Ondes et interférences

Invité

[Pv: Riley]

14h51, Sacha, enfoncé dans un fauteuil au milieu du Zuni-Cofe était en avance. Sans savoir pourquoi, il était parti drolement tôt pour rejoindre ce petit café très sympatique, ou il avait rendez-vous avec une charmante demoiselle. Oui, vous avez bien entendu, mais ne vous emballez pas trop vite. Bien qu'elle fut une bien belle raison d'arriver plus de dix minutes en avance, Sacha n'avait demandé à Riley Billingsley de le rejoindre ici que pour lui rendre son portable qu'elle avait perdu sous ses yeux. Je n'irai pas jusqu'à citer un classique des comédies françaises dont une réplique dit que chaque homme - plus génréralement peu gâté par la nature - ne doit pas se dire qu'il n'a "aucune chance; sur un malentendu, ça peut toujours marcher", mais je désirais tout de suite refroidir vos douces ardeurs. Beaucoup n'aurait pas volé le portable et aurait tout de suite tilté pour agir comme Sacha put le faire, avec un esprit plus malin que lui cela dit. Bref, il voulait lui rendre avant tout, et n'avouera jamais qu'il en profitait pour laisser penser au mot "rencard".

Beaucoup de monde a pu être le témoin un jour de la grande ~~légèreté d'esprit~~ étourderie de Riley Billingsley. Et Sacha fut l'un d'entre eux. Alors qu'il flanait dans les couloirs de l'université sans réelle conscience des potentiels obstacles autour de lui, Mlle Billingsley, quelques mèches rebelles sur les paupières, peinait entre son portable dans une main qu'elle tentait de tenir avec un capuccino dangereusement en équilibre, tandis qu'elle remettait son sac à main plus commodément sur son épaule tout en évitant de faire tomber à terre ses livres qu'elle serrait tant bien que mal contre elle. Bref, le bordel total. Sacha, le nez en l'air, les oreilles totalement engourdies par les mélodies qui ne les quittaient pas, ne remarqua pas le monstre de désordre arriver sur lui, qui aveuglé par son chantier, ne voyait rien d'autre dans sa tentative d'organiser son petit chaos personnel. Le choc fut donc inévitable. Il fut prompt mais brutal. Les deux rejoignirent le sol dans un léger fracas douloureux accompagné d'un "Aie!" à l'unisson. Se frottant la tête ou les fesses, chacun se penchait sur le sol pour retrouver ses effets personnels, les deux applatis en excuses malgré deux sourires amusés réciproques

. Finalement, la précipitation de la jeune femme - associée à son manque général d'organisation si mignon - lui fit oublier son téléphone portable sur les dalles claires du couloir, comme le souligna rapidement Sacha. Souriant de la situation, Sacha décida d'appeler une connaissance qui, selon le journal des contacts récents, semblait être assez proche de la jeune femme, pour pouvoir lui restituer comme il se doit. Et il n'était pas contre l'idée de revoir cette belle taille qu'il avait vu repartir en vitesse, zigzagant laborieusement. Réfléchissant au moment le plus propice pour qu'ils puissent même juste se croiser, il était convenu alors qu'ils se retrouvent le lendemain, au Zuni-Cofe, à 15h.

15h14, il ne la voyait justement toujours pas. Cela n'aurait peut-être pas du l'étonner, et après quelques instants, il rejoint justement cette pensée, disons qu'il l'imagina oublier totalement qu'elle devait le rejoindre, ici, et à cette heure. Il ne la connaissait pas du tout, et ne pouvait pourtant pas juger si aisément de l'étourderie de la jeune femme. En tout cas, il s'autorisait à ne point douter une seconde de son charme, et à ce niveau, personne ne l'aurait contredit. Il pensa à déjà commander un café, n'imaginant plus à présent de combien de temps elle serait en retard, mais cette pensée malhabile fut rapidement détournée, dans l'hypothèse qu'il puisse ainsi paraitre impoli. Il se renfonça plus confortablement dans son fauteuil, espérant éviter le regard de serveurs acerbes, qui le presseraient d'avaler même un verre d'eau, qu'il n'encombre pas trop longtemps. Même si c'était le café le plus proche de l'université et qu'il se révélait fort agréable, le Zuni-Cofe n'était pas le lieu de prédilection de Sacha comme pour beaucoup d'autres étudiants, préférant un café tout aussi confortable, plus encré dans le centre de San Francisco, ou il avait à présent ses habitudes. Mais cela ne l'empechait pas de se poser ici de temps en temps avec des camarades après les cours. Et voilà ce qui était vraiment le souci, d'une vous croisiez presque sans aucun doute des têtes connues, désirées, ou non; et de deux, la place était souvent bondée, ce qui ne laissait pas toujours la chance d'espérer un moment de tranquilité. Mais Sacha pensa en appellant Mlle Billingsley qu'elle trouverait l'endroit simplement, et que ce serait plus agréable qu'au détour de n'importe quel couloir. Il soupirait doucement alors qu'il allait héler un serveur, ne remarquant pas la porte s'ouvrir au milieu du brouhaha ordinaire.