Huit heures. Elysia-Grace sort de son lit et commence déjà à paniquer. Aujourd'hui, elle a rendez vous avec Arizona, son avocate qu'elle connait depuis une semaine à peine. Voilà une petite semaine que la jeune Worker est de retour à San Francisco et voilà que les ennuis lui tombent déjà sur le coin du visage. James voulait divorcer, l'homme qu'elle aimait plus que tout au monde voulait divorcer en invoquant l'absence de la jeune femme. Sauf que maintenant, elle était de retour et cela risquait de tout compliquer entre les deux époux. Elle ne voulait pas divorcer, elle espérait encore que tout s'arrangerait rapidement, elle ne pouvait pas croire qu'elle en était remise à ça, elle ne voulait pas croire que tout était fini. L'autre jour, elle avait croisé James au super marché et le regard qu'ils s'étaient échangés n'était sûrement pas un regard de haine, loin de là même. Elle l'avait blessé, énormément même et il lui en voulait, ce qu'elle pouvait totalement comprendre. Aujourd'hui, c'était le rendez vous à quatre. Maitre Spencer, Maitre Stevenson, deux avocats australiens qui semblaient plutôt doués, bien qu'Elysia-Grace c'est vue assigné à Me Spencer, avocate commis d'office. Cela ne la gênait pas, elle ne connaissait personne sur la ville et tout aide était la bien venue. Sortant de son lit, elle croisa sa colocataire et la salua. Les deux jeunes femmes s'entendaient plutôt bien et elles passaient quelques peu de temps à discuter ensemble, de tout et de rien, comme deux femmes quoi. La belle brune n'était franchement pas dans son assiette et l'idée de croiser son mari, de se retrouver dans le même bureau que lui lui fichait la chair de poule. Elle avait peur de craquer devant lui, elle avait peur de s'énerver pour un rien et de se braquer. Les deux avocats savaient pourquoi elle était partie, les deux avocats connaissaient les circonstances du départ de la jeune brune mais pas son mari et ça, peut être que ce serait trop dur pour lui. Peut être que d'apprendre que sa femme avait été violée serait de trop, qu'elle ne lui en ait pas parlé surtout... Se dirigeant vers la salle de bain, Elysia-Grace avait peur qu'il lui en veuille plus que ce n'était le cas, elle avait peur qu'il ne veuille plus jamais la revoir, qu'il la raille définitivement de sa vie. Elle se demandait déjà comment il avait réussi à vivre sans elle, comment il avait réussir à tenir trois longues années avant de demander ce fichu divorce qu'elle ne voulait pas. La douche fut rapide pour la jeune femme, très rapide même... Elle enfila son peignoir avec écrit « Mexico » derrière et repartit dans sa chambre fraichement aménagé. Lorsqu'elle était arrivée à San Francisco, elle avait vu une annonce pour cet appartement et vu ses moyens plutôt réduits, partager un bijou pareil ne la gênait pas. Elle prenait la place d'un homme qu'Esmeralda avait décrit comme super mais suite au décès de son fils, il était retourné dans son pays natal avec sa petite amie. En apprenant ça, la jolie brune c'en était voulu comme jamais. Elle avait abandonné son fils et son mari pour les protéger de la dépression qui allait la rattraper, elle avait fait ça pour eux mais elle s'en voulait et pas qu'un peu. Elle s'en voudrait d'autant plus que quelque chose aurait pu arriver à son bambin et elle n'en aurait rien su, ou presque. La jeune professeur de littérature s'habilla rapidement d'une robe portefeuille noire, très classe qui faisait vraiment femme et non petite folle qui allait faire la fête. La jeune Nichols-Bass ne se sentait pas à l'aise mais alors pas du tout et cela se voyait à son teint livide, elle était blanche comme un cadavre et sa colocataire lui fit remarquer. Il était neuf heure vingt lorsqu'elle descendit dans la rue et héla un taxi. Elle n'était pas en mesure de conduire ça c'était claire et nette. Après un certain temps en voiture, Elysia-Grace descendit du taxi jaune et paya le chauffeur. Elle se retrouva devant un immense immeuble de verre et ses jambes se mirent à trembler. Son avocate devait sûrement l'attendre à l'intérieur et c'est pour cela qu'elle se força à avancer, sac à main sous le bras. Poussant la porte de l'immeuble, la jolie brune vit son avocate au loin et s'avança rapidement vers cette dernière. Une fois à sa hauteur, elle la salua et dit « Je ne sais pas si je suis prête à lui faire face une nouvelle fois... J'ai peur de craquer... » Cela était une des grande crainte de la jeune américano-mexicaine. Regardant son avocate qui semblait plutôt confiante, elle tenta de se calmer et de se dire que tout irait bien. Elle devra laisser parler Arizona et répondre aux questions seulement quand on lui demanderait de le faire. Elle connaissait le schéma par cœur, ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'elle avait besoin d'un avocat... Montant au niveau deux avec son avocate, Elysia-Grace se sentait un peu mieux, comme protégée par une bonne étoile même si ses jambes s'entrechoquaient un peu trop à son gout. Marchant jusqu'à un grand bureau, les deux femmes étaient silencieuses. Elles passèrent le bas de la porte et attendirent quelques petites secondes que les deux hommes arrivent. Lorsque la jeune Nicholas-Bass croisa le regard de son mari, son cœur fit un bon, elle le sentait battre à mille à l'heure, ou peut être trois mille à l'heure. Tous les quatre s'assirent autour de la table ronde, deux de chaque côté et la belle brune attendait que la ''rencontre'' commence...

La vie n'était pas toujours comme on l'avait pensé ou bien voulu. Ça, Elysia-Grace l'avait bel et bien compris il y a longtemps. La jeune femme avait toujours une enfance plus ou moins joyeuse mais elle ne se souvenait que des bons moments, rien d'autre. Aujourd'hui, elle était confrontée à son pire cauchemar ; le divorce, la perte de son mari et de son fils qu'elle ne connaissait absolument pas. La jeune femme savait très bien que tout était de sa faute, qu'on ne quittait pas son mari comme cela et pourtant... pourtant elle l'avait fait, persuadée de le protéger mais au final, elle l'avait blessé, détruit et elle n'avait plus que ses yeux pour pleurer. Si elle divorçait aujourd'hui, elle serait détruite et seule Dieu savait ce qui adviendrait d'elle dans le futur. La jeune femme décida donc de se prendre en main, d'être forte devant son mari même si elle savait très bien qu'au moindre soin de sa voix, tout reviendrait un peu plus. Chaque moment passé avec lui à dormir, sortir, boire, faire la fête, le mariage, la naissance. Tout allait remonter et la jeune femme serait mal, très mal même mais elle devait le faire, elle devait faire le tout pour le tout en ce jour assez sombre pour elle. Prête à affronter James ? Non surement pas, seulement elle n'avait pas le choix. James voulait divorcer, elle ne voulait pas le quitter. Après toutes ces années, elle était toujours folle amoureuse de lui et était persuadée qu'ils pourraient tout reprendre à zéro, ou pas. Peut être qu'il avait une femme dans sa vie, qu'une autre qu'elle se faisait passer pour la mère de Ronald. Cette simple pensée la fit trembler de tout son corps. Elle en avait fait des conneries suite à ce viol, trop de conneries et voilà qu'elle se mettait à regretter amèrement tout ce qu'elle avait fait. Elle avait voulu protéger sa petite famille et au final, elle avait fait plus de mal que de bien. À peine arrivé au lieu dit, la jeune femme trouva son avocate et lui confia ses peurs. Elysia-Grace était une femme très sensible et tout ce qu'elle avait fait la rongeait bien trop à vrai dire. Elle n'avait jamais était en phase avec elle même, elle c'était détruite et avait tenté de mettre fin à ses jours quelques fois, en vain. Jamais elle n'avait vu la lumière blanche et elle ne savait plus si c'était une bonne ou une mauvaise chose... Se plaçant dans la salle, la jeune femme était devant l'avocat de James et regarder droit devant elle était à peu près gérable. Cependant, dès qu'elle tournait le regard, c'était bel et bien autre chose. Dès qu'elle croisait le regard de James, qu'elle voyait sa petite coupe de cheveux, ses cernes qui n'avaient pas disparus depuis trois ans, son cœur battait trop rapidement pour elle. Elle avait cru que ce dernier allait se décrocher, sortir de son corps et se faire la mâle. Son poux était bien trop élevé mais elle tentait de se concentrer ce sur ce qu'elle allait bientôt devoir dire... Elle savait très bien que si elle voulait un minimum de chance avec son mari, elle devait tout avouer, elle devait avouer qu'elle avait été violée comme une malpropre au milieu de nul part, elle devait avouer que plutôt que de leur faire mal, à ses deux anges, elle avait préféré partir loin d'eux, se ressourcer mais au lieu de ça, elle était tombée en enfer. Tout avouer n'arrangerait peut être pas tout ; peut être que James ne changerait pas d'avis parce qu'il ne l'aimait plus. Elle n'en savait rien et cela lui faisait tellement mal... Elle qui avait toujours aimé contrôler le domicile familial, elle en était bien loin ces derniers temps. Tentant de se concentrer sur ce que les deux avocats disaient, le cœur de la jolie brune se serra à plusieurs reprise. Un divorce parce qu'elle n'avait donné aucun signe de vie... Quelle idée et pourtant, elle aurait sûrement fait la même chose à sa place. Quand elle y repensait, elle se mettrait des claques en pleine face. Elle aurait du en parler à James, lui dire tout ce qu'elle avait dit à Alcide et à Lauralynn avant de partir. Elle aurait du le faire, mais elle ne l'avait pas fait, elle n'avait pas pu le faire. Seulement, trois ans après, elle semblait avoir le courage pour le faire. Elle savait aussi, et surtout, que si jamais elle craquait, si jamais aucun mot ne sortait de sa bouche, Arizona serait là pour l'épauler, pour la soutenir comme elle l'avait fait lors de leur premier entretien. Depuis que la jeune Nichols-Bass était de retour dans la belle ville de San Francisco, c'était la deuxième fois qu'elle allait devoir s'ouvrir après tant de temps à tout vouloir garder pour elle, à tout enfouir à vrai dire. Au Mexique, seul son psychologue et sa grand mère savait pour ce qu'elle avait vécu cette après midi d'Aout. Il fallait dire qu'elle ne côtoyait personne là haut. À part ses cours à l'école pour devenir professeur et ses ménages -pour gagner sa vie- elle ne faisait rien, rien de bien sain du moins. Lorsque Me Stevenson annonça qu'il y avait certaines choses à clarifier, le cœur de la jeune maman se serra et elle était au bord de la syncop. C'était donc là, maintenant, tout de suite qu'allait se passer les révélations, le moment le plus douloureux de la séance d'aujourd'hui. Elle avait peur de s'ouvrir pour rien, elle avait peur que son mari se fiche bien de son état moral et qu'il prône qu'il c'était retrouvé seul du jour au lendemain sans mot, sans lettre, sans vidéo ou cassette. Il c'était retrouvé seul avec un bébé de quelque jours. Il n'y avait rien eu de pire dans la vie de la jeune femme, même pas l'accident dans lequel elle avait été impliquée et où deux personnes étaient décédées. Elle ferma les yeux et inspira un grand coup. Sentant Arizona ouvrir la bouche, comme pour tout dire, elle la regarda et dit « Je peux ? » L'avocate sembla comme surprise de la réaction de sa cliente. En même temps, personne n'aurait pu penser que ce serait elle qui commencerait à en parler. Regardant Cooper, puis glissant son regard sur James, son cœur se serra à nouveau. Elle posa son regard sur un petit bout de papier au milieu de la table et commença son récit « Je suis partie pour te protéger, pour vous protéger, Ronald et toi. » Regarder son mari aurait été plus correcte mais c'était mission impossible pour elle. « Que tu le comprennes ou non, j'ai préféré vous parce que j'ai été... » Le mot ne voulait pas sortir de sa petite bouche. Elle commençait à avoir mal au ventre, une envie de vomir lui chatouillait le ventre et les images de cette horrible scène commençaient à faire surface. Elle inspira un bon coup et dit, à vois basse « J'ai été violée comme une moins que rien, au détour d'une rue. » Sa voix se faisait de plus en plus tremblotante, elle commençait à avoir les larmes aux yeux. Comme à son habitude quand les douleurs refaisaient surface, elle serrait les points si fort que ses ongles lui griffaient la peau. « Et plutôt que de déprimer et de vous faire du mal je suis partie au Mexique... Ma grand mère m'a hébergé et... » Une larme coula le long de la joue de la jeune femme. Elle s'en voulait d'avoir fait tout cela mais pourtant, c'était pour leur bien, même si cela leur avait fait mal. Un calme plat régnait dans la salle. « Et j'ai fait des tas de choses horribles... Je suis partie pour vous protéger. Pour te protéger James et Ronald bien entendu. Il n'avait pas besoin d'une mère dépressive qui ne voulait plus se faire toucher, qui ne supportait plus d'entendre de cris de bébé. » Elle leva les yeux et regarda James droit dans les yeux « Une nuit, il a fait une colère et... C'est là que j'ai décidé de partir parce que plutôt que de lui faire du mal parce qu'il hurlait comme j'avais pu hurler, j'ai préféré partir pour vous protéger » Les protéger avait été don but premier et elle espérait qu'il le comprendrait... Une larme coula sur la joue de la jolie brune mais elle l'essuya rapidement...