the great escape
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what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY

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MessageSujet: what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY EmptyDim 18 Aoû - 21:15

Le ciel semblait s'abattre sur ma tête, et je restais immobile. Incapable de bouger, osant à peine respirer. Sait-on jamais, au cas où une nouvelle tuile me tombe dessus...A vrai dire, depuis quelques temps, je me laissais aller. J'attendais, avachi sur l'un des canapés du salon de ma sœur jumelle, que les jours et les semaines passent. Je m'en voulais d'offrir un tel spectacle à Thaïs ; j'aurais aimé lui sourire, blaguer avec elle, lui changer les idées. Elle aussi n'avait pas la vie facile, ces derniers temps. Nous nous soutenions du mieux possible – mais malheureusement, aucun de nous n'avait suffisamment de force pour relever l'autre. Nous nous contentions d'être présent, de partager de longs moments ensemble, en espérant que cela suffirait pour que nous puissions nous ressourcer, et avoir de nouveau le moral. Pour le moment, les résultats étaient plutôt mitigés – nous n'allions pas mieux, mais nous n'allions pas pire non plus. Je n''avais de force ni d'entrain pour rien. Je me sentais étrangement fébrile, et rien ne m'intéressait. Au contraire ; tout me paraissait plat, insipide, sans intérêt. Mon psychologue, informé de mes derniers exploits, avait sous-entendu que j'étais en train de m'enfoncer, doucement mais sûrement, dans une dépression. Inutile de préciser que j'avais très mal réagi à cette éventualité ; je m'étais levé, posant un regard assassin sur cet abruti de pseudo-médecin, et j'étais sorti sans un mot. Matthias Dupont de Calendre ne tombe pas en dépression ; c'est un soldat, et en cette qualité, il se doit de rester fort et droit. Avais-je été formaté par l'armée, et par mes expériences malheureuses ? Très certainement. Je ne m'en étais jamais caché. Jusqu'à maintenant, j'avais accepté et assumé l'image véhiculée par l'armée ; celle d'un homme qui n'était pas innocent, mais qui avait fait le bien pour sa patrie. Cependant, aujourd'hui, cette image s'était retournée contre moi. Désormais, j'étais le soldat entouré de mystères, qui a commis des atrocités, et qui avait été fortement soupçonné de meurtre. Je n'étais pas un saint – je le reconnaissais sans problème. Néanmoins, je n'estimais pas mériter tous les malheurs qui me tombaient dessus en ce moment. Je n'avais que trop souffert, dans ma courte et misérable vie. J'ai soupiré, quittant avec précipitation le canapé confortable du salon de ma sœur. Cette dernière posa un regard interrogateur sur moi, auquel je répondis par un simple hochement de tête. Le crépuscule tombait sur San Francisco ; à mon sens, c'était le meilleur moment de la journée pour sortir. Je voulais croiser le moins de monde possible, et éviter au maximum les étudiants de Berkeley. Malheureusement pour moi, je ne pourrais pas agir de la sorte éternellement. La rentrée était sur le point d'avoir lieu, et je n'aurais pas d'autre choix que d'affronter les regards suspicieux et interrogateurs des autres. L'arrestation du coupable, une Bêta que j'avais dû croiser deux ou trois fois dans ma vie grand maximum, ne changerait pas les fantasmes que s'étaient imaginés les étudiants. Il y a des rumeurs et  des réputations qui ont la vie dure, et tant pis pour ceux qui en subissent les conséquences. La mort dans l'âme, je déambulais dans le couloir pour regagner ma nouvelle chambre. Je me suis posté face à mon armoire, les yeux perdus dans le vague et la gorge nouée. Plus faible et plus perdu que jamais, j'étais d'un pathétique navrant. Si j'avais eu un tant soi peu de force, j'aurais ricané à la vue de mon reflet dans le miroir. Les yeux fatigués, les joues creusées et mal rasées, la démarche hésitante : l'ancien militaire que j'étais avait clairement perdu de sa superbe. Résigné, j'ai secoué la tête et ouvert l'armoire pour prendre un short et un sweat. J'espérais qu'une séance de footing m'aiderait à faire le vide ; j'en avais cruellement besoin. Avant de quitter la maison, je fis un détour par le salon, pour indiquer à ma sœur que je sortais. « Je vais courir. Ne m'attends pas, ça risque de durer. » Murmurais-je. Frustré et déprimé, je comptais bien me défouler jusqu'à m'écrouler de fatigue. « Et j'ai une clé ! » M'exclamais-je avant de refermer brusquement la porte derrière moi. Le poids qui me paralysait les entrailles se fit plus présent, plus pesant au fur et à mesure que je m'éloignais de ma sœur jumelle. Les lèvres pincées, et le cœur lourd, j'ai chassé ces pensées parasites le plus loin possible de mon esprit.

Mes premiers pas me menèrent à la plage, là où j'avais pris l'habitude de courir les matins, pendant que l'aube se levait. C'était le seul moment où je sortais à découvert, peu inquiet de croiser âme qui vive. J'avais espéré qu'il en serait de même lorsque le crépuscule serait bien installé ; ce n'était malheureusement pas le cas. Les étudiants profitaient des derniers jours de vacances, et avaient décidé d'investir les étendues de sable fins de Californie. J'ai longé les allées artificiellement créées, oubliant mes envies de sport. Je voulais être le plus discret possible – ne pas attirer les regards, et surtout, me faire oublier. Les éclats de rire qui me parvinrent jusqu'aux oreilles me rappelèrent ô combien ma vie était à la fois plate et inintéressante. Tessa et moi-même avions rompu. Elmas était occupée, et profitait de ses retrouvailles récentes avec sa jumelle. Kilian aurait sans doute été présent, s'il avait été dans les parages. Mais ce n'était pas le cas, et je devais composer sans mon vieil ami. Alaina brillait par son absence – à tel point que j'en venais à me demander si elle avait un jour été mon amie. Depuis notre baiser, j'avais bien évidemment remarqué qu'elle était plus distante. Je ne lui en avais jamais voulu, et je ne l'avais jamais blâmée pour cela. Elle voulait garder ses distances, sans doute vis-à-vis de Tessa. C'était tout à son honneur, mais ce n'était clairement plus d'actualité. Navré, je constatais que la Gamma m'avait abandonné au pire moment. Pourquoi ? Avais-je fait quelque chose de mal ? J'avais pensé pouvoir compter sur elle, et ce n'était pas le cas. Encore une cruelle désillusion. Au fur et à mesure que je me rendais compte de cet échec, je sentis la colère monter en moi. Et, surtout, une furieuse envie de m'expliquer avec Alaina – et accessoirement de lui en mettre plein la tronche – se fit ressentir. Aussitôt, je pris la direction de l'université. Je voulais une confrontation face à face, plutôt qu'une vulgaire explication par téléphone. Agacé, et pourtant déterminé, j'ai rabattu la capuche de mon sweat sur ma tête. Rejoindre le campus ne me prit pas plus d'une demi-heure. D'un pas décidé, je suis entré dans le pavillon des Gamma, et je suis monté jusqu'à l'étage des chambres. Le pavillon était étrangement calme – avant une tempête imminente, évidemment. La tête toujours couverte, et baissée vers le sol, j'ai frappé à la porte de la chambre de la Gamma. Patiemment, j'ai attendu une réaction. Par chance, elle ne tarda pas à m'ouvrir. Nous échangeâmes un regard entendu, puis j'esquissais un pas dans sa chambre. Ce n'est qu'à ce moment là, une fois certain d'être à l'abri des regards indiscrets, que j'ai retiré ma capuche. Je me suis retourné vers Alaina, les lèvres pincées et le regard noir. « Ravi de te revoir. » Lâchais-je froidement, plus ironique que jamais. Le silence s'installa, jusqu'à ce que je reprenne la parole. « T'étais où exactement ? » Demandais-je, la voix neutre, alors que mes yeux balayaient le sol. J'étais encore debout, et je surplombais Alaina de nombreux centimètres ; néanmoins, j'avais l'impression d'être celui qui était à terre. « Hein ? T'étais où, pendant que ma vie s'effondrait et que je vivais un cauchemar éveillé ? T'étais où, quand les flics sont venus me chercher ? » Les questions s'enchaînaient, sans que je ne puisse m'arrêter. J'aurais aimé me taire, laisser un peu de répit à la Gamma – au moins pour lui donner l'occasion de se justifier. Mais j'en étais incapable. « Je sais que d'ordinaire tu ne prêtes pas attention aux rumeurs, et c'est tout à ton honneur. Mais là, alors que ces fameuses rumeurs me concernaient, tu ne t'es pas posée de questions ? Tu ne t'aies pas demandée si c'était vrai ? » Demandais-je, incrédule. Je n'étais pas non plus du genre à écouter les racontars, mais je ne pouvais pas m'empêcher de les entendre. J'étais persuadé qu'il en était de même pour Alaina. Et si jamais la Gamma avait été aussi durement touchée que je l'avais été, j'aurais fait un pas vers elle. « Tu ne t'aies pas dit que je pouvais avoir besoin de toi ? De ton soutien, de ton réconfort ? » Interrogeais-je à demi-mot. Je concluais, la gorge nouée : « Je pensais que tu étais mon amie. »
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MessageSujet: Re: what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY EmptyLun 23 Sep - 2:03




What goes around comes around

matthias+alaina. Au cours des années marquées par l’horreur et le deuil, Alaina Selwyn avait su prendre une habitude et s’y complaire plutôt que d’agir de façon plus constructive : se morfondre dans sa misère. Bien que n’ayant jamais été particulièrement égocentrique, la jeune femme avait, bien tôt, acquis la coutume de passer longuement en revue chaque détail déprimant de sa vie et d’en mesurer les conséquences sur son moral, qui se retrouvait alors systématiquement au plus bas. Et les anciennes habitudes ont la dent dure, en particulier dans le cas de la jeune femme qui, depuis près de dix ans, ne manquait jamais une occasion à chaque fois qu’elle se sentait au plus bas de prendre un moment pour repenser à tous les événements dévastateurs qu’elle avait connus au cours de sa courte vie. Dans la mesure où 2013 n’avait pas été synonyme de beaucoup de joies pour Alaina, ces moments de blues avaient été particulièrement abondants, apportant systématiquement avec eux leurs lots de flash-back déprimants. Entre une douloureuse rupture dont elle n’était toujours sûre de s’être remise et un été plus morose que jamais, la rouquine avait rarement vu son moral aussi miné. Le meurtre du bal de fin d’année et toutes les conséquences que celui-ci avait entrainées avaient eu un impact abominable sur Lanie. Elle se sentait dans une série de mauvais goût où les catastrophes les plus dévastatrices ne cessaient de frapper à chaque fois que l’ambiance semblait un peu trop calme. Déjà passablement traumatisée par la tuerie qui avait eu lieu un peu plus d’un an plus tôt, elle aussi lors d’un bal devenu tristement célèbre, elle avait eu l’impression d’être replongée dans un cauchemar éveillé lorsque la tragédie eut à nouveau frappé Berkeley. Heureusement pour elle, elle avait décidé de ne pas se rendre au bal de cette année, alitée avec 39 degrés de fièvre, et n’avait par conséquent pas eu à vivre la catastrophe de près. Elle avait ainsi échappé assez rapidement aux interrogatoires aussi insistants que désagréables auxquels avait été soumise la totalité de la population de l’université. Mais ce n’est pas pour autant que le fameux meurtre n’avait pas eu son petit effet sur elle – tout comme les autres, elle s’était retrouvée dans l’impossibilité de prendre des distances avec les récents événements en s’éloignant du campus et avait passé un été des plus déprimants, rythmé par les interrogatoires, les soupçons des uns à l’égard des autres, les murmures au sujet de bien des étudiants, les rumeurs les plus folles et une humeur générale orageuse. Inutile de préciser que depuis la disparition tragique de sa mère, Lanie avait un rapport à la mort des plus difficiles. Incapable de ne pas y penser, elle laissait depuis toujours ses pensées la hanter et la tourmenter, les stimulant plutôt que de tenter de les oublier. Entre ses cauchemars quotidiens et sa tendance à se morfondre plus que de raison, Lanie avait fini par développer un sentiment de sainte horreur à l’égard de ce phénomène pourtant parfaitement naturel, mais devenu à ses yeux d’une perversion et d’une atrocité sans pareilles. Le meurtre de cet été l’avait donc proprement traumatisée et plongée dans un état de terreur difficilement surmontable. La jeune femme s’était repliée sur elle, ne prenant que rarement des nouvelles de ses proches, passant le plus clair de ses journées dans sa chambre ou dans les endroits les plus isolés auxquels elle avait accès. Elle s’était effacée à tel point que bon nombre de ses connaissances en étaient venues à se demander où elle avait bien pu disparaître.

Parmi ces personnes pour le moins perplexes figurait Matthias. Lanie avait bien entendu eu vent de toutes les rumeurs qui concernaient son ami et avait fait de son mieux pour les ignorer. Simplement, l’établissement d’un lien, aussi fin et incertain fût-il, entre Matthias et toute cette histoire avait eu un effet catastrophique sur Lanie. Déjà rendue passablement incapable de prendre la moindre initiative à l’égard de quiconque, elle avait encore moins trouvé le courage de lui parler à lui. Elle savait pertinemment qu’elle viendrait à regretter ce comportement, car elle devinait sans peine que, maintenant plus que jamais, Matthias devait avoir besoin de son soutien et de sa présence. Mais elle n’avait pas une seule fois trouvé la force de ne serait-ce que lui envoyer un simple message pour prendre de ses nouvelles. L’idée de parler de ce qui était arrivé avait suscité en elle une crainte insurmontable, et celle d’évoquer un rapport, bien que certainement totalement erroné, entre le meurtre et Matthias, était tout simplement inconcevable. Pas une seule fois la pensée que Matthias pût être le coupable n’avait effleuré Lanie, et pourtant, elle avait fini par se comporter comme si c’était le cas. Elle savait qu’il lui en voudrait, qu’il se sentait probablement déjà abandonné et qu’il devait être plongé dans l’incompréhension la plus totale. Après tout, ils avaient tous deux déclaré être amis, malgré les quelques ambiguïtés qui étaient venues s’immiscer dans leur relation. Encore aujourd’hui, Lanie se reprenait à songer à ce baiser importun qu’ils avaient échangé le soir de sa rupture avec Lenny, alors qu’elle était venue chez lui en larmes et en quête de réconfort. Et, de la même manière, elle songeait régulièrement aux sentiments qu’elle avait fini par développer à l’égard de Matthias, des sentiments qui n’avaient aucunement leur place dans l’amitié proposée par ce dernier. Automatiquement, depuis qu’ils s’étaient expliqués quelques mois plus tôt, elle avait commencé à prendre ses distances, ne faisant jamais le moindre premier pas comme elle avait eu l’habitude de le faire avant l’existence de ce fameux baiser et de tous les sentiments que celui-ci avait suscités chez elle. À chaque fois que lui l’appelait, elle faisait comme si de rien n’était, affichant une façade enjouée et insouciante, et avait espéré s’en tirer comme ça jusqu’à ce que ses sentiments finissent par s’estomper, faute d’une solution plus avenante. Mais, bien entendu, maintenant, c’était à elle de prendre des nouvelles de Matthias et pas l’inverse. Nouvelles qu’elle n’avait pas réclamées une seule fois.

Et si Lanie se remémorait volontiers chacun de ses faux pas et mauvais souvenirs, il n’en allait absolument pas de même lorsqu’il s’agissait des conséquences qu’elle allait devoir affronter. Du coup, elle évitait systématiquement de penser à ce qui arriverait le jour où elle reverrait Matthias, et où elle n’aurait  plus d’autre choix que d’expliquer son comportement égoïste – d’autant plus qu’elle ne voyait absolument pas ce qu’elle pourrait bien lui sortir pour justifier le mal qu’elle lui avait probablement causé en agissant aussi injustement. Autant dire qu’à force de jouer les autruches en se convainquant que cette confrontation n’arriverait pas de sitôt, elle n’était absolument pas préparée à mener cette entrevue. Ce qui était assez problématique dans la mesure où celle-ci était bien plus imminente qu’elle ne l’imaginait…

Ainsi, lorsqu’elle entendit trois coups secs frappés sur sa porte, Lanie n’avait pas la moindre idée de la tempête qui allait s’abattre sur elle. Surprise dans la mesure où cela faisait maintenant assez longtemps qu’elle n’attendait plus de visites, elle se contenta d’enfiler une robe de chambre par-dessus sa nuisette, qu’elle n’avait même pas pris la peine d’enlever depuis qu’elle était debout, et se dirigea vers la porte pour aller l’ouvrir. Son visage déjà blafard et aux traits tirés et creusés pâlit encore un peu plus lorsqu’elle reconnut la silhouette élancée et familière de Matthias. Sans un mot, elle s’effaça pour le laisser entrer après avoir croisé son regard dépourvu de la moindre chaleur – elle avait rarement vu ses prunelles aussi dures et froides. À peine eut-elle refermé la porte que la voix du jeune homme s’éleva dans la petite pièce, bien plus glaciale encore que le regard qu’il lui avait lancé en entrant. Elle se tourna vers lui, découvrant le visage fermé et pas beaucoup plus reposé que le sien de Matthias, maintenant qu’il avait retiré sa capuche. Sa première phrase la frappa de plein fouet, et elle ne sut quoi répondre. Mais cela ne sembla pas être un problème pour Matthias, qui ne tarda pas à poursuivre, enchainant les questions à une vitesse telle qu’elle n’aurait pas eu le temps de répondre à la moindre d’entre elles – mais de toute façon, elle n’aurait su quoi dire. En trente secondes, il eut tôt fait de résumer tout ce qu’elle avait été incapable de voir en face au cours des dernières semaines. Elle ne put s’empêcher de baisser le regard lorsqu’il évoqua les policiers, les épreuves qu’il avait dû traverser, et la solitude qu’il avait connue à cause d’elle. Elle qui, d’ordinaire, avait un répondant quasiment infaillible, se retrouva totalement muette et à court de mots. Le glas sonna lorsqu’il affirma qu’il avait cru qu’elle était son amie, assenant ainsi une ultime claque verbale à Lanie, qui n’avait franchement pas fière allure devant tant de reproches si terriblement justes. Un petit silence s’installa, et elle réalisa bien vite qu’il attendait des explications – et pas des moindres. Mais elle était tellement sonnée par tant de véhémence, de colère et de déception impossibles à ignorer qu’elle ne parvenait pas à trouver la moindre parole susceptible de racheter tout le mal qu’elle avait infligé à son ami – ami qui ne semblait plus se considérer comme tel, après tout ce qu’elle avait fait, ou plutôt, tout ce qu’elle n’avait pas fait.

Au bout de quelques secondes aussi lourdes que longues, elle finit par ouvrir la bouche, le regard toujours rivé sur ses pieds. « Je… » Que pouvait-elle bien dire ? Toutes les phrases, toutes les excuses qui lui passèrent par la tête lui semblèrent terriblement dérisoires. Une fois de plus, il était parvenu à lui faire ressentir combien elle avait un comportement indigne d’une amie, et une fois de plus, elle constata qu’elle était seule coupable d’une situation de crise qui plus que jamais semblait sans issue. Elle faisait piètre figure, figée devant lui, la tête baissée, la gorge nouée, le corps tremblant. Même sa voix s’était faite toute petite et tremblante lorsqu’elle reprit la parole. « Matthias, je… je ne sais pas quoi dire. Je sais pas quelle excuse pourrait me sortir de là. Je sais pas ce qui pourrait t’apaiser… J’ai déconné… encore une fois. » Elle avait pertinemment conscience qu’en prononçant ces misérables paroles, elle ne ferait probablement qu’attiser davantage sa colère. Elle ne pouvait pas se résoudre à lever les yeux pour observer sa réaction, terrifiée par ce qu’elle pourrait lire dans les prunelles de Matthias. Sa voix n’était qu’un pâle murmure, et Lanie était bien loin de la jeune femme téméraire et impertinente qu’elle avait l’habitude d’être et que Matthias avait découverte lors de leur première rencontre. Maintenant, elle tenait davantage du petit oisillon tombé du nid que de la Gamma type. « Toute cette histoire… Ça m’a plongée dans un état pitoyable. J’avais pas la moindre idée de comment j’étais censée réagir tellement c’était mortifiant. J’avais pas la force d’en parler à quiconque… Et je sais que j’aurais dû prendre soin de toi, mais la vérité, c’est que je savais même pas comment m’occuper de moi. C’est pas une raison, mais c’est la seule que j’ai. » Elle eut l’impression qu’il allait se remettre à pester, et rassembla ses dernières onces d’énergie dans une tentative désespérée d’expliquer l’inexplicable – d’autant plus que Matthias ne connaissait rien de son passé et qu’elle n’avait par conséquent pas la moindre circonstance atténuante, à part celle d’être une pauvre égoïste un peu trop impressionnable. « Bien sûr que j’ai entendu ce qu’on disait sur toi… Bien sûr que j’ai pensé à toi. Ça me démangeait… Mais je sais pas ce qui m’a pris, j’ai juste… » Sa voix se brisa, et elle fut incapable de poursuivre, alors elle se contenta de se tenir là, la tête baissée, pathétique et désemparée, prête à se ramasser le flot de reproches le plus terrible qu’elle ait jamais connu.  
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MessageSujet: Re: what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY EmptyVen 18 Oct - 4:30


Je la regardais froidement, me retenant avec grand peine de tourner les talons pour partir d'ici. L'air était irrespirable, l'atmosphère électrique, et je supposais que ça n'allait pas aller en s'arrangeant. J'aurais aimé faire table rase de cette erreur cruciale. J'aurais aimé oublier son silence pesant, et son absence prolongée. J'aurais aimé lui trouver une excuse valable, mais je réalisais que j'en étais finalement bien incapable. J'avais essayé, pourtant. Plusieurs fois. J'avais émis tout un tas d'hypothèses, qui lui avaient sauvé la mise pendant un temps.  Un temps considérablement long, quand on savait que je n'étais pas d'une patience phénoménale. Je m'étais dit qu'elle avait eu mieux à faire, et qu'elle avait eu ses propres soucis à régler. Ce qui était le cas du commun des mortels, n'est-ce pas ? Quoiqu'il en soit, ma petite parade illusoire avait fonctionné. Pendant un temps seulement : un jour, deux jours, trois jours, peut-être un peu plus. Et puis ça avait commencé à me sembler suspect. J'avais remarqué l'absence de la Gamma, et je n'avais pu m'empêcher de penser que cela était étrange. Pourquoi disparaîtrait-elle au cours d'une enquête policière, alors que tout le monde savait pertinemment qu'elle n'était en aucun cas mêlé à toute cette affaire ? Le temps des questions sans réponse avait finalement laissé place au temps de la lassitude. Trop de questions, pas assez de réponses, et des problèmes dans lesquels j'avais eu tout le loisir de me noyer. Alors j'avais  momentanément mis de côté mes légères inquiétudes concernant la Gamma, pour me laisser ensevelir sous les accusations sans fondement, et les drames de la vie. Et lorsque j'avais retrouvé un semblant de calme – au moins en apparence – l'absence d'Alaina m'avait sauté aux yeux. Et plutôt que de lui chercher des excuses toutes plus stupides les unes que les autres, j'avais fini par prendre un air pincé. Ça m'avait agacé, puis carrément gavé. Purement et simplement. J'avais été déçu par son comportement. Déçu par son abandon – parce que c'était bien de cela qu'il s'agissait : un abandon. Comment pouvait-on se prétendre être l'amie de quelqu'un, et le laisser tomber à la première épreuve ? Ça me dépassait complètement. À la réflexion, je constatais qu'il y avait bien des choses qui me dépassaient, dès lors que ça touchait de près ou de loin à Alaina. Relation trop complexe, personne trop ambivalente ; avec elle, j'avais rarement su sur quel pied danser. Notre amitié avait été parsemé de hauts et de bas, le tout variant au gré de nos humeurs de chien, et de nos comportements parfois ambigus. « C'est simple, aucune excuse ne pourrait te sortir de là, comme tu le dis si bien. » Sifflais-je, glacial. Mon regard était noir, et montrait clairement que j'étais là pour une seule et unique chose : régler mes comptes. La suite de la conversation s'annonçait difficile. « Parce que tu n'as aucune excuse. » En disant cela, j'espérais bien faire comprendre à la Gamma que peu importe le flot de parole qui s'échapperait de ses lèvres, rien ne pourrait racheter sa conduite minable. Elle me trouverait sans doute dur et cruel, mais je ne faisais qu'exposer ce que je ressentais, au plus profond de mon être. J'avais été blessé – plus que je ne l'aurais voulu, je l'admettais. Moi qui n'aimais pas être pris par surprise, ou voir mes sentiments prendre le pas sur le reste, je devais reconnaître que je m'étais fait avoir comme un bleu. « Et va te faire voir, avec tes envies d'apaisement. À cette heure-ci, j'ai envie de tout, sauf d'être apaisé. » Les mots sonnent et raisonnent, mais ne trouvent aucun écho. Je suis en colère, déçu et frustré. Le cocktail était explosif, et dans ces cas là, mieux valait ne pas faire un pas de travers.


« Ouais. T'aurais dû. » Acquiesçais-je en ricanant. Alaina venait de me prouver qu'elle savait parfaitement comment elle aurait dû se comporter. Elle venait de me prouver que, d'une certaine façon, elle avait envisagé – ou tout du moins songé – à cette éventualité. Mais les actes n'avaient pas suivi, et c'était bien ça le problème. « C'est ce que tous mes vrais amis ont fait. » Déclarais-je, insistant volontairement sur le « vrais ». Pourquoi ? Afin de lui faire comprendre qu'elle n'en faisait pas partie. Cruel, moi ? Non, simplement désabusé. Et malheureusement pour moi, ça n'allait pas s'arranger. « Tu ne sais pas comment t'occuper de toi ? » Répétais-je, glacial. C'était la phrase de trop, celle qui n'aurait jamais dû franchir la barrière de ses lèvres. « Mais qu'est-ce que tu crois au juste, hein ? Que j'ai le contrôle sur tout, et que je dirige ma vie d'une main de maître ? Non ! Et c'est pareil pour tout le monde ! On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, voilà tout ! »  M'exclamais-je, désabusé. Je crois que je n'avais pas été aussi expressif depuis bien longtemps. Excepté avec ma sœur, bien évidemment. Il faut croire que ces dernières semaines avaient été trop éprouvantes – ou la déception trop grande – pour que je réussisse à tenir ma langue. « Alors cesse de jouer les filles en détresse, ça ne prend pas avec moi. Grandis un peu, et tâche de te comporter en adulte, pour une fois. » Ajoutais-je, cinglant. J'étais hors de moi, et si elle tentait de plaider sa cause en se faisant passer pour une pauvre petite victime, ça ne risquait pas de s'arranger. Je fis quelques pas dans la chambre de la Gamma, en prenant soin de lui tourner le dos. J'ai fermé les yeux pendant quelques secondes, tentant de reprendre le contrôle de mes émotions. « T'as entendu les bruits qui courraient sur mon compte, et t'as rien fait. Ni appelé, ni même bougé le petit doigt. Ça me dépasse. » J'étais dans l'incompréhension la plus totale, et je ne cherchais même pas à m'en cacher. J'ai secoué la tête, indiquant par là que je ne voulais pas en entendre plus. Pourquoi faire, de toute façon ? Je ne voulais pas que ses mots et excuses viennent parasiter une situation qui était déjà suffisamment compliquée. Mais la Gamma profita de ce court silence pour à nouveau prendre la parole. Et une fois de plus, ses mots me firent bondir. « Ouais, t'as juste. C'est bien ça le problème. Ça t'a démangé, mais c'est tout. Point final. Aucun mot, aucune action. » Lâchais-je, acerbe. « Et c'est bien ça le problème. Tu peux prétendre ce que tu veux, mais les faits sont là : je ne peux pas compter sur toi. » C'était méchant ? Peut-être bien que oui, mais ça avait au moins le mérite d'être sincère. Et véridique. La suite serait au moins aussi tranchante. J'estimais avoir été suffisamment patient, et suffisamment gentil avec la Gamma. Je n'avais pas l'habitude de pardonner, de donner des secondes chances. Or, avec Alaina, j'avais passé mon temps à le faire. J'avais balayé d'un revers de main les petits couacs et travers qui avaient ponctué notre relation. Je l'avais consolée et rassurée. J'avais fait de mon mieux pour qu'elle se sente à l'aise, qu'elle oublie sa peine, et qu'elle recommence à sourire. « J'ai toujours été là pour toi. Toujours. » Répétais-je, insistant volontairement sur l'adverbe. Je remuais le couteau dans la plaie, mais c'était plus fort que moi. Je ne digérais pas son abandon, et j'étais plein de rancœur à son égard. « A chaque fois que ça a merdé pour toi et que tu es venue me trouver, j'étais là. Je t'ai ouvert ma porte, et j'ai fait ce que tout ami se doit de faire. » Et plus si affinités, souviens-toi. Je ne regrettais rien de ce que j'avais fait ; je la considérais sincèrement comme une amie, et être présent pour elle dans les moments difficiles m'avait semblé naturel. « Même lorsque l'on était en froid, j'étais là. » Surtout lorsque l'on était en froid, à la réflexion. Mais passons. De toute façon, cette querelle serait sans fin – j'étais trop en colère pour espérer oublier son silence et son absence des dernières semaines. Alors plutôt que de m'acharner encore un peu sur la Gamma, autant mettre fin à cette conversation au plus vite. « Je suis déçu, et je me sens trahi. » Avouais-je, sans pour autant épiloguer sur mes sentiments. La Gamma me connaissait suffisamment pour savoir les épanchements sentimentaux et / ou lacrymaux n'étaient définitivement pas ma tasse de thé. « Je te considérais comme une amie. J'avais toujours pensé que le jour où je serais au fond du trou, tu aurais été l'une des premières à me tendre une main amicale. Je pensais que tu aurais fait acte de présence, et que tu aurais tenté de me rassurer. À ta façon, avec tes mots. Mais le monde entier m'est tombé dessus dernièrement, et  tu as pointé aux abonnés absents. » Amère constatation. Un court silence s'installa, mais ne s'éternisa pas. Je n'avais plus rien à ajouter ; désormais, la situation était clarifiée. Plus besoin de faire semblant lorsque l'on se croisait dans les couloirs. Chacun allait reprendre sa vie de son côté, point final. « Je crois que l'on n'a plus rien à se dire. » Finis-je par prononcer, sans sourciller. L'indifférence dont je faisais preuve à ce moment même faisait froid dans le dos – mais c'était pour mon propre bien. Je me protégeais et me blindais, à ma façon. Et au diable ce que les gens pouvaient en penser.
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MessageSujet: Re: what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY EmptyMar 19 Nov - 6:06




What goes around comes around

matthias+alaina. Horrifiée, Alaina commençait tout juste à réaliser à quel point la situation dans laquelle elle s’était fourrée cette fois-ci était critique et visiblement sans échappatoire. À force de remettre à plus tard ce qu’elle savait pourtant pertinemment qu’elle devait faire, elle avait atteint un point de non-retour et l’animosité dont faisait preuve Matthias en ce moment même en témoignait parfaitement. Elle avait beau se creuser la cervelle, elle ne savait absolument pas quoi faire ni que dire pour se tirer de ce mauvais pas. Même si elle avait eu le courage de lui dire la vérité, toute la vérité, cela n’aurait probablement en rien arrangé la situation. Alaina envisagea, l’espace de quelques instants, la possibilité risible de se confesser de  A à Z : d’une part, la distance qu’elle avait tenté de prendre ces derniers temps par rapport à Matthias dans l’espoir d’oublier les sentiments qu’elle nourrissait à son égard et qui n’étaient clairement pas les bienvenus, comme il le lui avait bien fait comprendre lors de leur discussion au ski ; d’autre part, la terreur que lui inspirait toute situation qui avait un rapport quelconque avec la mort. Pendant tout le temps qu’avait duré l’enquête, à chaque fois que quelqu’un avait mentionné le sordide meurtre de ce bal devenu tristement célèbre, Alaina avait senti un profond malaise proche de la panique, sentiment impossible à ignorer et à apaiser. Elle avait vécu toute cette affaire dans une angoisse permanente qui l’avait projetée dix ans en arrière, lorsqu’elle avait vu sa vie entière s’effondrer. La tristesse, la colère, l’incompréhension et le deuil qu’elle avait alors ressentis n’étaient jamais totalement partis, et plutôt que de panser ses blessures, Alaina avait, fidèle à elle-même, adopté la technique de l’autruche en tentant d’enfouir au plus profond d’elle-même tout ce que lui inspirait la tragédie de la mort de sa mère. Cela n’avait évidemment pas fonctionné le moins du monde, comme le prouvaient les cauchemars qui la hantaient encore aujourd’hui, toutes les nuits sans exception, et qui lui faisaient systématiquement revivre cette nuit d’horreur. Mais en journée, Alaina faisait tout pour échapper à ces pensées morbides, redoutant plus que tout de les confronter. Et tout ce qui pouvait lui rappeler l’horreur qu’elle avait traversée, elle avait pris l’habitude de le fuir comme la peste. Cela concernait donc aussi meurtre et l’enquête qui s’étaient déroulés pendant tout l’été, et, par conséquent, le rôle que Matthias avait pu jouer ou non dedans. Alaina prenait maintenant pleinement conscience de l’absurdité totale de son raisonnement et de la stupidité dont elle avait fait preuve en l’écartant de sa vie sous prétexte qu’elle ne pouvait supporter la perspective de parler de la mort de quelqu’un ; mais sur le moment même, ce même raisonnement lui avait paru tout à fait logique et même impossible à ignorer. Alors, maintenant, que pouvait-elle bien faire ? Elle était bien trop pudique pour toucher ne serait-ce qu’un mot de toute cette histoire à Matthias, et elle savait que, de toute façon, il ne serait pas enclin à lui prêter une oreille attentive alors qu’il ne voulait visiblement qu’une chose : se défouler une bonne fois pour toutes pour ce qu’elle lui avait infligé en disparaissant de la circulation dans un moment aussi important. Et même s’il avait eu la patience de l’écouter, il l’aurait ensuite d’autant plus envoyée bouler qu’il estimerait son explication profondément lamentable. Lanie savait tout cela, et elle n’avait pas besoin de faire une tentative pour se rendre compte que son hypothèse était fondée. Elle avait appris à connaître Matthias et savait que, en particulier dans des moments comme celui-ci, mieux valait éviter de se lancer dans des discours larmoyants et égocentriques.

La rouquine fut néanmoins surprise de la véhémence des propos de Matthias. Elle avait pourtant eu bien des occasions de le voir en colère et de l’entendre des propos pour le moins désagréables, mais là, c’était pratiquement de la haine qui suintait à travers chacun des mots qu’il prononçait. Lanie accusa le coup en silence, estomaquée d’une part et d’autre part désireuse de ne pas envenimer davantage cette situation pour le moins catastrophique. L’agressivité dont faisait preuve le Iota était d’autant plus pénible à supporter que maintenant, ils étaient censés être amis, et proches en plus de cela. Ce n’était plus une paire d’inconnus qui s’insultaient à cause d’un projet de psychologie, mais deux personnes qui avaient déjà vécu pas mal de choses ensemble et entre lesquelles de tels propos ne devraient même pas exister. Mais c’était précisément là le problème – Alaina ne s’était pas comportée comme l’aurait fait une amie digne de ce nom, et Matthias le lui faisait bien comprendre en adoptant un comportement lui aussi bien loin d’être amical. Frappée de plein fouet par les accusations véhémentes de Matthias, Lanie encaissa le choc, ne réagit même pas lorsqu’il lui dit d’aller se faire voir, ni lorsqu’il sous-entendit clairement qu’elle n’était pas une vraie amie, et se tut encore lorsqu’il la qualifia de gamine. La tentation de baisser la tête était grande, mais elle s’efforça de soutenir avec difficulté le regard assassin de Matthias alors que des flots de paroles pleines de colère franchissaient ses lèvres sans même laisser le temps à Alaina de dire quoi que ce soit pour sa défense – de toute façon, elle aurait eu bien du mal à formuler la moindre phrase cohérente, tant elle était prise de court par l’ampleur de la rage de Matthias. Mais elle se rendait bien compte qu’elle ne pourrait pas se taire indéfiniment, et qu’elle ne pouvait pas le laisser la couvrir de reproches sans même dire un mot, quand bien même avait-il raison. Elle ne désirait pas le contredire, et était prête, une fois n’est pas coutume, à assumer les conséquences de ses bêtises. Mais elle ne pouvait pas non plus tout laisser passer, endurer la souffrance que lui infligeaient chacune des paroles de Matthias et rester enfermée dans son mutisme. Aussi finit-elle par prendre la parole alors qu’il l’accusait de ne pas être digne de confiance – des propos qui l’atteignirent de plein fouet et qui la blessèrent considérablement plus qu’elle n’aurait voulu l’admettre, car Alaina avait toujours mis un point d’honneur sur la loyauté dont elle faisait preuve avec les personnes à qui elle tenait. Elle parla donc, mais sa voix n’était toujours qu’un murmure, bien ridicule en comparaison avec la froide colère qui teintait les paroles de Matthias. « C’est pas aussi simple que ça, Matthias… » Elle aurait voulu avoir ne serait-ce qu’une chance de s’expliquer, mais il n’était visiblement pas de cet avis car il l’interrompit aussitôt, clamant à raison que lui, contrairement à elle, avait toujours été présent et digne de confiance. En réalisant qu’il avait raison, Alaina n’y tint plus et baissa les yeux, complètement abattue par le flot de paroles destructrices du jeune homme. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et s’efforça de les réprimer, peu désireuse d’être encore plus lamentable qu’elle ne l’était déjà. Alors qu’il parlait, elle repensa à toutes ces fois où, en effet, il avait été là pour elle alors que leur relation n’était pas au beau fixe – et elle repensa à ce fameux baiser qui avait bouleversé leur relation à tout jamais et sans lequel ils n’en seraient probablement pas là aujourd’hui. Elle fut tirée de ses pensées par la conclusion de Matthias, qui exprimait sa déception et sa désillusion. Ce fut le coup de grâce, et une larme solitaire perla au coin de son œil pour ensuite rouler le long de sa joue livide. Il avait fini de parler, avait visiblement dit tout ce qu’il avait sur le cœur, et maintenant, elle pouvait prendre la parole – mais elle ne s’en sentit pas capable. À quoi bon ? De toute façon, rien ne pouvait réparer les dégâts qui avaient été commis par sa faute. Matthias semblait penser la même chose car il décréta qu’ils n’avaient plus rien à se dire. Sa façon de le dire, cette manière d’évoquer explicitement ce qu’ils avaient toujours redouté dans leurs moments de disputes, était terriblement blessante et rendait la fin de leur amitié terriblement concrète. Horrifiée, Alaina regarda la haute silhouette de celui qui avait été son ami, et qui lui tournait désormais le dos. Non, elle ne pouvait pas le laisser tout jeter à la poubelle. Même si c’était visiblement peine perdue, elle devait se battre pour l’en empêcher. « Alors c’est tout ? Tu vas t’en aller et ne plus jamais m’adresser un seul regard ? » La terreur que lui inspirait cette idée était accompagnée d’un sentiment de révolte qui semblait ramener une partie de son tempérament téméraire et grande gueule. Ses yeux étaient humides et sa voix tremblante, mais son ton n’avait plus rien à voir avec celui qu’elle avait employé quelques minutes plus tôt. « Je sais que j’ai été pourrie et que j’ai été une amie indigne. J’ai entendu tout ce que tu m’as dit, et crois-moi, c’est pas le genre de paroles qui me passent au-dessus de la tête. Et je suis désolée, infiniment désolée, pour toute la peine que je t’ai causée. Je me déteste d’avoir été aussi nulle et je sais que rien ne peut m’excuser. Mais merde, Matthias, tu penses vraiment que je voulais juste te faire comprendre que j’en avais rien à foutre, que cette situation me faisait plaisir ? Je peux comprendre qu’aucune raison ne puisse te paraître valable, mais tu ne VEUX même pas comprendre. Je suis la seule personne en tort et jamais je ne le nierai, mais tu ne peux pas me diaboliser comme ça, et puis m’annoncer qu’on n’a plus rien à se dire. » Désespérée et à bout de nerfs, elle sentit une vague de frustration la submerger à la vision de Matthias qui lui tournait toujours le dos. « Et regarde-moi quand je te parle ! Regarde-moi, putain ! », s’exclama-t-elle, tirant sur son bras dans une tentative futile de le forcer à lui faire face. Un sanglot s’échappa de ses lèvres, et elle resta là, à attendre que la silhouette gigantesque de Matthias daigne lui faire face.
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MessageSujet: Re: what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY EmptyDim 1 Déc - 21:55

Spoiler:

« Non. Bien sur. » Lâchais-je, faussement compréhensif et donc plein de sarcasme. « Avec toi, c'est toujours plus compliqué. Tu as toujours une bonne excuse. Eh bien cette fois-ci, je suis désolé, mais ça ne va pas passer. » J'annonçais ça sur un ton très badin, sans pour autant parvenir à cacher la colère qui montait en moi. Je me moquais clairement d'elle, de ses excuses, et des mille bonnes raisons qu'elle allait prochainement m'énumérer pour justifier de son comportement indigne d'une vraie amie. Je ne m'étais pas toujours bien comporté avec elle, je le reconnais. Le début de notre relation avait été plutôt chaotique, mais nous avions tous deux su passer au-dessus de nos préjugés. L'amitié qui en avait découlé avait été sincère, bien que souvent houleuse. La faute à nos deux forts caractères, et à nos tempéraments volcaniques. Notre relation avait mille fois chancelé, mais nous avions toujours su faire un pas vers l'autre. Mais pas cette fois. Je n'en étais tout bonnement pas capable. Je considérais son silence et son absence comme une faute impardonnable. Cette fois-ci, ça avait été l'erreur de trop. La goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. S'il y avait bien quelque chose que l'on ne pouvait pas me reprocher, c'était d'être quelqu'un de loyal. Je l'étais peut-être un peu trop, d'ailleurs. Cette qualité me jouait des tours, bien trop souvent à mon goût. J'avais tendance à attendre des autres qu'ils soient identiques, des personnes à qui l'on pouvait faire confiance ; mais ça n'arrivait que rarement. Très rarement. Trop rarement. J'ai prononcé quelques mots laconiques, plein d'amertume et de rancœur, avant de me détourner d'Alaina. Voilà, le point final à cette amitié venait d'être mis. Ou pas. La Gamma avait l'air d'en avoir décidé autrement – elle tentait désespérément de me retenir, mais je n'avais qu'une envie : déguerpir. Je ne voulais pas qu'elle m'embrouille l'esprit avec ses paroles, ni qu'elle me supplie, ni qu'elle cherche à me retenir. Elle ferait mieux de faire l'autruche, comme elle avait su si bien le faire jusqu'à maintenant dans les moments cruciaux. J'écoutais attentivement son discours, sans pour autant lui faire face. Insolence, quand tu nous tiens. « T'as raison. Je ne veux pas comprendre. Je ne veux surtout pas comprendre, à vrai dire. » Sifflais-je, avant de lui accorder un dernier plaisir – me retourner pour lui faire face. J'ai ricané alors qu'elle me disait que je ne pouvais pas mettre un terme à notre amitié de cette façon, puis j'ai secoué la tête. « Pourquoi, tu voudrais peut-être que l'on s'embrasse une dernière fois avant que je ne te tourne définitivement le dos ? » C'est méchant, c'est mesquin, c'est cruel, et c'est du Matthias tout craché. Je lui avais balancé cette incartade au visage – ce point de non retour que l'on avait atteint, bien des mois plus tôt. C'était à partir de là que les choses avaient commencé à foirer, et au fond de moi, je crois que je l'avais toujours su. « Je pense que toi comme moi, nous avons mieux à faire. » Et bam, voici le coup de grâce. Je me détourne une nouvelle fois du visage blême et plein d'incompréhension d'Alaina, et je quitte sa chambre sans même sourciller.

Je venais à peine de quitter la chambre de la Gamma que déjà, mon téléphone portable sonna. J'ai jeté un coup d’œil rapide, déjà prêt à décliner l'appel. Cependant, le nom qui s'affichait sur l'écran, à savoir celui de mon avocat en France, me fit arquer un sourcil ; je n'avais pas d'affaire en cours, et je supposais que son appel signifiait qu'il s'agissait de la fin de ma tranquillité. J'ai décroché, murmuré un vague « Allo ? » qui montrait à quel point j'étais peu rassuré. Ma vue se brouilla, alors que je me perdais dans la contemplation du mur du couloir. Ma main gauche se posa sur mon front, tandis que j'hochais la tête, au fur et à mesure que mon avocat m'exposait les faits. Mais j'avais déjà décroché, peu enclin à parler des banalités ; ce coup de téléphone n'était pas de mauvaise augure, et je m'attendais à ce que l'homme au bout du fil confirme mes pensées. « Abrégez, s'il vous plaît. » Demandais-je en fermant les yeux, après avoir pris appui contre le mur. Je n'ai pas tourné la tête en voyant une chevelure flamboyante s'avancer vers moi. À ce moment précis, Alaina Selwyn était le cadet de mes soucis. Tout ce que j'avais pu lui dire, toute la rage et colère que j'avais pu ressentir à son égard venait de s'envoler. J'avais d'autres problèmes, sans doute de sérieux problèmes, bien plus importants qu'une histoire de rancune et de rancœur. « L'avocat de votre père m'a contacté plus tôt dans la journée. Ils veulent engager une nouvelle procédure suite à... » Mon avocat se tut, ne sachant sans doute pas comment amener sur le tapis cette histoire de garde à vue. Il devait craindre ma réaction – ce que je pouvais comprendre. « Suite à la garde à vue et aux soupçons qui ont pesé sur moi lors de cette enquête. » Je suggérais plus que je n'affirmais – j'avais toujours un espoir, infime certes, mais espoir quand même, que l'avocat me contredise. Mais il balaya mes doutes en une phrase, courte mais révélatrice : « C'est ça. » Boum. Une fois de plus, mon fragile univers venait d'en prendre un coup. Le sol aurait pu se dérober sous mes pieds que je n'aurais pas réagi – au contraire, je me serai laissé engouffrer avec un plaisir non feint. Ma vie allait, une fois de plus, prendre une tournure cauchemardesque. « Monsieur Dupont de Calendre ? » L'appel résonna au creux de mon oreille, mais n'obtint pas de réponse. Je me suis assis dans le couloir, mon dos toujours posé contre le mur. Je me sentais tout à coup épuisé, tout à coup abattu. Je baissais les bras, tout simplement. « Matthias ? » Osa finalement l'avocat, murmurant mon prénom comme pour me faire réagir. Nous avions beau être séparés par des milliers de kilomètres, je devinais aisément que mon avocat devait avoir l'air soucieux et peiné. « Ne vous laissez pas dépasser, je m'occupe de tout. Continuez à vivre comme si de rien était. Je sais que c'est un coup dur pour vous, mais ce n'est qu'une petite procédure... Je devrais normalement régler ça rapidement. » J'ai tiqué à l'entente de l'adverbe – normalement. Depuis quand ma vie était-elle normale ? J'aurais tout donné pour être un étudiant lambda, avec un passé commun, et une vie basique. J'aurais tout donné pour pouvoir revenir à ce fameux jour où ma vie avait commencé à foirer sévèrement. J'aurais pu garder un œil attentif sur mon petit frère, et la suite de ma vie aurait été complètement différente. « Bien. » Finis-je par murmurer, sans trop y croire. « Tenez-moi au courant. » J'allais mettre fin à cette maudite conversation, mais un détail me vint à l'esprit : il ne fallait pas que mes proches soient au courant. Surtout pas – pas besoin qu'ils s’inquiètent plus pour moi qu'ils ne le sont déjà actuellement. « Ne dites rien à ma sœur ou à ma mère. » A l'autre bout du fil, j'entendis l'homme soupirer. Je savais qu'il n'allait pas aimer l'idée, et ce pour deux raisons : premièrement, parce qu'il estimait que lors de ce genre d'épreuves, on devait être soutenu, et deuxièmement, parce qu'il connaissait bien ma mère et qu'il n'était pas à l'aise avec l'idée de lui cacher des choses aussi importantes. « C'est moi qui vous paye, alors exécution. » Sifflais-je, avant de brusquement raccrocher. Voilà qui est dit. J'ai posé mes coudes sur mes genoux, avant de baisser la tête. J'aurais voulu disparaître sur le champ, mais évidemment, rien ne se passait jamais comme je l'espérais. Je me sentais épuisé, fatigué par toutes ces procédures juridiques. N'aurais-je donc jamais la paix ? J'abandonnais, un point c'est tout. « Tu peux tracer ton chemin, il n'y a rien à voir. » Murmurais-je à l'intention d'Alaina, sans relever la tête vers la Gamma. Ou sinon, si ça te fait plaisir, tu peux m'achever sur le champ. Je t'en serai éternellement reconnaissant. Mais elle était têtue, et j'étais persuadé qu'elle n'opterait pour aucune des deux options. Emmerdeuse jusqu'au bout. « Vas-y, défoule-toi, je ne suis plus à ça prêt. » Sifflais-je en relevant les yeux vers elle, l'air mauvais. Et puis ce n'est pas comme si je ne l'avais pas mérité. C'est ce qui s'appelle un juste retour de bâton.
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MessageSujet: Re: what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY EmptyMer 4 Déc - 6:24




What goes around comes around

matthias+alaina. Alors que les reproches véhéments de Matthias s’enchainaient à une vitesse effrayante, un détail en particulier attira l’attention d’Alaina, et la mortifia encore plus – si une telle chose était toutefois possible, compte tenu de l’horreur qu’elle ressentait déjà en réaction à tout ce que lui balançait le Iota. Elle remarqua en effet bien rapidement qu’à la différence de leurs précédentes disputes, au cours desquelles le ton était souvent monté tout comme leur agressivité à chacun, cette fois-ci, il semblait presque prendre plaisir à la blesser. Il ne l’engueulait pas seulement pour soulager ce qu’il avait sur le cœur, et se montrait volontairement blessant. C’était là un comportement qu’Alaina ne lui avait jamais connu, et qui l’en affecta d’autant plus. Matthias alternait cruauté délibérée et indifférence glaciale et l’effet obtenu était des plus dévastateurs. L’image qu’il lui renvoyait d’elle-même était tellement ingrate, tellement détestable, qu’Alaina se demanda quelle ampleur pouvait bien atteindre la haine qu’il semblait éprouver envers elle à cet instant précis. Une interrogation des plus désagréables et blessantes, car Alaina accordait énormément d’importance à l’avis de Matthias. Et il était évident qu’en ce moment, celui-ci ne lui était pas des plus favorables. Pour toutes ces raisons, il paraissait évident que leur amitié était désormais révolue. Mais Lanie ne pouvait s’y résoudre – pas même après toutes les abominations qu’elle avait dû entendre au cours des dernières minutes. Elle refusait d’y croire, quand bien même la situation était clairement sans issue. À de nombreuses reprises – trop nombreuses, d’ailleurs – elle avait mis entre parenthèses son amitié avec Matthias, pour des raisons plus ou moins valables, généralement parce qu’elle avait l’impression qu’en prenant du recul, elle se porterait mieux. Mais à chaque fois qu’elle s’était éloignée,  c’était en gardant à l’esprit qu’un jour, tout s’arrangerait, même si elle ignorait comment. Le passé l’avait confortée dans cette voie, car Matthias et Alaina avaient beau être les pros des engueulades, ils étaient également les pros des réconciliations, et aucune dispute n’avait su résister bien longtemps. Mais apparemment, cette fois-ci avait été la fois de trop, et cette constatation était insupportable pour la rouquine, qui réalisait à quel point elle tenait à Matthias. Bien sûr, elle l’avait toujours su – ce n’était un secret pour personne qu’elle adorait le jeune homme et qu’elle tenait énormément à lui. Mais comme toujours, ce n’est que lorsqu’on a perdu une personne que l’on se rend compte à quel point celle-ci nous était importante – primordiale, même. La simple idée de ne plus jamais pouvoir compter Matthias parmi ses proches était intenable. Alors Alaina avait rassemblé ses dernières forces dans une tentative désespérée et vouée d’avance à l’échec de retenir Matthias, de lui faire revoir  sa décision. Mais le jeune homme était têtu, et orgueilleux – des traits de caractère qu’il partageait indubitablement avec la Gamma, mais à un degré supérieur. Lanie n’avait pas beaucoup d’espoir, mais elle ne pouvait pas rester là, les bras croisés, à voir s’effondrer cette relation qu’elle chérissait tant mais qu’elle avait négligée de façon impardonnable, comme le lui avait si bien fait comprendre Matthias. Elle était donc préparée à une réaction négative – du moins, elle pensait l’être. Car l’indifférence glaciale, voire le mépris, qui coulait de la réponse de Matthias fut bien plus difficilement supportable qu’elle ne l’avait pensé. Il lui donnait raison, mais absolument pas pour les raisons qu’elle aurait voulu. Et lorsqu’il finit enfin par lui faire face, laissant échapper ce ricanement détestable, il lui asséna un coup encore dix fois plus douloureux que tout ce qu’il avait pu lui dire jusqu’alors. Il avait osé évoquer ce baiser que tout deux avaient voulu oublier d’un commun accord. Pire, la manière dont il l’avait évoqué, pleine de mépris et de moquerie, était insupportable. Lanie en fut estomaquée et eut l’impression de ressentir une douleur physique à l’entente de cette réplique. Jamais elle ne l’aurait cru capable de faire preuve d’une telle méchanceté à son égard. Il venait clairement de lui faire comprendre qu’il savait exactement ce qui se tramait dans sa petite tête rousse. Qu’il n’ignorait rien des sentiments indésirables qu’elle nourrissait à son égard depuis des mois – et que, tout comme elle, il ne sous-estimait pas l’ampleur des conséquences qu’avait eues ce maudit baiser. Ce baiser qu’elle lui avait volé sans jamais vraiment savoir pourquoi, ni comment, et qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Lorsqu’ils avaient enfin eu le courage d’en parler, des semaines après les faits, elle s’était excusée et il l’avait rassurée en affirmant avec fermeté qu’elle n’était pas seule fautive et qu’elle ne devait pas se flageller pour ce qui était arrivé. Mais là, des mois plus tard, il revenait dessus avec une mesquinerie telle que toutes les paroles rassurantes qu’il avait prononcées lors de cette fameuse discussion au ski auraient aussi bien pu ne jamais avoir existé. En une simple phrase, il était parvenu à faire renaître toute la gêne, tout le malaise et toute la culpabilité qu’elle avait initialement ressentis après l’avoir embrassé alors qu’il avait une petite amie et qu’elle venait de se faire larguer par Lennon. Et surtout, une fois de plus, il avait employé un ton odieux qui ne manqua pas de faire son petit effet. Car en parlant ainsi, il se moquait ouvertement des sentiments qu’elle avait pour lui, et à cause desquels elle avait précisément pris ses distances, intimement convaincue que jamais il ne voudrait d’elle et qu’il valait mieux laisser couler de l’eau sous les ponts jusqu’à ce que les choses redeviennent normales. Mais il fallait bien croire que ce moment n’arriverait jamais, et Matthias y veillait avec un plaisir sauvage, s’acharnant à  être le plus blessant possible – et cela fonctionnait à merveille, car Lanie était incapable de dire quoi que ce soit, trop estomaquée par ce qu’elle entendait. Ce ne fut que lorsqu’il affirma froidement qu’ils avaient tous deux mieux à faire, piétinant ainsi encore un peu plus les sentiments d’Alaina, qu’elle trouva la force de murmurer : « Va te faire foutre. » Jusque là, elle était parvenue à soutenir son regard, malgré les larmes qui lui brouillaient la vue et qui coulaient silencieusement le long de ses joues livides. Mais à l’instant où elle eut prononcé ces quatre mots, elle détourna le regard, non pas par crainte de sa réaction, mais tout simplement parce que c’était au-dessus de ses forces. Il avait gagné, il était parvenu à lui infliger tout le mal qu’il voulait, peut-être même plus. S’il avait espéré lui rendre la monnaie de sa pièce en la faisant souffrir autant qu’elle avait pu le faire souffrir lui en étant absente lorsqu’il avait eu besoin d’elle, c’était réussi. Car lorsqu’il quitta la pièce, Alaina n’était plus qu’un monticule de larmes et de sanglots silencieux, complètement mortifié par la scène qui venait de se dérouler dans sa chambre.


   
   
   

Le silence qui régna après le départ de Matthias était presque aussi assourdissant que les éclats de voix qui l’avaient précédé. Matthias n’était plus là, mais Alaina pouvait encore sentir sa présence partout dans la pièce, sa colère, sa rancœur, sa méchanceté – un trait qu’elle ne lui avait encore jamais connu, et dont la découverte à ses dépens était difficile à avaler. En apparence, la pièce était exactement comme elle l’avait été avant l’entrée fracassante de Matthias, pourtant, elle avait l’impression d’être une rescapée d’un ouragan qui avait tout dévasté sur son passage. Mais les dégâts étaient intérieurs, et Lanie était encore sonnée par toute la violence que Matthias était parvenu à placer dans ses propos. Elle resta figée là où il l’avait plantée, les bras croisés, complètement mortifiée. Dans le couloir, elle entendit une sonnerie de téléphone – celle de Matthias. Elle entendit la voix du jeune homme s’élever, encore empreinte de la colère qu’il avait exprimée quelques instants plus tôt. Elle ne parvint pas à comprendre ce qu’il disait, mais, au bout de quelques minutes, un pressentiment la poussa à aller, elle aussi, dans le couloir, pour voir ce qui se passait. Elle ne savait absolument pas pourquoi elle s’acharnait de la sorte – après tout, Matthias avait été assez clair en lui disant qu’il ne voulait plus d’elle dans  sa vie. Et elle aussi éprouvait, à côté du choc, de la tristesse et de la détresse, une certaine dose de colère suite à la dernière remarque du Iota. Elle ne parvenait d’ailleurs pas à penser à autre chose, raison pour laquelle son amertume à l’égard de Matthias semblait presque éclipser le reste. Mais malgré tout cela, elle sortit de sa chambre et posa son regard sur la haute silhouette du jeune homme, dont l’humeur ne s’était visiblement pas améliorée. Elle semblait même empirer avec la seconde, car le voilà qui se laissait glisser le long du mur pour s’asseoir par terre, sa voix guère plus qu’un murmure lorsqu’il reprit la parole. Elle s’approcha précautionneusement, sans savoir pourquoi, sans savoir ce qu’elle allait faire. Lorsqu’il finit par raccrocher, elle le toisa sans mot dire, les bras croisés. L’espace d’un instant, elle eut l’impression qu’elle allait ressentir une satisfaction sauvage en le voyant souffrir un tant soit peu, après toute la douleur qu’il venait de lui infliger – les larmes de la rouquine n’avaient toujours pas séché, et il lui faudrait probablement des jours, voire des semaines pour digérer la scène qui s’était déroulée quelques minutes plus tôt dans sa chambre. Mais lorsque Matthias lui murmura de s’en aller, la colère de Lanie sembla s’évanouir comme par magie. Alors qu’elle aurait dû être agacée par les paroles du jeune homme, il n’en fut rien. Et sa colère ne revint pas même lorsqu’il la provoqua, posant sur elle des yeux dans lesquels brillait une lueur de défi. Mais quelque chose avait changé, et Lanie ne crut pas à la dureté que Matthias s’efforçait de faire transparaître. Il ne fallait pas être un génie pour détecter la détresse qui habitait le jeune homme, et qu’aucune colère ou agressivité ne parviendrait à camoufler. Alors oui, Matthias méritait sans aucun doute une paire de claques et quelques insultes bien placées, mais avant tout, il avait besoin de réconfort. Ses yeux semblaient presque émettre un appel à l’aide, et Lanie décida rapidement qu’elle ne pouvait l’ignorer. Pour la première fois, elle parvint à faire ce que Matthias avait tant de fois fait pour elle – mettre de côté son ressentiment pour lui venir en aide. Après tout, même s’il ne voulait plus d’elle, elle serait toujours là pour lui, et c’est à ce moment-là qu’elle s’en rendit compte. Même s’il était trop tard pour eux, elle ne pouvait se résoudre à réitérer l’erreur qui lui avait coûté leur relation. Alors, sans même prendre la peine de répondre, elle avança vers lui, s’accroupit face au jeune homme et l’enserra dans ses bras. Elle n’avait jamais été tactile, mais il lui avait appris qu’un geste pouvait parfois avoir plus de sens que mille mots. Sans même craindre qu’il ne la rejette, elle le serra contre elle, et enfouit sa tête contre l’épaule du jeune homme. Et alors qu’elle lui avait intimé d’aller se faire voir quelques minutes plus tôt seulement, elle murmura au bout de quelques instants : « Je suis là. » Elle aurait sans doute dû prononcer cette même phrase il y a des semaines, et elle savait qu’il était tard – trop tard. Mais cela lui importait peu – elle avait compris la leçon, et elle tenait à ce qu’il sache que, s’il voulait encore d’elle, elle serait toujours là pour lui.

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MessageSujet: Re: what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY EmptyVen 20 Déc - 4:22


« Je ne peux pas croire que ça m'arrive. Pas encore... » Murmurais-je à voix basse, la tête baissée. Mes mains se posèrent sur mes tempes, tandis que j'essayais de faire le vide dans ma tête. Malheureusement pour moi, rien ne semblait pouvoir me faire oublier cette conversation avec mon avocat. Les mots qu'il avait prononcé résonnaient encore au plus profond de mon être. J'avais l'impression d'être retourné quelques années en arrière – la seule différence étant qu'aujourd'hui, une suspicion de meurtre venait fraîchement d'être ajoutée à mon dossier. « Ça n'en finira jamais. » Concluais-je, alors que les mots, empreints d'une tristesse non feinte, venaient mourir au bord de mes lèvres. Non, j'en avais désormais la confirmation : jamais mon géniteur n'abandonnerait. Jamais il ne me laisserait vivre en paix. Il continuait de vivre (ou de survivre, peu importe), tapi dans l'ombre, scrutant mes moindres faits et gestes, attendant avec avidité le plus léger des faux pas, attaquant avec force et colère dès lors qu'une brèche se présentait à ses yeux. C'est bas, c’est petit, c'est mesquin. Mon père – ou, comme je me plais à l'appeler, mon géniteur – est un monstre, un vil serpent qui attend que vous soyez affaibli pour mordre. Un lâche, qui justifie ses actes, ses propos et ses actions par une vive blessure survenue quelques années plus tôt – la perte de son dernier né, son plus jeune fils.

J'ai relevé les yeux vers la Gamma, qui avait décidé, comme à son habitude, de ne pas écouter ce que je lui disais. En d'autres circonstances, je me serais sans doute énervé après elle. Je lui aurais balancé deux trois phrases bien placées, bien douloureuses, afin de la faire fuir au plus vite. Mais pas maintenant. Non, au contraire : à ce moment précis, j'étais bien content qu'Alaina soit une tête de mule, une emmerdeuse qui fait exactement le contraire de ce qu'on lui ordonne. Je ne l'avouerai jamais à voix haute, mais j'avais cruellement besoin de soutien. Et où pourrais-je en trouver, si ce n'est auprès de mes amis ? Léo-Alisson m'aurait sans aucun doute ouvert ses bras pour me réconforter, si j'avais eu la force de me traîner jusqu'à ses appartements. Mais je me sentais trop épuisé pour faire quoique ce soit – y compris me relever. Pathétique à crever. Le soldat est à terre ; mettez-lui une dernière balle, et achevez-le dans les plus brefs délais. «  Va t'en. » Réclamais-je à voix basse, alors que l'étreinte rassurante de la Gamma venait m'envelopper. Je ne comprenais pas pourquoi elle était là à me réconforter, alors qu'il y a à peine quelques minutes de cela, je l'avais traitée comme une moins que rien. « Va t'en. » Répétais-je, sans aucune certitude dans la voix. Les mots disaient quelque chose, mais l'attitude allait dans le sens opposé. Ma tête s'était posée sur l'épaule d'Alaina, et mes doigts avaient agrippé son haut. Geste purement irréfléchi et incontrôlé, dû au désespoir qui m'avait assailli. « Je sais qu'il n'y a rien qui joue en ma faveur, mais je ne l'ai pas tué. Je le jure, je ne l'ai pas tué. » Répétais-je, ma voix se perdant dans les aigus sous le coup de l'émotion. Mais j'avais l'impression que quoique je fasse, quoique je dise, ça ne m'aiderait pas. Tout finirait par se retourner contre moi, tôt ou tard. À moins que... non, Alaina me devait bien ça. Alors pour une fois, et contrairement à d'habitude, je me suis montré étonnamment bavard. « On n'a pas été suffisant attentifs, c'est vrai. On ne voulait pas lui faire de mal. On n'a jamais voulu ça. Jamais... » Je me perdais dans des déclarations véridiques, mais décousues. Le discours était incohérent, notamment pour une personne parfaitement étrangère à ces faits – survenus au cours d'une froide matinée de Janvier. Ce jour là, le lendemain du Nouvel An, ma vie avait pris un tournant inattendu, et avait radicalement changé. Ce perte brutale m'avait fait tout remettre en cause ; ma famille, mes amis, ma petite amie, mes espoirs, mes projets, ma vie. Rien n'avait été épargné ; c'était comme si un ouragan était passé, s'en était allé, et avait laissé derrière soi un champ de ruines – moi, en l'occurrence. « Mais comment on aurait pu deviner qu'un tel drame allait survenir, hein ? » Demandais-je en croisant le regard d'Alaina. La question était purement rhétorique – personne n'aurait pu prévoir qu'un tel accident allait avoir lieu. Nattéo, Thaïs et moi-même avions été négligents – c'était d'une évidence nette. Mais toutes les spéculations que notre géniteur avait formulé n'étaient que pures inventions, pures fictions, purs fantasmes. Ça avait été tout et n'importe quoi ; des accusations de jalousies et de névroses, en passant par l'abandon, allant jusqu'au meurtre avec préméditation. Depuis la disparition tragique de mon petit-frère, Nattéo, Thaïs et moi avions tout entendu dire ; néanmoins, une seule chose était restée permanente et clairement définie : selon notre géniteur, il était évident que j'étais la tête pensante de ce drame. « On n'était pas loin. Lorsque le chant s'est arrêté, on a tout de suite compris qu'il y avait eu un problème. On est arrivé sur les lieux même pas dix secondes après. » J'avais l'impression de revivre cette maudite journée, une fois de plus. Je me souvenais encore des détails les plus insignifiants du décor. Beaucoup de neige, qui avait été durcie au cours de la nuit par les températures glaciales. Deux personnes, bras dessus bras dessous, dont on ne percevait que les yeux pétillants tant leurs visages étaient dissimulés par les différentes couches accumulées – bonnets, écharpes et fourrures en tout genre. Un couple qui prenait des photos avec leur enfant. Le sourire éclatant de ma sœur, et ses joues rosies par le froid. Et l'air malicieux de Nattéo, qui avait élu domicile derrière un banc enneigé, afin d'être protégé au maximum des projectiles. Oui, tout avait été parfait, et on ne peut plus normal. Jusqu'à ce que les gazouillis et rires de mon frère s'éteignent. « J'ai brisé les morceaux de glace qui m'empêchaient de l'atteindre, et je l'ai récupéré. C'est moi qui l'ai sorti de l'eau, moi qui me suis retrouvé en tee-shirt pour l'envelopper dans des habits chauds, moi qui ai pratiqué les premiers gestes de secours. » J'avais insisté sur le moi, posant une main tremblante sur mon torse. La blessure était toujours belle et bien présente, tapie dans l'ombre, prête à me saisir à la gorge dès que l'occasion se présentait. J'ai regardé mes mains pendant quelques secondes. Un frisson – de colère, de fatigue, et d'anxiété sans doute – me traversa. Il avait fait tellement froid, ce jour là. « Est-ce que ça ressemble à des mains de quelqu'un qui a commis un meurtre avec préméditation, hein ? » Demandais-je, exposant mes paumes devant les yeux d'Alaina. Si l'on y prêtait un œil attentif, on pouvait remarquer une multitude de toutes petites traces fines et blanchâtres. Les seuls résidus physiques de ce qu'il s'était passé ce jour là. Les morceaux de glace m'avaient coupé à plusieurs reprises, et à divers endroits. Seule la neige, dont le blanc immaculé avait changé pour un vermeille coupable, m'avait fait prendre conscience de ces blessures. Mais je n'en avais eu que faire, et l'adrénaline m'avait supprimé toute sensation physique. Des cicatrices, qui en ce moment même, me piquaient désagréablement la main, comme pour me rappeler ce qu'il s'était passé. Que les minuscules plaies se mettent à nouveau à saigner ne m'aurait pas étonné, vu ce qu'il venait de se passer. « J'aurais tout donné pour que rien de cela ne se passe. Tout. » Parce que ça a brisé ma famille, parce que ça m'a brisé, parce que ça m'a fait briser d'autres choses. Ce jour là avait été un tournant dans ma misérable existence. Il m'arrivait parfois de me questionner sur ce qu'aurait été ma vie, si rien de cela n'était arrivé. Et l'évidence était la suivante : « Ma vie aurait été radicalement différente, je crois. » Murmurais-je avant de me relever, non sans peine. Tous les fardeaux du même semblaient s'accumuler sur mes épaules – et ils commençaient à peser lourds. « Je m'en veux tellement, si tu savais. » Avouais-je d'une voix faible. L'ultime confession, l'ultime vérité, l'ultime évidence. Nos regards se croisèrent à nouveau et, une fois n'est pas coutume, je me suis laissé aller à une étreinte délicate et salvatrice. « Je ne veux pas rester là. » Soufflais-je, la tête toujours nichée au creux de son épaule. Mon côté pudique venait de ressortir ; je n'avais pas l'habitude d'exposer mes sentiments au su et à la vue de tous, et je ne souhaitais pas que quelqu'un soit témoin de cet instant de faiblesse, de détresse.
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MessageSujet: Re: what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY what goes around comes around ;; ALAINA&MATTY EmptyMer 4 Juin - 10:50

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