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« Arôme subtil ou plus corsé ? »

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MessageSujet: « Arôme subtil ou plus corsé ? » « Arôme subtil ou plus corsé ? » EmptyMer 28 Oct - 22:53

angel & yseult




La nuée de poussière s’était élevée comme une tornade de particules qui s’engouffre vers le ciel. Tourbillonnant, s’insinuant dans ses narines, elle n’avait cessé d’éternuer pendant la demie heure qui avait suivi l’effondrement de la vieille étagère. Rongée par le temps et l’humidité de la vieille bâtisse, ne supportant plus qu’on entasse moult objets sur son dos fragile, elle avait fini par céder, au moment où elle s’y attendait le moins. Une multitude de documents s’étaient éparpillés sur le sol, tant et si bien qu’elle avait rapidement oublié où elle habitait. Sa grand-mère avait poussé un cri strident, se précipitant dans l‘escalier à une vitesse qui indiquait qu’elle devait momentanément avoir oublié son arthrose. Dans la panade, Yseult avait trébuché sur un objet qui jonchait le sol, se retrouvant sur les fesses en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Après avoir poussé un juron de mécontentement, elle avait senti des poussières plus épaisses et plus rugueuses tomber sur son visage. Plus rugueuses, mais en même temps, plus légères. Au début perplexe, elle avait glissé certaines d’entre elles, tombées dans ses cheveux, entre ses doigts. Elles avaient une forme régulière, une forme … Étoilée. C’est alors qu’un rire enfantin s’échappa de ses lèvres. Recouverte de paillettes d’un argent bleuté, elle entendit le souffle court de sa grand-mère qui venait de constater l’ampleur des dégâts. « Eh bien, on aura plus à chercher où était le bocal de paillettes pour Noël. » maugréa-t-elle avant de rire avec sa petite fille, lui saupoudrant le dessus du crâne avant de l’aider à se lever. Yseult épousseta son chemisier, consciente qu’elle aurait probablement des résidus brillants qui subsisteraient dans ses cheveux, et ici et là dans ses vêtements toute la journée. Cela aurait pu être pire. Mieux valait ressembler à une boule à facettes qu’à une moumoute poussiéreuse. « Alors, l’ampleur des dégâts ? » demanda la jeune femme en se doutant qu’il devait s’agir d’un joyeux bordel. « Ma petite, en comparaison du bureau de feu ton grand-père, c’est de l’organisation méthodique. File, je m’en occupe. » - « Mais tu ne vas pas tout … » - « Pschhht ! File ! » Et elle l’avait déjà presque poussée dehors, lui envoyant son manteau, son écharpe et son nécessaire pour la journée d’un tour de bras. Sur le seuil de la porte, à la fois amusée et médusée, Yseult était à peine parée pour affronter la fraîcheur automnale.

Quelques heures avaient passées, et pourtant, la journée était désormais bien entamée. Elle n’avait pas vu les heures défiler, vadrouillant ici et là en ville où elle avait ce jour-là plusieurs rendez-vous. Des particuliers pour la plupart, qui souhaitaient faire évaluer certains objets, avoir une estimation de leur valeur ou même souhaitaient faire appel à ses services pour en restaurer certains. C’est en milieu d’après-midi, alors qu’elle avait du temps de libre avant son dernier rendez-vous, qu’elle s’octroya une pause méritée. Luttant contre le vent et la nuit qui devait déjà commencer à tomber malgré l’heure pourtant respectable (les joies de l’automne naissante), elle poussa la porte du café dans lequel elle trouvait souvent refuges dans ces journées de vadrouille. Saluée par le serveur qui éprouvait toujours un besoin désagréable et irrépréhensible de lui servir de bras droit lorsqu’elle entrait (comme si elle eut été handicapée), elle le sentit se précipiter vers elle avec sa serviabilité … Pour le coup superflue. « Votre lait, il est en train de brûler. Vous devriez vous en occuper, je trouverai une place. » lui dit-elle d’une politesse aimable et contenue en commençant déjà à entendre les bouillonnements du liquide entrain de déborder (et le serveur courir après en toute hâte). D’un pas feutré, elle alla s’installer à une table près de la baie vitrée. Même si elle ne voyait pas au dehors, elle aimait entendre les bruits de l’extérieur. Cela la berçait presque.

Assise depuis quelques minutes, une autre serveuse, plus âgée cette fois-ci, était venue la voir. La femme était asse corpulente, un sourire bienveillant sur ses lèvres pleines et respirant la franchise. Il s’agissait de la patronne. Une commère invétérée, qui parlait avec tout le monde, tout en se méfiant des étrangers comme de la peste. Cela faisait quelques années qu’Yseult habitait à Salem et avait pris ses habitudes, mais cela faisait moins de temps qu’elle avait été intégrée par le quartier. Désormais, c’était chose faite, et cette grande dame, Betty, la maternait désormais comme une maman dragon veillant sur ses jeunes recrues. « Comme d’habitude ma belle ? » dit-elle tout en ayant l’air distraite, ayant vraisemblablement un visage perplexe et suspect qui dérivait sur le côté. « Que se passe-t-il ? » Et c’est à ce moment-là qu’elle entendit la porte du café grincer. Quelqu’un venait d’entrer. « Oh je vois. » ajouta la jeune femme avant même que Betty ait eu le temps de s’expliquer, et notamment parler de celui qui « posait trop de questions dans le voisinage ». Un sourire en demi-lune avait éclairé ses traits, leur donnant une lueur d’une douceur presque enfantine. « Oui comme d’habitude, merci Betty. » Et alors que la femme s’apprêtait à accueillir le nouvel arrivant plus loin dans son dos, elle lança calmement un : « Bonjour monsieur Leone. Je vous offre un café ? » lui proposa-t-elle, l’ayant reconnu tout de suite. La démarche, et surtout … le parfum. Il avait une odeur très typée, presque boisée. Et sa démarche était différente de la plupart des hommes. Ils avaient souvent un pas lourd, voire traînant. Lui marchait d’un pas feutré, comme s’il portait des chaussures en cuir d’une grande élégance en permanence. Même si pour l’instant elle n’avait croisé sa route que deux fois, elle ne peinait plus à le reconnaître désormais. « Noir, serré j’imagine ? » supposa-t-elle en se disant qu’aux vues de ses choix de parfums, il devait avoir un caractère … typé. A l’inverse du sien qui la poussait vers un café au lait sucré, tout en douceur.


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MessageSujet: Re: « Arôme subtil ou plus corsé ? » « Arôme subtil ou plus corsé ? » EmptyJeu 29 Oct - 5:49


« Arôme subtil ou plus corsé ? »

Quand arrive l’automne et ses feuilles rougeoyantes, tombantes au gré de la brise et de l’été oublié… Des feuilles qui crépitaient sous mes pas, parfois sèches ou humides, vertes ou orangées, offrant un parterre arc-en-ciel tout à fait séduisant. Quel dommage que les habitants de cette ville se montrent aussi peu avenants. Lorsque j’étais arrivé à Salem, il y a environ une semaine, déjà revêtu d’un habit de circonstance qui ne laissait en rien paraître mes origines nobles et mon statut social plus que aisé, j’avais cru que cette affaire serait rapidement et rondement menée. J’étais catholique, chrétien qui plus est, et ma religion m’interdisait de croire en une quelconque forme de magie, sorcellerie ou petits hommes verts. Mais contrairement aux radicaux, j’étais ouvert d’esprit, prêt à croire comme Saint-Thomas si on m’ouvrait les yeux. En apparence tout à fait neutre, j’étais néanmoins trop pragmatique pour penser qu’un homme ou qu’une femme, enfin un être fait de chair et de sang avait le pouvoir d’invoquer les morts, de faire danser des nymphes nues à la tombée de la nuit ou manger des insectes pour favoriser la montée sur Terre de Lucifer. Peut-être pas si neutre que cela, en fin de compte. Mais j’étais et je comptais bien agir comme un professionnel en entamant cette mission en gardant l’esprit le plus large possible et les oreilles tout aussi attentives. Cependant, les habitants de cette ville ne semblent pas porter les étrangers – à moins que ce ne soit les Italiens – dans leur cœur. Une semaine que je suis ici, et je n’ai encore glané aucune information digne d’intérêt. Sauf si la disparition du hamster de madame Ruth pendant qu’il faisait sa roue quotidienne m’aidait à comprendre le fin mot de l’histoire, je commençais sérieusement à douter de mes compétences de médiateur.

Tandis que je me rendais au café du coin en espérant qu’une sorcière fasse une apparition surprise sur son balai – après tout, la nuit est tombée – dans un souci de diminuer mes efforts à communiquer avec les autochtones de cette bourgade, je me félicitais intérieurement de la tournure qu’avait pris mon voyage depuis ses débuts. Nul n’avait en effet pu faire le lien entre mon identité et ma venue ici. L’hôtel que l’on m’avait réservé ne respirait pas le grand luxe, mais il était propre, sans insectes – god thanks – et me permettait par le balcon qui surplombait ma chambre, d’avoir un magnifique panorama du coin où je résiderais durant les deux mois où je serais ici. De plus, ma valise avait volontairement négligé mes costumes trois pièces et mes chaussures cirées pour ne laisser entrer que des jeans, dont certains étaient même un peu délavés, trois ou quatre chemises, une seule paire de chaussures – je crois d’ailleurs que c’est ce qui me traumatise le plus moi qui ais l’habitude que chacune de mes paires soit assortie au costume – qui ressemblait davantage à des bottines de cowboy qu’autre chose – qui enverrait, d’après la Maison Blanche, le signal d’un homme solitaire, un peu paumé et vivant dans sa cambrousse sauvage, ce qui appuierait la confiance que les gens de cette ville placerait en mon personnage en le voyant. Espérons que ce soit vrai. Ne me restait plus qu’un flacon à moitié vide de parfum pour me rattacher à mon ancien univers. Même la veste en cuir de vachette, que j’avais achetée sur place en espérant que de me montrer généreux me servirait à briser la glace avec le commerçant, n’avait servi qu’à me donner une allure plus pionnière encore.

Peut-être aurais-je plus de chance avec cette Madame Betty qui semble t-il, n’avait pas de nom de famille. Dans le café tiret boulangerie tiret pâtisserie tiret restaurant, j’observais d’abord les lieux, m’arrêtant volontairement sur les regards étonnés voire agacés des quelques clients présents qui visiblement, acceptaient difficilement mon arrivée. Loin de me sentir mal à l’aise et même plutôt amusé par ce trait de caractère que tous semblaient posséder, je m’avance dans l’attente qu’une table soit mise à ma disposition et dans l’espoir de pouvoir converser avec l’une des serveuses. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’une jeune femme, que j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer plusieurs jours auparavant, était également présente ce soir, et, plus surprenant encore, que sa cécité ne l’avait pas empêché de me reconnaître. Un sourire marqué sur les lèvres, je m’approche donc de la demoiselle, ôtant ma veste une fois près d’elle. « Mademoiselle Fraser, c’est un plaisir de vous revoir. » J’étais sincère. Nous n’avions pas pris le temps de tellement faire connaissance la fois dernière mais cette jeune personne semblait bien être la seule à ne pas me traiter comme un pestiféré. « Volontiers, merci. » Elle avait même deviné mon goût en matière de café. Intriguant. « Dîtes-moi mademoiselle, êtes-vous vraiment aveugle ou n’est-ce qu’une stratégie pour mieux duper les crédules dans mon genre ? » la taquinai-je en m’installant à sa table.


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MessageSujet: Re: « Arôme subtil ou plus corsé ? » « Arôme subtil ou plus corsé ? » EmptyJeu 29 Oct - 10:15

angel & yseult




Les lèvres de Betty se retroussèrent en une moue à la fois réprobatrice et intéressée. Elle regardait à présent le nouveau venu comme un cupcake surmonté de sa couronne de crème au beurre. Avec délectation, et en même temps, une certaine méfiance vis-à-vis des conséquences que pouvaient avoir ces mets sur ses hanches. Autrement dit, elle se délectait vraisemblablement de son apparence, tout en se méfiant de lui comme la peste. Si Yseult avait pu voir ça, elle aurait probablement rit de toutes ses dents. Mais au lieu de ça, elle sentit juste comme un léger malaise s’installer, alors même que l’homme prenait place sur la chaise en face d’elle. Elégance encore. Il n’avait pas tiré le dossier comme une brute en faisant un grincement de pieds sur le carrelage infernal. Cet homme avait de l’éducation, une éducation stricte, et peut-être plus élaborée que les citoyens lambdas. Même sa manière de s’exprimer connotait un certain raffinement. A moins que ce soit là un rôle qu’il se plaisait à jouer. Rien n’était impossible, après tout.

« Oh je pourrais vous qualifier par bien des adjectifs, mais crédule n’en fais pas partie. » répondit-elle avec un sourire presque taquin. « Mademoiselle Fraser » l’avait-il appelée. C’était tellement étrange d’entendre ce nom chaque fois qu’il était prononcé. Tous avaient fait l’erreur bien sûr, nul ne pouvait deviner. Elle portait sur elle les traits de la jeunesse, faisait d’ailleurs paraît-il plus jeune que son âge. On ne l’avait jamais vraiment appelée « madame » un jour, alors même qu’elle l’avait été … Qu’elle était. Ce nom civil qui la définissait n’était après tout pas le sien à l’origine. Songeuse, pensive, discrètement elle tourna son alliance  autour de son annulaire avec deux de ses doigts. L’anneau d’or blanc ciselé (il s’agissait d’un entrelacs celtique tout en finesse, avec deux chardons) tournait sans difficultés autour de son annulaire. Depuis son arrivée à Salem, elle avait un peu maigri, aussi faisait-elle attention à ne pas la perdre malencontreusement. Betty revint au bout de quelques minutes avec leurs deux commandes : un café noir pour lui, dont l’amertume se sentait déjà à plein nez, un café au lait pour elle, qui lui fit envie dès l’instant où il fut posé devant ses doigts. « Merci Betty. » répondit-elle poliment à la femme qui s’en alla, prononçant des messes basses avec un vieil homme accoudé au comptoir du bar.

« Alors, vos investigations progressent ? » Bien sûr elle ne savait pas avec exactitude ce qu’il recherchait. Elle savait juste qu’il fouinait, un peu partout, en quête d’on ne sait quelles réponses. Il devait s’être rendu compte du tempérament des habitants, il allait s’y casser les dents s’il continuait d’avoir une approche si … Si directe avec eux (même si le mot était fort). « Certains vont même jusqu’à dire que vous êtes un policier sous couverture vous savez. Ou un esprit malin. Cela dépend des points de vu. » plaisanta-t-elle à demie voix. Elle-même se méfiait un peu du personnage, dans la mesure où elle trouvait que certains éléments le concernant étaient incohérents. Comme les chaussures qu’il portait. Une semelle lourde, un peu épaisse, probablement des bottines. Il ne devait pas en porter en permanence, sa démarche serait différente, plus traînante, si c’était le cas. Il semblait plus habitué au pas feutré et déterminé des chaussures de costumes finement taillées. Glissant un sucre dans son breuvage en jaugeant la hauteur du récipient avec son index, elle laissa tourbillonner le lait à l’intérieur avant de porter la tasse à ses lèvres. C’est à ce moment-là qu’un nouveau visiteur décida de faire son entrée, laissant derrière ses pas s’engouffrer une bourrasque de vent froid. Les doigts de la jeune femme se refermèrent plus fortement autour de la porcelaine chaude, elle entendit au dehors une myriade de feuilles s’entremêler sur le trottoir.

« Je trouve cette saison magnifique. Si belle, si poétique. L’odeur des feuilles humides. C’est comme si avant de mourir, la nature donnait à voir un dernier souffle incandescent. » Un regard songeur sembla la traverser, alors que son regard perdu dans le vide extérieur ne pouvait s’accrocher nulle part. Elle essayait pourtant, se raccrochant intérieurement à des souvenirs d’automnes. Mais c’était de plus en plus difficile de les convoquer. Ils s’enfonçaient dans la pénombre, comme englués dans un bain d’encre de chine. « Je m’égare. » dit-elle en esquissant un sourire bienveillant, s’apercevant qu’il devait sans doutes s’ennuyer à la regarder contempler l’invisible avec mélancolie. « J’imagine qu’avec un accent comme le vôtre vous avez quand même réussi à faire fondre quelques réticences, non ? » elle parlait là bien sûr de ses investigations. Cela l’intéressait de voir s’il progressait. Elle-même en arrivant avait été regardée comme une pestiférée. Ou plutôt, avec une curiosité malsaine. Elle connaissait donc quel sentiment cela pouvait procurer.



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MessageSujet: Re: « Arôme subtil ou plus corsé ? » « Arôme subtil ou plus corsé ? » EmptyMar 22 Déc - 6:56


« Arôme subtil ou plus corsé ? »

Bien évidemment, je n’avais pas remarqué le béguin silencieux de la tenancière pour la pâtisserie que j’étais devenu. Trop occupé à observer une jeune femme dont j’avais peine à n’avoir faire que brièvement connaissance, à laquelle je souriais avec réserve quoique très sincère, et à la rejoindre dès que l’invitation fut lancée. Malgré mon apparence somme toute assez ordinaire, je ne parvenais pas à jouer pleinement mon rôle en sa présence. J’estimais que je devais d’abord savoir si j’avais affaire à une amie, ou à une ennemie, avant de retourner mes cartes. Certes, mon éducation, qui fut très stricte, m’empêchait de lui mentir en lui faisant miroiter un statut que je n’avais pas, mais ma mission avait été très claire, et je n’avais pas pour habitude d’échouer dans mes devoirs, encore moins si ceux-ci étaient dictés par le sens de la justice et de ma fidélité à ce cher président.

M’installant confortablement, contre un siège après avoir déboutonné l’un des boutons de ma veste qui aurait été un obstacle à mon assise, je soulève aussitôt ma jambe pour la poser sur ma cuisse, tandis que je jette un œil attentif à mon interlocutrice. Qui aurait dit que sous cette ravissante tête brune, malgré sa cécité, se cachait en réalité une audacieuse petite personne, parfaitement à même de tenir une conversation sur le ton de la légèreté sans craindre d’être cataloguée ? Parce qu’il est évident que tous, hommes et femmes, sauf ce petit hameau où chacun connaissait les secrets de l’autre et semblait l’accepter sans réserve, se sentaient ou mal à l’aise ou ressentait de la pitié face à un tel handicap. « Vraiment ? » répondis-je de ma voix chaude et grave et me penchant un peu plus vers la jeune femme. « Et avec quel adjectif m’auriez-vous qualifié, mademoiselle ? » la taquinai-je en haussant un sourcil, geste qu’elle ne put cependant voir. Ce fut à ce moment précis que je pris conscience de mon erreur. Trop concentré sur son visage, je ne m’étais pas laissé troublé par son apparence, pourtant très avenante. Ce n’est qu’après un bref silence, que je m’étais permis de la détailler plus avant, et que je constatai, je dois reconnaître avec une petite note de déception, la bague qui ornait son doigt. « Pardon. Madame. » corrigeai-je dans un souffle. « Je vous remercie. » ajoutai-je aussitôt une fois les tasses posées sur notre table. Je lançai rapidement un sourire charmeur à Betty qui, j’en aurais presque mis ma main au feu, s’était aussitôt dépêché de me fuir pour aller raconter mon attitude de séducteur aguerri à plusieurs de ses clients en leur faisant promettre de se méfier de l’inconnu.

« Hum…difficilement, je dois dire. Les habitants de cette ville sont particulièrement… » Pensif l’espace d’un instant, je cherche le mot exact avant de soupirer, vaincu. « …discrets. » Plus que de la discrétion, c’était du rejet total que j’avais essuyé ces derniers jours, mais Yseult faisant partie de cette bourgade, peut-être même avait-elle de la famille qui s’empresserait de lui raconter mes ‘vilaines’ manières de détective, j’avais préféré un terme plus neutre. Ceci dit, entendre de sa bouche que certains s’interrogeaient sur ma présence et mon statut professionnel, me faisait dire que je devais peut-être changer de tactique. Un rire léger s’échappa pourtant de ma gorge, tandis que je la dévisageais le temps d’une minute avant de répliquer, sur le ton de la confidence. « Qu'en pensez-vous ? » Suis-je un policier ou un esprit malin ? Les deux ne sont pas incompatibles à dire vrai.

Il y avait, chez cette jeune femme quelque chose qui avait le don de m’émouvoir. Non pas sa cécité, que j’oubliais d’ailleurs lorsque j’étais en sa présence, mais sa douceur. Une touche de fraîcheur revigorante. Une délicatesse que ne partageait pas l’ensemble de ses congénères, homme ou femme, et dont j’étais moi-même dénué, mais qui me rappelait une époque qui aurait pu faire de nous des âmes sœurs. Elle me faisait penser à mon foyer, ma mère et mes sœurs, à leur maturité innocente et en leurs croyances en le genre humain. Des qualités touchantes, presque irréelles, qui me laissait toujours pensif, vulnérable. Et cette façon qu’elle avait de décoder les êtres, de s’exprimer. Comme un auteur inspiré par la nature et le calme, suffisamment satisfait de sa vie pour en faire une ode. La laissant dériver vers d’autres lieues, je ne peux m’empêcher de l’admirer en cet instant, oubliant le reste des clients, le reste du monde autour de nous, observant, traçant, appréciant sa bouche qui s’entrouvrait à chaque mot, ses iris où ne perçait plus la moindre lumière et qui pourtant reflétaient une pureté absolue. « Je suis Italien. » murmurai-je pour moi-même comme si cela suffisait à répondre à la question. « Et pour être tout à fait honnête, les informations que j’ai effectivement pu recueillir ne me sont hélas pas d’une grande utilité. » soupirai-je en sirotant mon café. Non pas que d’accepter de sortir un soir avec miss Marjorie Calendar, une blonde peroxydé d'un mètre 80, avec une poitrine imposante et une bouche qui en ferait rêver plus d'un, ou de boire un verre avec miss Patty Sunrise, rousse aux cheveux fanés qui semblait prendre plaisir à recevoir tous les hommes lorsque son mari partait travailler ;  ne me déplaisait pas, mais ce n’était pas là le genre d’informations que j’étais venu glaner dans cette charmante ville ensorceleuse. « Mais assez parlez de moi. J'aimerais sincèrement vous connaître, made…madame Fraser. Je sais que la jeunesse n’est pas un gage de célibat, aussi, je vous présente mes excuses de vous avoir trop souvent qualifié d’une qualité que vous ne possédez plus. » soufflai-je avec un sourire honnête, et désireux par ma tournure de phrase, d’en apprendre plus sur la jeune femme.



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MessageSujet: Re: « Arôme subtil ou plus corsé ? » « Arôme subtil ou plus corsé ? » EmptyMar 22 Déc - 17:42


ANGEL & YSEULT

Il était difficile de se cantonner à un seul adjectif pour décrire tout ce qu'elle pouvait sentir en sa présence. Déjà, elle le trouvait sûr de lui, du moins en apparence, et dans son attitude. Il lui parlait avec aisance, sans jamais trembler, ni ciller, alors même qu'il la connaissait à peine. Ensuite, elle pouvait sentir, et imaginer le regard qu'il lui portait. Et sans savoir pourquoi, elle ne l'imaginait pas empathique, ou désolé. Il lui parlait comme si elle était entrain de détailler ses pupilles, sans lui faire sentir que quelque part, elle était différente. La plupart des gens qu'elle fréquentait ne pouvaient s'empêcher de la materner, ou de vouloir la protéger en faisant des choses à sa place, ou en lui tenant la main alors qu'elle n'en avait pas besoin. Cela l'exaspérait, au plus haut point, dans la mesure où elle ne vivait pas si mal que ça sa cécité. Elle s'était même adaptée à elle avec une rapidité considérable, comme s'il s'agissait d'un cadeau, d'une nouvelle ouverture sur le monde, plutôt qu'une malédiction. Après quelques secondes de réflexions, un sourire en demie-lune éclaira les traits pensifs de la jeune femme. « Audacieux, me semble un bon début. » et c'est à cet instant qu'elle l'entendit se rattraper. Madame. Mademoiselle. Tout cela n'avait guère d'importance à ses yeux. Il s'agissait de simples formules de politesses. Elle trouvait flatteur d'être encore prise pour une demoiselle. L'autre appellation lui rappelait son statut de femme mariée. Un statut derrière lequel elle se cachait encore même si le serment avait été rompu depuis longtemps. Comme si elle ne l'avait pas accepté, ou comme si tout simplement elle voulait se prévaloir des regards extérieurs, elle gardait cette bague autour de son doigts pour se rappeler qu'elle n'appartenait qu'à une seule personne. Rien de très engageant pour se tourner vers l'avenir me direz-vous. C'était un moyen comme un autre, qui fonctionnait plutôt bien. La preuve, alors que son interlocuteur s'était permis un ton familier, presque enjôleur, en apercevant sa bague il s'était instantanément remis à sa place. Efficace non ? « Ne vous encombrez pas des madame, ou mademoiselle. Appelez-moi Yseult, ça me convient très bien. » dit-elle avec douceur sans rien ajouter. Ni justification, ni explication. S'il posait des questions, et comme les gens aimaient parler sur les autres, il saurait tôt ou tard qu'elle n'était plus mariée. D'ailleurs, tout le monde à Salem la surnommait dans son dos la « veuve aux doigts de fées », parce qu'elle était une très bonne professeur de violoncelle, et que les gens étaient touchés et intrigués par son statut.

Il était donc bien là pour obtenir des informations dans un but précis. Mais que cherchait-il exactement ? Une personne disparue de son entourage depuis longtemps ? Ou agissait-il au nom de quelqu'un d'autre ? Sa curiosité naturelle était mise à mal par cet individu aussi mystérieux qu’énigmatique. « Je ne suis pas sure qu'ils soient plus discrets ici qu'ailleurs. Si vous cherchez plus à obtenir des informations d'eux qu'à les connaître réellement, vous ne risquez pas d'aller bien loin. » se permit-elle de lui faire remarquer avec douceur. Ce qui lui paraissait être une évidence ne l'était après tout peut-être pas pour lui. Surtout dans une ville comme Salem, très portée sur le mysticisme, le mystère et les « on raconte », il avait plutôt intérêt à faire partie de la communauté s'il souhaitait en apprendre davantage à son sujet. Le silence s'installa quelques instants tandis qu'elle songeait à sa question. Ecoutant patiemment sa respiration, elle esquissa un sourire songeur. Son doigt fit le tour du rebord de sa tasse, puis, jouant avec la vapeur de chaleur qui s'en dégageait, elle finit par voir en lui comme une évidence. « L'un ou l'autre … C'est incertain. Mais une chose me semble sure … Vous êtes un esprit de passage. Vous n'êtes pas venu ici pour vous établir. Rien ne vous raccroche à cet endroit pour le moment. Ce qui me fait penser que … Qui que vous soyez … Vous êtes de ces êtres qui finissent par disparaître. Un peu comme les songes. » Elle sous entendait par là, qu'il était à ses yeux de ces êtres dangereux, qui arrivent dans des vies pour ensuite les laisser en suspens. Il était le genre d'individu auquel elle pourrait se confier, mais pas entièrement, qu'en surface. Pourquoi ? Parce qu'elle avait la certitude étrange qu'il était un oiseau de passage, apportant avec lui des brins d'incertitudes. « Je dois dans la soirée passer chez madame Gardner. C'est une vieille dame qui vient de perdre son mari. Il lui a laissé bon nombre d'objets qu'elle voudrait que je récupère pour la boutique. Cette femme connait tout le monde à Salem, à vent de toutes les rumeurs les plus farfelues, et elle n'est pas farouche face aux étrangers. Si vous m'accompagnez, je pourrais vous la présenter. » proposa t-elle en ayant quand même une idée en tête. Elle voulait bien rendre service, mais bon, il ne fallait pas non plus abuser. « J'admets aussi qu'une paire de bras solide en plus ne serait pas de trop. » Elle eut un petit rire cristallin, se disant que c'était là un échange de bons procédés. Cela lui permettait aussi d'esquiver la conversation sur son statut marital.

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Ness Glaswell
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