the great escape
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festival of hecklers (mackenzie)

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Nael Silvano Sala
there's no place like berkeley
Nael Silvano Sala
prénom, pseudo : inès
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MessageSujet: festival of hecklers (mackenzie) festival of hecklers (mackenzie) EmptyMer 2 Avr - 22:10

❝ c'est une chieuse, une vraie, une emmerdeuse.  ❞
On a beau dire, parler sentiments, complexité de l'âme humaine, méandres de la pensées et tout ce qui s'associait à peu près à la même idée, n'empêche que dans certains cas, le cerveau humain était étonnant de logique et de simplicité. Parfois, il réagissait de manière si mathématique que c'en était troublant. Des algorithmes, voilà ce qu'on pouvait distinguer dans les cervelles des uns et des autres, et chez Nael, il y en avait un très particulier : s'ennuyer le conduisait à penser à Jake, remédier à son ennui le conduisait à aller, chez Jake. C'était pas plus compliqué que cela. Il savait que de toute manière, il était toujours le bienvenu chez son meilleur ami ; tant qu'il amenait de quoi boire, ça allait de soi. Alors, il ne comptait plus le nombre de fois où il avait débarqué chez le jeune oméga à l'improviste, histoire de lui proposer une énième connerie à faire, une énième soirée où lorsqu'on disait d'eux qu'ils finissaient la tête à l'envers, ça pouvait presque être un euphémisme.  Et vice-versa d'ailleurs, Nael comme Jake savaient très bien qu'à deux, ils étaient une arme redoutable contre l'Ennui vicieux, qui pouvait parfois agiter même les âmes les plus enjouées. Ainsi, c'était de bonne humeur que le jeune bordelais se dirigeait vers l'appartement de son ami, une bouteille de tequila à la main, l'autre composant le numéro de Jake, qui semblait malheureusement porté disparu, car ne daignant décrocher.  Tant pis, il était arrivé sur le palier de l'appartement de toute manière. Deux coups forts  à la porte, une minute d'attente -ou plutôt trente secondes, mais on n'allait pas chipoter, pour un impatient comme Nael c'était déjà beaucoup-, et il se décida à ouvrir la porte avec la clé que son ami lui avait filé quelques jours plus tôt. Il n'éprouvait pas de gêne à l'idée de rentrer dans un appartement où il n'avait pas été invité ; de toute façon, Nael n'avait jamais été du genre à s’embarrasser des codes. Prévenir avant de s'inviter chez quelqu'un ? Pas de soucis, mais quand on avait la clé de l'appart, ça comptait pas. Et ça comptait encore moins quand l'appart en question appartenait à votre meilleur pote, dont vous savez qu'il ne vous en voudra pas une seule seconde pour cette petite escapade non prévue. Surtout si vous amenez de la consommation. Et oui, on y revenait toujours à cette bouteille d'alcool. « Jake ? » héla-t-il, mais il semblait évident qu'il n'y avait personne d'autre que lui ici. Même pas une trace de sa petite sœur bien encombrante, si ce n'était pas merveilleux ! Il s'avachit dans le canapé et alluma la télévision, faisant défiler les chaînes sans conviction. C'était bien beau de vouloir squatter son ami, m'enfin quand celui-ci n'était pas dans l'appartement, c'était tout de suite moins drôle. Il tenta de rappeler l'étudiant, mais une fois de plus, tomba sur la messagerie. Bon, et bien il allait devoir se résoudre à prendre son mal en patience, à attendre que Jake daigne rentrer. Et quitte à patienter, autant le faire dans de bonnes conditions, voilà ce que se disait Nael qui, dix minutes plus tard, s'apprêtait à déguster le plateau repas concocté par ses soins. Le bruit d'une clé dans la serrure ne lui en laissa pas le temps. Il semblait que l'hôte tant attendu daignait enfin faire apparition.  « Putain c'est pas trop tôt, tu foutais quoi ! » Il ne tourna la tête en direction de la porte qu'après avoir parlé, et une expression de surprise se peignit alors sur son visage. Une poitrine, des yeux bleus angélique et de longs cheveux blonds, il semblait que Dieu avait choisi d'être farceur en ne daignant comprendre que la moitié de l'appel lancé par Nael ; il lui avait bel et bien envoyé un Fitzgerald, mais pas le bon. « Oh, c'est toi. » qu'il soupira alors, reportant son attention sur la télévision. C'était pas qu'il la détestait, Mackenzie ; il la trouvait juste chiante, envahissante, trop bavarde, trop naïve, trop fleur bleue. C'était le genre de fille qui le poussait à devenir un petit con ; pas de ceux qui se la jouent réellement méchants, mais plutôt de ceux qui cherchent à provoquer le plus possible. De toute façon, elle faisait tout pour s'attirer les petites piques de l'étudiant ; parce qu'il fallait bien lui reconnaître ça, Mackenzie avait ce don de passablement l'irriter, à chaque fois qu'il était contraint de respirer le même air qu'elle. « Putain, faudrait que tu penses à dormir parfois aussi, t'as une tête de cadavre. » finit-il par commenter, en la dévisageant. Cette petite remarque plus le fait qu'il était complètement avachi sur le canapé de son appartement, le jeune bordelais était bien conscient qu'en même pas deux minutes, il avait réussi à échauffer Mackenzie comme il se devait. Il finit toutefois par se lever et, sans réellement prêter attention à la jeune femme, il commença à faire le tour de l'appartement tout en s'allumant une clope. Distraitement, il reprit. « Sinon, tu saurais pas ce que fout ton frère par hasard ? J'ai pas prévu de l'attendre six cent ans. » Même si concrètement, il disait cela alors qu'il n'avait pas  grand chose à faire d'autre. Ce qui expliquait d'ailleurs bien le fait qu'il était encore planté dans le salon de son meilleur ami vraisemblablement absent, en compagnie de sa petite sœur qui semblait avoir reçu à la naissance, plus de dix gène codant le caractère « jesuischiante ».
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MessageSujet: Re: festival of hecklers (mackenzie) festival of hecklers (mackenzie) EmptyMer 9 Avr - 23:12


“ Demain nous courrons plus vite, nos bras s’étendront plus loin...
C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant
qui nous rejette sans cesse vers le passé ... ”


Le sourire radieux et enjoué qu’affichait habituellement Mackenzie, semblait avoir disparu. Depuis près d’une semaine, elle agissait comme si le ciel lui était littéralement tombé sur la tête. Elle se murait dans un silence pesant, et refusait d’expliquer à quiconque, les raisons de son comportement si peu ordinaire. Les seuls au courant de l’origine de son changement soudain de comportement pouvaient se compter sur les doigts d’une seule main. Ils étaient trois. Zadig, Kilian, et son journal intime. Le premier parce qu’il en était la cause, le second parce qu’il l’avait consolé, le troisième par pur besoin d’extérioriser la honte et la colère qui bouillonnaient en elle. Pas Jake. Surtout pas Jake. En temps normal, elle n’hésitait pas à se confier à son frère ainé, à lui demander divers conseils, ou à se plaindre auprès de lui durant des heures. Mais pas cette fois-ci. Elle ignorait comment elle pouvait dire à son Jake qu’elle avait couché avec le dernier des abrutis, qu’elle avait cru à toutes les belles paroles pleines d’éloquence de l’héritier, et qu’au final, il l’avait congédié avec un sourire victorieux en travers du visage. Elle n’était qu’un nom tout à la fin d’une liste. Le tableau de chasse de Zadig Rosenbach. Elle aurait voulu remonter le temps et ne pas faire la même erreur. Elle aurait voulu, lorsqu’il l’avait invité au restaurant, lui jeter la part de tarte au visage puis, lui rire au nez. Sauf qu’elle était faible, naïve, et qu’elle était tombée dans un piège aussi vieux que le monde. Le regard terne et vissé sur ses chaussures en cuir mal cirées, elle avançait dans les rues animées de San Francisco. Les beaux-jours arrivaient à grands pas, et les étudiants profitaient de la fin des cours pour flâner et arpenter les terrasses. Peu disposée à se sociabiliser, elle évitait les regards et marchait rapidement jusqu’à chez elle. Mackenzie voulait être seule. Elle voulait pleurer comme une madeleine, se goinfrer de sucreries caloriques, regarder l’intégral de Bridget Jones et construire une poupée Voodoo à l’effigie de cet enfoiré de Zadig.  Sauf, qu’elle n’y connaissait rien en vengeance, en rites sataniques, et en destruction de réputation. Son trip à elle, c’était les poèmes, la littérature française et les oeuvres d’art. Aussi, elle savait qu’elle ne pouvait compter que sur elle même pour aller mieux. Qu’elle allait devoir vivre avec, passer outre, s’accoutumer à l’idée d’avoir était prise pour un vulgaire mouchoir en papier. De ceux qu’on utilise et qu’on jète. La gorge nouée et le visage déconfit, elle puisait dans ses dernières forces pour gravir les marches en bois vieilli qui l’a séparaient de son appartement. Elle insérait sa petite clé métallique dans la serrure, d’avance soulagée de se retrouver au sein d’un petit havre de paix, d’un endroit familier qui respirait la sécurité. Elle poussait la porte, et frôlait la crise cardiaque. La voix agaçante de Nael manquait de faire imploser ses tympans. L’odieux meilleur pote de son frangin hurlait à gorge déployée, pensant avoir affaire à la version masculine du Fitzgerald. Raté. « Qu’est ce que tu fiches ici, toi ? Comment t’es rentré ? » En temps normal, elle aurait eu la politesse de le saluer, elle lui aurait envoyé quelques piques au visage, qu’il lui aurait savamment rendu. Mais pas ce soir, pas aujourd’hui, pas cette semaine. Elle était à cran, sur la défensive. Nael se baladait sur ses plates bandes en toute impunité et, elle voulait qu’il parte. Elle se doutait bien que Jake avait du lui donner un double des clés. C’était son genre à Jake. Il partageait tout avec Nael. Son temps, ses conneries, ses bouteilles, peut-être même ses slips. C’était gerbant. Elle était jalouse comme une teigne. Jake c’était le sien. Elle acceptait de le partager de temps en temps. Sauf, qu’en l’occurrence, Nael se l’accaparait. De plus, il n’avait rien d’une bonne fréquentation. Son Jake avait fini derrière les barreaux à cause des stupidités du Sigma, du moins, c’est ainsi qu’elle avait compris l’histoire. Une interprétation très personnelle dans laquelle il s’agissait de toujours mettre Jake sur un piédestal. « C’est clair que, lorsqu’on s’enfile des shooters de tequila à longueur de temps, on a moins de problèmes de sommeil. » Elle était presque en train de gagner des points en terme de répartie. Presque. Mackenzie était un agneau, tout bonnement incapable de faire du mal à une mouche. Nael tenait entre ses pattes une bouteille toute neuve de tequila. Visiblement, il était venu à l’appart’ avec l’intention de festoyer, avec Jake. Pas de chance. Jake était de sortie. Il avait trouvé une compagnie plus alléchante que Nael parce que dotée d’une poitrine, elle.  « Il est avec une copine. Il va rentrer tard. Ou pas rentrer du tout. J’en sais pas plus. » Clair, net et précis. Elle haussait un sourcil désapprobateur en entrant dans la pièce principale. La télévision était allumée, et sur la table basse trônait un copieux plateau repas. Le mec s’était cru chez lui, dans son salon. Pourtant, sur la boite aux lettres c’était bien le nom -Fitzgerald- qui apparaissait en lettres capitales, certainement pas -Silvano-Sala-. « T’enlèveras les miettes avant de partir. Je n’ai pas du tout l’intention de nettoyer ton bordel. Salut. » Lançait t’elle tandis qu’il se grillait tranquillement une clope dans son couloir. Elle se dirigeait vers la cuisine avec l’envie irrépressible de s’empiffrer, histoire de panser ses blessures par la bouffe. Pâte à tartiner aux noisettes, tranches de pain, Mackenzie sortait ses armes pour survivre à l’histoire post-ZadigRosenconnard. Elle s’installait sur le tabouret et entreprenait de recouvrir intégralement de chocolat son carré de pain, néanmoins, elle n’avait pas entendu la porte d’entrée se refermer. Il était encore là. Dans son espace vital, partageant le même air qu’elle, qu’il intoxiquait sans pudeur, ça l’irritait. « Tu comptes rester là longtemps ? T’as pas d’autres potes que Jake à aller embêter ? » Elle implorait le seigneur pour que Nael déguerpisse une bonne fois pour toute. Elle avait besoin de se retrouver seule avec elle même pour faire le point, pour savoir comment aller de l’avant.  
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Nael Silvano Sala
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Nael Silvano Sala
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MessageSujet: Re: festival of hecklers (mackenzie) festival of hecklers (mackenzie) EmptyDim 20 Avr - 16:14

❝ c'est une chieuse, une vraie, une emmerdeuse.  ❞
S'il remontait dans son passé, Nael était pratiquement sûr à cent pour cent de pouvoir affirmer que les relations avec la petite sœur de Jake n'avaient jamais vraiment été calmes. Si avec ce dernier, son entente frisait l'osmose, avec Mackenzie, c'était juste à des kilomètres d'être le cas. Le pire, c'était que pour une fois, Nael n'avait aucune part de responsabilité dans cette affaire ; ou du moins, car ce serait un acte de mauvaise foi que de nier qu'il n'y était vraiment pour rien dans la petite croisade de chamailleries qu'ils se livraient à présent, il n'avait rien fait pour déclencher les hostilités. D'aussi loin qu'il s'en souvenait, la jeune femme avait toujours eu une espèce de dent contre lui. Il ne savait officiellement pas la raison de  son attitude pour le moins agaçante à son égard, mais en réalité, il n'y avait pas besoin d'être un Einsten des temps modernes pour deviner. Nael soupçonnait Mackenzie d'être jalouse de la complicité quasiment fraternelle qu'il affichait avec Jake. Cela crevait les yeux, car à chaque fois qu'il était dans les parages avec son meilleur ami, c'était toujours la même histoire : mademoiselle Fitzgerald semblait prendre un malin plaisir à faire en sorte de mettre en déroute leurs petits complots, ce qui avait le don d'amuser le jeune homme – ou de l'agacer, selon les jours –. Pas du genre à se laisser malmener de la sorte, Nael répliquait toujours, faisant ainsi honneur au bon sale gosse immature qu'il était. Le dit jouait donc le chieur de base, mais jamais cruellement; de toute manière, c'était vraiment de bonne guerre. « Grâce à un objet qui sert à ouvrir les portes... Hum, attends je cherche, c'est vrai que c'est pas un objet qu'on voit souvent... Ah oui, voilà, une clé ! » ironisa-t-il en agitant sous les yeux de la jeune femme, le double que Jake lui avait filé. Un coup d’œil lui suffit pour constater tout de suite qu'elle était d'une humeur de chien. Son expression, lasse, semblait déjà le clamer, mais aussi son attitude; même si Mackenzie était agaçante, elle n'en restait pas moins toujours polie. Or, elle n'avait là même pas feint la courtoisie, et se révélait déjà agressive par sa première remarque. D'ailleurs, la répartie qu'elle lança ensuite vint confirmer les suspicions de Nael. C'est qu'elle devenait méchante la petite Mack, songeait-il avec sarcasme, mais toutefois non sans une certaine surprise. « Tu devrais t'y mettre toi aussi, ça te décoincera le cul et ça te détendra un peu. Qu'est-ce que t'as ce soir, t'as pas pu voir la rediffusion de Bambi ? » Il était un peu condescendant et pourtant, réellement curieux de savoir ce qui pouvait bien ainsi ombrager l'humeur de la jeune femme. Mine de rien, c'était plutôt étrange de la rencontrer aussi aigrie. Parce que s'il y réfléchissait, il l'avait quand même rarement vu de mauvaise humeur, Mackenzie. Elle faisait partie de ce genre d'éternelles optimismes que tout le monde envie, et malgré ce qu'il disait, Nael se doutait que le problème devait être un tant soit peu important, pour qu'il parvienne à entacher sa joie naturelle. Accessoirement, les paroles de la jeune Fitzgerald arrivaient également à entacher son entrain ; ainsi donc, Jake n'allait revenir que très tard... Ou ne pas revenir du tout, car Nael savait d'instinct que son meilleur ami n'était pas du genre à louper une occasion, et laisser une jolie fille esseulée n'avait jamais fait parti de ses principes. « Merde. » se contenta-t-il de soupirer, agacé par le fait qu'il se retrouvait désormais planté comme un con dans le salon, à attendre un Jake qui était tout simplement à dix milles lieux de penser à son meilleur pote. Et puis bon, on ne pouvait guère dire qu'il était très désiré par l'autre Fitzerald, le Nael. D'ailleurs, l'étudiante ne tarda pas à le congédier en l'invitant à débarrasser le plateau qu'il s'était concocté quelques minutes plus tôt, sans aucune gène. Il ne répondit rien, perdu dans ses pensées, tandis que des bouffées de cigarette venaient envahir l'air du couloir. Il prenait en réalité son temps pour s'en aller, pas particulièrement désireux de refaire le chemin, dans le sens inverse cette fois-ci. Mais de nouvelles questions, qui en disaient long sur la volonté de Mackenzie de le voir quitter son appartement, l'amenèrent à prendre une décision ; elle était pour le moins immature, mais pas moins fabuleuse, pensait Nael. Il s'avérait que le jeune homme était d'humeur à avoir l'esprit de contradiction ce soir ; et de sentir à quel point sa présence n'était pas désirée, ne faisait qu'accentuer son désir de rester. Oh, sans doute aurait-il pu trouver d'autres camarades avec qui aller boire un coup, mais l'idée le séduisait bien moins que l'occasion de pouvoir emmerder un peu mademoiselle Fitzgerald. « Mais où diable est donc passée ta politesse, ce soir ? Rien ne presse, je peux rester un peu... Après tout, ton frère m'a bien précisé de faire comme chez lui, lorsqu'il m'a remis son double de clé. » fit-il remarquer en s'accoudant au bar tout près de la jeune femme, pendant qu'à son tour, elle se préparait à manger. « Et puis tu sors le Nutella en plus, je ne m'en suis tenu qu'au salé pour le moment, ça me fera un petit dessert comme ça. » Associant le geste à la parole, il prit la cuillère posée sur la table et l'enfonça dans la pâte à tartinée. « Mauvaise journée ? » devina Nael, qui avait une nouvelle fois, enfilé son costume de détective. Ainsi, il lui semblait que l’en cas concocté par la jeune femme ressemblait fortement à une tentative de remontage de moral. Et cet énième indice sur son humeur éveillait une fois de plus la curiosité de l'étudiant qui ne savait au final, toujours pas le problème de la jeune femme. Il se doutait évidemment bien du fait qu'il allait pouvoir sortir les rames s'il voulait réellement savoir ce qu'il se tramait ; les confidences n'avaient jamais tenu une place de choix dans leur relation et étant données leurs échanges actuels, cela risquait bien de ne jamais être le cas.
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MessageSujet: Re: festival of hecklers (mackenzie) festival of hecklers (mackenzie) EmptySam 10 Mai - 23:17


“ Demain nous courrons plus vite, nos bras s’étendront plus loin...
C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant
qui nous rejette sans cesse vers le passé ... ”


Doucement mais surement, Nael prenait racine dans son couloir. Il se fondait dans le décor comme si sa présence était indispensable à l’harmonie de la pièce. Contrairement à un bibelot rouillé par le temps, Nael était doté de la parole, pour son plus grand malheur. Fier comme un paon faisant la roue, il débitait un nombre incalculable de paroles assassines dans le but de la déstabiliser. Il voulait que l’Australienne perde son sang froid et qu’elle s’exprime enfin sur les raisons de son étrange comportement. D’ordinaire sympathique et souriante, elle paraissait être un ange tombé du ciel, mais plus maintenant. L’agneau s’était fait manger par le loup, et la fin heureuse à laquelle elle avait cru n’était en fait qu’un mirage. Une illusion douloureuse. Elle se remémorait les regards complices lancés par Zadig, ses petits sourires en coin, ses promesses chuchotées entre deux verres de vin français. Elle avait adoré le goût sucré de ses lèvres, la douceur de ses mains sur les courbes de sa peau de porcelaine. Elle jurait l’entendre prononcer son prénom à l’infini avec cette intonation si particulière, ce charme indéfectible qui ne le quittait jamais. Dès lors qu’elle avait le malheur de fermer les yeux, elle revoyait son visage sculptural, la proéminence de ses traits, son nez aquilin, son air autoritaire et hautain en permanence. Elle aurait pu l’aimer cet abruti, et elle s’en voulait pour ça. Pourquoi était t’elle aussi naïve ? Pourquoi s’obstinait t’elle à voir le bien partout ? A donner le bon dieu sans confession au premier bâtard venu ? Elle lui en voulait à lui, de l’avoir éjecter de son palace Rosenbachien en un claquement de doigts, et elle s’en voulait à elle d’avoir été si stupide. D’avoir cru à une histoire impossible qui ne pouvait exister que des les contes et les oeuvres littéraires. Aussi, elle avait besoin de se retrouver seule avec elle même, de s’emprisonner dans sa bulle, de se confiner dans un silence religieux. Elle n’était pas d’humeur à affronter Nael, à se lancer dans le duel de -qui aura la meilleure répartie- il fallait qu’il parte. Sa présence devenait intolérable, toxique. Tout le mal qu’elle avait envie de faire à Zadig allait bientôt se répercuter sur Nael. Il tombait mal et s’en moquait. « C’est quoi la suite ? Maintenant que tu as la clé, tu vas apporter ta brosse à dents ? Tu veux que je te fasse une place dans l’un des tiroirs de ma chambre aussi ? » Elle haussait un sourcil, excédée par les réflexions incessantes du Sigma. C’était quoi cette manie de débarquer à l’improviste chez les gens sous prétexte qu’on avait la clé ? Pourquoi Jake lui avait donné un double sans la consulter auparavant ? Tant de questions qui s’immisçaient dans son esprit et qui ne faisaient qu’accroitre son agacement déjà bien enraciné. Elle prit une longue inspiration, ferma les yeux, et constata qu’il était toujours là. Telle une huitre accrochée à son rocher, Nael élisait domicile chez elle. Elle se sentait épiée, le moindre de ses faits et gestes était scruté à la loupe par Nael. Evidemment, il trouvait un commentaire à faire à chaque fois, plus les répliques fusaient, plus la vulgarité s’installait. « Je porterai un toast en ton honneur une fois que tu seras parti. » Soufflait t’elle en affichant un large sourire. Mackenzie n’avait pas besoin d’alcool pour se détendre et se décoincer, elle avait besoin de calme, de répit et de réponses. Si elle avait eu le cran et le courage d’une Eileen Rosenbach, nul doute qu’elle aurait confronté Zadig à un flot inépuisable de questions. Qu’elle lui aurait balancé ses quatre vérités en plein visage et qu’elle aurait manigancé une vengeance à la hauteur. Sauf que Mackenzie n’était qu’une poupée fragile prête à se décomposer à la moindre petite secousse. Elle était précieuse comme un flocon neige, délicate comme une goutte d’eau. Elle était une flamme qui s’éteignait au moindre souffle. « La petite sirène en fait. » concluait t’elle en tartinant soigneusement de chocolat. Puis, elle expliquait à Nael que Jake n’était pas là, et qu’il était inutile de l’attendre. Jake avait une armée de filles à ses pieds, visiblement l’une d’elle était sortie du lot et avait décidée de se l’accaparer pour la nuit. Elle sentait qu’il était déçu, son plan -tequila- tombait à l’eau. Dans d’autres circonstances, elle n’aurait pas bronché à vider la bouteille en sa compagnie, sauf que ce soir, princesse Fitzgerald n’était pas disposée à faire copain-copain avec le futur ivrogne. Ses doigts se refermaient autour du couteau et elle se demandait s’il serait politiquement correct de menacer Nael avec pour le faire fuir. Des idées cruelles prenaient possession de son esprit, Mackenzie devenait démoniaque. Zadig avait eu une mauvaise influence sur elle, il était nuisible. Aussi, elle décidait de lâcher l’affaire, d’abandonner. Incapable de prétendre plus longtemps être une garce sans coeur. Elle était fatiguée de se battre contre Nael, contre elle même, et contre un Rosenbach imbattable par nature. «  Tu sais quoi ? Tu peux rester si ça te chante, mais ne compte pas sur moi pour te faire la conversation. » Prononçait t’elle doucement avant de marcher en direction du canapé, une tartine dans chaque main. Son plan consistait à ignorer royalement le Silvano-Sala jusqu’à ce qu’il décide de partir de lui même. Il allait bien finir par s’ennuyer, par trouver le temps le long. Elle espérait que ça n’allait être qu’une question de minutes. « Ne remet pas la cuillère pleine de bave dans le pot, tu seras aimable. » Maugréait t’elle en le voyant s’empiffrer, elle refusait que ses futures tartines soient un mélange de salive et de chocolat. Mackenzie se laissait alors tomber dans le canapé et croquait à pleine dents dans le chocolat, il n’y avait rien de tel pour remonter doucement la pente. Elle faisait machinalement défiler les chaines de la télévision à la recherche d’un programme superficiel au possible. Elle n’avait pas envie de réfléchir, elle voulait oublier. « Mauvaise semaine. » Répliquait t’elle au tac au tac sans même se retourner. Devant ses pupilles cristallines défilaient des clips de chansons inaudibles avec des filles à moitié nues, une émission de télé-achat, une rediffusion de la saison un de Game Of Thrones ... Finalement, elle était à deux doigts de lancer un Disney. Pourquoi pas Bambi ? 
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Nael Silvano Sala
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MessageSujet: Re: festival of hecklers (mackenzie) festival of hecklers (mackenzie) EmptyDim 25 Mai - 21:27

❝ c'est une chieuse, une vraie, une emmerdeuse.  ❞
L'indésirable, voilà comment pouvait-on renommer le jeune Sala ce soir-là. A force de considérer Jake comme une personne de sa famille, il avait fini par oublier que si celui-ci n'avait aucun problème à le voir squatter chez lui quand bon lui semblait, l'autre Fitzgerald était bien loin de partager son avis. Elle se révélait néanmoins habituellement assez tolérante, et se contentait d'observer son frère ouvrir la porte à son meilleur ami à n'importe quelle heure de la journée, et ce, avec juste un soupir résigné. « Tiroir,  tiroir, t'exagères, je suis un VIP, il me faut un peu plus de place. » répliqua-t-il avec un ton bien trop jovial pour la teneur de leurs échanges. Décidément, son hostilité manifestée sans une once de gène était bien étonnante. Était-ce l'absence de son frère qui poussait Mackenzie à se lâcher de la sorte ? Non, il y avait autre chose, c'était certain. Mais quoi ? Il entendit la jeune femme évoquer la petite sirène, et rebondit distraitement. « Ah, oui. L'histoire d'une sirène qui tombe amoureux d'un homme inaccessible, et qui se fait couillonner par une espèce de pieuvre, c'est ça ? La fille la plus naïve du monde, prix Nobel de la connerie la Ariena, Arielle, je sais plus quoi. Non franchement, Bambi c'est mieux. »  Un débat sur les Disney, on aura tout vu, pensait Nael tout en continuant de faire les cent pas. Il avait pensé que sa décision de rester allait déclencher un sursaut de colère chez la jeune femme mais en fait, il n'en était rien. Son agressivité vindicative semblait désormais s'être évaporée. Ne restait plus qu'une lassitude et derrière, toujours cette tristesse à peine masquée qu'il n'arrivait pas à décrypter. Oh, et puis après tout, pourquoi s'en faisait-il pour Mackenzie, réalisa-t-il tout en dégustant sa tartine au chocolat. Ils ne pouvaient pas se qualifier d'amis, faisaient à peine des efforts pour se supporter au quotidien. Il prenait un malin plaisir à la contrarier, elle faisait en sorte de l'exaspérer. Non franchement, jouer les psychologues du dimanche avec Mackenzie, c'était pas son rôle. La raison de son humeur ne le regardait pas ; les aléas de la vie, tout le monde les connaissait, et voilà qu'ils choisissaient désormais de toucher l'étudiante de plein fouet. Du reste, il allait devoir réprimer sa curiosité. Il n'avait pas besoin dans savoir plus. « Ah bah trop tard. » répliqua-t-il en jetant un coup d’œil à la cuillère qui trônait désormais dans le pot de pâte à tartinée. Haussant les épaules, il prit néanmoins le temps de nettoyer les miettes qu'il avait laissé traîné un peu partout sur le bar. Nael n'était pas un as du rangement, - pire, il détestait ça - mais il ne supportait pas la saleté. Alors peut-être subsisterait-il quelques traces de son passage après son départ – une bouteille ouverte, un plateau repas non débarrassé – mais jamais ne laisserait-il de la saleté dans l'appartement des Fitzgerald. Son petit nettoyage fini, il se jeta dans le canapé à côté de Mackenzie. Mauvaise semaine, qu'elle venait de rétorquer. Ses yeux se dardèrent sur son visage, essayant d'y lire un autre indice. Il ne vit malheureusement qu'une concentration obstinée sur la télévision. « Ça ira mieux la semaine prochaine alors. » se contenta-t-il de répondre, platement. C'était pas toujours vrai. Oui, le beau temps venait après la pluie. Mais le temps, le temps que ça prenait, oh tout cela était bien relatif. Parfois la joie arrivait de suite après, parfois elle prenait des semaines, parfois des mois. Mais forcément, il avait un minimum de diplomatie pour ne pas déclarer ce qu'il pensait tout haut. De toute manière, Mackenzie était trop amère ce soir-là pour se laisser bercer d'illusions, il n'y avait pas besoin de lui rappeler ce qu'elle savait sans doute déjà. A mesure que les images défilaient sur l'écran, Nael voyait son ennui s'accroître. Il n'était pas d'humeur à rester immobile sur le canapé, en compagnie d'une jeune femme qui semblait bien décidé à rester mutique. Quelques minutes passèrent avant qu'il ne décide de se lever. « Je vais aux toilettes. » annonça-t-il en se dirigeant vers le couloir. Promenade incroyable, quelle vie passionnante Nael, pensa-t-il non sans un certain sarcasme. Plongé dans ses pensées, il ouvrit la porte et ne déboucha non pas sur un trône comme il s'y attendait, mais sur une... chambre. Surpris, il marqua un temps d'arrêt, et lorgna un œil sur la porte voisine. Il ne put retenir un rire. Cela faisait des mois qu'il traînait dans l'appartement de son meilleur ami, et jamais, même en étant ivre mort, ne s'était-il trompé de porte, si ce n'était pas un comble ! Il reporta son attention sur la pièce qu'il venait d'ouvrir ; la chambre de Mackenzie. Il ne l'avait jamais vu, en réalité. C'était privé, Nael en était conscient, si bien qu'il n'avait jamais eu la tentation d'aller y jeter un coup d’œil. Mais là... Le jeune homme vérifia que l'attention de son hôte était toujours retenue par l'écran puis pénétra dans la pièce, refermant doucement la porte derrière lui. Il mit un coup de verrou ; pas de raison particulière, si ce n'était de faire enrager Mackenzie, dans le cas où éventuellement, elle le grillerait. Il balaya la pièce, son regard s'attardant sur les quelques peluches qui traînaient, les fringues posés sur la chaise, le bureau encombré. La chambre de mademoiselle Fitzerald était en somme, comme il se l'était imaginé. Il s'avança près de la fenêtre, qu'il ouvrit, et s'alluma une nouvelle clope. Son esprit un instant accaparé par la vue de San Fransisco, il mit quelques secondes avant de réaliser qu'il avait fait tombé de la cendre sur le tapis « Putain. » marmonna-t-il en s'agenouillant, dans l'espoir de réparer ses conneries. Les yeux rivés sur le sol, son regard ne pouvait être qu'attiré par la sorte de livre qui gisait sous le lit. Il nettoya prestement le sol de la cendre, et, intrigué, délogea l'objet et s'en saisit. Il ne s'agissait en fait, pas d'un livre ; plutôt un petit carnet remplie d'annotations de Mackenzie elle-même. Cela s'appelait une tentation irrésistible, dans le jargon du jeune homme qui hésita à peine trois secondes avant de parcourir plus en détail le journal. C'était incompréhensible. Une espèce de mélasse où dessins, mots, citations, dates et autres conneries du genre s’entremêlaient. Nael fronça les sourcils, un peu perplexe. Il venait de remarquer son nom sur une page, suivie d'une phrase qu'il n'arrivait pas à interpréter. La suivante faisait allusion à d'autres personnes du campus, avec des sortes de mots clés qui l'intriguèrent. Sur une autre, des vers de poèmes, des vers que Nael connaissait parfois, - Apollinaire, Verlaine, pour ne citer qu'eux - d'autres qui s'avéraient moins célèbres. De long en large, des questions venaient agrémenter le propos ; si dans les premières pages, elles se révélaient plutôt légères, plutôt idiotes pensait-il même - « pourquoi séparément s'écrit-il tout attaché et tout attaché s'écrit-il apparemment ? », non mais franchement ! -le jeune homme ne pouvait que constater le changement de ton flagrant à mesure que les dernières feuilles remplies s'approchaient. L'ultime double-page était surprenante d’agressivité et de rancœur. On pouvait lire sur la première des mots jetés en vrac, haine, naïveté, salaud, et d'autres expressions du même acabit qui se joignaient à des questions rageuses. L'autre était carrément un pamphlet, semblant avoir été écrit sous le coup d'une impulsion colérique. Il semblait qu'il était question d'une trahison, d'une espèce de double-jeu. Les faits étaient bien trop décrits mystérieusement pour que Nael comprenne réellement ce qui était arrivé à Mackenzie, mais nul doute qu'un homme venait de lui briser le cœur. Sa lecture s'acheva, et l'étudiant tomba sur les initiales de l'heureux élu à qui l'on venait  de refaire le portrait ; « Z.R ». Il s'apprêtait à mobiliser sa réflexion dans l'optique de percer l'identité du coupable mais soudain, des pas dans le couloir se firent entendre. Forcément, cela faisait dix minutes qu'il était censé « pisser », pensa-t-il ironiquement. Il referma le journal et le glissa à nouveau sous le lit. Pendant quelques minutes, il laissa se manifester l'impatience de Mackenzie avant de lui ouvrir la porte de sa chambre, une expression neutre sur le visage. Une expression qu'elle ne semblait pas partager, s'il en croyait la rougeur de ses joues. Oups, le procès pour violation d'intimité s'annonçait.
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MessageSujet: Re: festival of hecklers (mackenzie) festival of hecklers (mackenzie) EmptyVen 13 Juin - 0:47


“ Demain nous courrons plus vite, nos bras s’étendront plus loin...
C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant
qui nous rejette sans cesse vers le passé ... ”


« Je suis certaine que Jake te donnera ma chambre quand je serai morte. Patience. » déclarait t’elle sèchement, atteignant ainsi les hautes sphères de la connerie. Agacée, perdue, et fatiguée de se battre, elle ne réfléchissait même plus avant d’ouvrir la bouche. Mieux, elle était satisfaite d’avoir jeté un froid suffisamment glacial pour clouer le bec du Sigma. Même pour une durée relativement courte. Elle profitait de ces quelques secondes de répit durant lesquelles Nael élaborait sa prochaine réplique. Néanmoins, elle remarquait qu’il était perplexe face au changement brutal de comportement de la cadette Fitzgerald. Mackenzie n’employait jamais un tel vocabulaire. Habituée aux poèmes, aux oeuvres d’art et aux petits bijoux de la littérature, elle s’exprimait comme une héroïne de roman. Naïve, romantique et innocente jamais provocante gratuitement. Aussi, sans le vouloir elle entretenait le mystère autour de sa personne, et commençait à être horriblement agaçante. La joute verbale des deux protagonistes ne s’arrêtait pourtant pas en si bon chemin. Après avoir trop longuement débattu sur les tiroirs disponibles de l’appartement, ils décidaient de s’affronter sur un tout autre terrain. Walt Disney. Par le plus grand des hasards, elle évoquait la petite sirène, sans se douter un seul instant des répercutions. Résumant l’histoire avec son élégance et sa finesse légendaire, Nael lui enfonçait sans s’en rendre compte un poignard en plein coeur. Grâce à lui, elle pouvait parfaitement s’identifier à cette connasse d’Arielle. Championne du monde de la naïveté, rien que ça. Zadig à la fois dans le rôle de la pieuvre et de l’homme inaccessible, ne manquait plus que Nael pour lui décerner son prix Nobel. Désormais, elle ne pourrait plus jamais regarder la petite sirène sans repenser à tout ça. Elle allait devoir boycotter l’un de ses Disney favori pour le restant de ses jours. Merci Nael. « Bambi c’est mieux ... La faon qui voit sa mère se faire descendre sous ses yeux. Autant croquer immédiatement dans une pomme empoisonnée. » répliqua t’elle le plus sèchement possible. Puis, elle commençait à sérieusement croire que les Walt Disney étaient calés sur sa propre vie, qu’il y avait un foutu complot qui planait au dessus d’elle. La pomme empoisonnée c’était ce dessert horriblement appétissant que Zadig lui avait offert avec son grand sourire d’héritier désabusé. Son Aston Martin, un carrosse éphémère qui était redevenu citrouille à l’instant où il l’avait expédié de son palais royal. Enfoncée dans le canapé, elle avait envie de fondre en larmes et de rayer au couteau tout ses dvd de Walt Disney. Mais, elle se contenta de rester muette et impassible parce qu’il était juste à coté, dans la cuisine. Alors, même s’il ne voyait pas son visage à cet instant précis, elle ne pouvait pas se permettre de lâcher la moindre petite larme. Parce qu’alors, il poserait des questions, il insisterait, et définitivement, elle ne voulait pas parler de ses problèmes de coeur, de mecs, ou de sexe avec lui. Il était le meilleur ami de Jake, soit, la personne la moins bien placée sur Terre pour se confier. Un collabo qui irait tout balancer à sa moitié dès que l’occasion se présenterait. « Génial. » Elle levait un pouce en l’air en soupirant. En plus d’être invasif, Nael venait de marquer son territoire sur un demi-kilo de pâte à tartiner. Sans quitter le poste de télévision des yeux, la télécommande toujours en main, elle zappait à raison de trois fois par seconde. Le flot ininterrompu d’images était le reflet d’une société à la dérive, guerres, meurtres, football, cuisine, filles à moitié nues encore et encore. Agissant machinalement, elle se transformait doucement en zombie. Regard vide, silence dérangeant, agressivité anormale. Puis, il décida de venir s’asseoir, ou plutôt de se jeter à coté d’elle. Elle détourna brièvement la tête et haussait les sourcils. Jake lui avait dit de faire -comme chez lui- par politesse, parce qu’ils étaient amis, pas pour partager des tartines avec sa frangine déprimée au point de se laisser mourir devant une rediffusion de la petite maison dans la prairie. « T’es devenu médium ? » tranchait t’elle, en focalisant toute son attention sur Charles Ingalls et Nelly Oleson. Non, la semaine prochaine ne serait guère plus réjouissante. Elle allait avoir besoin de temps, de beaucoup de temps. De nature fragile, d’une sensibilité à fleur de peau, Mackenzie passait son temps à rêver, or là, elle se réveillait d’un cauchemar quasiment insurmontable pour elle. Néanmoins, bonne nouvelle, elle n’entendait plus le son agaçant de la voix de Nael tambouriner dans ses tympans. Il avait enfin eu l’ingénieuse idée de fermer son clapet. Gagné par l’ennui, et bientôt à court de répliques, il avait toutes les chances de déguerpir dans les prochaines minutes. « Oublie pas de rabaisser la lunette des WC avant de partir. » soufflait t’elle au bord du désespoir. Jake ne le faisait jamais, Garrett non plus. Elle espérait que Nael puisse faire cet effort surhumain pour sauver leur sauver la mise. Elle le regardait s’éloigner vers le couloir, et restait prostrée dans son canapé. Elle profitait de l’absence du Sigma pour étaler ses jambes, calculant au passage son coup pour lorsqu’il reviendrait. Il ne pourrait plus s’asseoir sur le canapé et serait contraint de foutre le camp, et d’aller squatter l’appartement de quelqu’un d’autre. Un plan en apparence génial ! Cet élan d’imagination lui ouvrait l’appétit. Elle dévora la première sans ménagement, à la manière d’un ogre, d’une affamée, d’une dépressive dont le coeur aurait été brisé par un multi-milliardaire égocentrique. Puis la seconde, qui au lieu d’atterrir dans sa bouche, termina son envolée sur le carrelage. « Hé merde ! » Elle décolla son précieux repas du sol, et constata l’étendu des dégâts avec une certaine lassitude. Forcée de se lever, elle se dirigeait d’un pas déterminé vers la salle de bains afin de trouver une éponge. « Tu as ter.. » commençait t’elle en toquant à la porte qui s’ouvrait instantanément. La pièce était vide, personne n’était assis sur le trône. Nael n’était jamais arrivé jusqu’ici. « terminé ? » concluait t’elle en se demandant où il avait bien pu se volatiliser. Il n’était pas sorti, c’était une certitude. Parce qu’elle l’aurait entendu. Instinctivement, elle se dirigea vers la chambre de Jake, mais là non plus, personne. Mauvaise pioche. Ne restait plus qu’une pièce. Sa chambre. Impossible, et pourtant. « Nael, je sais que tu es là ! Ouvre immédiatement cette porte. » Elle tambourinait la porte close comme une hystérique. Ce crétin s’était enfermé à l’intérieur pour y faire on ne sait quoi. « T’as pas intérêt à toucher à quoi que ce soit. Sinon, je jure que tu ne sortiras pas d’ici vivant. » Elle hurlait à gorge déployée, et voyait rouge. Elle ne supportait pas qu’on s’introduise dans son espace personnel. Pire encore dans sa chambre. Même Jake n’y foutait jamais un pied. Véritable caverne d’Ali-Baba, la chambre de Mackenzie était une sorte de débarras associant souvenirs sentimentaux, objets de mauvais gouts, copies d’oeuvre d’art, et peluches usées par le temps. Un bordel parfaitement organisé dans lequel elle ne recevait jamais personne. Finalement, lassé par les supplications de la cadette Fitzgerald, Nael cédait et ouvrait la porte. « On peut savoir ce qui tourne pas rond chez toi ? D’où tu te permets d'entrer dans ma chambre ? » Elle le poussait avec ses deux minuscules bras aussi fins que des baguettes de pain et dont la force n’égalait pas celle d’une plume. « Mais ... Mais ... ça sent la clope. » Elle remarquait que la fenêtre était ouverte, et que l’odeur nauséabonde des clopes de Nael intoxiquait littéralement son air. Elle s’avançait pour refermer la fenêtre et remettre tout en ordre, comme avant l’irruption de Nael. Se retournant vivement vers lui, elle pointait un index accusateur dans sa direction. « C’est minable ! Tu te crois vraiment tout permis ? Tu manques pas d’air mon grand ! » Elle s’avançait vers lui dans le but de l’expédier illico presto de son humble demeure, mais elle cru halluciner. Elle aurait pu reconnaitre la couverture rose un peu délavée entre mille. Lamentablement planqué sous un tee shirt ni vraiment sale, ni vraiment propre, son journal intime. « Tu as touché à ça ? » Question rhétorique puisque son journal était toujours sous son lit et pas ailleurs. Elle se précipitait dessus, et tournait brièvement les pages pour s’assurer qu’il n’en avait pas arrachées quelques unes au passage. « Qu’est ce que tu as lu ? » criait t’elle au bord de l’implosion en lui donnant avec un vif coup sur le crâne. Le journal de Mackenzie pouvait se transformer en arme redoutable au besoin. Elle ne le quittait pas des yeux, tremblante de rage elle attendait une réponse. Son coeur battait à tout rompre, l’expression de son visage était en train de se décomposer, et des centaines de questions l’a tourmentait. Avait t’il vu les dernières pages ? Qu’avait t’il compris ? Comment allait t’il se sortir de ce pétrin ? Allait t’elle être contrainte de lui fournir des explications ? Tenant fermement son précieux journal contre sa poitrine, une larme incontrôlable roula le long de sa joue. Elle avait besoin d’extérioriser toute cette colère, cette rage, cette déception et cette tristesse qu’elle contenait depuis trop longtemps déjà. Elle se sentait prise au piège ... Il n’aurait jamais du voir ça.
 
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Nael Silvano Sala
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MessageSujet: Re: festival of hecklers (mackenzie) festival of hecklers (mackenzie) EmptyMar 8 Juil - 12:44

❝ c'est une chieuse, une vraie, une emmerdeuse.  ❞

Il leva les yeux au ciel, devant l'évocation de sa propre mort par Mackenzie. Mademoiselle jouait les provocatrices, mais Nael ne pouvait s'empêcher de penser que sa réplique était affligeante de stupidité. Trop grandiloquente, trop dramatique. En fait, si le bordelais était frappé par la violence de ses paroles depuis son arrivée, il réalisait désormais que la jeune femme n'était finalement pas si étrangère à elle-même que cela. D'accord, elle proférait plus de conneries qu'en temps normal, mais au lieu de jouer la grande prêtresse amoureuse d'un poème dégoulinant de bons sentiments, elle s'identifiait désormais à une espèce d'héroïne de tragédie antique. Autrement dit, ça s'apparentait encore et toujours au domaine de la littérature. Somme toute, on avait peut-être pas définitivement perdu Mackenzie Fitzgerald. Et ça apparaissait d'autant plus évident que désormais, elle semblait presque troublée par le résumé de la petite sirène garanti sans fioritures, made in Sala. Bon Dieu, elle allait pas quand même pleurer pour la déformation de son dessin animé, pensait-il avec agacement, bien loin de se douter qu'il venait tout juste de taper là où ça faisait mal. « Sauf que Bambi, sa mère ne se fait pas tuer par sa faute, sa vulnérabilité est donc émouvante. Alors que ta sirène, elle peut s'en prendre qu'à elle-même, si elle se fait piéger. » déclara-t-il, avec un sourire faussement contrit. C'était dingue à quel point la jeune femme semblait prendre ce débat pour le moins puéril au sérieux. Il allait pourtant devoir se satisfaire de cette ridicule conversation sur les Disney, puisque c'était actuellement leur échange le plus long de la soirée. Il comprit en effet bien vite que la voix de Mackenzie se ferait rare, maintenant qu'elle s'était étalée sur le canapé. Pas par grand intérêt pour le programme (ses nombreux zappings en disaient long), mais parce qu'elle semblait avoir choisi de l'ignorer totalement. Même lorsqu'il tenta une phrase de soutien certes, très commune, mais qui ne relevait pas d'une mauvaise attention,  il se fit envoyer bouler par une réponse peu amène. « J'essayai juste d'amener un peu d'optimisme dans ton esprit, parce que là j'ai l'impression d'être avec une suicidaire. » rétorqua-t-il, en levant les yeux au ciel. Par la suite, il n'ouvrit plus la bouche sinon pour signaler à la sœur de son meilleur ami qu'il allait aux toilettes. Il n'arriva cependant jamais dans celles-ci, ayant par un malheureux hasard, découvert un endroit bien plus intéressant. Il n'était ici pas question de trône, et pourtant c'était bien une sorte de royaume qui s'étendait sous ses yeux. Il avait là une vision de la chambre de Mackenzie, et il ne put réprimer sa folle curiosité dès l'instant où la porte s'ouvrit sur son bordel sans nom. Alors il entra, au mépris du respect qu'il avait pourtant toujours eu pour l'intimité de l'étudiante. Une clope grillée, et un deuxième malheureux hasard - décidément - l’amena à ramasser ce qui semblait être le carnet de la jeune Fitzgerald. C'était pas vraiment un journal intime. Ou plutôt, ça en était un, mais façon Mackenzie. Brouillon, assez hétéroclite et avec une touche de mystère qui poussa Nael à parcourir toutes les feuilles. Putain, si ce journal est censé représenter ce qu'il se passe dans ta tête ma pauvre fille, paye le traumatisme, qu'il songea tout en tournant l'ultime page. Il eut à peine le temps de s'interroger sur la signification des derniers mots lus quand soudain, la propriétaire du journal vint signaler sa présence. L'expression était en fait, un euphémisme ; Mackenzie criait, menaçait et tambourinait si fort à la porte qu'il se demandait si elle n'allait pas réussir à la faire céder. Il laissa tomber le journal sous un vieux t-shirt et lui ouvrit finalement, mentalement prêt à se faire injurier dans toutes les langues possibles et inimaginables. Il ne répondit pas à ses premières harangues, et ne cilla pas lorsqu'elle le poussa - tenta de le pousser, pour être plus exact. Ce n'est que lorsqu'il la vit commencer à jouer les maniaques qu'il répondit, laissant éclater un rire sonore. « Non mais t'es sérieuse, ta chambre est un foutoir sans nom et tu vas me faire chier parce que j'ai touché à deux-trois objets ? Si ça traînait pas partout, j'y aurais même pas touché, mais faut bien se frayer un chemin comme on peut. » L'impertinent petit Sala. Renversant les critiques de Mackenzie avec une remontrance sévère à l'égard de son caractère bordélique. S'il n'était pas incorrigible ! La jeune femme pourrait bien mettre une nouvelle citation en dessous de son nom, dans son carnet; « c'est l'hôpital qui se fout de la charité », puisque ses reproches pouvaient révéler un certain potentiel comique, lorsqu'on connaissait un tant soi peu le goût de Nael pour l'ordre. « Ça vaaaa, c'est bon, relaxe ! J'ai pas ouvert ton placard à culottes, j'ai pas écris sur les murs, j'ai juste fumé une petite clope. J'aurais pas dû empiéter ton territoire ok, mais tu vas pas faire un drame d'une odeur de cigarette qui partira dans quelques heures ! » tenta-t-il de se défendre. Il savait bien, qu'il venait de commettre une erreur.  Mais dans sa tête, c'était pas non plus la mort. Bon sang, elle avait vraiment un foutu goût pour le dramatique, cette fille. « Et puis regarde le bon côté des choses, tu penses plus à tes soucis, tellement t'es en colère contre moi. Merci Nael, on dit ! » C'était vrai que pour le coup, elle n'était plus muette, Mackenzie. Et elle allait l'être encore moins apparemment, se fit-il la réflexion en la voyant déloger son journal, l'air abasourdie. Tremblante, elle lui demanda s'il y avait touché. Il ne prit même pas la peine de répondre. Il aurait bien tenté le mensonge, s'il n'avait pas vu distinctement la lueur brillant dans les yeux de la jeune femme. C'était pas la peine de faire genre, elle savait qu'il avait parcouru l'ouvrage. Nael avait en réalité, peu prêté garde à l'endroit où il avait caché le journal, pensant que Mackenzie le traînait partout ; il avait oublié que comme tous les bordéliques, son bazar était organisé selon une logique précise. En clair, l'étudiante ne doutait pas du fait que son invité avait été un peu trop curieux. Et elle s'inquiétait désormais de savoir jusqu'où avait-il poussé cette curiosité, la rage dans les yeux, la rage dans les gestes, put-il aussi constater lorsqu'elle lui administra un coup de carnet sur la tête. Il grimaça, et porta une main à son crâne, sous le coup de l'impact. La cadette Fitzgerald n'avait peut-être pas la force de son frère, mais nul doute qu'elle savait se servir de son environnement pour frapper là où ça faisait mal. « J'ai survolé, vaguement. » éluda-t-il évasivement. S'il n'était pas faux qu'il avait feuilleté le journal, Nael mentait un peu plus sur l'adverbe car il s'était bel et bien attardé sur certaines pages, notamment les dernières. Mais il n'était pas question qu'il lui fasse savoir ce qu'il avait lu précisément, car il sentait déjà que Mackenzie voyait rouge. Il s'apprêtait à lui balancer une remarque acerbe lorsqu'il vit une larme rouler sur la joue de la jeune femme. Ce n'était même plus de la colère, il semblait bien que son hôte était au bord de la crise de nerfs, traversée par un courant d'émotions qu'elle ne pouvait plus contenir. Alors, un peu ému par sa détresse, c'est avec douceur qu'il ajouta. « Écoute... Je sais que tu m'en veux mais... C'est fait. Et puis c'est bon, je peux faire comme si j'avais rien lu, ok ? » Il s'approcha précautionneusement de Mackenzie et s'assit sur le bord de son lit avant d'achever. « Je te donne l'autorisation de me frapper, si tu veux te défouler. Et après on en parle plus. » C'était une promesse un peu hâtive que faisait-là le bordelais. Il pouvait certes, refréner sa curiosité, mais la question était : pendant combien de temps ? Nael avait toujours eu le goût de percer les mystères, un héritage paternel qui ne lui permettait pas d'oublier comme ça, en un claquement de doigts, les phrases déchirantes qu'il avait pu lire. Il se décida alors à opter pour un compromis avec sa conscience, après quelques minutes de silence. « Juste... Qu'est-ce qui t'est arrivé, Mack ? Je te demande pas d'identité, ni rien ok, juste ça, parce que je t'avoue que tu m'inquiètes. C'était fort, ce que tu écrivais vers les dernières pages... » Il lui laissait là l'occasion de se libérer un peu, sans pour autant mettre un nom sur les initiales que ses yeux avaient pu saisir. Parce que c'était vrai qu'il s'inquiétait, Nael. Mackenzie, elle lui sortait par les yeux d'accord, mais elle n'en restait pas moins la petite sœur de son meilleur ami ; et on pouvait reprocher beaucoup de chose au jeune Sala, mais il était un humain, dotée d'une sensibilité qui lui empêchait d'être hermétique à la détresse de la cadette Fitzgerald, aussi chiante puisse-t-elle être.

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MessageSujet: Re: festival of hecklers (mackenzie) festival of hecklers (mackenzie) EmptyDim 23 Nov - 21:44


“ Demain nous courrons plus vite, nos bras s’étendront plus loin...
C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant
qui nous rejette sans cesse vers le passé ... ”


L’équilibre des contes pour enfants reposait principalement sur la confrontation entre les méchants et les gentils. Le lecteur ou le spectateur devait impérativement s’attacher au personnage principal, comprendre ses doutes, le prendre en pitié, prier intérieurement pour une fin joyeuse, un dénouement rythmé par l’obtention d’un bonheur réel et ce, après une longue quête semée d’embuches et de péripéties. C’était les conditions sine qua non d’une bonne histoire, la formule magique utilisée par tous, jusqu’à l’usure. Mackenzie, héroïne tragique de son propre dessin-animé était l’antithèse d’une princesse des studios Disney. Sa fin heureuse n’existait que dans ses songes, dupée et anéantie par une douleur lancinante au milieu de sa poitrine, elle était le revers rouillée d’une médaille à la face dorée. Là où elle aurait du trouver l’amour éternel et la plénitude, il n’y avait plus que les ruines macabres de sa propre existence longuement piétinées par les chaussures vernies d’un milliardaire cruel. Abandonnée à son triste sort, elle avait ressenti le besoin viscéral d’extérioriser sa haine à l’égard de cet homme dénué de coeur en crachant tout par écrit. L’encre anthracite s’était mêlée aux larmes afin de recouvrir une quantité de pages immaculées. Elle y avait soigneusement relaté les événements passés grâce à des métaphores qu’elle seule pouvait comprendre, elle avait volontairement omis les détails les plus sombres. C’était son point de vue. Quelque part entre la réalité, la fiction et le cauchemar. A la frontière de trois mondes voués à s’entrechoquer dans la plus grande violence. Un feu d’artifice dévastateur qui saccagerait tout autour de lui et qui laisserait une trace indélébile sur le sol, semblable à une cicatrice, à une griffure immuable sur l’organe vital. « C’est totalement faux ce que tu racontes. » tranchait t’elle alors que le débat atteignait son point culminant. « Elle a rencontré des gens malhonnêtes, c’est tout. Elle n’est coupable de rien. » Officiellement, elle statuait sur les relations compliquées de la petite sirène, officieusement, elle contait anonymement sa propre expérience. Il aurait fallu lire entre les lignes pour comprendre qu’elle s’identifiait à une femme-poisson aux amours maudits, il aurait fallu être un sur-homme pour savoir qu’elle parlait de Zadig Rosenbach. Mackenzie était un coffre fermé à clé, rempli de secrets inavouables, de honte, de naïveté qu’elle n’assumait pas. Elle aurait voulu que Nael disparaisse et qu’il cesse de réouvrir involontairement ses plaies. Les points de suture craquaient un à un, tout ce qu’elle avait refoulé resurgissait avec fracas, comme une vague. Belle mais perfide. Majestueuse mais mortelle. La petite sirène, contrairement à elle, pouvait respirer sous l’eau. La télécommande à la main, elle ciblait l’écran mollement en soupirant d’exaspération à intervalles réguliers. Elle n’était pas suicidaire, elle était déjà morte. A l’intérieur seulement, elle faisait le deuil de sa propre vie en couronnant son estomac de chocolat et en s’abrutissant l’esprit d’émissions nauséeuses. C’est ainsi, elle qu’elle regardait une présentatrice à la poitrine -siliconnée- débattre sur le soleil et la pluie, que Nael disparut dans les méandres du couloir, et que ça tartine optait pour le grand saut. Un suicide. De la table basse jusqu’au sol. Morte sur le coup, impossible à réanimer, elle baignait dans une pâte brunâtre de cacao. A la recherche d’une éponge divine qui masquerait à jamais le massacre, elle se heurta à une salle de bains parfaitement vide, un trône impeccable, comme une image figée. (...) Tambourinant à sa propre porte comme la dernière des possédées atteintes d’une crise d’hystérie historique, elle manquait de s’écorcher les mains et de s’arracher les cordes vocales. L’odieux meilleur ami de son frère s’était octroyé le droit de pénétrer dans sa chambre, de s’y enfermer et de visiter paisiblement les lieux. La pièce plutôt petite et désordonnée à souhait ne laissait planer aucun doute quant à la propriétaire de l’endroit. Tout témoignait de son affection démesuré pour l’art et les livres. Sur les murs, aucun posters de vedettes de la chanson ou du cinéma, mais des répliques de peintures de Pollock et Miro, des citations captivantes de Wilde et Salinger, des photos d’un pays qu’elle avait du quitter pour s’élever dans l’échelle sociale et qui lui manquait chaque jour davantage. C’était Sydney et son opéra, des plages paradisiaques recouverte d’un sable blanc qui contrastait avec le bleu des vagues géantes. Des vêtements jonchaient le sol et masquaient les lattes en bois vieilli, l’endroit était vivant. Dans le chaos, elle se sentait bien. Elle était en possession d’un pouvoir sur les choses matérielles qui l’entouraient, ça l’apaisait. « Jusqu’à preuve du contraire, c’est encore ma chambre. Si j’aime vivre dans la crasse et le désordre c’est mon problème. Je me passerai de ton avis. » s’offusquait t’elle tandis qu’il daignait enfin ouvrir la porte et qu’elle constatait l’étendue des dégâts. Fier d’avoir franchi le seuil d’un monde jusqu’alors inexploré, Nael affichait un sourire satisfait qui s’étendait sur ses lèvres, paraissant prendre la situation sur le ton de l’humour, il balayait le problème du revers de la main, selon lui il y avait des choses pires dans le monde. Néanmoins, ça n’excusait rien. Absolument rien. « Je m’en fiche. Tu n’avais pas le droit d’entrer, t’es pas chez toi. T’es qu’un sale gosse irrespectueux. » poursuivait t’elle en haussant le ton et en traversant sa chambre d’un bout à l’autre à la recherche des preuves du passage de Nael dans son espace vital. Outre l’odeur désagréable de tabac froid, elle remarquait qu’il avait déplacé des affaires pour se frayer un chemin, qu’il avait tendu entre ses doigts ses photos personnelles, qu’il était tombé sur l’ouvrage le plus captivant de l’année. « Te remercier ? La seule personne que j’ai envie de remercier c’est le gouvernement pour ne pas avoir aboli la peine de mort. » Consciente d’exagérer lourdement ses propos, elle attrapait son précieux journal qu’il avait eu le culot de feuilleter sans se douter de ce qu’il y trouverait. Maintenant c’était trop tard, les phrases dansaient dans sa tête et les questions affluaient. Curieux de nature, il entendait qu’elle lui fournisse les réponses, il pensait devenir le gardien légitime des secrets de Mackenzie. Il se trompait. « Menteur ! » articulait t’elle en pointant un index accusateur vers lui. Evidemment qu’il n’avait pas survolé vaguement sa trouvaille, comme un vulgaire article du programme télévisé. Intérieurement, elle implosait, menaçait de s’écrouler, de hurler, de pleurer et de détruire toutes les choses qui se trouveraient sur son chemin, mais à quoi bon. Elle se sentirait toujours aussi mal et serait en prime contrainte de ranger le désordre, une dépense énergétique inutile. « En fait, je m’en moque... » lâchait t’elle dans un murmure en essuyant une larme sauvage qui roulait sur sa joue et en se laissant tomber sur son lit. Son journal posé contre sa poitrine, elle sentait l’oxygène lui manquer, une boule de tristesse obstruer sa gorge jusqu’à la rendre muette. Elle n’avait raconté son histoire à personne, ni à ses amies, ni à ses frères, seulement à Kilian. Elle ne voulait pas recommencer le récit depuis le début, revivre l’instant une nouvelle fois, revoir les images de cette nuit défiler dans les entrailles de son esprit, mais elle le devait. La douleur était trop vive désormais et il en savait trop pour se contenter de ces quelques pages noircies qui n’explicitaient pas clairement la vérité. « Je suis la petite sirène. » lâchait t’elle en fixant un point du plafond. « Sauf que l’homme inaccessible jouait aussi le rôle de la pieuvre. » se redressant difficilement elle déposait son journal sur la table de nuit au dessus d’une pile de romans qu’elle n’avait pas encore terminés. « Et quand ça va se savoir tout le monde pensera que c’est de ma faute. Que j’aurais du me méfier, être plus vigilante... Je me sens lamentable. » concluait t’elle en posant doucement son visage de porcelaine sur l’épaule de Nael. Elle avait le besoin vital de se savoir comprise par quelqu’un, qu’importe que ce soit le meilleur ami parfaitement insupportable de Jake. Jamais il ne saurait être pire que Zadig. Jamais.
 
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