Sujet: thought i'd lose you forever ❦ NORAMILLE Jeu 18 Aoû - 1:53
thought i'd lose you forever
❦ this is one for the good days;
This is one for the good days And I have it all here In red blue green This is my way of saying goodbye Because I can't do it face to face So I'm talking to you before it's too late. • NORAMILLE
Elle était là. Des mois après sa disparition. Là, à quelques mètres seulement de lui. L’air différente, et pourtant, si semblable à celle qu’il avait autrefois si bien connue. Evan. Si Camille n’avait pas été sûr de n’avoir été exposé à aucune substance ou phénomène susceptible de susciter chez lui des hallucinations, il n’en aurait pas cru ses yeux. Mais c’était bien elle. Assez grande, fine, ses cheveux blonds qui voletaient autour de son visage d’ange. En l’apercevant, il avait arrêté de marcher. Il s’était immobilisé, figé d’un coup, ne pouvant détacher le regard de celle qui lui avait tant manqué au cours des derniers mois. Camille ne sut quoi faire. Comment réagir, que dire, après tout ce qui s’était passé ? Evan le détestait, à présent. Ou plutôt, elle ne le détestait pas, mais ne voulait tout simplement plus de lui dans sa vie. Il n’y avait plus sa place, et elle le lui avait bien fait comprendre. Comment l’approcher, du coup ? Le souhaitait-il réellement ? Car en ayant failli la perdre de bon, après son accident, Camille avait fini par comprendre combien elle comptait à ses yeux… mais il n’était pas pour autant parvenu à réparer les dégâts qu’il avait commis à son retour en Californie. Plus que jamais, Camille avait regretté d’avoir agi de la sorte ce jour-là. Et lorsqu’il apprit qu’Evan avait tout simplement disparu sans donner de nouvelles, lui rappelant douloureusement son propre comportement quelques mois plus tôt, Camille eut beaucoup de mal à encaisser le choc. Malgré tout ce qu’il avait pu dire et la manière dont il avait agi avec elle lors de leurs retrouvailles, Camille tenait énormément à la jeune femme. Elle avait été sa meilleure amie, une partie intégrante de sa vie, et la perdre ainsi lui avait provoqué un déchirement sans pareil. Rien de plus normal, donc, à ce qu’il voulût la rejoindre sans plus tarder, pour lui parler, la regarder, sentir tout simplement sa présence qui lui avait trop manqué ces derniers temps. Camille avait eu du mal à tourner la page. La vie sans Evan n’avait pas été une partie plaisir, et ce, depuis le début. Et si c’était à refaire, Camille aurait sauté dans les bras de son ancienne amie, ce jour-là où il la perdit pour de bon en lui refusant de faire un effort pour que tout s’arrange entre eux. Qu’il avait été stupide ! Et que ne donnerait-il pas pour réparer son geste…
Toujours incapable d’effectuer le moindre mouvement, il la fixa, sans pouvoir ni vouloir faire autrement. Elle était si proche de lui, et pourtant si lointaine… Elle n’avait sans doute plus rien à lui dire, à part, peut-être, des mots de haine, de mépris ou d’indifférence. Camille n’aurait su dire lequel des trois aurait été pire. Dans tous les cas, elle ne voudrait plus rien de lui. Aucun doute là-dessus. Pourtant, sans doute interpellée par son regard insistant, elle aussi s’était arrêtée. Dans les yeux de la jeune femme, Camille ne put rien lire qui indiquât qu’il n’était pas, à ses yeux, un simple étranger un peu bizarre dans sa manière d’observer les gens. Rien ne suggérait même l’amitié qu’ils avaient partagée à Berkeley, autrefois. Rien ne suggérait non plus la rancœur et l’amertume qu’il avait suscitées chez elle en la repoussant il y a quelques mois de cela. Rien. Son regard était vide, sinon perplexe. Il ne trahissait rien, absolument rien. Par contre, chez Camille, une effervescence sans pareil avait commencé à animer son cerveau, où défilaient à la fois images de leurs moments passés ensemble et fragments des paroles qu’elle lui avait adressées, qu’elles fussent agréables à se remémorer ou non. Dans un éclair, il se souvint de leur première rencontre. « Camille ?! Mais… mais tu es… un garçon ?! » De leur première soirée passée ensemble. « Alors, Love Actually ou Pulp Fiction ? Te connaissant, on va plutôt choisir Love Actually… » De leur première dispute. « Je t’avais pourtant demandé de m’apporter des baskets ! Comment tu veux que je survive sur le campus avec des talons de quinze centimètres ? » De sa première surprise. « Camille, je te présente Andréa. Andréa, dis bonjour à Camille ! » De leur première discussion amoureuse. « Alors, tu sors avec Nina ? Et tu comptais me le dire quand, au juste ? Il a fallu que Fleur me l’apprenne ! Félicitations, bouffon. » De leur dernière discussion amoureuse. « Désolée, on ne peut pas se voir ce soir, Will m’a appelée et… il faut que je lui parle. On se verra une autre fois, promis ! » De leurs retrouvailles. Leur dernière dispute. Leur dernière discussion. « Tu sais très bien que tu comptes pour moi, que je tiens énormément à toi, mais n’espère pas que quand tu auras réalisé que tu n’y pouvais rien et qu’il est temps d’essayer d’aller de l’avant je sois là, parce que je ne le serai plus. »
Du début à la fin, il s’en souvenait. Chacun des moments passés à ses côtés, chacun des moments qui lui avaient permis d’évoluer un peu plus chaque jour. Camille réalisait combien Evan avait été importante dans sa vie à Berkeley, non seulement parce qu’elle avait été là pour l’épauler et le guider dès son arrivée, mais surtout parce qu’elle était sortie de son simple rôle de correspondante pour devenir sa meilleure amie. Celle sur qui il pouvait toujours compter, et à n’importe quel prix. La seule à qui il avait toujours tout dit, sans honte ni scrupules, et qui lui disait, elle aussi, tout ce qu’elle avait sur le cœur. Ils avaient entretenu une relation si fusionnelle, si intense, que n’importe qui d’autre aurait cédé à une ambiguïté qui, tôt ou tard, aurait de toute façon fait son apparition. Mais eux n’eurent jamais à souffrir de ce problème. Du début à la fin, cela n’avait été que de l’amitié. Une amitié forte et pure, que rien ne semblait pouvoir érafler. Mais ils avaient fini par lui trouver une faille, et malheureusement, celle-ci fut exploitée, une seule fois, mais une fois qui fut suffisante à l’endommager à jamais.
Maintenant, il n’y avait plus rien. Juste ces quelques souvenirs, et ce désir d’aller auprès d’elle. Que lui dirait-il ? Il s’excuserait, sûrement. Il lui demanderait de lui accorder une dernière chance. De lui expliquer pourquoi elle était partie tout ce temps. D’oublier qu’elle lui avait dit qu’elle ne serait plus là quand il réaliserait combien il avait besoin d’elle. Il lui demanderait de ne plus jamais partir. Et il lui redemanderait de lui pardonner tout ce qu’il avait pu faire, tout en sachant que jamais cela ne fonctionnerait, car il avait été bien trop véhément, bien trop injuste et bien trop cruel en condamnant leur amitié sans y donner l’ombre d’une chance. Camille devait maintenant, plus que jamais, affronter ses responsabilités et les conséquences de ses actes. Il avait commis la pire des erreurs qu’il ait pu imaginer, avec une des personnes à qui il tenait le plus au monde. Maintenant, tout ce qu’il pouvait faire, c’était essayer de la réparer, même si toute tentative semblait bel et bien vouée à l’échec. Mais Camille se souvenait de tout ce qu’Evan avait dit avant de se résigner à la fatalité que lui-même avait choisie. Il se souvenait de tous les efforts, toute la volonté qu’elle avait non seulement évoqués, mais dont elle avait également fait preuve pour ne pas le perdre définitivement. Elle en avait fait preuve en vain. Mais Camille, lui, ferait tout pour que maintenant, cela paye.
C’est la seule raison qui le poussa à bouger, à s’approcher d’elle. Mais au fur et à mesure qu’il avança, il commença à douter. Elle ne semblait toujours pas témoigner du moindre signe de familiarité. Était-elle encore si furieuse que cela ? Il n’avait croisé son regard que quelques secondes, et du début à la fin, elle l’avait observé avec un regard quasiment vide, bien trop neutre pour tout ce qu’ils avaient traversé, tous les deux. Et si…
« Evan ? »
Dernière édition par Camille Dupenher le Sam 20 Aoû - 0:03, édité 1 fois
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Sujet: Re: thought i'd lose you forever ❦ NORAMILLE Jeu 18 Aoû - 23:39
noramille → I've got my heart set on anywhere but here, I'm staring down myself, counting up the years. Steady hands, just take the wheel and every glance is killing me. Time to make one last appeal for the life I lead. Stop and stare, I think I'm moving but I go nowhere. Yeah I know that everyone gets scared but I've become what I can't be. Stop and stare, you start to wonder why you're here not there and you'd give anything to get what's fair, but fair ain't what you really need. ✼ one republic
Avez-vous déjà ressenti cette impression qu’il y avait erreur sur la personne ? Qu’on vous parlait alors que vous n’aviez aucune idée de qui se trouvait être votre interlocuteur ? Bref, qu’il y avait un quiproquo total ? Parce que c’était exactement ce que je ressentais, en cet instant précis. Je me trouvais sur le chemin des Grecs, à mi-distance de ma confrérie, les Sigmas, prête à m’y rendre pour passer un peu de temps et me sociabiliser. C’était un peu ce à quoi ressemblait mon quotidien depuis quelques semaines. La dure loi de l’intégration. C’est à ce moment-là que je me rendais compte qu’au final, moi qui me pensais sociable et extravertie je n’étais rien d’autre qu’une poule mouillée, incapable d’aller vers les autres. Ceci dit, pour ma défense, je pense que j’avais de sacrées bonnes raisons de ne pas aller vers les autres. Notamment lorsque la question, inévitable, se posait de savoir pourquoi j’étais venue à Berkeley. La plupart du temps, lorsque l’on me posait cette question, pourtant simple à répondre, je brodais. Soit je baratinais, inventant un ou deux mensonges, sur un meilleur niveau, un cursus différent, une envie d’indépendance, parfois même, soit je me contentais d’esquiver habilement la conversation en la faisant dévier sur un sujet complètement différent. Depuis un mois et demi que j’étais arrivée dans cette nouvelle université, je marchais sur des œufs, prenant soin de ne rien révéler de trop personnel. Comment dire à quelqu’un, de but en blanc, que vous êtes ici parce que vous avez tenté de vous suicider, ou parce que vous êtes malade psychologiquement, en priant pour que la personne en face de vous ne vous regarde pas comme si vous étiez la dernière des pestiférées, à égalité avec la dernière des folles ? Et quand bien même, ça ne serait pas arrivé, c’était le genre de risque que je n’étais pas prête à prendre. Voilà, tout semblait si simple à New-York, où on me connaissait, où j’avais des repères, des amis, un petit ami avec lequel tout allait pour le mieux, et des parents qui me chérissaient plus que tout au monde ? Je me sentais perdue, désœuvrée, désarmée même, depuis l’instant où j’avais posé mon pied sur le campus. Cela, ajouté à cette sensation désagréable de sentir des regards sur moi, des regards qui n’avaient pas lieu d’être et qui me renforçaient dans ma psychose. Quelque chose n’allait pas.
Et malgré tout, malgré la solitude ambiante qui m’entourait, je continuais d’essayer, petit à petit, tentant assez maladroitement de m’intégrer dans un univers dans lequel j’avais l’impression de ne pas avoir ma place. A commencer par ma propre confrérie, les Sigmas, qui avaient accepté d’accueillir la peintre plus ou moins talentueuse que j’étais. Même dans ma confrérie, je les sentais, ces regards pesants, que je me contentais généralement d’ignorer. Mais certains au contraire, m’avaient acceptée dès le premier coup d’œil, et petit à petit je laissais s’ouvrir ma carapace à quelques personnes avec lesquelles je passais un peu de temps. C’était exactement la raison pour laquelle je me trouvais ici. J’avais plus ou moins rendez-vous, avec deux trois connaissances qui n’étaient pas encore parties en vacances, ou qui en étaient déjà revenues. Mes vacances s’étaient elles résumées à quelques mots : ameublement, isolation thermique, couleur, marouflage, magasins de décoration. J’avais entrepris avec mon nouveau colocataire de transformer un ancien entrepôt désaffecté en un loft dans lequel nous pourrions vivre confortablement et sans risquer de nous transformer en esquimaux au vu de la fraîcheur ambiante des grandes pièces, en plein courant d’air. Un quotidien qui se révélait parfois amusant, rempli de grandes découvertes sur mes capacités de décoratrice d’intérieur, tellement que je me demandais même si je n’avais pas loupé ma vocation en réalité. Toujours est-il que Callel s’était joint aux autres étudiants partis en voyage à Cancun, au Mexique, tandis que je me retrouvais franchement seule dans ce loft qui, s’il était suffisamment spacieux pour deux, était cependant bien trop grand pour moi toute seule. Je n’avais pas vraiment l’habitude d’avoir autant de mètres carrés pour moi. Il fallait dire que l’appartement de mes parents, en plein Manhattan, était aménagé de telle façon que l’on ne s’y sentait jamais perdu, malgré une superficie importante. Je ne parle même pas de l’appartement qu’Adriel et moi avions partagé pendant 3 ans, qui n’était pas particulièrement grand, mais raisonnable pour un jeune couple dans notre genre. Autant dire qu’en plus en ce moment, où je me sentais déracinée, il aurait été déraisonnable que je reste seule dans notre loft, dans l’est de San Francisco. Aussi était-ce l’occasion ou jamais de mener à bien ma mission intégration.
J’ai croisé des dizaines de personnes sur le chemin des Grecs, mais aucune ne s’est jamais arrêtée pour me fixer de la façon dont la personne en face de moi le faisait. Un regard perçant qui me mettait mal à l’aise, me poussant à me demander si j’avais fait quelque chose de mal, s’il y avait un problème, ou même si l’on se connaissait de New York, car ça aussi, ça aurait été possible. C’était drôle, il y avait un petit quelque chose d’Adriel dans son visage, et le regarder me fit automatiquement penser à lui. Cette scène, c’est un peu le genre de scène que l’on pouvait voir dans les séries télé, avec le ralenti et la petite musique de fond, et je peux assurer que l’on se sent bête à rester comme ça, à fixer quelqu’un sans que l’autre ne fasse le moindre geste dans votre direction. Oui, j’avoue que la perspective de poursuivre mon chemin en baissant les yeux était assez tentante, mais au lieu de ça, je me retrouvais plantée à quelques mètres de lui, ayant beaucoup de mal à soutenir son regard inquisiteur. Jusqu’à ce qu’il s’approche de moi. Une petite voix dans ma tête me criait de partir à toutes jambes, parce que j’avais un mauvais pressentiment. Et s’il savait des choses sur moi ? Des choses dont je ne voulais surtout pas parler ? Parce que sinon, pourquoi me regarderait-il ainsi ? Dieu que la situation était étrange. « Evan ? » Je le regardais, interloquée, les sourcils froncés. Ah non, je ne m’attendais pas vraiment à ça par contre. Les neurones parvinrent enfin à se connecter, pour que je comprenne qu’en réalité, ce n’était pas moi qu’il fixait. Ou plutôt si, mais qu’il devait se méprendre sur la personne. Décidant de prendre ça avec une certaine dose d’humour, un petit sourire moqueur se dessina. « Ah non. Du moins ce n’est pas ce qui est écrit sur ma carte d’identité… » Et cette méprise expliquait peut-être aussi pourquoi certains me fixaient comme si j’avais pondu un œuf avec cette horrible sensation qu’ils en savaient plus sur moi qu’ils n’auraient normalement du. Effectivement, si j’étais le sosie d’une autre fille, pas mal de choses s’expliquaient et d’un côté, ça me soulageait. D’un côté seulement. Parce que ressembler à quelqu’un, ou pire, qu’on me prenne pour quelqu’un d’autre, c’était bien la dernière chose dont j’avais besoin et surtout, ça risquait de rendre bien plus compliquée mes tentatives d’intégration. Tentant de briser la glace, je me présentai à mon interlocuteur. « Ma carte d’identité dit que je m’appelle Norah » fis-je à voix basse, presque sur le ton de la confidence. C’était bien la première fois depuis que j’étais arrivée à Berkeley que je me présentais de moi-même à quelqu’un, si l’on mettait de côté Callel, mais le concernant, notre rencontre avait été un tout petit peu plus compliquée. A bien regarder l’inconnu en face de moi, il ne lui ressemblait pas tant que ça, à Adriel, ce qui me soulageait quelque peu. Tout au plus partageaient-ils le même genre de sourire, franc et charmeur, mais pour le reste, les traits du visage restaient somme toute assez différents. Il semblait en pleine réflexion, perdu dans ses pensées, et je décidai de le ramener sur terre, au moment présent. « Et tu es… ? »
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Sujet: Re: thought i'd lose you forever ❦ NORAMILLE Mer 14 Sep - 0:21
❦ i miss you; Hello there, the angel from my nightmare The shadow in the background of the morgue The unsuspecting victim of darkness in the valley We can live like Jack and Sally if we want Where you can always find me We'll have Halloween on Christmas And in the night we'll wish this never ends • NORAMILLE
La réponse, simple et concise, bien que teintée d’une pointe d’humour, eut l’effet d’un électrochoc sur Camille qui, malgré l’improbabilité de la situation, s’était surpris à espérer de toutes ses forces qu’il s’agissait bien d’Evan en face de lui, même si le maintien de cette jeune femme, son expression et sa manière de parler étaient bien différentes. Une vague de déception s’empara de lui alors que les derniers espoirs de pouvoir un jour reparler à son ancienne meilleure amie s’évaporaient. Non, ce n’était pas Evan. Aurait-ce été elle qu’il n’aurait mieux su comment réagir. Après tout, il n’était plus le bienvenu dans sa vie. Et la situation aurait été encore plus gênante et bizarre que celle qui se déroulait maintenant, quand bien même était-ce difficile à imaginer. Car il fallait bien avouer que rarement, Camille s’était retrouvé dans une telle situation de quiproquo avec une parfaite inconnue qui devait le prendre pour un cinglé. C’était d’ailleurs un miracle qu’elle ne soit pas encore partie en courant, étant donné qu’il venait de passer une bonne minute à la fixer sans piper mot, avant de l’appeler par un prénom qui n’était donc pas le sien. Mais alors, quel était-il ?
Lorsqu’elle s’affirma s’appeler Norah, Camille ne put s’empêcher de froncer les sourcils, comme s’il était dérangé par cette appellation. Comme si cela sonnait faux à ses oreilles, car un seul prénom convenait à ce visage familier et angélique : Evan. Evan, et aucun autre. Un seul prénom seyait à ces traits doux, ces cheveux blonds et ces yeux d’un bleu sombre et profond. Quand bien même les expressions de cette Norah étaient différentes de celles qu’Evan avait toujours eu l’habitude d’arborer, la différence frappante entre les deux jeunes femmes ne parvenait pas à sortir de l’esprit de Camille, qui avait bien du mal à croire à ce qu’il était en train de vivre. Il avait fallu qu’il tombe sur le sosie d’Evan en particulier. Cela aurait pu être n’importe qui d’autre, mais non, il avait fallu que ce soit son ancienne meilleure amie, celle qui ne voudrait sans doute plus jamais lui adresser la parole par sa faute à lui, et qui ne risquait sûrement pas de donner de ses nouvelles maintenant qu’elle avait disparu dans la nature. Evan avait été un élément central de la vie de Camille depuis que celui-ci était arrivé à Berkeley, et la revoir ici, même si ce n’était que son apparence, n’était pas chose aisée. D’autant plus que ce n’était pas comme si cela pouvait lui apporter quoi que ce soit, sinon de la frustration. Camille avait conscience que s’il s’était réellement agi d’Evan, l’ambiance déjà lourde aurait été bien pire et difficilement supportable. Mais la différence résidait essentiellement dans le fait qu’au moins, même si Evan aurait été furieuse après lui au point de l’ignorer ou de lui crier dessus, il aurait pu tenter une dernière fois de réparer les dégâts qu’il avait commis entre eux, condamnant ainsi leur belle amitié à tout jamais. Même si Evan lui avait clairement fait comprendre que jamais, il ne pourrait ressusciter l’amitié qu’il avait délibérément poignardée en affirmant ne pas avoir le courage de faire le moindre effort pour la sauver, il aurait fait tout son possible et mis absolument tout en œuvre tant qu’il ressentait encore une once d’espoir. Mais là, il ne pouvait même pas faire cette tentative de réconciliation, car Evan n’était même pas là pour l’écouter. Au lieu de quoi il venait de héler une parfaite inconnue qui avait tous les droits d’être consternée par son attitude. Car depuis qu’il l’avait hélée, croyant qu’il avait à faire à Evan, il n’avait plus esquissé le moindre geste ni prononcé le moindre mot, se contentant d’afficher cet air stupéfait, incrédule et désabusé. En dehors de l’air vaguement désapprobateur qu’il avait laissé s’afficher sur son visage lorsqu’elle lui avait confié sa véritable identité, il s’était quasiment comporté comme une statue. Et ce fut sans doute pour cela qu’elle relança la conversation, le scrutant du regard comme il l’avait fait jusqu’à présent avec elle. Lorsqu’elle lui demanda son prénom, Camille sembla redescendre sur terre ; son regard se focalisa à nouveau sur le visage familier et pourtant inconnu, maintenant qu’il savait qu’il n’appartenait pas à Evan, et il s’efforça d’arborer une mine sympathique, sans laisser transparaître une once de la déception qu’il ressentait avec une force grandissante à chaque instant. « Je m’appelle Camille. Désolé, je t’ai prise pour quelqu’un d’autre… » Cette explication était pour le moins inutile, car il était évident que ça, Norah l’avait déjà compris depuis belle lurette. Pourtant, Camille se sentit comme obligé de le dire à voix haute, comme si cela lui permettrait de mieux accepter cette vérité étrangement douloureuse : il ne reverrait plus jamais Evan. Cette réalité, qu’il avait pourtant acceptée depuis un bon moment maintenant, était maintenant d’autant plus pénible à envisager que l’espace de quelques instants, il avait été persuadé de l’avoir retrouvée et ainsi de pouvoir arranger tout ce qu’il avait gâché à son retour de France, des mois auparavant. Ces derniers temps, Camille avait beaucoup eu tendance à se raccrocher à son passé, pour la simple et bonne raison que son présent n’était plus des plus joyeux. Entre la mort de Claire, la disparition de quelques-unes de ses amitiés les plus importantes, comme Evan, Catahleen et Aymeric, et la relation étrange, basée à la fois sur un énorme mensonge et sur la sincérité la plus grande, qu’il entretenait avec Nina, son ex petite amie à qui il tenait décidément bien trop, et dont il savait qu’elle le détesterait dès lors qu’elle aurait retrouvé la mémoire les concernant, sa vie n’était décidément pas une partie de plaisir. Et, bien qu’il fût tout autant tiraillé par la crainte d’éprouver davantage de tristesse et de douleur en ressassant le passé, il ne pouvait s’empêcher de le faire quotidiennement, bien trop attiré par ce fruit tentant malgré qu’il sût qu’il était empoisonné. La manière d’agir et de réfléchir de Camile avait radicalement changé ces derniers temps, et c’était d’ailleurs un des éléments qui lui avaient coûté quelques-unes de ses relations les plus chères à son cœur. Lui, qui autrefois vivait au jour le jour sans jamais trop se soucier du passé ou du futur, faisait désormais tout pour échapper à son quotidien, se souvenant de l’époque où tout allait encore bien et rêvassant du moment où tout irait enfin mieux. Camille n’était plus Camille ; tout comme cette fille n’était pas Evan. C’était presque pareil, car la personnalité renfermée sous l’enveloppe physique du jeune homme, qui n’avait pratiquement pas changé, en dehors des signes de fatigue et de lassitude évidents qui venaient abîmer son visage, était aux antipodes de celui qu’il avait été autrefois, ce jeune homme souriant, ouvert et sans regrets.
Or, les regrets faisaient désormais partie intégrante de la vie du jeune homme, y occupant une place bien trop importante pour que ce fût sain pour lui. Déjà, le jeune homme regrettait d’avoir eu de faux espoirs concernant Evan, et par conséquent, d’avoir abordé Norah. Alors que d’ordinaire, il se serait amusé de la coïncidence et aurait cherché à connaître la personne qui se cachait derrière, il n’éprouvait maintenant qu’une envie : s’excuser et s’en aller, avant de tenter par tous les moyens possibles et imaginables d’oublier qu’un sosie parfait d’Evan se promenait sur le campus de Berkeley. D’ailleurs, comme aurait pu le prévoir quiconque connaissant un minimum le Camille d’aujourd’hui, il ne se fit pas prier dès lors que cette pensée lui effleura l’esprit, et, l’air sincèrement désolé, il adressa une nouvelle fois la parole à Norah. « Bon, ben… Je vais te laisser tranquille, dans ce cas. Encore désolé pour le dérangement… Norah. » Le prénom fut comme arraché de la bouche de Camille, qui semblait ne l’avoir dit qu’à contrecœur. Ce ne serait pas de sitôt qu’il parviendrait à se remettre de cette rencontre et de tout ce que celle-ci impliquait déjà, quelques instants seulement après son commencement.
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Sujet: Re: thought i'd lose you forever ❦ NORAMILLE Jeu 22 Sep - 23:46
noramille → I've got my heart set on anywhere but here, I'm staring down myself, counting up the years. Steady hands, just take the wheel and every glance is killing me. Time to make one last appeal for the life I lead. Stop and stare, I think I'm moving but I go nowhere. Yeah I know that everyone gets scared but I've become what I can't be. Stop and stare, you start to wonder why you're here not there and you'd give anything to get what's fair, but fair ain't what you really need. ✼ one republic
A bien y regarder, je retrouvais un peu plus d’Adriel chez lui que je ne l’aurais cru, au départ. Et c’était quelque chose que je n’aimais pas, parce qu’Adriel était justement la raison pour laquelle j’avais quitté New-York et évidemment, même si l’envie ne me manquait pas, j’étais comme toutes ces pauvres adolescentes bercées par les séries télés : incapable de l’oublier. D’un autre côté, j’imagine que j’avais une bonne excuse, au bout de cinq années passées au côté de la même personne, dans le même appartement, à laquelle il avait offert une bague qui n’était pas de fiançailles mais qui y ressemblait fortement, avoir du mal à tirer un trait dessus était forcément quelque chose de compliqué. Alors avoir quelqu’un qui lui ressemblait sur le campus, ça n’allait pas franchement m’aider dans mon affaire. Surtout sachant que lui, de son côté, semblait peu à peu prendre conscience que je n’étais pas celle qu’il pensait que j’étais – tu parles d’un coup du sort, toi – et qu’il y avait un gros malentendu. Et je me sentais coupable de voir son regard déçu lorsque je me présentai. Soit, ce n’était pas ma faute, je n’y pouvais rien, je ne m’appelais pas Evan, et en fait je n’en connaissais même pas, et oui, le fait de ressembler comme deux gouttes d’eau à une fille qui est ou était ici, et que la moitié des regards posés sur moi soient en fait posés sur celle qu’ils pensent être ladite Evan était franchement perturbant. Et niveau perturbations, j’avais eu mon compte ces derniers mois et mieux valait éviter que je recommence mes exploits new-yorkais. Mais quand même, décevoir les gens simplement parce que l’on n’était pas celle qu’ils cherchaient, c’était déplaisant comme sensation, et oui, je culpabilisais un peu. Parce que le pauvre semblait vraiment perdu, pas dans le même sens que moi, mais perdu quand même, et que j’avais l’impression de lui avoir annoncé que le père Noël n’existait pas. J’eus un sourire contrit, mal à l’aise. « Je m’appelle Camille. Désolé, je t’ai prise pour quelqu’un d’autre… » Sans blague. Ca pour une surprise. Non, j’exagère. J’imagine que ça arrive à beaucoup de gens, et qu’en plus il ne serait ni le premier, ni le dernier à me confondre avec quelqu’un qui apparemment semblait être assez connue ici. Encore que je n’en savais rien. Peut-être que j’étais juste tombée sur une vingtaine de personnes qui la connaissaient personnellement. Rien que chez les Sigmas, j’avais eu le droit à des regards étranges, comme si j’étais tombée de la lune, et si au début j’avais pris ces regards pour moi, ou plutôt contre moi, comme un signe avant-coureur que je n’aurais jamais ma place chez eux parce que je n’étais qu’une barge, maintenant, je commençais à me demander si, avec ma chance, mon double n’aurait pas en plus été chez les Sigmas. Ô joie. La poisse. Quand je dis que je suis malchanceuse, ce n’est pas une blague. Chaque fois qu’il y a un problème, je suis à peu près sûr que c’est pour ma pomme, et banco, non seulement j’ai du mal à m’adapter à San Francisco, à Berkeley et à cette nouvelle vie qui était soi-disant parfaite pour moi, mais en plus il fallait que je sois le sosie de quelqu’un. Great. Je ne sais pas pourquoi j’en faisais un tel drame, après tout, ça n’était pas si grave que ça, mais je crois qu’au fond de moi, l’explication n’était pas si difficile à trouver. Ici, je ne me sentais pas à ma place. Comme si j’étais l’élément d’un puzzle qui ne s’emboîterait pas avec les autres, peu importe le sens dans lequel on le tournerait. L’indésirable, celle qui n’avait rien à faire là, et je savais que c’était ridicule, parce qu’au fond, ici comme dans n’importe quelle autre université, on était à la fois tout le monde et personne en même temps, mais je n’arrivais pas à me débarrasser de cette sensation. Je crois que j’avais tout simplement besoin de rencontrer des gens, de me lier d’amitié avec des personnes, n’importe quoi auquel me raccrocher, quelque chose qui me montre : non, juste parce que tu es bipolaire ne veut pas dire que tu es folle ou que tu ne peux pas avoir d’amis. C’était un constat triste. Et voilà que les seules personnes qui daignaient me manifester un tant soit peu d’intérêt me confondaient avec quelqu’un d’autre, preuve s’il en était que je n’y arriverais pas. Ici, tout était un obstacle, et la moindre difficulté me paraissait insurmontable. Je cherchais probablement juste une bonne raison de repartir par le premier vol à New-York. Je fis un sourire timide, et déçu, à mon interlocuteur. « Oui, j’ai cru comprendre… ».
« Bon, ben… Je vais te laisser tranquille, dans ce cas. Encore désolé pour le dérangement… Norah. » Et voilà. Quelle surprise, pas vrai Norah. Encore un qui se fiche royalement de toi. Comme les autres. Moi, je n’avais pas envie qu’il me laisse tranquille. Parce que je manquais cruellement de relations ici, de personnes à qui parler et que, certes, les premiers cours n’avaient pas commencé, et qu’une fois que ce serait le cas, j’aurais probablement un peu plus de contacts que maintenant, mais en attendant, c’était triste à dire, mais je me sentais terriblement seule et un peu de compagnie ne m’aurait franchement pas fait de mal, bien au contraire. Je savais qu’il fallait que je dise quelque chose, n’importe quoi de pas trop stupide, un truc qui lui ferait m’accorder quelques minutes de plus, même si je n’étais pas celle qu’il cherchait et que par conséquent je ne l’intéressais probablement pas. Il commençait déjà à partir, et c’était probablement la seule occasion que j’aurais de le croiser. Qui plus est, je devais admettre que plus je le regardais, plus la ressemblance avec Adriel était frappante et ça m’intriguait. Ce qui indiquait aussi que je souhaitais faire connaissance avec lui pour les mauvaises raisons, parce qu’il me faisait lui aussi penser à quelqu’un d’autre et qu’en dehors de ça, je n’aurais peut-être pas voulu lui parler, mais qu’est-ce que ça pouvait bien faire. Les raisons n’avaient aucune importance, seuls comptaient les résultats. Des résultats que je n’aurais de toute façon pas si je ne faisais rien, si je ne me lançais pas dans les quelques secondes à suivre. J’inspirais un peu d’air, comme si j’étais sur le point de faire un grand saut dans le vide, ce qui était stupide. Depuis quand Norah Delaney, fille reconnue la plus sociable de son lycée, devenait d’une timidité maladive face à un inconnu ? C’était stupide et j’étais stupide. Ce n’était pas parce que je n’étais pas dans mon environnement qu’il fallait que je change aussi radicalement de comportement. L’ancienne Norah était là, quelque part, enfouie sous les montagnes de doutes. Allez, lance-toi. « Dis, attends.» Il se retourna, vaguement surpris. « Je sais que c’est un peu bête et que je ne suis pas la personne que tu cherches, mais je viens d’arriver, et je me sens vraiment perdue et vraiment très seule aussi ». Oh seigneur, il va penser que je suis en train de le draguer. Mon dieu, j’ai perdu la main pour me sociabiliser, vraiment. « Ok, dit comme ça ma phrase n'a pas du tout le sens que je voulais lui donner. J’aurais vraiment besoin de rencontrer du monde. Me sociabiliser. Me faire des connaissances, des copains, des amis même, ce genre de choses. Et c’est très triste à dire mais en fait tu es l’une des premières personnes à venir me parler et même si c’est pas pour les bonnes raisons, c’est toujours ça… » Là, je passais de dragueuse à désespérée en mal d’ami, pas mieux. « T’accepterais de… je sais pas moi, prendre un café, m’accorder une demi-heure, peut-être même moins, et tu pourras me raconter par exemple qui est mon double ? »
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Sujet: Re: thought i'd lose you forever ❦ NORAMILLE Mar 15 Nov - 16:21
corbeille
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