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 |  Sujet: Combler le vide. |Mr Law| Ven 6 Fév - 22:55 | |
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« Fait chier ! » C’était les seuls mots que lui inspirait son bref coup d’œil sur sa montre. Son cours de sciences politiques commençait à s’étendre un peu trop sur son heure de déjeuner et son ventre commençait à crier famine. Cela lui arrivait rarement car elle déjeunait plutôt bien chaque matin, justement pour éviter ce genre de tracas qui met tout le monde mal à l’aise ; car dans son cas les gargouillements portaient si loin qu’ils revenaient aux oreilles de son professeur, qui perturbé dans son cours la regardait alors de biais. A vrai dire elle s’en moquait éperdument, qui contrôle les bruits de son estomac après tout, le seul problème était plutôt qu’elle avait rendez-vous à l’extérieur de la ville pour déjeuner dans environ 30 min, et qu’au rythme où le cours allait, elle n’était pas rendue. Le cours était particulièrement long et ennuyeux, on y étudiait les thèses de Weber, Marx… On analysait des textes, les commentait.. Elle passa le reste de ce « surplus de cours » à alterner entre : regarder sa montre, soupirer, regarder sa montre, soupirer, etc. Et quel ne fut pas son désespoir quand, à quelques minutes de la probable fin de ce « surplus de cours » elle reçu un texto de son rendez-vous du déjeuner lui indiquant qu’en vue de son retard: « je suis obligée de filer ma Serena. XoXo. »
Serena esquissa un petit sourire, de bonne humeur oui, bonne poire non. Elle prit son sac et toutes ses affaires sous le bras, adressa un petit clin d’œil provocateur à son prof et lança :
« Faut pas s’foutre du monde quand même ! Il est temps qu’on aille grailler nous m’sieur ». Comme à son habitude son vocabulaire était grossier, une tare qu’elle avait depuis toute petite et dont elle semblait avoir du mal à se défaire. Soit, une fois l’émeute lancée dans la classe, car évidemment tout le monde pense tout bas qu’il faut agir mais personne n’agit, si ce n’est Serena, elle prit ses cliques et ses claques et d’un bond traversa la salle, direction le dehors, l’air frais, le soleil et la nicotine.
Elle avançait d’un pas vif et décidé, elle était tellement précipitée que dans sa course elle bouscula quelqu’un, qu’elle ne regarda même pas mais à qui elle lança simplement « Pardon » emprunt d’une touche d’ironie car évidemment elle n’était pas à remettre en cause, il était le seul responsable de cette bousculade. Elle ne remarqua pas, mais ce jeune homme qu’elle venait de bousculer se trouvait être un professeur de Berkeley, qui certes connu de réputation pour sa belle gueule et ses cours plutôt éloquents, s’avérait être un coureur de jupon réputé pour « monter » ses élèves. Pas perturbée pour un sous, Serena continua sa course effrénée jusqu’au dehors pour se remplir les poumons de nicotine.
Une fois à l’air libre, elle tâtonna le fond de son immense sac dans l’espoir d’y trouver son paquet de Royal Menthol. Elle le trouva quelques minutes d’énervement plus tard, il était à demi-plein et complètement déchiqueté. Serena monta une cigarette à la bouche avec un soupir de soulagement « enfin » se dit-elle, enfin dehors, enfin libre.. Elle tâtonna ensuite le fond de ses poches dans l’espoir d’y trouver son briquet à l’effigie de Marylin Monroe, faux espoir n°1, elle le chercha ensuite au fond de son sac, faux espoir n°2, elle s’empressa alors de retourner les poches de son manteau pour le trouver, ou alors à défaut y trouver des allumettes, faux espoir n°3. Evidemment, il en fallait plus pour la rebuter, esquissant son plus grand sourire, elle s’adressa alors à la seule personne à proximité d’elle – qui s’avérait être Mr-le-professeur-belle-gueule, et accessoirement l’homme qu’elle venait de bousculer – « Mon feu a encore du se faufiler dans un trou de mon sac, tu pourrais me prêter le tien ? »
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