Commencer des études, passer du petit lycée à la grande université, des cours et d’un suivi éducatif à la liberté de faire ce que l’on veut, d’une filière générale où l’on ne voit pas encore vraiment où ça va nous emmener à une filière concrète qui va déboucher sur un travail d’une vie, ce n’est pas facile. C’est surtout très déboussolant et certaines personnes ne résistent pas, elles prennent peur et partent alors qu’elles n’ont pas encore fait un seul semestre. Berkeley, l’université, a mis en place un très bon système pour aider les gens à mieux s’intégrer dans l’université, pour qu’ils sachent qu’ils sont soutenus si ils ont des problèmes dans leurs études ou dans leur vie sociale, pour tout ce genre de chose. Cet outil très utile n’est autre que le parrainage. Les étudiants de première année sont parrainés par des étudiants plus vieux, cela peut aller de la deuxième année à la quatrième année. Arizona n’avait pas commencé ses études en médecine, elle n’avait pas été une petite nouvelle qui commençait à peine et qui ne connaissait pas l’université, elle n’était pas tout cela et pourtant on lui avait tout de même collé un parrain ou une marraine elle ne savait pas vraiment encore. On lui avait dit que le jeune homme avait été prévenu, qu’il n’avait pas rechigné et pourtant, lors du premier rendez vous de rencontre entre la filleule et son parrain, le parrain n’était pas venu. Arizona n’était pas bête elle savait que si il n’était pas là c’était bien parce que ce rôle de devoir chapoter quelqu’un le gonfler il ne fallait pas se leurrer. A la suite de ce lapin, la demoiselle avait refusé un nouvel entretien, elle avait plutôt demandé son numéro pour le contacter directement et elle avait été très claire. « Oui bonjour je suis bien sur le portable d’Andrew Rosenwald ? ... Je me présente je m’appelle Arizona Chanel-Spencer je vous appelle pour… Oui oui voilà c’est moi ta filleule… Ben écoute je suis désolée que tu te retrouves dans une situation imposée, ce n’était pas ce que je voulais mais tu vois je n’ai pas franchement eu le choix non plus parce que la faculté je la connais alors avoir un parrain péteux qui ne veut pas faire d’effort alors que moi j’en fais alors que je n’ai pas besoin du tout de toi c’est nul ! … Oui en bref, il faut qu’on se rencontre tout de même parce que même si je n’ai pas besoin de toi pour me repérer ou travailler, j’aurais peut être besoin de toi dans le futur si jamais j’ai des problèmes alors mieux vaut qu’on s’entende bien et qu’on se connaisse non ?... D’accord alors on se voit demain on se donne rendez vous là à midi.» La conversation téléphonique avait été brève tout simplement car elle comprenait bien qu’elle l’embêtait, dans son ton c’était très clair sauf que Arizona était très têtue, elle n’allait pas le laisser se défiler si facilement de son rôle de parrain. D’autant plus qu’elle savait maintenant que son parrain était un homme et que cela serait peut être la rencontre du siècle, oui la demoiselle n’avait jamais connu le grand amour alors elle pouvait se laisser à rêver que le hasard fasse bien les choses et lui mette un bon gars dans les pattes. Le lendemain ils s’étaient rencontrés et autant dire que la rencontre avait été explosive. Arizona n’avait pas supporté du tout de se faire traiter comme une merde, comme un boulet. Elle était en première année au même âge que lui et ça ça avait l’air de lui poser problème, parce qu’il ne savait tout simplement pas ce qui se cachait dessous mais il n’y avait pas que cela, il ne voulait vraiment pas d’une filleule qui pour lui était une petite peste qui lui trainait dans les pattes. Il avait tout fait pour qu’elle ne veuille pas le revoir en clair mais Arizona n’était pas de cet avis, elle n’allait pas le laisser se défiler ainsi. Laissant retomber la pression elle l’avait appelé quelque jour plus tard juste pour lui demander un renseignement, bizarrement, il avait été moins méchant que la première fois, moins sec, elle avait moins l’air de le déranger alors qu’elle ne lui posait pas une question existentielle et donc qu’elle aurait pu le faire à un autre moment ou ne pas la poser du tout. Enfin ce n’était pas grave au contraire et la jeune femme apprécia. Ils se revirent pour certaines choses ou simplement en se croisant à la faculté et le jeune homme se dérida petit à petit mais ce n’était pas encore cela.

Aujourd’hui, Arizona n’était pas de bonne humeur, pas du tout même, elle s’était levée du pied gauche et lorsque cela se passait il n’y avait rien à faire, la demoiselle était imbuvable. Apparemment il en était de même pour Andrew, même si ces derniers temps il avait l’air de s’améliorer dans la gentillesse et dans sa serviabilité, en cet après midi ce n’était pas le cas. En effet, Arizona avait appelé son parrain pour qu’il l’aide à comprendre quelque chose qu’elle elle ne comprenait pas. C’était une situation assez rare puisque Arizona était quelque de très sérieux et intelligent, elle avait besoin d’aide que très rarement et pas de bol pour Andrew, elle l’avait choisi pour l’aider. Ils s’étaient donc donné rendez vous dans devant la bibliothèque à quatorze heures pour aller travailler chez la jeune femme qui avait gentiment proposé de lui payer le café et les petits gateaux.. La jeune femme avait été un peu en avance et le jeune homme pas mal en retard, oui elle comprenait une nouvelle fois qu’il ne voulait pas d’elle, puisqu’il arriva avec plus de trente minutes de retard, c’était assez irrespectueux ce qu’elle ne manqua pas de lui faire remarquer dès qu’il fut assez près d’elle pour entendre ce qu’elle avait à lui dire car elle n’allait pas répéter deux fois. « C’est pas trop tôt ! Tu sais l’heure c’est l’heure ou tu peux au moins prévenir que tu seras en retard ; t’as déjà oublié l’éducation que ta mère a du te donner ?» Elle ne voulait pas dire qu’il était mal éduqué car elle était sûr que tous les parents faisaient de mieux pour élever leurs enfants, cependant les enfants ne faisaient pas toujours ce qu’on leur avait appris ou alors ils le déformaient complètement, c’était quelque chose de très courant et c’était pour cela qu’il ne fallait pas remettre directement en question l’éducation des parents. Lui faisant ensuite un sourire, elle tenta de détendre l’atmosphère mais pour Andrew c’était trop tard il était de mauvaise humeur, elle espérait juste qu’il ne le reste pas, que son café et ses gâteaux le détendent ou quelque chose du genre enfin elle aurait bien le temps de voir. « Bon sinon comment ça va ? T’as bien relu tes cours de première année pour m’expliquer le truc que je n’ai pas compris ?» Le jeune homme ne savait rien sur Arizona, il ne la connaissait pas du tout, il ne savait donc pas qu’à l’origine elle avait une facilité que peu de gens avait, qu’elle était donc brillante, qu’elle était une ancienne avocate, jeune avocate, que c’était pour cela qu’elle avait le même âge que lui mais qu’elle n’était pas dans la même année d’étude et surtout elle ne savait pas pourquoi elle avait refusé de l’appeler Drew la seule et unique fois qu’il s’était osé à lui demander. Cela avait été une gentille attention de sa part mais son frère s’appelait Drew et son frère était décédé, elle avait donc l’impression d’appeler son frère à chaque fois qu’elle prononcait ce prénom. Elle savait qu’elle avait loupé là une bonne manière de le faire se déridé un peu mais elle n’avait pas pu faire autrement que de refuser et d’être ferme et sèche car elle ne voulait plus qu’il lui en reparle du tout pour ne pas avoir à s’effondrer devant lui. Oui ils n’étaient pas du tout assez intime pour qu’elle se mette à pleurer devant lui tout simplement car autrement elle devrait lui expliquer et elle n’en avait pas du tout envie car elle avait toujours l’impression de le faire chier tout le temps lorsqu’elle lui demandait quelque chose et pour dire, elle ne lui demandait pas souvent quelque chose… « C’est bon, on est parti ? Ou va chez moi ou tu veux changer les plans ?» Arizona n’aimait pas changer ses plans et elle espérait bien qu’il n’allait pas le faire, en même temps il n’aurait pas vraiment le choix, c’était ça ou ça. Sans attendre sa réponse, elle commença donc à marcher en direction de l’immeuble où se situait son appartement et elle vit Andrew le suivre en trainant des pieds, décidément, les progrès d’amabilité des derniers jours étaient bien loin, il avait régressé presque comme au jour de leur première rencontre, pas le lapin mais la première rencontre réelle.

Une demi-heure, elle avait attend pendant une demi-heure sans être sûr qu’il vienne tout simplement car il lui avait déjà posé un lapin, oui la première fois, alors qu’elle n’avait pas plus envie que lui de se voir attribuer un parrain et que le jour de la première rencontre, elle avait eu autre chose à faire. Oui sauf qu’elle, elle avait eu une éducation même si son père était le pire des cons, le pire des pères, il lui avait transmis certaines valeurs et elle, elle s’était forgée son caractère, en s’éduquant elle-même, comme elle pensait qu’il était bon d’être ou de ne pas être. Il ne connaissait rien d’elle, elle ne connaissait rien de lui, et elle ne voulait rien connaitre car il ne l’intéressait pas. En effet, le jeune homme était insupportable avec elle, il lui faisait largement comprendre qu’il n’avait pas voulu d’elle, qu’il s’en fichait complètement de sa réussite et tout ce qui allait avec. Sauf qu’Arizona n’avait pas dit son dernier mot et si il savait tout ce qu’elle avait derrière elle, il comprendrait surement pourquoi elle espérait avoir quelqu’un sur qui compter en cas de besoin, en cas de non compréhension d’un cours. Lorsqu’il osa enfin arriver, la jeune femme lui demanda s’il avait oublié l’éducation qu’il avait reçu et toujours avec son petit air arrogant il déclara n’en avoir peut être pas reçu. Il était bête, elle n’en revenait pas mais elle fit abstraction de cette remarque, lui répondre serait allé dans son sens. La jeune australienne ne comptait pas se laisser faire et pourtant elle devait un minimum l’amadouer pour qu’il vienne jusqu’à chez elle pour lui expliquer ce qu’elle n’avait pas compris, d’ailleurs, c’était peut-être tout simplement une excuse pour pouvoir lui faire passer du temps avec elle, pour qu’il se rende compte que le fait d’avoir une filleule n’avait pas que des inconvénients, qu’elle n’était pas un fardeau, un poids indétachable de lui. Ils se mirent en route après les premières banalités dites lorsqu’Arizona lui demanda si il était toujours d’accord pour aller chez elle. Le jeune homme se stoppa alors lui disant qu’il n’y avait pas de soucis mais qu’il voulait connaitre des choses sur elle, des choses que peu de gens savent. La jeune blonde haussa les sourcils, elle ne le comprenait décidément pas du tout, pourquoi voulait-il savoir ce genre de chose à quoi cela lui servirait à part aller les colporter. L’ancienne professeur de droit se stoppa alors à son tour et se planta bien en face de lui. Elle posa son regard, dur pour le coup car elle n’était pas vraiment contente qu’il profite d’un rien pour tenter de lui faire du chantage, pour finalement lui dire en articulant bien et en étant très proche de lui pour être sûr qu’il comprenne et entende bien. « Andrew, tu crois vraiment que je vais te dire des choses que peu de gens savent alors que je ne te connais presque pas pour ne pas dire pas du tout? Si tu le penses vraiment, tu es juste dans un beau rêve ! » Arizona se remit à marcher énervée, elle n’avait pas envie de parler de son passé, pas aujourd’hui, elle ne savait pas pourquoi mais ce sujet était très sensible en ce jour et les larmes lui étaient rapidement montées aux yeux ce qu’elle ne voulait pas qu’il voit. Sauf que pas de bol pour elle il la rattrapa par le bras et lui fit faire volte-face. Elle ferma alors les yeux pour tenter de ravaler ses larmes assez rapidement pour qu’il ne les voie pas mais elle n’y parvint pas ! Elle se décida alors de prendre la seconde solution, y allez cash avec lui, lui montrer qu’elle était touchée et que ce n’était pas un petit prétentieux dans son genre qui allait réussir à rentrer dans son intimité. « Tu veux savoir quelque chose? On m’a collé à toi en plein milieu d’année car j’étais professeur de droit mais on m’a viré car j’ai eu une aventure d’un soir avec un élève qu’une gamine a été répétée ! Ben oui j’ai vingt-quatre ans mais j’avais déjà réussi ma vie et j’avais déjà le statut de professeur alors comment te dire… Ton « tu es l’enfant, je suis au-dessus de toi » tu te le gardes ! Et tu peux rentrer chez toi si tu veux ! On ne pose pas des questions sur le passé de quelqu’un qui le cache ! Si personne ne sait rien c’est parce que ça fait mal alors avec le peu d’éducation que tu as, apprends au moins à respecter le silence des gens ou à mieux t’y prendre pour les faire parler !» Elle lui en voulait, elle serrait les dents pour ne pas être plus méchante. Elle commença alors à repartir chez elle mais elle se retourna pour lui avouer son plan. « Tu sais j’ai été très bête! Je n’ai strictement rien à te demander sur les cours de première année car j’ai une très bonne moyenne, je comprends les cours et je réussis ! Mais tu vois, j’ai cru ne serait ce qu’un instant que tu pouvais être quelqu’un de bien qui puisse s’intéresser aux gens et profiter d’une situation pour créer une amitié mais ce n’est pas ton cas ! Tu es bien un delta : un homme sans aucun cœur !» Elle espérait l’avoir un minimum touché pour qu’il s’excuse, pour qu’ils repartent du bon pied ensemble dans cette relation de filleule à parrain. Si il ne pouvait pas s’excuser, s’il ne pouvait pas changer de comportement avec elle, ce n’était pas la peine d’aller plus loin, elle ne le voulait pas chez elle. « En bref bonne soirée, je vais passer ma soirée seule chez moi et ce n’est pas une grande perte vu ta mentalité! » Elle ne savait pas ce qu’il allait faire, rester là et être trop fier pour venir la voir ou la rattraper, elle ne savait pas et pour le moment elle ne voulait pas savoir, elle se dirigea alors d’un pas ferme vers chez elle, dégoutée par la tournure des évènements.