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| Sujet: « on s'excusera du peu d'humour qu'il nous reste. » ♣ ft. maxence a. bradford Mar 2 Nov - 19:25 | |
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Nevenka & Maxence On ne sait jamais où sont les autres... On sait à peine où l'on est soi-même, ici-bas. |
J'avais toujours eu tendance à penser que la violence résidait dans les cris, les coups et le sang. J'avais toujours eu cette idée étrange qui visait à me faire penser que celle-ci n'existait que lorsqu'elle était visible et que sinon, ce n'était pas de la violence. Mais tout ça, c'était avant que je rencontre Kenzo, avant que je ne tombe amoureuse de ce mec haineux et agressif. Depuis, je savais que la violence se cachait aussi dans le silence, dans l'absence de paroles. L'impétuosité se fendait aussi la poire entre deux mots d'amour, entre deux sourire. C'te salope de violence nous niquait bien plus quand elle nous prenait de court, quand elle nous arrivait en pleine gueule sans qu'on ne l'entende venir. Faute à l'absence de bruit. J'avais enfin compris. Et depuis, j'avais cessé de jouer. Je laissais Kenzo mener seul sa bataille, peut-être la notre aussi. Je le laissais nous détruire et faisais semblant de m'en foutre parce que son silence perpétuel me donnait envie de m'enfoncer deux doigts au fond de la gorge pour gerber tout l'amour qui me raccrochait à lui, pour m'empêcher de m'étouffer avec mon putain de chagrin. Gueule de dépressive, ma pauvre Nevenka. J'étais complètement à bout. A bout de souffle. A bout de courage. A bout de tout. Alors pour oublier que la vie était moche, pour zapper quelques heures Kenzo et sa présence douloureuse, je noyais mes restes de lucidité accoudée aux bars de San Francisco. Sans un rond en poche, j'allais de bar en bar à la recherche d'hommes en manque d'amour et je leur souriais gentiment en échange d'un verre ou deux. Je ne me vendais pas non. Il y avait une différence merde. C'était simplement un bon compromis : je les éloignais quelques minutes de leur solitude et eux me permettaient d'oublier la fille que j'étais devenue. Putain. Fait chier. Je venais de trébucher sur le trottoir, déséquilibrée par mon pied coincé dans un sac plastique qu'un connard de SDF avait sans doute laissé trainer ici. G-é-n-i-a-l. Pas une goutte d'alcool dans le sang et déjà presque le cul sur le sol froid. Me débarrassant du déchet, je préférais me remettre en marche serrant un peu plus mon manteau contre moi car la fraicheur de l'air allait finir par empêcher mon sang de circuler normalement, une alternative assez dérangeante à ma vie de misère ici. Parce que si je voulais crever, je restais malgré tout très difficile sur la façon de le faire. Je souhaitais éviter toutes les morts routines, que ce soit la vieillesse, la maladie ou bien encore l'overdose qui devenait lentement un phénomène de mode ici. Moi, j'demandais une mort qui aurait de la gueule, une mort qui imposerait le respect. Quelque part, j'attendais des autres qu'ils se souviennent de moi une fois glissée hors du monde, j'attendais de manquer quelque part, même si l'avouer signifiait m'écorcher les lèvres. - Citation :
- O'reilly's Irish pub, dans une demi-heure ? J'y serai, de toute façon.
Un dernier essai parce que comme toujours, je me résignais à le contacter avant que lui ne le fasse. Je voulais être certaine que je lui manquerai au moins un peu, une fois loin de tout ce massacre, même si ce n'était pas pour tout de suite, même si c'était sans doute pour jamais. C'que j'étais conne, à me croire invincible, à imaginer que je déciderai seule de la manière de mon envol. Parce que la vérité, c'est que même ça j'en étais incapable. Pas foutue de vivre correctement, pas foutue non plus de crever aisément. Mes pas se faisaient plus rapides, maladroits. Je voulais être au chaud rapidement, je voulais balancer aux oubliettes l'idée qu'il ne viendrait pas. Était-ce une idée ? Il ne viendrait pas. Il me laisserait boire seule, il me laisserait me faire exploser le foie parce qu'à coté de moi, il se sentait vulnérable. Il m'abandonnerait car finir avec moi rimerait avec paix. Et que cet imbécile s'était mis en tete que seul le fric l'apaiserait, que seul le fric arriverait à lui faire zapper la sensation de ne servir à rien. Mais... Il ne servait à rien. Puisque nous étions esclaves l'un de l'autre et qu'il me laissait une fois de plus à ma solitude. Tant pis. Qu'il passe sa soirée à regarder le monde se casser la gueule, le cul sur son canapé trop confortable pour un salopard comme lui. Qu'il perde une soirée de plus. Qu'il se laisse plonger, moi j'allais me baigner dans l'alcool, m'y noyer tout entière. D'ailleurs, sans m'en apercevoir, je venais de passer le pas de la porte. Mon dieu. Enfin un peu de chaleur. Parfois, je regrettais de ne pas pouvoir me payer le taxi. Un peu de chaleur. Un peu de regards posés sur moi. Je faisais toujours cet effet et même si tout ça m'effrayait un peu, je jouais la niaise. Simplement pour un verre. Simplement pour ça, ouais. Au fur & à mesure que j'avançais, tout en enlevant mon écharpe, mon bonnet & mon manteau, je sentais leurs envies désireuses me suivre avec attention. Je les sentais aux aguets comme un chasseur qui attend sa proie. Pas ce soir. Ce soir, je n'étais pas d'humeur à jouer, pas d'humeur à me pavaner pour des vieux cons complètement seuls. Je n'avais envie de rien, et il était bien là le problème. Je n'avais jamais envie de rien alors je buvais pas dépit. Je vidais des bouteilles entières pour nier le fait que ma vie était un échec. J'étais une fille pathétique en manque de tout, en manque de vie, principalement.
Quatre verres plus tard, je me décidai enfin à aller quémander ailleurs. Je commençais déjà à m'ennuyer & la soirée ne promettait rien de bon. Tout ça m'exténuait et j'avais de plus en plus de mal à oublier mon nom en ingurgitant de la liqueur. Étais-je devenue autant insensible à cette effervescence éphémère ? Peut-être pas. Je semblais avoir reconnu l'autre crétin de Bradford, un peu plus loin, un verre à la main. Et sans trop comprendre pourquoi ni comment, je me retrouvais à sa hauteur, le regard lasse. Lasse de toute cette routine. Lasse de ces phrases vides. Quand j'osais y repenser, le seul truc étrange qui s'était passé ces derniers mois, c'était bien ma rencontre avec Maxence. Complètement déchirés, on s'était mariés sur un coup de tête au nom de la weed et d'la bonne vodka. Le lendemain, on avait divorcé parce que nous étions redescendus de c'te plateforme appelée "septième ciel" par les pros de la défonce. Depuis, j'me forçais à le détester parce qu'il courait après ma chatte et qu'au fond de moi, j'attendais autre chose qu'une vulgaire partie de jambes en l'air. Je ne savais absolument pas ce que j'attendais de lui, non, mais j'attendais autre chose. Notre union s'était fait la belle au moment où la drogue m'avait rendu ma liberté et aujourd'hui, on se parlait seulement pour se faire tomber. C'que c'était con, la haine. Ça partait souvent de n'importe quoi et puis ça se barrait très vite en couille. Et quand le désir s'en mêlait, ça finissait comme ça, dans un bar, à moins d'un mètre l'un de l'autre, le regard noir et le corps fiévreux, à attendre je ne sais quoi, je ne sais comment, mais à attendre quand même. Ma main s'empara du verre qu'il tenait fermement et lentement, je le portais à mes lèvres, le visage ne trahissant aucune émotion. Peut-être aussi ne ressentais-je rien à cet instant, sinon l'envie de boire avec lui pour sentir ses mots violents me broyer les os. Peut-être attendais-je que sa voix se fasse dure, qu'il me piétine sur place. Et mes vieux peut-être qui ne signifiaient rien. Rien de plus que cette nuit sans sens ou nous avions été unis comme jamais. Rien de plus non plus que l'instant présent, que nous aurons oublié le demain matin.
NEVENKA ▬ On a tous une bonne étoile quelque part, j'crois que j'en suis certaine. Mais parfois, c'te connasse est bien planquée. Elle nous empêche de voir qu'la vie est belle et elle nous force à lire notre avenir au fond des verres de scotch. Je hais la vie Bradford, et je la hais encore plus lorsque je suis à tes cotés, le cul entre deux chaises. C'est pas tellement confortable tu sais, d'hésiter entre l'envie de te tuer ou celle d'écarter les cuisses, rien que pour voir ce que tu vaux au pieu. J'te déteste Bradford, autant que je déteste la vie. Mais elle, j'lui donne le droit de me baiser tous les jours. Alors, on fait quoi ce soir, on baise sauvagement pour montrer à quel point on veut se tuer ?
L'alcool me montait au cerveau, le ton ironique que j'avais employé aussi. Je lâchais des mots stupides pour me vider aussi vite que je vidais ce verre. J'avais juste besoin d'un peu de compagnie, quitte à ce qu'elle soit malsaine et me donne envie de me pendre. Peu important, l'important était qu'on s'occupe un peu de moi. Il pouvait se jouer de moi, jouer avec moi même. J'patientais, j'attendais qu'on se fasse la guerre, au moins, j'occuperai ma soirée. Bonne soirée avec Maxence. Bienvenue en enfer. |
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Jake Fitzgerald there's no place like berkeley › prénom, pseudo : elo, lodiie › date d'inscription : 22/10/2009 › nombre de messages : 37026 › avatar : sam claflin
| Sujet: Re: « on s'excusera du peu d'humour qu'il nous reste. » ♣ ft. maxence a. bradford Dim 22 Mai - 15:46 | |
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