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no rest for the wicked. (w/zadig)

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MessageSujet: no rest for the wicked. (w/zadig) no rest for the wicked. (w/zadig) EmptyLun 22 Déc - 23:16

" I struggle with wanting you all the time,
so please don’t mistake my silence for indifference.
It’s just I have to hold myself back because I feel too much.
Too often. Too wildly out of my control. "

Tandis que le jour commençait tout juste à poindre à l'horizon et que les premiers rayons du soleil se déposaient paresseusement sur deux corps endormis, la sonnerie stridente d'un téléphone portable résonna dans la chambre et fit se réveiller Reed Chamberlain en sursaut. Son cœur rata un battement et elle porta une main à celui-ci pour le sentir s'agiter dans sa poitrine, alors même qu'Ezra se mettait à grogner, visiblement mécontent d'un réveil aussi brutal. Elle l'entendit maugréer que ce n'était pas humain de mettre une sonnerie aussi désagréable, tout en étouffant un bâillement, et Reed se surprit à rire en l'entendant se plaindre comme un enfant. « Je ne voulais pas prendre le risque de rater mon avion » expliqua-t-elle doucement et elle esquissa un premier mouvement pour se hisser hors d'un lit dans lequel elle serait pourtant restée bien des heures supplémentaires. Le bras d'Ezra s'enroula autour de son ventre et la ramena jusqu'à lui, entraînant une vague tentative de protestations de la part d'une Reed peu désireuse de ne pas céder. « Ezra, arrête, je vais être en retard, c'est un rendez-vous important en plus » tenta-t-elle de se justifier entre deux baisers, et elle mit fin à cette vile tentative de la faire rater son avion – une tentative peu subtile, mais particulièrement appréciée – en s'extirpant des bras de son fiancé pour filer dans la salle de bains. Dans quelques heures, elle foulerait le sol de Las Vegas, la ville du pêché dans laquelle elle n'avait plus mis un pied depuis bien des années. La dernière fois, elle était encore étudiante, bien avant que la vie ne prenne une tournure des moins attendues, bien avant Arya, bien avant le tumulte d'une relation avec un certain héritier arrogant. C'était pourtant en sa compagnie qu'elle avait parcouru les rues de Sin City, se frayant un chemin entre les hôtels époustouflants avec Zadig et Eileen. Depuis... depuis Reed avait grandi, pris en maturité, était devenue une femme, à l'ambition dévorante, à la carrière en plein essor, à la vie sentimentale des plus satisfaisantes. L'âge d'or de sa vie se tenait maintenant et elle l'embrassait fort, si fort, de peur de le laisser s'échapper et de devoir se contenter de regrets lorsqu'elle regarderait en arrière. Le Chamberlain Records affichait désormais plusieurs grands noms à son registre, et son succès allait en grandissant. Reed se voyait à présent offrir le choix de refuser les artistes qui ne collaient pas avec l'image de son label et de se concentrer sur ceux qu'elle produisait avec passion et affection. En tête de liste, naturellement, Garrett était la figure de proue qu'elle exhibait inévitablement lors de présentations ou lorsqu'il lui fallait convaincre de potentielles recrues. Nul doute que leur collaboration portait ses fruits et la carrière de l'Australien, tout comme celle de Reed, connaissait un succès retentissant l'obligeant à voyager un peu trop régulièrement au goût d'Ezra qui n'avait de cesse de se plaindre de ne jamais la voir. C'était entre deux avions qu'il l'avait demandée en mariage, à peine deux mois plus tôt et tandis qu'elle continuait de parcourir la planète semaine après semaine, lui profitait de l'occasion pour planifier dans les moindres détails leur mariage. Machinalement, elle fit tourner la bague autour de son annulaire, un réflexe qu'elle avait pris depuis la fameuse demande – romantique et dans les règles de l'art. Se marier. L'idée peinait encore à se frayer un chemin jusqu'à son cerveau et ne formait pas encore une réalité concrète. Il faudrait sans doute pour cela attendre le moment où elle remonterait une allée d'église sous le regard surexcitée de Babi, qui se serait probablement arrangée pour lui acheter sa robe de mariée de peur que le choix de Reed soit indécent. Le mariage n'était à ses yeux qu'un concept monétaire et dénué du moindre sens, mais il ne lui était pas venu à l'esprit de refuser la demande qu'Ezra lui avait faite. Parce qu'elle l'aimait, parce qu'elle approchait dangereusement de la croisée des chemins que représentait la trentaine, parce qu'il lui semblait que c'était la suite logique de leur couple et qu'elle était arrivée à court d'arguments pour retarder l'échéance. Parfois, elle se surprenait même à s'impatienter de voir le grand jour arriver et se mettait alors à compter les jours dans son esprit, ou bien à visualiser le plan de table, ou encore à songer à la musique sur laquelle ils ouvriraient le bal. D'autres fois, comme à présent, l'idée lui paraissait encore bien loin, encore trop peu réelle pour qu'elle prenne le pas sur d'autres problématiques bien plus importantes, comme celle à laquelle elle était confrontée aujourd'hui : comment organiser un spectacle de grande envergure au sein du Bellagio de Las Vegas, avec l'une de ses toutes nouvelles recrues. Elle avait cessé de compter les heures de préparation, les nuits blanches à imaginer chaque détail de ce spectacle, ou les protestations d'Ezra lorsqu'elle venait le rejoindre dans leur lit au beau milieu de la nuit. Ce spectacle serait déterminant pour l'avancée de sa carrière, pour la pérennité de son label et pour asseoir sa légitimité dans la scène musicale mondiale. L'échec n'était pas toléré et pour cela, rien ne valait une préparation minutieuse. Après un dernier regard lancé à la dérobée à Ezra, Reed quitta leur appartement en plein cœur de Los Angeles et héla un taxi à destination de Lax.

Las Vegas, 17 septembre 2020. Quelques heures d'avion n'avaient pas suffit à diminuer sa nervosité. Celle-ci la dominait à tel point que la vision de la ville du Vice, en pleine journée, ne lui arracha pas la moindre émotion. Elle ne s'extasia devant aucune des façades lumineuses, éclairées par un soleil éclatant et terriblement chaud de fin d'été en plein cœur du désert. Au lieu de cela, elle répétait dans sa tête un discours soigneusement préparé, veillant à ne rien oublier. Dans un premier temps, il s'agissait de convaincre. Si tout se passait aussi bien qu'elle l'espérait, elle ne retournerait pas à Los Angeles avant plusieurs semaines afin de mettre au point toute la logistique du spectacle et de programmer seconde par seconde le contenu de celui-ci. Reed prenait son rôle de productrice très à cœur et refusait de se limiter à promouvoir seulement ses recrues. Reed se battait pour elles, corps et âme, prenait en charge ce qui incombait normalement à des assistants incompétents pour s'assurer qu'il n'y ait aucun défaut dans l'exécution de ses projets. Cette rigueur professionnelle lui avait valu le respect de ses pairs dans le milieu, et il n'était pas question de changer de trajectoire. Le taxi la déposa devant le Bellagio et, avec élégance et maîtrise, elle s'extirpa de l'habitacle, talons aiguilles en avant, regard assuré et frondeur de la femme pleine d'assurance qu'elle pensait être devenue. Elle ne se laissa pas émerveiller par la splendeur de l'hôtel-casino et, en grande professionnelle, se dirigea directement vers la réception, annonçant un rendez-vous avec Armond Lockwood, l'intermédiaire avec lequel elle avait échangé depuis plusieurs semaines. La réceptionniste acquiesça et lui désigna d'un signe de la main ce que Reed supposa être la partie business du casino : des bureaux à n'en plus finir où se créait les plans les plus fous pour préserver la grandeur de l'établissement. Là, elle trouva Armond, un homme replet au crâne dégarni qui lui serra la main et lui demanda de s'installer dans son bureau et de patienter quelques secondes, le temps pour lui d'aller prévenir le propriétaire du Bellagio. Elle hocha la tête et profita de ce laps de temps pour sortir sa tablette et un carnet de notes aux pages noircies d'encre. Quelques secondes plus tard en effet, Armond revenait, accompagné dudit propriétaire. Reed tourna la tête, sans doute trop brusquement, lorsqu'elle entendit un timbre familier, qu'elle n'avait pourtant plus entendu depuis des années mais qu'elle n'avait jamais réussi à oublier. « Zadig ? » s'exclama-t-elle, perdant tout professionnalisme. Armond parut surpris et les désigna tour à tour du doigt, avant de leur demander s'ils se connaissaient. Reprenant contenance, Reed opina très brièvement et se leva de son siège. « Nous avons tous les deux étudié à Berkeley » finit-elle par répondre, se gardant bien de préciser la nature exacte de leur relation à l'époque. Armond sembla satisfait de la réponse mais ne put empêcher le malaise de s'installer tandis que Reed fixait Zadig, comme pour redécouvrir les traits d'un visage qu'elle avait cru oublié. « J'aurais du m'en douter... » Mais cela ne changeait rien. C'était peut-être même mieux. Car ce n'était plus l'étudiante qui lui faisait face, plus celle qu'il pouvait écraser d'un simple geste, plus celle dont il avait impunément brisé le cœur, cinq ans auparavant. C'était une femme, forte, complexe mais déterminée, sachant faire la part des choses entre un affect enterré depuis longtemps et un voyage d'affaires aux motifs tout ce qu'il y avait de plus professionnel. Armond dut sentir la tension naître et prétexta une raison fallacieuse pour s'éclipser de la pièce et les laisser seul à seul, pour la première fois depuis Berkeley. « Tu as l'air en forme » nota-t-elle avec un sourire entendu. « Être propriétaire du Bellagio semble te réussir. » Elle désigna le bureau d'un geste de la main et retourna s'asseoir. « Bien, je suggère que nous passions directement aux choses sérieuses, histoire de ne pas perdre trop de temps. » Son ton trahissait une nervosité retrouvée, et Reed constata, à son plus grand désespoir, que cinq années d'éloignement ne l'avaient pas rendue imperméable à l'attitude outrageusement arrogante de l'héritier Rosenbach. Mais cela n'avait pas d'importance ; quoi qu'ils aient vécu lors de leurs années estudiantines, cette époque était révolue.
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MessageSujet: Re: no rest for the wicked. (w/zadig) no rest for the wicked. (w/zadig) EmptyMar 30 Déc - 12:38

I was thinking how nothing lasts, and what a shame that is.
Some things last.



Il y avait de la douceur dans leur quotidien. Tous les matins, Zadig embrassait les cheveux or de Mackenzie, petite forme endormie sous les draps. Il se regardait dans la glace de la salle de bain, passait une main inquiète contre sa mâchoire carrée, laissait ses doigts décrire le contour de son menton. Il retournait la regarder, sa respiration qui se perdait dans la tiédeur de la chambre, il contemplait religieusement sa future femme, celle qui gardait son cœur emprisonné entre ses toutes petites mains. Il se glissait de nouveau dans le lit, caressait du bout des doigts sa peau, était récompensé d'un petit sourire mal éveillé. Seul moment entièrement doux d'une journée. Ce matin-là, quand Zadig ouvrit les yeux, il découvrit la place voisine désertée. La veille au soir, elle avait gueulé. Lui aussi. Ils s'étaient déchirés au pied des escaliers. Elle avait attrapé une valise, foutu deux trois vêtements dedans et l'avais refermé rageusement, en continuant de ravaler quelques sanglots. Elle avait courut jusqu'à la porte, il avait appelé son nom, elle s'était arrêtée sur le seuil, désespérément endeuillée de leur jolie vie. Il avait posé une main suppliante sur son épaule et elle lui avait dit que c'était pas la peine. La porte avait claqué, toute la maison avait accueilli l'écho du choc et il s'était retrouvé là, debout dans le couloir vide. La pluie avait commencé de marteler contre les vitres, avait dégouliné le long de la cloison transparente. Le lendemain il devait repartir pour Las Vegas, quitter leur nid tâché des miettes de leur entente. Quitter cette New-York menaçante, qui grondait dans un ronflement monstrueux, s'envoler vers les contrées qu'il connaissait le mieux. Dans trois mois, ils seraient de nouveau ensemble, heureux, et elle lui annoncerait qu'elle portait leur enfant. Mais en attendant, ils étaient mari et femme hurlant, essayant de se raccrocher à quelque chose, à ce pourquoi ils étaient ensemble. Leur amour. Et à ce jeu-là, Zadig perdait souvent, tant Mackenzie avait gagné son assurance à la seule force de ses larmes. Ce n'était pas la première fois qu'ils étaient séparé par la morosité grandissante de Zadig. Et plus elle partait, plus il perdait de sa brillance. Il se trouvait terne, fixait son reflet sans comprendre comment ils en arrivaient chaque fois là. Valise bouclée, costume arboré avec arrogance, il attrapait le téléphone, murmurait quelque chose à la boîte de messagerie aigrie de sa fiancée. « Mackenzie... Je pars pour Las Vegas dans une heure. Je reviens la semaine prochaine. La maison est toute à toi. Je... il marqua une pause, buta sur le mot désolé sans jamais réussir à le prononcer. Donne moi des nouvelles. » Bien sûr, elle aurait préféré qu'il reste, bien sûr qu'elle aurait voulu que par amour, il balaie d'un revers de main toutes ses obligations. Mais Zadig était fidèle à son statut de pdg plus qu'il ne l'était à la femme qui partageait sa vie. Il composa d'une main assurée le numéro d'Eileen. « Eileen, c'est Zadig. J'arrive à quinze heure au Bellagio, donne-moi le nom de la personne que je dois rencontrer, celle du label là... Je sais pas ce que fous ma secrétaire, mais j'ai rien reçu. Ai l'amabilité de me le donner, ce putain de nom. » il raccrocha, communiquant la colère offerte par Mackenzie au monde entier. Il attrapa la poignée de fer de sa valise, descendit les escaliers, sauta dans une limousine qui le conduisit à l'aéroport où son jet l'attendait. Zadig avait une emprise indéniable sur tout ce monde qui l'entourait comme une mélasse indistincte de cris, de couleurs, de parfums. Il savourait ce qu'il pouvait tout en continuant d'essayer de contrôler toute sa vie. Mais les choses lui échappait, glissait entre ses doigts, irrévérenscieuses volonté d'un destin généré par l'impitoyable providence.

- las vegas, sept. 2020 - Zadig entra triomphalement dans le sanctuaire de son pouvoir. Stature d'Apollon paradant au milieu des couloirs, frôlant les coûteuses décorations. Tout le monde le connaissait. Le fabuleux héritier Rosenbach qui marchait d'un pas de roi au milieu de son royaume. Beau de son charme particulier, la mâchoire carrée et le teint hâlé, une barbe de deux jours grimpant le long de ses joues, les lèvres fines pincées en une moue sérieuse, concentrée sur ce monde rutilant qui couinait autour du maître des lieux. Accompagné d'une cousine vissée sur talons aiguille, ils étaient les royaux tortionnaires de la plèbe employée. Ses pensées n'allaient que vers une Mackenzie sanglotante, le visage mouillé de grosses perles de cristal qui roulait le long de la falaise rosé de son visage. Aquarelle contrariée, elle avait disparut sous une averse grandissante qui avait dévoré sa silhouette de cordes de pluie, lâchées sur ses petites épaules. Il la voyait partir sans savoir la retenir et serrait les dents en pensant à ce spectacle-là, douloureuse scène qu'il rejouait encore et encore. Il repensa un instant à leur rencontre, à Berkeley, e monstre rectangulaire qui les avait bercé des années durant. Il repensait à la foule, comme l'écume échouée sur les rochers qui allait et venait, au gré d'une joyeuse volonté. Il repensait à tous ces souvenirs, soigneusement stockés à l'arrière de son crâne. Un visage lui revint, irrémédiablement, éclaboussa un instant l'image de son couple. Ridley Chamberlain. Cette fille, elle avait déambulé en impétueux fantôme entre ses tempes des mois durant. Drôle de poison que son amour pour elle, qui depuis le temps s'était délavé. Ne plus la voir avait aidé la guérison d'une plaie béante. Il était tombé amoureux d'elle. Il avait honte de reconnaître que c'était la seule femme qu'il avait aimé comme ça. Il aimait Mackenzie avec douceur et tendresse. Il avait aimé Reed avec passion, désespoir, violence. Il l'avait aimé d'un amour brutal, dévastateur, elle avait été l'ouragan de toute une vie. Une tempête, un incendie. C'était triste, cette façon dont l'histoire s'était terminée, refermée sur une page sanglante. Il repensait à cette fille-là avec une amertume contrite, s'armait de son amour pour Mackenzie pour la chasser de son esprit. Pourtant, certain soir, c'était un vent qui portait son nom qui soufflait dans son esprit. Moins ces dernières années. Sa maladie avait trouvé un remède, sa vie à deux avait doucement éclipsé cette passion-là, l'avait replacée au rang de simple amourette. Et avec les années, Zadig s'était contenté de ça, contenté de replacer leur histoire là où il croyait devoir la remettre. Il bifurqua dans un couloir, salua distraitement quelques travailleurs acharnés qui croyaient bon de lui servir de serpillière. Il n'avait toujours aucune indication sur la personne du label qui l'attendait, ce qui s'avérait être un cruel manque de professionnalisme. Faute de réussir à se concentrer sur quelque chose, une employée avait réussit à lui improviser un dossier sur cette femme, semblait-il, qui l'attendait. Il n'avait pas pris le temps de le lire, trop occupé à signer une menaçante paperasse qui se dressait en incroyable tour de Pise sur son bureau. Il soigna d'une main experte son apparence, replaça ses mèches cuivrées, massa du bout des doigts sa mâchoire dont les muscles pointaient sous la peau. Ce diable déifié, hissé au rang de maître d'une assemblée aveugle et obéissante, continuait de faire planer son ombre au dessus de ses acquis. Il ne rendait jamais ce qu'il avait pris, il gardait jalousement la moindre miette de son territoire, un sourd orgueil dictant ses faits et gestes. La fierté bombée comme son torse, il entra dans la salle de réunion où il devait recevoir cette anonyme dont le nom lui avait désespérément échappé toute la journée. Armond l'accompagnant jusqu'à la porte, l'ouvrit dans un drôle de grincement, sorte de présage déguisé dans le râlement d'un gond. Ils pénétrèrent dans ce petit salon aux allures intimes qu'il réservait à tous ses invités de marque. Une jeune femme était assise. Une jeune femme brune au visage dont l'ombre fuit quand elle tourna ses yeux vers lui. Son cœur rata un battement et pendant un instant, un long frisson de surprise mêlée à quelque chose de bien plus profond parcourut toute sa peau. De cette petite bouche rosée sortit son prénom, prononcé avec cet empressement amusé. « Ridley. » répondit-il en peignant le bas de son visage d'un faible sourire. Il utilisa son prénom complet, tenta de dresser la barrière verbale entre eux. Quand Mackenzie s'enfuyait, portée par son dégoût pour lui, Reed réapparaissait quand il était dépourvu d'armes, quand il ne pouvait pas se défendre son infaillible relation qui se délitait à mesure que les mois passaient. Il lui en voulait d'être là à ce moment précis de sa vie. De lui imposer sa présence, cette tentation défendue qui luisait sous l'éclairage artificiel du lustre. Elle expliqua en une simple phrase leur rencontre à Armond. Nous avons tous les deux étudiés à Berkeley. Il faillit lâcher un grand rire à ces mots. Que s'imginait-il ? Il s'imaginait deux étudiants vaguement amis, des saluts échangés dans les couloirs, des bouquins empruntés l'un à l'autre. Si seulement il savait. Mais Armond ne saurait jamais, non, il ne saurait jamais qu'ils avaient commencé à s'effeuiller par désespoir, puis parce qu'ils brûlaient de quelque chose de bien plus intime. Qu'ils s'étaient détesté, qu'il avait joué avec elle, qu'elle s'était effondré, littéralement, sous le poids des coups portés. Il ne saurait pas qu'il y avait eu l'ultimatum, puis le calme plat, qu'il y avait eu le viol, et que seulement là, porté par ce qu'il avait refusé d'admettre, il l'avait aimé du mieux qu'il pouvait. Il ne saurait pas, pour la prise d'otage, ni pour leur séparation. Il ne saurait jamais pour toute l'odyssée sanguinolente de leur passion. Alors oui, oui peut-être qu'être juste de vagues amis estudiantins à la face du monde c'était mieux. Armond partit, les laissant baigner dans la lumière d'un jour clair. « Toi aussi. » il sourit. « Alors comme ça, Ridley Chamberlain avait tout bonnement oublié que je gérais le Bellagio... Tu m'amuseras toujours. » drôle de tension entre ces deux-là, une électricité qui grésillait entre les deux corps mouvant, gênés par l'atmosphère dans laquelle se matérialisait toutes leurs envies. Il refusait de s'asseoir, tournait lentement dans la pièce, incapable de trouver une quelconque sérénité. « Alors tu as un label, maintenant. C'est vrai ça, j'avais presque oublié que t'étudiais en musique, à l'époque. … Ceci dit, on a juste ''étudié ensemble à Berkeley'', pas de quoi écrire un roman, n'est-ce pas ? » il laissa sa bouche s'arquer en un sourire entendu. Il se résolut à s'asseoir. Zadig laissa ses doigts frôler les pages du dossier, ses yeux parcoururent les caractères noirs sans réellement les lire. Son regard retourna un instant vers elle. Le temps avait réussit à Reed. Elle disposait toujours du même charme, de la même étincelle dans le regard. « Ne pas perdre de temps... il lâcha un petit rire faussement amusé. Commence, je t'écoute. » il se releva finalement, oubliant les politesses qui étaient de mises. Incapable de rester là, à la regarder parler sans laisser son corps entier traduire son désarroi. Il leva un index, lui faisant signe d'arrêter de parler de ce ton horriblement administratif. « Pour te donner toute mon attention, je préfère que tu répondes à ma question, premièrement. Laquelle sera : qu'est devenue Ridley Chamberlain ? » Il se pencha vers elle. « Profite, je m'intéresse à toi. »
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MessageSujet: Re: no rest for the wicked. (w/zadig) no rest for the wicked. (w/zadig) EmptyMar 6 Jan - 23:26

" Crazy or not, that kind of love never dies."

Elle se sentit frissonner sous le regard impitoyable de l'ancien bourreau. De l'ancien ami. De l'ancien amant. De celui qu'elle avait, un jour, considéré comme digne de son amour. Quelle folie, Reed Chamberlain ! Aimer Zadig Rosenbach et pire, croire qu'il pourrait te rendre cet amour. Parfois prise de nostalgie, elle se perdait dans les souvenirs de leur histoire passionnée, de celles qu'écrivent les grands auteurs, amoureux des belles histoires, de ces histoires qui n'existent que dans l'imaginaire collectif, qui font rêver tout le monde et qui prennent une tournure bien plus terre à terre une fois confrontées à la réalité de la vie. Elle avait appris, à ses dépends, que l'amour ne ressemblait pas à ce qu'on lisait, peu importait qu'on essayât de le construire sous ce modèle. L'amour passionné ne durait pas, et faisait mal. C'était là le seul constat qu'elle avait tiré de l'histoire qu'ils avaient brièvement écrite à deux. Quelques mois, tout au plus, qui avaient laissé une empreinte indélébile quelque part au creux de sa poitrine, dont elle se défendait encore maintenant, comme trop honteuse de reconnaître qu'elle avait aimé l'homme qui lui faisait face, avec une intensité qu'elle ne se soupçonnait même pas. Qu'elle l'avait aimé, et qu'elle n'avait jamais aimé personne comme elle l'avait aimé lui. Il prononça son nom, en entier, n'omettant aucune lettre, aucune syllabe, butant sur un prénom qui n'avait rien de familier, ni pour lui, ni pour elle. Elle comprit qu'il cherchait à mettre une distance entre eux, comme si, encore maintenant, il était nécessaire de le faire pour ne pas se brûler à nouveau les ailes. Armond quitta la pièce, visiblement désoeuvré devant l'étrange échange qui se jouait sous ses yeux. Alors, seulement, s'autorisa-t-elle à afficher un de ces rictus, à peine à un sourire, teinté de l'éternelle amertume qu'elle lui réservait. Elle s'assit, avec tout le professionnalisme dont elle était encore capable face à lui, croisa les jambes, joua, pendant quelques secondes, à la femme d'affaires intraitable. Elle le fixa de ses prunelles noisettes, sans se départir de son rictus, attendant l'inévitable vague de provocation qu'il ne manquerait pas de lui faire subir. Certaines choses ne changeaient pas, et Zadig comptait parmi elles. Elle l'avait su instantanément, dès que son regard avait croisé le sien, dès qu'elle l'avait vu feindre de ne pas se raidir en l'apercevant face à lui, bien étrange fantôme du passé revenu le tourmenter. A moins que ce ne fût l'inverse. Qui des deux avait le plus souffert dans la bagarre ? Qui avait le plus perdu ? Encore maintenant, Reed n'en était pas certaine. « Alors nous en sommes rendus à ça, à présent ? Tu m'appelles par mon prénom entier, comme si j'étais une vulgaire connaissance du passé ? » Elle ne pouvait le blâmer, alors même qu'elle l'avait décrit comme un simple étudiant ayant fréquenté Berkeley en même temps qu'elle. Quelqu'un qu'elle avait sans doute côtoyé de loin, comme l'on côtoie beaucoup de gens, mais qui n'avait rien signifié, qu'elle connaissait à peine, seulement le nom, vaguement la réputation. Un nobody, égaré parmi des milliers d'autres comme lui. Et c'était exactement ce à quoi il la réduisait, en utilisant un prénom que personne ne prenait plus la peine de prononcer en entier. Pas même ses parents, qui se fendaient d'un affectueux Reed, quand bien même il ne s'agissait pas du prénom qu'ils lui avaient choisi. Avait-elle oublié qu'il dirigeait le Bellagio ? Si elle voulait être parfaitement honnête, elle aurait été bien incapable de le dire. Son esprit fuyait certains souvenirs, les plus douloureux, vraisemblablement, les enfermait quelque part où elle n'y avait plus accès. Reed n'avait pas oublié, elle avait simplement, inconsciemment, il était vrai, de ne pas faire le rapprochement entre un hôtel parmi mille autres à Vegas et celui qui lui avait un jour dérobé un cœur qu'elle pensait hors d'atteinte. « Je suppose que ma mémoire est devenue sélective avec le temps. Tu sais, ne rester que sur les bons souvenirs, tout ça... » Elle lui adressa un sourire chargé d'hypocrisie. Devait-elle lui rappeler les circonstances plus que tragiques dans lesquelles il avait fait l'acquisition définitive du Bellagio ? Ou bien qu'il avait été prêt à risquer sa vie, pour l'appât du gain ? Zadig aussi semblait avoir une mémoire plus que sélective. « Serait-ce une pointe d'agacement que je sens dans ta voix ? Déçu d'être rabaissé au rang de camarade d'université ? » Peut-être auraient-ils du en rester à ce stade. Mieux aurait valu que leur relation ne prît jamais le tournant qu'elle prit. Les blessures avaient mis bien trop de temps à cicatriser, en comparaison avec la durée de leur histoire, relativement brève. L'affaire de quelques mois, peut-être un an, tout au plus. Comment avait-elle pu laisser une telle empreinte en elle, songeait-elle parfois, lorsqu'elle se laissait à nouveau aller à un élan de nostalgie. L'insubmersible Chamberlain, brisée en deux par nul autre que Zadig – qui n'avait pas été en reste, à son plus grand soulagement. Mais reconstruite, avec le temps et l'éloignement, pour devenir un semblant de femme d'affaires, à l'ambition dévorante et à l'assurance inébranlable. Sauf pour lui. Pour lui, elle était encore Reed Chamberlain, hantée par ses démons, gosse paumée mais endurante, passionnée mais inconsciente. Imaginait-il combien le temps l'avait changée ? « En effet, j'ai un label. Qui fonctionne plutôt bien, je dois le reconnaître » répondit-elle modestement. Zadig s'assit à son tour, laissant à Reed le loisir de l'observer davantage encore, pour constater qu'au contraire d'elle, les années ne semblaient pas avoir eu la moindre emprise sur lui. Il restait fidèle à lui-même, doté d'une arrogante beauté dont il usait et abusait pour obtenir ce qu'il souhaitait. Il prononça son prénom en entier, une nouvelle fois, et elle se fendit d'un sourire amusé. De la distance, encore de la distance. « Tu as peur de m'appeler par le nom que tu utilisais à l'époque, Zadig ? » Sa question élargit son sourire, cette fois franchement moqueur. Elle haussa un sourcil, refermer le dossier contenant les papiers nécessaires à la validation du projet. Elle garda la silence quelques secondes, faisant planer une étrange atmosphère dans la pièce. Elle le sentait rivé à des paroles qu'elle retenait, bien trop contente de le priver d'un tel privilège. Et lorsqu'enfin, elle sentit qu'il ne servait à rien de se taire plus longtemps, elle soupira. « Allons, je vais nous épargner à tous les deux ce temps que nous savons précieux. Ne me fais pas croire que tu t'intéresses à ma vie, la seule chose que tu veux savoir, c'est si je t'ai oublié. » Elle leva sa main gauche, ornée de sa bague de fiançailles. « Ceci devrait te donner la réponse. Tu n'espérais tout de même pas qu'après cinq ans, je sois encore folle de toi, si ? » Son regard se fit mesquin et elle réprima un rire mauvais. « Mais si tu veux vraiment tout savoir... » Elle marqua une pause, ménageant son auditoire. « Il s'appelle Ezra. Il est à peine plus âgé que moi, ingénieur issu du MIT, évidemment. Il est tout ton contraire. Gentil, drôle, prévenant, droit, sain. Pas étonnant que je sois tombée amoureuse de lui. Il m'a demandée en mariage il y a quelques mois, et c'était la demande la plus romantique au monde. Il avait commandé cent roses, préparé un dîner aux chandelles, et à la fin, il s'est agenouillé... Et j'ai dit oui, évidemment, comment ne pas vouloir épouser l'homme idéal ? » Elle en rajoutait, ce qui aurait pu paraître inutile si Zadig n'avait pas été le récipiendaire de son histoire. Où elle voulait en venir, elle-même n'en était pas certaine. Elle cherchait à remuer un couteau imaginaire dans une plaie qu'elle espérait encore béante. Une plaie à l'image de la sienne, jamais totalement refermée et toujours aussi facile d'atteinte. « La réponse te satisfait-elle ou tu veux plus de détails ? Je pourrais te raconter comment il me fait l'amour, aussi, mais je crains de ne pas pouvoir mettre des mots sur ce qu'il me fait ressentir. » Elle afficha à nouveau un sourire presque hargneux. « Tu as ta réponse, maintenant. Ridley Chamberlain est devenue propriétaire de son label, file le parfait amour avec un homme en or, et connaît enfin le bonheur. Et toi, Zadig ? Puisque nous en sommes aux politesses de circonstances, je vais feindre de m'intéresser pendant les deux prochaines minutes à ta vie. Je t'en prie, tu as toute mon attention. »
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MessageSujet: Re: no rest for the wicked. (w/zadig) no rest for the wicked. (w/zadig) EmptyVen 20 Mar - 23:58

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no rest for the wicked. (w/zadig)

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