Sujet: our souls are all we own - R. Lun 4 Juil - 21:58
▬ Ce simple verre me coûtait une heure de ma journée. Une heure, c’est beaucoup. Une heure, c’est beaucoup trop. D’autant plus que dans une journée, je n’en faisais que sept. Sept verres et ma journée n’aura servie à rien. Comme c’est triste de ne même pas pouvoir boire pour oublier sa pathétique vie. Comme c’était triste que je ne puisse même pas me payer les moyens pour taire mon mal. Je fixais mon verre, le brassant de temps à autre avec un petit cure-dent en bois que j’avais pris dans une petite boîte de l’autre côté du bar, afin de le mordiller. Tout le monde autour de moi s’était trouvé une proie. Quelqu’un avec qui regarder l’aiguille de l’horloge tourner en rond. À ma table, c’était moi qui tournais en rond, et seule. Je soupirai. Je replaçai ma robe noire courte et décolletée qui semblait avoir été peinte sur ma peau. C’est étrange, le coût des vêtements, non ? Moins il y a du tissu, plus c’est cher. Quel non-sens. Quelle ironie. J’ouvris mon sac à main en cuir et j’en sortis mon gloss que j’appliquai sur mes lèvres en regardant autour de moi. Qu’avais-je aujourd’hui pour que personne ne me regarde ? Habituellement, ma beauté, seule chose que je possédais réellement, arrivait à m’attirer des verres payés par des hommes qui venaient me faire la conversation dans le seul but que je leur ouvre mes jambes. Alors que tout ce que je voulais, moi, c’était ouvrir mon cœur et pleurer. Enfin, ce soir. Je ne veux pas aimer. Mais je ne veux pas me manquer de respect non plus. Cela veut-il dire que je ne veux plus rien du tout ? Had I already turned to stone ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je vis un visage familier passer la porte de l’Absinthe Bar. Je ne savais pas son nom, même si on devait l’avoir murmuré tant de fois dans l’oreille de l’autre. « On » excluant la personne qui parle, parce qu’à moi, on ne disait pas grand secret. Cet homme-là était probablement l’un des plus populaires de l’université. Il était partout et nulle part à la fois. Un vrai mystère. Il était beau, il était intelligent, il était riche. C’est ce qui me répugnait tellement : sa perfection. Il n’existait pas. Les princes n’existent pas, car les contes de fées ne sont pas réels. Il devient bien cacher quelque chose. Une lourde histoire. L’hypocrisie. Le vice. Sinon, il n’existerait pas. Je baissai les yeux. Je ne voulais pas qu’il me reconnaisse; si seulement il m’avait déjà remarqué derrière mon comptoir de salades. Je ne voulais pas. Pas ce soir. Ce soir, je voulais être quelqu’un d’autre. Quelqu’un qu’on ne m’avait pas laissé le temps de devenir. ▬
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Sujet: Re: our souls are all we own - R. Lun 4 Juil - 22:18
JE SUIS TOUT MOU ENTRE VOS MAINSΩ Et alors il s’est passé quelques choses, je me suis laissé aller, dans un total oubli de moi même envahi par la nuit le silence et la plénitude. J’avais trouvé la liberté. Perdre tout espoir, c’était cela la liberté. Avec l’insomnie, plus rien n’est réel ! Tout devient lointain. Tout est une copie, d’une copie, d’une copie... Ça va, ça va, ça va, j’ai compris, j’ai pigé, j’ai pigé ! Merde, je pige plus. JE PRÉFÈRE MOURIR DEBOUT.
Doucement, je me sentais glisser. Cela faisait quelques jours que je me sentais m’enfoncer dans ma décadence, que je me sentais partir, je me sentais dériver. Moi qui était un homme sain, je retrouvais la phase que j’avais pensé avoir fini de traverser, la vie qui était dictée par mon sexe et mon foie. J’avais régressé à un stade où la fête était tout ce qui m’importait ; je sortais dans la rue torse nu avec un chapeau et une cigarette derrière l’oreille comme simple attirail pour passer ma soirée sans pour autant me soucier de ce que penseraient les gens. Une décadence, c’était exactement ça. Je retrouvais le Plastic qui avait été majoritairement acteur de ma vie pendant huit ans ; j’avais eu autant de facilité à retrouver ma capacité à faire n’importe quoi qu’à perdre ladite capacité. Tous les soirs, je changeais de bar, je changeais de fille, je changeais d’à peu près tout sauf de caleçon. Je me dirigeais vers la première inconnue et roulais des mécaniques en sachant pertinemment que je réussirais à l’emballer sur le siège arrière d’un taxi qui nous ramènerait à la maison des Oméga tout comme je savais bien que je lui tendrais ma feuille plastifiée de recommandations avant de m’endormir, après le sexe. Cette feuille qui lui disait qu’elle pouvait laisser ses sous-vêtements chez moi si elle le souhaitait mais qu’elle ne pouvait en aucun cas y laisser sa croupe ; en d’autres mots, tu t’offres puis tu sors. Exactement, j’étais Plastic mode dépression activé.
C’est en suivant mon mode opératoire réglé comme une montre suisse qui me dictait de suivre mon instinct sans me soucier d’aucune contrainte que j’avais débouché dans ce bar. C’était en connaissance de cause que j’y étais rentré ; je savais que les sorteurs ne vérifiaient pas la carte d’identité et, bien que je n’aie pas de souci à me faire étant donné que j’ai atteint la majorité il y a plus de deux ans, j’avais vu en ce bar un puits sans fond. Une corne d’abondance ; de jeunes filles mineures qui siroteraient leurs premiers cocktails sonnaient à mes yeux comme le Nirvana d’un queutard dépressif. « This town like a great big pussy just waiting to get fucked. » J’avais alors poussé glorieusement la porte d’entrée, les yeux à moitié clos et la clope au bec, saillant dans mon short en jean – qui était en fait un vieux jean dont j’avais manuellement découpé les jambes, admirez le travail de pro – et mon polo excessivement cher et excessivement tâché. Mes cheveux étaient ébouriffés mais je ne sais pas pourquoi ils paraissaient quand même parfaits. Je n’étais pas saoul, pas encore, non. J’étais juste en préparation morale, en prévention de la gueule de bois que j’aurais demain matin. J’avais fait un régime hyperprotéïné toute la journée car je savais qu’une veinarde ou deux allaient danser sur mes genoux toute la nuit, et je comptais me trouver une farouche. Une beauté sauvage comme j’en voyais une… Là-bas, au bar. Une brune magnifique au visage inconnu qui transpirait la beauté pauvre. C’était exactement ce qu’il me fallait ; j’allais juste lui payer deux verres et je l’aurais directement emballée. C’était clairement elle, la fille qu’il me fallait ce soir. Je ne la trouvais pas magnifique, je la trouvais juste excitante et particulièrement attirante. Elle serait le gros lot.
Allez alors savoir pourquoi je n’ai pas plongé. C’était simplement ma technique. Je savais que je l’aurais, alors je comptais m’en envoyer une ou deux avant dans les toilettes du bar, point à la ligne. La vérité, c’est que moi et mon cœur brisé n’avions pas le courage de faire les choses finement, de placer nos pions, de chercher à appâter une quelconque gazelle. Non, je ne me sentais plus de mettre en place un quelconque plan d’attaque qui durerait plus de vingt minutes pour attraper une fille dans mes filets ; maintenant, mon crédo, ma sainte trinité personnelle, c’était celle-ci : tu localises, t’approches, tu tire. Et par tirer, n’essayez même pas de penser que je parle d’artillerie lourde. Je parle juste de mon pénis. Je me suis assis à une table où étaient présentes deux filles et deux garçons. Les types avaient l’air tout droit sortis du lycée et, malgré que j’aurais pu avoir peur d’eux quand j’étais moi-même un senior, ils me paraissaient tout à fait ridicule, maintenant. Un vrai amusement. Ils ont rougi peut-être plus que leurs copines quand je suis venu m’installer à côté d’eux ; j’ai pris la casquette du plus baraqué des deux, comme ça, juste pour le plaisir de le provoquer, et j’ai regardé la fille qui possédait la cuisse de laquelle le type à la casquette venait de retirer sa main. Je lui ai fait un clin d’œil, je n’ai même pas essayé de lui proposer un verre. Je me suis retourné vers son copain. « Je te l’emprunte. » Je lui ai fait un clin d’œil à son tour, et il avait du mal à saisir si je parlais de la casquette ou de sa copine. Devant leur incompréhension, j’ai ricané, ai redéposé la casquette sur sa tête et suis parti. Jouer dans leur cour ne m’intéressait pas, aujourd’hui.
Le fait est qu’à croiser le regard de la pucelle, j’ai vu qu’elle louchait un peu. Ce n’était que pour ça que j’avais abandonné ; son léger handicap visuel m’aurait dérangé pendant le sexe. Ca m’aurait bloqué, je n’aurais pas pu me sentir pleinement vivant et je ne voulais pas gaspiller une giclée d’aspirants Tanners à essayer d’oublier qu’elle me regarderait toujours de travers, génétiquement. J’ai renoncé et suis allé m’asseoir au bar. J’avais déjà oublié la brune que j’avais repéré en rentrant, mais je me fis une joie de me rappeler d’elle en m’asseyant juste à côté ; ne laissant pas même un siège vide entre nous. Je voulais me la jouer lourdaud, lui montrer qu’elle me plaisait, que je la désirais plus que tout en ce moment. Je ne voulais pas laisser sous-entendre quoi que ce soit ; je voulais juste me la faire. Je me suis donc amusé pendant quelques secondes à essayer d’accaparer son regard, tournant mon visage vers le sien avec un sourire coquin. Rien n’y faisait, elle ne voulait même pas tenter. Elle avait des taches de rousseur sur le bout du nez qui m’auraient fait craquer à n’importe quel moment.
Renonçant à l’accaparer durant les trois secondes que m’ont servi pour faire comprendre au serveur que j’avais besoin d’une boisson, j’ai préféré éviter de me la jouer « je te paye un verre ». J’étais plutôt d’ambiance t-shirt mouillé ; ainsi, le gaillard qui venait de me servir ma bière dans un verre est passé pour un imbécile quand, d’un geste tout à fait calculé de ma part, il a lâché le verre sur le comptoir, renversant son contenu sur le décolleté de ma voisine. Gagné. « Wow, c’est ma faute, j’ai pas eu le réflexe d’attraper le verre… » Attardant mon regard sur son décolleté pour lui faire comprendre que j’étais particulièrement intéressé de la voire toute… mouillée, j’ai répliqué. « Pas si désolé que ça, tout compte fait… » Le serveur m’a tout de suite apporté une autre boisson. Je n’y ai pas prêté attention et ai enfin réussi à attraper le regard de mon interlocutrice ; j’en ai profité pour me mordre la lèvre inférieure. Ça les fait toutes craquer, à ce qu’on dit.
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Sujet: Re: our souls are all we own - R. Lun 4 Juil - 23:45
▬ Alors que je m’apprêtais à quitter, trop las de voir ces gens s’embarquer l’un sur l’autre, passant leurs mains ardentes sur les cuisses incendiées des autres, il vint s’asseoir à côté de moi. Celui dont je ne connaissais le nom. Une raison de plus de partir, ou la seule raison de ne pas le faire. Je ne sais pourquoi, j’ai choisi la deuxième option. Alors je suis restée, le corps tendu et les yeux rivés vers le fond du bar. Je savais qu’il me regardait, je le voyais du coin de l’œil mais surtout, je le sentais. Il me fixait, un sourire coquin qui m’horripilait au coin des lèvres. Non, je n’avais pas envie de tenter. Déjà que ce soir, peu importe qui c’aurait été, la tâche aurait été difficile. En plus, c’était lui. Il était déjà au bas de l’échelle, n’atteignant même pas le premier barreau tellement je n’avais aucune estime pour lui. Pourtant, je ne le connaissais point. J’aurais pu lui laisser une chance. Mais non. Dans la vie, j’avais appris à me fier aux premières impressions, et même si ça ne m’avait pas toujours aidé, je n’avais pas appris de mes erreurs. Ce mec-là me semblait imbu de lui-même, et bien que riche, il me semblait misérable, aussi misérable que moi, alors que lui pouvait tout avoir. Quel gâchis. Il me faisait pitié, surtout en ce moment, quand un peu plus tôt il paradait entre les tables de jeunes pucelles qui veulent se sentir trop « in » en allant jouer dans les ligues majeures. Il détourna enfin le regard et se commanda un verre. Juste pour lui. Putain, j’aurais bien usé d’une autre consommation, moi. Mais non, il avait lâché prise. Bon. C’était un mal pour un bien, j’imagine. Pas de verre, mais pas de gros con non plus. Sauf que lorsque le barman arriva avec sa bière et qu’il planifiait de la lâcher entre les mains de l’autre, là, et bien ledit con ne l’attrapa pas et tout le contenu du verre se renversa sur mon décolleté. Je lâchai un cri tout en reculant et en me levant. « Wow, c’est ma faute, j’ai pas eu le réflexe d’attraper le verre… » Comme un pervers de première clase, il fixa ma poitrine pendant dix bonnes longues secondes alors que j’essayais de récupérer un maximum de napkins afin de m’essuyer. « Pas si désolé que ça, tout compte fait… » Je levai un regard furieux vers lui. En voilà un qui ne savait pas parler aux femmes. N’avait-il pas appris qu’il n’y avait pas que le compte en banque qui séduisait ? « Tu pourrais pas m’aider au lieu de dire de la merde ? » Réalisant que mes paroles suggéraient qu’il prenne des lingettes et m’aide à m’essuyer, je secouai la tête. « Laisse tomber. T’es qu’un pauvre con. » Et quand le barman posa un nouveau verre de bière sur le comptoir, je l’attrapai rapidement, et d’un geste tout aussi rapide et imprévisible, je tirai sur le pantalon du jeune étudiant, ouvrant son caleçon à la fois, et je déversai la bière dans la mince ouverture que je venais de créer. « Wow, c’est ma faute. Vraiment désolée. J’espère que le barman ne te la chargera pas. » Parce que je ne comptais pas la lui rembourser. J’attrapai mon sac à main et partit dans la direction contraire, rejoignant les toilettes afin d’aller m’essuyer. Mon décolleté empestait la bière, c’était dégoûtant. Tout comme lui. ▬
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Sujet: Re: our souls are all we own - R. Mer 6 Juil - 10:15
JE SUIS TOUT MOU ENTRE VOS MAINSΩ Et alors il s’est passé quelques choses, je me suis laissé aller, dans un total oubli de moi même envahi par la nuit le silence et la plénitude. J’avais trouvé la liberté. Perdre tout espoir, c’était cela la liberté. Avec l’insomnie, plus rien n’est réel ! Tout devient lointain. Tout est une copie, d’une copie, d’une copie... Ça va, ça va, ça va, j’ai compris, j’ai pigé, j’ai pigé ! Merde, je pige plus. JE PRÉFÈRE MOURIR DEBOUT.
Je voyais dans son regard que cette fille, c’était une vraie cochonne. Honnêtement, je me suis senti vivre quand elle a essayé de soutenir mon regard ; je me suis senti vibrer, même. C’était maintenant clair que si je devais sortir du bar, ce soir, ça ne serait qu’après être certain que je pourrais l’avoir pour moi tout seul ce soir. Et, qui sait, si elle avait du potentiel, je pourrais toujours garder son numéro. Penser comme ça d’une fille ne m’étonnait même plus de ma part ; je n’étais plus le Plastic d’il y a un mois, non, j’étais le Plas que tout le monde connaissait avant qu’il n’essaye de s’effacer et de rentrer dans la routine. Peut-être que c’était le vrai Plas, celui que j’étais pour le moment. Du genre, j’avais très envie de draguer la fille en face de moi, mais penser une seule seconde à lui dire que je la trouvais belle, même si c’était vrai, même si c’était le truc qui marcherait encore le mieux, lui dire que je la trouvais belle ne me serait même pas venu à l’esprit. Si j’avais le moindre compliment à lui faire, ça serait sur sa poitrine, ou, qui sait, une autre partie de son corps, mais rien qui toucherait éventuellement à son visage et encore moins à sa personnalité. J’avais en tête que c’était juste pour ne pas offrir une quelconque illusion sur une quelconque fidélité ou continuité de notre relation à la fille. Je pensais obstinément que je ne faisais rien de mal à traiter une femme comme une merde, parce qu’au fond elle était prévenue à l’avance que je serais officiellement un gros connard. J’estimais que j’avertissais les filles d’une façon suffisamment explicite que pour qu’un panneau lumineux affichant « ASSHOLE » puisse sans aucune gêne se balader au-dessus de ma tête. Quitte à être un trou du cul, autant l’assumer ; faute avouée est à moitié pardonnée.
Il faut avouer que cochonne ou pas cochonne, la fille était remontée. A y réfléchir, lui renverser le contenu d’un verre alcoolisé, c’est-à-dire un liquide plaquant et odorant, n’était peut-être pas la meilleure tactique d’approche. « Tu pourrais pas m’aider au lieu de dire de la merde ? » J’allais sauter sur l’occasion pour pouvoir lui frotter la poitrine de toute mon expérience, mais elle a anticipé. « Laisse tomber. T’es qu’un pauvre con. » J’ai souri à l’insulte parce que j’avais du mal qu’on puisse me juger à un premier abord, mais n’étant pas débile comme elle essayait de le dire je comprennais bien qu’elle puisse justement penser de moi que j’étais un imbécile fini. « Non, mais attend, traite-moi de con si tu veux mais laisse moi réparer mon erreur. Tu sais quoi ? Tu me donnes ta robe et je l’envoie à nettoyer. Pire. J’échange mon t-shirt contre ta robe, comme ça je la fais nettoyer tout de suite. T’en dis quoi ? » Nouveau sourire coquin. Je voulais la faire craquer, je le voulais, je le voulais, je le voulais. Le barman s’était donc précipité pour me servir une nouvelle bière, confus d’avoir réussi à mettre le fils de Monsieur Tanners dans l’embarras, mais la fureur avec laquelle mon interlocutrice s’est saisie de la bière m’a impressionné. On aurait fait une course à qui aurait choppé la bière en premier qu’elle m’aurait battu à plate couture. Ce qui m’a le plus surpris, c’est quelle tire avec tant de conviction sur me caleçon pour glisser le contenu de la bière dedans, ce qui confirmait par la même occasion ma théorie de la cochonne. Ce n’était pas pour ça que j’étais ravi ; c’était même plutôt gênant et je me sentais pris, ce qui m’avait alors mis de mauvaise humeur une fraction de seconde et me fit exprimer mon mécontentement par un grognement. « Wow, c’est ma faute. Vraiment désolée. J’espère que le barman ne te la chargera pas. » Son ton ironique ne me plaisait pas, pas du tout, mais par je ne sais quelle force de la nature – sûrement le pouvoir des taches de rousseur à la naissance de la poitrine – je n’avais quand même pas envie d’aller en voir une autre. Nope, c’était elle que je voulais, personne d’autre. Elle se levait déjà de sa chaise, se dirigeant à mon plus grand avantage vers les toilettes. Elle était déjà partie quand j’ai lancé un regard au barman en exprimant mon mécontentement mêlé à l’excitation. « Ouais. Tu nous mets deux cocktails genre très alcoolisés ? On est là dans entre deux minutes et… Allez, je nous donne une demi-heure. »
Je me suis levé en me rendant compte que j’étais sacrément mouillé du pantalon et que c’était plutôt gênant, mais coûte que coûte, la soirée était déjà entammée et je n’avais rien d’autre à faire – ou plutôt rien de mieux – que de la suivre et jouer de mon charme sur elle. Elle était dans une position embarrassante, la poitrine sous le sèche-mains, quand je suis rentré sans aucune gêne dans les toilettes pour dames. Je suis rentré sans aucune discrétion dans une toilette pour prendre du papier toilettes et entreprendre de frotter mon jean. Je suis sorti me laver les mains. « T’aurais pu faire ça plus galamment, dans le pantalon c’est vraiment désagréable. » Je me suis approché d’elle et je me suis appuyé contre le mur, juste tout près de son corps. « Tu veux pas un coup de main ? Tu sais que si tu sèches ta robe comme ça elle va être toute dure là où il y a eu de l’alcool et tout ce que tu en tireras c’est un morceau de carton odorant à la place d’un magnifique décolleté. » Ce qui aurait été, à mon avis, réellement dommage.
« Dis-moi… J’ai une question. T’es passée au bistouri ? Parce que ton corps est, genre, parfait, et t’as la gueule qui va avec, et je pensais pas que la perfection existait vraiment… N’y vois pas une bête phrase de drague que j’aurais choppé sur le net, hein. Je le pense vraiment, ça me perturbe. Si on suivait le modèle de canon actuel… Ouais, t’es mannequin, ou un truc du genre ? » C’était vraiment pitoyable de ma part de parler comme ça à une femme ; je me trouvais ridicule parce que les compliments ne faisaient pas partie prenante de ma vie. C’était quelque chose que je ne faisais plus, complimenter. Mais là ça avait été plus fort que moi. À force d’admirer ses courbes, je m’étais rendu compte qu’elle était vraiment, vraiment parfaite. Rien à jeter.
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Sujet: Re: our souls are all we own - R. Mer 6 Juil - 23:54
▬ Et moi je voyais dans son regard que ce mec, il était complètement perdu. Il ne savait plus quoi faire, il ne savait plus qui il était. Il ne répondait qu’à ses envies, qu’aux principes les plus basiques de l’homme ; ce qui le rend animal. Toute la complexité de ce qu’il avait un jour été s’était envolée, je ne saurais dire où ni pourquoi. Ce qui était clair, c’était que cet homme se mentait à lui-même, probablement pour se protéger de quelque chose. Je le savais. J’avais vécu ça, moi aussi. La misère. Le désespoir. Le mal. Avoir mal. Avoir peur. Je ne savais pas si c’était pour ces raisons que j’étais devenue qui j’étais aujourd’hui : une fille aussi réservée, qui ne s’attache pas avec son cœur, mais plutôt avec le reste de son corps. Bref, pour le moment, ce corps était couvert de bière et je n’avais pas l’intention de laisser cet homme s’accrocher à moi bien plus longtemps. « Non, mais attend, traite-moi de con si tu veux mais laisse moi réparer mon erreur. Tu sais quoi ? Tu me donnes ta robe et je l’envoie à nettoyer. Pire. J’échange mon t-shirt contre ta robe, comme ça je la fais nettoyer tout de suite. T’en dis quoi ? » J’eus un léger rire ; pas qui riait de sa blague, plutôt qui s’en moquait et qui se préparait à répliquer. « Et tu mettras quoi toi, si je porte ton chandail ? Non parce que je crois pas que tout le monde veut voir ton petit corps frêle d’adolescent pré-pubère. Et si plutôt, oui, je portais tes vêtements, mais que tu portais ma robe en échange, hein ? C’est plus juste, il me semble. » Petit sourire en coin. Mais il ne traduisait aucun amusement, juste de la satisfaction. Le jeune homme ne m’amusait pas du tout. J’aurais largement préféré d’autres divertissements à celui-ci. Toutefois j’étais fière de pouvoir me défendre. Pas toutes les filles auraient su le faire. Bref, juste pour couronner le tout, pour mettre un point à ce magnifique échange, je m’emparai de sa bière et la versai dans son pantalon avec une agilité assez surprenante. On aurait dit que j’avais fait ça toute ma vie. Je l’avais mis en colère, tant mieux. Je me retournai au même rythme que son grognement et allai m’enfermer dans les toilettes afin de me sécher un peu, même si je savais que l’odeur y resterait, et que le tissu ne serait plus jamais le même. Après à peine trente secondes, le lourdaud pénétra dans les toilettes – pour femme, je souligne – et entra dans une cabine pour se tirer quelques morceaux de papier hygiénique. « T’es au courant qu’il y avait une toilette pour hommes juste à côté ? Quoique j’avoue qu’à ton âge, on ne fait pas vraiment la différence. » Soupirai-je. « T’aurais pu faire ça plus galamment, dans le pantalon c’est vraiment désagréable. » Je rigolai légèrement, me moquant gratuitement de sa gueule. « Toi, t’aurais pas envie d’être galant et d’arrêter d’être grossier avec moi ? Tes techniques de drague sont franchement pathétiques. Tu sais, si t’avais été plus gentil, peut-être que t’aurais eu une chance. » Il s’approcha de moi, s’adossa au mur. « Tu veux pas un coup de main ? Tu sais que si tu sèches ta robe comme ça elle va être toute dure là où il y a eu de l’alcool et tout ce que tu en tireras c’est un morceau de carton odorant à la place d’un magnifique décolleté. » Je soupirai, cette fois de mécontentement, et en posant mes mains sur le comptoir de l’évier, je le regardai. « Et en quoi ton aide y changerait quelque chose ? » Après tout, il n’était pas Dieu ni magicien. Il ne pouvait pas faire de miracle avec ma robe. Rien de plus que moi. « Dis-moi… J’ai une question. T’es passée au bistouri ? Parce que ton corps est, genre, parfait, et t’as la gueule qui va avec, et je pensais pas que la perfection existait vraiment… N’y vois pas une bête phrase de drague que j’aurais choppé sur le net, hein. Je le pense vraiment, ça me perturbe. Si on suivait le modèle de canon actuel… Ouais, t’es mannequin, ou un truc du genre ? » J’écarquillai les yeux au moment où il mentionna le mot bistouri. Venait-il réellement de me demander si j’avais eu recours à la chirurgie plastique ? Non mais quel connard. Quel magnifique connard. « Une bête phrase de drague ? Non ça c’est pas de la drague, c’est carrément une insulte ! Et pour ton information, non, j’ai pas eu besoin de ça. J’suis pas une de ces folles superficielles que tu ramènes dans ton lit à tous les soirs. » Je me redressai les épaules et le regarda d’un air hautain. « Et oui, je suis mannequin. Je ne suis que de passage ici. » Mensonge, mensonge, mensonge. ▬
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Sujet: Re: our souls are all we own - R. Ven 19 Aoû - 18:10