Ca y est, ils avaient fait le tour de ce qui pouvait être arrivé au scout, ils avaient rit un peu, et comme un con, Vladimir s'était mis à reparler de drogues. C'était son obsession, il était tombé dedans à cause de son père et c'était le lien qui le retenait à lui par delà la mort, mais ça Perséphone ne le savait pas. Personne ne connaissait vraiment Vladimir, pas même Coleen, l'amour de sa vie. Il parlait difficilement préférant écouter les autres. C'était son rôle en tant que surveillant d'être équilibré, malgré les tempêtes et le malheur. Les étudiants auraient été perturbés d'avoir le reflet de leur défauts face à eux en permanence, les reprimandants. Cela aurait normalisé l'idée que finalement, la drogue, ce n'était pas cela qui les empecherait de vivre ! Vladimir sourit à Pers', sincèrement flatté et ému de l'admiration qu'elle lui portait. Finalement, elle aurait pu étudier la philosophie. Sa phrase résumait Vlad' ; il s'était drogué en pensant qu'il lui manquait quelque chose, en se rendant compte qu'avec les substances illicites il avait perdu une personne importante. Un paradoxe insuportable qui l'avait aidé à lâcher l'héroïne à jamais.
« Je comprends ... merci » articula calmement Vladimir, avant de reprendre « Si on allait se raconter notre admiration mutuelle autour d'un café ? C'est mal fréquenté dans le coin... »
Il eut un regard dédaigneux envers le troupeau de BETA qui les écoutait, envoyant surement leur moindre propos à la Watch Out. Ces filles ne reflechissaient pas vraiment avant d'agir . C'est peut-être pour cela que Coleen, sa Coleen les avait rejoins. Vivre au jour le jour, une obsession dangereuse qui l'avait conduit dans les bas fonds au côtés de Vladimir ... mais cela date de bien longtemps.

La machine à café de la salle des profs s’apparentait plus à un accès détourné vers le nirvana qu’à un simple outil utilitaire pour maniaco-dépressifs en manque de caféine. Dans l’espoir de recevoir quelques créatifs étudiants à la sortie de la prestigieuse université qu’est Berkeley, des grandes marques avaient décorés au frais de la princesse la pièce des professeurs pour en faire une sorte de salon privé, aux couleurs stimulantes et fraîches. Hélas, les principaux intéressés par ce beau geste ne venaient jamais plus d’une minute se détendre. Seul les surveillants, principalement les plus jeunes, comme Vladimir, s’amusaient ici. Mais Persephone ne pouvait pas deviner… Aussi, Vlad ne répondit pas à sa question, il se contenta, une fois arrivé face à la porte de salle, de passé sa carte. Une diode verte s’alluma, et, sans plus attendre, ils entrèrent. Personne en vue, parfait. Le surveillant fonça se prendre un café. Le dernier produit de cette marque bien connu, en avant-première, était disponible pour … une misère. Une fois son gobelet, il retourna vers Perséphone.
« Bien sur que tu es une EPSILON, et moi, j’ai eu un promotion, je suis la nouvelle infirmière » plaisanta-t-il. « Nan, sérieux … GAMMA ou OMEGA ? »

J’aimais son insouciance. Elle buvait une exclu mondiale sans s’en rendre compte, comme une vraie gamma. Moi, j’accordais une vraie importance à cette notion, de populaire opposée à l’exclusif. C’était mon côté artiste. Un film diffusé à Cannes n’avait pas le même impact qu’un blockbuster, mais je ne me sentais pas d’expliquer çà à Perséphone. Elle avait cours. Je souriais, compréhensif. Ce n’était pas parce que l’on était une rebelle qu’un bel avenir n’était pas envisageable, et l’inverse était aussi valable. Les intellos n’étaient pas à l’abri d’une vie nulle. Je finissais mon café à la hâte.
« Vas-y, je ne te retiens pas ! » dis-je calmement. « Si t’as un problème … du genre problème de GAMMA, tu sais ou me trouver. »
Je l’observais partir rapidement pour son cours de droit. Drôle de passion, cette matière, à la fois magnifique dans son but humanitaire et immonde dans le fait qu’elle consistait à montrer les malfaçons de la loi capables d’innocenter un coupable. Enfin, si ça lui plaisait c’était le principal. Je me retrouvais seul dans cette pièce aux couleurs criardes, un peu dans les nuages. Le scout en tenue coquine, le café qui coûte si cher, les GAMMA, les études se mélangeaient pour former un tableau incroyable de mes retrouvailles avec miss Dark. Quelque chose me dit que ce n’est pas fini, surtout avec le spring break qui s’annonce à Las Vegas !