Après près de cinq heure de vol, le bulgare était enfin arrivé dans la ville du jeu. Le soleil brûlant du désert du Nevada, les relents de vice qui flottaient dans l'air, les clubs et les casinos qui bordaient le Strips avec un plaisir malsain. Baptist n'était jamais venu à Vegas, son emploi du temps de jeune faux délinquant et meurtrier avait empêché cette envie de découvrir les vices qui se déroulaient dans cette ville mythique. Sa valise déjà dans sa chambre, son envie de dépenser quelques dollars dans un bar avec une bonne bière, Baptist commençait son arrivée à Vegas en beauté. Ses cheveux blonds ébouriffés et ses grands yeux bruns chocolats observant avec l'attention d'un enfant tout ce qui l'entourait. Assis dans un bar avec sa bière dégoulinante de fraîcheur devant lui, il se sentait bien, loin de tout ce qu'il connaissait, loin d'une pression presque constante sur ses épaules. Cela ne le prenait pas souvent, mais il aimait s'éloigner de New York. Là bas, il devait s'occuper d’énormément de choses. Son boulot, sa famille, sa colocataire, les nouvelles révélations d'Edea qui s'était joué de lui pendant des mois. Baptist n'était pas un grand parleur déjà à la base, préférant passer directement à l'essentiel quand il parlait. Pas de chichis, pas de sous entendu. Il disait clairement ce qu'il voulait dire, il ne s'encombrait pas de petits mots ou de détours, il ne tournait pas autours du pot. Et malgré le fait qu'il ne soit pas très proche de Edea, il l'appréciait un minimum, et il pensait que leur relation, si simple soit-elle, était sincère. Encore une fois, il s'était vu prouvé que sa naïveté n'était qu'une belle et grosse connerie. L'humain n'est pas capable de sincérité, mais que de mensonge. Depuis une semaine, il n'avait pas adressé un mot à la jeune fille. Il était parti, lui disant de ne pas essayer de le recontacter tant que lui ne le faisait pas. C'était ainsi. Deux jours plus tard, il partait pour Vegas. Le but de son voyage n'était pas de se détendre, de profiter des joies des clubs de strip tease, ni de parcourir les bars à la recherche d'une bonne compagnie pour finir sa nuit moyennant finance. Il aurait bien aimé le petit coquin mais c'était le travail qui parlait. Son rédacteur en chef l'avait prié de faire un article sur les deux jeunes princesses écossaises qui avait monté une belle boite de cosmétique à Vegas. Comment deux princesses ont-elles réussis à se frayer un chemin dans le monde de la cosmétique de luxe ? Quels produits recommandent-elles pour les jeunes it girl de New York ? Sont-elles célibataires, ont-elles le temps pour leur vie personnelle avec tout ce travail ? Qu'elle est la motivation derrière ce départ de leur Écosse natale et de leur statut ? Tant de question. Bien entendu, Baptist n'était en rien intéressé par la cosmétique et de la royauté écossaise. A vrai dire, il s'en fichait un peu de savoir pourquoi deux princesses sortit de nulle part venait à Vegas. Le jeu, l'aventure, l'éloignement d'un environnement familial assez particulier. C'était souvent les réponses à ce type de personne. Celles qui ont des vies parfaites. Il s'attendait à des filles assez superficielles, celles qui ont des talons aussi haut que leur bras, et une de ces voix de crécelles qui vous percent les tympans. Il voyait déjà le cliché de la princesse, ayant toujours été entouré de l'élite, quelque soit le continent. A Sofia, il était dans les meilleures écoles privées, toujours le chouchou car travailleur et mystérieux, les meilleures notes mais parce qu'il cherchait un moyen de s'exporter. De ses onze ans à ses seize ans, il travaillait pour sa mère, pour obtenir une bonne place dans une université et faire partir sa mère de la maison où le fantôme de son défunt père les hantait. A présent, il partait seul, loin du deuil non fait de son beau père. Dire qu'il était plus proche de lui que de son géniteur. Finissant sa bière, laissant avec la mousse dans le fond ses sombres pensées, il partit du bar, rejoignant son hôtel. MGM Grand Hotel. Il n'avait pas été avec le dos de sa cuillère. Du moins, Jonathan, son rédacteur en chef. Le trajet fut court, son taxis ayant pris des raccourcis. Il put admirer tranquillement les personnes flânant sur le Strip à la recherche d'un but pour le reste de la journée. Arrivé à l'hôtel, il donna quelques instructions à l'hôtesse d’accueil. « Bonjour, je suis dans la chambre 1256. J'ai un rendez vous à 15h et il faudrait la faire monter dans ma chambre. Son nom est Gabriella Cunningham. Envoyez la directement. Elle devrait être ponctuelle. 15H, n'oubliez pas. » Il prit ses précautions, sachant que parfois le personnel hôtelier n'était pas des plus compétents. M'enfin, dans un si grand hôtel, il ne devrait pas y avoir de problèmes. Il prit le chemin de sa chambre, tapotant sur son téléphone, répondant aux derniers sms de Milena. Elle lui manquait. Sa brune de meilleure amie/soeur/relation fusionnelle/détonateur de bombe lui manquait. Il n'y avait pas assez de mots pour décrire ce qui les unissaient. Et c'était tant mieux comme ça. Il n'avait pas besoin d'étiquette dans sa vie. L'avantage du Baptist. Il était 14h15. L'heure pour lui de se préparer et de préparer la rencontre. Il avait vu une photo de la jeune femme, et elle était splendide. Il avait beau avoir plein de préjugé, il savait au moins une chose : il ne voulait pas passer pour un pouilleux devant elle. Douche, rasage, discipline des cheveux, parfum Hugo Boss et costume Armani, il était près. Baptist avait beau dire qu'il ne profitait pas de l'argent de sa mère, il profitait assez bien des cadeaux qu'elle lui offrait de manière quotidienne. Il était à présent 14h45. Prenant son calepin, fermant la partie chambre et passant dans le « salon », il prit place, commanda une cruche d'eau et un assortiment de petits cupcakes qu'on lui apporta à 14h55. Il s'assit alors, attendant qu'une jeune femme entre dans la chambre d'hôtel. Et elle ne put être moins ponctuelle. 15H tapante. « Bonjour mademoiselle Cunningham. Baptist Valentin, c'est moi qui vous interviewerais cette après midi. » Lui serait la main, il ne pouvait pas s'empêcher de pense : qu'elle était belle. Ses grands yeux noisettes, ses cheveux bruns tombant sur ses épaules. Petite mais pas trop. Juste trois quart de tête en moins que Baptist. Il papillonna des yeux pendant un moment avant de se reprendre. Il l'invita à s'assoeir et à prendre place sur le siège en face de lui, se préparant mentalement à plus tard, quand il devra réfléchir à comment garder contact avec cette jeune femme.