the great escape
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❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b

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Swan Cartwright-Hansen
there's no place like berkeley
Swan Cartwright-Hansen
prénom, pseudo : brittany
date d'inscription : 16/04/2008
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MessageSujet: ❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b ❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b  EmptyMar 13 Déc - 22:30

I want you. I need you. I love you. I miss you. Like crazy esthell.benjamin ;; december 2011
;; “c'est gentil de me dire que je suis belle. je ne me sens vraiment pas belle. c'est comme si j'étais sous l'eau et que je ne trouvais plus comment remonter à la surface. je suis un peu perdue, c'est tout. je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi” comment saurais-je te dire que la vie n'est pas si belle qu'elle le devrait ? ;;

« every few years we disappear. all our cells are replaced by others. »
Le temps passe vite. Par conséquent, nos vies aussi. Cela me hante depuis des semaines, je crois. Je reste incassement auprès du combinet du téléphone, espèrant un appel. Le sien, peut-être. Et puis, le premier soir de décembre, j'entends la voix du docteur qui commence à faire un monologue de cinq bonnes minutes, mais je n'ai rien suivi. Rien du tout. Quelques mots seulement restaient imprégner dans mon esprit ; des brimes de syllabes que je tentais de rassembler. « Votre fille... état.. critique... attente.. greffe.. » Il avait fini par sussurer un simple désolée, comme si le reste de son étude sur ma fille allait être effacer par ses médiocres intentions de compassion. Je me sentais à la fois complétement perdue et seule, désorientée par les résultats de ses derniers examens. Et à travers les marches des escaliers, je fixais sa petite silhouette d'enfant, et son sourire, débordant d'amour. Je crois, qu'elle n'avait jamais été aussi belle qu'à cet instant, bien que les anges ne rodaient dangereusement autour de son âme d'enfant. Le creux de ses cernes, la brillance de ses cheveux blonds lisses glissant jusqu'à son cou, la couleur rosée de ses petites joues, et surtout l'éclat de ses prunelles bleus, scintillant de bonheur. Elle était éblouissante, à travers le soleil discret de l'hiver, qui éveillait les traits de son visage, et ses rayons de clarté qui enlaçait sa peau de princesse. Emportée par son coeur, et son âme sereine. Je ne crois pas être en mesure de dresser une description irréprochable de cet instant-là, où sa vie et la mienne, parfaitement liée depuis ce fameux huit mai, allaient subitement basculer. Je me revois à son âge, toute petite, arrivant difficilement à tenir sur mes deux jambes sans chuter, la solitude faisant déjà partie intégrante de ma misérable existence. Ce n'était qu'une fatalité qui se délivrait sur mes frêles épaules de petite fille, encore épargnée par la vie. Un instant, je me suis torturée la tête, creusant au plus profond de mon cerveau pour retrouver les parcelles de mon enfance. Les premiers pleurs, les siestes à l'école, les fêtes de Noël, les bonnets rouges de laines de mamie, la cour où j'ai tant souvent joué avec mes poupées, mon prénom gravé au dessus du porte-manteau, la fierté d'une enfant de monter sans l'aide d'un grand sur les petits vélos rouges et jaune de l'école maternelle, mes premiers colloriages, les comptines des maitresses, les petits-déjeuners avec les copains, mes petits yeux émerveillés devant la magie du père Noël au centre commercial, les bancs instables où je balançais mes jambes, l'écriture des premières syllabes, les représentations devant papa et maman, l'entrée à l'école secondaire, les premiers petits copains, le poids du cartable sur mes épaules, le chocolat chaud entre deux cours, les montées jusqu'au métro de la ville, la sonnerie de mon premier téléphone portable, les photos de classe sous l'averse d'un mois de mai, les sourires, les rires, les larmes. Une vie, en soit. La gorge serrée, l'esprit ailleurs. Je comprends, enfin. Mais je refuse de l'admettre. Réveillez moi, je vous en supplie. Dites le moi que ça n'est pas vrai, que tout va bien, que ça l'a toujours été. Dites le, oui, que ça n'est qu'un mauvais rêve. Elle a encore tant de choses à découvrir. Elle marche, un pas devant l'autre presque parfaitement, et ne se retient même plus à l'accoudoir du canapé. Chaque matin, elle pose une main contre la vitre de sa chambre, et observe au loin la vie. Les oiseaux, qui effleurent les toits des maisons. Les quelques tâches de neige blanches, qui se déposent sur le pavé glissant. Et, elle sautille sur ses deux jambes, lorsqu'elle entend la mélodie de noël. Elle fredonne les chants, s'émerveille devant les étincelles de couleurs. Au plus profond de moi, je sais, et je l'ai toujours su, que ces images seraient les seuls brimes du monde qu'elle détiendra. Il y aura toujours un vide immense, entre elle et les autres enfants, ce petit quelque chose, cette différence. Sa putain de maladie. Et malgré tout, cela semble lui convenir. Elle avale, boit, vomit, refute, accepte. Toujours, avec ce sourire, marqué sur son visage. Ses cils d'ange ne se referment jamais : elle semble profiter de chaque moment qu'elle possède, de chaque secondes que ses poumons daignent bien lui offrir encore. Aux premiers rayons de soleil, elle poursuit du coin de l'oeil le chemin des fourmies, court au rythme de sa respiration irrégulière. Je suis fascinée par cette petite fille, et secrètement, je l'envie. Elle a ce don, depuis la naissance, de transformer les coeurs sanglants en armes de pierre, de larmes tranchantes en rire sincère, en sourire enchanté. Max détient cette faculté innée de détecter tous les instants heureux, de percevoir les heures sombres de son existence, les corriger en minutes de bonheur. Le coeur de ma petite fille reste, et restera toujours un mélange de parfum d'amour et de gaieté, bouleversé par les méfaits de sa maladie. C'est en voyant ce matin-là, son visage balafré par ses larmes de souffrances, son corps d'ange arraché à ses ailes, ses lèvres perpétuellement imbibées de son sang, que je l'ai accepté. Je n'avais plus le choix. C'était pourtant bien au-delà de toutes mes forces ; de ma vie de femme plongée dans son malheur et ses peines, de mon rituel d'amoureuse au coeur arrachée, et surtout de mon rôle de maman. C'était comme si je n'arrivais plus à inspirer une bouffée d'oxygène, sans avoir une minuscule pensée qui transperce mon esprit, et évoque sa maladie. Et, j'ai réalisé, peut-être trop tard, le fossé qui existe entre ma propre mère et moi. Je me souviens de cette distance qui s'est installée petit à petit dans nos vies communes, faisant de nous deux des étrangères. Deux inconnues perdues, au croisée d'un chemin. Droite, gauche. Jusqu'alors, je me suis toujours persuadée que si nos liens s'étaient séparés, c'était parce que ma vie avait pris un tournent différent du sien. Pourtant, j'ai compris. Combien elle était grande, profonde, et douloureuse, cette distance. Je m'aperçois que je l'ai laissé s'intensifie, l'éloignement nous rendre étranger, l'abandon nous oublier. Je m'en veux de ne pas avoir réagi plus tôt. Réaliser qu'une femme, qui m'a mise au monde, qui m'a vue grandir les premières années de ma vie, qui m'a couvert de ses baisers tendres de maman, qui m'a relevé lorsque mes jambes ne me supportaient plus, et qui m'a aimé de tout son coeur, a toujours simplement disparu de ma vie. Blessée, déroutée. Je ne la connais plus, ni le fond de son âme, ni le fond de ses pensées. Maman, j'espère un jour peut-être te prendre dans mes bras, et t'hurler milles fois combien je t'aime, combien tu me manques. Je voudrais réentendre ton rire à mes côtés, ta voix susurrer à mon oreille les contes des enfants, tes conseils et ton expérience de mère. Je ne t'en veux pas. Je comprends maintenant. Ca n'est pas de ta faute, ni de la mienne. Nos vies doivent être différentes. C'est que j'ai toujours désiré. C'est ce nous désirons plus que tout. Maman, je sais ce que tu ressens, et pourquoi les choses paraissent si difficile une fois qu'on est grand. Je comprends enfin, pour quelle raison tu t'obstinais toujours à me faire sourire. C'est dans ta nature. La nature des mamans. On ne peut lutter contre ça. De l'aube jusqu'au soir, il ne se passe pas une seule seconde sans que l'on ne pense à ce petit être, à qui on a donné la vie. Pourquoi les choses ne se passent-elles jamais comme on le souhaite ? « état.. critique.. maladie.. fin.. » Tu n'as pas sans doute pas les réponses à mes questions, comme les tiennes n'avaient pas de réponses aux leurs. Notre instinct de parents nous pousse à faire des choses invraisemblables, à aimer plus qu'on ne le devrait, à protéger un tantinet trop longtemps. Je veux continuer à vivre maman. Je veux qu'elle vive avec moi, le plus longtemps possible. Je sais que je ne vais pas chuter à nouveau, parce que je suis avec elle, parce qu'elle tient encore ma main ; je ne la lâcherai pas. Je n'écoute pas les récits incompréhensibles des médecins, et leurs mots barbares. Ils ne savent pas, eux. L'amour peut faire des miracles et combattre n'importe quelle saloperie du corps humain. J'en suis sûr.

Une nouvelle fois, je franchie la porte de l'enceinte, embaumée par l'odeur médicamenteuse des centres hospitaliers. Je m'adresse à la secrétaire, répète à mainte reprise mon identité, parcoure les longs couloirs de l'établissement, patiente dans l'ascenseur, fais les cents pas dans la salle d'attente. Depuis son lit, Max serre aussi fort qu'elle peut contre sa poitrine, sa petite peluche auquel il manque désormais une oreille. Pilou est devenu son meilleur ami, celui qu'elle embrasse les nuits où la peur la ronge, celui qui est son plus fidèle confident, et qui viendra toujours la consoler, et sécher ses larmes de petite fille malade. Son état de santé évolue brutalement, du mauvais côté malheureusement. J'ai pris l'habitude depuis treize jours désormais, de passer la plupart de mon temps à ses côtés. Étrangement, je goûte aux gestes essentiels du quotidien. Je passe mes journées à la regarder dormir paisiblement, l'oreille collée contre son compagnon. Je tente de la rassurer, répétant sans arrêt que quoi qu'il arrive, je serais là avec elle, et que je ferais tout ce que je peux pour qu'elle soit heureuse, et ne manque de rien. Je lui prends souvent la main, lui racontant des histoires de princesse, pour qu'elle puisse jouer et rêver comme les autres enfants. Je l'embrasse, et touche ce petit bout de vie à longueur de journée. J'en oublierai presque mes propres maux, égarée dans ses yeux pétillants. A travers ses prunelles fatiguées par la douleur et les traitements, je lis le bonheur de ce petit enfant, qui vit avec la magnificence du monde des plus petits. Ces yeux bleus d'amour, qui m'inspirent tant de choses, tant de bonnes choses. « Mama.. il ne faut pas être triste. Moi.. j'aime pas quand tu es triste. Papa, il m'a dit.. que si on pense très fort à une chose.. elle se réalise. Tu sais.. moi, j'aimerai voler. Comme les oiseaux ! Et peut-être qu'un jour, je volerai si haut que j'irai voir les anges. » Mon coeur s'est arrêté de battre à cet instant. Je me suis rendue compte à quel point le coeur d'un enfant était si grand : c'est l'univers où les rires sont près des pleurs, où le temps reste fixer par les sourires, où l'amour se déverse en cascade.

« Max ! Restes avec moi, mon ange. Je t'en supplie ! » Tout n'était que silence, peur et malheur. Ses yeux d'anges se sont fermés, et sa peau blanche devient froide dans mes bras désarmés. Le coeur convulsé, j'agite son petit corps inerte, espérant la réveiller, en vain. Je l'appelle, hurle son nom, à genoux, puis effondrée contre le sol glacée de l'hôpital. Ne me laisses pas. Regardes dehors, les petits oiseaux qui s'envolent. Ne les suis pas d'accord ? Tu as encore des choses à vivre, tellement de choses à faire. Et moi, je suis là. Je t'aime, ne m'abandonnes pas. La porte de sa chambre se referme derrière moi, et je m'engouffre dans les allées bondées, sa silhouette sans vie contre mon ventre, qui en protège une autre. Des êtres, entassés les uns sur les autres, agonisent dans les couloirs, se cramponnent à la rambarde de leurs lits. L'angoisse me serre le coeur. Mes mots s'emmêlent, appellent à l'aide. N'importe qui. Je voudrais que tout soit possible, que Max ouvre ses si beaux yeux bleus, qu'elle me regarde comme elle le fait toujours, avec son sourire remplie d'espoir. Je veux revoir les rougeurs sur ses joues, la chaleur au bout de ses doigts. Je veux entendre sa voix, qui chantonne les mélodies de son père. Je veux sentir son souffle contre ma peau, la vie revenir en elle. Il existe des moments imprévus, où l'on aimerait se réfugier dans un endroit secret une seconde ou deux pour vider ses pensées meurtries, une trappe ou bien un trou remplie d'espoir qu'on pourrait creuser, s'enfoncer le plus profondément à l'intérieur. Parfois, on aimerait s'évader quelque part, y déposer ces émotions, qui alourdissent nos coeurs. La nature humaine est cruelle. La mort, c'est l'absence de vie. C'est une grande silhouette menaçante, qui aspire notre dernier souffle, et emprisonne nos âmes dans une inertie éternelle. Elle possède un pouvoir irréversible sur nous, pauvres humains. Nous ne sommes pas plus forts que les autres, et encore moins contre elle. Certains diront que ce n'est qu'une récompense, durement mériter après de longues années d'errance et de souffrance, fournis tout au long d'une vie. D'autres se seront battu jusqu'au dernier instant, s'accrochant de toutes leurs forces à leur existence, le sourire de leurs proches dans leur mémoire, la voix rassurante d'un ange qui les accueille au paradis. C'est tellement plus facile d'ôter la vie d'une petite fille condamnée. Mon coeur est fatiguée, mon corps usée. Un cri. Un seul. Terrifiant, et déchirant dans le silence de la nuit. Par dessus la foule des patients agités, je distingue quelques lettres, des chiffres peut-être, ou je ne sais quoi. J'ai le crâne en feu, et les veines qui explosent. Vingt quatre décembre. Je me sens vide, vidée de tout. Lorsqu'on aime, on prend le risque de souffrir. Et lorsqu'on souffre, on se perd.

Et si tu souffres un peu trop fort, et si tu crèves encore, je serais là ..❞

Les battements de leurs coeurs s'étaient endormis, pulsation lente, au ralenti. L'une gisait dans son propre sang, jonchée parmi les vivants, entourée par un corps médical. L'autre, le visage trop pâle, traversait les allées sinueuses, se dirigeait vers le salle de réanimation. Des regards passionnés, des belles paroles d'amour, effacés par le combat pour la vie. Un mur s'effondre subitement sur leurs rêves. Cette certitude se criait dans les couloirs, des voix hurlaient pour qu'on apporte rapidement les soins nécessaire. Des passants observaient la scène, impuissants, inutiles. Leurs coeurs se désunissaient pour la première fois, prenant des chemins opposés. C'est la mort qui gronde, hurle et se délivre sur leurs corps oubliées. La vie qui s'enfuit, court et s'envole sur leurs âmes glacées. Allongés chacune de leurs côtés, la nature les enlace dans une étreinte funèbres. Un silence. Qui emporte toutes leurs joies et leurs espoirs. Au beau milieu de cette nuit sombre de noël. Boite vocal. « .. Monsieur Vilammée, votre femme m'avait demandé de vous contacter au cas où cela devrait se produire. Il s'est passé quelque chose de grave. Venez dès que vous le pouvez. » Un petit oiseau bat ses ailes blanches, à travers le ciel qui verse sur la ville californienne ses lourds flocons de neiges. Et s'élance plus haut. Toujours un peu plus haut dans les nuages.
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MessageSujet: Re: ❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b ❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b  EmptyJeu 15 Déc - 19:24

Twinkle, Twinkle Little Star by Jewel
« like a diamond in the sky. »
Quelque soit la nuit, le jour se lève. Il me faudra du temps pour remonter la pente et reprendre espoir, mais j'y arriverai. deux petits pas sur le sable mouillé




Pourquoi n’avais-je pas été là ? Cette terrible question me brûlait les lèvres, et broyait mon cœur. La voix rauque du médecin résonnait encore dans mon esprit, et les mots s’entrechoquaient les uns contre les autres, formant un amas de dires qui me faisaient perdre l’équilibre. Non… non c’était impossible. Tout sauf ça… J’avais une main posée contre un mur, l’autre qui glissait mollement contre ma joue. Mon téléphone portable s’écrasa au sol, se rependant en éclats au beau milieu d’un couloir. Quelques passants me dévisagèrent. Moi, je mourrais. Il y eu comme une césure au beau milieu du temps : mon cœur s’était figé, et mon regard fixait délibérément un point invisible qui me faisait face. Autour de moi, plus rien n’existait. J’avais du mal de réaliser la gravité de la situation. C’était impossible, cela ne pouvait pas s’être produit.. Pas maintenant, pas si tôt.. Le hasard nous réserve parfois bien des surprises.. J’aurais préféré que celle-ci n’ait jamais lieu. Vingt-quatre décembre. La veille de noël. New York sous la neige. J’aurais aimé pouvoir courir de toutes mes forces, dévaler les escaliers, et venir les serrer dans mes bras, leur murmurant quelques mots doux… Je me trouvais à près de 4 680 kilomètres d’elles, et de leurs deux corps affaiblis. Sans le savoir, j’étais parti sauver ma peau, pour abandonner lâchement les leurs. Tenez bon mes anges… accrochez-vous tant que vous le pouvez. Je serai là, très bientôt là, à vos côtés. Mon Amour, accorde moi un peu de temps ; accorde-moi ton pardon. Jamais je n’aurais dû te fuir.. vous fuir. J’ai cette horrible sensation qui me martèle l’âme, comme si j’avais tué de mes propres mains notre petit trésor. J’aurais dû être là. Et je le serai, pour les années qu’il me reste à vivre.

Les heures défilaient à une vitesse si lente.. J’avais l’impression de compter chaque seconde, en attendant qu’enfin mon avion se pose. Mes mains tremblaient, et mon cœur ne cessait de battre la chamade. Quelques hôtesses s’inquiétaient de temps à autre de mon état, et me proposaient d’aller m’allonger un peu. A quoi bon : j’aurais été incapable de fermer l’œil. J’ai une phobie monstre de ces cauchemars qui hantent mes nuits… Je me cache, je les fuis autant que possible. Une perle de sueur longeait ma tempe pour venir disparaître dans le creux du col de ma chemise. C’était une course contre la montre. Pour la première fois, je me retrouvais à devoir courir comme un fou derrière leurs deux vies réunies. Nos cœurs éparpillés en morceaux se cherchaient, dispersés dans tous les recoins du pays ; avec ce but d’enfin pouvoir se reconstituer, ne faire plus qu’un, et battre à l’unisson. Comme autrefois, tout comme avant.. Cette somptueuse époque où nous projetions notre avenir ensembles. Je me souviens de la douceur du printemps, un après-midi. Max faisait ses premiers pas dans le salon, et je souriais comme un enfant. Et puis, elle est arrivée, lasse et fatiguée de sa journée. Je l’ai entendu rire, juste là, tout près de moi, ses bras étreignant avec légèreté mes épaules. Elle m’embrassait sur la joue, et je lui confiais mon bonheur d’être père. Des souvenirs gravés à l’encre indélébile, et qui avaient au moins le luxe d’apaiser mon âme malmenée. Je veux pouvoir sentir ses minuscules mains serrer les miennes, sa voix d’enfant entonner quelques chants appris à la maison, et son magnifique rire bercer les murs de notre chambre. Je veux pouvoir l’embrasser de mille baisers sur la joue en m’éveillant les matins, la prendre dans mes bras et lui susurrer un ‘’bonjour’’ alors qu’elle ouvrira ses touts petits yeux bleus. Je la veux, plus que tout. Elle est mon ange, mon trésor. Cette petite graine de lumière qui a germé en moi pour me faire devenir ce que je suis aujourd’hui. Elle représente tellement de choses pour un si petit être… Ne t’éloigne pas de nous ma puce, reste là, et je te promets que plus jamais je ne m’en irai. Plus jamais. Quoiqu’il m’en coûte, je passerai le restant de mes jours à veiller sur toi, et sur ta mère. Nous apprendrons à nous aimer, à nous blottir l’un contre l’autre lorsque la peine nous gagnera. Nous ferons les efforts nécessaires afin que plus jamais tu ne souffres. La vie est un bien trop important pour qu’on la laisse être gâchée d’une telle manière. J’ai vécu au creux de ma chambre, enfermé par mes démons, sans même vouloir en sortir. J’ignore ce qui m’a poussé à essayer d’aller de l’avant. En fait, je crois tout simplement que j’ai accepté mon sort. Les chances pour que mon bipper sonne un jour son maigres, très maigres. Le médecin m’avait bien précisé que même si au meilleur des cas un donneur se présentait, il faudrait quand même que je suive un lourd traitement afin de retirer toute trace du cancer. Ce qui en soit, n’était concevable, et pour cause : l’argent manquait. Ce foutu fric. Parce que dans le monde d’aujourd’hui, si l’on ne né pas avec une cuillère en or dans la bouche, on meurt. Triste société, où nous emportes-tu.

22h. San Francisco General Hospital. J’y étais enfin. Mes pas s’avançaient, prudent et incertains, au beau milieu de couloirs blancs et déserts. D’un geste furtif de la main, j’ôtais les quelques flocons de neige qui trônaient sur mes épaules. J’ignorais si mes tremblements étaient dus au froid glacial de l’extérieur, ou à mon appréhension grandissante face à ce que j’allais d’ici peu découvrir. Mon Dieu, que je pouvais détester cet endroit. L’odeur médicamenteuse s’infiltrait dans mes narines, et je ne pu m’empêcher de grimacer. C’était moi qui aurait dû être à l’hôpital, pas elles. Et surtout pas la veille de noël… Quel triste hasard. Mais la voix douce d’une infirmière me sorti bien vite de mes songes. Elle m’interpela, je me présentais, et très vite les traits de son visage se sont étirés en un sourire plein de compassion. Sur le coup de la surprise, une boule se forma au creux de ma gorge. A vrai dire, je n’saurais affirmer que cela était un bon signe. Mais je ne préférais m’attarder sur de tels détails. Je voulais simplement les voir, leur parler… Les embrasser. Si le Père Noël existe, pourvu qu’il exhausse mon souhait. Nous marchions. Tranquillement. Les numéros des chambres défilaient sous mes yeux, et mille questions me brûlaient les lèvres. Pourquoi ne me disait-elle rien ? Je n’savais même pas ce qu’il s’était passé. J’ignorais tout de ma visite. La seule certitude que j’avais étant que les nouvelles seraient loin d’être bonnes… Nous nous sommes finalement arrêtés devant la porte de l’une des chambres, et c’est là qu’elle m’a tout expliqué. Comment Max était arrivé ici en urgence au début du mois. Comment sa santé s’est dégradée. Comment son cœur s’était arrêté de battre, l’espace de quelques secondes… Comment ils l’ont réanimée. Et comment ma femme s’était effondrée, sous le choc, déclenchant ainsi l’accouchement précoce de l’enfant qu’elle attendait. Ce n’étaient que des mots, pourtant, mon pouls s’est considérablement emballé, et ma vision s’est très vite floutée. J’aurais aimé que cela ne soit dû qu’à la douleur de mes poumons malades ; mais je me suis bien vite aperçu qu’en vérité, les larmes m’étaient simplement montées aux yeux. La bouche entrouverte, j’accusais difficilement le coup. J’étais à des millénaire de m’imaginer quel supplice elles avaient pu vivre.. sans que je ne sois là pour les soutenir. Lâche. Je n’étais qu’un misérable lâche. Tout comme ma famille m’avait abandonné, j’abandonnais la mienne. L’infirmière posa une main sur mon épaule tout en ouvrant la porte. Je relevais difficilement le visage, et pour de bon cette fois, je laissais de chaudes larmes rouler sur mes joues.

« Papa ? » Sa toute petite voix résonna dans la chambre, envoûtant subitement mon univers. J’ai tout oublié. La présence de l’infirmière à mes côtés. Les machines qui parsemaient la pièce. Même la pâleur de la peau qui surplombaient sa minuscule silhouette. Mais elle était là, face à moi, assise sur le lit et serrant fort sa peluche dans ses bras. « Max… » Ma voix se perdit dans un écho presque inaudible. Inconsciemment, je me suis approché tout doucement, comme si j’avais peur qu’elle ne m’échappe et prenne la fuite. Elle me fixait, son éternel sourire gravé sur sa peau pâle. C’était irréel. J’avais du mal de respirer, et pourtant, je crois n’avoir jamais été aussi heureux de pouvoir souffrir : cela me prouvait au moins que tout ceci n’était pas un rêve. Je me suis installé sur le lit, tout près d’elle. Elle m’a regardé, de ses deux billes bleues quelques instants… Et puis nous nous sommes retrouvés. Mes bras encerclant son corps, son visage enfoui dans le creux de mon épaule, et ses petites lèvres m’embrassant la joue tout en riant difficilement. Nos retrouvailles. J’aurais donné ma vie pour vivre éternellement aussi heureux qu’en cet instant. « Papa est revnu ! » qu’elle disait de sa petite voix enfantine. Oui, je suis revenu mon ange. Pour longtemps. Pour toujours. Pour toi, et pour elle. « Chut, ne dis rien mon trésor, je suis là. » Elle était fatiguée, faible, et pourtant cela n’empêchait pas ses petits doigts de s’agripper à quelques mèches de mes cheveux. Au moins, on savait de qui elle avait hérité sa ténacité. Et ce fut à mon tour de rire. Rire pour vivre. Au premier coup d’œil, la scène était belle, peut-être un peu grotesque, mais magnifiquement belle. En vérité, c’était bien plus que cela. Je souriais, je l’embrassais, je la chatouillais. Nous aurions pu passer des heures entières à nous taquiner ainsi. Mon plus beau cadeau de noël : ma si précieuse Max. « Si vous le voulez, vous pouvez aller retrouver la maman avec elle. Son état est assez stable pour qu’elle puisse quitter sa chambre. » Dans notre fou rire, nous nous sommes retournés vers la jeune infirmière à nos côtés, seule spectatrice de la scène. Son regard étincelait, comme si elle était attendrie par nos retrouvailles. La petite tête blonde dans mes bras, je me levais tout doucement. A vrai dire, j’avais un peu de mal à concevoir si cela était une bonne ou une mauvaise chose. C’est sans doute pourquoi mon sourire perdit quelque peu de sa splendeur. Soucieux, je l’étais. Et j’imagine que la femme avait dû lire mon inquiétude, puisqu’elle posa chaleureusement une main sur mon avant-bras en murmurant un : « Joyeux Noël. », toute joyeuse, avant de nous conduire dans les couloirs. Nouvelle escapade, à la recherche d’une seconde chambre, mais cette fois je ne venais pas les mains vides. Les numéros défilaient sous mes yeux, et puis nous y sommes arrivés. Très vite, je l’ai vue.

Elle était là, allongée sur un lit, les yeux clos. A la voir ainsi, on pourrait presque croire qu’elle dormait paisiblement. Et elle n’avait pas changé. Ses cheveux étaient un peu plus longs sans doute, et sa silhouette amaigrie à cause du bébé. Mais elle restait la même. Ravalant difficilement ma salive, j’ai senti mon pouls s’emballer, et des frissons courir le long de ma nuque. Un soupire. Je sentais déjà Max s’agiter dans mes bras alors qu’elle venait d’apercevoir sa mère. « Maman se repose. » J’avais à peine murmuré à son oreille. Petite fille intelligente, elle posa le bout de son index contre ses lèvres en signe de mutisme. Exactement mon trésor, il ne fallait pas la réveiller. Enfin aux côtés du lit, je déposais précautionneusement Max près de son corps endormi. Un ange déchu. J’avais une boule au creux de la gorge. Malaise grandissant. Malgré cela, je ne pu résister : mon visage s’approchait docilement du sien, et je caressais doucement sa joue, replaçant par la même occasion une mèche derrière son oreille. Adorable princesse. Regarde-toi, tu es magnifique. J’ai souris je crois, heureux de pouvoir la retrouver en secret. Mes lèvres se déposèrent contre son front pour l’embrasser. « Elle a bobo ? » L’inquiétude était perceptible dans l’intonation de son chuchotement. Ses touts petits doigts serraient la main de sa maman, dans l’espoir sans doute qu’elle se réveille. J’ai caressé sa chevelure blonde en tâchant de la rassurer. Un fauteuil tout près du lit, je me suis installé en la reprenant précieusement au creux de mes bras. « En fait, elle a plutôt aidé le Père Noël à distribuer les cadeaux, alors elle est un peu fatiguée. D’ailleurs… je crois que le gros monsieur rouge m’a demandé de remettre ça à une petite fille blonde… T’as été sage cette année ? » La question piège posée à tous les enfants. Je sortais discrètement d’une main un paquet cadeau caché dans mon sac de voyage. Très vite, j’ai souri en tendant le bras en l’air, alors qu’elle sautillait sur mes genoux afin d’essayer de l’attraper par ses propres moyens. Surexcitée. J’en riais doucement. « Ohhhhh voui ! Donne, donne ! C’est mon mien ! » Mais je n’ai pas eu le courage de la faire patienter bien longtemps. Le cadeau entre ses mains habiles de déchireuse de papier. Hop hop, et en quelques secondes elle se mettait à pouffer, rire, sautiller. Bref, elle était heureuse. Dans ses bras, elle serrait une peluche de Sully, le ‘’Minou’’ de Monstres & Cie. C’est le dernier film que nous avions pu regarder ensembles avant que je ne quitte l’appartement. Et vraisemblablement, ça lui plaisait. Père Noël avait bien choisi son cadeau. Ainsi, nous partagions une nouvelle étreinte.

« Tu pars pas hein ? » Sa voix brisa le silence qui régnait désormais dans la pièce depuis une bonne dizaine de minute. La fatigue l’avait gagné, et elle avait refermé les yeux en déposant son visage contre mon épaule. Mes lèvres se pressèrent contre son nez. Et d’une voix qui se voulait réconfortante, je lui ai murmuré une dernière poignée de mots. « Repose-toi ma puce. Je serai là à ton réveil, je te le promets. » avant de refermer les yeux, à mon tour. D’un bras je couvrais le corps de notre trésor, de ma main libre je serrais celle de ma femme. Un vingt-quatre décembre passé au beau milieu d’un hôpital, avec ma famille. Celle que je désire plus que tout au monde. Par la fenêtre, quelques flocons recommençaient à tomber. Malgré l’aspect malheureux et mélancolique de la scène, je crois qu’au fond, je n’ai jamais été aussi heureux d’être près d’elles. Je pouvais m’endormir serein.
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❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b  Empty
MessageSujet: Re: ❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b ❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b  EmptyDim 18 Déc - 21:03

« how without even trying did we make our lives so complicated ?»
on était bien, on était heureux. pourquoi c’est tombé sur nous ? - parce qu’on a la force pour affronter ça. ;; ◂ “j'aime quand tu te couches, et j'aime te réveiller, et ton coeur, ton odeur, le gout de tes baisers. j'aime quand tu joues, tu me caches tout. me cherche le cou, à en devenir fou. j'aime quand tu me touches, et ton regard en biais, et ton cul quand t'as bu, et ton grain de beauté. j''aime ta peau blanche, et ton grain de beauté, et tes hanches quand tu flanches, et j'aime te rattraper” tetell&tentemain ▬ la guerre est déclarée

◂ Un rire d'enfant résonnait profondément dans mes tympans. Je n'arrivais à parfaitement le distinguer. Pourtant, sa voix me semblait si familière. L'air était pur, l'écho lourd de ces éclats de joies enlaçait la pièce, et la mélodie de leurs cœurs en émoi résonnait à un rythme déchainé. Un seul soufflement, un murmure étouffé. Le bleu de mes yeux, égaré dans les flots de l'amertume, s'ouvrait enfin. Les membres endoloris, je tentais en vain de m'extirper du lit d'hôpital dans laquelle je m'étais enfoncé. En une lenteur exquise, j'aperçus leurs deux silhouettes, étreintes l'un dans l'autre. Max avait posé sa petite tête de princesse sur l'épaule de son père, endormie dans les bras de Morphée. Le teint frais, une respiration après l'autre. Elle était revenue. L'oiseau avait finalement fait machine arrière, battant des ailes pour atterrir sur cette Terre. L'espoir se dessinait à nouveau sur ses joues de petite fille. A travers cette douloureuse épreuve, je comprenais que personne ne saura réellement quand elle nous quittera. Les fameuses questions “Vous savez combien de temps il lui reste ?” resteraient sans réponse. La médecine ne peut faire des miracles, ni annoncer avec certitude la mort d'un être humain. Avec mon cœur tordu de douleur, je suis condamné à vivre avec la peur aux creux de mon ventre chaque secondes. Maintenant, je sais. A quoi bon attendre le jour suivant, et se lamenter, en se disant qu'il sera plus douloureux que le précédent ? J'ignore lorsque ses deux prunelles bleus se refermeront pour l'éternité, mais je ferais tout pour que cela se produise le plus tard possible. A ses côtés, il était là, adossé dans le fauteuil, les yeux murés dans le sommeil. Je n'osais pas le regarder, le douloureux souvenir de notre séparation qui venait aussitôt submerger mes pensées. C'était une souffrance implantée dans mes veines, ancrée dans chacun de ses pores, qui surgissait à chaque fois que mon esprit s'attardait trop longuement sur les lignes de notre histoire. Assise sur le rebord du balcon, une nuit étoilée comme tant d'autres, je m'étais promise de l'oublier, vraiment cette fois. Oublier l'état de son rire, qui résonne encore trop fort dans ma mémoire, sa façon de me regarder en silence, ses mots d'amours qui réchauffe mon cœur mort, sa manière de tenir sa cigarette et d'inhaler cet air impur dans ses poumons malades, son regard d'ange posé à mon égard dès les premières lueurs de l'aube. J'ai brûlé la partie de moi qui lui appartenait, cette flamme incandescente révélant le souvenir de notre amour. Durant des semaines entières, j'ai erré dans un océan de fumée, pensant ne plus avoir assez de force pour relever. Dans les limbes de l'entre-deux mondes, j'aurais tout donné pour aduler une dernière fois le reflet de sa silhouette, et les courbes de son corps. Je l'aurai suivi à l'autre bout de la planète, traversant les flots déchainées de l'océan, pour attraper sa main, pour m'abreuver de ce qui nous avais tant reliés ces deux dernières années. Je suis restée noyé dans nos souvenirs amers, sur le sol terne et glacé du salon de l'appartement. Là où j'ai demeuré des heures, durant lesquelles une bouteille d'alcool vide et un paquet de cigarette humide jonchaient à mes côtés, à travers la poussière et l'obscurité. Malgré le silence, l'indifférence, et l'absence. La réalité était bien plus violente, sombre et douloureuse que j'aurais bien pu le penser. Une seule seconde avait suffit pour qu'il parfume mon cœur, une autre pour qu'il le dilapider en milles morceaux. Je n'arrivais tout simplement pas à le faire sortir de ma vie, bien que mes pensées semblaient guérir paisiblement de ces blessures béantes. C'est une question de dépassement de soi. Savoir être détruite et solide à la fois, pour mieux renaître. Vivre des instants intenses, pour en enterrer les plus tragiques. Apprendre à déceler les blessures, à les recouvrir d'un pansement, encore imbibé de sang, rouge vif. Aujourd'hui, je n'ai ressentie aucune colère. Simplement une immense lâcheté. J'ai vue la vie la quitter, et la chaleur de sa chair s'envoler vers les anges du ciel. J'ai baissé les bras, face à l'adversité, laissant la crainte et l'inquiétude m'envahir. Max, elle, avait continué la lutte, accrochée à sa ténacité. Un instant, j'ai fermé les paupières, m'extirpant de cette spirale infernale. Le grincement de la porte vint assourdir mes tympans, et me ôter de mes derniers songes. Silencieusement, une femme aigrie par les années rentra dans la chambre, d'une démarche hésitante pareille à son cœur qui, sans doute, vacille de temps à autre. Elle tenait dans ses bras quelque chose qui gigotait, qui remuait, dans une petite couverture blanche. « Nous avons fini les examens. Elle est en très bonne santé. C'est un petit trésor ! » murmura t-elle, en me la déposant contre la poitrine. Elle s'éclipsa aussitôt, prenant soin de me rappeler que je pouvais réclamais son aide à tout moment, bien que cela ne soit pas dans mes habitudes. Je réalise alors, qu'elle se trouvait juste dans mes bras. Sa peau était toute chaude, avec un teint rose qui entourait ses joues. Elle a penché sa tête contre ma poitrine, s'est blottie contre ma chaleur, repoussant son drap de flanelle, au rythme de sa respiration tranquille. Et d'ici, l'on pouvait apercevoir la couleur miel de ses cheveux. Ses prunelles s'étaient alors ouvertes, dévoilant leurs couleurs émeraudes rutilant d'un espoir ensoleillé. Mes mains tremblaient, presque autant que mon cœur. Les traits de son visage ressemblaient considérablement à ceux de son père. Un élan de soulagement traversait la barrière de mes lèvres. Merci. Les ténèbres n'avaient pas atteint ses organes vitaux, ni aucun autre système du corps humain. Elle allait bien. Pour la première fois, nous étions immunisés contre l'atrocité de ce monde puéril et lucide. Des larmes chaudes coulèrent le long de mes joues. C'est la magie de Noël. « Bébé, bébé, bébé ! » Je reconnu aussitôt la petite voix fatiguée de Max, qui s'agitait dans le fond de son fauteuil. Ses deux bras, tenant une nouvelle peluche, remuaient dans le vide, se détachaient de l'emprise de son paternelle. Elle regardait sa petite sœur, avec des éclats d'admiration dans ses prunelles. Dès lors, elle me fit signe de l'approcher d'elle, sans doute pour la voir encore de plus près. Sans un mot, je m'exécutais, prenant soin toute fois à la tenir fermement dans mes bras. Max sollicitait l'attention de sa sœur, qui levait ses doigts minuscules pour attraper quelques uns de ses mèches blondes. Dans son petit paradis bien à elle, elle montrait fièrement son cadeau de Noël, l'agitait en l'air comme pour narguer sa sœur, jouait avec son tout petit nez, déposait un baiser sur son front. La petite, quant à elle, gloussait de ses premiers éclats de rire, s'amusait à chercher la présence de son ainé, et gardait les yeux grands ouverts, captant chacun de ses gestes. Ses narines tressaillaient, s'émerveillaient face à ses premières touches d'amour et de gaieté que sa sœur, lui transmettait studieusement. « Je vois que je n'ai pas besoin de faire les présentations. Max, c'est ta petite soeur, Lou. Elle est toute petite, alors il va falloir faire très attention à elle d'accord ? Tu m'aideras à prendre soin d'elle, c'est promis ? » disais-je à voix basse, alors que le nouveau né ne cessait de gesticuler contre ma poitrine. Immédiatement, Max fredonnait quelques mélodies de Noël, soufflant des notes par ci, par là dans l'oreille de sa soeur. « Vouii ! Boo.. Boo ! Promis ! », s'exclamait-elle, toujours aussi excitée par cette nouvelle venue. Je crois que nous sommes restés ainsi de longues minutes ; Max ne se lassait pas de s'hasarder dans les sourires de sa petite soeur, et posait de temps à autre une main sur sa silhouette. J'ai pris le temps de me reposer un peu. Je savais qu'elle était entre de bonnes mains.

Le personnel de l'hôpital avait installé pour l'occasion, un grand sapin au fond de la chambre, situé juste à côté de l'unique fenêtre de la pièce. Max sautillait sans arrêt, déchirait de ses deux mains d'enfant les paquets de décoration, apportait les guirlandes de Noël à son père désormais réveillé, qui tâchait d'habiller le petit arbre vert. Au bout d'une demi-heures à peine, la pièce s'était transformé en maison de Noël : des faibles bougies étaient déposés sur les tables basse de la chambre, et des ornements scintillants illuminaient un peu plus la scène. Dehors, des flocons de neiges accompagnaient cette soirée féérique, que tout les enfants attendaient impatiemment. Max ne pouvait contenir son empressement, enfilait un bonnet de mère Noël et se dandinait sur les chansons, qu'elle murmurait à voix basse. Les yeux éclatants de bonheur, je la regardais, une nouvelle fois éblouie par l'état d'esprit de cette enfant. Elle ne cessera donc jamais de m'impressionner. Autour d'elle, son père posait ses mains sur son ventre, en la serrant fort contre lui. Je sens dès lors, l'amour qui les lie tout les deux, leurs coeurs qui se retrouvent, et s'enlacent enfin. Je sais que sans lui à ses côtés, l'équilibre de Max se dégrade beaucoup plus rapidement, et ses repères s'effondrent. Elle a construit son monde au travers de ses mains, s'est habituée à son odeur, au son de sa voix, et à la douceur de son regard. Pour l'heure, tout va bien ; il est là, et l'étreint de toute sa tendresse. Pincement au coeur. D'une démarche nonchalante, je décide m'éclipser, après avoir apporter la petite dans les bras de son père. Max souhaite me suivre, et je dois batailler de longues secondes avant de la convaincre. Je reviens, ne t'en fais pas. J'ai juste besoin d'un instant. Je m'engouffre dans la salle voisine, où se trouvait un miroir adossé au mur de couleur terne, et un robinet juste en face. Porte fermée à clé. J'observe, un nœud enfoncé au milieu de la gorge, le voile blanc qui a recouvert mon visage éreinté par la fatigue. Et, je délivre de sa fameuse cachette l'anneau, perché sur le collier à mon cou. Camouflé par ma robe de chambre. La nostalgie m'emprisonne. Je nage en pleins milieu de mes souvenirs, des parcelles de notre histoire. Je me souviens alors, du jour de notre rencontre, des trésors et des secrets que je lui ai si intimement confié, et mes lèvres écorchées par ses milles baisers. D'un geste brusque, ma main vient arracher la chaine de ma nuque, dévêtue de son tatouage à l'encre ineffaçable. Je m'agrippe à la porte derrière moi, et me laisse glisser. Mon corps ne suit plus, et mon cœur non plus d'ailleurs. Niché aux creux de mes entrailles, je sens toute force me quitter. Prends-moi, calcine-moi, tue-moi. C'est terminé. Plus jamais. Je me le suis promis.

I just want you here tonight, holding on to me so tight. What more can I do ? Oh, baby all I want for christmas is you, youuuu❞ ; Nos voix s'unissent ensembles, et répètent en harmonie les chants célèbres de Noël. Un genoux à terre, je regarde ma petite fille valser au rythme de la musique, une brosse à cheveux dans la main en guise de micro. Le ridicule ne tue pas, il faut croire. En guise de compagnon, elle dansait avec ses deux peluches – il semble qu'elle n'ai pas réussie à n'en choisir qu'une seule - ; le pompon de son bonnet, qui tombait négligemment sur le bout de son nez. Max s'amusait de temps à autre à déposer des bisous sur ses amis, et nous encourageait à faire de même, en répétant incessamment : « Bisouu de nowel ! » Difficilement certes, je me prêtais au jeu, recouvrant mes peurs et ma rancœur l'espace d'un temps, par un léger sourire. Je tentais d'éviter son regard, et minimisais le plus possible nos contacts physiques, détournant l'attention sur notre enfant, qu'il berçait dans ses bras. Des patients, intrigués, entrouvraient la porte de la chambre, et certains même venaient rejoindre notre danse. A partir de cet instant, des enfants malades déboulèrent à toute vitesse, aux côtés de leurs parents ahuris par cet atmosphère convivial. Max était aux anges, et échangeait ses cadeaux avec ceux de ses amis. Elle venait vers moi, les bras remplies de trésors et passait de longues minutes à me raconter ses histoires, dans son langage d'enfant. C'était Noël, et tout était possible. Je me devais d'être heureuse pour elle, et m'intéresser à chaque mots qu'elle prononçait. Arc en ciel. Papillons rouges et violets. Bonhomme de neige et chocolats aux laits. J'ai beaucoup souris je crois, mais peu d'entre eux étaient réellement sincères. Je le savais à mes côtés, sentais son parfum, et sa main posée sur mon épaule. Nous avons échangés quelques regards au cours de la soirée, de quoi réouvrir de fraiches cicatrices. Peu importe, finalement. L'intention était là. En regardant bien, on apercevait le sourire de ses enfants, atteints quotidiennement par la douleur et la souffrance, et le soupire de soulagement de leurs parents, conquis mais surtout apaiser de pouvoir enfin prendre une bouffée d'air frais. Les âmes blessées se sont réunies en cette soirée magique de Noël, la fierté et la joie illuminent encore leurs visages endormies. C'est tout ce que nous avions besoin.

Morceaux de papiers cadeaux jonchant sur le sol de l'hôpital, centre des maternités, deux portes plus loin, premier couloir à gauche, celui des enfants malades. Au travers de la fenêtre, je regarde les flocons de neiges dissimuler les rues de la ville de son manteau blanc. Le vent, insolent et coriace, tourbillonne autour d'une femme, isolée et seule, errant dans les allées de cette nuit de Noël. Lou s'est endormie en l'espace d'une seule seconde, bercée par les intonations mélodieuses de la voix de son père. Et, Max a supplié l'infirmière de dormir avec nous, la couvrant de ses milles baisers d'enfant. Elle s'est alors enfouie sous les draps de mon lit, Minou et Pilou au creux de ses bras chauds. La vie a pris le dessus sur la mort. Je serai là. Mais je sais pertinemment que de toutes les manières qu'ils soient, cette petite fille se battrait avec tous les armes dont elle dispose pour la vie. La sienne. Ce monde qu'elle rêve d'effleurer jour après jour du bout des doigts, et dont elle réclame de découvrir chacun de ses recoins. Bientôt mon ange, bientôt. Le coeur lourd, j'entends le son de ses pas, qui s'avancent lentement vers moi. La couleur verte de son iris m'aveugle encore. Ce charme qui me tue. Il avance. Et j'aurais aimé pouvoir reculer. « J'ai tant cherché ta main au creux de subconscient, ces nuits où le sommeil ne semblait pas venir. Au beau milieu de mes rêves destructeurs, qui me trucide le coeur au réveil. Tant de fois, j'ai cru avoir entendue ta voix. J'ai cru que tu étais là. Et j'ai goûté aux souvenirs, encore ancrés en moi. J'ai fuie mes peines, et j'ai cru m'être blottie dans tes bras. J'ai eu le temps de t'aimé, et de me perdre dans tes baisers. Mais aujourd'hui.. je ne suis veux pas que tu sois là pour moi. Je n'en ai plus besoin. Max, elle, ne demande que ta présence. Je veux que tu sois là pour elle, et que tu la rende heureuse comme tu as su le faire avec moi. J'ignore où est-ce que je vais, et où je vais bien pouvoir atterrir. Je n'ai pas peur de l'avenir. Elle m'a appris à vivre au jour le jour, peu importe l'issue qui nous attends à la fin du chemin. Et je suis certaine qu'elle te l'apprendra à toi aussi » murmurais-je, d'une voix douce, presque protectrice. Je me suis ensuite retournée face à la fenêtre, en embuant une infime partie. Et, du doigt, j'ai tracé nos deux initiales ; avant d'effacer sèchement le minuscule '&', qui reliait hier encore, notre vieille histoire d'amour.

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MessageSujet: Re: ❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b ❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b  EmptyMer 21 Déc - 18:16

Marry You by Bruno Mars
« come what may »
Then I'll write a song and we'll put it in the show and whenever you sing it or hear it. Or whistle or hum it then you'll know. It'll mean that we love one another. moulin rouge



Les joies frivoles de noël. L’espace d’un soir, nous éteignons les lumières pour pouvoir admirer ces splendides flocons tomber du ciel. Tomber des étoiles. Les guirlandes brillent de mille couleurs, les musiques résonnent dans les couloirs, et les voix des enfants se lèvent pour entonner de brefs chants. Et puis, il y a aussi les cadeaux. Ces merveilleux présents offerts par la famille, par les amis. Le prix n’a que peu d’importance, mais l’objet en lui-même est lourd de bonnes intentions. Alors je plonge mon regard dans ce qui s’avérait être ce soir mon plus beau cadeau de noël. Ses deux yeux émeraude me transpercent littéralement la vue pour m’éblouir d’une agréable lumière. Elle a les cheveux mielleux de sa mère, les traits et le regard de son père. Un minuscule petit ange qui était parvenu à trouvé son chemin jusqu’à nous. Elle souriait, étirant ses roses lèvres pour m’offrir une vision des plus adorables. Quel enfant ne pleure pas à la naissance ? Lou était comme sa sœur : parfaite. Je tenais dans mes mains tremblantes un petit bout de nous. J’aurais aimé sourire, mais je n’y arrivais pas. Chacun de mes traits semblait figé pour l’éternité. Je crois que j’avais du mal de réaliser qu’entre mes mains s’endormait paisiblement mon enfant. Ma fille. Celle que j’avais toujours rêvée d’avoir, dans mes rêves les plus fous. Jamais je ne pensais pouvoir un jour tenir dans mes bras ma propre descendance. Mais elle était bel et bien là, sous mes yeux. La bouche grande ouverte pour étouffer un bâillement. Et pour la première fois, je lui ai souris. La commissure de mes lèvres s’est tendrement étirée pour adoucir mon visage émerveillé. Repose toi petit trésor, tu as fais un long voyage pour venir jusqu’à nous. A travers la souffrance, la maladie, la dépression, l’abandon, tu as continué à te battre et illuminer nos vies d’un espoir dont nous commencions à douter l’existence. J’imagine qu’Elle avait dû être forte, bien plus que ce que je ne l’avais supposé, pour pouvoir mettre au monde un si joli petit bijou. Je me suis penché tout doucement vers elle, pour ensuite déposer un tendre premier baiser sur sa douce joue de bébé. Et à mi-voix, j’ai murmuré quelques paroles des berceuses que je chantais à sa grande sœur. Quelques gestes attentionnés pour ma minuscule fille au si grand cœur. Elle rayonnait de vie et de joie. Comme pour nous remercier de l’avoir mise au monde. Moi, je planais sur mon petit nuage, et pour une fois, j’oubliais tous nos tracas. J’en oubliais même la chimère qui me dévorait de l’intérieur. C’était le réveillon de noël, et j’avais sous mes yeux les êtres qui comptaient le plus pour moi. Je n’aurais pu souhaiter vivre de meilleures fêtes. Cette avait certes été riche en émotion, mais j’avais le sentiment ne pas avoir tout gâché. Il me suffisait pour cela d’entendre le rire de ma grande fille, de déposer mon regard sur la plus petite, et d’humer le parfum de la femme à mes côtés. J’étais à des kilomètres de nos disputes, de nos sentiments refoulés et de notre avenir incertain. Tout ce que je souhaitais : les serrer dans mes bras, pour ne plus les lâcher. Il était si bon d’être enfin de retour chez soi… mais j’ignorais que cet instant ne serait qu’un très court moment. Et c’est exactement ce qu’il se produit.

Mon château de cartes s’effondre, s’enflamme, se détruit. La quiétude était revenue s’installer au sein de la chambre. Max et Lou s’étaient endormies, serrant chacune leurs petits doudous. Je les caressais du bout des doigts, tâchant de ne pas les réveiller. J’imaginais sans trop de mal le sourire bêta qui devait être inscrit sur mon visage. Pourtant, un voile de mauvais augure se propagea très rapidement autour de la chambre. Le silence présent n’était pas sain. On entendait le sifflement du vent, quelques bruits de pas dans le couloir.. et le battement de nos cœurs au ralenti. J’ai levé les yeux vers elle, et je pense qu’il ne m’aura fallu qu’une poignée de secondes pour comprendre. Un frisson longea ma colonne vertébrale, et l’anxiété s’immisça en moi comme un venin. J’avais la désagréable sensation qu’un étau comprimait mes organes respiratoires. Mais la douleur physique n’était rien. J’appréhendais d’avance la souffrance morale dont j’allais devoir faire face d’ici peu. Il y a mes jambes qui se sont rapprochées machinalement d’elle. Il y a ma main qui s’est déposée sur son épaule. Et puis, il y a ces mots qui sont sortis de sa bouche. Tout s’est déroulé si rapidement que j’avais à peine conscience de l’impact des dires qu’elle m’avait offert. Difficilement, j’ai rassemblé le tout, formant un amas de crainte, de déception, et de douleur. « Je ne veux pas que tu sois là pour moi […] Je veux que tu sois là pour elle […] Je n'ai pas peur de l'avenir. » C’est l’Apocalypse dans ma poitrine. La bouche entrouverte, j’assimile, je subis, j’endure. Et puis je regarde nos symboliques initiales disparaître sur la fenêtre, un vide séparant nos deux lettres. Non. Non elle ne pouvait pas faire ça. Elle n’avait pas le droit. Mon regard se perd, mon souffle se coupe, et je sens mes genoux trembler. Ne pas lâcher prise, pas cette fois. Moi qui ai eu la douce illusion de passer un somptueux réveillon de noël, j’affrontais en guise de cadeau une vérité à laquelle je ne m’étais pas préparé. Elle n’avait plus besoin de moi. Ses sentiments s’étaient envolés avec le temps. Dans le fond, c’était ce que j’avais toujours souhaité. Mais je crois qu’inconsciemment, j’avais cette petite voix d’espoir qui me répétait qu’un jour, nous pourrions nous retrouver. J’avais caressé cet idéal lorsque les médecins m’avaient finalement placé sur la liste des demandeurs d’organes. J’avais cru à cette échappatoire, à ce miracle, sans vraiment le prononcer à voix haute. Je m’étais imaginé ce jour, mille fois au moins, où je lui annonçais que j’étais enfin guéri, et que nous pourrions reprendre là où nous nous étions arrêtés. Vraisemblablement, quoiqu’il advienne, cela ne se passera jamais ainsi. J’avais le cœur qui battait comme un fou, et mes lèvres qui tremblaient. Je n’ai jamais cessé de t’aimer. Ni hier, ni aujourd’hui, ni demain. Je suis l’amant qui rame à contre-courant pour regagner sa place à tes côtés. J’étais loin d’imaginer que la chute ferait aussi mal. « Je n’ai pas envie de l’apprendre. Je ne crois pas que ce soit Max qui ait besoin de moi. C’est juste… moi qui ai encore besoin d’elle et de toi. » Ma voix était incertaine, presque sourde. J’avais les yeux rivés sur l’une de ses mains, qui tenait un collier où trônait ma propre alliance en guise de pendentif. Soupire. Elle me faisait dos, malgré cela, je me suis approché un peu plus pour venir me serrer contre elle, mes bras autour de sa taille. Je n’en avais plus le droit, je le savais. Mais j’en avais besoin. Une dernière fois. Comme un couple, nous nous enlacions pour regarder ces quelques étoiles dans le ciel. Et je me suis souvenu de notre précédent réveillon. Un peu tardif certes, mais qui avait débuté d’une manière la plus parfaite qu’il soit. Nous nous étions retrouvés, et elle m’a dévoilé ce tatouage. Deux initiales reliés pour l’éternité ; deux alliances qui resteraient gravées. Foutaises. J’en souriais tristement. Où en étions-nous aujourd’hui… « Il y a un an, tu m’avais offert un magnifique cadeau : l’espoir. Cette année, tu m’as donné la chance de pouvoir serrer dans mes bras ma fille. Notre fille. J’ai caressé mon rêve du bout des doigts, je ne pense pas que beaucoup aient la chance d’affirmer avoir pu en faire de même dans leur vie. Et c’est à toi que je dois tout ça, alors merci. » Et c’était vrai. Malgré les coups invisibles que je pouvais recevoir ce soir, elle avait mis au monde notre trésor. Le notre, et celui de personne d’autre. Tout doucement, je l’ai contournée pour lui faire face. L’émeraude, l’azure, un échange si banal autrefois. Un mélange de couleur exquis, qui ne qualifierait bientôt plus que les regards de Max et Lou. Je détaillais chaque trait de son visage, sans sourire, sans respirer. Ma main glissa finalement dans la sienne, pour m’emparer de la chaînette où roulait l’anneau. Mon autre main quant à elle sorti de ma poche la seconde alliance dorée. La sienne. Ainsi étaient réunies les deux bagues sacrées. L’infime son de leur entrechoquement se fit entendre lorsque j’ai glissé le second anneau le long de la chaîne en or. Je ravalais difficilement ma salive. Et voilà. C’en était terminé. Et puis, je me suis de nouveau positionné juste derrière elle, me penchant légèrement pour lui accroché le collier autour du cou. Qu’au moins je demeure matériellement près de toi. « Il n’y a pas de point final à notre histoire, et tu le sais aussi bien que moi. Alors que ce soit dans ce monde ou dans l’autre, on se retrouvera. Quoiqu’il advienne... » Le dernier mot fut prononcé dans un gémissement soufflé. Les lèvres entrouvertes, j’avais mon front posé contre sa tempe, une main sur sa hanche. Mon sang était devenu lave, et je crois ne l’avoir jamais autant désiré qu’en ce triste instant d’au-revoir. Son parfum s’immisça en moi comme un poison, et j’ai dû fermer les yeux pour résister à cette terrible tentation. L’embrasser.. une dernière fois, juste une dernière fois.. Après tout, qu’était-ce qu’un simple et banal baiser comparé au reste ? J’en perdais la raison. Quel doux et agréable supplice… Je tâchais lâchement de résister à cette attirance qui allait fatalement l’emporter. « Une dernière fois… embrasse moi comme si tu m’aimais encore. » Et c’est ce qui arriva. Une main posée sous son menton, j’inclinais docilement son visage pour trouver ses lèvres. J’ai appris par cœur comment l’étreindre, comment accorder mon souffle au sien si chaud, comment serrer sa main dans la mienne, comment détacher mes lèvres des siennes pour les reprendre aussitôt, et comment contempler entre deux baisers son regard. Cette douce poésie qui fut un temps notre quotidien. Triste quotidien… Deux âmes qui s’embrassent, s’effleurent, s’aiment une ultime fois. Sur nos lèvres était gravé nos adieux. Et j’ai brisé les barreaux de notre cage pour apprendre à vivre. Mes yeux rivés vers nos deux anges endormis côte à côte, je me penchais vers elles. Dans le pays des rêves et merveilles, continuez de marcher main dans la main mes puces. Deux cœurs sont plus forts ensembles que séparés. J’avais fais une promesse que je n’saurais respecter. Pardonne-moi Max. Un dernier coup d’œil vers Elle, et je m’éclipsais.

Un couloir, lourd, sombre, infini. J’ai refermé la porte derrière moi, sans un bruit. Ca faisait si mal. J’ai ravalé mes larmes. Pas encore, pas ici, pas maintenant. Un mètre, deux, trois… une cinquantaine tout au plus. C’est ce que j’ai réussi à parcourir, pour rejoindre un balcon au fond d’un couloir. Nous aurions dû rester ensembles, et ne jamais nous séparer, comme nous nous l’étions promis. Je lui avais demandé de partir alors que je savais pertinemment que je n’saurais vivre sans sa présence près de moi. Le froid me rappela ces nuits d’hiver, avec elle. Lorsque nous n’étions que des amis, et que je l’aimais en secret. Lorsque je parvenais encore à la faire rire, en lui piquant son bonnet à pompon. Lorsqu’elle se vengeait en m’envoyant une boule de neige au visage. Lorsque j’éprouvais cette si agréable chaleur au creux du ventre quand elle souriait face à moi. Un souvenir, parmi tant d’autres. Finalement, resonger à ce passé joyeux m’apaisais secrètement. Alors je me suis adossé contre un mur, pinçant entre mes lèvres une saloperie de cigarette. Une flamme qui jaillit, un souffle, un cancer, un couple détruit. Je riais silencieusement tout en recrachant la fumée. Les conséquences de mes actes de dépravés. Quelques flocons venaient se déposer sur mes mèches de cheveux, mais étrangement, je n’avais pas froid. A mi-voix, j’ai commencé à entonner quelques paroles. Ce film, parmi tant d’autres, que nous avions l’habitude de regarder ensembles. « Just for one day. We could be heroes, forever and ever. » Nouvelle bouffée de cigarette qui s’envole au loin. Et dans ce nuage gris défilent les images de notre vie ensembles. Allongés sur notre lit, une soirée d’automne, où je la taquinais devant ce film. Elle pleurait, et je riais presque en essuyant ses larmes de mes baisers. La triste ironie du sort : durant cette belle époque, j’ignorais que j’allais connaître le même avenir que Satine, et qu’elle allait connaître la même souffrance que Christian. Les rôles étaient inversés, l’histoire différente, mais cet amour qui unissaient les deux héros du film était semblable au notre. Il y a bien longtemps. Chaque flocon blanc symbolisait ces années que nous aurions dû passer ensembles. Je ne verrai jamais mes filles grandir. Je n’entendrais jamais ma toute petite princesse m’appeler ‘’papa’’, ni même n’assisterai aux premières chamailleries de nos deux têtes blondes. Je m’évaporerai, comme de la vulgaire fumée, sans laisser la moindre trace. Et je crois que c’était là toute la difficulté de la chose. Je ne parvenais pas à concevoir que j’allais disparaître en laissant derrière moi trois petits bouts de femmes sur lesquelles je veillerai d’en haut. Bruit sourd qui rompt le silence nocturne.

Je tressaillis quelques secondes avant de baisser le visage vers ma ceinture, où trônait mon bipper. Il sonnait. Une petite LED rouge clignotant. J’aurais été incapable de décrire mon ressentis sur le coup. J’ai d’abord souris, légèrement amusé, comme si on m’avait fait une farce. Puis j’ai détaché l’appareil, le contemplant durant quelques brèves secondes. Là, quelques part, un homme était décédé, et ses poumons m’attendaient. La nuit de noël. Le hasard est imprévisible. Malheureusement pour lui, je ne faisais pas parti de ceux qui acceptaient ses offres surprises. Mon pouce glissa jusqu’à un interrupteur. Je l’ai éteins, et le silence remplit une nouvelle fois le balcon. Une chance au creux de la main, que je laisse s’envoler pour l’offrir à quelqu’un. A un père de famille. A un mari. A un ami. A quelqu’un qui aurait des êtres chers à combler de bonheur, encore un peu. Pas à un pitoyable étudiant, solitaire, et lâche. Joyeux Noël. Nouvelle prise de nicotine, nouvelle tentative de suicide. Un long et lent supplice que je désirais plus que tout m’infliger. Cher Père Noël, si tu m’entends, fais en sorte que je disparaisse vite. Rends la vie à ma fille, et prends la mienne. Elle n’a que peu de valeur, je le sais, mais si tu dois m’offrir un présent, offre-moi celui-ci.

Dans ma main, un téléphone portable. Je composais un numéro : celui de l’hôpital où j’aurais été censé me rendre pour la greffe. « Bonjour. Je m’appelle Benjamin Vilammée. Mon bipper vient de sonner. » Une femme au bout du fil. Elle semblait soucieuse, mais me confirmait qu’ils avaient en leur possession deux poumons d’une jeune femme décédée il y a une heure. J’écoutais d’une oreille les explications concernant l’opération. Et puis, j’ai soupiré. Je savais désormais ; je savais comment la sauver. S’il y avait une chance pour que notre ange puisse s’épanouir, alors je désirais la tenter. Lui offrir celle que je ne saurais accepter. Je laissais tomber mon mégot de cigarette au sol avant de l’interrompre à mi-voix : « Je ne veux pas de cette greffe. En revanche… je connais une petite fille qui en aurait besoin. » J’ai discuté avec elle. Une dizaine de minutes. Et tout fut très vite arrangé. Max allait subir une greffe des poumons. Dès demain matin. Un mince sourire naquit sur mes lèvres alors que je raccrochais, tout en contemplant la forme ovale, imposante, et brillante qui me faisait face. La Lune. J’avais entendu derrière moi la porte s’ouvrir, et l’infirmière venir m’apporter une couverture. Je ne doutais pas qu’elle avait entendu quelques morceaux de la scène, puisqu’elle me regardait avec un air à la fois attendri et plein de compassion. D’ailleurs, elle s’installa quelques instants à mes côtés. « Vous êtes un excellent père. Mais vous devriez vous re-saisir, parce que si votre petite fille va survivre, ne pensez-vous pas qu’elle souffrira de ne pas avoir son papa à ses côtés ? » Ce n’est pas comme si le choix m’était donné. J’esquissais un vague grognement. « Pour la greffe de Max, vous pourrez à l’annoncer à… » Ma femme, mon épouse, ma petite amie, mon Amour, ma chérie, la mère de ‘’mes’’ enfants. A Esthell. Quel qualificatif utiliser désormais… qu’étions-nous l’un pour l’autre ? Je baissais le visage. Mais je n’eu pas besoin de terminer ma phrase, puisqu’elle sembla me comprendre, et se leva pour regagner les couloirs. Yeux rivés vers ces lumières dans le ciel, je remerciais silencieusement cette soirée. Plus jamais mon petit trésor n’aurait à souffrir. Plus jamais je ne verrai ses larmes rouler sur ses joues à cause de cette fichue douleur. Plus jamais elle ne serait comme moi. Vole de tes propres ailes, et respire ma puce. Tu le mérites tellement.
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Swan Cartwright-Hansen
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❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b  Empty
MessageSujet: Re: ❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b ❝ la vie est une succession de séparations ; depuis la naissance jusqu'à la mort❞ e&b  EmptyVen 30 Déc - 20:32


I wish for one day I could go back. In another life, I would do things so differently. ✦ “D'abord, la nuit. D'abord, le pire. Tout ce qui nous fait mal. Tout ce qui nous tue. Nos peurs, les fantômes de nos deux passés. C'est un hôpital, mais nous ne sommes pas malades. La chambre est pleine de chaleur, de lumière douce et de bouquets de fleurs. Dans la pièce, il y a un berceau et dans le berceau, un nouveau né. Tu me regardes, je te regarde. Nos yeux brillent. Ce bébé est le nôtre. C'est une petite fille. Elle aussi nous regarde et, d'un seul coup, nous sommes trois, et nous ne faisons plus qu'un. D'un seul coup nous sommes une famille.” ◂Que serais-je sans toi ? ;; esthell&benjamin

« The past is like a hand full of dust, it filters through your finger disappearing little by little »
◂ Échec et mat. Petit cœur, animé par le vacarme de mes songes. Troisième guerre mondiale déclarée, au fond de mon myocarde, déchainée dans tous les hémisphères. Sous les rares lueurs pâles de la nuit, ma peau devient brûlante, et je referme les yeux, quelques secondes. Une fois, deux fois, histoire d'être complètement consciente. « Votre fille va subir une greffe des poumons. Il nous faut la préparer le plus rapidement possible. J'ai déjà prévenue les chirurgiens, ils sont prêts à intervenir dès que j'aurais votre accord. » m'expliqua l'infirmière en entrant dans la chambre discrètement, une feuille à la main, n'attendant plus que ma signature. Je jetais un regard sur Max, toujours endormie, étendue sur son lit, en serrant amicalement ses peluches contre elle. Les cellules de ses poumons étaient parsemés de saletés immondes, qui empêchaient la circulation de l'air à temps régulier. Il lui fallait être aider par une machine médicale, à longueurs de journées, car ses quintes de toux éreintaient son cœur, qui finissait par se fatiguer, en battant à peine. Son traitement la rendait encore plus vulnérable, et elle se déplaçait difficilement à présent. Souvent, je la voyais angoissé par ses peurs, prostrée dans ses pensées. Sa maladie ne lui laissait aucun répit. Les douleurs se faisaient moins éprouvantes pour elle, grâce aux médicaments qu'elle ingurgitait quotidiennement, mais ils n'empêchaient pas les amas de sa chair, se dégradés dans ses poumons. J'aurais aimer la consoler, la débarrasser de cette saleté de maladie, qui la rongeaient depuis sa naissance. Pourtant, j'étais simplement impuissante face à ce qui lui arrivait. « Je ne comprends pas.. Je croyais qu'elle n'était pas prioritaire sur la liste d'attente.. Hier encore..vous me disiez qu'il fallait attendre un mois ou deux... et qu'elle aurait peu de chance de survivre à une intervention. » bégayais-je, incertaine. L'infirmière me tendit le papier pour l'opération, la tête baissée. L'équipe médicale y décrivait les détails du suivi de Max, son état était évaluée sur une note sur dix, chaque semaines. Les derniers résultats de ses examens étaient loin d'être satisfaisants, et les risques, en vue de ses besoins médicaux, étaient manifestement élevé. Je ne pouvais pas prendre le risque de la perdre ainsi. Pourtant, il fallait qu'elle guérisse, peu importante ses maigres chances de survie. « Votre mari ne souhaitait pas recevoir cette greffe. Il l'a offert à votre fille, qui est par chance, est compatible elle aussi. Et il nous faut votre accord immédiatement, pour débuter la procédure. » Sa voix était douce, remplie de délicatesse, sans doute pour amoindrir l'impact de ses paroles. Très vite, mon esprit fut envahi par de lourds songes, écartés sitôt. Comment avait-il pu faire ça ? Je rechignais quelques sanglots au fin fond de ma gorge nouée. Un simple oui se fit entendre, à peine inaudible, et les pas de l'infirmière, satisfaite, quittèrent la chambre aussitôt. Ma petite fille va guérir. Enfin. Elle n'aura plus à affronter ses peurs, ni à parcourir les longs couloirs de l'hôpital avec l'aide de quelqu'un. Tentant désespérément de me fondre dans l'obscurité de la pièce, je me suis installée dans le fauteuil, situé en face du lit. A cet instant, j'aurais juré l'avoir vu sourire. Un mince sourire, certes, presque invisible. Pourtant, l'espace d'une poignée de secondes, un léger trait avait affiné la courbe de ses lèvres, que je connaissais par cœur. Elle a ouvert ses yeux, les frottant avec ses deux mains légèrement. Et puis, elle m'a regardé tendrement, une lumière scintillante dans ses prunelles océans. Elle avait compris. « C'est bientôt fini, je te le promet. Papa t'a fais un cadeau ! Dors bien mon ange, il faut que tu sois en forme. » Elle a saisi l'une de mes doigts, en refermant ses paupières, toujours avec ce maigre sourire marquée sur son visage. Rien ne l'arrête, j'imagine. Soudainement, une pensée, telle une spirale infernale, emprisonne mon esprit. Et si, elle ne survivait pas ? Non. Je ne peux pas y songer, encore. Pas encore. Tout ce que je peux faire, c'est l'aimer fort, très fort, aimer ce monde qui abrite notre humanité, et accepter peut-être, je dis bien que peut-être, je réussisse un jour à vivre ma vie, lorsque la sienne l'abandonnera à jamais.

Elle. Son regard puissant, intense, galbé d'amour, aux premières lueurs du jour. Ses mains ballants, jouaient avec ses deux peluches, qu'elles faisaient interagir ensembles. Et puis, lorsque sa petite sœur a ouvert ses petits yeux verts, elle s'est une nouvelle fois amusée, à la taquiner avec son minuscule nez de bébé, en déposant dans le vide un de ses doigts, pour qu'elle puisse l'attraper. Elle gigotait dans son lit, et me réclamait de l'aider à se lever. Même si ce fut déchirant pour moi, je devais lui refuser à plusieurs reprises ses dires. Elle devait garder ses forces pour l'intervention. Je me suis alors, résignée à rester assise à ses côtés, Lou dormant encore comme une princesse dans mes bras, en lui contant des histoires pour enfants. Une nouvelle fois, la peur me surprenait. Je me perdais dans l'immensité de ses prunelles bleus, et l'éclat de ses cheveux blonds. Les yeux rivés sur elle, je ne pouvais m'empêcher de songer à la souffrance, qui tyrannisait ses poumons. Maigre, fatiguée, la respiration haletante. Elle n'en perdait pourtant pas son âme d'enfant, ni son large sourire dessiné sur les doux traits de son visage. L'infirmière au pas de la porte, elle la saluait de ses propres gestes, et avalait, sans un mot, ses nombreux cachets. L'instant d'après, elle retournait voir ses peluches, parlait dans un langage qu'elle seul pouvait comprendre, et reprenait son masque d'enfant. Elle riait, fort, très fort, lorsqu'elle a vu sa petite sœur, dans les bras de l'infirmière, qui vérifiait si tout allait bien. Et puis, elle jubilait dans son lit, trop grand pour elle, en regardant son papa venir lui dire bonjour. J'esquissais un léger sourire à ce contact père/fille, bien que mon esprit semblait ailleurs. Je le scrutais, ses yeux rougies, sans doute par des larmes trop lourdes déversés la veille, avant de me résoudre à simplement profiter de l'instant présent. Des médecins défilaient dans la chambre à tour de rôle, prenaient soin de surveiller l'état critique de Max, prescrivaient d'autres médicaments pour préparer l'intervention. A plusieurs reprises, j'ai saisie sa main, inconsciemment peut-être, prise par la peur et l'angoisse grandissante. Mes doigts serraient les siens, en tremblant. Tout était définitivement prêt. Plus que n'importe quel instant. Elle était désormais allongée sur son nouveau lit, sa blouse bleue recouvrant son petit corps d'enfant. Chacun de notre côté, nous lui tenions la main. Son regard saisissant percuta le mien : et j'ai lu dans la lueur de ses yeux pour la première fois, l'hantise et la crainte. « Tout va bien se passer. On va t'opérer aujourd'hui, et après, tu auras des poumons tout neufs, et tu seras guéries mon ange. Tu n'as pas à avoir peur, tu es une petite fille courageuse, n'est-ce pas ? Je suis fière de toi, Max.. Nous sommes fières de toi. Bats-toi, résistes comme tu sais si bien le faire. » murmurais-je, en déposant un dernier baiser sur son front au teint livide. La porte de la chambre s'est ouverte, et elle a quitté la pièce. Je n'ai pas pu retenir mes larmes. Des larmes de joie, de fierté, d'inquiétude, d'affres terribles. Je la vois pourtant commencer à sourire à nouveau, rassurée j'imagine. Mais rien n'y fait. En la voyant partir ainsi, parcourir les dangers de la vie, sa propre existence entre ses mains, je me suis jurée de lui dire la vérité. Promesse qu'un jour, elle saurait chaque recoins de sa si belle vie. Ce fut d'abord son regard, poignant, perdu dans ce monde hospitalier infini, qui me donna la force de lutter. Et puis, ce sourire, infaillible, éclairant les facettes de son visage. Petite lumière, illuminant la noirceur de nos chagrins et de nos tristesses. Il n'y a rien de plus fort que l'amour d'un enfant. Nous nous sommes finalement retrouvés seul, l'émetteur de la machine composant une incessante mélodie dramatique dans nos oreilles. Je plaquais brusquement mon visage contre son épaule, ma main écrasant la sienne. L'âme vagabonde, égarée quelque part auprès de son minuscule cœur et ses yeux bleus de l'espoir, déjà si loin de moi. Loin de nous.

« Tu n'avais à faire ça, tu sais ?.. Tu en avais autant besoin qu'elle, que j'avais besoin de toi, un temps. Je sais que c'est difficile, mais je le fais pour nous. Il faut qu'on soit fort, ensembles. Rien n'est acquitté à l'avance. Les sentiments, c'est pour la vie. Ça ne s'en va jamais : l'amour nous suit à la trace, faisant progressivement partie de nous. Je sais que je te fais du mal, et que tu m'en voudras éternellement d'avoir mis fin à notre relation. Mais il faut que j'avance, que je continue à vivre malgré tout. Aujourd'hui, j'ai peur. Terriblement peur. Cette nuit, je me suis imaginée les pires scénarios qu'ils puissent exister. Je ne veux pas la perdre, comme je refuse que tu t'en ailles toi aussi. Si tu as besoin de moi, un soir où le cœur n'y est pas, je serai là. Les nuits où le sommeil ne te viendras pas, les instants où tu auras envie de te confier à quelqu'un, peu importe l'heure tardive, je serai là aussi. Les joies, les peines. Nous partagerons tout ensembles, et je t'aiderai en temps qu'amie, une simple amie, qui ne souhaite que ton bonheur. Je ne t'abandonne pas. Je ne peux plus me permettre de le faire. » Faible discours, prononcé à voix basse, un nœud creusé au fond de la gorge. Nous sommes allongés sur le lit centrale de la pièce d'hôpital, ses bras encerclant les miens. L'intérieur de mon coude était douloureusement désarticulée, sous le poids de ma tête appuyée dessus. Je fermais les yeux, exténuée, restant immobile et à proximité de la chaleur de son corps. Ma main, retenant la sienne, fermement. Je le sentais m'attirer contre lui, à la force de ses bras. Il était impuissant, face au silence de mes larmes. Comme je l'étais actuellement, devant la tournure de nos craintes. Pourtant, je me plaisais, renfermée dans ses bras brûlants, dans cette soudaine torpeur qui hurlait dans mes pensées, dans ce supplice intérieur me torturant en silence .Nous sommes restés de longueurs heures ainsi, son visage plaquée contre mon épaule à admirer le nourrisson assoupie dans sa petite boîte de plexiglas. Nos âmes fatigués se rassemblaient, s'unissaient pour combattre la peur. Une peur saignante, destructrice, mère de nos sombres pensées. Je me noyais dans mes soupirs, m'endormait au rythme de son souffle chaud sur ma chair. La douleur s'essoufflaient continuellement. Une larme ou deux, perlaient de temps à autre au coin de ma paupière, et la balayais aussitôt à l'aide du dos de ma main. Un soubresaut de douleur, par ci, par là. Je sanglotais, comme une gamine, venant de faire un cauchemar. Le sommeil ne se montrait guère clément, il faut croire. Dans la pénombre d'une journée, ternie par le voile de l'effroi, je retrouvais peu à peu mes mots, et le contrôle de mon corps. J'ai basculé sur le dos, soulageant mon bras gauche encore engourdi. « Souvent, je songe à notre passé, en y gardant quelques remords. Mais finalement.. A quoi bon s'en vouloir ? Tu as la vie devant toi, comme j'ai la mienne à construire. Nous avons été heureux ensembles, en ayant vécu des évènements qui nous rappelle chaque jours le prix du bonheur, et à quel point il est précieux d'en prendre soin. On ne peut pas avoir de regrets indéfiniment. Nous avons écris notre histoire, en ayant pris le risque de nous aimer, et de souffrir par la même occasion. Et désormais, la dernière goutte d'encre vient l'achever d'un trait. Je suis contente d'avoir croisée ton chemin Benjamin, de t'avoir aimée mais le plus beau reste à venir. La vie t'ouvre grand les bras, et je suis persuadée que tu as encore beaucoup de choses à découvrir. Sans moi.» chuchotais-je toujours, d'une voix attendrie, presque subitement sereine, mes pupilles fatiguées, plongées dans les siennes. Le visage retournée sur l'oreiller, en face des rideaux clos de la chambre, je ne pouvais m'abandonner davantage dans son regard. Le cœur explosé, et la gorge sèche. Il se rapprocha de moi, tentant de m'embrasser, mais mon bras le lui en empêche. Non, mon amour. C'est fini, tu le sais. Je ne veux plus, de ta main pour me rattraper, de tes bras pour me réfugier. Le petit cœur désarmé, coure après le roi, qui ne l'atteindra plus, un deux, et trois, fonce dans l'inconnu. Échec et mat.

Un instant, elle s'envole, le bleu à l'âme, quelque part entre deux mondes. Elle semble heureuse, et malheureuse à la fois. Parce qu'elle le sait. Elle s'éloigne de lui, et quitte leur monde. L'éclat de ses prunelles vertes, ses caresses sur ses pores, ses baisers au creux de sa nuque, les nuits passées ensembles. Elle s'en souviendra. Toujours.
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