. . . [...] le sang imbibe le tissu interstitiel et l’appui appliqué sur une zone de lividité ne peut plus déplacer le sang. A ce stade, les lividités sont dites fixes... Les lividités cadavériques renseignent sur d’éventuels déplacement ou de modification de la position du corps après la mort. Un cadavre retrouvé sur le dos et qui présente des lividités antérieures indique que le corps est resté pendant les heures qui ont suivi le décès en position de décubitus ventral. Le cadavre a été, par la suite, déplacé ou retourné alors que les lividités sont devenues fixes. Un déplacement précoce du cadavre aurait fait suivre le sang, encore confiné dans le compartiment vasculaire, vers de nouvelles zones déclives sans laisser, en théorie, de traces au niveau de [...]


JJe surligne minutieusement tous les passages qui me semblent judicieux de garder, par la suite je m'en servirais pour ré-écrire mes fiches de révisions. C'était un travail que je faisais systématiquement après chaque cours, et pour chacun d'entre eux. Ainsi lorsque je bloque sur une explication, il me suffit d'aller me renseignement à la bibliothèque, ou alors tout simplement harceler l'enseignant. Vous trouvez la méthode extrême ou digne d'une coincée des études ? J'ai fais pire, il y a quelques années, j'approfondissais tellement mon cours qu'il m'en arrivait à être à l'avance de plusieurs mois dans le programme, et de m'ennuyer du coup en amphithéâtre. Aujourd'hui je n'en suis plus là, je me suis ouverte au monde, du moins, le monde étudiant. Je ne délaisse pas mes études, je m'en interdis, pas arrivée là où j'en suis, pas si près du but ; juste que je m'autorise des sorties, des soirées, des débordements festifs, mon sommeil en prend un coup, mais je suis encore vivante, je tiens le choc ! Je m'active la journée pour, arrivé la soirée, pouvoir me détendre. Jusqu'ici ça se passe plutôt bien, mise à part quelques gueules de bois qui annulent ma présence en cours la semaine dernière. Mais, au final je m'en remets, après avoir culpabilisé, j'ai rattrapé en quelques heures ce cours, et un autre souci voit le jour : trouver ma formation.


C'est un souhait que vouloir intégrer le monde professionnel en tant que médecin légiste, pour la scientifique. Le problème c'est trouver la personne qui souhaite former, et dans les environs, aucun médecin pour me m'aider. En attendant je m'instruis en théorie, espérant vite en arriver à la pratique. L'université ne voudra pas mettre le budget pour un matériel adapté à mes attentes, malgré ma bourse au mérite, malgré mes diplômes, et même malgré ma naissante notoriété. Pour l'heure, je me dépêche un peu, je dois encore passer par la bibliothèque, et faire les courses avant de rejoindre mon appartement. Je ne suis pas encore en résidence, ça me coûterait moins cher, mais la confrérie met du temps à me valider. Soit, je suis bien tranquille dans mon petit 20m², avec Einstein, mon chaton autiste.

Les pages de mon livre étouffaient par les feuilles manuscrites de mes cours, je referme le tout pour me préparer à quitter le banc sur lequel je m'étais installée il y a une heure, tout au plus. 16 heures, parfait, ça devrait être encore ouvert. Je remets mon écharpe autour de mon cou, masquant le bas de mon visage, le froid d'Amérique était plus agressif et corrosif que celui de l'Europe. Je ne m'habituerais jamais. Me redressant de ma place chauffée pour le suivant, je range l'ensemble de mes livres dans mon sac à dos, recherchant encore de l'énergie pour terminer cette journée. « Hm.. Mademoiselle Abramovic ? Puis-je avoir un autographe de la célèbre future médecin légiste ? » Le temps de remettre quelques unes de mes mèches rebelles derrière mon oreille, j'aperçois mon interlocuteur, face à moi. Sa tête m'est familière, mais je ne saurais dire d'où. Ce qui me perturbe davantage c'est sa demande, un autographe ? Il ne se trompe pas puisqu'il m'identifie comme future médecin légiste, ce qui je suis, je l'espère. Mais. Son sourire et ce regard, de l'ironie ? Cette voix accentuée, les "r" légèrement roulés, il doit être étranger lui aussi. Du moins c'est certain, parce qu'au bout d'un long moment d'hésitation à caler un nom sur ce visage, je me rappelle enfin. Alec.

Mon correspondant du lycée. Une connaissance qui me réchauffe le coeur, je dois dire que le lien qu'on a tissé, a parcouru l'océan pour arriver ici. Le hasard fait bien les choses ! Il connait ma notoriété, parce qu'il en est le responsable, en publiant il n'y a pas si longtemps que ça, ma thèse. On communiquait au lycée par lettres entre la Serbie et l'Italie, puis par mail, et aujourd'hui je découvrais qu'il était ici, à Berkeley ! Je réponds à son approche par un large sourire, m'avançant spontanément vers lui sans trop réfléchir. Je laisse tomber mon sac à terre, me lovant vivement contre cet ami de longue date.

Alec ! Qu'est ce que tu fais ici ?! Dis moi pas que tu étudies aussi à l'université ?!

Je le harcelais déjà d'un interrogatoire, la surprise était grande, et pour cause je ne savais par où commencer les retrouvailles. Cette fin de journée rayonnait à nouveau, par le sourire d'Alec. Je me recule en l'observant, il ne changeait pas, classe dans son costume, une élégance à l'italienne. En me penchant légèrement pour récupérer mon sac à dos, je me réinstalle sur le banc, je me doutais qu'on n'allait pas se contenter d'un " salut, ça va ? Bon je te laisse ! " .

tenue:

❝ Aimer, c'est trouver, grâce à un autre, sa vérité et aider cet autre à trouver la sienne. C'est créer une complicité passionnée. ❞


Les personnes qui changent après avoir emprunter une voie sont rares, on peut hésiter, stagner mais rarement changer et devenir quelqu'un d'autre. C'est le cas pour Emma. Elle n'a jamais changé. Contrairement à Alec, il est instable, mais ça personne ne doit le découvrir, et surtout pas lui-même, qu'elles en seraient les conséquences ? Néfastes sans doute. Seul le temps détient les réponses et Alec n'est pas en mesure de comprendre réellement la situation, alors aujourd'hui et seulement aujourd'hui Alec va plonger son regard de la jeune étudiante surdouée qu'il a en face de lui et simplement penser à autre chose. Tout cela avec un regard de bon vivant et un sourire franc et sincère, changeant de la façade qu'il arbore souvent. Le vent souffle et le soleil ne se couche pas avant une heure et demie au moins, mais en la regardant un peu plus, Alec remarque qu'elle pourrait avoir froid, et lorsqu'elle s'assoit de nouveau il comprend qu'ils vont parler, dehors. Tant pis pour l'instant pour l'espace détente, mais il pourrait lui proposer par la suite ou même faire autre chose, vu qu'elle semblait partir lorsqu'il l'a rattraper : tout cela est à voir et il s'empresse de l'accueillir lorsqu'elle lui saute dessus, littéralement, avant qu'ils ne s’assoient. Tout deux n'avions jamais pensé que l'on pourrait faire nos études dans une même université, vivant dans deux pays différent l'un de l'autre l'on avait sans doute sauté cette question pour se laissait aller à des questions futiles et respectueuses ? Non, pas eux deux. Leur complicité est bel et bien présente, du moins, entre les lignes qu'ils s'échangeaient. Aujourd'hui est-elle aussi réelle et présente que lorsqu'ils s'écrivaient plusieurs fois par semaines ? Seul le temps peut apporter cette réponse, alors qu'il s'assoit près d'elle et ne s'empresse d'être proche d'elle, inconsciemment -ou pas- « Ce que je fais ici ? Tout comme toi très chère ! Si j'avais su, on aurait quand même du s'en rendre compte en parlant, mais non on ne s'est même pas demander où l'on continuait nos études ! -Mini blanc- En fait si.. ma mémoire me fait défaut je crois, c'est moi qui t'ai pas dis que je venais à Berkeley ! J'avoue que deux ans en Italie alors que ma petite sœur est ici, ça rend triste et puis.. tu me connais, grand-frère comme je suis, il faut que je la surveille ! -Faux, c'est plus pour s'occuper de Lysa, la détruire, chut- Et toi, je suppose que la grande future médecin est heureuse dans ce palace intellectuel ? L’Amérique est mieux que la Serbie ? » dit-il sur l'humour, bien sûr qu'on ne rigole pas avec les pays natales, surtout les gens de l'est, ils ne rigolent pas. Enfin, géographiquement parlant, Alec est plus du sud que de l'Est mais ça dépend du regard duquel on voit la chose, et selon lui, il est de l'Est, voilà ! A ce qu'il a pu voir, elle est tout aussi sérieuse dans ses études qu'à l'époque ou il l'a connu. Comme d'habitude, elle ne changera pas, elle. Il y a tellement de choses qu'il voudrait lui demander, mais il a déjà trop parler, il attend la réponse à présent avant de s'avancer. Le temps est toujours au beau fixe et cinq minutes de plus n'empireront rien, pour l'instant. Après ses réponses.

« Tout comme toi très chère ! Si j'avais su, on aurait quand même du s'en rendre compte en parlant, mais non on ne s'est même pas demander où l'on continuait nos études ! »
J'avoue qu'on aurait pu s'en rendre compte, en s'échangeant nos numéros après les trop nombreuses lettres de correspondance, on parlait de tout et de rien, comme si on vivant ensemble, de banalités, de ressentis. Alors annoncer qu'on entrait dans telle faculté n'était pas d'actualité, c'était tellement logique qu'on l'avait oublié. Mais finalement nous voilà au même endroit, parmi tous les kilomètres carré de l'Amérique.
« J'avoue que deux ans en Italie alors que ma petite sœur est ici, ça rend triste et puis.. tu me connais, grand-frère comme je suis, il faut que je la surveille ! »
Oui je comprenais, et il le savait. Sur ce point on avait partagé de nombreuses heures de conversation, nos petites soeurs. On était deux adultes qui maternaient leurs soeurs, du moins moi c'était  ma demi-soeur, mais avec le temps je la considèrais bien plus que ça. L'une des principales raisons de mon emménagement ici, c'était bien elle. Tout comme Alec visiblement. Je lui souriais, on était vraiment semblables tous les deux, à croire qu'on aurait pu être frère et soeur, ça m'aurait plu. Il s'assoit à côté de moi, et nous voici partis pour de longues minutes à voir le soleil se coucher sur de belles paroles, sur des retrouvailles.
« Et toi, je suppose que la grande future médecin est heureuse dans ce palace intellectuel ? L’Amérique est mieux que la Serbie ? » Je riais doucement, je ne connaissais pas moi-même la réponse, ce n'était pas quelque chose à laquelle j'avais pris le temps de réfléchir, comme un tas de trucs d'ailleurs. Ca ne m'était pas important, ce n'était pas le pays qui allait me forger.

Ici c'est bien, et la Serbie c'était bien, franchement je saurais pas te dire, mais ici j'ai ma petite soeur, et maintenant une nouvelle vie. Je sais m'adapter !

Je ris doucement et me tourne doucement vers lui, j'avais aussi envie de lui poser un tas de questions, mais le froid de cette fin de journée ne me donnait pas l'envie de m'attarder dans les environs extérieurs. J'observe autour de moi, histoire de trouver une solution à ce problème de fraîcheur, avant de me souvenir des horaires de la bibliothèque, trop tard. C'était pas réellement un souci, j'étais plus à quelques heures de retard près.

Tu passais par là pour aller où ? Ca te dit d'aller à l'ED histoire que je te paie un café ? Si t'as rien d'autre de prévu bien sûr einh . .

Je me relevais une dernière fois, surexcitée ce soir de revoir Alec, il était un peu mon confident depuis quelques années, revoir un ami aussi proche ne peut qu'être bénéfique pour l'esprit et le moral. Je disais toujours qu'il fallait entretenir les amitiés, sans elle on devient moi, il y a quelques années. Je cherche la monnaie dans le bordel qu'étaient mes poches de manteau, quelques pièces pour lui payer un café, je les sors et les compte. J'avais le compte, je lâche un ultime sourire plongeant mon regard dans le sien, histoire qu'il ne puisse refuser ma proposition.

Tu peux pas me refuser ça Alec!

❝ Aimer, c'est trouver, grâce à un autre, sa vérité et aider cet autre à trouver la sienne. C'est créer une complicité passionnée. ❞


Nos vies respectives avaient bien changés. Tous les deux adultes à présents, avec des responsabilités, un futur à construire et des choix à faire. Le doute parsème notre chemin et c'est tellement dur d'y faire face. Car on ne peut pas être accompagné dans les choix de sa propre vie à part si la vie vous as offert une partenaire sur laquelle l'on peut compter sans retenue. Emma est devenue encore plus belle qu'elle l'était dans sa 'jeunesse' les années lycéennes ont bien fait leur travail de puberté : elle est a croquer. Pas touche, c'est mon amie et j'y tiens assez, mais je n'ai fait que regarder alors la reproche n'est point à faire, n'est-ce pas ? On aimerait y croire, mais les hommes sont généralement tous les mêmes quand une femme qu'elle soit ami(e) de longue date ou pas : il y aura toujours de l'attirance homme/femme, c'est indéniable. La vie est faite ainsi. Silence, l'heure n'est pas aux hormones mais aux retrouvailles, des retrouvailles un peu frisquet cependant et j’espérais un peu qu'elle ai froid que l'on se dirige enfin vers la salle où j'aurais du aller depuis un moment pour réviser, du moins, plus maintenant. Avant cela, j'écoutais les réponses qu'elle me donnait sur les différentes questions que je lui avais posé. La différence entre ici et nos chez nous respectifs, il est vrai que c'est totalement différent et les mentalités ne sont pas du tout les mêmes, ici, la liberté paraît sans limite et le hors de contrôle est tellement à la portée de tous que la loi n'a pas l'air d'être réellement respecté, même si elle l'est bien et même un peu trop, dépendant du sujet. En Italie, la corruption du gouvernement règne, la mafia italienne a su faire parler d'elle par le passé alors cela semble normal que la honneur et le calme soient maître mots là-bas. Un pays avec une grande fierté mais beaucoup de mains salis par le sang, une part de lumière et une part d'ombre. Comme moi. Mais qui aurait-pu le prévoir ? Personne. Je finis par sortir de mes pensées et enfin lui répondre « L'adaptation te va bien à ce que je vois. Toujours aussi sérieuse et en plus Mademoiselle Abramovic garde un style parfaitement classe. Il n'y a pas à dire, tu es une des rares femmes que je connaisse à concilier aussi bien la beauté d'une femme que son intelligence ! - Quel beau parleur, puis plus bas je continuais – La première c'est ma sœur, un génie, une surdouée si tu rappelles bien, elle est ici depuis deux ans déjà moi je viens de la rejoindre, je suis dans une confrérie je crois oui, une confrérie, les Lambada un truc du genre. -je ris un peu avant de reprendre mon sérieux sur la proposition quel avait enchaîné- Eh bien figure toi qu'à la base je me rendais là-bas pour réviser mais maintenant je te dirais bien oui, mais je vais dire non : de une car c'est moi qui m'y rendait et donc je suis prioritaire et de deux, c'est moi qui t'invite ! Donc range tes sous, tu sais très bien qu'un italien aime pas qu'on lui paye des trucs et certes nous sommes pas en Italie mais quand même ! » Riant de plus belle tout en lui présentant mon bras pour l'escorter tel un gentleman, voir un Don Juan, ça dépendait de l'angle de vue que l'on prenait, mais l'amitié ne reste qu'amitié entre nous, du moins le temps leur a bien prouver que nous étions de bons ami(e)s à distance, est-ce que nous le serons aussi près l'un de l'autre ? Seul le temps peut apporter cette réponse.

Une fois le bras d'Emma croisé au mien, j'avance et nous prîmes la direction de l'espace détente. En chemin nous croisâmes le chemin du café de l'université j'en profitais pour la lâcher rapidement et aller acheter quelques viennoiseries que nous mangerions là-bas, j'avais un sac plein, je visais large selon nos goûts et surtout nos appétits. Une fois arrivé à l'ED je lui ouvris la porte, galant que je suis et l'a laissa entrer. Un rapide coup d’œil à droite puis à gauche, à la recherche de places parfaites, là : une table, un sofa. Je la libère de mon étreinte pour ne pas être trop lourd, pesant et la laisse s'asseoir en première, signe de respect envers la demoiselle et encore une preuve de ma galanterie et bonne éducation. Si seulement quelqu'un connaissait le noir désir et sombre côté que je cachais au fond de moi et même si je n'en ai pas réellement conscience, je sens que ma vie est sur le point de s'éveiller. L'impatience coule dans mes veines, j'attends son arrivée, cette révélation, je suis anxieux mais ça, je le garde bien pour moi.  Les révisions ne sont pas urgentes et je n'ai plus réellement la tête à ça, comme je l'ai déjà dis : l'heure est aux retrouvailles. « Alors, j'espère que tu as faim ? Dis moi ce que tu veux je vais prendre les boissons et nous aurons plus à bouger et profiter de cette fabuleuse retrouvailles que nous sommes. » Je me dirigeais vers la machine à café et mit quelques pièces tout en appuyant sur les touches et avoir un chocolat chaud, attendant la commande de la demoiselle je ne bougeais pas. Une fois celle-ci décidée je pris les boissons et revint m'asseoir sur le sofa, y ayant posé au préalable le sachet remplie de délicieuses viennoiseries locales et surtout, habituelles, pour moi. Un bon croissant au beurre serait parfait.