Ce jour la, elle portait une robe en satin d'un rose très pale. Sans manche, elle se rattachait sur la nuque à l'aide de ruban qui s'enroulaient délicatement autour de son cou. La robe, serrée, était telle une seconde peau et dénudait le dos. Ses longs cheveux blonds étaient détachés et ondulaient venant se terminer presque au niveau de ses reins. Elle portait des escarpins qu'elle avait réussi à trouver, miraculeusement, de la même couleur que sa robe. Pour les avoir, elle avait bataillé, mais elle avait vaincu ! Bien droite, elle sortit de sa chambre et entreprit de descendre l'escalier de marbre du petit hôtel particulier que la famille Kensington pouvait occuper grâce à la fortune apportée par le père de Lucrezia. En arrivant en bas ce fut son frère qu'elle rencontra en premier, immédiatement leurs regards se croisèrent et leurs lèvres s'étirèrent. Le frère et la soeur étaient quasiment complémentaire. Lui, aurait pu trucider n'importe quel homme si jamais il s'avisait de faire du mal à sa chère petite Lucy. Elle le serra brièvement dans sa bras avant d'aller dans le salon. Il ne venait pas, une affaire de fille, c'était l'excuse qu'il avait trouvée. Cela n'étonnait guère Lucrezia; ses parents ne pouvaient également pas l'accompagner. En entrant dans cette pièce, des souvenirs de son passé lui revinrent directement en mémoire. Elle déplorait tellement le choix de sa mère, à savoir changer la traditionnelle décoration vénitienne pour un intérieur bien plus moderne que Lucrezia trouvait froid et sans âme... Remarquez, cela reflétait très bien sa personnalité ! Il n'y avait rien à faire, à chaque fois que la blonde tentait de se rapprocher de sa mère, cette dernière s'éloignait un peu plus.
Elle cligna des yeux et sortit de ses pensées. Elle remarqua directement Alec, son actuel petit ami, qui était assis sur un canapé crème. Elle arriva jusqu'à lui en exagérant son déhanché, ayant pour but d'attirer son attention. L'homme avait le regard vissé sur son téléphone portable. Lucrezia, en plantant juste en face de lui demanda:

-Alors ? Comment me trouves-tu ? ,et elle accompagna cette phrase d'un petit tour lent sur elle même, comme pour lui donner l'occasion d'avoir un aperçu détaillé de sa tenue.

Alec, sans lever les yeux de son téléphone, répondit:

-Très belle chérie, comme à ton habitude.

Lucrezia leva les yeux au ciel. Elle en avait de plus en plus assez. Les jours passaient et elle se lassait de ses réactions, du désintérêt qu'il lui portait aujourd'hui. Au tout début de leur relation, ils s'entendaient si bien ! Là, la blonde trouvait le tout plat, elle ne ressentait plus ce désir ardent qui l'avait possédé dès qu'elle avait posé ses yeux sur Alec. D'accord il était bien bâtit, d'accord il avait des traits qui pouvaient faire effet à beaucoup de femmes, mais cela ne faisait pas tout, et Lucrezia sentait qu'il s'éloignait. Elle ne tenta pas de répliquer, elle était trop fatiguée pour le faire car cela conduirait droit vers une nouvelle dispute, c'était la dernière chose qu'elle souhaitait ! Surtout qu'ils étaient tous invités chez des amis de longue date. A chaque fois que les Kensington venaient à Venise, il était impossible pour eux de ne pas rendre visite à ses amis. Lucrezia s'entendait bien avec le couple; ces derniers avaient un enfant, une fille plus exactement qu'elle trouvait adorable, bien qu'elle n'était absolument pas prête à être mère. La petite était très bien élevée et grâce à son jeune âge ainsi que son innocence, elle se retrouvait à dire certaines choses vraiment drôles.
Guy et Annia, c'étaient eux. Ce fut elle qui lui ouvrit la porte. Lucrezia ne put s'empêcher de lui adresser un sourire chaleureux et de la serrer au passage dans ses bras. Les Kensington, uniquement représentés par la fille donc, firent quelques pas dans le hall d'entrée avant de voir arriver Guy qui salua vigoureusement les deux arrivants. La jeune femme s'avança vers lui:

-Regarde, j'ai bien pensé à toi !

Elle lui tendit une bouteille de vin rouge, un grand cru français. Elle savait que son ami préférait les vins italiens, et elle l'avait fait exprès, bien entendu. Malgré leurs quelques années de différence, ils n'arrêtaient pas se taquiner. Il s'avait qu'il devait prendre le cadeau comme une plaisanterie et non comme un affront. Il lui administra une petite tape amicale sur l'épaule et ajouta:

-Ta légendaire générosité à ce que je constate, Lucy !

Lucrezia pouffa légèrement et rejeta ses cheveux en arrière. Pour facilité la tâche à Annia, les deux femmes avaient décidé d'un commun accord que les Kensington s'occuperaient du dessert. Lucrezia n'avait pas pour habitude de faire la cuisine mais lorsqu'elle y mettait de la bonne volonté, elle pouvait arriver à un certain résultat qui n'était pas si mauvais ! Elle tendit donc à son amie le gâteau qu'elle avait confectionné (le fameux et célèbre tiramisu):

-Je ne sais pas à quoi je vous expose ! J'espère que vous êtes prêt à prendre des risques !

La jeune Valentine, elle, a droit à une peluche de tigre que Lucrezia a ramenée des Etats-Unis. En lui donnant la peluche, elle lui fit un clin d'oeil en lui demandant si elle n'est pas trop vieille pour ce genre de cadeau. La petite secoue la tête à la négative et lui claque un baiser sur la joue avant de détaler en lançant son cadeau en l'air. Les lèvres roses de Lucrezia s'étirent de nouveau en un franc sourire.
Tout le monde finit par s'installer au salon. Alors qu'elle se place près d'Alec, la blonde pose délicatement une main aimante sur la main de son compagnon. Ce dernier pousse un petit grondement montrant son désaccord. C'est donc une aubaine, un soulagement lorsqu'un nouvel arrivant fait son entrée. Oui, c'est vrai, elle se souvient à présent ! Annia lui a bien dit au téléphone qu'ils invitaient un ami de longue date. Lucrezia en a souvent entendu parlé, un certain Deeklan, mais ne l'avait encore jamais vu. Elle devait bien avouer être très intriguée et avoir, à de nombreuses reprises, imaginé à quoi il pouvait ressembler. Lorsqu'elle se leva du fauteuil dans lequel elle reposait, elle retint son souffe. Et lorsqu'elle put enfin distinguer ses traits, elle avoua qu'elle ne fut pas déçu. Il portait Valentina dans ses bras et quand les présentations se terminèrent il lui dit:

- Enchanté Lucrezia. Quel prénom charmant.

Elle inclina la tête sur le côté, dévoilant légèrement son cou:

-Enchantée également. Oh, dans ce cas, c'est ma mère qui vous devez féliciter pour ce choix ! Elle tenait absolument à ce que je porte un prénom italien.

Et elle accompagna ses paroles d'un petit rire. La remarque suivante de Deeklan parvint jusqu'aux oreilles de Lucrezia; cette dernière entrouvre les lèvres, et lui sourit largement en guise de remerciements. Au moins, lui, il la regarde... Ce n'est pas comme Alec, toujours avec son téléphone portable et qui n'accorda qu'un bref instant un nouveau venu. Pathétique. La jeune femme avait une folle envie de lui en coller une; mais elle avait des manières et il était hors de question pour elle de se faire remarquer chez des amis et encore moins devant quelqu'un qu'elle ne connaissait pas.
Quand Annia présenta Deeklan, les yeux de Lucrezia s'agrandirent. Etats-Unis, San Francisco; quelle étrange coïncidence ! C'est alors que la maîtresse de maison, suite à un appel désespéré de son mari en cuisine, se lève pour lui prêter main forte. La blonde jette un coup d'oeil à Alec qui est toujours sur son téléphone, avachit sur le canapé. Elle reporte son attention sur le second homme, avançant son buste et croisant sa jambe gauche sur la droite laissant ainsi le tissus de sa robe remonter d'un ou deux centimètres:

-San Francisco c'est bien cela ? Je dois dire que je suis très surprise, ma famille et moi même vivons là-bas également ! Vous-y êtes installé depuis combien de temps ?

Alors qu'elle pose cette question de façon très simple, les yeux de la jeune femme s'attardent sur les traits de Deeklan. Les prémices d'un sourire se dessinent une fois de plus; elle doit bien avouer qu'il a un côté séduisant, quelque chose d'attirant; et lui, au moins, parle ! Un ultime coup d'oeil vers Alec ? Totalement inutile...

- Et bien, depuis toujours. Je suis né là-bas. Mais en effet, quelle agréable coïncidence. Vous êtes ici en vacances ?

Lucrezia hoche la tête de façon affirmative tout en calant une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille. Elle croise rapidement le regard de Deeklan, comme pour garder toute son attention:

-Effectivement. La famille de ma mère a toujours eu une propriété ici, mais comme nous vivons actuellement aux Etats-Unis, nous venons que rarement à Venise ces derniers temps...

Trop rarement pensa-t-elle alors qu'elle jetait un coup d'oeil vers une des hautes fenêtres qui laissait filtrer un doux soleil. Elle frissonne doucement et revient à la pièce principale. Elle porte à ses lèvres la coupe à champagne qui était posée juste devant elle et en boit une gorgée; l'alcool est frais et pendant un instant elle oublie qu'Alec est le dernier des crétins. Heureusement pour elle, l'homme qui à fait son apparition, à savoir Deeklan, semble bien plus intéressé que par celui étant censé être son compagnon officiel. Lucrezia tapote sa cuisse de ses doigts fins comme pour calmer une envie qui la démangerait, une envie de retourner une claque magistrale oui !
Annia et Guy reviennent avec de quoi manger. Au passage, la blonde attrapa délicatement la maîtresse de maison par le bras, la félicitant sur sa cuisine et lui demandant si elle a besoin d'une aide quelconque. Non, Annia prie seulement Lucrezia de tenir compagnie à Deeklan, chose qui bien entendu, ne sera pas la plus compliquée à faire ! Kensington fille le trouve absolument charmant, et il en a des manières !

- Elle est adorable.

A cette remarque, Lucrezia sourit. Il est vrai que Valentina a toujours était un amour. Ses parents l'ont très bien éduquée et pour l'instant elle est une petite fille agréable qui ne fait pas de caprices pour un oui ou pour un non. Elle semble particulièrement apprécier Deeklan. Une pointe de jalousie vient perler au creux du coeur de la jeune femme: la petite fille n'a jamais été aussi proche d'elle, mais comment en vouloir alors qu'elle n'est qu'une enfant ?! Et puis, a bien y réfléchir, elle aussi, lorsqu'elle était jeune, elle préférait être avec son père... Certainement parce que ça mère ne lui a que très peu témoigné de l'affection. Mais pour Valentina, ce n'est pas le cas; elle a deux parents aimant et c'est tant mieux pour elle ! Lucrezia se penche vers la fillette et lui fait un clin d'oeil:

-Tu as raison, ça doit être bien plus agréable d'être là, non ?!

Valentina hoche vivement la tête en riant légèrement. La blonde, quant à elle, n'a pas dit cela dans le but de provoquer Deeklan, pas du tout. Ce sont souvent les enfants qui aiment se nicher sur les genoux d'un adulte lorsqu'ils en ont encore l'âge. Mais en tant que couple, la chose ne choquerait pas bien plus si c'était le cas pour des adultes. Et Alec ne semble pas du tout disposer à mettre ses jambes à disposition. Lucrezia hausse faiblement les épaules. L'atmosphère se détend soudainement et elle peut enfin parler en toute liberté. Elle est d'ailleurs très surprise en constatant que Deeklan affectionne particulièrement les meubles anciens et le style vénitien. Comme c'est étrange tant de coïncidences ! Elle se délecte de ses paroles, mais tâche de ne pas le lui montrer trop ouvertement:

-Je suis tout a fait d'accord ! Voyez-vous, ma mère a fait redécorer l'hôtel particulier familial dans un style moderne très criard. Ce matin encore, je me trouvais mortifiée devant une telle chose; maintenant, je trouve la maison bien froide et sans âme.

Par la suite, elle embrassa la pièce dans laquelle ils se trouvaient d'une grand geste de la main et continua:

-Alors que la leur est tellement accueillante ! On se sent tout de suite à l'aise. Et puis, Annia et Guy sont tellement formidables !

Elle disait cela avec sincérité. Malgré leurs quelques années d'écart, Lucrezia s'était tout de suite bien entendu avec Annia. D'accord s'était une femme et entre femme on a vite tendance à se soutenir, solidarité féminine à ce qu'on dit. Mais soyons clair, il y a des femmes que Lucrezia ne peut pas se voir en peinture (sa mère par exemple, est une de ces femmes !). Non, avec Annia, c'était différent; la blonde voyait très bien à quel point son amie était gentille et souvent attentionnée. Et puis on ne pouvait que s'attendrir devant le couple qu'elle formait avec Guy... Ils s'étaient vraiment bien trouvé et elle en était très heureuse pour eux.
On passa ensuite à table. C'es fou, les mets sont tous plus beaux et plus bons les uns que les autres. A chaque fois, la jeune femme s'émerveille encore et encore, elle ne peut pas s'en empêcher et félicite Annia, il faut vraiment qu'elle lui livre son secret: comment fait-elle pour gérer une famille et s'occuper si bien de régaler ses invités. Alors qu'elles échangent un rire discret et complice, Lucrezia est tirée de ses pensées par un léger tintement au sol. La cuillère de Deeklan vient de tomber. Machinalement, Kensington fille se penche pour la ramasser, habitude qui a dû aussi traverser l'esprit du propriétaire temporaire de l'objet. Et leurs regards se croisent, juste quelques secondes mais cela est largement suffisant. La main de la jeune femme reste en suspend et alors que son souffle s'accélère légèrement, là, à l'abris des yeux indiscrets, elle est prise d'une fugace envie de coller ses lèvres contre celles de l'homme. Où serait le mal ? Personne ne pourrait les voir, ils sont bien protégés par la table. Elle mordille discrètement sa lèvre inférieure, comme pour se faire revenir à la réalité. Et c'est là que la vérité lui saute au visage: avec Alec, elle n'est pas heureuse. Il a fallu qu'un parfait inconnu s'intéresse à elle pour se détourner de son compagnon. Mais comment ne pas s'en détourner quand on voit comment il se comporte avec elle ?
Lucrezia se redresse lentement alors que Deeklan lui adresse un discret 'merci'. Elle lui sourit faiblement, un brin attristée par cette révélation. Alec est placé à sa gauche. Elle se tourne délicatement vers lui et pause une main sur son avant bras. L'homme, en grande conversation avec Guy, réagit enfin à son contact; enfin réagit, c'est bien vite dit ! Car la seule chose qu'il se contente de faire, c'est de tapoter quelques secondes et sans tact réel la main de Lucrezia de celle qu'il a de libre. La blonde soupire, c'est peine perdue. Alors que le dessert est bien entamé, la conversation finit par s'orienter vers un bal qui doit justement se dérouler ce soir. Lucrezia se redresse vivement sur sa chaise, les sens en alerte: les bals, elle adore ça ! Mais visiblement ce n'est pas le cas d'Alec; une fois de plus Lucrezia hausse les épaules, elle en a rien a faire de son avis ! Elle veut s'amuser et compte bien y parvenir ! Alors que Guy bougonne car sa femme a bien failli lui échapper pour cet événement, Deeklan propose alors:

- Lucrezia ? Ne me refusez pas cela après la déception dont je viens d'être l'affreuse victime ...

La jeune femme se laisse aller et éclate d'un rire franc:

-Si vous êtes une victime, alors je ne peux refuser voyons ! Plus sérieusement, cela me ferait très plaisir, et comme cela ne semble pas déranger Alec...

En réalité ces derniers mots sont sans appel. Alec n'a pas son mot à dire dans l'affaire. Elle lui adresse un sourire très faux, celui qu'elle nomme son 'sourire commercial', celui où elle révèle sa rangée de dents blanches et battant des cils. Ce dernier marmonne quelque chose avant que Lucrezia ne puisse saisir qu'il s'en fiche pas mal:

-Bien ! Dans ce cas, c'est réglé ! Deeklan, je vous accompagne et croyez moi, j'en suis honorée !

Entre temps, la table a été desservie. La blonde lève les yeux vers la pendule murale en bois massif accrochée au mur d'en face. 17H30. Lucrezia interrompt dicrètement Guy pour lui demander si le début du bal est bien a 19H30, soit dans deux heures. Il hoche la tête vigoureusement. Elle échange ensuite un regard avec Annia et les deux femmes se comprennent. Il est temps pour elles de se retirer, elles doivent se préparer; un bal cela n'est pas la même chose et Lucrezia se verrait bien mal rester dans cette tenue. S'excusant auprès du petit groupe, elle attrape Alec par le bras sans ménagement avant de se retourner vers Deeklan:

-Je reviens une fois prête, les filles mettent du temps à se préparer pour ce genre d'occasion !

Et elle s'élance à l'extérieur tirant Alec derrière elle. Alors qu'ils passent la porte d'entrée de chez les Kensington, Lucrezia se précipita dans les escaliers pour se ruer vers sa chambre, laissant son compagnon en plan. Elle fait coulisser les portes de son grands dressing (pour ne pas dire immense) et commence à partir à la recherche de la robe idéale. Les tissus sont bougés, du taffetas, du tulle, de la soie et autre, tout y passe. Peu à peu le sol se retrouve jonché avant qu'enfin, ses doigts rencontrent la perle rare. Oui... Celle-ci l'a déjà aidé par le passé, pourquoi ne serait-elle pas une sorte de porte-bonheur ? Parfais ! Elle prend une douche et une fois sèche, l'enfile (robe -> Ici). Elle remonte ses cheveux en un chignon simple, laissant quelques longues mèches de cheveux tomber ça et là sur sa nuque. Elle orne son poignet d'un bracelet assortit à sa tenue et accroche à ses oreilles des boucles en forme de goutte d'eau. Pas de collier, son buste n'en a pas besoin. Le maquillage se fait lui aussi discret, elle accentuera juste un peu plus les yeux, ayant par la suite un regard charbonneux. Une fois prête, elle regarde de nouveau l'heure: 19H10. Très bien, il ne lui faudra pas longtemps pour retourner chez ses amis. Le soir, l'humidité tombe, c'est pourquoi elle choisit de s'emmitoufler dans son trench plus long qu'à l'accoutumé et sombre. Juchée sur des escarpins allant à la perfection avec sa robe elle regagne la maison d'Annia et Guy. Tout le monde est prêt et s'est dans un reflex qu'elle pose délicatement sa main sur le bras de Deeklan puisqu'il sera son cavalier pour la soirée. La petite troupe s'oriente d'un pas plus ou moins rapide vers la salle qui est censée les accueillir. Sur le chemin, tout le monde rit de bon coeur et Lucrezia en profite pour questionner un peu plus Deeklan:

-Mais dites moi donc, puisque vous êtes de San-Francisco, je suppose qui vous travaillez aussi dans cette ville... Que faites-vous donc ?

La question est posée tout simplement, il ne faut pas chercher d'arrière pensée, bien au contraire, la jeune femme désire juste en savoir plus sur cet homme qu'elle ne connaissait que très peu et qu'elle n'avait jamais vu il y a de cela quelques heure.
On arrive à l'entrée de la salle de bal. Lucrezia connait ce lieux, elle y est déjà venu. En même temps, cela ne l'étonne pas de la part des Contrarini, car il lui semble bien en effet, que c'est cette fameuse famille de Venise qui organise cette réception. Les gens se pressent et lorsque leur tour arrive, les dames sont priées de donner le manteau à l'entrée; Lucrezia s'exécute, révélant enfin sa robe et espère au fond d'elle que le vêtement provoquera l'effet qu'elle attend. C'est à ce moment que les grandes portes s'ouvrent laissant filtrer la lumière de l'intérieure, lumière qui vient frapper les petites pierres qui ornent le décolleté de la blonde; elles projettent leur reflet sur le bas du visage de la jeune femme qui reprend le bras de Deeklan et dit d'une voix assurée:

-Je n'en aurai certainement plus besoin, ne croyez-vous pas ?

La provocation est là, très discrète, très légère mais bien présente. Nier que Lucrezia ne cherche pas à le séduire serait mentir, mais dire qu'elle en a pleinement conscience, là, c'est une autre affaire, du moins pour le moment...

-Je suis encore étudiante, à l'Université de Berkeley, troisième année de droit et finance. Mon père à pour but de me faire reprendre la trésorerie de son entreprise... Je n'ai pas envie de le décevoir.

Soudain elle se sentait idiote. Dire qu'elle était étudiante était la vérité vraie, mais elle en avait un peu honte par rapport à cet homme qui lui, travaillait déjà et était donc indépendant. Sûr, il était plus âgé mais tout de même, elle avait l'impression de passer pour une cruche. Pendant un instant, elle baissa les yeux sur les pavés, n'osant croisant son regard. Mais le courage finit par le regagner à temps. Et lorsqu'en entrant il lui assura qu'elle était sublime, Lucrezia le remercia avec un large et franc sourire. Le jeu de la séduction avait commencé, ou peut être que cela n'était pas un jeu; car aussi surprenant que cela puisse être, face à Deeklan, la blonde sentait qu'elle pouvait être elle même, ne pas s'enticher des formalités et des manières qu'on lui avait inculquées depuis qu'elle était jeune. Et c'était une sensation extrêmement plaisante.
Le quatuor s'engagea alors dans la salle du bal, immense et décorée à la perfection, comme d'habitude. Lucrezia, ayant de nouveau attrapé le bras de Deeklan jette de rapide coup d'oeil un peu partout. Les serveurs passent avec une habileté déconcertante entre les invités et se pressent d'aller remplir les plateaux en argents qu'ils tiennent dès qu'ils sont vides. Les lustres qui pendent au plafond sont imposants et certainement fait à partir du cristal, lançant ainsi de léger reflets sur les robes des dames.
Les couples sur la piste de danse virevoltes déjà avec entrain et lorsque l'homme à ses côtés lui indique son envie de faire de même, la jeune femme ne se fait pas prier ! Danser est une chose qu'elle affectionne, que cela soit une valse ou encore face à une musique trop forte que l'on peut trouver en boîte de nuit, bien que les deux types se trouvent être assez différents ! Bouger en rythme, d'une façon gracieuse ou beaucoup plus délurée, cela lui permet d'oublier pas mal de choses. Dans les bals, le tout est si subtil: les corps qui se frôlent et se rapprochent au fil de la danse, les bruits feutrés émis par les robes des femmes alors qu'elles tournent sur elles-mêmes pour ensuite retrouver leur cavalier respectif... Lucrezia aurait envie de fermer les yeux et de ressentir cela à l'infinie. Elle doit bien avouer que Deeklan est un excellent danseur et elle n'est pas certaine qu'Alec aurait seulement pu faire l'affaire ! En guise de remerciement, elle presse un peu plus l'épaule de l'homme à l'aide de sa main alors que la danse ne tarde pas à s'achever. Déjà... Et alors que tout le monde s'arrête, Lucrezia doit replacer une mèche qui s'est échappée de son chignon. Sa respiration et rapide et elle tente tant bien que mal de reprendre son souffle. C'est alors que Deeklan décide d'aller leur chercher un verre. En voilà une excellente idée ! Elle sourit brièvement alors qu'elle se dit clairement qu'il est peut-être l'homme le plus avenant qu'elle a rencontré ces derniers mois. Elle le suit, docilement alors qu'il s'éloigne en direction de la terrasse.

- Vous dansez divinement bien. Quant à moi, j'espère avoir été à la hauteur de vos attentes.

Elle se mit à rire doucement et enchaîne avec espoir de le rassurer:

-Je vous remercie, et ne vous en faite pas, vous maîtriser le tout à merveille ! C'est très agréable de vous avoir pour cavalier.  

Il lui demande par la suite ce qui l'a poussé à se débarrasser d'Alec en un temps record. Curieux... Mais elle ne peut pas l'en blâmer, étant un trait de caractère qu'elle possède elle aussi. Elle papote son verre en cristal de ses ongles longs alors qu'elle cherche à lui présenter la plus honnête des réponse. Elle appuie son dos contre la balustrade en pierre, rejetant la tête en arrière pour mieux réfléchir:

-Voyons voir... Je suppose que vous avez noté l'attitude désagréable dont à fait preuve Alec... Cela fait un petit moment que cela dure. Et je dois dire que la chose m'agace grandement. Lorsque je viens ici, j'y suis pour m'amuser et discuter avec les gens auxquels je tiens, et non pour tirer une tête d'enterrement toute la journée ou pour rester visser sur mon téléphone, j'y passe bien assez de temps à Berkeley...

Elle marque une courte pause et replace normalement sa tête. Elle en profite pour boire une gorgée du breuvage qui se trouve dans son verre, et alors que le liquide alcoolisé de répand dans sa gorge elle frissonne doucement. Elle fixa Deeklan avant de reprendre:

-Alec et moi, j'ai maintenant la quasi certitude que l'on tourne en rond depuis un petit moment et je ne considère pas ce genre de relation comme bénéfique. Jusqu'ici je me complaisais dans une sorte d'illusion mais aujourd'hui j'y vois clair. Peut-être grâce à vous...

Ces derniers mots sont un peu osés; mais il faut avouer que c'est bien suite à l'apparition de Deeklan que Lucrezia a pu tristement constater qu'Alec ne lui portait plus l'intérêt qu'il avait pour elle lors de leurs premiers jours de relation. C'était triste mais depuis un certain temps, la blonde avait juré qu'elle regarderait la vérité en face. Deeklan avait été d'une telle gentillesse et d'une telle courtoisie... Et elle avait été si souvent de fois troublée...

-Peut-être que cette raison vous semblera un brin idiote...

Cependant, elle espère tellement qu'au fond d'elle il puisse la comprendre. Elle lui lance un regard désespéré avant de l'observer un peu plus:

-Vous avez si fière allure dans ce costume !

C'est comme si elle cherchait à changer de conversation, pourtant, une question lui brûle les lèvres et elle sait comment l'amener:

-Vous devez être très prisé par la gente féminine, non ? Votre compagne pourrait être jalouse...

Un sous-entendu... Très subtile, oui. Et une sourire malicieux étire ses lèvres alors qu'elle attend une réponse particulière à sa question. Lucrezia a toujours été du genre à séduire, dans n'importe quelle situation, pour cela, il lui suffit juste d'avoir en face d'elle un homme qui lui plait. Et Deeklan... n'a absolument rien à voir avec Alec. Il est aussi évident qu'il à tendance à faire un certain effet à la jeune femme et cela depuis ce fameux midi où il a fait son entrée chez leurs amis...