Si fin de semaine signifiait fin des cours, ça signifiait aussi début de la déconne. Enfin, façon de parler. Pour la plupart des gens, le week-end était un moment où on pouvait se laisser aller. Sortir, boire un peu, draguer, danser. Ça, c'était pour les bons élèves de Berkeley. En gros, ce n'était absolument pas pour moi.

On m'avait toujours dit de profiter de la vie. C'était d'ailleurs l'une des seules leçons que j'avais retenu de mes parents. Profiter de la vie. Depuis que j'avais entendu cette expression, j'avais tout fait pour l'appliquer. C'est pour ça que je ne me refusais jamais rien. Tout ce dont j'avais envie, je faisais de mon mieux pour l'obtenir.

Quand je m'étais réveillé, ce matin, aux alentours de midi, j'avais réfléchi à ce que j'allais faire le soir. La fête, sans aucun doute. Après tout, c'est ce que je faisais tout le temps. Je passais mon temps en boîte, ou dans un bar. Merci mes insomnies. Quand je rentrais, tôt les matins à Berkeley, j'allais me coucher, zappant par la même occasion une matinée de cours. C'est exactement ce que j'avais fait la nuit dernière. En fait, à peu de choses près, c'est ce que je faisais toutes les nuits.

Exceptionnellement, je n'avais trouvé personne pour sortir. Les Gammas étaient éparpillés un peu partout, Belammée m'avait avoué, à demi mots, qu'elle allait passer la soirée avec Kienan, et Naomi m'avait prévenu qu'elle serait absente ce week-end là. J'allais donc devoir sortir seul, mais c'était loin d'être un problème. De toute façon, je ne doutais pas de l'issue de la soirée : j'allais finir complètement à la ramasse, très drogué et trop alcoolisé, dans un lit avec une fille que je ne reverrais probablement jamais.

Habituellement, quand je sortais, j'allais au Bionart. Mais ce soir, j'avais décidé de changer d'endroit. J'étais arrivé vers 23h. Il y avait déjà plein de monde, ce qui me laissait penser que la soirée serait bonne. Avant même de me diriger vers la piste de danse, je suis allé au bar. J'ai commandé un double scotch, que j'ai rapidement vidé, puis je me suis dirigé vers la piste de danse.

J'ai salué d'un signe de tête quelques visages qui m'étaient familiers. Des étudiants de Berkeley, que je connaissais vaguement. Aucun d'entre eux ne se dirigea vers moi, mais ce n'était pas un souci : j'avais l'habitude. Les gens savaient que j'étais un Gamma (et même s'ils ne le savaient pas, ce n'était pas difficile à deviner), et n'aimaient pas trop se mêler à nous, que ce soit avec moi ou un autre membre de ma confrérie.

Alors que j'oubliais tout sur la piste de danse, une fille s'avança vers moi. Je ne l'avais jamais vue, ce qui me laissait penser que si elle était à Berkeley, elle n'y était pas depuis longtemps. La danse qui en suivit me fit sourire. Depuis combien de temps une fille n'avait pas été aussi entreprenante avec moi ? D'habitude, c'était toujours à nous, les mecs, de faire le premier pas. Pour une fois, je n'avais pas eu besoin de le faire ; cette fille venait de s'en charger pour moi. Je n'étais donc pas prêt de la laisser filer.

Alors que la musique prenait fin, ma main droite ne lâcha pas la sienne ; elle se retourna vers moi, et je lui fis un léger sourire charmeur. Sans rien dire, je l'ai entraînée avec moi vers l'un des canapés, qui se trouvait au fond de la boîte. Un serveur s'approcha pour prendre notre commande.

- Un double scotch.

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Mes soirées se suivent et se ressemblent presque toutes. Les choses sont toujours les mêmes. J'arrive, il est environ 23h. La première chose que je fais, c'est d'aller au bar, et de commander un double scotch. Tout le temps. C'est plus qu'une habitude, désormais. Je pense que c'est un besoin. Même si ça, je ne suis pas prêt de me l'avouer. Après avoir vidé mon verre de scotch, ce qui prend à peine quelques secondes, je me dirige vers la piste de danse. Ce n'est pas le moment que je préfère dans la soirée, mais aller en boîte sans danser, franchement... C'est même pas concevable. Quoique. Que je sois seul ou avec des amis, je finis toujours par échouer sur l'un des canapés de la boîte.

Ce soir n'échappe pas à la règle. Je suis arrivé seul, j'ai été boire puis danser, et au final, je me retrouve sur un canapé, en compagnie d'une jolie brune dont je ne connaissais même pas le prénom. Mais après tout, quelle importance ? L'essentiel, c'était de ne pas s'ennuyer. Et vu la manière dont cette fille s'était sensuellement déhanchée contre moi, la soirée promettait d'être bonne, sinon excellente. Parce qu'il était hors de question que je la laisse repartir aussi vite qu'elle était arrivée.

Pour la première fois de la soirée, j'ai clairement entendu le son de la voix de la brune, posée à côté de moi. Une vodka pomme. Malgré moi, cette commande me fit légèrement sourire. Ce n'était pas par moquerie, c'était plutôt par amusement : à chaque fois que j'entendais une fille commander de l'alcool, elle prenait une vodka pomme. Le serveur s'éloigna quelques instants, puis revint. Il déposa nos verres sur la table, puis nous laissa seuls.

J'ai senti la brune se rapprocher de moi. Je l'ai observée croiser les jambes, alors que sa main glissait sur ma nuque. Devinant qu'elle souhaitait me parler, j'ai penché la tête en sa direction, afin de pouvoir l'entendre le plus clairement possible.

Elena. Voilà donc quel était le prénom de la jolie brune. J'ai relevé les yeux vers elle. Je ne pus m'empêcher de penser que ce prénom lui allait bien. Etant proche d'elle, je remarquais, pour la première fois de la soirée, son teint légèrement hâlé, et la finesse de ses traits. Plus que jolie, carrément canon. Mais visiblement, elle manquait de confiance en elle. J'avais l'impression qu'elle était... Gênée.

- Enchanté. Sterling.

Il n'était pas difficile de voir qu'Elena n'avait pas l'habitude de faire la fête. Déjà, le fait que je ne l'ai jamais vue auparavant en disant long. Les fêtards finissent par tous se connaître. On se croise, on se recroise. Alors forcément, parfois, ça crée des liens. Et puis elle n'avait pas vraiment la tête d'une grosse fêtarde. Ceux qui ont l'habitude de sortir ont généralement les yeux bouffis, et des cernes immenses.

Pourtant, ce soir là, Elena était sortie. Au début, lorsqu'elle m'avait abordé sur la piste de danse, j'avais pensé que c'était une fille sûre d'elle. Sa manière de s'avancer, puis de danser, laissait imaginer qu'elle était une experte. Pourtant, lorsque nous étions allés nous asseoir, elle m'avait laissé entrevoir une certaine timidité. Ça m'avait étonné, d'ailleurs. Je la pensais sûre d'elle, et elle me montrait un côté d'elle radicalement opposé.

Elena attrapa son verre, alors que le mien traînait toujours sur la table. Alors qu'elle me tournait le dos, j'en profitais pour laisser mes yeux traîner sur son corps, chose que je n'aurais peut-être pas dû faire : maintenant, j'étais sur qu'Elena était vraiment, vraiment sexy. Et je m'étais promis de ne rien faire pour tenter de la séduire. Après avoir vu la manière dont elle m'avait abordé, j'avais hâte de voir ce qu'elle était capable de faire d'autre.

Elena se replaça sur le canapé, et me tendit mon verre, que je saisis en lui souriant. Presque tous deux collés, je l'entendis sans peine trinquer à la soirée, qui, selon elle, ne faisait que commencer. J'eus un petit sourire en coin, légèrement amusé. J'avais bien fait de sortir ; la soirée promettait d'être exceptionnelle. Pour fêter ça, je vidais, sans peine, mon verre d'alcool.

J'ai reposé mon verre sur la table. J'avais beau être un grand fêtard, l'alcool, si je le consommais trop vite, me mettait complètement à plat. C'est en me callant contre le canapé que j'ai remarqué qu'Elena décroisait les jambes, pour à nouveau les recroiser. Sa jupe était remontée, et laissait voir ses cuisses parfaites. Pendant un instant, je fus tenter de profiter de la situation. Ma main droite me démangeait, d'ailleurs. Mais j'avais dit que je ne ferais rien pour tenter de la séduire, et j'avais envie de me tenir à mes résolutions. Je tentais difficilement de chasser mes pensées peu orthodoxes, mais mes yeux ne se détachaient pas du spectacle magnifique qu'Elena m'offrait.

L'air de la musique ralentit, pour laisser place à une musique plus douce, plus propice aux slows et à l'envahissement de la piste de danse par les couples. Mes yeux quittèrent les jambes d'Elena, alors qu'elle se relevait brusquement. Je l'ai regardée, légèrement étonné. Si elle avait remarqué ma fascination pour ses jambes, ça n'allait peut-être pas très bien se passer pour moi.

Je m'étais attendu à tout : des cris, des insultes, une giffle... Bref, tout ce qui touchait de près ou de loin à la violence. Mais pas à ça. Apparemment, l'assurance d'Elena venait de faire à nouveau surface, pour mon plus grand plaisir. Je l'observais s'asseoir sur moi, à la fois surpris, mais amusé. Si j'avais pensé que la soirée allait être excellente, je m'étais trompé : elle allait vraiment, vraiment être excellente. Elena attrapa mes mains, et fit entrelaçer nos doigts, alors qu'elle se déhanchait sensuellement contre moi.

Mes pensées refirent brusquement surface. En même temps, difficile de penser à quelque chose de convenable quand une superbe fille se déhanche dangereusement contre soi. Elena était terriblement tentante, et sa manière de jouer avec moi allait finir par me rendre dingue. Finalement, ma main droite se libéra de l'emprise de la main d'Elena, et se posa délicatement sur sa cuisse. Un petit sourire joueur vint naître sur mon visage, alors que ma main droite remontait dangereusement vers le haut de sa cuisse.

- Je continue ou j'arrête ? murmurais-je à son oreille.

Pour Elena, c'était la dernière chance de faire marche arrière. D'ailleurs, j'étais moi même surpris de constater que j'avais pensé à lui demander ça, alors que son bassin se frottait toujours sensuellement au mien. Alors que j'attendais sa réponse, mes lèvres se posèrent sur sa joue, et glissèrent lentement vers son cou.

Je n'avais pas l'habitude de laisser les filles faire. Ça n'arrivait jamais. D'habitude, les filles étaient trop timides, trop prudes, mais surtout trop consciencieuses pour aborder un mec. C'est pour ça que lorsqu'Elena était venue vers moi, et m'avait tout simplement allumé, j'avais décidé de la laisser faire. Certaines filles se permettaient de faire ça, mais elles étaient rares. Et même quand elles commençaient à aguicher un gars, elles s'arrêtaient en cours de route.

Elena vint contredire tout ce que j'avais pu imaginer. Elle avait osé, et visiblement, les choses n'allaient pas s'arrêter là. Tant mieux ; la soirée prenait une tournure tout à fait plaisante. Alors que mon imagination commençait à s'égarer dans les plaisirs de la chair, l'ondulation d'Elena se fit plus pressante. Difficile de tenter de rester calme. Impossible, même. Pourtant, ma conscience (enfin, on va dire ça comme ça), me rappella légèrement à l'ordre. Je savais qu'Elena avait bu; ses actions étaient surement modifiées par l'alcool. Alors je lui ai demandé si elle était sûre d'elle, tout en posant une main sur sa cuisse. Elle lâcha mon autre main, qui se posa sur la peau dénudée d'Elena, alors qu'elle me demandait de continuer.

Apparemment, j'avais trouvé une fille avec qui finir la nuit. Et si elle continuait sur cette lancée, cette nuit serait totalement envoûtante, terriblement torride. Autrement dit, cette nuit serait fabuleuse. Mon regard croisa le sien ; j'ai remarqué un sourire joueur sur ses lèvres. Tout en continuant de la fixer, mes mains remontèrent lentement, jusqu'à passer sous le tissu de sa jupe. J'adorais la provocation, et visiblement, Elena n'était pas contre non plus.

Pourtant, elle se releva. Elle posa l'un de ses bras contre le canapé et se cambra, de façon à être au dessus de moi. Sa robe la moulait parfaitement, et laissait entrevoir ses formes. Ses lèvres se posèrent sur ma nuque, et glissèrent jusqu'à ma joue, pour finalement s'arrêter à la commissure de mes lèvres. Apparemment, Elena avait envie de jouer, et ce n'était pas pour me déplaire. Sauf que ma patience avait des limites ; de grandes limites. Et me connaissant, je ne tarderai pas à lui sauter dessus. D'autant plus que mon regard venait de se perdre dans son décolleté, et que ce que je voyais ne me calmait pas, loin de là.

Alors que j'imaginais que la situation ne pourrait probablement pas être pire, je dus reconnaître que je m'étais trompé. En effet, sa main libre passa dans ses cheveux, puis glissa le long de son corps. La température venait d'augmenter considérablement, et je peinais à lui résister.

Mon regard se posa sur l'ensemble de la boîte. Beaucoup de gens dansaient. D'autres étaient au bar. Certains étaient allongés sur les canapés, d'autres s'embrassaient sauvagement dans un coin. Notre petit manège passait donc inaperçu aux yeux des autres personnes, ce qui m'arrangeait bien. Ce soir, je serai le seul à profiter du spectacle que m'offrait Elena.

Mes yeux se posèrent à nouveau sur elle, alors que je saisissais sa main gauche, un petit sourire aux lèvres. Je l'ai attirée vers moi, sans rien dire. Parler ne servirait à rien, je crois. Elle s'assit à mes côtés. Je me suis dangereusement rapproché d'elle, jusqu'à ce que mes lèvres effleurent les siennes. Ma main gauche passa sous sa robe, et commença à jouer lentement avec l'élastique du seul sous-vêtement qu'elle portait. Mon autre main se posa sur sa joue, puis glissa dangeureusement jusqu'à sa poitrine. Mes lèvres ne se posèrent pas sur les siennes, mais allèrent caresser, malmener son cou.

Pour la première fois depuis le début de la soirée, j'avais plus ou moins repris le contrôle de la situation. J'avais envie que les choses s'accèlèrent. Elena m'avait tenté, elle m'avait séduit. Je n'étais qu'un homme, et vu la manière dont elle s'y était prise, inutile de préciser qu'elle m'avait entièrement envoûté. Alors forcément, maintenant, j'avais envie de concrétiser. L'attente me frustrerait, et ne ferait que renforcer mon désir.

- Tu veux qu'on reste encore un peu ou qu'on s'en aille ? murmurais-je contre son oreille.