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| Sujet: Re: Hell in our eyes. Ven 9 Mar - 18:20 | |
| Les premiers jours, j'y avais cru. Qu'on serait des survivants, et qu'on se sauverait mutuellement. Mais c'était faux, complètement. On s'était juste attirés l'un l'autre vers le fond, sous terre, dans un endroit d'où on ne pourrait plus jamais remonter. On était piégés, ensemble, et pourtant si éloignés l'un de l'autre. Dans beaucoup de situations, on se retrouvait impuissant, on ne pouvait que jurer, essayer, abandonner, constater. Ca ne changeait rien. J'étais dans ce genre de situations. J'avais cette connexion étrange avec Swann, et je ne pouvais rien y faire. J'en étais simplement dépendante. Comme certains avec le café, la nicotine, l'héroïne, le sexe. Moi c'était Swann, et notre relation chaotique. Je l'avais dans la peau, dans tous mes sens. C'était horrible, mais j'étais simplement impuissante. A partir d'un moment, il faut parvenir à faire avec, à vivre avec. J'avais appris à la faire chaque jour qui passe à ses côtés. Puis c'était simplement arrivé. Je savais qu'il était instable comme garçon, qu'il avait en quelque sorte constamment cette tension en lui, et qu'il devait la faire sortir d'une manière ou d'une autre. Souvent ça avait été sur moi, les marques sur mes poignets en avaient témoignées de nombreuses fois. Mais une fois, ça avait simplement dépassé les bornes. J'avais simplement reçu un coup de téléphone, simple, clair, concis. Comme si j'étais la seule personne sur terre qu'il pouvait appeler. Et j'avais appris qu'il avait battu ce mec à mort, et qu'il avait été arrêté. Imaginez la sensation quand tout votre monde s'effondre sous vos pieds, j'avais ressenti cela. D'une main tremblante, j'avais laissé tomber le téléphone, et mon corps par la même occasion. J'avais été effrayée, inquiète, qu'il en soit arrivé jusque-là. Parce qu'après tout, j'étais restée avec lui, ça aurait pu tout aussi bien m'arriver s'il avait perdu son sang-froid avec moi. J'avais également pensé que j'avais mis mon propre fils en danger, parce que même s'il n'avait aucune idée de son existence, il aurait suffi qu'il vienne un jour chez moi, et il l'aurait vu. J'avais eu le tournis, j'avais eu envie de dégueuler sur ce sol blanc. Bizarrement, je n'avais pas été soulagée. Aucunement. J'avais juste ressenti un vide dans mon corps, comme si une nouvelle fois on 'm’avait arrachée le coeur. J'étais de nouveau seule. Contre le reste du monde. Plus de peines, plus de douleurs, plus de larmes, plus de sourires, plus de joie, plus de cigarettes partagées, de cris ou d'insultes. Plus rien. Juste le néant. Marley face à l'impuissance. J'avais eu envie de pleurer, mais rien n'était sorti. Juste des sanglots bloqués au fond de ma gorge. Une sensation d'asphyxie. Il m'avait fallu un certain temps pour me remettre sur pieds, puis un autre pour me décider à aller le voir. Je ne savais pas quoi lui dire, ni quoi faire. Attendait-il quelque chose de moi ? Je n'étais que Marley, une fille de plus parmi toutes les autres. Ce n'est que lorsque je pénétrai dans cette prison que j'ai compris que je ne pouvais pas rester là, que je devais partir. Pas loin de lui. Mais près des autres. Je m'étais coupée du monde quand j'avais quitté Berkeley la première fois, je m'étais coupée du monde quand j'avais croisé son regard. Le destin m'offrait peut-être une nouvelle chance de m'ouvrir. Une nouvelle et belle chance, pour mieux me la retirer. « Pourquoi ? »
La voilà, la fameuse question à laquelle je ne savais pas répondre. Pas même à moi-même. Plusieurs fois je m'étais questionnée sur mon départ, la véritable raison de cette fugue. Mais j'avais également abandonné ça. J'étais simplement perdue, confuse constamment. Sa venue ici n'arrangeait rien, il rendait mes pensées encore plus floues, je ne pouvais pas poser de mots sur mes propres émotions. Un mélange, un grand n'importe quoi. Un flot incontrôlable qui m'emportait, qui me giflait la gueule. Un flot de souvenirs. De tous ces instants ensemble. J'aurais aimé que ce soit plus simple. Que la vie soit simple. Mais c'était juste impossible. Une nouvelle fois, je fermai les yeux, tentant de faire le vide dans mon esprit, de clarifier la situation, pour tenter de caractériser ce que j'avais ressenti ce jour-là, le jour où tout était allé trop vite. Où j'étais partie sans me retourner. Les mots s’échappèrent de mes lèvres, glissant dans l'air, tranquillement, sans que je n'ouvre de nouveau les paupières. Je me laissais submerger, et je m'exprimais, sereine. J'avais peur, certes, mais je n'avais plus aucune maîtrise, il dominait, il avait ma vie, mon destin entre les doigts. « Pourquoi veux-tu savoir ? Je l'ai fait, c'est tout ce qui importe non ? Je suis partie comme je l'ai toujours fait quand la difficulté me fait face. C'était toi la difficulté, toi tout entier. Si tu n'avais pas été enfermée, je ne serais jamais partie. Je serais restée, peut-être pendant des années, toute ma vie même. J'avais besoin de cette relation, de toi. J'étais censée faire quoi ? T'attendre dans une chambre pendant des années, si ce n'est ma vie entière ? Tu ne pouvais pas me demander ça, t'avais pas le droit. Je suis restée. A subir tes sautes d'humeur, à vivre avec. Je suis restée quand d'autres sont partis. Tu m'aurais dit de rester, je l'aurais fait, tu sais. Peut-être que je voulais simplement savoir si j'avais encore un peu de contrôle sur ma propre existence. Sans doute assez pour partir, en effet. Mais pas pour oublier. » Un silence s'installa alors entre nous. Un silence d'une intensité à couper le souffle. Je n'aurais jamais dû dire tout ça, je m'étais laissée aller. Bien trop. Mon coeur s'abattait contre a cage thoracique, chaque fois un peu plus fort, comme s'il voulait simplement partir, pour ne pas subir ce qui allait bientôt me tomber sur le coin de la gueule. Je pris le risque de rouvrir les yeux, mais pas celui de le regarder, je fixais un point de l'horizon, une étoile dans ce ciel sombre. J'aurais voulu qu'il me libère, que je retrouve les pieds sur terre, et pas que je sois toujours au-dessus du vide de cette façon. Mais après tout, il avait simplement à détacher mes jambes qui entouraient intensément ses hanches, pour me laisser tomber dans ce néant. Il n'aurait plus qu'à faire comme si je n'avais jamais existé. Parce que c'était ça, nan ? Sa fierté en avait pris un coup lors de mon abandon, mais c'est tout. Je n'avais jamais réellement existé à ses yeux. |
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Zachariah La Tour Dubois there's no place like berkeley › prénom, pseudo : Stéph' › date d'inscription : 12/08/2009 › nombre de messages : 38933 › disponibilité rp : malia ; ness ; camryn ( ff zaislynn) › avatar : joseph morgan
| Sujet: Re: Hell in our eyes. Lun 30 Avr - 10:48 | |
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