Je ne savais comment agir mais une chose était certaine, il nous fallait discuter de tout ceci ouvertement. Après tout Mavis et moi étions dans la même situation. Pris au dépourvu par une annonce qui n’était pas des moindres ! Nous étions frères et sœurs, même si nous n’avions pas été élevés ensemble. Je fis part de mon avis sur « notre » père, connaissant désormais le fin fond de toute cette histoire que ma chère mère avait mis de tant de mal à cacher jusqu’à évincer la génitrice de Mavis. J’étais mal pour lui car jamais il ne rattraperait cette enfance et jeunesse auprès des siens, mais si je pouvais l’aider au jour d’aujourd’hui qu’une quelconque manière que ce soir alors je m’y tiendrais. J’étais encore tiraillée entre tous ses sentiments qui m’assaillirent. Mais Mavis était comme moi, il n’y était pour rien. Mais avait eu beaucoup moins de chance que moi…Il jugeait, se sentait mal et moi la dedans. J’étais la fille de celle qui avait privé le jeune homme à une vraie famille ! Je ne lui tenais pas rigueur de ses paroles, se confondant en excuses par la suite. Après tout ne devions-nous pas faire en sorte que tout se passe au mieux, si toutefois nous décidions de mieux nous connaitre ? Puis il semblait moins s’emporter, l’esprit plus apaisé ou plus tourmenté ? Allez savoir, que je revins face à lui, inspirant et déposant de nouveau mon sac à terre. Je l’observais, à voir si nous avions des traits physiques similaires, des manies, ou que sais-je encore…Je restais là, assise silencieuse avant de regarder ici et là cherchant mes mots peut-être…ou comment gérer toute cette situation. Si seulement il pouvait tenter de s’entendre avec mon père, notre père, que je n’avais pas revu depuis des mois d’ailleurs, après l’avoir fichu dehors…et sachant ce qui m’arrivait en ce moment, il était peut-être tombé à pic Mavis. Une nouvelle relation père-fils pouvait naitre entre eux, me laissant un peu de répit ou je pourrais m’éloigner d’eux petit à petit ne voyant pas ma déchéance…A croire que tout allait en ce sens. Le retour de ma maladie en force puissance dix-que personne ne savait, le cachant bien-, ma rupture avec Stephen, la cession de la galerie, la « rupture » d’avec mon père, et là, la venue de Mavis. Tel un enfant de substitution et qui venait à me soulager sans même qu’il ne le sache. Cela me soulagea au final de savoir que je n’étais pas unique au sein de ma famille Conway.
« Je n’ai pas dit ça… »
J’aurais aimé tant le connaitre, mais me voyant condamnée, je ne souhaitais pas non plus m’investir à nouer des liens si c’était pour rendre une personne de plus malheureuse…si je devais partir…Mais je ne souhaitais pas le lui annoncer, peut-être plus tard ou jamais…*Merde ! Ça lui ferait plaisir !*
J’avais le cœur serré de l’entendre dire cela. Baissant les yeux un tantinet, alors relevant les yeux sur sa personne, un léger sourire aux lèvres, je devais lui avouer que moi aussi cela me ravit même si le temps m’était compté…
« J’ai toujours voulu avoir un frère ou une sœur, comme quoi les miracles existent ! »
Une façon de lui avouer que j’étais contente de ne plus être seule pour diverses raisons et qu’IL était ce Miracle. Maintenant autant se lancer sur ce qui nous concernait réellement : la famille.
« Si tu as des questions, pose les moi, si je peux y répondre. Ca évitera de te torturer l’esprit, même si tout cela ne sera probablement pas facile à entendre. »
Connaissant le déroulement de toute cette tragédie qui n’était pas évidente, je supposais que pour Mavis la pilule serait dur à digérer, étant déjà pour moi un vrai supplice de savoir que j’étais la fille d’une abominable bonne femme !
Mon cœur battait la chamade, mes mains devinrent moites et ma gorge se serra sous une apparence décontractée mais l’estomac noué…