C-M & Joe

--"Faire la fête c'est chouette."--

Ce slogan me laissait perplexe. J'avais horreur des sorties et horreur des fêtes. Depuis mon lycée, je passais un peu pour la ringarde du groupe. Je sortais rarement, voire jamais et mes contacts sociaux se limitaient à quelques copines rencontrées de ça de là. Mais aux Etats Unis, ça ne devait pas rester comme ça. Enfin, j'en faisais un but personnel. Il fallait rencontrer des gens. Après tout, il y a tellement de monde ici que tous les types de cultures se rencontrent et il peut vraiment y avoir des choses sympas à faire. Ce soir, c'était vraiment l'occasion de sortir rencontrer des gens. On ne refait pas sa nature, je serai surement en galère, mais il faut le faire à tout prix.
J'avais déjà croisé des gens dans Berkeley qui m'avaient l'air tout sympa. Mais j'avais trop peur... Je suis timide comme c'est pas possible. Je ne peux rien faire, je bloque. Il fallait sortir pour rencontrer du monde, c'était une véritable fatalité. Je me décidais donc le matin à sortir, le soir même au Lexington Club, éminente boite de San Francisco. Ce milieu sera une véritable découverte pour moi. Même en France, je ne m'étais décidée à aller là bas pour une raison ou pour une autre. Ici, ça semblait la norme. Je savais que beaucoup d'étudiants se rendaient dans ce lieu mais je ne m'étais jamais liée à un groupe... Il fallait donc faire tout, toute seul.

-- San Francisco 19h15 --

Je sortais du bus. Voyage galère là encore. C'est là qu'on se rend réellement compte de la distance Berkeley/SF. Vraiment dure pour une française. Le ciel s'assombrissait peu à peu mais je sentais encore l'air de la ville très animé. La ville ne devait jamais dormir après tout... comme toutes les métropoles. Au détour d'une rue, je devinais au loin la boîte de nuit. L'odeur mélangée de tabac et d'alcool se faisait déjà sentir et je m'approchais toute craintive du lieu. Des groupes de jeunes fumaient et rigolaient à l'entrée et lorsque je me rapprochais, je sentais qu'on me dévisageait très clairement. Je ne faisais peut être pas branchée... pourtant par le temps et l'ambiance du club, j'avais pris soin de prendre une petite jupe bleue, assortie à un haut assez court aussi. Mes parents auraient eu honte de moi, c'est sûr, mais il fallait que je profite de leur absence.
Le lieu était très festif mais pas encore à fond. Il n'était pas encore trop tard. D'ailleurs, il restait quelques places assises et je m’asseyais, dans un coin discret pour observer les gens un peu. On était dans l'heure creuse mais peu à peu, ça se remplissait. Déjà, un type visiblement aviné m'aborda... Je le repoussai sans hésitation tant son attitude me paraissait déplacée. Mais que fallait-il faire? Attendre qu'on vienne, ou aller vers les gens?
J'avais l'impression que le temps passait lentement. La musique commençait a être de plus en plus fort et l'ambiance de plus en plus chaude. Bientôt, il était difficile de se déplacer dans le club tant il y avait du monde. Je me faisais encore très en retrait, en faisant quelques sourires aux garçons passant devant ma table mais rien de vraiment concret. Je n'étais définitivement pas faite pour ce genre d'ambiance. Il fallait que je trouve autre chose... pour moi ou pour eux? Là encore, ça posait problème.
J'observais autour de moi le spectacle hallucinant. Des dizaines de jeunes se trémoussaient sur une musique assez inaudible tellement elle était forte, l'alcool coulait à flot, il y avait des liens évidents entre les personnes et moi, j'étais seule... Éternellement seule.
Je me levais de ma table, à vrai dire, ça allait de soi que je n'étais pas faite pour ce type d'ambiance. Je me frayais difficilement un passage parmi les jeunes et arrivait enfin à atteindre la sortie. Une fois dehors, l'air qui s'était bien rafraichît me surpris. Il faisait nuit. Je regardais ma montre : 20h30. J'avais passé plus d'une heure là bas, pour finalement, ne rien trouver.

Je sortis de la voiture avec un léger sourire aux lèvres. J'étais en avance, il devait être seulement 20h ou 20h30 et déjà je cherchais un endroit pour m’enivrer, rire, faire des rencontres et danser. J'étais en avance mais l'ambiance était déjà bien festive dans les rues de San Francisco.
J'avais choisi mon quartier avec minutie. Il ne fallait pas que je retombe tout de suite dans les mêmes combines qu'à New York. Ici, personne ne me connaissait. C'était un tout nouveau départ et je ne voulait pas le gâcher. J'avais peut-être emprunter la voiture dans laquelle je roulais sans l'autorisation de son propriétaire mais j'étais certain que je la lui rendrais en bonne état quelques heures plus tard sans qu'il ne se rende compte de rien.

En temps voulu, j'achèterai ma propre voiture mais à l'heure actuelle, je n'allai pas rester cloîtrer chez moi à l'Est de San Francisco juste parce qu'il me manquait le moyen de transport adéquat oui pire, traîner dans les rue de l'East San Francisco et replonger aussi sec dans le deal de drogues. Nooope. Ce n'était pas prévu.

J'avançai en direction du club avant de m'arrêter devant une vitrine, Veste niquel, chemise niquel, jean impeccable, chaussures parfaites. Tout allait bien sauf un léger détail, ce foutu bracelet qui se verrait dés que j'allai m'asseoir. J'avais déjà vécu un bout de temps un bracelet au pied, rien n'était plus désagréable que ce moment gênant où la personne en face de vous l'aperçoit et ne sait comment réagir.
Je soupirai légèrement. Il n'y avait aucune raison que je m'assois. Je comptais juste... boire et danser ce soir. J'avais perdu bien trop de soirée à faire des trucs un peu louches à New York et n'avais pas pu assez m'amuser. Cela devrait changer.

J'étais seulement à quelques rues du club. Arrivé devant, les nombreux fumeurs me donnèrent envie de m'en griller une. Viles fumeurs ! Je dégainai mon paquet de cigarette et tirai sur ma clope pour l'allumer. Tout allait bien, j'irais boire un verre, un deuxième puis j'irais danser.

Une fille sortit rapidement du club. Elle avait un air un peu paumé... non... hagard, ça sonne mieux. Elle avait un air hagard. Elle était belle et jeune. Son visage m'était étrangement familier et alors qu'elle regardait autour d'elle, mon cerveau tournait à mille à l'heure pour savoir où j'avais bien pu la voir auparavant. Sur le campus, sans aucun doute. Peut-être au labo, il y avait quelques jeunes scientifiques mais je me souvenais bien de leurs visages et mon cerveau n'associait pas du tout la fille en face de moi à la science... Non, c'était autre chose, pas les cours de doctorat puisqu'on avait tous plus de 25 ans et nous n'étions presque que des mecs... Non, autre chose...

- Philo !

J'avais dit ça à voix haute. Au moins, c'était un bon moyen d'accrocher son attention.

- Je t'ai vu en philo, non ? Première année avec le professeur... comment déjà ?

Je souris légèrement.

- Je suis Joe.

Je lui tendis la main, étrangement content d'avoir trouvé quelqu'un avec qui boire quelques verres et peut-être lus, pourquoi pas ?

"Philo"? "Philo"? Quelqu'un avait dit philo? Je me retournais et voyais un type qui me regardait. Il avait une apparence très soignée... Trop peut être pour être honnête. Il avait une cigarette à la main et définitivement voulait me parler. Comment connaissait-il ma filière? C'était sans doute un étudiant.
Je me rapprochais de lui et il me parla de la philo. Le type me connaissait et je ne savais rien sur lui. Vraiment étrange.

- Oui. Je suis en philo à Berkeley. Tu viens de là bas aussi?

Question idiote à vrai dire. Il n'aurait pas pu me reconnaître si il n'avait pas fréquenté ce lieu. A vrai dire, la sensation de vouloir rencontrer quelqu'un ce soir s'était dissipée et j'aurais presque préféré rentrer chez moi. Cet étudiant ne m'inspirait pas confiance... et ça devait se sentir. Il me fit un sourire, surement pour me calmer et je dois bien avouer que ça marchait partiellement. Je me sentais plus en confiance mais, malgré tout, je ne pouvais songer que tout cela était bien normal.

- Moi, c'est Claire-Marie. Je viens de France.

Impossible d'en dire plus. Là encore j'étais totalement bloquée face à un inconnu. Impossible de réagir plus que ça à ses demandes... Juste de l'attente de l'autre. Il avait l'air de vouloir rentrer faire la fête, alors je ne l'empêchais pas et je le guidais dans le club.
Son attitude naturelle ne m'inspirait pas confiance. Peut être était-ce par paranoïa, peut être n'était-ce que le fait que je ne sois pas habituée à une telle situation.
En quelques secondes, la boite s'était véritablement remplie et il n'y avait pas vraiment d'endroit où on pouvait s'installer. Juste quelques emplacements sur les tables hautes du comptoir. Je le regardais. Il avait l'air normal. Mais c'est de cette normalité qui me posait question. Pouvait-on vraiment à ce moment de la journée trouver quelqu'un de normal dans ce lieu, qui plus est un étudiant qui semblait arriver tout juste.
Je lançais une question, comme ça, qui me passait par la tête.

-Tu fais quoi à l'université?

Question banale de la fille paumée qui cherche à lancer une conversation. Parfois je me trouvais conne et je regrettais de ne pas avoir été lancée dans le bain de la vie sociale plus tôt. Personne ne m'avait rien appris là dessus et je me trouvais honteuse dans cette situation.
Je rougissais surement vu que je ne me sentais pas à l'aise mais j'espérais que l'éclairage étrange de la salle cachait cette réaction. J'étais vraiment toute perdue à parler à un inconnu dont je connaissais juste le prénom. C'était étrange dans une telle situation, mais... j'avais peur.

Je souris largement, j'avais vu juste, la jolie brune mal à l'aise était bien en cours de philo. Celui de je ne sais plus qui auquel j'avais participé plusieurs fois juste pour le fun... Oui, parfois je trouve plaisantes des activités qui feraient fuir 90% de la population. J'assumais. J'assumais même d'autant plus ce soir que j'étais face à quelqu'un qui pourrait comprendre cette amour de la philosophie, discipline qui peut changer en quelques heures notre vision de la vie. Fascinant.
Elle se présenta avec un charmant accent français et me laissa finir ma clope en vitesse avant de m'entraîner à l'intérieur du club. M'entraîner était un grand mot à vrai dire, elle n'avait pas l'air jouasse à l'idée de me parler mais ce n'était peut-être qu'une façade...
En entrant, je cru halluciné, alors que ce n'est pas encore l'heure d'allumer la télé pour regarder le film de première partie de soire, les trois quarts de San Francisco semblaient avoir une étrange envie de faire la tête.

Je suivis ma camarade de cours en me demandant si la Californie était vraiment un Etat pour moi mais je n'avais pas vraiment eu le choix ce jour-là dans la salle d'interrogatoire et puis Berkeley est sans doute la meilleure université de tous le pays donc je n'avais pas à me plaindre.

"Tu fais quoi à l'université?"

La question me tira de mes pensées. Elle m'avait étudié from tip to toe et n'avait sans doute pas encore saisi que j'étais un petit bandit. Non, ça ne se lisait pas sur mon visage, pas lorsque j'avais bien dormi la nuit en tout cas.

- J'aime bien ton accent et... pour te répondre, je fais de la physique... physique nucléaire plutôt, un peu de tutorat et de TDs parfois et j'assiste parfois au cours de philo, c'est assez intéressant surtout Aristote qu'on voit en ce moment.

Le prof de philo s'habitue à mon visage à chaque cours et, lors des partiels, je pourrais sans doute passer l'exam pour quelqu'un d'autres. Berkeley était remplie de fils à papa passant leur vie dans les fêtes de fraternités et ne pouvant pas suivre leurs cours. Ils seraient sans doute prêt à payer cher quelqu'un pour disserter à leur place et... je ne prend pas très cher.
Je levai le bras en direction du barman.

- Tu es là pour un échange universitaire, quelque chose comme ça ou pour plusieurs années ? Tu prendras quel poison ?

Le barman arrivai vers nous, il avait l'air très occupé.

Un physicien. Au secours ! Un fou. Je n'avais jamais compris l'attrait des gens pour ces disciplines. Mais le plus surprenant était qu'il suivait également les cours de philo. En même temps, ça ne pouvait être que dans ce lieu qu'il m'avait rencontrée sans que je m'en sois rendue compte. Les visiteurs ponctuels se mettaient souvent au fond de la salle pour ne pas déranger ceux qui suivaient vraiment les cours. La remarque sur mon accent par contre me rendit là encore assez mal à l'aise. Comment le prendre? Pourquoi avait-il dit ça? Pourquoi? Comment?
...
Je me posais trop de question, enfin, je crois. Il fallait que je me libère totalement dans cette situation. C'était tout nouveau pour moi, il ne fallait pas passer à côté d'une telle expérience. J'essayais de me libérer de cette situation, non sans mal :

- Ah, tu suis les cours de philo ! C'est bien ça...

Comment enchainer? C'était totalement impossible. Je tentais de relancer ma phrase :

- D'ailleurs, ce qui est drôle... enfin amusant... enfin... Je bafouillais, c'était insupportable. La coïncidence c'est que... dans les prochain cours, on va parler de la physique d'Aristote.

Mon idée principale était sortie non sans peine mais elle était sortie... Enfin.
Il appelait le barman, autre problème que je n'étais pas parvenue à évaluer. Qui dit boîte, dit consommation. Qui dit consommation dans une boîte, dit consommation alcoolisée, surtout dans un milieu étudiant. Or, je n'avais jamais consommé d'alcool de ma vie, à part la petite coupe de champagne lors des fêtes de famille. Autrement dit, vraiment pas grand chose. Il fallait donc réfléchir tout en restant active. Il fallait commencer par répondre à ses questions le plus naturellement possible, sans laisser la peur m'envahir.

- Je suis ici pour, je l'espère un cursus entier en philo. La perspective de travailler dans la recherche après un PhD me tenterait vraiment. Et puis.....

Je m'interrompais brusquement et songeais à quelque chose auquel je n'avais pas pensé avant. L'âge de la majorité aux États Unis était 21 ans, ce qui fait que j'étais là dans une situation de totale illégalité, ce qui devait être la première fois dans ma vie que ça m'arrivait. La moindre hésitation dans mon attitude pourrait emmener à un contrôle d'identité. Paranoïa ou sécurité, il fallait agir.

- Et puis les perspectives de recherche aux Etats-Unis sont bien plus développées qu'en France.

Je faisais durer ma phrase le plus longtemps possible le temps que le barman soit au plus proche et demande ce qu'on voulait prendre. Je fis un léger signe de la tête à Joe pour qu'il dise ce qu'il voulait en premier. Je n'aurai qu'à demander la même chose ensuite.

Avait-il compris ma combine? En tout cas, il avait commandé deux San Francisco. Qu'était-ce? Ce serait la surprise, je n'en savais absolument rien. Le barman n'avait pas l'air de faire attention à qui on était. Il y avait surement déjà trop de monde à trainer par ici pour faire attention à chacun.

- Non, tu as bien fait de commander pour deux. Comme ça au moins,...

Là encore, je ne finissais pas ma phrase. Il avait l'air d'avoir saisi le problème de l'âge et dans un sens, tant mieux.

- Les règles en France sont bien moins strictes qu'ici. L'âge de la majorité est à 18 ans donc ça solutionne pas mal de problème. Ici, 21 ans, ça fait... long.

Je répondais à son sourire par la même occasion. Il avait l'air d'être vraiment sympa et intéressant comme type. C'était ma première expérience avec un inconnu, qui servirait surement de base pour mon futur. C'était une véritable manière d'apprendre. Enfin, il avait quand même l'air étrange... Il semblait pressé par quelque chose. Il ne tenait pas trop en place, trépignait. L'envie de fête peut-être...
Il tenta de lancer une conversation sur le vin, domaine dans lequel il ne devait pas y avoir moins à l'aise que moi. Il fallait bluffer.

- Bah écoute, le vin français c'est plus une attraction pour les touristes. Les grands crus sont bien trop chers pour des personnes normales. Le vin français moyen n'a rien d'extraordinaire, enfin... oui.

Il fallait m'auto-convaincre dans ces paroles et ça n'était absolument pas une chose facile. Personne n'enchainait sur la conversation. Il avait l'air autant gêné que moi du coup.
Le barman arrivait avec un verre aux couleurs totalement nouvelles pour moi. Ces cocktails dont les amateurs d'alcool avaient le secret me surprenaient toujours. Par quelle imagination pouvait il trouver ça?
Le temps de chercher mon porte-monnaie dans mon sac à main, Joe avait déjà payé les deux boissons. Je lui fis un sourire gêné. A vrai dire, je n'avais là encore pas l'habitude de tout cela. Je lâchais un timide remerciement.
On leva notre verre quasiment simultanément en se regardant. Là encore, je ne pouvais cacher un léger sourire. Il fallait maintenant se risquer à boire ça. Nouvelle expérience là encore.
Je portais le verre vers mes lèvres et goutait une gorgée. Je fus en premier lieu totalement sonnée par le goût très fort de l'alcool. Je tachais de ne pas trop être démonstrative sur le choc que m'avait procuré cette boisson mais c'était bien dur. Je n'avais jamais gouté à un alcool aussi fort et je dois bien dire que je ne m'y attendais pas. Mais finalement, il s'avérait que derrière ce gout très fort se trouvait un petit goût fruité assez sympathique qui arrivait à me convaincre.
Je tentais donc une deuxième gorgée qui, passée la première surprise, s'avéra bien plus convaincante. Certes, l'alcool restait fort - surement une question d'habitude - mais le goût était fort sympathique. Je demandais donc à mon comparse de soirée ce qu'il y avait dedans.

- Je ne connais pas bien ce genre de boisson. Tu pourrais m'en dire un peu plus sur le San Francisco?

"Un peu de vodka"? Seulement un peu? J'avais l'impression d'exploser à chaque gorgée malgré le petit goût fruité très agréable dans le cocktail. En attendant, je savais vraiment d'où venait ce petit goût fruité. Le mélange orange/banane/grenadine était très agréable. Il buvait à un rythme bien supérieur au mien. Surement une histoire d'habitude. J'allais lentement mais peu à peu je sentais mes gorgées de plus en plus grandes.
Il me parla un peu de sa vie. Il était européen... mais à sa description, il avait au moins 23 ou 24 ans.

- Je ne suis jamais allée en Irlande mais j'ai eu beaucoup d'échos positifs. C'est surement très agréable... Le problème c'est surement la pluie par contre. Déjà qu'en France, c'est dur, alors en Irlande...

Son arrivée à San Francisco était toute récente, comme la mienne à vrai dire. J'avais déposé mon verre devant moi en me rendant compte que j'en avais bu quasiment la moitié et pourtant, je me sentais assez étrange. Ce devait être les premiers effets de l'alcool. Je n'y avais pas vraiment pensé sur le coup mais c'est vrai que ça n'était pas forcément déplaisant.
Il désignait mon verre. Je n'avais pas suivi vraiment sa question... J'étais assez pommée.

- C'est super. Merci !

Je lui faisais un grand sourire et un petit rire m'échappa. Je reprenais mon verre et sirotais de plus belle, assez heureuse de cette trouvaille.

- Tu vois, c'est un genre d'ambiance que je découvre ici et que j'ai jamais vraiment rencontré en France.

Je sentais ma parole peu à peu se délier. Je perdais un peu le fil de mes pensées mais j'arrivais à m'exprimer bien clairement. Voire plus clairement qu'au tout début.

- C'est vraiment sympa comme coin ici... Tu y vas souvent?

Là encore, la question était décousue et sans sens logique... mais au moins, le moment était agréable et j'étais heureuse. C'était le principal dans de telles circonstances. La musique du DJ me semblait de plus en plus forte et résonnait vraiment dans ma tête. J'essayais de me concentrer sur ce que disait Joe parce que sinon, je risquais de perdre le fil comme ça avait été le cas auparavant.