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paper planes. (franky)

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MessageSujet: paper planes. (franky) paper planes. (franky) EmptyDim 24 Mai - 15:31

They left like you knew they would. They went away and you fell like a stone. All the way to the bottom of your room. I see you, yes I see you. Sitting in your chair, hating every minute of it. Falling like a stone without even moving. It hurt you to know that you were right about all the shit you wanted to be wrong about. They always leave you. You put yourself in the right place to get left. - (franky  + kane)

Machinalement, ses doigts agrippent le seul souvenir d'enfance qu'il est parvenu à conserver. Des années durant, contre vents et marées, il a gardé précieusement ce petit morceau du passé, pour ne jamais oublier. Ce qu'il est, ce qu'il a été, ce qu'il ne sera jamais, tout ce qu'il aurait voulu être, tout ce qu'il aurait pu être si les circonstances et les mauvais choix n'avaient pas joué en sa défaveur. Cette photo a l'odeur du passé, la couleur du passé, et fait remonter dans son esprit un tas de souvenirs, plaisants, puis déplaisants. Cette photo, c'est sa madeleine de Proust, celle qui le replonge des années en arrière, avant les trafics, la prison, les égarements de jeunesse devenus son quotidien malgré lui. Dessus, Kane y retrouve un goût de nostalgie qui finit par se ternir pour ne plus laisser qu'une bile amère, capable de ronger ce qui s'agite encore dans sa poitrine : Franky et lui, souriants de ce sourire tout sauf innocent qu'ils octroyaient aux autres pour faire bonne mesure, déjà en préparation du prochain mauvais coup. Méfaits accomplis, crient leurs têtes de gosses à peine entrés dans l'adolescence. Ils doivent avoir dix ans, dessus, peut-être un peu plus, ou un peu moins, à cet âge la différence est si minime qu'elle en devient imperceptible. Lorsqu'on s'y attarde un peu plus longuement, on réalise que Kane ne fixe pas l'objectif, mais bien Franky, et la photo devient symbole de tout ce qui les a uni dans le passé : la tendresse enfantine liant deux gamins à l'abandon – ou presque – persuadés que l'avenir sera plus beau et plus conciliant avec eux. Ils ont pris la photo quelques jours seulement avant de se faire la promesse de ne jamais se quitter, quoi qu'il advienne dans leur vie. Qu'ils soient riches, pauvres, malades, heureux, misérables, amoureux, le cœur brisé, ils s'étaient jurés de ne jamais s'oublier. Parce que les sentiments vont et viennent, mais l'amour fraternel, lui, est indestructible. Ca, c'était la théorie. En pratique, Franky s'est barrée, presque comme une voleuse. Un matin elle était encore à côté de lui, et le lendemain, elle avait disparu. Au début, Kane a pensé à une erreur, un peu comme un mauvais rêve imbriqué dans un autre, puis un autre, puis encore un autre, si bien que se pincer ne lui permettait pas de se réveiller. Puis les heures sont devenues des jours, les jours des semaines, les semaines des mois, et il a bien fallu se rendre à l'évidence : comme tout le monde avant elle, Franky l'avait abandonné. Sans lui dire pourquoi, sans se retourner. Kane a cru qu'il crèverait, et le temps a fini par panser les plaies sans jamais les faire cicatriser complètement. Il la sent encore, la marque, profondément enfouie sous des années de solitude. Il se plaît à croire qu'il n'a besoin de personne pour vivre, qu'il est sans doute né pour être seul, que c'est ça, son grand destin. Vivre seul, crever seul, rester méfiant et ne pas s'aventurer à l'attachement. Aimer les autres, c'est être faible. C'est dire qu'on a besoin de quelqu'un pour avancer, c'est contraire à toutes ses croyances. Au cours de longues heures d'isolement derrière les quatre murs d'une pièce étroite et humide, il a eu le temps de se demander s'il serait devenu l'homme qu'il est, sans le départ de Franky. Ou plutôt, ce qu'il serait devenu s'ils avaient mené leur projet fou à bien et qu'ils avaient respecté la promesse de ne jamais se quitter. Rien. Il ne serait rien devenu. Parce qu'inévitablement, l'un ou l'autre aurait fini par déconner, et ils se seraient raccrochés à l'affection de l'enfance sans comprendre que les gens changent avec le temps et qu'ils prennent des voies différentes. Il aurait quand même fait les mauvais choix, sa malchance aurait continué à le placer au mauvais endroit au mauvais moment, et rien n'aurait été différent. Il se serait retrouvé à nouveau seul, mais plus aigri après avoir été si longtemps accompagné. C'était peut-être un mal pour un bien. Le cynisme n'a pas duré. Il a suffi de retomber sur la photo des deux gamins qu'ils étaient pour se rappeler de la blessure infligée. De l'absence. De la colère mêlée à la tristesse. Alors il a mené son enquête, auprès de contacts douteux, pour faire ce qu'il aurait du faire des années plus tôt : retrouver Franky, demander des explications, cracher sa bile, pour se purger l'esprit et repartir de zéro. Ou au moins essayer, il n'est pas assez stupide pour croire qu'il y a parviendra. Retracer le parcours d'une vie pour enfin dire au revoir au passé. Franky est la première d'une longue liste. La première, la plus importante, la plus difficile, aussi. Il a fini par la retrouver, barmaid dans un bar de Las Vegas dans lequel il s'est empressé de se rendre. Et elle est là, Franky. En train de servir des cocktails dans une robe de pute, en train de balancer des clins d'oeil aguicheurs aux clients en veillant à ne rien leur gâcher du spectacle qu'elle offre. Putain de merde. C'est pour ça qu'elle est partie ? Pour devenir un jour barmaid et se faire reluquer le cul par des mecs lubriques ? Déchéance. Dire qu'il se croyait lui-même erreur de la nature, il ne s'en est finalement pas si mal sorti, en comparaison. Pas que la prison ou le trafic de drogue soient très reluisants, mais c'est toujours mieux que d'alimenter les fantasmes glauques de maris venus tromper leur femme dans un bar minable de Vegas. Calme, bien que ses mains se soient repliées en deux poings serrés, il s'approche du comptoir où Franky minaude et bat des cils. Leur regard se croise, une brève seconde. Elle tourne la tête, lui continue de la fixer obstinément. Est-ce qu'elle l'a reconnu ? Est-ce qu'elle se rappelle même de lui ? Franky sert un client, puis s'approche de lui l'air de rien. « Whisky coca » commande-t-il froidement. Pas de bonjour, pas de s'il te plaît. Alors qu'elle s'apprête à lui préparer son Cuba Libre, il l'interrompt. « C'est tout ? » Il éclate d'un rire froid. « Putain, je viens de me taper près de deux jours de bagnole et c'est tout ce à quoi j'ai le droit ? » Il secoue la tête, atterré. « Quoi, tu te rappelles pas de moi, Francesca ? J'ai un peu changé, mais quand même, pas tant que ça. Moins que toi, du moins. C'est pour ça que tu t'es barrée ? Pour devenir mi-serveuse, mi-pute ? Classe. »
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MessageSujet: Re: paper planes. (franky) paper planes. (franky) EmptyLun 1 Juin - 11:34




“.You seem familiar, have I threatened you before ?.”
I believe the answer to that question,
like the answer to most questions, is fuck you


Garry, l'habituel poivrot à qui elle servait une double ration de whisky chaque matin à l'heure du petit déjeuner, décida qu'il était de bon ton de féliciter la jeune mariée. Un compliment peina à se frayer un chemin du plus profond de son gosier jusqu'à sa bouche, et lorsque ce fut le cas, Garry y ajouta une grimace indescriptible. Terminé les suggestions lascives et les regards lubriques, Franky était désormais une femme prise. Du moins, elle pensa (très naïvement) que l'alliance qu'elle portait fièrement à son doigt suffirait à écarter les balourds du style de Garry. Pourtant ils étaient encore là, à se régaler de son joli petit cul superbement empaqueté dans une jupe ne laissant aucune place à l'imagination. Mariée à Vegas, mais quel cliché. Un stéréotype dont elle se contentait allègrement. Rien n'avait changé depuis avant hier, excepté qu'elle n'était plus Francesca Carson, mais Madame Jaeden Di Sanseverini, et ça lui convenait très bien. Le reste demeurait indiscutablement le même et ça aussi, elle s'en contentait sans problème. Bientôt Las Vegas la verrait s'en aller pour d'autres aventures, donc elle pouvait bien laisser Garry grimacer sur son sort autant qu'il le voulait puisqu'une autre dinde prendrait sa place pas plus tard que demain, et ne manquerait pas de nourrir l'espoir qu'il trépasse rapidement avant de commettre l'erreur de le tuer elle-même, comme elle le ferait jusqu'à la dernière minute de son service. Sans faire attention à la porte grinçante, à ses collègues, ni aux clients qui attendaient une autre tournée, Franky s'amusa à tester son pouvoir de séduction sur un ado complètement pommé qui attendait probablement que sa mère ait rongé les derniers kilomètres qui la séparait de Vegas, où elle passerait un savon sur son attardé de gosse. Ce durant bien trente minutes, avant que son connard de patron la rappelle à l'ordre. Ce boulot était une calamité, une vraie. Barmaid au mapple leaf bar de la Nouvelle-Orléans était beaucoup mieux payé et comme elle était de connivence avec son boss, elle était libre de faire ce qu'elle voulait quand elle le voulait. Son boulot d'escort lui rapportait plus en un mois qu'un fonctionnaire de base ne pouvait rêver de gagner en un an. Du pognon, elle en avait plein les fouilles. Elle hésita à foutre son majeur dans le nez de Frank, son boss, et à lui sortir le sketch du '' au revoir président '', mais non. Va savoir, pas envie. Excellente barmaid, mais piètre serveuse, Franky s'en alla prendre la commande du nouveau client en traînant les pieds. Bonjour, merci, non ? Elle leva les yeux au ciel. Encore un trou du cul, pensa-t-elle, toisant ce petit con avec dédain. Encore un qui venait de s'offrir la grande spécialité de Franky : boisson et cracha. Immature, certes, mais une valeur sûre. « .Bah ouais c'est tout. T'es dans un bar, pas dans un strip club, mon mignon. » Cela dit vu son comportement, elle voulait bien lui concéder le droit d'en douter. Jaeden se serait empressé de lui en coller une et de lui enfiler un froc lui-même depuis longtemps s'il était là. Mais elle était vulgaire, dans son ensemble. Son comportement, sa façon de s'habiller, de penser, de vivre, tout. Tout était vulgaire. Franky n'était pas classe, et ne se fourvoyait pas lamentablement en pensant pouvoir l'être un jour. Aucune fibre d'elle n'était classe, ni distinguée et elle cultivait son genre '' petite effrontée dégueulasse des rues '' sans aucune honte. S'apprêtant à balancer du whisky et du coca dans un verre vite-fait, c'est sans compter sur l'intervention de l'illustre inconnu croisé trou du cul pour la dévier de son entreprise. Pardon ? Oh, elle s'était barrée à de nombreuses occasions et serait bien incapable de toutes les énumérer. La dernière en date visait à larguer Jaeden, excepté que tout ne s'était pas déroulé comme prévu et que maintenant, elle se retrouvait la bague au doigt. Quant au fait qu'on puisse l'insulter… un sourire fit son apparition sur ses lèvres. On la traitait très régulièrement de bien pire, grâce à quoi elle n'eut aucun mal à prendre le mot '' pute '' pour un compliment. Ce qu'elle pouvait prendre mal à la limite, c'était bien que ce mec était un total inconnu, qu'elle jugea d'un regard en biais, et se permettait la fantaisie de l'insulter après quelques mots seulement. « .Suce ta bite, espèce de clodo. » Toujours toute en finesse, et d'une poésie inimitable, la Franky. C'est tellement bien dit, et bourré de panache qu'elle aurait presque envie de rire d'elle-même, voir d'en être fière. En examinant ce visage avec minutie, son cœur fit un loupé. Bien sûr. Il n'y en avait qu'un comme lui. Un culot de ce genre, on en faisait si peu. Fallait en tenir une sacrée couche pour oser parler comme ça, et grâce à ça, Franky identifia l'individu en question. Elle dépoussiérait là un très vieux souvenir, un douloureux aussi. Comme quand on ouvre une boite avec un horrible jouet sur ressort, son enfance pitoyable lui sauta à la gueule. Kane, de son prénom, lui rappelait tout un tas de souvenirs, certains heureux et d'autres pas du tout. Mais ce dont elle se rappela prioritairement, c'était bien de la façon dont les choses s'étaient achevées. Dans le silence. Un silence qui lui ressemblait si peu. S'ils s'étaient engueulés, et démenés à se démolir moralement et physiquement, encore. Mais là non. Elle s'en était juste allée, en repliant juste quelques affaires et s'était faufilée dans la nuit. Sa fuite marquait bien la différence entre tous les autres et lui. Elle faisait toujours de grandes esclandres, de grandes démonstrations de force lorsqu'elle s'en allait. Mais là non. Elle lui avait fait l'honneur, lui avait prouvé son respect par son silence. Oui, elle avait changée depuis. Mais il n'avait pas à idée à quel point. Loin de la petite fille innocente qu'elle était jadis, Franky pourrissait un peu plus de jour en jour, rongée par des démons qu'elle ne comprenait pas. Kane lui rappela l'époque où elle était encore naïve, et pleine de rêves, de projets qui se ne réaliseraient jamais.« .Faut croire que t'as pas laissé un souvenir impérissable. » qu'elle balance d'un ton badin, contre toute logique. Elle le toise de bas en haut, et finalement, un sourire mesquin fait son apparition sur sa bouche finement maquillée. « .Nan, j'déconne. C'est à dire que j't'imaginais mort depuis le temps. » ajoute-t-elle, insolente comme toujours. Au début, il lui a manqué, vraiment. Kane était probablement la seule personne, en dehors de Jaeden, qui en avait vraiment quelque chose à foutre d'elle et elle s'en était rendue compte trop tard, une fois trop loin. Il l'a connu à cette époque où elle croyait encore que sa mère viendrait l'arracher aux griffes de ces foyers à la con, et où le scandale de son enlèvement n'avait pas encore éclaté. Il faisait partie d'une vie qu'elle voulait oublier, et l'avait sacrifié pour se faire. Finalement le temps s'est chargé de faire son œuvre sur elle, et elle a fini par oublier. Jusqu'à aujourd'hui. Si elle regrettait ? Non. Si le fait de le voir la poussait à regretter quand même ? Un peu. Mais elle arriverait à se convaincre qu'elle ne ressentait rien pour ce pauvre gosse devenu pauvre gars à la longue. Ni amitié, ni empathie, ni pitié, ni rien. Une minute fut amplement suffisante pour qu'elle lui verse sa boisson et la lui apporte. « .T'as fait deux jours de bagnole juste pour me voir ? Sweet. » finit-elle par lâcher, le ton railleur. Cute. « .J'en déduis que t'as un truc vraiment tendu à me dire alors. Quoi, t'as besoin d'un rein ? Tu vas t'marier ? T'as tué quelqu'un ? Fais-moi rêver Kane, me dis pas que tu t'es déplacé pour me traiter de pute en face, ce serait tellement minable et risible de ta part, putain. Je veux dire, après toutes ces années, franchement. D'autant que t'as pas l'air de rouler sur l'or et tout, donc ce serait dommage de claquer ton petit magot en frais d'essence et d'autoroute juste pour venir insulter une meuf qui s'en branle royalement. » Rien ne justifiait son comportement, mais elle était comme ça, Franky : insolente, irrespectueuse. Là se trouvait la grande parades des gamins perdus comme eux pour affronter la vie : la violence. Qu'elle soit physique ou morale, administrée à grande ou à petite dose.
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MessageSujet: Re: paper planes. (franky) paper planes. (franky) EmptyLun 15 Juin - 21:50

Il a des réflexes de gosse, Kane, des réflexes de gosse abandonné et taciturne. A voir Franky se trémousser le cul – ou presque – devant des paires d'yeux directement connectées à leur queue, il voudrait juste lui attraper le bras, la tirer de cet endroit de merde et lui gueuler dessus. C'est ce qu'il aurait fait, si elle s'était pas barrée comme une malpropre. Parce qu'ils auraient grandi ensemble, et elle serait devenue une vraie membre de sa famille, à part entière. Possessif, il aurait fini par lui demander d'adopter son nom de famille, juste pour dire qu'ils sont de vrais frère et sœur et alors il aurait le droit de l'attraper par le bras et lui gueuler des insanités, peut-être même lui foutre une trempe si elle s'aventurait à protester. Mais voilà, elle s'est barrée, et elle a grandi sans et loin de lui. Comme lui, elle a surement avancé dans la vie sans le moindre repère et elle est partie en couilles. C'est ce qui arrive aux gens comme eux, les paumés, les orphelins de l'amour qui n'ont pas la moindre idée de ce que ça veut dire, la famille. Pourtant, il l'a aimée, sa Franky. Il l'a aimée comme il a jamais aimé personne d'autre. Elle avait beau ne pas être de son sang, c'était tout comme. Alors la voir là, comme ça, comme une pauvre conne, ça lui brise ce qui sert encore de cœur, quelque part dans les tréfonds de sa poitrine. Si furieux qu'il soit contre elle, même des années plus tard, il avait espéré qu'elle tourne mieux que lui. C'est ce qu'on souhaite aux gens qu'on aime, pas vrai ? On veut qu'ils deviennent tout ce que soi-même, on deviendra jamais. Franky, elle est comme lui, loin d'être stupide. Et comme lui, elle aurait pu faire de grandes choses. Faut croire que c'est une tare de presque famille, de se planter dans les grandes largeurs. Elle pousse la provocation à le surnommer mon mignon, il hausse un sourcil blasé. Elle continue, et lui ne peut que serrer les dents et son poing. T'es pas venu foutre le bordel Kane, qu'il se sermonne. Mais attends, il est venu pourquoi, au juste ? Il sait pas. Voilà le triste constat. Tant de kilomètres parcourus et finalement, tout ce qu'il voulait faire, toute la bile qu'il voulait lui déverser à la gueule s'est envolée. Peut-être que le temps a fini par panser une partie de ses blessures. Ou peut-être pas. Il en sait rien, Kane, c'est pas comme s'il avait l'habitude de réfléchir avant d'agir. Non, lui il fonce directement dans le tas, cogne, avise ensuite. « Ferme ta gueule » répond-il, avec au moins autant de panache qu'elle. Qu'elle lui semble loin, l'époque où ils dormaient ensemble, se serrant l'un contre l'autre en se promettant de jamais se quitter. Elle a l'air prise au dépourvu, mais se ressaisit vite. Ses sourcils se sont froncés, comme si elle venait enfin de capter. Bah ouais Franky, c'est moi, tu te souviens pas de moi ? Le gosse que t'as abandonné, parce que tu vaux pas mieux que les autres finalement, Franky. Toi aussi, t'es pourrie jusqu'à la moelle. Elle l'imaginait mort ? Ouais, c'est pas la seule. Les chances de survie d'un type comme lui frôlent largement le néant, peut-être même qu'elles sont passées en-dessous de zéro. C'est déjà miraculeux qu'il soit encore capable de se taper tous les Etats-Unis pour venir la retrouver et lui en foutre plein la gueule, elle devrait apprécier. Mais non, parce que Francesca « Franky » est ingrate, et c'est tout ce qu'elle trouve à lui dire, qu'elle pensait qu'il aurait crevé depuis le temps. « Je suis pas passé loin » qu'il se contente de grogner, le visage fermé. C'est que la liste des types qui voudraient le saigner s'allonge de jour en jour, et la taule a pas aidé à se faire des amis. Pourtant, il était calme, il était discret, le genre de pensionnaire qui fait pas de vague, qui se contente de faire sa peine dans l'espoir d'un jour retrouver un semblant de liberté. Faut pas rêver. La vraie liberté, il la connaît pas, il la connaîtra jamais. La liberté, c'est un truc pour les connards blindés de fric qui peuvent se l'acheter. Lui, il sait pas à quoi ressemble, quel goût, quelle odeur ça peut avoir. Alors il a un truc qui s'en rapproche vaguement. Qui lui permet de pouvoir sortir sans bracelet autour du pied, sans menottes autour des poignets, qui lui permet de prendre sa vieille bagnole défoncée pour un road trip avec une destination précise, mais sans aucun bout. Franky le raille et lui, il se contente de serrer les dents. Que pourrait-il dire d'autre, quand lui-même n'a pas la moindre idée de ce qu'il vient foutre là ? Il a voulu, oh qu'il a voulu lui en foutre plein la gueule, mais à quoi ça servirait maintenant ? Son sourire insolent rivé sur sa gueule trop maquillée, elle se détourne pour lui servir son verre avant d'en rajouter une autre couche. Kane se renfrogne, l'écoute parler sans rien répondre. Jamais elle la ferme ? Elle était pas si bavarde, quand elle était gamine. « Ca y est t'as fini ? » commente-t-il quand elle la boucle enfin. Il avale une gorgée de son whisky coca, dégueulasse. « Rassure-moi, tu comptes pas me faire payer mon verre, si ? Même ma pisse aurait meilleur goût » qu'il ricane. « Je suis venu t'en foutre plein la gueule. Enfin c'était le projet à la base. J'ai la rancune tenace, tu vois, en un an de taule j'ai eu le temps de réfléchir à plein de trucs. J'en suis venu à la conclusion que... » Que quoi ? Qu'il est devenu un loseur à cause d'elle ? Allons, soyons sérieux, il avait les cartes en main d'entrée de jeune, bonne pioche dès la naissance. « que je méritais des explications. Il est jamais trop tard, Franky, pour s'expliquer. » Ironiquement, il aurait aussi pu venir lui annoncer la bonne nouvelle : Kane a un gosse. Ouais, un gosse, un vrai de vrai. Mais comme Malo n'a pas encore eu la délicatesse de le lui annoncer, il se tapera probablement un nouveau voyage, prochainement. Ou alors il sera plus intelligent, se contentera d'un faire-part. « Et puis finalement je te vois, là, face à moi, je me dis que ce serait con de t'en foutre plein la gueule, je veux dire, t'es là, rien que ça ça en dit long, tu fais très bien le job toute seule. » Il éclate d'un rire mauvais et sans chaleur. « Mais je peux aussi t'annoncer que j'ai buté un mec ouais, si tu veux donner un sens à ma visite surprise. C'est pas faux, alors... » Il dit ça en haussant les épaules. Tabasser un mec à mort parce qu'il était de mauvaise humeur ? No big deal. Peut-être que le mec est pas mort, au final, il en sait rien, juste qu'il agonisait sur le trottoir, la tête pissant le sang, quand il s'est barré. S'il a survécu, il doit être encore dans un sale état. « Alors je suis là, ouais. J'ai claqué le peu de fric que j'ai pour une putain de barmaid à la dégaine de pute. Ca doit être le karma. » Il continue de ricaner, d'un ricanement qui sonne faux, mal assuré. Il y arrivera pas. Il arrivera pas à lui en foutre plein la gueule. C'est Franky. Elle est encore là, sous sa tonne de maquillage, sa tenue trop courte et ses seins trop en évidence. Elle pourra essayer de tromper son monde tant qu'elle veut, lui, il la voit encore la gosse paumée.
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Cameron Eynsford
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