Elle avait le vertige ? Pourquoi prendre un télésiège quand on a le vertige sérieux ? C’était une nouvelle intéressante à savoir. Jouant de ses jambes d’avant en arrière, Aengus fit balancer le télésiège. S’il y avait bien une chose qu’Aengus ne craignait pas, c’était le vide ! Au contraire, perchée ici, un sentiment de toute puissance s’emparait d’elle.

« C’est long. Si ca trouve on va rester coincer là des heures. Une fois un télésiège est resté bloqué pendant une matinée et ils ont dû évacuer tout le monde par hélicoptère. Ca serait fun ! Avec la venue de l’hélico on serait ballotées comme ca.»

Secouant le siège dans tout les sens, Aengus passa des paroles à l’acte. Une jolie démonstration qui devait effrayer Maëlle. Ce n’était qu’une petite vengeance. Maël ou Maëlle ? Les deux seuls à savoir pour son addiction. Etrangement, James l’avait apprise. Impossible de savoir si c’était elle ou son acolyte du même nom qui avait raconté à James ses soucis de drogues. Incapable de supporter cette ingérence, Aengus avait décidé de retrouver le coupable pour lui faire payer cher ses bavardages. De quel droit interférer dans sa vie privée ? Surtout qu’elle détestait se sentir mise au pied du mur. Puisqu’elle n’était qu’une toxico, elle avait bien l’intention d’agir comme tel. Insouciante et impulsive, imprévisible et mauvaise. L’idée que Maëlle puisse en souffrir ne la traversait pas. Si elle avait eu l’opportunité de constater les raisons de sa rancœur, elle aurait revu son attitude. Laissant la balancelle remuer un moment, elle fini par soupirer en tournant le regard vers Maëlle.

« Je te l’emprunte. »

Pas besoin de chercher à être plus précise. Aengus avait une idée en tête, partir rejoindre Kirby. Maëlle n’était qu’un obstacle, une entrave à l’atteinte de ses objectifs. Attrapant le portable de Maëlle d’un geste vif, Aengus se tourna à l’opposée de Maëlle. Si elle bougeait pour tenter de le récupérer, Aengus ferait remuer la nacelle pour l’effrayer ou ferait mine de soulever la barrière de sécurité. Le vide ne l’effrayait pas. Le but ? Lire les messages de James à Maëlle puis en envoyer un à Monsieur au besoin. On s’occupait comme on le pouvait après tout. Le télésiège ne démarrait pas et Aengus ne savait pas être patiente. Alors qu’écrire au professeur O’Malley ? Hum, voilà, elle avait une idée plutôt sympathique ; Continuer de faire maronner Maëlle en remuant le siège ou en jouant avec la barre de sécurité si elle devenait trop gênante, Aengus effaça son message envoyé avant de rendre le portable à Maëlle.

« Surpriiiiiiise. Je suis sûre que tu vas adorer. » Déclara t elle d’un air malicieux, plissant le nez pour jouer les pestes à merveille.

Spoiler:

Amusant ! Le mot définissait avec perfection la situation. Maëlle démonterait probablement un tout autre avis sur la question mais son opinion n’intéressait pas la blonde. D’ailleurs, une autre formulation s’activa entre les lèvres de Miss Silverwood. Insupportable ? Elle ? Un sourire marqua la bouille de cette si vilaine petite chose. La définition de son caractère ou de son être lui paraissait faible et peu fourni. Un peu plus de détail ou de subtilité auraient été les bienvenus. Personne n’était blanche ou noire…Gris ou gris pâle à la rigueur…

Puisque Maëlle ne bougeait plus, Aengus stabilisa le siège. Pas besoin de lui faire faire une crise cardiaque. Quoique le siège redémarrerait peut être plus vite si elle se sentait mal. Hum, l’expérience ne tentait pas la gamma et heureusement pour Maëlle. Pourtant, Aengus peinait à comprendre la source de sa crainte. Comment concevoir la peur les hauteurs ? De si haut, le monde n’avait plus aucune prise sur son corps. Elle seule tenait sa vie entre ses mains. Grimper, escalader, monter toujours plus haut et sentir l’ivresse des hauteurs s’emparer d’elle. Enfin, actuellement, Maëlle la saoulait plus que les hauteurs. Si elle devait finir ivre, se serait des paroles de Maëlle.

Finalement, au petit discours de Maëlle, Aengus retînt difficilement un rire. Son sens de l’humour avait toujours posé problème. Peu de personne ne comprenait cette légèreté qu’elle se permettait sur tous les sujets de la vie comme si rien n’avait de réelle importance ou au contraire que rien ne parvenait à la toucher. Lui dire un truc ? Non, elle n’avait rien à dire tout était déjà clair. Les mots ne suffisaient à présent pour atteindre l’apaisement. L’évolution de toute relation passait obligatoirement par des discussions. Malheureusement, Aengus ne disait et n’expliquait jamais rien. Soit les personnes qui l’entouraient parvenaient à comprendre, soit elle leur faisait comprendre. Néanmoins, à quoi bon perdre son temps en explications futiles alors qu’elle pouvait faire tellement d’autre chose ? A cause des émotions ? Beurk ! Bien sûr que des sentiments l’habitaient. Le malheur de tout être humain sur cette terre mais nul besoin d’en faire l’apologie.

« Il est hors de question que je repasse une nuit avec toi. » Railla t elle malicieuse.

Bien sûr, pour un esprit fin, la dérision se repérait de loin. De passer la nuit à s’expliquer à l’expression passer la nuit ensemble un simple mot changeait et pourtant, toute la signification se troublait. Qu’importe. Aengus appréciait les joutes verbales avec un esprit apte à lui rendre la monnaie de sa pièce. Souvent, ses échanges la poussaient à laisser quelques plumes mais, la réflexion qu’ils avaient demandée en valait largement la peine.

« En espérant que ce foutue télésiège ne me donne pas tord ! » Rétorqua Aengus en soupirant un peu plus brusquement.

Elle n’avait aucune nouvelle de l’avancement de la situation. Est-ce qu’elles allaient rester ici pour longtemps ? Avaient-ils prit la situation en main ? Le problème technique serait bientôt réglé ? Tant de questions se posaient. Pourquoi n’avaient-elles aucune réponse ? Combien de temps les laisseraient ont ainsi suspendu ? Elle avait rendez vous avec Kirby ! D’accord, la glace conservait la nourriture mais manger son repas de midi à minuit ne l’intéressait plus. Kirby devait se poser des questions. Jetant un coup d’œil à Maëlle, la blonde remarqua cette fausse indifférence. Si sa compagne d’infortune se décidait à l’ignorer, autant se taire. A quoi bon parler dans le vide ou chercher de l’attention ? Regarder en bas lui semblait encore plus stupide au vu de ses craintes mais Aengus ne fit que hausser les épaules. En revanche, impossible de lui demander de rester sage à ne pas bouger. NON ! La demoiselle peinait déjà à rester assit derrière son bureau en cours, imaginez sur un télésiège en plein milieu d’une montagne qui n’attendait qu’une seule chose, la glisse ! La blonde soupira donc une fois, puis une autre trente secondes plus tard, regardant à droite ou à gauche pour trouver quoi faire. Finalement, elle commença à siffloter la célèbre chanson « chauffeur si t’es champion… ». Ce qu’elle pouvait s’ennuyer ! Combien de temps devraient-elles attendre que quelqu’un les libère de leur prison ? Se tournant derrière elle, elle encouragea ceux de derrière à chanter avec elle, puis les autres de devant. Oui, c'est ainsi que tout le télésiège chantonna avec elle.

Au bout d'une heure, ce machin fini par céder aux encouragements d'Aengus, si si c'était grace à elle, et à reprendre son fonctionnement. A peine le télésiège reprit sa marche qu'Aengus leva les bras au ciel en applaudissant. Direction le sommet! En avant toute! Et voilà, elle posait pieds à terre dans un sourire niais! OUAIIIIIIIS LIBERTEEEEEEEEEE!

Spoiler:

Ce que les gens pouvaient être ennuyeux dans la vie ! Aengus posa pied au sol avec ravissement. Piétinant un cours instant la neige dans son hystérie du moment. Rester assise aussi longtemps l’avait presque engourdi. Elle n’avait pas de ski, pas de chaussures de ski non plus et pas de luge ! Elle partait pour une petite randonnée tranquille … ou plutôt une partie de bataille de boules de neige version géante dans les bois. Elle s’étonnait de voir les gens en après ski, en doudoune et en bonnet. Elle, elle avait chaud quand elle marchait. Remarquez, une veste, un pull et des bottes d’hivers avaient de quoi tenir chaud aussi. Enfin, chacun son truc dans la vie. Dire qu’elle pensait mourir de chaud à San Francisco. Ici, c’était le paradis.

Trêve de bavardage car James était au point de rendez vous. Finalement la technologie ne la détestait pas tant que ca. Heureusement que son amie lui avait apprit pendant plus d’une heure comment utiliser un téléphone portable. Aengus se pencha vers Maëlle pour lui souffler discrètement à l’oreille au moment ou la bêta posait son regard sur James.

« T’inquiète avec ce que j’ai envoyé, il doit être chaud comme la braise. »

Pour quitter les lieux, les jeunes femmes devaient continuer à avancer et approcher l’homme d’un peu plus près. Nul besoin de perdre son temps à lui faire un résumé de la situation. Il savait pertinemment que Maëlle avait peur du vide. Après tout, s’il ne le savait pas après un an de relation, c’était dommage pour eux. James devait être assez intelligent pour savoir qu’être coincée sur un télésiège quand on souffre de vertige demeurait une épreuve. Pour le reste, ils n’avaient qu’à se débrouiller tout les deux. Pour elle, l’amour, les sentiments et tous ces trucs à l’eau de rose mélangés de fleurs bleues lui filaient la gerbe. De plus, tenir la chandelle n’avait jamais été son point fort. En réponse au regard suspicieux de James, Aengus ne lui adressa un sourire. Un geste qui signifiait autant un bonjour qu’un au revoir.

Aengus avança donc sans le moindre mot en direction du sentier qu’elle avait repérée. Son rendez-vous devait l’attendre ou s’inquiéter de ne pas la voir arriver. Il aurait parfaitement raison par ailleurs. Ce télésiège avait plombé une partie de sa journée. Aengus se ficha bien de la remarque de Maëlle. Qu’elle se débrouille après tout. De son coté, Aengus avait planté la graine, s’ils avaient envie de se prendre la tête tout les deux qu’ils le fassent ou plus si affinité.