Cette matinée là n’avait pas été bien spéciale pour Carlisle. Simple et sans grand intérêt, comme tant d’autres. Quand la sonnerie annonçant le temps de midi avait retentie, il poussa un soupir de soulagement. Mais comme à chaque fois, après un cours de mathématiques très barbant, il s’en allait vers une autre routine. Il s’était rendu jusqu’à la cafétéria d’un pas lent et sans grande envie d’y être. Comme à chaque fois il s’assit à la table des Delta et discuta principalement avec les plus âgés. Il mangea son plateau repas en silence, prêtant par moments une certaine attention à la conversation. Celle-ci tournait évidemment autour des voitures, du sport, des soirées et des filles et il ne parlait que pour donner son avis sur l’une ou l’autre chose. Après ça, il avait une heure et demie de temps libre. Temps qu’il avait prévu de consacrer pour réaliser un travail en histoire de l’art, matière qui n’était autre que son option. Barbant pour certains mais intéressant pour lui. A vrai dire, on pourrait croire que ce jeune homme a tout pour lui : beauté, charme et intelligence, mais il ne faut pas se fier aux apparences.

Après être monté dans sa chambre qui se tenait au deuxième étage du bâtiment, il posa son sac de cours sur son lit et se plaça à son bureau, derrière son écran d’ordinateur. Dans un premier temps, il vérifia ses mails et passa ensuite à la recherche qu’il devait effectuée pour son travail. Il ne devait le rendre qua dans deux semaines mais une fois encore, le beau brun avait pris une belle avance. Une fois qu’il eut trouvé ce qu’il cherchait sur le net, il prit quelques bouquins qui étaient en pille sur sa table de nuit, ouvrit la fenêtre de sa chambre, se plaça sur le large rebord de celle-ci qui avait été aménagé avec des coussins et se mit à lire, à la recherche d’éléments complémentaires pour son travail. Ce rebord de fenêtre, il l’avait agencé& dès son arrivée dans cette chambre. La vue donnait sur le parc des bâtiments et on pouvait souvent le voir adossé aux châssis blancs, occupé à lire, à réfléchir, ou simplement à parler avec des gens qui se trouvaient quelques mètres plus bas. Cela faisait une bonne vingtaine de minutes qu’il lisait et notait certaines choses importantes au vol quand enfin, il releva la tête. Un soleil radieux rayonnait dans le ciel jusqu’à maintenant mais un gros nuage venait d’assombrir le ciel. Il faut dire qu’ici, un orage arrive vite, alors tout à coup c’est le déluge mais après, comme si rien ne s’était jamais produit, le soleil refait surface. Il se leva donc, déposa tous ses bouquins et revint vers la fenêtre pour la fermer mais son geste fut interrompu quand il aperçut cette fille en bas. Tout le monde, ou presque, était rentré sachant qu’un orage se préparait. Elle, Crewdie, restait là, elle marchait, ses bouquins à la main, et ne se pressait pas. A y réfléchir, il est vrai que miss Montgomery n’a jamais craint la pluie.

FLASH-BACK

La météo l’avait prédit à la télé, cette journée n’allait pas être des meilleures : pluie assurée. Ce n’est pas que Carlisle déteste la pluie, mais il ne l’adorait pas non plus. Le beau jeune homme avait alors prévu de passer la soirée à l’intérieur, devant un bon film mais les choses avaient été différentes. Il s’était rappelé qu’il y a une semaine de ça, il avait reçu un message intéressant et important de la part d’une fille.

Rendez-vous jeudi prochain à 21h00 précises sous le vieux chêne au triangle. Je ne te le rappellerai pas d’ici là. Ne l’oublie pas, je compte sur toi.

C.M.

Simple mais hyper précis. Celle qui se cachait sous ces initiales n’était autre que Crewdie Montgomery. Il avait des vues sur elle depuis quelques mois et lui qui ne prenait jamais autant de temps pour sortir avec une fille avait tout mit de côté pour cette belle brune.

Après s’être rappelé ce message, il porta un rapide coup d’œil à sa montre et constata qu’il ne lui restait que quatre minutes et que le triangle dont elle parlait état à l’autre bout du campus. Malgré le déluge et le tonnerre qui grondait dehors, il sortit de sa chambre à la volée, sans même prendre de veste. Il ne prêta aucune attention aux quelques personnes qui lui demandaient où il allait et pourquoi il était si pressé. Arrivé dehors, il se mit à courir alors que de grosses goutes s’abattaient sur son visage et que son chemin était éclairé à de brefs instants par les éclairs.

Il arriva sur le lieux de rendez-vous à vingt et une heures précises. Elle était déjà là, elle l’attendait.

« J’ai cru que tu m’avais oubliée. »
« J’ai cru que tu ne serais pas là à cause de la pluie. »
« La pluie ne m’arrêtera jamais. »
« Qu’est-ce qui peut t’arrêter alors ? »
« La peur. »
« Et de quoi as-tu peur ? »

Ils ne s’étaient même pas mis à l’abri sous les feuilles de l’arbre. Il y avait peu de vent et la pluie était chaude. Les sensations étaient bizarres mais pas désagréables. Au fur et à mesure que le conversation se faisait, Carlisle s’approchait d’elle. Après un court instant de réflexion, Crewdie reprit la parole.

« De cet instant. »
« Je croyais que tu n’avais pas peur de la pluie … »
« De le pluie, non … mais de toi, oui. »

Cette phrase n’était pas à prendre mots pour mots, Carlisle ne lui faisait pas peur en sois. Ce qu’elle regrettait surtout, s’était les sentiments. Elle avait baissé le regard et se mordillait la lèvre. Carlisle fit un dernier pas vers elle, prit son menton dans la paume de sa main et releva son visage du bout des doigts. Il parcourut ses traits une dernière fois avec le regard, ferma ensuite les yeux, et se pencha vers elle. La seconde suivante, un baiser hors du commun avait lieux.



Les goutes de pluie s’abattant sur son visage le firent sortir de ses pensées. La silhouette de la jeune fille avait disparue, Carlisle ferma sa fenêtre et se coucha sur son lit. Leur histoire avait duré un sacré bout de temps, un temps record d’ailleurs pour le jeune homme mais leur histoire s’était finie brutalement. Crewdie était persuadée qu’elle allait le faire souffrir alors que ça aurait dut être lui qui devait le penser, lui ce gars instable que passe de filles en filles. Il avait pris un risque avec elle, le risque de s’ouvrir totalement à quelqu’un et de tout donner. Elle aura à jamais une place très importante dans sa vie. Depuis que s’était fini, il essayait de comprendre mais aussi de toujours être là auprès d’elle, un peu comme s’il ne l’avait jamais oubliée.

Après ses cours de l’après-midi, il passa par l’accueil de l’université et demanda à voir les horaires des cours de tutorat. Il est clair que Carlisle n’avait nullement besoin de cours, étant déjà en avance sur les autres de par lui-même. Il balaya la liste rapidement, s’arrêtant du doigt sur « Montgomery C. ». Il était noté qu’elle avait deux heures de cours à donner d’ici dix minutes. Les élèves lui étaient inconnu mais peu importe. Il aurait très bien pu prendre lui-même un rendez-vous pour des cours mais il jugea cette technique inutile. Qu’elle eut cours ou non, il irait la voir aujourd’hui qu’elle le veuille ou non.

Il remercia la dame de l’accueil et s’en alla rapidement dans les couloirs. Avant d’entrer dans la salle de tutorat, il regarda par la fenêtre et la vit assise à sa table habituelle, les yeux plongés dans un bouquin. Il se crispa les lèvres et poussa la porte d’entrée. Silencieux, il s’approcha d’elle et s’assit juste en face, à la place qu’aurait occupée l’un de ses élèves. Il ne dit rien, il savait qu’elle allait relever le regard, se demander ce qu’il faisait là avant de vérifier sur sa liste le nom de l’élève qui avait pris rendez-vous. Elle essaierait même de le mettre dehors, mais il s’était déjà préparé à tout ça, il la connaissait par cœur.