Sujet: Re: le dernier jour du reste de ta vie •• CAMILLE&NINA Lun 23 Mai - 0:04
Stupidement, Camille crut que ses quelques belles paroles suffiraient à convaincre Nina de rester. Mais il fut bien vite détrompé, et au fond, il n’aurait pas dû en être surpris – d’ailleurs, il ne l’était pas plus que ça. Camille réalisait un peu plus à chaque seconde quelle était la taille du fossé qui séparait leur relation actuelle, bancale et quasi inexistante, de celle, intime et intense, qu’ils avaient si longtemps partagée. Il réalisait aussi que par conséquent, tout ce qu’il disait prenait un tout autre sens pour Nina, ou plutôt, perdait tout le sens que Camille voulait donner à ses paroles. Lui dire qu’il ne la laisserait pas se mettre en danger parce qu’il craignait de la perdre, c’était bien beau, compte tenu qu’il l’avait déjà perdue une fois par sa propre faute et qu’il ne supporterait pas de voir cette douloureuse expérience se renouveler. Mais ces mots devaient être infiniment creux pour Nina, qui ne savait rien. Elle ne savait rien de ce qu’elle représentait pour Camille, et celui-ci, bien qu’effaré de le constater sans arrêt un peu plus, n’arrivait pas à agir en conséquence. Il continuait à lui parler comme si elle se souvenait de tout… de tout, à part l’épisode où il l’avait brutalement laissée tomber. Il agissait comme si la réalité s’était adaptée à ses rêves et aux illusions qui le berçaient parce qu’il ne parvenait pas à gérer la douleur de la retrouver après l’avoir perdue si bêtement. Car Camille ne pouvait le nier, voir Nina évoluer avec une indifférence, ou du moins une absence de sentiments si grande à son égard, était douloureux. Il ne l’aimait plus comme avant, certes. Le temps avait fait disparaître ses sentiments autrefois si forts à l’égard de la demoiselle. Mais de là à dire qu’il s’en était complètement remis… Camille avait été persuadé que c’était le cas, et ce, jusqu’à aujourd’hui. Mais c’était uniquement parce qu’il ne l’avait pas vue pendant tout ce temps. Maintenant qu’il la voyait à nouveau… un faible écho de ses anciens sentiments revenait à la surface, impitoyable et imprévisible. Égoïstement, Camille était déçu de voir que rien n’avait persisté de l’amour que Nina lui avait autrefois porté. La logique lui indiquait pourtant que c’était normal… mais il ne parvenait pas à s’y résoudre. Déjà, le sentiment de la perdre une nouvelle fois s’immisçait en lui.
Et cette perte semblait se multiplier au fur et à mesure que les minutes avançaient. Où était passée leur entente à toute épreuve, cette entente qui avait fini par se solder en une relation amoureuse de plusieurs mois ? À présent, Nina semblait excédée par celui qui n’était plus qu’un parfait inconnu pour elle. Elle lui lança, à bout de patience, pour seule réponse à sa tirade : « Mais qui êtes-vous ?... » Camille n’eut pas le temps de répondre qu’elle s’était dégagée de son étreinte et était sortie de la chambre. Une nouvelle fois, Camille mit un certain temps à réagir, et ce ne fut que lorsqu’il était sûr qu’elle ne l’entendrait plus qu’il murmura, plus pour lui-même que pour elle : « Je t’aimais… » Et toi aussi, tu m’aimais, pensa-t-il. Il se pencha ensuite pour regarder le rez-de-chaussée, juste sous la fenêtre. Il aperçut Nina, à peine plus bas que lui, se redresser avant de s’en aller d’un pas affairé mais bancal. S’emparant de sa veste qu’il enfila rapidement, Camille jeta un coup d’œil autour de lui et aperçut les effets personnels de Nina, qu’elle portait sur elle lors de l’accident, et qu’elle avait visiblement oubliés. Il s’en empara, les fourra dans sa poche, puis, à son tour, sauta par la fenêtre, atterrissant moins d’une seconde plus tard là où Nina s’était posée un peu plus tôt. Nina était déjà plus d’une quinzaine de mètres plus loin, et il se hâta de la rattraper. Il la héla et fut soulagé de la voir ralentir, bien que son rythme de marche fût déjà très lent en raison de ses blessures. Lorsqu’il arriva à son niveau, il fut décidé à ne pas la laisser filer une fois supplémentaire. « Tu veux faire une connerie, très bien. Mais au moins, fais ça bien. » L’ombre d’un sourire se dessina sur le visage fatigué de Camille, car il se dit que cet entêtement était un vestige de la Nina qu’il avait si bien connue. Il enleva sa veste de cuir et la posa sur les épaules de Nina. « Mets ça, tu survivras peut-être plus d’une heure, comme ça. Et maintenant suis-moi, je refuse de te laisser te promener seule, surtout dans cet état. » Camille s’exprimait avec fermeté mais une douceur indéniable teintait également sa voix, et d’un signe de tête, il montra le parking qui se dressait à une centaine de mètres, lui faisant comprendre qu’il la conduirait en voiture.
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Sujet: Re: le dernier jour du reste de ta vie •• CAMILLE&NINA Lun 23 Mai - 19:15
REMEMBER THE PAST, OR SUFFERS ✿ “ When the pain govern his actions ; when the death strikes your door ; and the hope vanishes in the air ; Who will survive ?”CAMILLE&NINA
Nouvelle douleur. Elle sentait ses muscles se contracter à chaque pas qu’elle faisait un peu plus vers la liberté. Elle ne tiendrait pas.. Mais se l’avouer ? Jamais. C’était déjà un miracle que les points de suture n’aient pas sautés lorsqu’elle avait sauté de la fenêtre. Fallait dire qu’en ce moment, elle était une petite chanceuse. L’ironie de la situation lui prouvait au moins qu’elle avait encore toute sa tête. Ou presque. Elle frottait inlassablement le dos de sa main, où auparavant y était situé une perfusion. Elle l’avait arrachée tellement vite et mal qu’à présent ça saignait. Un peu trop même. Mais bon, ce n’était pas ça le plus grave de toute manière. Il suffisait qu’elle compresse un peu la blessure et ce serait vite guéri. Ce qu’on pouvait être naïf quand on était un patient... En regardant les séries télévisées, on voyait tout si simplement que lorsque cela nous arrivait on retenait les pratiques vues dans Grey’s Anatomy. Même Nina s’y perdait, alors que son esprit limpide l’avait toujours prévenue. Mais elle avait vraiment d’autres chats à fouetter. Il fallait qu’elle trouve un taxi. Le risque était qu’en la voyant, on la ramène directement à l’hôpital. Elle faisait peur à voir, même si on ne voyait aucune blessure à part la cicatrice qu’elle avait au front. Un miracle, encore. Elle en avait marre de cette journée. Elle voulait se réveiller. Être dans sa chambre, assise dans son lit, et rire. Rire de ce rêve si stupide et irréaliste. Elle n’avait pas su répondre à la plus simple des questions... Elle n’avait pas su donner son nom. Son propre nom. Elle était en colère, mais seulement contre elle même. Ce n’était pas la faute du grand dadet derrière elle si il se prenait tout en pleine figure. Lui, par contre, n’avait simplement pas de chance. « Tu veux faire une connerie, très bien. Mais au moins, fais ça bien. » Il était revenu à sa hauteur, sans grand mal il fallait bien se l’avouer. Elle fut presque choquée par ses propos. Mais le temps qu’elle réagisse, elle aurait eu l’air d’une parfaite imbécile. Tiens tiens, le grand protecteur savait se montrer entrainant. Elle souriait intérieurement. Et encore ce misérable flash flou. Cette fois, l’atmosphère était bleuâtre, sombre. Elle voyait deux silhouettes, qui semblaient rires aux éclats. Et puis c’était fini. C’en était assez pour la replonger dans sa mauvaise humeur. Et quand l’inconnu lui posa son blouson sur ses épaules, elle réagit comme une petite banlieusarde rebelle et surtout : insupportable. Au lieu de se laisser faire, elle enfila le blouson trop grand pour elle, s’écartant un peu. Elle avait l’air bien avec sa veste trop grande... C’en devenait comique. « Mets ça, tu survivras peut-être plus d’une heure, comme ça. Et maintenant suis-moi, je refuse de te laisser te promener seule, surtout dans cet état. » En temps normal, elle aurait fait une remarque sur le ton avec lequel il lui parlait. Mais la fatigue la gardait dans un état second, et elle ne dit rien. Elle suivit juste la direction qu’il lui indiquait. Un parking. Un parking où les attendait une voiture. Une voiture. Non, impossible. Elle recula d’un pas, avant de reprendre contenance. Impossible de perdre la face devant cet homme surtout. Elle pouvait le faire. Après tout, une voiture, c’était rien. L’accident était passé. Les prétendues séquelles qu’avaient les patients après pareil choc, c’était faux. Elle le regardait presque d’un air méprisant, comme pour lui prouver qu’elle était forte. Elle n’avait aucune idée du pourquoi elle sentait qu’il fallait qu’elle se conduise comme pareille garce. Elle le suivit jusqu’à sa voiture, ne montrant aucun signe d’appréhension. Elle monta la première, pendant qu’il posait quelque chose à l’arrière. Elle attacha sa ceinture, doucement, comme si ce moment se passait au ralentis. De nouvelles images de l’accident. Plus claires, plus nettes. Mais cette fois, elle se retrouvait du point de vue de sa propre personne. Ce n’était plus une vue d’ensemble. Elle était dans la voiture, à l’envers, et le calme qui y régnait faisait froid dans le dos. Les vitres étaient cassées, sa ceinture lui faisait terriblement mal aux côtes, sans parler de sa jambes, coincées entre le volant et le dessous du siège. Pourtant, elle vivait encore. Si peu, mais encore. Elle voyait du sang, beaucoup. Beaucoup trop. Des larmes coulaient de ses yeux, alors qu’elle essuyait le rouge qui sortait de ses lèvres. Elle tentait de sortir, sans y parvenir. Et de nouveau le flou total. Elle revint à la réalité. On lui tenait le bras, on la secouait. Une larme avait coulée de ses yeux terrorisés. Camille semblait l’appeler. Après quelque secondes perdues dans sa vision, elle le regarda, égarée. « Comment tu t’appelles ? » Elle lui sourit faiblement en chassant la larme encore humide qui avait roulée sur sa joue qui avait à supporter à énième hématome.
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Sujet: Re: le dernier jour du reste de ta vie •• CAMILLE&NINA Ven 27 Mai - 0:35
Si Nina avait toujours été extrêmement facile à vivre, simple et dotée d’un caractère que Camille adorait, elle n’en restait pas moins têtue et bornée. Capricieuse, aussi. La jeune femme avait toujours été dotée d’un caractère bien trempé et ce n’était pas pour déplaire à Camille, qui avait toujours aimé la taquiner au sujet de ce trait de caractère qui pouvait s’avérer assez problématique. Camille était quelqu’un de calme par nature, qui ne cherchait pas à créer des ennuis ou à envenimer les situations, et qui allait toujours jusqu’à faire le nécessaire pour l’éviter. Il n’accordait pas grande importance à ce qu’on lui donnât raison et n’était pas du genre à se battre pour avoir le dernier mot. Il ne s’était jamais préoccupé de ce genre de courses pour l’ego, se contenant d’exposer son point de vue ou de donner son avis une fois, mais ne s’acharnant jamais à vouloir convaincre son interlocuteur que lui seul détenait la vérité. Posé et détaché par nature, et ce, bien que doté d’une fierté et d’un orgueil qui parfois étaient un peu trop apparents, Camille s’opposait, sur ce niveau, à Nina. Non pas que la jeune femme fût du genre à l’agresser pour qu’il lui donne raison. Mais aussi longtemps qu’il l’avait connue, elle avait toujours été têtue, même dans des situations parfaitement absurdes. Camille aurait, normalement, eu tendance à s’exaspérer de ce trait de caractère. Mais chez Nina, au contraire, il en était tombé raide dingue. Il la trouvait si attendrissante et amusante lorsqu’elle s’entêtait plus que de raison, et les discussions animées qu’ils avaient autrefois et qui, plus d’une fois, avaient bien risqué de tourner en disputes si aucun des deux n’avait été prêt à baisser les bras, s’étaient souvent finalement soldées par un baiser plein de tendresse que Camille donnait alors à sa petite amie, un grand sourire amusé aux lèvres. Étonnamment, en général, cela fonctionnait. Et c’était sans doute cette tolérance à l’égard de l’autre qui leur avait permis de maintenir leur relation en aussi bon état pendant si longtemps, lorsque leurs rares différences les opposaient.
Oui, Nina avait toujours été têtue. Et elle venait de le prouver, une fois de plus, en refusant de l’écouter, alors qu’au fond, elle devait pertinemment savoir qu’il avait raison et que c’était stupide d’agir comme elle le faisait. S qu’Camille avait toujours agi avec bienveillance à son égard, à l’exception de cette unique fois où il avait tout gâché entre eux de manière visiblement irrémédiable. Même amnésique, Nina semblait bien peu collaboratrice et paraissait déterminée à ne pas lui faciliter la tâche. Ou alors, peut-être voulait-elle justement lui prouver qu’elle n’avait pas besoin de lui – mais si c’était bel et bien cela qu’elle tentait de faire, c’était peine perdue, car Camille ne la laisserait pas filer et ce, sous aucun prétexte. Il avait vraiment peur pour elle et se maudissait de ne pas l’avoir convaincue de rester dans sa chambre d’hôpital. Inquiet, il pensa aux perfusions que Nina avait abandonnées et se demandé quelles substances essentielles elle était en train de manquer. S’en sortirait-elle indemne ? Évidemment, elle ne l’était déjà plus, étant donné qu’elle était amnésique. Mais s’en tirerait-elle avec des séquelles supplémentaires ? Camille le craignait et espérait de tout cœur qu’il parviendrait à éviter des souffrances supplémentaires à Nina, dont il espérait qu’elle collaborerait un peu plus afin de ne pas le forcer à faire l’impossible pour l’aider. Il était prêt à faire tout ce qui était nécessaire pour que les choses se passent bien pour elle, mais il était clair qu’étant donné tous les problèmes qu’il devait gérer depuis quelques temps, un poids en moins ne serait pas trop demandé. Mais en voyant Nina lui prendre sa veste des mains et s’écarter pour la mettre elle-même, il se dit, une fois de plus, que tout cela était bien mal parti.
Camille fut soulagé lorsqu’ils arrivèrent à sa voiture, car à ses yeux, une fois qu’ils seraient dans l’habitacle, tout irait mieux car Nina serait en sécurité. Maladroitement, il avait complètement omis le fait que Nina devait ses blessures à un accident qui avait, lui aussi, eu lieu dans un véhicule. Pourtant, ce n’était pas la chose la plus difficile à se remémorer… Mais Camille l’avait oublié, et ce fut relativement serein qu’il déverrouilla sa voiture, entrant dans celle-ci quelques instants après Nina. Il n’avait rien vu de la précaution avec laquelle elle avait attaché sa ceinture de sécurité, en revanche, lorsqu’il s’installa à côté de son ancienne petite amie, il vit immédiatement qu’elle n’était pas dans son état normal. Doucement, il l’appela, mais elle ne répondit pas. Il lui effleura le bras, sans succès, une fois de plus. Alors, un peu plus fort, il répéta : « Nina, tu m’entends ? » tout en exerçant une légère pression sur son bras, afin de lui signifier sa présence. Elle sembla ne pas l’entendre, et, précautionneusement, veillant à ne pas poser la main sur un hématome ou une autre blessure, il secoua son bras, mû d’une inquiétude grandissante. Cette fois-ci, elle réagit, bien que ce ne fût pas, dans un premier lieu, en parlant. Il vit une larme, solitaire et brillante, rouler le long de sa joue après être tombée de son œil. Camille réalisa soudain la situation et se maudit intérieurement d’avoir été aussi maladroit. Comment avait-il pu oublier ce détail pourtant d’une importance primordiale ? Il voulut parler, lui dire quelque chose, ne serait-ce qu’une simple phrase d’une affreuse banalité, pour la rassurer, mais elle parla avant lui, doucement et l’air plus amène que quelques minutes plus tôt : « Comment tu t’appelles ? » La question, bien que d’une sincérité désarmante et d’une normalité indéniable, agit comme un coup de poignard sur Camille, qui se souvint avoir tenté de la rassurer dès son réveil en lui faisant remarquer que lui, Camille, était là. Il avait ensuite réalisé que son prénom n’évoquait plus rien chez Nina, et cela avait été un premier choc, douloureux et semblable à un réveil brutal. Voilà qu’elle recommençait, et une fois de plus, Camille ne put s’empêcher d’avoir mal. Mais il ne laissa rien paraître, et il répondit avec la même douceur : « Camille. Je m’appelle Camille. » Il avait, contrairement à d’habitude depuis quelques temps, prononcé son prénom avec son accent natal, comme s’il espérait que cela évoquerait quelque chose à Nina. Mais il ne se faisait pas d’illusions, c’était un espoir absurde et improbable. Voyant que Nina semblait toujours déboussolée et peu rassurée, il ajouta, avec la même douceur que celle qu’il avait employée quelques instants plus tôt : « Tu peux avoir confiance en moi, Nina. Je ferai tout pour que ailles bien, crois-moi. Tu es en sécurité avec moi, tu ne dois pas avoir peur, vraiment. Rien ne peut t’arriver, j’y veillerai. » Il avait bien sûr parlé de la situation actuelle, c’est-à-dire le fait qu’elle se trouvait si peu de temps après son accident dans une voiture avec quelqu’un qui était désormais un parfait inconnu. Mais sa phrase était également valable au sens large, car il avait le pressentiment que Nina aurait encore besoin d’aide pendant un bon moment avant de totalement se remettre… et il serait là pour elle.
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Sujet: Re: le dernier jour du reste de ta vie •• CAMILLE&NINA Sam 28 Mai - 2:16
REMEMBER THE PAST, OR SUFFERS ✿ “ When the pain govern his actions ; when the death strikes your door ; and the hope vanishes in the air ; Who will survive ?”CAMILLE&NINA
Quelques mois plus tôt, la vie de Nina ressemblait à un conte de fée. Elle avait vécu sûrement la plus belle histoire d’amour de sa vie, avec un homme qui resterait sans doute le plus bel homme de sa vie. Ce qu’il y a d’embêtant avec les contes de fées, c’est que les happy end sont variées. La rengaine que l’on servait aux enfants devenaient bien plus réaliste passé le cap des seize ans. On grandit, encore et encore, jusqu’à ce qu’on se sente assez stable pour vivre notre vie. Mais dans les histoires d’amour, la fin n’est jamais bonne. Simplement parce qu’il y a une fin. On ne se marie pas, et on a pas des dizaines d’enfants lorsqu’on a vingt ans. A cet âge là, le mieux que l’on puisse espérer, c’est de pouvoir profiter d’un rêve assez longtemps pour que la blessure se referme plus vite. Sauf que ça, Nina ne l’avait pas assimilé, étant plus jeune. Un an plus tôt, elle avait été tellement heureuse et épanouie qu’elle en avait oublié de souffrir. Souffrir avant pour que la douleur passe. Elle en avait versé des larmes... De colère, pour la plupart d’entre elles. D’incompréhension aussi. Elle s’était promis qu’une fois l’homme revenu, elle aurait l’audace d’aller lui en toucher deux mots, de cette souffrance. Pourtant elle n’avait pas pu le faire. Elle l’avait voulu. Mais il suffit d’un accident pour que le monde bascule tel que l’univers semble vouloir rire de vous, rien qu’un temps. Si elle avait conscience que l’homme en face d’elle était celui qui l’avait fait autant souffrir ? Non. Pourtant, il y avait quelque chose qui n’allait pas. Comme un pressentiment. Ce qui était assez ironique de penser au futur alors que son passé restait flou. Et assise dans cette voiture bien trop étroite pour une si grande pression, Nina songeait à son présent. Elle suivait un inconnu. Il n’était plus rien pour elle, alors qu’il avait été si important autrefois. Elle ne serait jamais monté si il ne lui évoquait rien. Elle connaissait ses traits, ses expressions, mais elle ne mettait pas un doigts sur le temps. Sur quand elle l’avait vu. Sur ce qu’ils avaient fait. Cela restait un mystère. Mais elle était montée, sans savoir pourquoi. Par stupidité peut-être. « Camille. Je m’appelle Camille. » Elle le regardait sans comprendre. Il le lui avait déjà dit, non ? Fronçant les sourcils, elle détourna le regard. Elle se sentait dérailler. Une sensation vraiment désagréable. Comme si le cerveau n’était plus raccordé à rien. Cela venait de l’anesthésie pourtant, elle le savait ça... Mais le vivre c’était autre chose. « Tu peux avoir confiance en moi, Nina. Je ferai tout pour que ailles bien, crois-moi. Tu es en sécurité avec moi, tu ne dois pas avoir peur, vraiment. Rien ne peut t’arriver, j’y veillerai. » Elle n’entendait plus. Elle savait qu’il lui parlait, qu’elle aurait du l’écouter. Mais elle avait ce bourdonnement incessant dans l’oreille... Elle n’irait pas loin à cette allure là. Elle se sentait tellement mal.. Et la cause n’était même pas les médicaments ou la douleur. C’était lui. Le simple fait qu’il soit lui l’oppressait. Il lui faisait se rappeler que quelque chose clochait. Dès qu’elle le regardait, ses yeux lui criaient : « Bordel Nina, regarde-le ! » Il la rendait folle. Pas comme autre fois, mais c’était tout comme. Elle se tourna à nouveau vers lui, évitant au mieux son regard, et lâcha d’un ton plat : « Il faut que je sorte. » Après s’être débattue avec la porte, elle finit par sortir du mince habitacle. Prenant une grande inspiration, elle s’appuya sur la voiture, se penchant en avant. Elle avait chaud, tellement chaud... Elle attendait que cette sensation désagréable s’en aille. Demander à retourner à l’hôpital ? Jamais. Ce serait comme une défaite. Ce n’était même pas envisageable. « Je préfère qu’on y aille à pieds, s’il te plait... Camille. » Elle eut du mal à prononcer son prénom. Ca avait comme un goût amer dans sa bouche. Comme un reproche. Mais elle ne voyait toujours pas pourquoi. « Emmène-moi là où j’ai eu mon accident. » En temps normal, elle aurait ajouté une formule de politesse. Il l’aidait, après tout. Mais elle ne voulait pas lui laisser le choix. Elle devait aller là-bas, et elle irait. Avec ou sans lui.
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Sujet: Re: le dernier jour du reste de ta vie •• CAMILLE&NINA Sam 28 Mai - 16:10
✩ and i will try to fix you;
And the tears come streaming down your face When you lose something you can't replace When you love someone, but it goes to waste Could it be worse? • CAMINA
Pourquoi ne pouvait-il pas deviner ce qui se passait dans l’esprit de Nina, en ce moment même ? Autrefois, Camille savait lire dans les pensées de sa petite amie, devinait ses émotions, ses sentiments. Un regard leur suffisait pour communiquer. Ils étaient sur la même longueur d’ondes, et cette impression avait toujours été présente pendant toute la durée de leur relation. Nina n’avait jamais eu besoin de demander quoi que ce soit à Camille pour qu’il comprenne qu’elle avait besoin de lui. Il lui proposait toujours spontanément de le laisser l’aider. Jamais il n’avait mal interprété un de ses regards, il avait rapidement appris à les interpréter avec une précision qui témoignait bien de tout l’amour qu’il avait éprouvé pour elle. Il n’avait pas eu la prétention de la connaître par cœur, pourtant c’était sûrement le cas. Bien que Nina ne cessât jamais de le surprendre, et ce, de jour en jour, il la connaissait si bien qu’il savait toujours quoi faire lorsqu’elle allait mal, lorsqu’elle voulait quelque chose mais que cela la gênait de le lui demander. Camille avait toujours fait passer Nina avant tout le reste, à tel point qu’on lui avait souvent reproché de trop s’occuper d’elle. Non pas qu’il fût du genre oppressant et trop envahissant, au contraire, il avait toujours veillé à maintenir un équilibre entre leur vie de couple et leurs autres relations respectives. Quand il devinait que Nina ne voulait pas lui parler, ou pire, qu’elle ne voulait pas de lui dans les parages pour quelque raison que ce fût, il s’éclipsait toujours sans un mot, mais uniquement parce qu’elle savait que si elle avait besoin de lui, il serait là à la seconde. Depuis sa plus tendre enfance, Camille avait dû aider les autres, s’occuper de ses frères et de sa sœur. Si cette tâche n’avait pas toujours été aisée, prenant même souvent les allures d’une corvée, il l’avait toujours accomplie avec tout son cœur. Aider les autres était devenu un réflexe pour Camille, et c’est pourquoi il avait toujours tout fait pour Nina, qui était parvenue à lui voler son cœur en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire.
Mais maintenant, impossible de discerner quoi ce soit. C’était comme s’il ne la connaissait plus. Comme si ce n’était pas Nina qui se tenait à quelques centimètres à peine de lui. Autrefois, elle avait été la personne la plus proche de lui. Maintenant, la distance qui les séparait paraissait insurmontable. Toute la confusion et l’égarement que Nina éprouvait clairement semblaient s’être étendus à Camille, qui ne savait plus quoi penser. Il ne paraissait pas à déterminer ce qu’elle pensait de lui. Sans aucun doute la situation devait-elle être encore plus déstabilisante pour Nina, qui se faisait aider par un parfait inconnu qui semblait la connaître par cœur. Camile ne savait pas comment agir, si ce n’était de la manière dont il avait toujours agi avec elle. Mais celle-ci était maintenant fort peu indiquée. À présent, il ne pouvait plus la serrer contre lui, lui murmurer des mots de réconfort et lui dire qu’il serait toujours là pour elle en étant sûr qu’elle le comprendrait. Il ne pouvait pas non plus tenter de réparer les dégâts qu’il avait causés, étant donné qu’il n’y avait plus de relation à réparer maintenant qu’elle ne savait plus qui il était. Bref, Camille ne savait absolument pas quoi faire. Il voulait aider Nina, il ferait tout pour. Mais elle aurait pu être plus coopérative, lui donner au moins un indice qui lui permettrait de savoir quel comportement adopter…
« Il faut que je sorte. » Impuissant, Camille regarda Nina sortir de la voiture, péniblement, entravée par ses blessures qui semblaient s’être réveillées pour lui rappeler qu’elle était encore faible et absolument pas en état de se promener ailleurs que dans sa chambre d’hôpital. Camille se sentit coupable de l’avoir laissée sortir comme ça, alors qu’elle était encore potentiellement en danger. Mais il n’avait jamais été capable de lui refuser quoi que ce soit… À la différence près, qu’autrefois, il approuvait la plupart des choix de la jeune femme. Maintenant, la seule chose qu’il pouvait faire, c’était se reprocher de l’avoir laissée faire. Depuis quand était-il aussi laxiste ? Où était passée sa détermination ? Sans doute était-elle cachée par les échos des sentiments qu’il avait éprouvés pour Nina et qui remontaient maintenant douloureusement à la surface. Ce n’était plus de l’amour, mais cela le maintenait étroitement lié et attaché à Nina, qui semblait avoir repris autant d’importance à ses yeux qu’avant. Mais pourquoi ? Camille patienta quelques instants, avant de sortir, à son tour, de la voiture, dont il fit le tour pour rejoindre Nina, qui semblait encore plus en peine que quelques instants auparavant. Son cœur se serra, et doucement, derrière elle, il posa sa main sur son épaule, sans dire un mot. « Je préfère qu’on y aille à pied, s’il te plait... Camille. » Le prénom qui ponctuait la phrase de Nina semblait avoir été prononcé avec une hésitation douloureuse. Camille ne dit rien, une vague de sentiments contradictoires, en rapport avec la phrase de Nina ou non, l’envahissant. Il était partagé entre la désapprobation que lui inspirait l’idée de la laisser marcher dans l’état où elle était, le désir de lui faire plaisir, lui-même contredit par la douleur qu’il avait ressentie, brève et brusque, lorsqu’il avait entendu l’amertume dans la voix de Nina alors qu’elle avait prononcé son prénom pour la première fois depuis l’accident… pour la première fois depuis l’enterrement. « Emmène-moi là où j’ai eu mon accident. » Cette fois-ci, Camille fit face à Nina, la sondant longuement du regard, sans savoir quoi dire. Il soupira, fermant les yeux l’espace d’un instant. Puis, sans qu’il sût dire pourquoi ni sous l’impulsion de quelle force stupide et irrépressible, il laissa échapper un flot de paroles dont il aurait préféré qu’elles restent à jamais tues. « Tu ne t’en souviens pas, mais je n’ai jamais rien su te refuser. Tout ce que tu voulais, je te l’ai donné. Parce que tout ce que moi je voulais, c’était que tu sois heureuse. Maintenant, je ne suis plus qu’un inconnu pour toi, mais toi, tu restes la Nina que j’ai connue. Tout ce que je veux, encore maintenant, c’est t’aider et te faire plaisir, parce que tu dois comprendre que je serai toujours là pour toi. » Il s’interrompit, regrettant déjà d’avoir fait ces aveux trop révélateurs. « Mais là, tu me demandes de prendre des risques inconsidérés. Je ne sais pas exactement combien ton état est grave, mais tu peux me croire, tu ne t’es pas remise. J’ai vu ton accident, je t’ai vue quand on t’a sortie de ta voiture… » Il se tut, conscient que ce n’était sans doute pas bon d’évoquer déjà maintenant l’accident qui avait incontestablement traumatisé Nina, même si elle n’en gardait pas de souvenirs. « Tu ne réalises pas combien j’ai eu peur pour ta vie en te voyant dans cet état. Si tu venais à avoir des complications, je ne pourrai jamais me le pardonner. » Camille connaissait suffisamment Nina pour savoir que maintenant qu’elle s’était mise en tête l’idée de retourner sur les lieux de l’accident, elle ferait tout pour y arriver, c’est pourquoi il finit par dire à contrecœur : « Je vais t’amener là où tu as fait ton accident, t’as de la chance, c’est près d’ici. Par contre, je te porterai, tu ne dois pas te fatiguer. Et tu dois me promettre qu’après, tu me laisseras te ramener à l’hôpital. Tu en as besoin, Nina, crois-moi. »
Dernière édition par Camille Dupenher le Dim 29 Mai - 23:34, édité 1 fois
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Sujet: Re: le dernier jour du reste de ta vie •• CAMILLE&NINA Dim 29 Mai - 22:57
I can't take my eyes off of you— did I say that I loathe you? did I say that I want to leave it all behind?... until I find somebody else ★ CAMINA
Par nature, les êtres humains sont toujours sur la défensive. Ils tentent d'empêcher les gens de l'extérieur, de pénétrer dans leur monde. Nina faisait partis de cette grande famille de cachotiers. Du temps où sa mémoire était encore intacte, la blonde cachait des choses inavouables. Mais ce n'était même pas par crainte. Plutôt par lâcheté. Elle n'avait jamais aimé se justifier, pour quoi que ce soit. Son médecin aurait pu arriver qu'elle aurait soutenue avoir eut raison de quitter sa chambre... Alors qu'en fait, elle savait bien qu'elle avait tort. Toujours tort. Mais le reconnaitre envers les autres, c'était autre chose. Le Camille qu'elle avait connue autrefois s'en était rendu compte, et l'avait accepté. Alors pourquoi la mémoire ne pouvait pas lui revenir, là, maintenant. Il était juste devant elle.. Elle avait prier pour avoir cette occasion, même pour quelques secondes. Il parait qu'après un traumatisme aussi important, la mémoire revenait grâce à la vue de son passé. Alors pourquoi il ne lui disait absolument rien ? La volonté y était pourtant. Il était quelqu'un, pour son ancienne elle. Mais qui, cela restait un mystère. Peut-être qu'il pourrait le lui dire, avec un peu de chance. Il la regardait depuis quelques secondes, comme si il cherchait quelque chose. Ou quelqu'un. Avant de soupirer. « Tu ne t’en souviens pas, mais je n’ai jamais rien su te refuser. Tout ce que tu voulais, je te l’ai donné. Parce que tout ce que moi je voulais, c’était que tu sois heureuse. Maintenant, je ne suis plus qu’un inconnu pour toi, mais toi, tu restes la Nina que j’ai connue. Tout ce que je veux, encore maintenant, c’est t’aider et te faire plaisir, parce que tu dois comprendre que je serai toujours là pour toi. » Surprise, elle le regardait sans comprendre. Non, la mémoire ne revenait toujours pas. Il semblait tellement la connaitre pourtant... Elle s'obligeait à ne pas détourner les yeux. Ce regard qu'il lui lançait la mettait mal à l'aise. Elle se sentait coupable d'avoir oublié qui il était, jusqu'à son prénom, son visage. « Mais là, tu me demandes de prendre des risques inconsidérés. Je ne sais pas exactement combien ton état est grave, mais tu peux me croire, tu ne t’es pas remise. J’ai vu ton accident, je t’ai vue quand on t’a sortie de ta voiture… » Elle finit par ne plus le regarder. Un instant, elle avait cru qu'il était de son côté. Mais non, il recommençait. Il ne voulait pas lui faire plaisir, il voulait lui prouver qu'elle avait tort. Rien que pour ça, ses yeux se remplirent de larmes, vexée. Elle n'était pas morte... Pas encore. Alors ?. « Tu ne réalises pas combien j’ai eu peur pour ta vie en te voyant dans cet état. Si tu venais à avoir des complications, je ne pourrai jamais me le pardonner. » Elle décolla de la voiture, ne supportant plus d'entendre tout ça. Son cerveau lui hurlait d'être au calme, d'arrêter de déconner avec sa vie. Deux contre elle, ça commençait à faire beaucoup. Elle commença à faire les cent pas, bras croisées, regard fuyard. Il n'allait rien lui arriver, ce n'était pas prévu, Camille était là, il veillait sur elle, alors elle pouvait risquer sa vie. Pourquoi n'était-il pas d'accord avec ça ? « Je vais t’amener là où tu as fait ton accident, t’as de la chance, c’est près d’ici. Par contre, je te porterai, tu ne dois pas te fatiguer. Et tu dois me promettre qu’après, tu me laisseras te ramener à l’hôpital. Tu en as besoin, Nina, crois-moi. » A peine avait-il terminé sa phrase qu'elle l'interrompit. « D’accord ! » Elle lâcha ça d’un ton exaspéré. Ce n’était plus la peine de se battre. C’était apparemment donnant donnant avec lui. Il la faisait se sentir gamine, et elle n’aimait pas ça. Pourtant, elle n’arrivait pas à être en colère, ou à lui en vouloir. Rappelle-toi Nina... Rappelle-toi. Souviens-toi à quel point cet homme a pu te faire souffrir. A quel point tu lui en veux. A quel point tu voulais aller le voir pour le lui dire, il y a quelques heures. A quel point tu voulais le revoir, sans t’en rendre compte. Elle le scrutait, tentant de répondre à ses pensées, mais toujours rien. C’en devenait frustrant. Et finalement, elle baissa les armes. Elle se rendit. Il la prit dans ses bras. Elle aurait du se dire « Comme au bon vieux temps », mais non. Le temps semblait se retourner contre eux, d’un coup. Elle le laissa l’emmener, impuissante. Il la porta, quelques minutes. C’était assez pour que son odeur rappelle quelques souvenirs à Nina. Très vagues cependant. Trop vagues. Elle n’y prêta même pas attention. Seul l’espoir de retrouver la mémoire sur les lieux de l’accident l’importait. Elle ignorait Camille, son inquiétude, sa ténacité qui lui plaisait malgré elle. Elle ignorait les gens qui se retournaient sur leur passage. Elle ignorait le sang sur ses vêtements, ses cheveux sales, son teint pâle. Seule l’arrivée lui importait. Et peut-être un peu Camille aussi, non ? Encore fallait-il l’admettre.
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Sujet: Re: le dernier jour du reste de ta vie •• CAMILLE&NINA Lun 30 Mai - 1:49
✩ and i will try to fix you;
Tears stream down your face When you lose something you cannot replace Tears stream down your face now I promise you I will learn from my mistakes... • CAMINA
Tout avait changé, ces derniers temps, et le monde semblait s’être ligué contre Camille qui voyait chacune de ses certitudes s’effondrer, l’une après l’autre. Chaque élément de sa vie qui lui avait paru inaliénable, inchangeable et indiscutable commençait à flancher, avant de basculer de manière inattendue et inévitable. Il avait perdu sa sœur alors qu’il venait de la retrouver après de longs moi passés en Californie. Lui, d’ordinaire si réfléchi, raisonnable et juste, avait sur un simple coup de tête mis fin à une relation amoureuse plus sérieuse que la plupart de celles qu’il avait connues avant Nina, alors qu’il n’y avait pas de raison valable d’agir de la sorte – bien sûr, la douleur occasionnée par la perte de Claire constituait un motif qui expliquait beaucoup du comportement que Camille avait ensuite adopté, mais cela ne justifiait en rien qu’il abandonne Nina de la sorte alors qu’elle avait été présente à ses côtés du début à la fin et qu’elle aurait pu représenter une source certaine de réconfort. Elle l’aurait aidé à surmonter cette épreuve dont la difficulté n’était pas à prouver tant elle était immense. Mais Camille, trop aveuglé par sa douleur et par son besoin de se retrouver seul, avait tout jeté, inconscient des enjeux qu’aurait ce geste plus que stupide. Il avait perdu Nina de cette manière, avant de perdre ses amis, à qui il n’avait pas donné signe de vie pendant de longs mois. Depuis son retour, Camille prenait conscience de l’étendue des dégâts qu’il avait causés en agissant de la sorte, et à chaque fois, il parvenait quand même à en vouloir à l’autre, persuadé que lui avait le droit de souffrir et de manquer de considération pour les autres pour cette raison-là. Au fond, Camille savait qu’il avait mal agi. Mais voir sa vie s’effondrer ainsi, morceau par morceau, n’était pas facile, et se désigner comme seul responsable de cette catastrophe n’était pas non plus une chose aisée. Maintenant, il avait l’impression d’avoir touché le fond en perdant Nina une deuxième fois, vu qu’elle ne se souvenait pas de lui, et surtout, qu’elle avait, elle aussi, changé. Il ne pouvait pas l’en blâmer, après tout, elle était en état de choc, complètement perdue et mue d’une rage qu’il pouvait plus que bien deviner et comprendre. Cette perte de mémoire avait été un ultime coup bas du destin, et Camille imaginait combien Nina devait en souffrir. Mais lui aussi en souffrait, et bien qu’il fût conscient que ce n’était pas très noble de se focaliser sur sa propre douleur, il ne pouvait s’en empêcher. Camille était par nature quelqu’un d’altruiste et tourné vers les autres. Mais ce coup-là avait été trop dur à encaisser .Pourtant, il s’efforçait d’être là pour elle et de faire passer ses envies et ses besoins avant les siens. Après tout, elle en avait plus besoin que lui. Il lui avait suffi de quelques secondes pour réaliser qu’il était prêt à tout pour aider Nina, pour se rattraper de tout ce qu’il avait fait de mal et toute la douleur qu’il lui avait infligée, en l’aidant à se remettre aujourd’hui. Il l’aiderait à retrouver la mémoire, y passerait des heures, des jours, s’il le fallait. Camille ne se forçait pas en prenant cette décision, au contraire, il ne put nier qu’il y tenait énormément. Après tant de temps passé à se soucier uniquement du bien de la jeune femme, même si cela remontait déjà à quelques mois,, Camille ne pouvait pas ne pas prendre soin d’elle comme avant – ou du moins, un peu comme avant, car les choses n’étaient plus les mêmes. Tout n’était plus que doute et interrogation, maintenant que l’accident avait chamboulé leurs vies.
Plus douloureux encore que le ton de reproche qu’elle avait employé en lui parlant, le « D’accord ! » exaspéré de Nina frappa Camille avec nue force déconcertante. Il sut qu’il l’avait contrariée pour ce qui semblait être la énième fois aujourd’hui. L’espace d’un instant, il s’en voulut, car il détestait avoir à refuser quelque chose à Nina. Mais il se remémora rapidement pourquoi il agissait de la sorte. La sécurité de Nina passait avant tout, peu importait qu’elle lui en veuille de ne pas la laisser prendre tous les risques inconsidérés qui lui passaient par la tête. Il ne la laisserait pas se mettre en danger une fois de plus. La perdre, encore, serait insupportable à Camille, qui commençait tout juste à nourrir à nouveau l’espoir d’un jour retrouver une relation positive avec la jeune femme qu’il avait tant aimée. Mais elle semblait s’éloigner inexorablement de lui au fur et à mesure que les secondes passaient. Le refus que Camille avait commencé par annoncer avait fait jaillir des larmes dans le regard clair de la demoiselle, créant en son ex un vif sentiment de culpabilité. Pourtant, il n’osait plus la toucher, ni lui témoigner un quelconque signe de tendresse un peu trop fort – il en avait déjà trop dit.
Ce fut sans un mot supplémentaire que Nina laissa Camille la soulever, avec une douceur remarquable. Il la porta à la manière des princesses, comme tant de fois auparavant. Lorsqu’elle était encore sa princesse. Combien de fois n’avaient-ils pas plaisanté à ce sujet ? Tout était si parfait, à l’époque… Camille sentit sa gorge se nouer, mais ce n’avait rien à voir avec les mains fines et douces de Nina suspendues à sa nuque. Les seuls coupables étaient les souvenirs doux mais amers qui déferlaient dans l’esprit de Camille au rythme de ses pas, dont chacun les rapprochait un peu plus de leur destination. Camille veilla à ce que Nina fût bien serrée contre lui sans jamais l’écraser. Il avait oublié combien elle était légère et combien il avait à l’époque pris l’habitude de la porter, comme s’il s’agissait d’un moyen de lui témoigner son amour. Maintenant, cela n’avait plus du tout la même connotation, et pourtant, le moment fut intense pour Camille. Il prit cependant rapidement fin, car ils furent bientôt arrivés sur les lieux de l’accident. Camille ralentit, avant de laisser Nina se redresser et poser pied à terre. « Voilà, c’est ici… » C’était de là que Camille avait assisté à l’effroyable scène qui s’était déroulée à quelques mètres seulement. Dans un réflexe, il maintint une main derrière le dos de Nina, qui était maintenant debout à côté de lui, l’effleurant de temps en temps avec une douceur infinie, comme s’il s’assurait qu’il parviendrait à la rattraper si jamais elle ne tiendrait pas seule. Il la scruta du regard, observant son profil au regard fixé sur le lieu de la catastrophe, puis murmura avec douceur : « Tu te souviens de quelque chose, Nina ? »
Dernière édition par Camille Dupenher le Jeu 2 Juin - 1:51, édité 1 fois
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Sujet: Re: le dernier jour du reste de ta vie •• CAMILLE&NINA Lun 30 Mai - 21:06
if you’re a bird, i’m a bird— It wasn't over. It still isn't over ! ★ CAMINA
Merveilleuse sensation de voler. Là, dans les bras de Camille, Nina se sentait bien. Dépourvue de toute douleur, elle profitait du moment, yeux fermés, mais oreilles aux aguets. Elle entendait leur pas, les guidant vers leur destin qui semblait se dessiner comme étant étroitement liés. Nina avait promis de retourner à l’hôpital. Même si les promesses qu’elle faisait d’habitude étaient furtivement écartées, elle allait la tenir. Il faisait quelque chose pour elle, alors pourquoi ne pas lui rendre la pareille. Ca ne lui coutait rien de se maintenir en vie. C’était l’histoire de quelques jours, peut-être deux ou trois avec un peu de chance. Elle avait toutes ses fonctions motrices, grâce à on ne sait quelle chance. Et l’éventualité que l’homme qui s’occupait si bien d’elle puisse rester à son chevet ne lui déplaisait pas. Elle ne le connaissait pas, ne lui témoignait aucune affection, au contraire, et pourtant, la solitude qu’elle pourrait connaitre bientôt n’était pas alléchante. En regardant discrètement le profil du prétendu inconnu, Nina ne put s’empêcher de penser qu’il lui serait d’une grande aide. Que risquer de le laisser partir par un sarcasme de la jeune fille serait une erreur monumentale. Lentement, ils arrivèrent devant un carrefour assez fréquenté. Nouveau mal de tête. Camille la déposa à terre, doucement, précautionneusement. Elle n’arrivait toujours pas à trouver pourquoi il agissait ainsi avec elle. Pourquoi elle ne se rappelait pas de la période la plus belle qu’elle ait vécu. Cela resterait un mystère. « Voilà, c’est ici… » Se redressant, Nina posa un regard circulaire sur les yeux. Tout paraissait fluide. Les voitures passaient, les passants riaient, comme si rien ne s’était passé le jour précédent. Elle ne voyait que des bouts de verre brisés, et une ou deux pièces démontées. Elle sentait la main de Camille dans son dos, l’empêchant de perdre pieds. Cet endroit devenait une faiblesse. L’expression de la blonde perdait toute colère, toute supériorité. Il n’y avait plus qu’un choc, un silence, une réflexion. Elle revivait l’accident. Ce n’était pas mieux, ni pire. Juste la souffrance se faisait ressentir. Cela venait des points de sutures, mais pour Nina, les images étaient les seules choses capables de faire aussi mal. Un fragment de mémoire lui revint. Elle se revoyait avant l’accident. Bien avant. Peut-être vingts minutes plus tôt. Elle pleurait presque. Elle semblait perdue, elle cherchait quelque chose, ou quelqu’un. Dans sa voiture. Elle tenait son portable de manière à voir l’écran, comme pour lire un message. Mais il n’y avait pas de message. Des noms défilaient dans sa liste de contacts, elle ne trouvait pas le bon. Elle regardait seulement furtivement la route, donnait des coups de frein, mais n’y faisait pas attention. Elle regardait autour d’elle, cherchait un numéro, une rue, un endroit. Elle finit par trouver son correspondant, mais le nom restait flou pour elle. Il ne décrocha pas. Et elle arriva à ce carrefour. Il n’y avait pas grand monde à une heure aussi matinale, et pourtant, elle pensa que griller un feu rouge ne lui ferait rien de plus mal qu’une amende. Sa seule erreur fut de fermer les yeux une fraction de seconde pour verser une seule larme. Une fraction de seconde pour que tout bascule. Elle sortit de la vision comme elle y était entrée : choquée. L’histoire semblait se reconstruire, mais un bout important manquait. Qui cherchait-elle ? « Tu te souviens de quelque chose, Nina ? » « Je crois que... » Elle ne finit pas sa phrase, avalant difficilement sa salive. Elle tremblait. Elle baissa la tête, comme un chien qui venait de se faire punir par son maitre. Elle se faisait punir par la vie. Et elle ne pouvait même pas imaginer le pourquoi. « Je venais voir quelqu’un. » Elle regarda Camille, avec des yeux plus doux qu’auparavant. Elle était sûre d’elle cette fois. Ce n’était pas un banal accident pour se rendre au travail ou à la maison. Il y avait eut un but. Un but que le destin n’avait pas voulu qu’elle atteigne. Son regard dévia sur des fleurs posées par terre, entourant une photo. Fronçant les sourcils, elle s’agenouilla, prenant le cadre entre ses mains frêles. Elle resta un instant, faisant face à une brune d’environ quarante ans, qui la fixait, sans comprendre. Pas un instant elle avait pensé à l’autre voiture, pas un seul. Et enfin elle ouvrit les yeux sur la vérité. Cette femme était morte. C’était ce que ça voulait dire. Lâchant le cadre, elle regarda le verre de briser, une main devant sa bouche pour retenir les sanglots qui montaient. Elle recula, retournant près de Camille, comme si cette femme pouvait encore lui faucher la vie de là où elle était. « C’est pas vrai, c’est pas vrai, j’ai pas.. C’est pas moi Camille, c’est pas moi. » Elle ne cessait de le répéter, comme si elle pouvait se donner raison. Comme si elle pouvait faire quelque chose de bien ce jour là.
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Sujet: Re: le dernier jour du reste de ta vie •• CAMILLE&NINA Jeu 2 Juin - 2:04
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Camille aurait voulu ne jamais arriver sur le lieu de l’accident. La première raison était bien sûr qu’il savait que Nina en souffrirait bien qu’elle ressente le besoin d’y retourner déjà maintenant, et la seconde était que le trajet s’avéra étonnamment agréable, compte tenu de l’attitude sèche et cassante que Nina avait employée à l’égard de Camille depuis son réveil. Le trajet fut totalement différent, une certaine douceur, voire une sérénité sortie de nulle part sembla s’être installé entre les anciens amants. Portant le corps léger comme une plume de Nina, Camille avançait dans un silence paisible, sentant parfois le regard ingénu de Nina le fixer, parfois non. Il se demanda à quoi elle pensait en le regardant de la sorte mais ne dit rien, se contentant de la transporter comme elle le lui avait demandé. Bien qu’il ne le montrât pas, Camille était content que la situation ait pris un pareil tournant. L’attitude blessante de Nina l’avait blessé bien plus qu’il ne l’aurait fallu, étant donné que tous les sentiments de Camille à son égard étaient censés avoir disparu, et il était soulagé de voir que peu à peu, des échos de l’ancienne Nina revenaient à la surface. Mais toutes les bonnes choses devaient avoir une fin, et ce fut à regret que Camille déposa la jeune femme une fois arrivés à destination. Il avait un mauvais pressentiment, mais sans doute cela était-il tout simplement lié au fait qu’ils se trouvent à l’endroit où elle avait failli perdre la vie. Camille contempla Nina, attentif à la moindre réaction, mais elle demeura longtemps silencieuse, l’air d’abord confuse, puis pensive. Il patienta avant de l’interroger, désireux de ne pas la perturber et conscient que s’il avait le malheur de la déranger, elle le remballerait aussitôt et son humeur se dégraderait à nouveau – et ce n’était surtout pas ce que voulait Camille, dont le seul objectif était d’apaiser son amie et pourquoi pas éviter de s’en prendre plein la figure par la même occasion. Après quelques instants, le visage grave de Nina s’anima de nouveau et elle lui répondit, d’un ton qui paraissait légèrement hésitant : « Je crois que... » Camille ne dit rien, attendant patiemment qu’elle poursuive. Il sentit son cœur se serrer en voyant que Nina semblait hésiter à poursuivre, l’air penaude et plus perdue que jamais. Sous sa main posée dans le creux de son dos, Camille sentit Nina trembler de tout son corps, et il exerça une légère et douce pression sur le dos de la jeune femme pour l’encourager à poursuivre et la rassurer. « Je venais voir quelqu’un. » Camille contempla Nina avec une douceur infinie, réalisant rapidement qu’elle aussi était désormais bien plus douce dans ses expressions qu’elle ne l’avait été de toute la journée. Camille hocha la tête, patientant au cas où elle poursuivrait, mais lorsqu’il vit qu’elle avait achevé sa phrase, il lui demanda doucement, comme s’il craignait de l’énerver en posant cette question : « Et tu ne sais pas qui ? Tu n’as pas un indice, une image, un souvenir… ? » Camille avait conscience que sa question pourrait fâcher pour la simple raison qu’elle pourrait frustrer Nina si jamais elle ne parvenait pas à se souvenir. Mais Camille était vraiment désireux de la faire parler, de l’aider à retrouver tout ce qu’elle avait perdu au cours de cet accident – même si, bien sûr, tous les souvenirs qui étaient liés à leur passé commun n’étaient pas vraiment attendus avec impatience par Camille qui les craignait plus qu’autre chose. Mais il fit un effort pour laisser son égoïsme croissant de côté, car en ce moment, la seule personne qui comptait était Nina.
À peine eut-il terminé sa phrase que Nina s’éloignait déjà de lui, comme hypnotisée par un détail que Camille n’avait jusqu’alors pas remarqué. Surpris et perplexe, il posa son regard sur l’objet que Nina tenait à présent entre ses mains tremblantes et ne mit pas longtemps à faire le lien avec les fleurs qui jonchaient le trottoir. Son estomac se renversa lorsqu’il revit, en mémoire, la deuxième voiture de l’accident, qui avait fini sur le toit, la carrosserie enfoncée, le capot dégageant une fumée épaisse, et des débris de verre qui jonchaient la route. Jusqu’à présent, Camille n’avait plus accordé de pensée à cette voiture et à la personne qui la conduisait, trop préoccupé par l’état de Nina qui, heureusement, était saine et sauve. Mais maintenant que la réalité, dure et impitoyable, rattrapait Camille lorsqu’il aperçut la photo que Nina laissa tomber dans un fracas assourdissant une seconde plus tard, il se sentit malade, écœuré. Cette femme était morte et Camille, tout en ayant assisté à la scène entière, ne lui avait pas même accordé une pensée. Camille ferma les yeux, inspirant brusquement pour s’exhorter au calme. Nina devait être sous le choc… cent fois plus encore que lui. Bientôt, elle fut revenue à ses côtés, en proie à un état fébrile. Pour la première fois depuis l’accident, Nina s’approchait délibérément de Camille, qui aussitôt fut assailli par un millier de souvenirs qui fusaient dans son esprit. « C’est pas vrai, c’est pas vrai, j’ai pas.. C’est pas moi Camille, c’est pas moi. » Camille fut secoué par la détresse qui teintait la voix de Nina et aussitôt, sans réfléchir, la serra contre lui dans l’espoir de l’apaiser un tant soit peu. Il l’embrassa avec douceur sur le sommet du crâne… Comme autrefois. À la différence près qu’autrefois, il ne s’arrêtait pas là. Tout aussi désarçonné que Nina par la vue de cet hommage à l’inconnue qui avait perdu la vie dans l’accident, Camille eut du mal à se concentrer pour paraître suffisamment sûr de lui pour consoler Nina. Car c’était la première chose à faire – Camille redoutait qu’elle ne fasse une bêtise après avoir vu ce cadre photo. Au bout de quelques secondes, Camille souffla à Nina qu’il serrait toujours contre lui : « Hé, Nina, écoute-moi, tu n’y es pour rien, d’accord ? Ce n’est pas ta faute, Nina, tu me comprends bien ? » Camille sut aussitôt que, comme cela avait déjà été plusieurs fois le cas mais pas pour les mêmes raisons, ses paroles n’avaient eu aucune incidence sur Nina. Elle semblait complètement chamboulée et Camille fut peiné de la voir dans cet état alors que tout ce qu’il avait voulu, c’était l’aider à se sentir mieux. « Oh, Nina… » murmura-t-il, impuissant devant sa détresse. « Tu n’y es pour rien, tu comprends ça ? Je te le promets… Fais-moi confiance. » Il acheva sa phrase avec douceur et jeta un nouveau coup d’œil au monceau de fleurs et de petits mots dédiés à l’inconnue. Il n’était pas bon de rester ici, cela ne ferait qu’empirer les choses et Camille s’en était douté depuis le début. « Partons d’ici, d’accord ? Tu veux aller quelque part ? » Camille savait très bien qu’il avait fait promettre à Nina de retourner à l’hôpital tout de suite après être venue ici mais il ne pouvait se résoudre à l’y obliger après avoir fait cette terrible découverte. Et surtout, il ne voulait pas être séparé une fois de plus d’elle. Il voulait faire durer ce moment autant que possible.
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Sujet: Re: le dernier jour du reste de ta vie •• CAMILLE&NINA
le dernier jour du reste de ta vie •• CAMILLE&NINA