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MessageSujet: « i'm watching you... » « i'm watching you... » EmptySam 22 Fév - 8:05



Quelques semaines plus tôt...

"Vous me demandez de faire du baby-sitting à une souillon semi-britannique ?" demandai-je avec un ton anormalement poli malgré mon éducation anglaise très stricte. En vidéoconférence avec la directrice du MI6 sur une ligne sécurisée de l'antenne implantée à San Francisco, je prends état d'une mission qu'on me confie avec soin et qui, de toute évidence, me déplaît. "Cela fait plus de vingt ans que je suis au service de Sa Majesté et je me retrouve contraint de frayer avec une adolescente turbulente, sachant que j'ai déjà deux énergumènes infantiles à ma charge ? Navré de ne pas vous témoigner l'entrain que vous souhaiteriez sans doute voir apparaître sur mes traits." Maintenant vient l'ironie cynique et mordante qui fait rouler des yeux à la vieille femme tenant les services secrets britanniques d'une poigne de fer. "Shark, cette... "souillon", comme vous dites, représente un potentiel informationnel important en ce qui concerne la mafia irlandaise qui cherche à dépasser nos frontières et infiltrer nos plus hautes instances. Vous devez l'avoir pertinemment à l'œil et l'amener à vous parler de ce qu'elle sait afin de pouvoir intervenir sur le terrain lorsque les informations récoltées seront suffisantes." Dans un sens, tout ce qui peut faire le malheur des Irlandais est bon à prendre. James O'Malley faisant exception, je voue une rancœur certaine à ce peuple voisin du mien, mon patriotisme exacerbé n'est sans doute pas étranger à cela. J'opine du chef et, avant de raccrocher, je tiens à amener une précision. "J'exige d'être celui qui mènera cette mission à son terme sur le terrain. Hors de question que vous laissiez Clives s'en occuper : si je me donne la peine de surveiller cette gamine, je veux pouvoir en retirer le bénéfice." William et moi, cela fait plus de dix ans que nous entretenons une compétition entre collègues et frères d'armes. Si nous sommes les deux agents les plus redoutables du service, nous sommes aussi les plus égocentriques. Laisser l'un dépasser l'autre serait contre nature. Une fois que j'ai obtenu gain de cause, la discussion touche à sa fin. Il ne reste plus qu'à, maintenant. Et j'ai eu vent d'une petite fête qui se tiendrait demain soir au domicile de mademoiselle O'Griffin, dans le même quartier que le mien... On appelle ça une occasion en or.

Aujourd'hui, dans l'amphithéâtre B4 de Berkeley.


Quelle pourrait être la façon la plus douce de surveiller quelqu'un ? Devenir son ami, bien évidemment. S'approcher gentiment, se présenter, apprendre à se connaître et trouver tous les prétextes les plus sympathiques pour passer du temps avec la cible. Adorable, mais d'un tel ennui... Joe Shark ne donne pas dans la gentillesse. Jamais. Pas même avec ses propres enfants, c'est dire. "Mademoiselle O'Griffin. Vous avec dix minutes et trente-cinq secondes de retard. Ce temps sera ajouté à la durée totale des travaux d'intérêt général dont vous avez écopé." Punir, exploiter et rentabiliser de la main d'œuvre gratuitement, par contre, c'est quelque chose qui me ressemble beaucoup plus. Depuis la soirée organisée chez la Gamma et qui a privé Camille de son sommeil de nourrisson - m'obligeant à rester éveillé pour les mêmes raisons - je me suis entendu avec le commissaire ainsi que le doyen de l'université pour déterminer les objectifs des travaux d'intérêt général d'Aengus. Dans la mesure où je suis au cœur de cette démarche, j'ai imposé d'être le seul intérêt "général" pour lequel elle allait travailler. Je me retrouve donc avec une paire de mains, deux jambes et trois neurones sous une tignasse blonde que je peux utiliser à ma guise. De l'esclavagisme ? Allons bon, c'est aboli depuis des générations... En théorie. Un homme en costume noir entre à son tour dans l'amphithéâtre tandis que je travaille sur l'ordinateur. Il s'agit de Douglas, un jeune stagiaire pour le MI6 que je fais passer pour mon assistant aux yeux de l'étudiante Gamma. En réalité,  il m'aide à la surveiller. Esclave, assistant, maître. C'est beau  le monde hiérarchique. Devant Aengus, il dispose pas moins de six cartons pleins de feuilles polycopiées entassées n'importe comment. Sans lever le nez de mon ordinateur, j'explique le but du jeu pour la soirée. "Voici les annales des examens de littérature des six dernières années. Comme vous pouvez le constater, mes prédécesseurs ont été plus que négligents dans la classification, ce qui n'arrange ni le doyen, ni moi. Vous allez donc classer tous ces sujets d'examens par disciplines, semestres, années et niveaux." En gros, c'est un travail d'archiviste, en quelque sorte. Partir du chaos pour arriver à un rangement impeccable. Je lève la tête vers elle et lui accorde l'ombre d'un sourire mesquin. "J'ai cru comprendre que ceux qui sont les plus habiles pour semer le désordre sont paradoxalement de grands maniaques du rangement... Alors faites-vous plaisir, c'est cadeau." Sur ces bonnes paroles, je plonge à nouveau dans mon propre travail sur ordinateur, levant les yeux de temps à autres tout en sachant que Douglas restait assis sur une chaise non loin d'Aengus sans la lâcher des yeux une seule seconde.
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MessageSujet: Re: « i'm watching you... » « i'm watching you... » EmptySam 22 Fév - 21:50




Sottises ! Des travaux d’intérêt général? Sa petite personne ne perdait pas son habituelle insolence face au nombre d’heures à passer en présence de son voisin. Elle ne se rappelait même plus de son nom. Et alors? Il n'était rien. Dans l’esprit d’Aengus, il restait le truc ou Machin ! Inutile de se tracasser pour rien, elle n’avait pas l’intention d’apprendre à le connaître. Il n’était qu’une de ces personnes de passage dans sa courte vie.

Pourquoi tout ça ? Pour quelques coups de poings ? Quelques hurlements ? Les combats illégaux ? Non, juste une fête avec trop de bruits. Chochotte ! Le comble! Après avoir braver une montagne d'interdit, sa chute avait été provoquée par une misérable fête dans la maison de ses parents.

Finalement, la blonde poussait la porte de l’amphithéâtre pour le rendez-vous. Probablement que sa tenue chagrinerait son ami Rayan par son manque de classe, mais Aengus s’en moquait bien. Dans le fond, chaque petit vêtement avait été choisi avec soin! Un jean taille basse déchiré au genou, un haut rouge échancré et une veste en cuir noir. Face à l’uniforme sobre et presque glauque de l’assistant, Aengus faisait mauvais genre. D’ailleurs, son apparence "bad girl" et négligée semblait cultivée.  Avouons qu’il aurait été déçu, ce brave Joe, s’il n’avait pas le genre de mauvaise herbe à laquelle il s’attendait. Il avait placé la barre haute dans sa petite tête.

Puisqu’il semblait bien décidé à ne pas relever les yeux de son travail, la blonde en faisait de même, ne lui accordant pas le moindre regard, le moindre sourire ou la plus petite vague d’expression. Fermée, la jeune femme approcha des cartons déposés. Six ans ? Dans un sourire en coin, la demoiselle s’amusa. C’était plutôt surprenant qu’il reste autant d’étudiants en six ans alors que Shark enseignait là. Avec lui, les copies rentreront dans une boite à chaussures!

Attrapant son travail pour ne pas perdre de temps, la blondinette commença à s’organiser. D’abord par an, puis par ordre alphabétique. Tout semblait trop bien organisé dans sa petite tête blonde, comme si tout se mettait automatiquement en ordre. La gamma ne supportait pas le désordre. Le seul pour qui elle faisait un effort restait son colocataire. Etrangement, elle s’imaginait qu’il suivait une forme d’ordre qui la dépassait. Son esprit devait être tellement ailleurs avait elle songé une fois, et si elle touchait la moindre petite chose son univers s’effondrait. Chacun son côté. Son regard se plaça sur l’espèce de gorille qui semblait ne servir à rien. D’ailleurs l’apparence n’était pas si trompeuse cette fois.

« T’es payé pour me regarder bosser toi ? T’as des travaux d’intérêt général vachement pourris quand même, Budy ! Ils savent vraiment plus où nous mettre.  T’as un boulot tellement valorisant dans la vie. J’espère que t’as des hobbies hein ?!»

Et il ne bougeait pas ! Impassible, il ressemblait à ces gardes postés qui ne bougeaient pas un sil devant la masse de touristes. Il n’avait pas le droit de rire non plus ? Lui tirant une ou deux grimaces, elle fini par soupirer et tirer une des feuilles qu’elle cherchait depuis un moment.

« Qui est-ce qui va les lire ? Elles servent à quoi ses feuilles maintenant ? On pourrait pas les brûler ? » demanda Aengus avec une lueur d’espoir. Le feu la séduisait tant ! Chaud. Destructeur ! Mais tellement utile, tellement magnifique, insaisissable ! « Ca ferait de la place, on pourrait mettre des vieux débris dans un placard à la place de derrière un bureau...»

Coincée avec elle. Oui, avec ce regard insistant dans sa direction, le vieux débris, c’était Joe ! Voilà, elle avait trouvé comment le définir.  
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MessageSujet: Re: « i'm watching you... » « i'm watching you... » EmptyJeu 27 Fév - 10:52



Malgré les apparences, ce n'est pas un devoir que je suis en train de corriger sur mon ordinateur, mais plutôt une observation minutieuse du dossier de la demoiselle que je dois surveiller. J'examine ses liens de parenté confirmés ou éventuels, son parcours. Je l'ai souvent vue traîner aux côtés de Benedikt, chose qui me déplaît dans la mesure où j'ai parfois du mal à accepter que le fils aîné de la famille Shark soit dans la confrérie Gamma, alias la vermine malhonnête de l'université. S'il s'était retrouvé chez les Alpha ou les Epsilon, j'aurais largement préféré… Et évidemment, il faut que sa compagne se trouve dans cette même confrérie. Un soupire s'échappe de mes lèvres à cette pensée avant que je ne me replonge dans la lecture, tandis que l'agent Douglas, stoïque comme à son habitude, dévisage Aengus en silence. Imperturbable. A la rigueur, le regard condescendant et blasé qu'il lui servait faisait largement office de réponse pertinente à ses piques et autres simagrées auxquelles elle ne tarda pas à se prêter dans l'espoir de le dérider. Rien à faire : il a beau n'être qu'un débutant pour le moment, il n'en reste pas moins adepte du flegme britannique qui erre dans les couloirs du MI6. J'entends à nouveau ses paroles s'élever sur une voix de crécelle qui me porte doucement sur le système. A bien y réfléchir, le plus insupportable n'était pas forcément la musique, au cours de cette fête prétexte aux travaux d'intérêt général : il s'agissait plutôt de ses cris, hurlements et autres rires démesurés. "Vous n'êtes pas ici pour vous interroger sur le bien fondé de ce que vous faites, mais plutôt sur ce que vous n'auriez pas dû faire pour avoir la corvée d'être à ma disposition, mademoiselle." Mon ton est calme, détaché, presque ennuyé. Et on n'est pas trop loin de la vérité, à bien y repenser. C'est la partie de la mission qui me plaît le moins, pour le moment, et je ne sais pas encore tout à fait comment je vais m'y prendre pour obtenir l'identité et quelques informations des cibles qui sont dans le collimateur des services secrets britanniques. Un silence s'étire pendant une poignée de minutes avant que je ne redresse la tête de mon ordinateur. "Oh, c'est à moi que vous pensiez en me qualifiant de vieux débris ? Navré de mon temps de réaction. Cela étant, j'ajoute cinq heures supplémentaires à votre total d'heures afin que vous puissiez élever votre esprit vers un langage moins vulgaire." A mon tour de pencher la tête vers elle tandis qu'un sourire en coin étire mes lèvres. "Quoique cinq heures semblent bien futiles en vue du travail qu'il y a à faire là-dessus, mademoiselle." Si vous cherchez à l'entrée "sadisme" du dictionnaire, vous trouverez à la fois ma biographie, une photo et un renvoi aux entrées "mesquinerie", "inhumanité" et "Satan", c'est obligé. "Toutefois, puisque j'ai la mansuétude d'éclairer un esprit désespérément obscurci par la bêtise comme le vôtre, je vous informe que ce travail va servir aussi bien aux étudiants qui souhaiteront consulter les examens des années précédentes pour s'entraîner que pour les professeurs qui n'auront pas à refaire les mêmes exercices que leurs collègues." Maintenant, ayez l'obligeance d'oublier que Dieu vous a fait don de la parole pour les prochaines heures, vous serez aimable. Je reprends la lecture du dossier comme si de rien n'était, jusqu'à ce que mon téléphone sonne. "Veuillez m'excuser." Joe Shark est une ordure de première classe, mais Joe Shark a une éducation anglaise. Je me lève du bureau puis je sors de l'amphithéâtre pour répondre à ce coup de fil, je m'éloigne pour être sûr qu'on ne m'entende pas. Seul avec Aengus, Douglas s'approche lentement jusqu'à se mettre dans son dos, les bras croisés sur le torse. En silence, il observe l'étudiante par-dessus son épaule, veillant à ce qu'elle continue son travail.
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MessageSujet: Re: « i'm watching you... » « i'm watching you... » EmptyMar 11 Mar - 22:44




A tord, les femmes étaient accusées d’être de véritables pipelettes. Rencontrez Joe Shark senior pour comprendre que les langues de vipères seyaient bien mieux aux hommes. Un détail anodin dans cette soirée  fort ennuyante mais assez distrayant pour pousser un sourire aux coins des lèvres de la gamma. Le niveau  de son geôlier frôlait les petites frappes qu’elle avait déjà écrasées sans la moindre gêne. Probablement que l’entrée en matière du grand maitre avait été calculée pour laisser une petite chance de survie à la jeune étudiante. Ce détail aurait pu lui sauter aux yeux en remarquant les regards craintifs des autres étudiants lorsque le professeur Shark entrait en scène ou simplement en notant la façon que tous avaient de parler de lui : en silence. Cette forme de respect proche de l’appréhension s’atteignait grâce un charisme travaillé et des actes assez marquants pour donner du poids à cette langue ciselée.

Malheureusement, pour obtenir l’allégeance d’un petit démon comme Aengus, se prendre pour le diable en personne, ou son fidèle bras droit, ne suffisait pas. Les preuves et uniquement les preuves seraient nécessaires. Femme de peu de foi !

« Détrompez-vous. J’adapte mon niveau d’intelligence à l’intérêt que je porte à mon interlocuteur. » Annonça Aengus avec un doux sourire.  

Pourquoi se fatiguer à offrir une conversation décente à une personne qui ne méritait pas ? Parler à Aengus restait un privilège qu’elle n’offrait pas à tous. La majorité de la populace se contentait de ses pics, bêtises, rires, cris et moqueries. Les rares élus à la connaître et à avoir obtenu sa totale confiance avaient le droit à une personne plus douce, presque fragile. Etrangement, seul le fils aîné de Joe avait eut ce privilège.  Le fait se distinguait plus encore par le sexe de Benedikt. Les mâles avaient tendances à partir fortement désavantagés. Le mépris qu’elle leur vouait entrainait souvent de violents conflits.

Quant aux informations que pouvaient chercher Joe sur son ordinateur concernant la famille O’Griffin gonflaient lentement. La plus remarquable restait le parcours militaire que suivaient les membres de cette famille, particulièrement les hommes. Chaque cadet de la famille entrait dans l’armée l’Irlandaise et finissait par gagner en grade. Le dernier en date se nommait Liam O’Griffin. Il avait été accusé d’une agression sur Maëlle Silverwood. Des preuves anonymes avaient été apportées au cours du procès. Puisque Joe faisait parmi des services secrets, il était assez facile d’apprendre qu’Aengus O’Griffin elle-même avait apporté anonymement les preuves manquantes en échange de soins psychiatriques apportés à son frère et d’un maintien de sa pension militaire d’invalidité. Liam O’Griffin avait été gravement blessé au cours d’une mission. Un éclat d’obus avait emporté une partie du pied droit de l’homme et gravement blessé son bras gauche. Coincé en territoire « ennemi » estropié et seul, Liam était rentré avec des blessures psychologiques bien plus importantes que celles physiques. Malheureusement, très peu prises en compte, ses blessures avaient entrainé une forme de folie et cette malheureuse agression. Aengus avait donc joué devant la presse pour attirer l’attention sur elle plutôt que sur son frère. Elle avait utilisé la pression médiatique faite sur le procureur pour se placer en sauveur avec ses preuves et imposer au procureur un accord à son avantage. Même si le principe démontrait une maladresse importante, Aengus avait réussi à protéger son frère qui séjournait actuellement en centre psychiatrique. Elle lui rendait d’ailleurs visite tous les mois, puisque les soins que suivait son frère demandaient une forme d’isolement, le temps pour lui de chasser quelques vieux démons.

Ensuite, le père d’Aengus, un certain Arthur O’Griffin, avait réalisé une brillante carrière militaire au sein de l’armée de terre mais en Irlande. Il avait prit sa retraite en 2012 et quittait donc l’armée avec le grade de Colonel. Il devenait alors l’homme le plus haut gradé de la famille. Une ou deux médailles montraient son dévouement pour son métier. Pour finir parmi les militaires, il convenait d’énoncer Blaithin O’Griffin, cousine d’Aengus. Enfin, il restait le grand père, Edward O’Griffin, homme d’affaire avisé qui avait su faire grandir l’entreprise familiale grâce au mariage de son petit fils aîné : Erwan, frère aîné d’Aengus. Erwan cristallisait l’attention des autorités. Il avait été vu avec des hommes peu recommandables sans jamais réussir à faire de lien. Après tout, toutes les affaires réalisées avec ces hommes restaient parfaitement légales. Une façade, et seul un idiot penserait le contraire. L’ex femme d’Aengus pouvait obtenir quelques maigres reproches. Chimiste et petit génie, elle avait su épouser la bonne personne pour se faire une place dans les laboratoires de l’entreprise O’Griffin. Les recherches se réalisaient en partenariat avec le gouvernement sur divers produits, classés et réservés à l’armée. Le contrat avait prit fin en 2012 suite à un étrange vol, classé sans suite et mise sur le dos de mafieux russes.

Et le meilleur se gardant pour la fin, Aengus O’Griffin, officiellement Sin Elwyn O’Griffin, avait coopéré avec les autorités anglaises et américaines autour de ce fameux vol dans les laboratoires de sa famille. Le précédent agent en charge d’Aengus avait d’ailleurs noté que mademoiselle O’Griffin lui semblait trop jeune et inexpérimentée pour parvenir à réaliser un tel vol, seule, même avec des ordres précis venus de ses maîtres chanteurs. Il avait remarqué les capacités d’Aengus à manier diverses armes blanches, s’inquiétait des aptitudes d’Aengus pour le combat mais soulignait avec une surprise non feinte qu’Aengus semblait encore capable de prendre ses propres décisions. Ce détail  l’intriguait, notait il, parce qu’Aengus avait suivi une éducation stricte. Elle aurait dû être bien mieux conditionnée pour obéir au chef de famille : Edward.  Malgré tout, l’agent soupçonnait Aengus de couvrir un membre de sa famille sans jamais réussir à déterminer lequel. Finalement, l’affaire s’était résolue de manière bien étrange. Les données qu’Aengus avait volées n’avaient été que des leurres, les maîtres chanteurs arrêtés et condamnés. Les américains avaient alors obtenus les hommes qu’ils étaient venus chercher alors que les autorités anglaises désiraient plus. Aengus avait été obligée de travailler pour eux en espionnant son frère aîné : Erwan. Peu de temps après, la blonde perdait la mémoire au cours d’une agression sur un bateau. Pour la protéger d’une éventuelle menace, l’agent avait fait disparaître Aengus dans un hôpital pour quelques semaines, le temps qu’elle se réveille. C’était maintenant lui qui était porté disparu.

Dans son dossier, Joe trouverait de quoi s’occuper pour continuer le drame. Octobre 2013, un accident de voiture arrachait le petit ami d’Aengus, un certain Tony alors sous l’emprise de la drogue. Chaque semaine, Aengus rentrait à l’hopital pour diverses blessures. Son dossier comptait trois tentatives de suicide par strangulation. Sa mère l’accompagnait à chaque entrée, prenant soin de sa fille comme de sa propre vie. Diverses arrestations, des travaux d’intérêt généraux, une mise sous tutelle avec pour tuteur son frère Erwan complétaient le tableau.

Benedikt avait été noté par l’agent dans la liste des fréquentations d’Aengus. Il était même en tête des personnes que fréquentait Aengus, tout comme Noah, Rayan, Kirby et James. Son colocataire devait plaire à Joe, par ailleurs. Pour chercher plus en détail sur Benedikt, puisque les données devaient intéresser Joe plus encore, le fiston était noté comme amant avec les dates à laquelle il avait fréquenté Aengus, date où Tacha était alors enceinte et Benedikt perturbé par la mort de sa mère. Joe aurait probablement accès au dossier psychiatrique d’Aengus sur lequel étaient notées les habituelles réactions après une agression : anxiété continuelle, crises d’angoisse, aquaphobie, insomnie, terreurs nocturnes, perte  d’appétit, agressivité, sentiment permanent d’abandon ou d’être menacée et hyperactivité sexuelle. Le tout avait été rédigé avec des propos psychiatriques adaptés, bien évidemment et le meilleur pour la fin. D’autres troubles plus en lien avec sa perte de mémoire avaient été notés : trouble de l’identité, sentiment d’injustice, colère…

D’ailleurs, que devenait la principale concernée de l’histoire ? Actuellement le nez parmi les copies, Blondie se raidit en remarquant le départ de Joe. Que faisait-il sur son ordinateur ? Hors de question qu’il joue à Candy Crush pendant qu’elle se fatiguait à la tâche et que le pigeon derrière elle s’ennuyait. Injustice ! Pourtant le fameux pigeon ne semblait pas particulièrement affecté par la situation. Il s’approchait, beaucoup trop près au goût d’Aengus. Pourquoi s’approchait-il alors que Joe venait de sortir ? Maintenant seuls, il respirait dans son cou ? Aengus commençait à se tendre, imaginant tout et n’importe quoi. Elle était là, coincée entre le bureau et cet homme. Il n’avait qu’à la plaquer pour obtenir tout ce qu’il voudrait d’elle. La jeune femme, sans même se retourner, lui intima de ne pas approcher plus encore.  

« Recules. C’est mon travail qui est à disposition, pas mes fesses !»

La blonde avait une vague tendance à exagérer lorsqu’il était question de proximité et plus encore avec les mâles. La petite chose commençait à voir rouge tandis que le molosse relevait un sourcil perplexe. D’après Aengus ce geste prouvait ses mauvaises intentions et aussitôt, la demoiselle grogna. Si elle avait pu gonfler son poil pour avoir l’air plus impressionnant, le moment serait idéal. Malheureusement, la nature ne l’avait pas doté de cette faculté.  Comment se débarrasser du pigeon ? Ah bah oui, solution de base ! Hurler et partir en courant ? Non, Monsieur pigeon semblait assez intelligent et bien élevé pour se reculer d’un ou deux pas.

« Je ne vois pas trop pourquoi vous êtes deux. Sincèrement, tu ne sers à rien toi ! Tu pourrais te rendre utile et prendre un carton ? »

Quoi ? Elle avait l’amabilité de l’aider à devenir intéressant ! Bon, ca ne semblait pas particulièrement le séduire. En revanche, la situation commençait à perturber Aengus.  Un homme qui vous contemple, les bras croisés, dans votre dos, avait tout d’inquiétant. Néanmoins, si elle lui bondissait à la figure ou faisait preuve de violence, elle était bonne pour des heures supplémentaires de travaux d'intérêt général. Aussi, la jeune femme revit son comportement. Fouinant sans son sac juste à côté d'elle, elle sorti un stylo rouge.

« J'aurais pas souvent l'occasion de corriger des copies. » 

Qu'importe les protestations de Douglas, la blonde apposa son feutre rose, habituellement utile pour barbouiller Zayn, et commença à faire un petit commentaire sur la feuille. Combien avait-il eut se brave étudiant? Une sale note? Et voilà, Aengus accola un 1 devant le 4 de ce brave étudiant. Pour la prospérité! Douglas tentait de la raisonner, lui rappelant son travail initial.

« Mais c'est moins amusant! » Protesta Aengus en commençant à dessiner sur le carton une brève caricature de Joe.

Elle n'avait jamais été doué en dessin et lorsque Douglas tenta d'attraper son stylo, la blonde pouffa de rire pour mieux lui écraser un trait rose sur la joue. De Mademoiselle O'Griffin à toute forme de vocabulaire vouée à lui faire arrêter ses singeries, Douglas commençait à voir rouge. Elle plia une feuille avec un magnifique zéro en avion et l'envoya sur la figure du pauvre agent. Il avait un petit problème avec la discipline derrière ses airs de gorille. Tabasser quelqu'un était plus aisé que tenir Aengus en place, surtout que Douglas ne souhaitait pas alerter la blonde. Lui faire une démonstration de force et de réflexes pouvaient le trahir.

« Tient, même avec une bulle, la feuille ne vole pas mieux. Quoiqu'avec un zéro ca ne peut pas voler très haut. Budy, je vais t'apprendre à sourire! »

Les deux doigts sur ses zygomatiques, la blonde poussait vers le haut pour aider Douglas à avoir l'air un peu plus humain. Mais l'agent attrapait les poignets d'Aengus pour la repousser sagement vers le carton.

« On sent l'effort. Ca va venir. »

A présent assise sur la table à trier une ou deux copies, Aengus reprenait de plus belle ses bavardages sur le moyen de sourire. A force de le questionner et de malice, Aengus avait obtenu son prénom, son âge...

« Aller Dougy, un petit effort. CHEEEEEEESE! C'est presque pareil. Si tu ne souries pas Dougy, je te dessine dessus avec le feutre. Fais pas cette tête Dougy!! Si tu préfères je te fais une fleur avec une feuille...Faut sourire. »

Pauvre homme...

« Dougyyyy! Dis moi ouiiiiii! Talatata! Chou cheriiiii! Dis moi ouiiii ! Oh ouiiii! » Chantonna-t-elle dans un très mauvais français.


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MessageSujet: Re: « i'm watching you... » « i'm watching you... » EmptyVen 14 Mar - 10:47



Tandis que je sors pour prendre ce coup de téléphone, je repense à tout ce que j'ai lu. Un détail m'a sauté aux yeux, même si je pense qu'il n'aidera sans doute pas des masses pour cette enquête : mon fils aîné a couché avec cette demoiselle à une date à laquelle il était avec Tacha, alors enceinte de leur fille. Ça, clairement, ça reste un peu en travers de ma gorge. Cela dit, suis-je vraiment bien placé pour lui faire la morale à ce sujet ? Je ne suis pas l'exemple du parfait gentleman lorsqu'il est question de fidélité. Dom Juan volant de femme en femme sans jamais me poser plus d'une nuit, hormis deux exceptions qui se reconnaîtront, je n'ai jamais su me rationnaliser avec une seule relation. À la rigueur, à en juger par le comportement de Beni, j'irai même jusqu'à dire que les chiens ne font pas des chats... mais lui en parler reviendrait à trahir le secret qui pèse sur cette enquête. Il sait que je travaille au MI6, inutile d'en rajouter sur des missions qui ne le regardent en rien.
À l'intérieur, Douglas s'approche d'Aengus et arque un sourcil lorsqu'elle attaque de but en blanc sur la supposée interprétation ambigüe de son rapprochement. La pauvre, si elle savait. Je m'intéresse peu à la vie de mes collègues - ou même du genre humain - mais je sais au moins une chose : ses partenaires potentiels, Douglas les préfère avec moins de poitrine et un peu plus de poils sur les jambes, si vous voyez ce que je veux dire. Et quand j'avais surpris sa façon de me dévisager de dos, la langue pendante, j'avais eu confirmation de ces soupçons. Pourquoi diable aurais-je recruté ce jeune bleu, sinon ? Aengus pourrait se laisser tenter par une petite manipulation en règle et il me fallait quelqu'un dont je sois sûr à 100% qu'il ne se laisserait pas mener en bateau. Il ne répond rien, imperturbable comme c'est le cas depuis le début de la détention de la présidente des Gamma, mais s'impatiente presque "sagement" de mon retour dans la salle, à plus forte raison quand elle se met à crayonner sur les feuilles et les cartons. "C'est pas une garderie, reprends le travail qu'on t'a donné." siffla-t-il avec agacement. Nouveau fait à retenir : il déteste tout ce qui qui braille et en format humain miniature. Oui, les enfants, c'est comme ça qu'on les appelle, paraît-il. Elle a beau être à l'université, l'agent désespérait de voir à quel point elle semblait immature. Il tenta vainement d'attraper le stylo, mais il ne pût que se retrouver gratifié d'un trait rose sur la joue. Formidable. Et même pas le droit de taper sur cette fille. Le monde est cruel. Les jérémiades et gamineries continuèrent malgré ses protestations jusqu'à ce que je tourne la tête dans le couloir en entendant du bruit provenant de la salle.
Lorsque je raccroche, je marche à pas de loup jusqu'à la porte et le spectacle d'une blondinette chantant dans un français exécrable à un agent au bord de l'envie de meurtre m'apparaît. Où donc s'arrêtent les limites de la bêtise des adolescents. Je ferme le poing puis je cogne sèchement sur la porte dans un bruit qui résonne avec force. On aurait même presque dit un coup de feu. Tant mieux, si ça peut choquer et réveiller quelques souvenirs chez Aengus, sait-on jamais, l'esprit fonctionne souvent à certains marqueurs sonores ou olfactifs. "Je ne sais guère comment vous a élevée votre mère ou si vous avez suivi l'exemple probablement désastreux d'une fratrie que vous posséderiez, mais je ne tolère par le manque de tenue en public. Pas même chez mes propres enfants." Connor me craint toujours un peu, assimilant mon rôle de professeur à celui de Rogue dans Harry Potter. Flatteur. Et même si Beni a toujours eu un côté rebelle et farouche, j'ai fini par le mettre au pas pour l'assagir. "Maintenant, je vais vous parler en termes raccourcis et plus clairs : assis, et au travail." lançai-je sur un ton faussement mielleux et très ferme à la fois. Je regagne l'estrade et rouvre mon ordinateur, rapidement rejoint par Douglas qui part aux toilettes pour aller nettoyer son visage. Seul avec la cible de l'enquête, j'attends quelques minutes avant d'entamer la conversation sur un ton désintéressé, flegmatique. Rien qui puisse alarmer la jeune fille. "J'ai plaisanté à ce sujet tout à l'heure, mais vous avez des frères et sœurs ? Juste au cas où nous devrions interdire cet établissement à d'autres cas sociaux de la famille O'Griffin, vous comprenez." Cela a tout l'air d'une provocation, mais en la piquant au vif à ce sujet, j'espère lui tirer quelques réminiscences de son passé dissolu. Elle a trahi une première fois sa famille, baignant dans le milieu de la mafia irlandaise, et le MI6 s'interesse cette fois de près à son grand frère, un dénommé Erwan, lui-même à la solde d'Edward, le chef de famille. Tous ont plus ou moins fréquenté les rangs de l'armée, les soupçons se confirment donc. Il ne me manque que quelques informations pour faire bondir l'enquête en avant et me donner le loisir de mettre un terme définitif à leurs agissements dès que j'aurais les bonnes cartes en main.
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MessageSujet: Re: « i'm watching you... » « i'm watching you... » EmptyLun 17 Mar - 10:04



Lorsque le chat n’est pas là. Les souris dansent. Tout le monde connaît le proverbe et tout le monde l’applique religieusement.  Le principe était même devenu une institution pour les plus jeunes.  Son éducation ? Et bien, un gros trou noir pourrait parfaitement convenir pour évoquer les années où ses parents lui avaient inculquée les bases et principes de la vie. Pour autant, la réponse ne se dépérissait pas au fond de son esprit. Au contraire, elle tonna dans l’air.

« Ma mère ? Loin des anglais. Il est vrai que nous craignons la coutume qu’ils ont d’enfoncer profondément un balai droit dans le cul dès la naissance du petit. »

Si Aengus savait exactement où elle était née, cette remarque perdrait tout son sens. Après tout, Aengus avait passé ses deux première années dans une famille anglaise avant que Mary ne décide de s'en mêler. Et de l'arracher à sa famille.

Assurément, l’écervelée qu’elle s’amusait à jouer et rejouer semblait prendre racine. Une chance car il semblerait qu’elle soit vouée à passer du temps dans ce recoin de l’université. Sa tête se secouait de haut en bas, un air docte sur le visage. A la voir, le plus ignorant la confondrait avec un grand savant prêt à étaler sa science et refuserait de poser le pied en Angleterre de peur de subir cet étrange rituel.  De son côté, Aengus peinait à s’imaginer que Joe puisse avoir eut une descendance. Il était autorisé à se reproduire ? Il avait eut le permis d’élever des enfants ?

"Maintenant, je vais vous parler en termes raccourcis et plus clairs : assis, et au travail."

Nul besoin de s’égosiller à lui ordonner une chose qu’elle réalisait déjà. Enfin, donner des ordres devait permettre à Joe de s’assurer de sa prise sur elle, même lorsqu’elle était déjà assise et attelée au pire des boulots. Bien sûr, comprendre qu’elle devait s’assoir sagement sur une chaise et travailler sérieusement serait trop demander à une petite blonde. Sa faculté de concentration frisait les zéros.  Butée, elle ne comprenait et n’entendait que ce qu’elle désirait et nul autre.

« Vous voyez, c’est tellement mieux sans fioriture. » Ricana Blondie en agitant une ou deux feuilles entre ses mains. Pourtant, son postérieur resta sagement au même endroit, sur la table. La place n’avait pas été chauffée pour rien, après tout.

"J'ai plaisanté à ce sujet tout à l'heure, mais vous avez des frères et sœurs ? Juste au cas où nous devrions interdire cet établissement à d'autres cas sociaux de la famille O'Griffin, vous comprenez."

Sa famille ? D’abord sa mère, maintenant tous les membres. Aengus commençait à croire que Joe tentait de séduire Mary ! Il avait la réputation d’un tombeur. Peut être qu’à force de fréquenter un jardin accolé, le professeur était tombé sous le charme fou de la matriarche O’Griffin. Les femmes rondes, les cheveux grisonnant et l’odeur de la crème anti-ride pouvaient avoir des effets aphrodisiaques ? Dommage pour lui, il n’avait aucune chance face à son père. De plus, personne ne touchait sa mère ! Aussitôt, Aengus sorti les crocs. Qu’il garde ses distances avec SA famille. Elle peinait déjà à faire partie des leurs. Impossible de permettre à  un rapace comme Shark de tournoyer autour de sa mère. Cependant, elle admettait volontiers qu’il avait su remarquer le membre le plus affaibli pour tenter une approche. Autant lui prouver qu’il avait eut tord de la prendre pour la brebis galeuse des O’Griffin.  Un sourire mielleux répondit au professeur. Qu’il soit à la tête d’une grande entreprise ou qu’il balaye de le plancher revenait au même. Elle affirmerait même que ce n’était pas parce qu’il était  à la tête d’une grande entreprise qu’il ne pouvait pas balayer le plancher. Aller oust, dehors ! L’hypocrisie humaine avait fait son chemin dans sa petite tête. Alors qu’elle aurait préférée cracher son dégoût à la face du monde, à force de cris, de claques et de désillusions, Blondie s’était fait une raison. Pour être servi, entrer dans la danse demeurait une obligation.  Une fois prise dans le rythme, se caler sur le bon pas devenait indispensable pour éviter de se faire marcher sur les pieds.

« Ne vous en faites pas pour ça. Nous n’apprenons que de l’excellence. Aussi, aucun de nous ne se perdrait dans l’un de vos cours. »

Sourire charmant en perspective et l’une des feuilles retrouvait le bon gros tas. Non, elle ne pensait pas à Joe en évoquant le gros tas. Le sujet des frères et sœurs restait sensible. Le premier était d’un hôpital psychiatrique travaillant autour d’un nouveau procès pour gagner sa liberté.  Aussi, son avocat avait été clair, ne surtout pas parler de lui. Sait on jamais qui peut être appelé à témoigner. Le second restait son tuteur légal et il se montrait particulièrement abusif dans sa façon de gérer Aengus. Il appelait ça de la sévérité.

Mais qu'importe, autant ignorer ce vautour. La blonde savait parfaitement qu’il avait appelé la police, qu’elle se retrouvait ici à cause de lui et qu’il jubilait de la voir travailler sous ses ordres. Il avait remporté une bataille mais elle ne rendait pas les armes pour autant. L’étudiante ne cherchait qu’à mieux connaître l’ennemi pour lui bondir dessus lorsqu’elle aurait trouvé la faille dans laquelle s’engouffrer. Pas un instant, l’idée de braver l’autorité professorale sans se prendre le revers de la médaille ne l’avait effleuré. Déjà, la blonde se préparait à la pire des joutes verbales de sa semaine. Saurait-il lui fermer le clapet ? Le doute régnait.

« Au lieu de vous inquiéter de la mienne, de famille, contentez vous de la votre. Avoir un frère comme vous doit être mortel. C'est déjà surprenant que vos enfants soient encore en vie. »

Si elle savait qui était ses enfants, elle se moquerait moins. Malgré un écart de conduite qu'Aengus jugeait n'être qu'une petite erreur de parcours, Benedikt était devenu le pilier de son existence et elle n'imaginait pas un seul instant qu'il puisse lui arriver quoique se soit. Enfin, le message était plutôt destiné à lui imposer une distance avec sa mère. Il n'était pas digne d'elle.
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MessageSujet: Re: « i'm watching you... » « i'm watching you... » EmptySam 29 Mar - 11:57



Je lève les yeux au ciel quand il est question que les Anglais se retrouvent avec un manche à balais fiché dans le derrière. "J'appelle ça la classe britannique… cela dit, il est normal qu'une paysanne irlandaise sans manières ne comprenne pas de telles subtilités." lâchai-je sans prendre la peine de prendre de pincettes. On a beau dire, certaines rancoeurs entre différents peuples voisins demeurent profondément ancrées, à plus forte raison quand on est aussi patriotique que je peux l'être. On m'a déjà jugé imbu de ma personne lorsque je parle de mon pays, mais il va sans dire qu'on ne m'ôtera pas de l'idée que la Grande-Bretagne est le pays le digne au monde. Je la lance sur le sujet de sa famille, feignant un ennui passager tandis qu'en réalité, je demeure attentif à chaque expression émanant d'elle. Non pas que sa famille m'intéresse assez pour mener l'une de ces conversations stupides où l'intérêt social est de témoigner de l'attention à autrui, mais il s'agit surtout de récolter en douceur quelques informations qui pourraient ressurgir. Je n'ai jamais eu à traiter avec des amnésiques, si le rapport est exact concernant l'accident de la Gamma, mais je présume qu'il faut y aller tranquillement. Du moins, c'est ce que Noah m'a dit quand je l'ai lancé sur le sujet, mine de rien que je t'embrouille. "Amusant que la culture générale, littéraire et la manière de s'exprimer avec grâce ne fassent pas partie de l'excellence aux yeux de votre famille. J'en conclue que cela résout certaines questions que j'ai eu la faiblesse de me poser à votre égard." Faiblesse car, d'ordinaire, je ne m'intéresse à personne. Jamais. Toutefois, vu sa façon d'éluder le sujet et d'attaquer sur ma famille, je comprends que c'est un point sensible. Il n'y a qu'à voir la manière dont elle se met à sourire. Mesuré, hypocrite, presque doux… La provocation est moins agressive. Elle mesure ses paroles car elle ne veut pas parler pour ne rien dire. Si par le passé, j'ai déjà arraché des confessions tant par la torture que sur l'oreiller, ces deux options sont à exclure formellement. D'une part, je ne violente pas une jeune étudiante plus victime que coupable, et d'autre part, je ne couche pas avec une femme qui a connu les soins de mon fils auparavant. Question de fierté et de logique masculine que la demoiselle ici présente ne pourrait pas comprendre. "Grâce au ciel, je n'ai ni frère ni sœur. Il semblerait que certains modèles soient trop réussis pour n'avoir pu être reproduits." lançai-je sur un ton désabusé en regardant mon ordinateur, en toute modestie. Si, il y a eu un frère, Bradford. Le premier des Shark à avoir rejoint le MI6, mon aîné de quelques années. Malgré sa mort il y a plus de vingt ans, il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à lui. Quand elle parle de mes enfants, je lève les yeux de l'écran pour la fixer un instant. Je réfléchis et me dit que la lancer sur ma propre famille en déviant sur la sienne lui déliera peut-être la langue. "Je ne vois pas ce que vous voulez dire par là. Je ne suis peut-être pas quelqu'un d'affectueux, mais aucun d'entre eux n'est à plaindre." Je ne pense pas lui dire que Benedikt est mon fils, du moins pas pour le moment. En effet, je me dis qu'au besoin, je pourrai mettre l'aîné de mes enfants à contribution pour qu'il me donne des informations sur ce que j'ai besoin de savoir. Toutes les bonnes idées sont à prendre et même si je n'aime pas mêler Beni à mon métier d'agent au MI6, il n'est pas obligé de connaître la raison pour laquelle je lui demande ceci. "C'est plutôt en vous regardant que je me dis que votre famille doit avoir du mérite. On vous passe plus facilement vos bêtises, à la maison, c'est ça ? Seigneur, je n'ose imaginer à quoi doit ressembler le reste de la famille si c'est le cas…" ironisai-je avec un sourire au coin de la bouche, pianotant sur mon ordinateur comme si de rien n'était. Après tout, elle est contrainte d'être assise ici et de faire ce que je lui dis en m'écoutant. Mettons cela à profit autant que possible.
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MessageSujet: Re: « i'm watching you... » « i'm watching you... » EmptyLun 31 Mar - 18:22



Des questions. Que de questions ! L’oreille demeurait vigilante bien malgré elle. Toujours être attentif aux propos d’un être aussi dérangé ! Il divaguait. La vieillesse lui avait rongé le cerveau. Peut être aurait-elle dû avoir pitié. Peut être, s’il avait compté un jour pour elle. Occupée au milieu de devoirs inconnus, aux propos vagues et dépassés, la blonde se demandait si Joe n’était pas lui aussi, dépassé.

Lui rejeter la faute fonctionnait bien plus aisément que d’accuser le contre coup des interrogations du professeur. La famille restait un point sensible. Aengus en désirait une, une comme elle les avait vues dans les livres ou les films. Qu’importe sa volonté, on ne choisissait pas les membres qui composaient le cocon familial. Aussi, sur le papier, sa famille se composait de nombreux membres. En réalité, il n’y en avait qu’un seul : son frère Liam. Le petit interrogatoire de Joe remuait le couteau dans la plaie et jetait du sel par-dessus.

Mais elle admettait. Le professeur était particulièrement malin et ses réponses lui plaisaient. Au moins, l’ennui ne se pointerait pas de si tôt avec lui.

« Est-ce une nouvelle fois une faiblesse à mon égard que de me poser cette question ? Vous cumulez ! » Déposant la dernière feuille du deuxième carton, elle repoussa ce paquet pour s’emparer du troisième. « Je vais finir par croire que vous avez un faible pour moi, Professeur. »

Le ton restait particulièrement taquin, presque amusé. Le monde connaissait bien Aengus O’Griffin, celle qui hurle, tape et crie. Peu d’humain avait réussi à outrepasser cette barrière de violence. Ici, l’espace et le public restreint lui autorisaient diverses manœuvres stratégiques. Inutile de hurler, inutile de sa battre et au fond, l’ensemble devenait presque amusant, reposant et intéressant. Sa mine blasée et désintéressée tromperait n’importe qui. Pourtant, ce genre de joute verbale n’avait rien de nouveau pour Joe qui avait déjà eut à débattre avec une blonde à la langue bien pendue.

Est-ce qu’elle souhaitait jouer ? Clairement. Et c’était la seule brèche dans laquelle Joe pourrait s’engouffrer à l’heure actuelle. De son côté, Aengus en tirait profit, aussi. A jouer, elle pouvait espérer gagner. Le lot de consolation ne lui importait guère. Il lui fallait le trophée : baisser la garde de son geôlier. Joe avait probablement prévu que la gamma tenterait de le mener par le bout du nez. Et bien, nous y étions. Certes, le pion semblait plus finement avancé que ses précédentes tentatives pour le mordre. Aucune ébauche de séduction, aucune menace, aucune ouverture outrageuse, uniquement un jeu. Après tout, autant passer le temps ! Mais l’esprit d’Aengus ne dérivait pas de son but premier. Est-ce que Joe Shark perdrait son temps avec une petite étudiante ? Non. La véritable question demeurait plutôt : quel intérêt trouverait Joe dans tout ça. Une fois ce détail trouvé, alors elle pourrait réellement jouer. A l’instant, elle partait forcement perdante.

Inutile de répondre au reste des questions et des propos. Non, sa famille ne jouait pas dans la cours des laxistes. Toujours assise sur la table, Aengus avait croisé les jambes l’une sous l’autre pour plus de confort. Quelques papiers dans les mains, elle redressa le nez en direction de la porte. Et si elle partait en courant ? Et si l’autre gorille était dehors ? A quoi servait-il lui ? Le principe lui échappait toujours. Joe ne pouvait plus se débrouiller seul ? Avait-il pu un jour ?


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MessageSujet: Re: « i'm watching you... » « i'm watching you... » EmptyVen 4 Avr - 15:59



Se donner du mal pour faire parler quelqu'un sans utiliser la torture est d'un ennui si mortel qu'il m'arrive de regarder la fenêtre de temps à autres en songeant à sauter pour m'épargner ce calvaire. En bon businessman qui se respecte, je passe ma vie à balader mes concurrents et même mes partenaires, mais j'y trouve un intérêt économique... Là, pour une mission, la torture me semble être une solution plus distrayante mais malheureusement contre-productive dans le cas présent. C'est pourquoi je ne peux m'empêcher de poser un regard blasé - pour ne pas dire abattu - sur Aengus lorsqu'elle suppose que ceci est probablement une tactique de séduction. "Et vous faites partie des femmes qui pensent que les hommes s'intéressent à la famille de leurs compagnes potentielles pour les séduire... Intéressant." Dans mon vocabulaire, "intéressant" comprend tout un ensemble de synonymes bien précis : consternant, affolant, désespérant... Ce genre de terme, en somme. Tout est dans la façon de le dire et, pour ça, les Britanniques auront toujours une petite longueur d'avance. Quoiqu'il en soit, il est absolument hors de question que je passe derrière mon propre fils à propos d'une fille qu'il aura déjà séduit, question de principe et de dignité. Rien que l'idée d'aller là où il a déjà... Non, ce serait vraiment rédhibitoire. En outre, il y a une certaine étudiante qui occupe déjà presque toutes mes pensées dans ce domaine et dans bien d'autres, tant et si bien que la Gamma ne saurait tenir ne serait-ce qu'un quart de la distance avec Maisy. "Cela dit, ne vous flattez pas : j'ai arrêté de m'intéresser aux blondes immatures depuis mes années lycée." lâchai-je sur un ton léger mais volontairement cassant. Le sarcasme à son apogée. Cependant, je ne peux que saluer l'effort invisible avec lequel elle repousse chaque question sur sa famille détournée ou non. Elle a un peu trop d'éclairs de génie à mon goût... et ma patience en termes de sociabilité forcée a ses limites. Douglas revient dans la salle, silencieux, sans un bruit. Tout ceci commence à m'ennuyer ferme, il est grand temps de passer au niveau supérieur : le chantage et la manipulation psychologique. J'envoie un mail sécurisé à une secrétaire médicale infiltrée et originaire du MI6. Devinez-où ? Vous allez très vite comprendre. Le téléphone portable d'Aengus se met à sonner sur mon bureau, puisque Douglas en a profité pour le confisquer. Je prends le téléphone et, non sans sourire avec finesse à sa propriétaire, je me permets de répondre. "Bonjour. Non, mademoiselle O'Griffin n'est actuellement pas disponible, elle a trop de papiers à trier." Je fronce légèrement les sourcils puis j'interromps la voix féminine au bout de la ligne. "Attendez, je vous mets en haut-parleur." Je pose le téléphone sur mon bureau puis j'active la fonction haut-parleur pour que l'étudiante puisse entendre... Et moi aussi. "Mademoiselle O'Griffin, je suis Stacy Finley, l'une des secrétaires de l'institut psychiatrique où se trouve votre frère Liam. Il vient d'avoir une crise relativement aiguë et je dois contacter la famille dans des cas comme celui-ci, d'autant plus que c'est une crise qui peut vite se reproduire. Malheureusement, nous n'avons pas les moyens de contacter celui qui est inscrit comme votre tuteur légal, Monsieur... Erwan O'Griffin, si je me fie au dossier que j'ai sous les yeux, c'est bien cela ?" Je reste stoïque sans lâcher Aengus du regard, une main sur le téléphone pour l'empêcher de me l'arracher. Cette femme travaille réellement à l'institut, Aengus l'a peut-être même déjà croisée à l'accueil... mais en réalité, il s'agit de l'agent Crowley, une recrue du MI6 qui a été envoyée ici pour s'infiltrer et surveiller les visites dont Liam O'Griffin, blessé de guerre instable, pouvait faire l'objet. Et cette crise n'est rien de plus qu'une crise provoquée en douce par quelques "maladresses" infimes des médecins, pour plus de crédibilité. Et l'appel provient bien de l'institut, rien n'est inventé. Je sais, c'est moralement douteux d'abuser de la santé mentale d'un infirme, mais je suis Joe Shark : ce genre de méthode, c'est un mode de vie, chez moi. Par le biais de cette stratégie, j'aurais les coordonnées d'Erwan - ou bien l'agent Crowley - et le sujet aura été mis sur la table. Rien que le fait d'en parler va peut-être faire tomber le masque de la jeune fille, faire remonter quelques souvenirs à la surface... Imperturbable, une fausse lueur inquiète dans le regard, je fixe la jeune femme. "Mademoiselle, vous êtes toujours là ?" demande l'agent Crowley sur un ton légèrement insistant, face au mutisme de son interlocutrice. Réponds. Maintenant.
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