"- C'est quoi un rasta ? Une racaille d'Afrique ?"

∞ « Rien ne sert de courir mon amour tu sais, ils nous rattraperont. Pas la place pour s'aimer puisqu'elle est condamné notre génération. Rien ne sert de rêver mon amour tu sais, nous ne sommes plus des enfants. »

ft. Alexandra Shepperd & Lucas LaDouceur ♡

Je commençais à manquer d’air. Mon endurance n’était plus vraiment la même depuis quelques temps. Dû surement à cause de la boisson, et des substances illicites qui me font office de gouter. Pourtant le sport c’est beaucoup pour moi, alors si je ne peux plus pratiquer ça serait un gros coup dur pour moi. Et pourtant ça ne m’aide pas à arrêter. Lorsqu’on est devenu toxicomane, il est clairement difficile de se stopper net, comme on aurait pu le commencer. Je courais donc pour fuir une personne. Une personne que j’avais emmerdée, et un peu insultée. Ou du moins du peu que je me rappelle. La mémoire me joue très souvent des tours en ce moment. J’avais couru à travers tous les couloirs de l’université, en but de le semer. Oui je l’avoue, je suis un fuyard. J’insulte pour ensuite aller courir me cacher quelque part. En même temps je n’ai pas trop envie de me faire taper. Et surtout pas sur le visage. J’aime encore trop mon visage pour me défigurer. C’est surement ce qui reste chez moi qui me plait encore. Je n’aime plus mon comportement, ce que je deviens, ma personnalité. Mon corps qui devient n’importe quoi. Nada. Mais je sais très bien que si je continue ainsi, mon visage changera aussi, au fur et à mesure. Au moment où je pensais avoir semé le mec, je percutais quelque chose. Ou plutôt quelqu’un. Je me retourne donc, et je vois une jeune fille par terre. Bon, je n’ai pas encore perdu ma force. Je reviens vers elle pour lui tendre ma main et l’aider à se relever. Une fois debout à nouveau, je la regarde. « Excuse-moi. C’est involontaire. » Puis enfin, je regardais autour de nous, pour voir si je l’avais réellement semé. Apparemment oui. Je ne le voyais pas arriver. Mais j’avais tout de même peur qu’il arrive d’un coup, au coin du couloir. Je regarde alors où je suis, et je vois que je suis au mémorial. Ah ouais quand même. J’ai pas mal couru. J’ai dû venir une fois ici, après le malheureux événement. Mais depuis, plus jamais. Comme la plupart des gens je pense. Les années passent, et on commence petit à petit à oublier cet accident. A part ceux qui y ont assistés j’imagine.

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C'est quoi un rasta ? Une racaille d'Afrique ?

Lucalex

Ravie de te rencontrer, Zarbi McBizarre

Le soleil brille sur San Francisco, les oiseaux chantent gaiement la jolie mélodie sur laquelle semblent se dandiner les fleurs agitées par la douce brise salée de la côte Ouest. Les sourires ont envahis les visages, le monde est beau, le monde est joyeux.

Non, en fait, je rigole. C'est la merde.

La chaleur de l'été se fait progressivement la malle, et se laisse remplacer par un vent humide et violent, répandant une quantité astronomique d'iode dans l'air. Toutefois, je doute que ce surplus de sel dans l'atmosphère soit à l'origine du départ de tous les touristes bridés qui avaient envahi la ville à la belle saison, ainsi que de la grève des salons d'esthétique qui plonge les cheerleaders dans un profond désespoir. Non, c'est pas l'iode, c'est plus complexe que ça, c'est cyclique, ça revient chaque année. Ca fait tomber les feuilles des arbres et ça attire les examens de mi-session. Ca s'appelle l'automne. Et ça craint un maximum. Le retour au train-train quotidien, aux révisions tardives chez les Alphas et au bizutage des étudiants de première année. Et puis l'automne, c'est aussi ça, les bousculades à heures fixes à la sortie des amphithéâtres.

Sauf que quand on a de la matière grise opérationnelle entre les deux oreilles, un peu de temps à perdre, et qu'aucune envie pressante de prendre un bain de foule et de partir à la chasse aux ecchymoses ne nous animent, on fait ce que je fais ; on se retarde. Et c'est là encore tout un art. Il faut se retarder assez pour échapper à l'orgie mais quand même arriver à prendre le bus. La subtilité les gars, la subtilité.

J'ai donc obtenu de Mrs Galway toutes les informations que je voulais à propos du cours de chimie organique, et me voilà donc dehors, à marcher tranquillement en direction de l'Allée des Grecs. J'avais pour projet de boire un verre en ville avec ma maman puisqu'elle passait la journée en Californie, et Kent nous rejoindrait. Mais avant, je voulais laisser mes affaires à la Maison Alpha, histoire de voyager plus léger et de ne rien perdre inopinément. Tout en marchant, mes semelles heurtant le gravier, je récapitule le plan du cours dans ma tête. J'ai l'habitude de faire cela chaque fois que je met le pied hors de l'amphithéâtre, c'est un mécanisme efficace, vous devriez essayer. Alors, les différents type d'organométalliques. Grand un, les lithiens, grand deux, les magnésiens, grand tr..

Boum.

Mes feuilles de notes s'étalent par terre, mes dossiers qui dégueulaient de fiches vomissent leurs entrailles sur le sol alors que je m'écrase lourdement à côté d'eux. Avant même que je ne comprenne ce qu'il vient de se passer, une main se tend vers moi et une voix parvient à mes oreilles. "Excuse-moi, c'était involontaire." Je me doute oui, vu la mine que tire le beau jeune homme qui vient de me bousculer. Le bleu perçant de ses yeux, d'autant plus souligné par la courbe de ses sourcils traduisant toute l'inquiétude du monde, m'empêche de lui tenir rigueur de ce léger incident. Il a l'air suffisament dérangé comme ça pour que je lui passe un savon de plus, alors je prends docilement sa main en lâchant un "C'est rien, ne t'inquiète pas." sans le lâcher du regard, et ne me dispense pas de lui adresser un léger sourire, histoire qu'il se détende un peu avant de décamper. Mais justement, il ne décampe pas. Il a l'air.. ailleurs, je ne sais pas, il ne parait pas être dans son état normal.. Intriguée, je pose altruistement la main sur son bras, comme pour le ramener à la réalité, et lui demande le plus naturellement du monde.

- Hey ça va ? Euh, on dirait que t'as vu un fantôme..

Cette détresse dans le regard. Cet malaise permanent, et cet appel au secours que semble exprimer son attitude d'enfant perdu me touchent profondément. T'as un petit cœur en mousse Alex, t'y peux rien ! Tu as raison petite voix, mais cette fois-ci c'est différent. Ce garçon en face de moi, me fait durement penser à quelqu'un, j'ignore qui, et j'ignore pourquoi. Il me semble toutefois que son visage m'est familier, mais pas habituel comme celui de quelqu'un que j'aurais déjà croisé plusieurs fois sur le campus, non, je le connais de l'extérieur. De dehors, oui, mais d'où.. "Mystère et boule de gomme" semble être l'expression parfaite à coller comme étiquette sur le front de ce jeune monsieur.

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musique Je vous assure que je n’ai pas fait tomber la jeune fille pour ensuite la draguer. Parce que oui, ça parait très con comme méthode, mais certains hommes utilisent cette manière pour attacher l’attention sur eux d’une jeune fille. Il leur suffit d’avoir une petite moue par la suite, de s’excuser des milliers de fois, de jouer au gentleman et ils ont la fille en poche. Moi je ne fais pas ça. Je trouve ça très hypocrite comme façon de faire. Ils font du mal à la jeune fille avant de jouer aux bons garçons. Ah ces pauvres filles je les plains. Tout cela pour dire que moi, je ne l’avais pas du tout fait exprès. Je courais tout simplement, pour échapper aux poings de l’autre mec. Alors que je pensais le semer, je préférais tout de même assurer mes arrières, et observer les alentours. Je n’aimerais pas me faire surprendre en recevant un quelconque coup par derrière. Mais quel genre de mec je fais. Je cherche la merde, pour ensuite détaler comme un lapin. Ça ne me ressemble pas du tout. Moi qui ai été pacifiste jusque-là. Je suis en train de foutre toute ma vie en l’air, ainsi que toutes les valeurs de ma vie. Ressaisis-toi bon sang Lucas. J’ai beau me le dire. Je n’en fais rien. J’ai toujours su que j’étais très têtu, mais je ne savais pas que je l’étais à ce point. Je sentis la main de la jeune fille sur mon bras. Je revins à la réalité. Mon regard posé sur le sien, je lui souris. « Ça va ouais… J’essaie juste de ne pas me faire taper. » Je passais une main dans mes cheveux, pour les remettre en place. C’est qu’ils sont dans une de ces positions mes beaux cheveux, à cause de ma course. « Tu comprends, ça serait trop dommage d’abimer ce beau visage… » Lui dis-je en lui montrant mon visage, puis « … et de faire du mal à ce beau corps. » rajoutais-je tout en levant mon tee shirt pour lui montrer mes beaux abdos, pectoraux, et tout ce qui va avec. Je regardais à mon tour. Oh mon dieu, j’ai perdu depuis le temps. Je lâchais d’un coup mon tee shirt, pour me cacher. Je ne suis plus aussi canon qu’avant. Mais qu’est-ce que je vais faire ? Je suis un pourri. Enfin de compte, je peux peut-être le laisser me taper. Il n’y a rien de fragile ici.

Spoiler:

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Lucalex

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- Ça va ouais… J’essaie juste de ne pas me faire taper

Oh.. Voilà le seul son qui daigne sortir de ma bouche, pourtant ce n'est pas la sincérité de ma surprise qui manque, tant qu'il est accompagné d'un sourire en coin et d'un sourcil arqué. C'est drôle, à première vue, il n'avait pas l'air d'être un mec à chercher les embrouilles. Ce type a une bouille d'ange, je ne l'imagine pas une seconde chercher la bagarre, et encore moins s'il sait sciemment qu'il pourrait avoir des problèmes. Après, peut-être souffre-t-il du problème inverse, à savoir que des petits caïds lui ont mis le grappin dessus pour une raison que lui-même ne connaît sans doute pas, et refuse de le lâcher avant de l'avoir assez humilié, voire pire. Je trouve ses agissements tout bonnement crétins et absolument abjects, à la mesure de vulgaires écoliers qui ont encore quelque chose à se prouver pour avoir l'impression de mériter un brin d'estime. Tous des cons. M'enfin, vous me direz, on est pas tous égaux..

Tu comprends, ça serait trop dommage d’abimer ce beau visage..

II - PAUSE

Là, il aurait du s'arrêter là. Se caresser humoristiquement la joue et exploser de rire avant que mes éclats de rire ne se mêlent aux siens, et qu'une discussion normale s'installe par la suite. Mais non. Il a continué. A mon grand regret.

> - PLAY

.. et de faire du mal à ce beau corps

Il soulève alors son tee-shirt, dévoilant son torse à mes yeux interloqués, avant de le camoufler sous son voile de tissus quasi-immédiatement, les joues virant à l'écarlate. C'est quoi son soucis ? Et puis.. c'est quoi ses manières ? Depuis quand un homme, aussi bien foutu soit-il, se révèle de la sorte ? C'est quoi au juste, un plan drague ? C'est une caméra cachée, bordel, c'est quoi ce bazar ? Et surtout, pourquoi se comporter ainsi ? S'il s'était affiché fièrement avec cette tête de con qu'on tous les mannequins hommes, je l'aurais pris pour le dernier des crétins, et aurait fait volte face sans prendre la peine de dire quoi que ce soit. Mais là, qu'est ce qu'il fait ? C'est de.. de la honte ? Pourquoi serait-il honteux ? Il regrette simplement son geste ? Dans ce cas là pourquoi n'ose-t-il pas tout simplement s'excuser avant de détaller ? Non, c'est plus profond que ça. Quoi, il aurait honte.. de son corps ? Y a vraiment aucune raison. Certes, il n'est pas monté comme un monsieur muscle, mais il est loin d'être dégoutant, au contraire. Je ne sais pas vraiment quoi lui dire, c'est donc pourquoi j'affiche un regard compatissant en lui glissant doucement..

- D'accord dude.. on va dire que j'ai rien vu du tout.

Et il relève les yeux vers moi. Mon regard croise le sien, et cette petite voix dans ma tête revient en force et m'affirme que j'ai déjà vu ce jeune homme. Ses yeux, bleus azurs, et la lueur de désarroi qui y brille. Ses traits, et les traces de la dépravation qui l'a pris en chasse qui creusent des poches sous ses iris fatigués. Sa mine en général, qui s'affiche comme un silencieux appel au secours. Bordel Alex réfléchis.

- Hey, c'est toi ? Trois soirs par semaine, In-N-Out sur Jefferson Street, Superkillerburger, grande frite, brownie noir et coca cola, table 12. C'est toi ?

Ma main a fermement empoigné son biceps, ma voix s'est faite à la voix douce et déterminée à savoir qui tu es, jeune dépravé, et mes yeux te dévisagent, avides de réponse.

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Un plan drague ? Si ça l’était, on pourrait vraiment dire que je suis nul pour draguer. Il y a pire comme plan de drague, c’est vrai. Mais si j’avais vraiment tenté de la draguer de la sorte, j’en aurais honte. Je suis un bien meilleur dragueur que cela. C’est juste que je n’aie plus toute ma tête depuis des mois maintenant. Je ne suis pas le vrai Lucas. Il faut croire que je suis maintenant un jeune homme qui cherche la bagarre, et qui montre son corps à n’importe qui. Bientôt on me verra dans les bars de strip-tease. Non en spectateur, mais en show-man. Après tout, lorsqu’on a un beau corps comme le mien, ainsi que le visage qui va avec. Pourquoi ne pas l’utiliser pour gagner de l’argent ? De l’argent pour se prendre des cuites tous les soirs, sans pour autant culpabiliser le matin. Et boire de nouveau pour encore moins culpabiliser. C’est un cercle vicieux. Dès lors qu’on se met à boire fréquemment, il est très difficile de s’en sortir. C’est comme ça. On a beau eu me prévenir, je n’en ai rien écouté. Lucas LaDouceur n’écoute personne d’autre que lui. C’est ma vie, et je suis le seul qui peut décider de mes actes. Les autres n’ont rien à me dire. Qu’ils s’occupent de leurs vies. Tout cela pour dire que je pensais avoir un beau corps. Mais avec l’arrêt du sport, et l’alcool à répétition, je perdais de mon beau corps. Un petit ventre à bière était presque en train de se former. Donc oui j’en avais honte face à la belle jeune fille. Je n’ai jamais été comme ça. Je suis censé être plus beau que ça. Etre mieux monté. Eh merde enfin ! Faut que je me remette au sport. Ouais mais quand ? Entre les cours, et mes soirées, je n’ai pas le temps de faire du sport. Tant pis. De toute façon, je me fais jeter par toutes les filles. Même avec un mon ancien corps. Alors à quoi bon s’entretenir ? Alors que j’étais sur le point de partir, laissant la jeune fille là, elle me regarda et me sortit tout un menu. Un menu qui me disait bien quelque chose ouais. Elle avait juste oublié tout l’alcool que je prends à côté. Le coca c’est juste pour faire genre. Puis en plus c’est un coca light ! Eh oui, je prends soin de même quand même… un peu. « Euh… je crois que c’est moi, oui, le … tout machin truc que tu viens de me sortir. » Ça allait changer sa journée de savoir que c’était moi ? Je ne comprenais pas trop pourquoi elle me demandait ça ? Ça lui fait quoi que je sois toujours à la même table, avec toujours le même le même menu ? Je laisse de bons pourboires, elle ne peut rien me quémander ! « Pourquoi ? J’ai fait quelque chose de mal ? Eeeeh, je laisse toujours un bon pourboire hein ! » Et voilà que je devenais même parano avec elle. Rien ne va plus dans cette petite tête.

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Lucalex

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J'en étais sûre ! C'est bien lui ! Un large sourire s'imprime sur mes lèvres et je ne réprime pas un éclat de rire à sa dernière expression. A vrai dire, je ne sais pas vraiment s'il était sérieux ou non, s'il a vraiment peur que je lui colle une baigne s'il ne laisse pas un pourboire assez bon, mais dans tous les cas pour détendre l'atmosphère, je lance d'une voix douce et amusée..

- Non non, rassure toi, et je fais pas dans le racket, c'est déjà gentil de nous laisse quelque chose !

Si j'ai remarqué ce garçon, ce n'est pas parce qu'il est particulièrement séduisant. Je veux dire, d'accord il est mignon, mais pas au point de me toucher spécialement, je vous rappelle que je suis maquée jusqu'à l'os ! Je ne me souviens pas de lui non plus juste parce qu'il commande toujours la même chose. Becky McGuire, la pompom girl qui crèche chez les Iota, elle aussi elle mange toujours une salade et une glace, ce n'est pas pour ça que je fais une fixette sur elle. Même si je me tâte à lui faire remarquer que mettre 4 sachets de sauce dans sa salade ne la rend pas plus diététique que n'importe quel hamburger du menu.. De même, il y a un japonais dont je n'ai jamais réussi à prononcer le nom, qui vient au In N Out systématiquement tous les mercredi soirs, et il prend toujours le sandwich au poisson, avec une grande frite, un cheeseburger en plus, un cookie aux M&Ms et une limonade. Et chaque fois, il demande si Mana est passée. Chaque fois nous lui répondons que nous ignorons qui est Mana, et chaque fois, il va s'asseoir à une table, le visage triste.. Bizarre me direz-vous. Y a des clients comme ça.. Des clients comme ce japonais, et ce jeune homme en face de moi, qui marquent une employée.. Et ce jeune garçon, aussi étrange soit-il, me trouble à chacune de ses venues, par la tristesse qui éteint ses yeux pourtant teintés d'un bleu chatoyant et profond. Cet air déprimé, comme celui d'un adolescent complexé, je ne sais pas vraiment comment expliquer.. A force de le regarder, j'ai l'impression d'éprouver une certaine tendresse envers lui, vous voyez. Il y a une espèce de force qui me pousse à aller le voir pour le réconforter, papoter, je ne sais pas, juste lui tendre la main, vous comprenez ? Et en même temps ce magnétisme inverse qui me garde attachée à mes obligations de travail purement objectives et égoïstes, éloignée de toute forme d'altruisme. Mais là, pour l'instant, je ne travaille pas, mon seul projet pour la soirée est celui de rentrer chez Jesse, et vu qu'il n'est pas supposé remettre les pieds en Californie avant une bonne heure, j'ai tout le temps qu'il faut pour faire plus ample connaissance avec cet étudiant maudit..

- C'est juste que.. j'ai remarqué que tu n'avais pas souvent l'air très en forme.. quand tu venais au fast-food.. je bosse là-bas en fait, je suis au comptoir la plupart du temps et.. hum.. c'est stupide mais, j'ai souvent eu envie de venir te voir pour te demander ce qui n'allait pas.. mais vu comment notre patron nous flique c'est même pas la peine que j'essaie de m'absenter deux minutes.. donc, hum.. je suis jamais venue du coup, mais.. n'hésite pas à me demander si tu veux.. discuter ou je ne sais pas, c'est mon boulot aussi, de faire en sorte que les clients se sentent bien, donc voilà, moi je m'appelle Alex, et promis, je te ferais pas payer d'extras en échange de quelques mots !

Et voilà que je souris agréablement, et tends la main au jeune homme, l'invitant à me la serrer et à se présenter rapidement lui aussi. Mon regard se veut bienveillant, mais pas comme ceux que vous jettent les psys, qui sont plus effrayants que réconfortants d'ailleurs, plutôt celui d'une amie, d'une cousine, ou d'une sœur, qui veut véritablement votre bien, et qui ne s'autorisera aucun jugement, sincèrement.

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La jeune fille me semblait familière maintenant. Maintenant que j’avais compris qui elle était : la serveuse. Je vais souvent là où elle travaille, et je l’ai remarqué. Non pas qu’elle soit jolie, bien qu’elle doit l’être… seulement je n’ai plus aucun repère côté beauté féminine. Je ne pourrais plus dire si une fille m’attire réellement ou pas. Je l’ai remarqué car j’ai bien vu qu’elle m’observait. Des regards un peu trop insistants. L’ancien Lucas aurait tout de suite pensé qu’elle craquait pour moi, mais le Lucas de maintenant, il faisait tout pour qu’elle ne tombe pas sous son charme. Je faisais comme si je ne remarquais pas ses regards. Je commandais, puis je me posais tranquillement à ma table. Pour être seul. Je ne voulais pas de compagnie. Et je ne voulais encore moins parler. Et ce à une inconnue. La serveuse, qui s’appelait Alex, était bien gentille de me proposer son oreille. Seulement je ne voulais pas me confier à une inconnue. Puis, je ne me confie même pas en fait. Je n’étudie pas la psychologie pour rien. Je suis plutôt celui qui écoute, et non celui qui parle. Je n’ai pas l’habitude de m’apitoyer sur mon sort, et ça ne va pas commencer maintenant. Je regardais la jeune fille, puis je lui tendis enfin la main, pour me présenter à mon tour « Moi c’est Lucas. » Lui lançais-je calmement. Je ne savais pas trop quoi lui répondre à propos de sa proposition. Décidément je n’ai vraiment pas l’habitude qu’on soit là pour moi, à vouloir m’écouter. A part concernant Erwan et Jorden. Mais eux, ce sont mes meilleurs amis, donc c’est normal qu’ils soient à mon écoute. « C’est gentil ce que tu dis là. Mais je vais bien…. » Voyant son visage, je rajoutais tout de suite « … Enfin ça va aller. » Ça ne sert à rien de lui mentir, elle a bien vu comment j’étais. Et mon visage me trahissait. Un mec bien dans sa peau n’aurait jamais été comme j’ai pu l’être. Un visage d’enterrement. « Tu sais normalement c’est moi qui écoute les autres… Je n’étudie pas la psychologie pour rien… » Mon regard ne quittait pas la jeune fille, et je la trouvais tout de même plus jolie sans son petit uniforme de fastfood.

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