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MessageSujet: i was expecting applause. i was expecting applause. EmptyJeu 2 Jan - 11:22



Une année se termine et une autre démarre, c'est un cycle que j'ai attendu avec une fébrilité remarquable, cette fois-ci. Pas pour l'ordinaire réveillon du 31 décembre où j'ai réussi à bazarder Connor et sa petite sœur Camille à une nounou de qualité, afin de m'adonner aux plaisirs gustatifs dans un grand restaurant pour ensuite rentrer à la maison pour les douze coups de minuits délivrés à deux ravissantes mannequins agrippées à mon corps comme on se raccrocherait à un rocher pendant une tempête. Non, pas pour ça. Plutôt pour pouvoir tourner la page sur une année 2013 qui m'aura été nettement défavorable sur presque tous les plans. Autant dire que le réveil à midi de la première journée de 2014, je l'ai savouré comme jamais. Le premier objectif était de redresser mon entreprise pour l'arracher à une faillite contre laquelle je lutte ardemment depuis l'attentat dont la maison d'édition a été victime. Le second était d'être un père un tantinet plus… conscient de son rôle. N'allez pas me dire affectueux ou ce genre d'imbécilités, Joe Shark ne donnera pas dans ce mièvre registre. Je ne me fixe que ces deux résolutions car, contrairement au petit peuple qui grouille dans les rues de San Francisco, je sais que je m'y tiendrai. Pour bien commencer l'année, en grandes pompes, je m'élançais donc d'un pas décidé vers l'amphithéâtre B4 pour y donner mon premier cours du semestre aux élèves de littérature. Leur présenter mes vœux ? Vous n'y pensez pas. Ces cafards méritent à peine le regard condescendant que je darde parfois sur eux, alors ne poussons pas le bouchon trop loin. Non, je compte axer ce cours pour donner le ton aux autres modules qu'ils auront pendant le semestre : éprouvant, décourageant et intense. C'est le prix à payer pour se distinguer des masses et être le meilleur. Lorsque je pousse la porte de l'amphithéâtre, un silence d'église s'impose presque automatiquement. Il est de notoriété publique que je suis l'un des "pires" – quoique la définition est à laisser à chacun – professeurs de cette université. Certaines rumeurs courent même en me présentant comme un cyborg ou bien l'incarnation de Satan dans une enveloppe mortelle. C'est flatteur, mais sans plus. Je marche jusqu'à l'estrade où je pose ma serviette de cuir, retire mon manteau et mon écharpe puis je pose enfin un regard sur eux. "Bonjour à vous." Politesse anglaise oblige, je n'allais tout de même pas rentrer dans le vif du sujet non plus. "Avant les vacances, votre professeur précédent vous a demandé de lire les œuvres des sœurs Brontë. Qui, à l'heure d'aujourd'hui, se considère comme familier avec cette forme de littérature ?" Plusieurs mains, timides pour la plupart, se lèvent dans les airs. J'arque un sourcil avec un rictus malsain. "Ne vous faites pas d'illusion, c'est à peine si votre esprit limité a pu en comprendre ne serait-ce qu'un quart." Les mains retombent de dépit, accablées par le ton impérieux et cassant que j'ai eu à l'égard des étudiants. Je prends un marqueur puis écrit le titre de la première œuvre à étudier dans ce cycle : les Hauts de Hurle-Vent. Un classique tant dans la littérature anglaise que sur le plan international. La conférence débute, c'est un cours d'introduction pour placer les éléments méthodologiques et contextuels dont les étudiants auront besoin pour ensuite livrer leurs propres pistes de réflexion. Je n'attarde mon regard sur aucun d'entre eux en particulier, pas même quelques demoiselles installées en masse au premier rang qui me dévorent des yeux d'une manière particulièrement ostensible. La réputation sulfureuse qu'est la mienne n'est plus à faire, et je mentirai si j'affirmais qu'aucune étudiante n'avait eu l'insigne honneur de partager une nuit en ma compagnie. J'ai même témoigné une affection plus forte que la normale à l'une d'entre elles. Au terme des deux heures de cours – sans interruption, les pauses sont pour les faibles – j'annonce la fin du cours en précisant qu'un stage est requis pour le parcours qu'ils souhaitent suivre dans leur formation. Ce qui m'amuse, c'est que j'ai beau être éditeur moi-même, je gage qu'aucun ne va s'aventurer à venir me demander un stage de front. Qui voudrait passer ses journées dans le boudoir du Diable, après tout ? Je ramasse mes affaires tranquillement, mon mug de thé à la main comme tout britannique digne de ce nom, lorsque j'entends une voix masculine dans mon dos. Je me retourne puis je tombe nez à nez avec… "Le fils Clives, merveilleux." C'est de cette manière que j'appelle Kenzo, le neveu de Noah et fils de William. Un grand blond qui, à mon humble avis, possède un physique dont l'avantage est inversement proportionnel à sa cervelle de moineau. "Depuis quand suivez-vous des cours de littérature ? J'imagine pourtant qu'on vous a informé qu'il fallait lire pour pouvoir prétendre à étudier un ouvrage." Non, ce n'est pas méchant… enfin pas complètement. C'est l'humour sec et anglais à la Joe Shark. Si Noah avait été là, j'aurais reçu un regard réprobateur.
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MessageSujet: Re: i was expecting applause. i was expecting applause. EmptyJeu 2 Jan - 20:21

i was expecting applause. Tumblr_mv6kt1JOJv1rjrvmvo1_250i was expecting applause. Tumblr_mlzfaeteCF1ru61tno1_250

S'il y a un an, on m'aurait dit que je me retrouverais sur le sol américain à côtoyer mon frère jumeau et à en savoir un peu plus sur ma véritable famille, je n'y aurais cru que traitre mot, et pourtant, c'était bel et bien ce qui se passait depuis quelque temps. Mais ce n'est pas pour autant que je laisse ma mère adoptive de côté, laquelle j'ai contacté la veille au soir pour lui raconter les dernières péripéties pendant plus de deux heures. Disons que j'ai passé la moitié de la discussion à me jeter des fleurs parce qu'elle trouvait que j'avais une mine des plus somptueuses. Enfin, peu importe. Et comme bonne résolution, je lui ai promis que je serais un peu moins narcissique. Mais j'ai croisé les doigts dans mon dos, alors ça ne compte pas. Lorsqu'elle m'a demandé ce que je comptai faire dans les prochains temps, tant sur le plan professionnel que familial, je n'ai pas vraiment su quoi lui répondre. Tout ce que j'ai pu lui dire, c'est que je passais pas mal de temps avec mon jumeau et que je comptais venir en Israël pour les prochaines vacances histoire de la revoir. Quant au reste, le noir complet. Je suivais tranquillement mes études, je travaillais pour avoir un peu d'argent de côté et je n'avais toujours pas envie de me retrouver nez à nez avec mon véritable père. Mais tout va bien dans le meilleur des mondes, je le jure. Mais aujourd'hui, c'est une toute autre histoire. Après la célébration du début de l'année 2014, retour sur les bancs de l'amphithéâtre. Depuis que j'ai pris place, une fille, installée deux rangées plus bas, ne cesse de se retourner afin de m'adresser quelques sourires tout en chuchotant avec sa voisine. « Non, mais chérie, arrête. T'es pas assez belle pour moi. Pour pas dire trop moche. » Le Delta en puissance, car oui, maintenant le Rayan a intégré la confrérie de son frère comme cela aurait dû se produire. Brusquement, les portes de l'amphithéâtre s'ouvrent et plus une mouche ne vole. Satan en personne vient d'arriver. Deux heures en enfer. Les têtes se décomposent bien rapidement alors que je ne comprends pas vraiment la réaction des autres étudiants, jusqu'à ce que Joe Shark ne commence à prendre la parole. Pendant deux heures, je suis là, à griffonner des notes sur des feuilles, presque émerveillé par le cours qui se déroule contrairement aux autres étudiants qui semblent être pris par le sommeil. Et enfin, la fin. Des soupirs de soulagement se font entendre de part et d'autre de la salle alors que je suis presque déçu de la fin du cours. Le Rayan a soif de connaissance, que voulez-vous. Pendant que les autres partent au pas de course, je reste encore assis quelques secondes à réfléchir, une idée venant à me trotter dans la tête, mais était-ce une bonne décision ? Aucune idée, mais qui ne tente rien n'a rien. Après avoir rangé mes affaires, je m'approche de l'estrade et donc de Shark d'une démarche plutôt sereine. « Vous auriez un instant, monsieur Shark ? » Au moment où il se tourne, je pris pour ne pas avoir dit un mot de travers. « Le fils Clives, merveilleux. » Merci, merci, je sais que je suis une pure merveille. Par contre, je hausse brièvement un sourcil en me demandant comme il sait que je fais partie de la famille Clives. Sur les papiers, je n'en suis après tout pas un. Et la remarque qui suit me plonge dans l'incompréhension la plus totale, malgré tout, je ne me laisse pas démonter. « Tout comme il faut des auteurs un tant soit peu compétents pour aider un éditeur et son entreprise à rester à flot. » Oups, j'ai dit un truc qu'il ne fallait pas, et comment je sais que Shark doit faire face à ce problème de taille ? Après quelques recherches que j'ai faites suite à la lecture d'un des romans de mon oncle Noah. Attends, j'ai pas encore fini de te rabaisser, à mes risques et périls, certes, mais peu importe. Je ne vais pas laisser un pauvre type me traiter d'abruti alors que je n'ai rien à envier aux intellos du campus. Une belle gueule et un cerveau, j'ai vraiment tout pour moi. « Si je n'avais pas déjà lu Les Hauts de Hurlevent, je dirais que les lieux ont une grande influence sur la personnalité des personnages. Tout comme cet amphithéâtre à une certaine influence sur vous, étant donné qu'entre ce lieu et celui décrit dans le libre, il n'y a aucune différence, c'est toujours le chaos et la cruauté qui y règnent. Ou alors, vous vous êtes inspirés d'Heathlciff pour vous forger votre propre personnalité si ressemblante à la sienne. » Sourire en coin. Même pas peur de Satan. « Aussi détestable l'un que l'autre. » Et vas-y que j'en rajoute encore une couche parce que ça me fait plus que plaisir et que ça me donne cette impression d'être intouchable. « Mais si on aime les personnages antipathiques à souhait, c'est un roman qui se laisse lire. Rien que pour les descriptions de la lande. La narration laisse un tantinet à désirer. » Histoire de brosser à nouveau le Shark dans le sens du poil et de lui montrer que je ne suis pas l'idiot du village qu'il croit que je suis. Je sais lire, je sais écrire, je m'intéresse aux bouquins, alors on va se calmer. « Mais je ne tiens pas à passer mon heure de libre à débattre sur ce sujet. J'ai disons, un service à vous demander. » Pourquoi il me regarde bizarrement depuis que j'ai ouvert la bouche ? Il va me tuer pour l'avoir insulté ? Ou est-ce que j'ai l'air d'un extra-terrestre qui ne parle pas sa langue ?
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MessageSujet: Re: i was expecting applause. i was expecting applause. EmptySam 4 Jan - 17:21



Avant de partir, j'adresse un regard en coin à l'une des étudiantes qui passe près du bureau. Trop heureuse d'avoir attiré l'éphémère attention de Shark, la voilà qui manque de se ramasser par terre à cause d'une poubelle à papiers. Too easy. Allez savoir pourquoi, j'aime cumuler ces petits témoignages de l'effet que je peux faire aux femmes depuis que mon fils a eu la bonne idée de faire de moi un grand-père beaucoup trop jeune. Je continue de ranger mes affaires lorsque le neveu de Noah décide d'approcher pour me parler. J'arque un sourcil lorsqu'il se pique de répliquer après mon entrée en matière. D'ordinaire, il aurait répondu quelque chose d'aussi limité que ses neurones le peuvent, mais là, il rebondit sur mes paroles et sur le cours. Je me tourne et ne peut retenir un air surpris. "Faites bien attention, Clives. Les mots d'un écrivain restent dans l'ombre si aucun éditeur n'a les moyens de les rendre marquants." annonçai-je avec un calme froid et menaçant à la fois. Qu'il fasse preuve d'esprit, c'est étonnant. Mais qu'il ne s'amuse pas à critiquer mon statut sous peine de devoir passer le restant de l'année scolaire à racler les plateaux souillés de la cantine avec la langue. On ne contredit pas Satan. Je me retourne donc entièrement vers lui, les bras croisés, en le regardant avec suspicion. J'attends qu'il en ait terminé pour daigner répondre alors que l'amphithéâtre est complètement vide. "Seigneur... Vous avez demandé des neurones au Père Noël et il a exaucé vos prières ? Il est vrai que votre regard semble un peu moins... simpliste qu'il l'a été par le passé." Sarcasme et humour à l'anglaise, deux armes qui masquent le trouble dans lequel je me trouve. J'ai toujours jugé que le fils de William n'avait pas hérité de son intellect, intellect que je trouve bridé d'origine. Alors comment se fait-il qu'il parle littérature ou que, tout simplement, il comprenne ce que je lui dis ? Pour les rares fois où je prends la peine de lui adresser la parole, d'ailleurs, c'est dire à quel point l'affaire est inquiétante. "Ceci étant, je n'ai nul besoin d'aller piocher dans les héros de la littérature ou dans des lieux communs pour me forger une personnalité. La prochaine fois que vous vous adressez à moi avec une telle impertinence, je n'aurais pas la clémence de mettre cela sur le compte de votre jeune ignorance." À la manière d'un félin classe et snob au possible, je lui tourne le dos avec une inégalable superbe. Juste le temps de passer mon écharpe et mon manteau. Pour un peu, ce jeune coq mériterait que je l'envoie promener dès maintenant. "Par-dessus le marché, vous osez me demander un service après avoir estimé judicieux de me répondre. Vous commencez l'année sur les chapeaux de roue, ma parole." Joe Shark ne rend de service à personne, c'est pourtant bien connu. Et le piston de Noah ne servira à rien. La dernière personne à qui j'ai rendu un service s'en mord les doigts vu la pression que j'ai posée sur ses frêles épaules. Me demander une faveur, c'est comme signer un pacte avec le Diable : très profitable en apparence, mais on le regrette amèrement une fois ratifié. Je reste face à lui, détaché et scrutateur. "Well... Admettons que j'ai la curiosité perverse de vous demander en quoi ce service peut consister juste pour avoir le plaisir de vous le refuser ensuite, de quoi s'agirait-il, Kenzo ?" Je ne souris même pas, malgré l'amusement qui anime le fin fond de mes pupilles lagon. Je ne vois déjà pas ce que ce jeune homme fabrique dans mon cours, alors je vois encore moins ce qu'il pourrait me demander, en sachant que Noah lui a toujours dit que pour son bien-être, il fallait se tenir à une distance de sécurité de Shark senior. "Par contre, vous allez devoir m'expliquer cela en marchant, j'ai un rendez-vous et une voiture m'attend sur le parking." Sans attendre sa réponse, je commence déjà à marcher et m'engouffrer dans le couloir au milieu des autres étudiants. Fais marcher tes jambes, garçon, je n'attends pas.
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MessageSujet: Re: i was expecting applause. i was expecting applause. EmptyDim 5 Jan - 17:25

i was expecting applause. Tumblr_mv6kt1JOJv1rjrvmvo1_250i was expecting applause. Tumblr_mlzfaeteCF1ru61tno1_250

Ses mots ne me touchent en rien, puisque je n'ai guère besoin d'un éditeur à l'heure présente, un jour peut-être, et si cela devait être le cas, il y en aurait plein le pays. Mais si je tiens précisément à me tourner vers Shark, c'est pour une raison bien particulière. Par contre, la réflexion qui suit me met dans le doute. De un, le Père Noël n'existe pas, et de deux, lui et moi, nous ne sommes jamais rencontrés alors pour parler d'un regard simpliste, il y va un peu fort. « Au vu de votre âge fort avancé, j'aurais espéré que vous aviez arrêté de croire à ces légendes que l'on raconte aux enfants histoire de leur offrir de belles histoires. » Age fort avancé, autrement dit, dans la cinquantaine. Bah quoi ? J'suis pas au courant qu'il n'a que quarante-deux ans. Il fait un peu vieux, quand même. Jeune ignorance ? Absolument pas. Tenir tête aux autres et bomber le torse en signe de dominance n'est pas une attitude dont je compte me détacher si rapidement, que cela plaise ou non à cet homme qui semble me prendre pour un bon à rien. À ses yeux, j'ai l'impression de n'être qu'un enfant, immature, inconscient et en pleine crise existentielle, mais il n'en est rien. Si certains craignent Shark, je ne le vois que comme un autre comme les autres. Après tout, il n'a rien de terrifiant, si ce n'est que prodiguer des menaces pour se faire obéir, ou cette lueur dans son regard qui veut dire qu'il va vous arracher les boyaux dans la seconde. Même pas peur. J'arbore un visage des plus neutre, mais intérieurement, je suis plus qu'exaspérer. Je me disais bien que quelque chose clochait depuis le départ, sa manière de m'appeler Clives, mais également sa façon si familière de s'adresser à moi. À moins qu'il ne considère tous les autres étudiants comme des abrutis de service, sans quoi, je me serais trompé sur ce point. En pleine réflexion pendant quelques secondes, Shark me sort de mes pensées en reprenant la parole. Le suivre ? Très bien, faut pas qu'il croit que j'ai eu peur de lui. Ce qui n'a jamais été le cas. Je suis donc le professeur hors de le couloir, avançant à ses côtés dans le couloir. Les étudiants s'écartent et baissent les yeux face à la venue du requin de l'université, seules les filles semblent ouvrir grands les yeux pour nous dévisager. Bombant légèrement le torse, un fin sourire se plaque sur mes lèvres, le temps d'un court moment seulement, je me dois à présent de parler affaires. « Alors voilà, mon prof' de littérature vient de m'annoncer qu'un stage est requis dans le cadre de mes études. Et comme vous êtes éditeur et que vous avez votre propre entreprise... et bien, j'envisageais de pouvoir faire ce stage avec... vous. » J'avoue avoir pour la première fois hésité sur les mots, sans nul doute parce que je ne prenais pas une telle demande à la légère, que j'étais prêt à m'investir afin de découvrir un domaine dans lequel je rêvais de me plonger. « Vous avez après tout édité les livres de mon oncle et, tout comme lui, j'aspire à devenir écrivain. Alors je me disais que ce stage pourrait être une sorte d'opportunité. » Pas forcément pour suivre les traces d'un oncle que je ne connais que par ce que Kenzo m'a raconté, mais bien pour obtenir une certaine expérience que je n'ai en rien. Venu tout droit d'Israël et ayant à peine quitté l'armée, j'avais repris mes études là où je les avais arrêtées, mais la culture américaine étant bien différente de celle que j'ai connue, il faut avouer que je me sens parfois comme un petit poisson abandonné dans un océan. « Puis, pour votre gouverne, il y a un gros, voir énorme, malentendu. Parce que, j'suis pas Kenzo, mais Rayan. J'comprends pas comment vous pouvez faire pour ne pas nous différencier, j'suis quand même plus beau que lui. » Bah oui, attends je ne fais que lui dire la vérité, pas qu'il continue à croire que je suis Kenzo et que, s'il venait à le croiser dans les prochains jours, lui parler de notre discussion dont il ne comprendra que traitre mot. « Et, mais attendez ! C'est mon frère que vous traitez d'imbécile depuis tout à l'heure ?! C'est bon, il aime juste les livres avec des images plutôt que les romans, c'est pas pour autant que c'est un demeuré ! » Ce n'est pas donné à tout le monde d'apprécier la bonne littérature, ni même d'avoir envie de se jeter dans l'écriture d'un manuscrit. Kenzo est fait pour le mannequinat et je préfère me tourner vers les livres, à chacun sa passion dans la famille. Et en parlant de famille, Shark apprendra très vite à ne pas souiller la mienne, ou tout du moins, mon frère jumeau. Que se soit William ou Noah, cela ne m'importe que trop peu pour le moment, je ne les ai pas encore rencontré, mais mon frère, c'est une toute autre histoire à présent que j'apprends doucement à le connaître.
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MessageSujet: Re: i was expecting applause. i was expecting applause. EmptyLun 6 Jan - 8:50



"Si vous continuez ainsi, votre espérance de vie n'atteindra pas le stade de l'âge "fort avancé", jeune homme." annonçai-je d'une voix glaciale. Ne jamais taquiner Joe Shark sur son âge, c'est une grave erreur de débutant. En fait, pour s'en sortir, il vaut simplement mieux baisser les yeux et ne parler que lorsqu'il vous le demande. Je quitte donc l'amphithéâtre, soufflé par l'impertinence curieuse du fils de William, lui qui n'a auparavant eu que la bonne idée d'être effrayé en ma présence. À la manière d'un Moïse de film d'horreur, j'écarte les foules comme les rives de la mer Rouge, un regard suffisant à faire plier les manants qui préfèrent se jeter sur les côtés plutôt que de se retrouver en travers de ma route. Quant à ces dames, elles nous épient sans grande discrétion, alimentant un ego surdimensionné. J'écoute les paroles du jeune homme sans le regarder, fronçant légèrement les sourcils lorsqu'il aborde avec moins d'assurance l'idée de venir travailler en stagiaire dans la maison d'édition Shark Publications. Franchement, jamais je n'aurais pu croire que cette belle gueule sans neurones souhaite s'orienter dans un milieu qui requiert tout de même la lecture assidue de littérature et de journaux, sans parler d'une bonne culture générale. Si je suis arrivé à ce niveau, c'est parce que je ne suis parti de rien, sans piston ni fortune préalable. D'une petite maison sans prétention, j'en ai fait un empire... Empire qui est aujourd'hui très fragilisé par une attaque terroriste, mais passons. Je ne réponds rien pour le moment, jusqu'à ce qu'il parle d'une bévue que j'ai pu commettre. Rayan ? Cette fois-ci, près du parking, je m'arrête et le regarde de bas en haut. Qu'est-ce que ça veut dire ? En plissant sensiblement les yeux, je distingue quelques très légères différences, mais heureusement que je suis physionomiste car c'est à s'y méprendre. D'ailleurs, s'il ne me l'avait pas dit, j'aurai poursuivi dans mon erreur. "Seigneur, ça s'est multiplié..." soufflai-je avec un effroi sarcastique. Je réalise enfin que le fameux Kenzo a un frère jumeau et qu'il se tient devant moi. Comment est-ce possible ? Dans un sens, j'ai passé vingt-et-un ans sans savoir que j'avais un fils en Russie, alors au fond, tout n'est pas si impossible. J'arque un sourcil pour lui répondre enfin. "Vous voyez, vous aussi vous êtes long à la détente." C'est qu'il lui a fallu un petit moment pour réaliser que le peu de considération que je lui portais se dirigeait en réalité à son frère. "Navré, mais quand il s'agit d'un garçon qui pense que 20 000 lieues sous les mers est un épisode de Dora l'Exploratrice, je suis en droit de pouvoir le considérer comme un... une personne aux joies simples." Le politiquement correct à l'anglaise, c'est presque encore plus mordant qu'une vraie insulte. Pire quand c'est dit avec le sourire. "Cela étant, je n'étais pas au courant que William avait eu la chance de s'être reproduit en plusieurs exemplaires." L'ironie, encore et toujours. Quand on sait à quel point William est un indépendant par nature, né lui aussi pour protéger ses intérêts et ceux de notre mère patrie aux services secrets de Sa Majesté, c'est assez divertissant. J'attends encore un peu, évaluant du regard le jeune homme face à moi en repensant à ses paroles. "Si je résume, vous attendez donc que je fasse une faveur à un étudiant qui s'est permis à plusieurs reprises de faire preuve d'insolence face à moi ? Même votre frère aurait pu repérer ce qui donne faux dans cette phrase." C'est une question purement rhétorique, histoire de lui signifier qu'on ne doit jamais contrarier Joe Shark et que, pour obtenir quelque chose, il faut le brosser dans le sens du poil. Je tourne la tête vers la voiture noire aux vitres teintées qui vient de se garer près de nous, puis je lève le menton pour fixer Rayan. "Ceci dit, vous êtes le seul à avoir eu le culot de venir me voir pour un stage, tout comme vous êtes l'un des seuls à avoir manifesté un intérêt réel pendant le cours, tout à l'heure. Présentez-vous à mon bureau dans deux heures, au siège de Shark Publications, nous discuterons de vos objectifs, votre parcours et des conditions de votre stage si jamais je vous l'accorde. Pensez à emmener un CV." Sur ces bonnes paroles, je monte dans la voiture, à l'arrière, et celle-ci démarre vers mon rendez-vous en centre-ville. Cela n'a peut-être pas l'air comme ça, mais je viens d'offrir une chance à Rayan de venir exposer son parcours et ses ambitions en seul à seul au cœur d'un milieu pourtant très fermé. Ce n'est pas rien. La raison est simple : je suis intrigué par le potentiel que je ressens chez lui, et ça n'a absolument rien à voir avec son lien familial avec Noah. Je suis même convaincu que mon bichon serait effrayé que je puisse influencer un jeune homme encore "innocent" à ses yeux. Deux heures plus tard, très exactement, je suis dans mon bureau et j'entends frapper. La porte s'ouvre sur Marc, mon assistant. Gay stéréotypé et fier de l'être, jusqu'au bout des ongles. "Fais-le entrer et prépare-moi un thé, merci." Marc fait signe à Rayan d'entrer dans le bureau avant de partir pour aller faire le traditionnel thé de Shark senior. D'un geste de la main, j'invite le jeune homme à s'asseoir en face du bureau puis je croise les bras sur mon torse. "Je vous écoute."
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MessageSujet: Re: i was expecting applause. i was expecting applause. EmptyJeu 9 Jan - 1:35

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Si je ne réplique pas, c'est bien parce que je suis convaincu que je n'atteindrais jamais cet âge fort avancé, il en est d'ailleurs hors de question. Vous avez un peu vu les rides du père Shark ? Puis les cernes sous les yeux ? Merci, mais non merci, je ne veux pas ressembler à ça dans vingt ans et inutile de me conseiller la chirurgie ou les injections de botox, car si l'opération venait à mal se passer, je serais carrément défiguré, ce qui est improbable. Le premier qui touche à ma belle gueule va se retrouver six pieds sous terre, et plus loin encore. Mais peu importe les mots que j'ai pu aligner, peu importe leur impact, je ne les regrette en rien, et je ne demanderais en aucun cas pardon à Shark pour être si franc et direct. Bah quoi ? Pourquoi il me dévisage de la sorte, celui-là ? Mais vas-y, admire, rends-toi compte à quel point je suis un Dieu vivant et que tous les autres étudiants ne sont que des crottes de rats à côté de moi. Pardon, je m'emporte, oui, je vais me calmer. « On s'demande de qui on tient ça. » Peut-être bien de William, allez savoir. Je cache une grimace de mécontentement suite aux paroles de l'éditeur, lui en voulant presque pour les paroles qu'il débite concernant mon frère jumeau. Après tout, personne ne devrait en vouloir à Kenzo pour son ignorance, ou sa façon de s'extasier sur tout et n'importe quoi au vu de ce que je sais concernant son passé, un passé qui, est quasi inconnu aux yeux des autres. « Et lui non plus n'est pas au courant, alors je vous en serais reconnaissant de ne lui dire ne serrait-ce qu'un traitre mot de mon existence. » Et je n'appellerais pas cela de la chance, plutôt une malédiction. Celle d'avoir engendré deux fils ayant tous deux un égo aussi grand que ne l'est l'univers, de quoi créer une véritable guerre de coqs toutes les trente secondes. J'ai redressé le menton lorsque Shark se permet d'adresser ce qui semble être un nouveau pic à l'égard de mon frère, signe qu'un mot de travers en plus, et je risquerais de passer à l'attaque sans trop me préoccuper que se soit de son statut de professeur ou de ses envies de meurtres à mon égard. « Insolent ? Pas vraiment, sur la défensive, dirons-nous. » Insolent aussi, certes, mais quel visage voulez-vous aborder face à un être aussi anodin que lui ? Bien que se soit une victoire en soit de pouvoir me rendre au siège de son entreprise, je n'affiche aucune réaction qui laisserait à croire que cette situation m'enchante. Non pas que je ne sois pas touché par la chance que l'éditeur m'offre, simplement, je me dis que tout n'est pas encore joué. « Comptez sur moi. », soufflais-je finalement avant que l'éditeur ne vienne à grimper dans sa voiture. Un CV ? Autant lui donner une feuille blanche, cela me simplifiera grandement la vie. Car oui, que les choses soient claires, je n'ai vraiment aucune expérience dans le domaine dans lequel je compte me plonger. Après tout, je suis parti à l'armée après avoir achevé le lycée, et n'ai commencé d'étudier la littérature qu'il y a un an, après avoir terminé mon service. Malgré tout, j'ai montré un intérêt tout particulier pour les ouvrages en tout genre dés le plus jeune âge, sauf que personne n'en a jamais rien su, en Israël, hormis ma mère. Ça faisait trop intello de se pavaner avec des bouquins, puis le roi que j'étais avait d'autres chats à fouetter dés lors qu'il se retrouvait dans les rues ou dans les couloirs des établissements que j'ai fréquenté. Après cette brève discussion, je suis donc rentré à mon appartement, afin malgré tout de me pencher sur un potentiel CV à écrire, mais rien de ce que j'y mettrais n'attirera le regard de Shark. Après tout, rien d'intéressant ni se trouve, pas même mon petit boulot en temps que barman, seul vrai travail que j'ai, officiellement. Officieusement, c'est une autre histoire, mais je ne dirais rien à ce sujet, sans quoi, Shark pourrait me déguerpir à gros coups de pied dans les fesses. Comme prévu, je me retrouve finalement devant le siège de Shark Publications, soufflant un bon coup avant de pénétrer dans le bâtiment. Si certains me penseraient fou, je ne vois pas en quoi demander un stage à l'éditeur était du suicide. Certes, il a les mots qui blessent, mais il suffit juste de savoir lui tenir tête, de bien serrer les rênes pour lui montrer qu'il n'a pas non plus les pleins pouvoirs et qu'il n'a pas besoin de rabaisser tout le monde plus bas que sous terre. Un homme, prénommé Marc comme il le souligne si bien, s'était rapidement approché de moi suite à mon entrée. Je l'ai longuement dévisagé avant de pouvoir enfin lui dire que j'avais rendez-vous avec le grand patron. Je suis donc l'assistant jusqu'à une porte à laquelle il frappe, le visage de marbre alors que d'autres auraient très bien pu montrer une profonde inquiétude avant de s'évanouir. Lorsque je suis invité à entre dans le bureau, je jette un dernier coup d'œil de bas en haut à l'assistant, et finis par m'asseoir en face de Shark, comme celui-ci est en train de me l'indiquer. Écoute mon silence, homme, parce que je ne sais absolument pas quoi te raconter. Enfin si, j'aurais des tas de choses à dire, mais tout te semblera, sans nul doute, fade et sans grand intérêt. Quelques secondes se sont écoulés, quelques secondes au cours desquels j'ai intensément fixé l'éditeur en cherchant les premiers mots que je lui adresserais. Il faut dire que je n'ai jamais fait ça, des entretiens. « Tout d'abord, merci de me recevoir et de m'accorder une petite chance. En fait, il faut que vous sachiez que je n'ai aucune expérience concrète dans le monde de la littérature. Je n'ai jamais été dans d'autres maisons d'édition, je n'ai jamais travaillé pour un quelconque journal ou quoi que se soit d'autre qui puisse toucher mon domaine d'étude. Etudes que j'ai d'ailleurs entamées il n'y a pas si longtemps. » Non, mais là, le père Shark va vraiment me jeter dehors si je continue avec ma négativité, mais que voulez-vous, je n'allais pas lui inventer un parcours que je n'ai pas suivi juste pour ses beaux yeux. Au pire, s'il me refusera ce stage, je n'irais qu'à voir ailleurs si j'y suis. Je sais que Shark a une grande expérience dans le domaine de l'édition, et c'est pour cette raison que je tiens à me tourner vers lui. Ensuite, je ne peux guère cacher que c'est parce qu'il a été l'éditeur de mon oncle, que je tiens également à apprendre à ses côtés. Ils sont quand même bien, les ouvrages de Noah. « Mais même si je manque d'expérience, je ne manque pas d'envie. La lecture et l'écriture sont des domaines qui m'ont toujours intéressé, voir même fascinés, et je ne demande qu'à en apprendre d'avantage à ce sujet. Histoire de faire mieux que Noah. » Mon oncle a déjà placé la barre très haute dans ce domaine, et je ne demande qu'à être meilleur que lui. La soif de victoire, dirons-nous. Je sens quelques gouttes de transpiration perler le long de mon front. Le stress, intense. Jamais encore, je n'ai senti cette boule à l'estomac qui vient tout juste de se former, mais je peux vous dire qu'elle fait mal. C'est donc ça, la peur de ne pas être à la hauteur ?
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MessageSujet: Re: i was expecting applause. i was expecting applause. EmptyVen 10 Jan - 9:52



En attendant que ce jeune étudiant arrive, j'avais médité certaines de ses paroles avec une légère curiosité. Pourquoi ne pas vouloir qu'on l'associé  son père ou même son oncle ? Si Kenzo et lui sont jumeaux, je ne donne pas un mois à ces pied bavardes et avides de gossips pour que l'information fasse le tour de l'université. Et c'est la seule réflexion que je me suis accordé sur le sujet, jugeant que ma concentration pouvait être mise à meilleure contribution que sur les problèmes sociaux de la famille Clives. Je ne demanderai qu'une chose : la preuve visuelle que William sera effectivement tombé dans les pommes en apprenant que ses frasques d'enfance ont donné naissance à des jumeaux. Il semblerait que fatalement, nos réputations d'inépuisables séducteurs sont vouées à nous jouer de sales tours. Assis à mon bureau, je lève la tête vers Marc qui fait entrer le grand blond, non sans remarquer que mon assistant reste bloqué à la porte pendant quelques secondes, juste pour pouvoir lorgner de dos l'apollon qui vient de se présenter. J'arque un sourcil et cet air exaspéré suffit à faire fuir le voyeur qui referme la porte derrière lui. Les bras croisés, j'écoute la manière que Rayan a de se vendre... ou, dans le cas présent, de se couler vu la façon peu avantageuse qu'il a de se décrire. Aucune expérience, fraîchement étudiant, mais sans plus. Mon visage demeure aussi expressif qu'un rocher millénaire, rien ne peut le laisser présager de ce que je pense, pas même si c'est négatif ou positif. Par politesse anglaise, je ne l'interromps pas et prend le temps de le laisser formuler ce qu'il a en tête. Un silence s'installe pendant des secondes qui doivent paraître des heures à Rayan, et ce jusqu'à ce que Marc n'entre avec mon fameux thé. Une odeur de citron diffuse s'échappe de la théière sur le plateau, il en verse dans une tasse avec une cuillerée de sucre rosé puis il s'esquive aussi vite qu'il est venu. Je prends la soucoupe avec la tasse puis je remue sans lâcher l'étudiant du regard. Un regard bleu azur, pénétrant, qui à l'art et la manière de mettre affreusement mal à l'aise. Pire encore lorsque j'aperçois son front luire. "Vous arrivez ici sans aucune expérience autre que celle d'un enfant passionné de lecture et vous prétendez réclamer un stage avant de surclasser le niveau de Noah Clives ?" Je lève légèrement le menton avant de porter la tasse à mes lèvres pour une gorgée. "Vous avez du culot et un certain charisme, il faut bien le reconnaître. Cela dit, je vais vous faire redescendre sur Terre immédiatement : vous n'atteindrez pas la cheville de Noah avant des années." Je perçois que l'ego est un moteur puissant chez ce jeune homme et je ne peux que saluer cela car c'est ce qui m'a poussé à vouloir régner au sommet. Ceci dit, il ne faut pas qu'il devienne trop dévorant. "Parlez-moi de ce qui vous plairait réellement comme orientation de carrière. Dans cette maison, j'édite des romans, des essais, des magazines, des journaux... Le public visé est extrêmement large et toutes les publications ne s'adressent pas à une même société." Je parle autant de classe sociale que de nations étrangères car ce qui plait aux États-Unis ne plaira pas forcément en Grande-Bretagne, en France ou en Espagne. "Sachez que si vous aspirez à devenir écrivain comme votre oncle, l'ambition de vouloir dépasser l'autre ne vous sera d'aucune utilité. Les gens veulent lire une histoire de qualité, pas les mots crachés sur un papier par un jeune hargneux désireux de satisfaire sa soif égocentrique. En revanche, si vous souhaitez vous dirigez vers le journalisme ou l'édition, là c'est un atout majeur qu'il ne faudra jamais oublier." Cela n'en a pas l'air, mais cette fin de phrase est teintée d'un humour d'auto-dérision, car j'ai moi-même eu recours à cette soif de pouvoir pour surclasser mes concurrents. L'édition est une jungle où je suis le lion. Être écrivain, en revanche, demande plus de subtilité et de "franchise" de la part de l'auteur. "Alors je vous écoute. Que souhaiteriez-vous apprendre d'un stage ici ? Que savez-vous au débotté des œuvres de votre oncle ? Avez-vous déjà écrit pour vous-même ou pour les autres, sans que ce soit forcément professionnel ?" On n'ambitionne pas d'être écrivain en partant de rien, j'imagine qu'il s'est peut-être déjà frotté à l'écriture d'une nouvelle ou quelque chose de ce goût. Je l'espère, en tout cas.
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MessageSujet: Re: i was expecting applause. i was expecting applause. EmptyDim 12 Jan - 14:25

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Impossible de ne pas porter mon regard sur l'assistant de Joe pour la seconde fois, au moment même où il franchit la porte du bureau, amenant son thé à l'éditeur. Si mon visage restait inexpressif, si ce n'était que la sueur qui avait rapidement fait son apparition sur mon front, en espérant d'ailleurs que tout cela ne bousillera pas ma chevelure couverte de gel, mes yeux en disaient longs, suppliant presque l'assistant de me sortir de cet enfer dans lequel je m'étais jeté. Si je savais que Shark avait une réputation de Satan, je ne m'attendais pas non plus à ce qu'il se montre aussi tyrannique qu'il ne l'était à l'heure présente. Mais l'assistant s'éclipsa sans un mot, et me voilà forcé de reporter toute mon attention sur Shark qui me dévisage de son regard pénétrant, me donnant cette impression de m'épier au rayon X. C'est moi, où il fait chaud dans ce bureau ? Mon rythme cardiaque s'accéléra dés lors que l'éditeur reprit la parole, et à cet instant, je vins enfin à comprendre que ce qui m'avait paru être une bonne chose au départ, n'était rien de plus qu'une mauvaise idée. Trop arrogant, trop prétentieux, trop... ambitieux, savoir qu'un simple sourire ravageur doublé d'un égo surdimensionné ne me permettrait pas toujours d'arriver à mes fins était une chose que je n'avais pas comprise jusqu'à maintenant. Malgré les paroles de Shark, je garde la tête haute, dans le silence le plus complet, le laissant presque me rabaisser en prétendant, en gros, que je ne serais jamais à la hauteur de mon oncle, ni même à la hauteur pour devenir écrivain. Je peux rapidement sentir mon pouls ralentir. Tous ces pics ne m'atteindront pas, alors je place mon égo de côté, juste pour un moment, le temps de laisser le personnage froid sommeillant en moi, prendre le dessus sur l'homme égocentrique. Jusqu'au bout, mon regard marron n'aura quitté le sien, jusqu'au bout, je serais resté muet. Fini de jouer à l'être avide de pouvoir, je suis arrivé dans le bâtiment avec un objectif, un seul, et je ne quitterais pas les lieux avant d'avoir obtenu gain de cause. « J'ai commencé par écrire des nouvelles, étant plus jeune, pour le compte de ma mère qui a toujours aimé les histoires que je lui racontais. C'est elle qui m'a poussé à me lancer dans l'écriture et je dois avoir à mon actif une bonne... trentaine de récits en tout genre. » Des histoires tordues, des plus tristes, des aventures, des récits pour enfants et j'en passe, toutes avec des fins surprenantes, face auxquelles ma mère adoptive poussait bien souvent un grognement, surtout de frustration. Intérieurement, j'affiche un sourire jusqu'aux oreilles en repensant à toutes ces histoires que j'ai écrites rien que pour elle, mais extérieurement, je reste de marbre. « Mais plus récemment, j'ai narré des événements qui me sont arrivés. Un pan de ma vie que j'ai tourné sous forme de roman... historique. » Ce n'était pas une autobiographie, ou quelque chose dans le genre, mais c'était le récit de mes trois années passé dans l'armée. Le tout ressemblait à de la fiction, un narrateur à la troisième personne qui n'avait ni nom, ni prénom, comme tous les autres personnages, ou devrais-je dire, soldats, qualifiés que par des surnoms que je leur avais trouvés au cours de nos missions. Il n'y avait que ce R., à la toute fin de mes écrits, ce mot qui clôturait plus de trois années de ma vie. « Rien de plus que des graffitis presque illisibles étalés sur plus d'une centaine de pages. » Autrement dit, il n'y a rien de bien concret là-dedans, pas la peine de me questionner sur ce sujet. Je ne dirais que traitre mot, je garde ces pages précieusement cachées chez moi, dans une mallette digne des plus grands films d'espionnage. Personne ne les a jamais lues, ou même vues. « Quant aux œuvres de Noah, elles sont, un tantinet, trop réalistes à mon goût, même s'il révèle le quotidien de milliers de personnes. Toutefois, ce sont d'excellents ouvrages, même si je préfère les romans d'aventures ou le fantastique. » Notamment ceux de Jules Verne ou Stephen King, qui m'offrent une inspiration sans fin quant à continuer à coucher les mots sur le papier. Lorsque j'écris, je tiens à m'éloigner un minimum de la réalité, avec un esprit aussi dévergondé que le mien, c'est une chose des plus faciles. « Mais pour en revenir à ce fameux stage, j'espérais que vous puissiez... me familiariser avec le monde de la littérature. Enfin, je m'en remets notamment à votre expérience. Je sais que j'ai pas fait de grandes études, mais j'ai pas grandi dans le coin, ou même en Angleterre comme Noah, alors les écoles prestigieuses, c'était pas vraiment dans mes cordes. » Ma mère adoptive n'avait après tout pas les moyens de m'envoyer dans une grande université, sans compter ce service militaire obligatoire qui m'avait coupé l'herbe sous le pied. Et heureusement que son compagnon actuel m'a permis d'accéder à la prestigieuse université qu'est Berkeley, afin, à la fois, de retrouver ma famille, mais également de m'écrire un avenir digne de ce nom. « Tout ce que je demande, c'est une petite chance. Une chance de vous montrer que je ne prends rien de tout cela à la légère. Une chance de pouvoir gravir des échelons pour arriver au sommet tout comme vous l'avez fait. » Comment ça, je n'arrive toujours pas à mettre mon gros égo de côté ? Bon d'accord, j'avoue, l'envie d'être meilleur que les autres m'a toujours poussé dans mes derniers retranchements.
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MessageSujet: Re: i was expecting applause. i was expecting applause. EmptyJeu 16 Jan - 6:16



J'ai conscient d'être particulièrement exigeant, si ce n'est effrayant avec Rayan, mais il va comprendre avec le temps que c'est un bon signe. Le pire que j'aurais pu lui servir aurait été une méprisante indifférence, juste pour m'amuser avec ses nerfs avant de le congédier comme un vulgaire manant comme j'en croise tous les jours ici-même ou à Berkeley. Je remarque que son attitude commence à changer, qu'il prend sur lui de ne pas laisser paraître toute l'arrogance dont il a pu faire preuve jusqu'ici car elle ne le mènera nulle part hormis à la porte sans aucun stage à la clé. J'attaque son ego sans la moindre pitié en ayant à l'esprit que c'est à la fois son point fort et son point faible… il me rappelle moi à son âge. A ceci près que j'ai tout de suite su faire preuve de l'hypocrisie nécessaire à cette corporation professionnelle si on veut parvenir au sommet. Businessman de génie et pire ordure de la planète, ce sont deux rôles qu'il faut maîtriser sur le bout des doigts quand on veut parvenir à bâtir un empire digne de ce nom. Au diable les beaux discours, il n'y a que l'absence de pitié qui mène les anonymes à régner dans la lumière. Je bois lentement plusieurs gorgées de thé sans lâcher le jeune homme des yeux, lui offrant toute l'attention qu'il mérite. A vrai dire, je me divertis également à compter les gouttes de sueur qui glissent sur son front lisse aux reflets de plus en plus brillants. Et je n'ose même pas imaginer l'état du reste de son corps s'il est aussi angoissé. Il a visiblement le goût de l'écriture depuis qu'il est jeune et ne s'en est jamais défait. Je reste silencieux, presque trop pour que ce soit bon signe. Lorsqu'il a terminé, je remue le liquide translucide avec la petite cuillère en argent jusqu'à ce que je daigne poser à nouveau ce regard pénétrant sur lui. "Voilà… c'est ainsi qu'on ouvre un entretien pour postuler chez un éditeur, jeune homme. Vous avez capté l'attention autrement qu'en présentant des défauts ou bien en exagérant vos présumées qualités." Je finis par terminer la tasse puis je m'adosse confortablement contre le dossier de mon fauteuil, les yeux très légèrement plissés. Je réfléchis. Je médite ses mots, son attitude mais aussi sur ce que mon instinct me dicte. Rayan est fascinant pour l'éditeur que je suis dans la mesure où il présente visiblement la passion que possède son oncle, mais savamment distillée avec une ambition qui trouve un écho on ne peut plus favorable chez moi. Je ne sais combien de secondes s'égrainent le temps que je m'octroie pour réfléchir. Il n'est pas question que d'un stage, pas cette fois. "Savez-vous pourquoi je suis passé outre votre insupportable impertinence à l'université pour vous proposer cet entretien ?" Je me lève du fauteuil en reboutonnant le seul bouton de mon costume et je commence à marcher vers lui en contournant le bureau tandis que mon regard l'invite à rester assis, comme la proie immobile face au fauve. D'une démarche lente, j'arrive dans son dos. "Noah est un excellent écrivain et je maintiens que, malgré vos goûts, il vous faudra parcourir du chemin avant de prétendre pouvoir rivaliser avec lui. Je n'ai pas lu vos écrits, mais on ne s'improvise pas écrivain sans avoir été correctement cadré, et votre oncle a été un étudiant on ne peut plus assidu dès son plus jeune âge." Nous avons grandi ensemble dès notre première année universitaire ensemble, je sais à quel point il fut un élève studieux, quoique beaucoup plus timoré que je ne l'ai été. "En revanche, vous avez quelque chose qu'il n'a pas." J'arrive à sa hauteur et le fixe avec un sourcil arqué. "La rage de l'ambition." Et c'est précisément ce qui m'a poussé à lui offrir au moins l'opportunité de s'exprimer là où d'autres n'auraient même pas mérité que je leur adresse un seul regard. "Si la majeure partie de mes employés sont dévoués à leur tâche, rares sont ceux qui ont l'étincelle qui leur donnera la force nécessaire pour donner un envol à leur carrière. Vous, vous semblez posséder la curiosité, l'instinct du conquérant, le courage des meneurs." Je le regarde avec ce même détachement commun à tous les Anglais dignes de ce nom, malgré ce que je lui dit, signe qu'il serait très mal vu de bomber le torse ou encore de sourire pour marquer une appréciation de ces compliments. C'est qu'il y a tout un manuel d'attitudes à observer en présence de Joe Shark si on ne veut pas s'attirer les foudres du fils unique de Satan. Marc l'enseignera à Rayan en temps voulu. Je reste encore silencieux pendant un instant puis je m'installe de nouveau derrière mon bureau en lui tendant un stylo ainsi qu'une feuille de papier. "Notez ce que je vais vous dire." Je fais disparaître l'écran de veille sur mon ordinateur puis je commence à taper dessus pour reprendre le travail, comme si de rien n'était. "Ce soir, j'organise ici-même un cocktail dinatoire avec quelques grands noms de l'édition, de la littérature ainsi que certains investisseurs. Malheureusement, j'ai l'obligation d'avoir mon assistant à disposition pour certaines choses que je ne peux demander à quelqu'un d'autre. Vous allez donc organiser cette soirée." Voilà qui peut lui paraître étrange, à plus forte raison qu'il a expressément fait part de son désir d'être familiarisé avec le monde de la littérature. Il comprendra plus tard. "Passez chez le traiteur pour vous assurer que toutes les commandes seront prêtes à temps et aux quantités demandées. Ensuite, organisez la mise en place de la décoration et de la logistique de la soirée car les différents professionnels vont défiler au cours des heures à venir pour déposer ce que nous leur avons commandé. Vous pensez également à récupérer mon costume sur mesure chez Dolce & Gabbana et mes chaussures chez mon cordonnier habituel. Enfin, je veux que vous fassiez venir l'Assiette de fruits d'Henri Matisse car l'un de mes plus fervents amis originaire de Paris n'a pas eu l'occasion de le voir de ses propres yeux en raison des travaux du San Francisco Museum of Modern Art où il est conservé." Je lève enfin les yeux vers Rayan. Oui, je lui demande très calmement de faire sortir une œuvre inestimable du plus grand musée de la ville afin de l'exposer entre ces murs pour le simple plaisir de quelques spectateurs. Un défi quasi impossible à réaliser, malgré le ton tout à fait posé dont je fais preuve. "Marc vous indiquera quelques détails d'ordre technique, vous avez jusqu'à 20h précises. Vous pouvez vous retirer." Je continue à pianoter sur le clavier puis je soupire. "Ah, j'oubliais : vous seriez mal avisé de me décevoir, car je me verrais dans l'incapacité de vous accorder ce stage. Ce sera tout." Maintenant, file, petit. Ces tâches peuvent paraître exagérées et ingrates, mais s'il parvient à organiser la soirée sans aucune fausse note, alors je lui expliquerai le but de cette démarche curieuse.
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