Agnès fut brusquement réveillée par la sonnerie de son iPhone, qu'elle avait programmé pour huit heures et demi. Voilà une semaine que la jeune femme se levait à des heures aussi matinales, et elle n'arrivait décidément pas à s'y faire. Elle se tira à grand peine de son lit et se traîna jusqu'à sa salle de bain. Une petite douche froide, et l'italienne était à peu près réveillée, elle enfila des sous vêtements, puis entra dans son jean slim, et se para de son tee-shirt blanc Zadig & Voltaire. Agnès passa une main dans sa crinière blonde avant de soupirer, il valait mieux qu'elle ne s'attarde pas trop devant le miroir si elle ne voulait pas être déprimée toute la journée. La blonde enfila sa veste en cuir noir, et se percha sur ses escarpins Louboutin. Son sac en main, elle quitta son appartement. En route, elle s'arrêta chez Starbucks pour acheter son Caffè con latte, comme tous les matins. Impossible de commencer sa journée sans ce breuvage. Une fois son café en main, Agnès accéléra le pas, il ne lui restait plus que dix minutes, elle ne voulait pas être en retard, elle détestait cela. Quelques minutes plus tard, elle défilait déjà sur le campus, et franchissait les portes de l'université. Elle fut brusquement arrêtée dans sa lancée par un des professeurs. Elle ne l'appréciait pas vraiment d'ailleurs. Et voilà, cet idiot l'avait mise en retard avec son histoire de réunion. Agnès passa devant l'ascenseur, plus jamais elle ne monterait dans cet engin, plus jamais ! Cela faisait maintenant une semaine qu'elle s'était retrouvée coincée dedans. Elle leur préféra donc les escaliers, un fois au deuxième étage, Agnès s'engagea dans les longs labyrinthes de l'université. Elle regarda l'heure à son poignet, seulement six minutes de retard. L'italienne entra dans la salle, et jeta son sac et sa veste en cuir sur son bureau. Elle se tourna enfin vers les élèves assis face à elle.

▬ Bonjour. Je vous pries d'excuser mon retard.

La jeune femme n'eut pour réponse qu'un long silence. Une semaine qu'elle était ici, et elle avait du mal à se faire aux "bonjours" à peine inaudibles des élèves. Certaines personnes assises au premier rang étaient à moitié avachies sur leur table, d'autres n'étaient toujours pas réveillés et certains discutaient discrètement entre elles. Pour le moment, Agnès n'éprouvait pas plus de plaisir à enseigner, elle trouvait finalement cela assez plat, surtout que peu d'élèves participaient. Certes, quand elle donnait des cours magistraux, ils ne pouvaient pas trop intervenir, mais poser des questions était capital pour avoir de la matière. Agnès soupira devant l'assemblée peu réceptive.

▬ Euh... Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ? Vous veillez un mort ? Arrêtez de faire ces têtes d'enterrement, vous allez finir par me déprimer... Excusez-moi, mademoiselle... Oui, vous, pouvez-vous monter le store juste à côté de vous, histoire de rendre la salle un peu moins morne...

Agnès s'adressait à une petite brune, assise à l'avant dernier rang. C'était, il lui semblait, la première fois qu'elle la voyait. En une semaine, elle n'avait pas encore vu tous les élèves. La brunette s'exécuta, puis se remit dans sa position initiale, la tête baissée vers sa table, son stylo dansant sur sa feuille. Cette jeune femme avait l'air plutôt discrète et effacée. Agnès arqua à sourcils, elle avait bien envie de la faire se réveiller un peu, mais chaque chose en son temps.

▬ Aujourd'hui, j'aimerais vous parler du...
▬ Euh... Uhm... Bonjour, excusez-moi du retard, mademoiselle... C'est bien le cours d'arts appliqués ?
▬ En effet, jeune homme, c'est bien ici, vous avez exactement douze minutes de retard.
▬ Je suis vraiment désolé du retard...
▬ Si vous saviez à quel point je m'en fous de vos excuses. Bon... Vous savez quoi, allez faire votre regard de chien battu ailleurs. Voilà deux minutes que vous êtes planté devant moi comme un piquet et vous m'horripilez au plus haut point.
▬ Mais euh...
▬ Allez hop hop hop ! J'ai un cours, moi, monsieur, alors ciao baby ! Demain soyez à l'heure... Et pour finir ma longue tirade en beauté, je conclurai par le ; "Va, je ne te hais point !" de Chimène à Rodrigues. Faites attention à ne pas coincer vos doigts en fermant la porte.

Agnès leva les yeux au ciel. Ah, ces élèves, alors. En tout cas, cette petite scène avait réveillé toutes la classe. La plupart des étudiants riaient discrètement, d'autres arboraient un petit sourire d'amusement.

▬ Bon... Alors avant que je sois interrompue par ce "grossier" personnage, je voulais vous parler du "Bonheur de vivre". Matisse a peint cette toile entre 1905 et 1906. Voilà, je vous projète son tableau sur l'écran.

La jeune femme commença à aborder tous les aspects du travail de Matisse. Elle se sentait en quelque sorte comme Miss Météo à agiter ses bras dans tous les sens pour montrer les différentes parties de cette toile. Agnès s'arrêta à la fin de l'analyse, et s'avança vers les rangs faisant claquer ses escarpins sur le carrelage. Elle fixait toutes les personnes dans cette salle, qui pouvait-elle bien embêter ? Pourquoi pas la brunette au fond de la salle.

▬ La demoiselle à l'avant dernier rang ? Comment vous appelez-vous ? Je ne vais pas vous appelez comme ça toute l'année... C'est bien trop long.

Agnès toisait la petite brune aux airs timides. Bien qu'elle ait des airs discrets, elle avait pourtant attiré l'attention de l'italienne, qui sentait que l'élève pouvait se montrer bien intéressante. Du moins, elle l'espérait... Pour l'instant, peu d'étudiants avaient réussi à la captiver avec leurs remarques peu affûtées et pour la plupart sans aucun intérêt...

Agnès avait trouvé sa cible. La petite brune à l'avant-dernier rang, plutôt discrète et effacée avait tout de suite attiré son attention. Contrairement aux autres étudiants, elle paraissait en avoir plus dans la tête, et l'italienne espérait ne pas s'être trompée sur son compte. La réponse de l'étudiante fut en effet à la hauteur de ses espérances. Très peu nombreux étaient les personnes à défier en quelque sorte Agnès. Celle-ci admirait les personnes qui osaient se mesurer à elle. Exercer sa répartie et son cynisme sur les gens qui l'entouraient étaient ce qu'elle faisait sans arrêts, hélas, la plupart prenaient cela avec humour et ne la tâclaient pas à leur tour. Aleyna-Kaitlyn, comme elle venait de l'annoncer à Agnès était un long prénom, elle l'avait d'ailleurs annoncé de manière plutôt "rentre dedans", elle annonçait dont le duel ouvert. La jeune femme leva les yeux au ciel, faisant mine de ne pas relever le ton désagréable qu'avait utilisé la brune pour lui répondre.

▬ Oui, en effet. Si long que je ne l'ai déjà plus en tête. Je vous appellerai Aly, ça ira plus vite.

Agnès lui lança un petit sourire. Pourquoi pas lui donner un surnom ? C'était tout de même plus convivial et chaleureux. Après, est-ce qu'Aleyna allait l'accepter ce n'était pas vraiment sûr. La blonde, un peu "barge" sur les bords usait de beaucoup de familiarité avec les individus, se souciant guère de savoir à qui elle s'adressait. En réalité, elle ne supportait pas les hiérarchies et les manières qu'elles engendraient. Tout le monde était un être humain et méritait d'être traité d'égal à égal, et ce malgré les rangs sociaux et autres superficialités. D'ailleurs cela lui était bien égal que ses élèves l'appellent par son prénom, le jour de son arrivée, elle leur avait d'ailleurs proposé de l'appeler ainsi ou alors "Mademoiselle", mais jamais "Madame".

Un silence se fit entre les deux jeunes femmes qui s'affrontaient du regard. Agnès avait un petit sourire malicieux plaqué sur son visage. Comme elle s'en était douté, cette élève était intéressante et extrêmement intelligente. Elle ne manquait d'ailleurs pas de toupet et de culot, et Agnès adorait cela. Pendant ce silence palpable, l'italienne put envisager une question intéressante pour tester la brunette. Elle venait de parler de Matisse pendant vingt minutes sans s'arrêter, elle avait pu constater qu'Aleyna n'avait cessé une seule seconde de faire glisser son stylo sur sa feuille. Or, Agnès avait la vague impression que celle-ci n'avait pas pris note du cours. Pourquoi une telle impression ? C'est que l'étudiante lui rappelait vaguement elle, quand elle faisait ses études. Pour écouter, elle avait besoin de dessiner, et c'était tout en faisant danser son crayon sur sa feuille, que tout ce que disaient ses professeurs rentraient dans sa tête. Agnès passa une main dans sa crinière ondulée et croisa les bras sur sa poitrine. Il était temps de l'embêter.

▬ Cela fait vingt minutes que je vous observe écrire sur votre feuille sans relâche. J'imagine que vous preniez note du cours. Aly, pourriez-vous donc rappeler à toute la classe quel était l'inspiration première de Matisse quand il a...

La brunette prit brusquement la parole ne laissant pas Agnès terminer sa question. Aleyna prit un ton plutôt neutre pour exprimer son mécontentement. L'italienne écoutait avec attention ce qu'elle avait à dire. Comment avait-elle fait pour ne pas la remarquer plutôt ?C'était incroyable, Agnès avait l'impression de se voir des années en arrière. Quand Aleyna prenait la parole, elle était bien différente de l'image qu'elle faisait paraître. Agnès, en revanche, n'avait jamais renvoyé cette image de petite discrète étant la première à perturber les cours. Toute sa scolarité avait été excellente, mais tous ses professeurs l'avaient toujours qualifié de "Petite diable maléfique". Aleyna parlait avait une telle assurance et parlait avec une telle clarté, qu'Agnès avait l'impression d'assister au discours d'une oratrice. Une fois son petit discours fascinant. La plupart des professeurs auraient sûrement perdu leur sang froid face au ton neutre qu'elle avait employé. Mais la blonde n'était pas née de la dernière pluie, elle même utilisait ce ton la plupart du temps pour tester les différentes personnalités qu'elle croisait.

Agnès savait parfaitement comment énerver les gens qu'elle avait face à elle. Et Aleyna avait répondu avec une telle intensité que le match promettait d'être intéressant. L'italienne se mit alors à applaudir, un grand sourire sarcastique collé sur son visage.

▬ Magnifique, Cicéron ! Je vous appellerai comme ça, désormais. Quelle grande oratrice vous faites. En revanche, je crois que vous vous êtes totalement trompée pour ce qui est de votre orientation. Si vous voulez faire avocate, c'est en droit qu'il faut aller. Vous pouvez de ce pas passer la porte si vous n'avez pas de d'idées intéressantes à exprimer sur Matisse dans les secondes à venir.

Agnès s'arrêta alors de parler pour toiser Cicéron d'un air hautain. Elle attendait avec impatience sa réponse qui allait probablement être à la hauteur de ses espérances.

Agnès se délectait du One woman show de l'étudiante. Comme elle l'espérait, celle-ci, contrairement au reste des personnes dans cette salle, avait quelque chose dans le cerveau. Elle était intelligente, et avait une bonne répartie, qui pouvait toutefois être améliorée. Aleyna insista pour qu'elle l'appelle par son prénom entier. À vrai dire, cela embêtait l'italienne étant donné qu'elle avait déjà oublié son prénom, et qui, comme elle lui avait dit, beaucoup trop long. Qu'avait-elle contre une petite familiarité de ce genre ? Elle préféra cependant laisser ce côté de la conversation, qui n'était plus aussi intéressant qu'au début. En effet, Aleyna vilipendait à présent sur sa manière de travailler. Non, vraiment, Agnès ne pouvait pas espérer mieux pour ce qui était de cette altercation avec son élève. Une fois sa tirade envoyée, un silence se fit dans la grande salle d'arts. Les étudiants fixaient l'affrontement des deux jeunes femmes, et un silence lourd s'invitait peu à peu entre elles deux. Soudainement, la musique 'Pocket full of sunshine' emplit la salle toute entière. Oops, on dirait bien que son iPhone désirait faire partie du combat. Agnès se précipita derrière son bureau, chercha son cellulaire dans son sac et décrocha aussitôt.

▬Bonjour Edward ! Faites attention, vous êtes écoutés par une salle remplie d'étudiants... Comment allez-vous ? ....

La conversation dura facilement dix minutes, temps de discussion avec un de ses collaborateurs français, qui lui annonçait qu'il avait enfin réussi à vendre une sculpture d'un artiste israélien, qui ne trouvait pas d'acheteur depuis des mois. Elle n'avait pas été vendue à n'importe qui, à un ministre. Agnès et Edward se mirent à converser de tout et de rien, la jeune femme avait pris place sur son fauteuil, les jambes allongées sur son bureau. Autant dire que les plupart des étudiants étaient déconcertés par ses manières, et pour ce qui était d'Aleyna, elle ne tarderait pas à lui faire une réflexion.

▬ Bon, il faut que je vous laisse Edward. J'essaierai de trouver un tableau d'Hopper dans les prochains jours. Au revoir.

Agnès jeta son portable sur son bureau, ce qui en fit sursauter plus d'un, elle se releva de sa chaise et contourna son bureau pour faire face à l'assemblée.

▬ Excusez mon impolitesse, c'est ça d'être une femme d'affaire, enfin... Vous ne connaîtrez probablement jamais ça. En tout cas, vous avez le bonjour de mon collaborateur. Même vous, Aly, malgré votre comportement désagréable. Ce n'est pas parce que vous êtes engagée dans des "missions humanitaires" ou je ne sais quelle association ridicules, que vous pouvez vous permettre de prendre les gens aussi hautainement.

Agnès se souvenait avoir entendu parler du bénévolat de la brunette, très vaguement. Son prénom compliqué ne s'oubliait pas si facilement, elle avait d'ailleurs été très touché de voir que certains étudiants avaient la main sur le coeur. Certes, elle venait de se servir de cela contre Aleyna mais sa pensée était toute autre, pour le moment elle voulait que la jeune femme lui parle un peu de Matisse. La question piège, dont elle avait la certitude qu'Aleyna la ferait taire aussitôt. La brunette se leva faisant mine de partir, ce qui sur le coup déçut Agnès, mais quand elle prit place devant le tableau, l'admiration de la trentenaire pour l'étudiante fut sans bornes. La jeune femme prit place derrière une table pour regarder attentivement Aleyna. Cette dernière s'agitait dans tous les sens en parlant du tableau, puis elle en vint à aborder les différents aspects de la vie de Matisse. Agnès admirait avec attention la jeune femme parler, quelle prise de parole grandiose, voilà de quoi clouer le bec de ses camarades. Elles espérait sincèrement qu'ils en prendraient de la graine et qu'ils se remettraient en question pour ce qui était de leurs aptitudes en art. Elle restait persuadée, Aleyna faisait partie des rares personnes dans la salle à avoir de vraies connaissances dans cette matière.

Toutefois, Agnès n'avait pas envie de montrer à quel point elle était fière du discours de la brunette. Une fois son discours terminé, elle se racla la gorge, avant de prendre un ton posé.

▬ Et bien, c'est que vous avez la langue bien pendue, Aly. Je vous ai simplement demandé d'ajouter quelque chose sur Matisse, et non de nous dresser son profil psychologique. Cela dit, vous pouvez rester au tableau et terminer le cours à ma place. Lancez la diapositive suivante, et parlez-nous à présent de l'architecte Frank Lloyd Wright.

Tout cela n'était que provocation, il est vrai, que faire cours s'était avéré bien plus ennuyeux qu'elle ne le pensait. Ce n'était pas une mauvaise idée de rester assise et laisser Aleyna, qui avait tellement envie de parler, finir son cours. Après restait à savoir, si la jeune brune aurait envie de continuer dans sa provocation. Cette dernière venait à nouveau de lui faire comprendre qu'elle n'était pas une bonne professeur, d'ailleurs ce n'était pas faux, et Agnès restait béate d'admiration devant cette jeune femme, qui, elle l'était sûre, irait loin, contrairement aux autres. Elle eut soudain une idée, car aussi intéressante qu'elle l'était, elle n'en demeurait pas moins mystérieuse.

▬ Puisque tu as autant envie de voir ce musée, allons-y. Je t'attends demain à 10h devant l'entrée.

Agnès lui lança un petit sourire sincère, qui fut sûrement pris par la jeune femme pour un sourire faux, mais elle s'en moquait bien. Il fallait qu'elle connaisse davantage Aleyna. Nénamoins, ce n'était pas sûre que celle-ci accepte. De toute façon, Agnès avait déjà une idée pour la faire venir, elle serait obligée de la rejoindre le lendemain-même. L'italienne défiait la brunette du regard, elle devait probablement la haïr, elle comprendrait très vite ses intentions premières, si elle n'avait pas déjà compris.

Plus les jours passaient, plus Agnès regrettait d'être devenue professeur. Les étudiants étaient tous plus stupides les uns que les autres. Ils la rendaient vraiment dingue, à une exception près. Elle avait trouvé en la personne d'Aleyna, l'intelligence et un grand intérêt. Quand elle lui avait dit son prénom, elle s'était rappelée, que des collègues lui avaient parlé d'elle, et lui avait donc recommandé de ne pas la brusquer après le drame qu'elle avait vécu. En voyant la réaction de la brunette, Agnès se reconnut aussitôt en elle, quand elle était plus jeune. À vrai dire, l'italienne avait elle aussi connu un drame de ce genre dans son enfance, et elle avait toujours détesté qu'on la traite différemment des autres à cause de cela. Peut-être qu'Aleyna était de son avis. En tout cas, Agnès avait bien l'intention de la réveiller et de la sortir de sa bulle. Déjà, cela commençait très bien, Aleyna répliquait parfaitement bien, clouant le bec à bon nombre de ses camarades. La blonde était subjuguée par l'intelligence d'Aleyna. Elle avait beaucoup d'assurance, ce qui lui avait permis de bien expliquer tout ce qu'elle savait sur Matisse. Agnès, ne voulant pas montrer à quel point elle était fière de la brune, continua sur sa lancée cynique et lui proposa de continuer son cours à sa place. D'un côté, elle le pensait vraiment, car faire cours à des incapables ne lui faisait plus envie. Mais l'autre jeune femme n'était pas de cette avis et retourna s'assoir. Agnès se leva et changea la diapositive. Elle s'assit sur son bureau et répondit aux attaques de la brune.

▬ J'aimerais vous parler de Frank Lloyd Wright, mais hélas, ma connexion internet a coupé hier soir. Je n'ai donc pas pu me rendre sur Wikipedia, mais je suis sûre qu'Aly va pouvoir nous dresser sa biographie, n'est-ce pas ?

Agnès lui lança un grand sourire angélique. Elle se rendait compte qu'elle y allait fort avec elle. Mais elle n'avait pas envie de se montrer plus gentille avec Aleyna juste parce qu'elle avait eu des moments difficiles. La demoiselle n'avait probablement pas envie non plus, qu'on la traite avec plus de compassion, non ? Elle lui avait donc donné rendez-vous le lendemain au musée de San Francisco. Contrairement aux autres, elle voulait partagé sa passion pour l'art avec de vrais passionnés et non avec des corniauds. De toute façon, ils n'iraient pas loin, vu leurs lacunes impossibles à combler dans ce domaine.

▬ Si vous voulez que je sois à l'heure, vous préviendrez un des professeurs de philosophie, de ne plus se mettre en travers de chemin. Vous savez, celui qui ressemble vaguement au Père-Noël et qui s'habille comme un SDF ? Il est vraiment insupportable...

Agnès leva les yeux au ciel, cet homme l'insupportait au plus haut point. Tout chez li était exaspérant. Peut-être que la demoiselle voyait de qui elle parlait, elle avait certes dit ces mots sur un ton ironique, elle ne l'invitait évidemment pas à aller voir cet homme. Mais ce ne serait pas de refus non plus, si elle insistait pour lui dire deux mots. L'italienne reprit donc son cours, et commença à parler de Frank Lloyd Wright.

▬ Il est considéré comme le plus grand architecte de tous les temps, il est d'ailleurs un des plus...

La jeune femme fut brusquement coupée par Aleyna. Cette dernière s'était levée et se tenait face à elle et commençait à lui faire des menaces. Agnès restait toujours aussi calme et imperturbable.

▬ Décidément, vous aimez beaucoup parler. Allez-y partez, vaquez à vos occupations. Moi qui pensais que vous étiez une passionnée d'art... Mais je ne vous retiens pas, si vous préférez faire pas vos activités humanitaires avant l'art, c'est vous que ça regarde. N'oubliez pas notre rendez-vous demain.

L'italienne lui lança un petit sourire, et sauta de son bureau pour se diriger vers la sortie. Elle ouvrit la porte et toisa à nouveau la brune, attendant qu'elle sorte de la salle de cours. Avait était-ce qu'une simple menace ou désirait-elle vraiment prendre le large ?