Qui le lui disait ? Mais personne mademoiselle, personne. Néanmoins, Noa avait la fâcheuse impression que Cameron se mentait à elle-même sur sa personnalité. Là, comme ça, allongé sur lui telle une petite vipère en quête du fruit interdit, elle portait un masque de sensualité qui ne lui correspondait pas. Mais sans doute étai-ce une façon pour elle d’entrer dans le jeu de son charmant interlocuteur. Une façon de le provoquer à son tour et de montrer par la même occasion qu’elle n’était pas une petite prude. Peut-être… Sûrement même. Mais ça ne prouvait rien. Une femme pouvait coucher avec un homme sans l’aimer n’est-ce pas ? Et sans s’en sentir obligé non plus. Il suffisait que cet homme l’attire d’une manière ou d’une autre et qu’elle en ait envie. En vérité, c’était facile de faire l’amour. On peut demander au premier inconnu qui tombe dans la rue, il y a une chance sur deux qu’il accepte. Même en étant fiancé, marié ou autre… L’être humain est ainsi. Il raffole de luxure. A votre avis, pourquoi les sois disant « hommes d’Eglises » se faisaient la patte sur les pauvres enfants ? Sûrement pas parce qu’ils venaient de recevoir la grâce divine, ni parce que Dieu à décidé de devenir pédophile. Non, c’est le côté animal qui ressort et qui s’étend. Il faut savoir se laisser aller, se plier parfois aux exigences de ses propres passions. Nourrir sa chair d’un pêcher délicieux que vous ne regretterez pas ensuite. Si Cameron devait céder à Noa, ce serait uniquement pour ça, et non pas parce qu’elle s’était faite « embobinée » par ses colocataires Bêta. Rien à voir. Après l’amour vient ou ne vient pas… c’est aussi une question de chance. Mais on ne peut forcer quelqu’un à tomber amoureux, c’est bien connu. De même qu’on ne peut se forcer soi même à aimer un autre. La vie serait tellement trop simple… La guitare, le dandy l’entendit aussi… D’ailleurs, il jouait plutôt bien ce garçon… Dommage que ses cordes soient vieilles et que sa guitare ne soit qu’une Stagg de premier prix, faisant friser le mi grave à partir du milieu du manche. Quant aux lèvres cerise de sa compagne… Comment passer à côté ? Ce petit goût de sucre parfumé, de faux agrume… Mais quelle était la véritable saveur de mademoiselle Taylor ? Allons, ne précipitons pas les choses… Et savourons ce moment de pure plénitude. Ainsi reposant sur l’herbe fraîchement tondue, entouré de plus de 200 élèves aux aussi occupés à se vider la tête, Noa se sentait tout simplement bien. Détendu… Simple et vibrant. Ses cheveux bruns éparpillés autours de son visage lui donnaient une allure un peu sauvage, ses lunettes reflétaient les rayons du soleil qui rougissait de fatigue. Les deux premiers boutons de sa chemise ouverts, les mains libérées de tout outils intellectuel, le Dom Juan se délectait à la fois de sa solitude, mais aussi de la présence féminine à ses côtés. Elle se prenait à un jeu qui voulait tout dire : il l’aurait, de toute manière il l’aurait… mais qui serait le perdant dans l’histoire ? On ne parle pas de concours ici ! Ils seraient tous les deux gagnants n’est-ce pas ? Car la preuve en était faite que notre Noa était un amant délicieux, et pas le genre de macho à prendre sa copine par levrette sans se soucier de son bon plaisir. Non… plutôt tout l’inverse. A l’écoute il éveillait en chacune ce pourquoi elles étaient ici, plongées dans ses draps. Mais alors qu’il venait de tourner son visage vers ce bruit de suçon insupportable que produisait ce couple pas bien loin, la belle lui demanda à quoi pouvait bien ressembler son « odeur »… Sauf qu’il ne parlait pas d’odeur… Mais d’aura. Qu’importe, il n’avait pas affaire à une abrutie de service, elle allait comprendre…

Préférant laisser s’écouler quelques instants avant de répondre, le français profita de la chaleur environnante pour s’étirer. Sa main rencontra la bandoulière de son sac qu’il referma par la même occasion. Puis, son regard toujours tourna à l’opposé il murmura..

« La cerise. »

« C'est étrange pourtant, tu ne sens pas le sexe... »

Plaquant soudainement sa main sur son front, ses lèvres ornées d’une légère grimace, il gémit :

« Ah… J’voudrais que tu m’expliques, pourquoi étant une fille intelligente, tu te bornes à te faire passer pour une cruche ? »

C’est vrai quoi, question idiote, réponse idiote. Si elle ne sentait pas c’est parce qu’elle n’était pas aveugle. Il ne suffit pas de fermer les yeux pour ressentir les mêmes choses qu’un Homme atteint de cécité. Aucune réponse ne suivit mais un court silence annonçant autre chose. Bingo, voilà qu’une blondinette les épiais l’air fichtrement jalouse. Noa se mit à rire… Ah, et elle n’avait pas fini d’en voir. Etant donné le nombre de maîtresses qu’il avait eu depuis qu’il était à Berkeley, normal qu’il y en ait quelques unes qui se soient laissé prendre par les sentiments. Ce n’était pas de sa faute, il leur avait pourtant dit que c’était juste pour s’amuser, pour les combler tous les deux mais qu’il ne souhaitait pas tomber amoureux. Il leur disait à toutes et pourtant, certaines espéraient… Bande de masochistes… De toute façon il savait très bien comment ça allait finir s’il acceptait de sortir avec l’une d’elles. D’abord il allait les aimer, puis ils vivraient heureux quelques temps, et enfin madame se rendrait compte que vivre avec un aveugle c’est parfois franchement contraignant alors hop, elle s’en irait. Non merci.

« Des jalouses ? » Répéta le jeune homme avec un sourire en coin. « T’occupe pas d’elle, au pire si elle approche, tu l’dis que je la rembarre. Y’a des filles qui ne comprennent pas la méthode douce... »

Il allait se poser sur l’autre flanc lorsque Cameron le heurta, d’une manière qui ne pouvait tromper personne… pour finir allongée sur son interlocuteur. Caressant de son index le torse de l’éphèbe, ce dernier devina les quelques lettres qu’elle y traçait… Tout en l’incitant à l’embrasser à nouveau. Quoi… Encore ?? Mais quelle insatiable ma parole ! Sans décliner son invitation, Noa renversa les positions en la poussant à rouler sur les pâquerettes. C’était à lui de dominer l’échange maintenant. S’emparant de la bouche de la donzelle, il la dévora de baisers… Une mais posé sur son visage, et l’autre glissant vers une partie déjà plus intime : son sein qu’il prit soin de ne pas trop torturer pour le moment. Ils étaient en public quand même ! Leurs langues reprirent leur dance endiablée débutée tout à l’heure, mais de façon plus prolongée cette fois… Jusqu’à ce qu’une main ne se dépose sur l’épaule du dandy.

« Déjà au travail ? Oh mais, c’est la fille de tout à l’heure ? Binh dis donc tu perds pas d’temps chéri. »

« Cherry… » Souffla l’interpellé en se rasseyant sur la pelouse, le visage levé vers la jeune femme qui l’accompagnait depuis l’amphithéâtre tout à l’heure.

« Tiens, j’ai acheté des boissons fraîches tout à l’heure, tu en veux une ? » Puis se tournant vers Cameron après avoir distribué une canette de thé glacé à son ami « Désolée, j’en ais plus.» Revenant à Noa « Fais attention à toi, elles n’ont pas toutes de bonnes intentions. A demain ! »

Elle s’enfuit en trottinant et le jeune Sigma décapsula sa boisson en un bruit métallique. Il en bu deux gorgée avant de rassurer Cameron, amusé :

« Ça a jeté un froid ou bien… ? C’n’est qu’une amie. Un peu possessive mais une amie quand même. »