charrier un petit peu, comme avant, quand ils passaient leurs journées ensemble à chahuter, se chamailler, se disputer et puis se réconcilier. Mais il fait attention à ne pas trop en faire. Il est déjà bien trop avenant, ce qui peut lui être défavorable. Parce que Misael en tant normal, il repousse les gens. La première fois qu'il a rencontré Thea, c'était pour lui faire visiter la ville et il avait refusé. Jusqu'à qu'elle insiste au point qu'il finisse par accepter. Et il n'a jamais regretté d'avoir fait entrer Thea dans sa vie. « C'est triste » affirme-t-il avant d'ajouter. « De laisser mourir sa passion ». Il ancre son regard dans celui de la jeune femme et repose son pinceau. Il est surpris qu'elle n'ait pas choisi la confrérie sigma. Il a entendu dire par Edison qu'elle était chez les students. Ceux qui ne se voient dans aucune confrérie. Ou ceux qui n'ont pas envie d'avoir une étiquette collée à leur front. Et Misael comprend cela. Son désir d'être libre, de ne pas appartenir à une confrérie. Mais quand même. Il l'aurait bien vu à ses côtés. « C'est comme perdre une partie de son identité » dit-il pour poursuivre sa réflexion. Il n'émet aucun jugement quant au choix de Thea. Mais il ne peut s'empêcher de penser qu'elle passe à côté de sa vie. Qu'elle refoule une partie d'elle-même et que c'est bien triste. Parce qu'il s'agit de la meilleure partie d'elle, la plus belle, celle dont Misael a eu un petit aperçu et qui l'a fait s'enticher de la jeune femme aussi vite. La partie d'elle-même qui les réunissait.

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» silver&misael .Tu cesseras d'être déçu quand tu auras cessé d'espérer.
» It's never too late. {Marvin A. Nightingale}

my nightingale (misael)

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