Fin du mois d'août, dans la file du Starbuck. Les vacances touchaient à sa fin et Diego prenait plaisir à se balader dans les rues de San Francisco. Il croisait régulièrement des étudiants beaucoup trop stressés qui jouaient leur avenir ses dernières semaines ensoleillées du mois d'août. Fort heureusement, ce n'était pas le cas de Diego. En effet, le jeune homme avait passé son année sans aucun repêchage avec la mention 'distinction'. C'était bien, pas le meilleur, mais suffisant pour être fier de lui et pour passer de bonnes vacances sans aucun tracas. Du plus loin qu'il remontait, le jeune américo-mexicain ne se souvenait pas d'avoir eu des examens à repasser. Non, il était un être intelligent et il bossait pas mal pour réussir. Il fallait dire qu'il avait une grande motivation. Il n'avait qu'à penser à son demi-frère décédé pour se souvenir combien la vie était précieuse et combien il voulait en sauver. Diego avait donc choisi la médecine et allait entamer sa troisième année. Son but ultime? Devenir chirurgien pédiatrique, sauver des enfants puisqu'il n'avait pas su le faire avec Andrea. Depuis l'accident, rien n'était pareil. Diego avait perdu sa joie de vivre et était devenu un être totalement repoussable. Il justifiait cette attitude par le fait qu'il voulait être aimé pour lui et non pour son argent mais au fond de lui, il savait que la véritable raison était le manque de son frère. L'avouer aurait été un miracle et il y croyait peu...

Diego n'était pas partit au Mexique cette année et c'était ce qui justifiait sa présence au Starbuck à cette heure avancée de l'après-midi. Cet endroit était son lieu préféré pour acheter son café mais ce qu'il aimait par dessus-tout c'était le chocolat viennois. C'était d'ailleurs ce que le jeune homme avait commandé aujourd'hui. Il avait adressé un sourire à la vendeuse. Elle était jolie et Diego trouvait chaque endroit propice à la drague. La demoiselle ne semblait pas s'en être rendue compte et lui avait donné l'addition d'une voix timide. Diego sortit alors son porte-feuilles et une photo tomba de celui-ci. Elle était trop grande pour rentrer complètement dans cet étui à billets et il arrivait fréquemment que Diego la perde. Pourtant, il ne s'était pas décidé à l'enlever. Sur cette photo, sa mère avait 16 ans et elle était avec son copain de l'époque. Edward Davis. Rien qu'un nom pour le jeune homme et pourtant cet homme n'était personne d'autre que son père biologique. Lourdès l'avait croisé sur la plage, il était en vacances au Mexique et il lui avait baratiné des belles phrases alors qu'il n'avait qu'un but en tête: s'amuser. Il était repartit chez lui, laissant la demoiselle enceinte. Bien entendu, il ne le savait pas. Et quand la mère de Diego essaya de l'appeler pour lui annoncer la nouvelle, elle se rendit compte qu'il lui avait laissé un faux numéro. Salopard de première. Lourdès avait alors assumé toute seule ses responsabilités de future maman. Elle avait accepté de se marier avec Adriano un de ses amis, sous l'ordre de leurs parents respectifs. Dans les milieux mondains, parfois, on avait pas le choix. Adriano avait reconnu Diego et le jeune garçon le considérait comme son père. Alors Diego ne savait même pas pourquoi il tenait tant à cette photo. Pour sa mère peut-être. Pour lui rappeler l'utilité de se protéger lors de rapports afin de ne pas être père à son tour. Diego ne se préoccupa pas de l'avenir de la photo. Il paya l'addition avant de se retourner et de la chercher des yeux. Son regard se posa sur une demoiselle, derrière lui dans la file. De toute évidence, elle avait ramassé sa photo et l'observait. Diego se contenta de la regarder d'un air sombre. Si jamais elle lui demandait des précisions, comme les filles avaient pour habitude de faire, il l'enverrait balader simplement, reprendrait sa précieuse photographie et s'en irait, son chocolat viennois à la main. Mais nous n'en étions pas là et Diego attendit une réaction quelconque de la demoiselle.