Un bal. Si les années passées, la discrétion avait été de mise, l’événement deviendrait grandiose cette fois-ci. Préparée, pouponnée et maquillée, la brunette se préparer pour la soirée. Son sourire annonçait les idées romantiques et décalées qui se formaient dans un coin de son esprit. Sa robe caressait son corps aux formes rebondies. Chaque petite parcelle de sa personne respirait la joie. Un sentiment et impression que la gamma cultivait avec soin.
La soirée avait commencé comme à son habitude. Les plus fous jetaient l’ambiance à la figure de tous dans l’espoir qu’elle contaminerait tout le monde. Et tout le monde suivi, ou presque. L’alcool n’avait jamais séduit Faith, comme elle n’avait jamais séduit personne. Aussi, la brunette remplissait ses verres elle-même minant de boire, mimant l’ivresse et le bonheur en bouteille. En réalité, son regard chassait une proie précise : Jake. L’omega avait gagné le cœur de la jeune femme des mois plus tôt et ne prenait pas la peine de lui rendre. L’événement à ne pas manquer se déroulait ce soir et la majorité des omégas se noyait dans celle des gammas. Les plus gros fêtards de l’université battaient le sol de leur danse et divers autres pas de séduction.

Faith avait laissé le temps faire les choses. Jake devait boire un peu pour être cueilli. La rencontre paraîtrait fortuite, là où elle avait été minutieusement calculée. Malheureusement, une autre fille ne cessait de tournoyer autour de son Jake. Des mouches à merde, songea la jeune gamma en serrant les dents. Si une miracle ou une action ne lui permettaient pas d’approcher, l’oméga se retrancherait derrière en rempart de gonzesses à ricanements stupides. Allons y qu’une main traine sur le torse tandis que cette blondasse glousse comme une poule dans la basse cours. Que faire ?

Soudain, l’idée germa. Au fur et à mesure de son intégration au sein de sa confrérie, la jeune femme avait dû apprendre et surtout jouer. Faire semblant était devenu son art favori. Depuis toujours, Faith jouait divers rôles : la fille à papa, sage et intelligente, le génie en manque d’adrénaline et sans limite et pour finir la perverse, un peu timide et trop maladroite. Cette facette lui avait permis de se faire une place dans la confrérie. Son franc parlé lui avait couté plusieurs gifles et bagarres ! Et alors ?

Un pas tituba pour se placer entre Jake et la fille en question. Un rire quasi-ivre franchi ses lèvres alors qu’elle pointait son verre de vodka grenadine sous le nez de l’intruse. Après tout, soit proche de tes amis et plus encore de ses ennemis. Malheureusement, la moitié se renversa dans le décolleté de la mouche à merde prête à se faire écraser par le culot de la gamma.

« SALUT ! » Hurla-t-elle dans les oreilles de la concurrente. Pas de pitié pour les grognasses ! Si elle pouvait lui retirer un peu d’audition pour arriver à la faire partir, Faith n’hésiterait pas. Elle tendit la main pour tripoter allégrement la poitrine de la fille en mimant de la débarbouiller. On se demanderait pourquoi Jake la pensait homosexuelle.

« C’est bon. » Grogna la fille en repoussant la brunette. « C’est bon… C’est bon là ! »

Finalement, elle repoussa Faith avant de lui loger sa main dans la figure et de s’enfuir en râlant. Les doigts de la gamma rejoignirent sa peau rougit pour caresser doucement alors qu’elle se tournait vers Jake.

« Elle est pas marrant ta copine quand même ! Tu me fais un bisous pour faire partir la douleur ? » Demanda-t-elle en pouffant derrière sa main. La joue tendue vers lui, elle espérait. Maladroite, un peu lourde, elle jouait son rôle à la perfection, celui de la fille maladroite et peu fine.

La soirée prenait une tournure des plus plaisantes. Jake accordait toute son attention à Faith. Cette étrange situation donnait envie à la gamma de rendre les choses encore plus intenses. Le verre offert par Jake tournait délicatement entre ses doigts. A cet instant, il semblait être la chose la plus précieuse qu’elle possédait au monde. Tous les bijoux, tous les trésors de son coffre-fort n’égalait pas l’attention que Jake lui portait et plus encore les présents qu’il lui accordait.

« Alors c’est dont ça. Les rêve des hommes ne sont pas si différents de ceux d’une fille. » Toute personne normalement constituée avait envie d’obtenir de l’attention. Les doigts de Faith quittèrent son verre pour glisser sur le comptoir et effleurer Jake.

« Les gens oublient d’accorder de l’attention aux personnes qui leur sont chères. Puis un jour, elles disparaissent.»

La phrase se gonflait de tristesse et pourtant, Faith souriait, loin de la vague de nostalgique et de leçon qu’elle pouvait avoir l’air de donner. Au fond, la brunette ne souhaitait pas pousser la soirée dans une discussion philosophique. Non, elle ne faisait que préciser à Jake qu’il était important pour elle. Faith souriait bêtement en écoutant son compagnon lui raconter qu’il n’était jamais seul comme si à l’intérieur de son tête. Après tout, plus on est de fous, plus on rit !

« Ce que je te ferais faire ? Et bien, tout dépendrait la soirée. » Répondit Faith dans un rire qui la poussa à récupérer son précieux verre.

Un état des lieux s’avérait nécessaire. La gamma redressa le nez pour observer autour d’elle. Les filles dansaient. Les hommes buvaient, suivant les filles sur les pistes de danse pour mieux se frotter. Quelques bouteilles trainaient par-ci par-là. Voilà, le cœur de son challenge.

« Je te mettrai au défi de piquer l’une des bouteilles sur les tables. Je préfère la vodka. » Assura Faith dans une moue malicieuse. « Et toi? Si j'étais chez les Omégas, que me ferais tu faire? »

Les gammas ne faisaient pas les choses à moitié. Les défis gardaient toujours un côté dangereux, un poil interdit. Mais piquer une bouteille dans une soirée n’avait rien de terrible. Il suffirait de faire croire à une erreur, à une ivresse passagère pour se faire pardonner. Evidemment, les personnes autour gardaient sagement un œil sur leur précieuse bouteille. Voler avait toujours été un art chez Faith. Faire disparaître des portes feuilles, des montres, des clefs et s’introduire partout où elle le pouvait n’avait rien de complexe. On l’entrainait depuis toute petite. Et puis, elle devait admettre que les pires voleurs ici même n’étaient pas le malheureux qui s’en prenait à une bouteille mais le propriétaire de la boite. Le prix d’une de ces choses frôlait l’horreur. Les boites de nuit se permettaient de faire monter les tarifs sans problème. Ou pourrait consommer les clients, une fois prisonniers dans la boite ?