Mercredi 27 Mars, DNA Lounge, Eastern San Francisco.



Peu de temps après son arrivée, Drew avait rencontré une certaine Alexie. C'était une belle jeune femme, aux cheveux bruns. Mais Drew ne l'avait pas remarqué de cette manière … non, la première fois qu'il l'avait vu, il avait plus vu le tableau qu'elle transportait que la personne qu'elle était. Et pour cause ! Comment aurait-il pu ne pas s'intéresser à une silhouette transportant un tableau, premièrement, et comment aurait-il pu, par le suite, ne pas s'arrêter pour lui parler lorsqu'il se serait rendu compte qu'il s'agissait du trait d'une artiste britannique plutôt connue. Et c'est ce qu'il avait fait. Quelle n'avait été sa surprise lorsqu'il avait apprit que cette jeune femme était en réalité la peintre britannique dont il avait entendu parlé. Il avait déjà été voir une exposition de ces œuvres, à Londres, et avait apprécié la qualité de ses tableaux. Il n'aurait pu imaginer rencontrer cette jeune artiste à Berkeley … Il l'avait donc invité à boire un verre.

Suivirent plusieurs soirées. Alexie était quelqu'un de dynamique, tout à fait charmante, elle parlait beaucoup mais savait écouter … Bien sûr, lorsqu'ils avaient tous deux trop bus, leurs conversations ressemblaient à un dialogue de sourds ou encore à un charabia étrange, mais ils arrivaient à suivre à peu près ce qu'ils voulaient se dire. Ils ne retournaient pas souvent deux fois au même endroit, variant entre les bars, les pubs, les restaurants et les boîtes de nuit. De temps à autre, lorsqu'un jeune homme s'approchait d'Alexie, il demandait avant s'ils étaient ensemble, et inversement pour Drew. De fait, bien qu'il n'y ai rien entre eux, ils s'amusaient à jouer au jeu du chat et de la souris. Regards, sourires en coin et allusions peu discrètes, tout y passait.

Ce soir, ils avaient décidé de commencer la soirée tranquillement … Un bar avec une ambiance agréable mais moderne ferait parfaitement l'affaire, aussi les deux amis – ou ce qui pouvait y ressembler – choisir d'aller au DNA Lounge. La musique plaisait beaucoup au britannique qui avait toujours eut un faible pour le jazz et le blues.

Drew s'installa en premier, il préférait choisir la table où ils s'installaient … Il attendit qu'Alexie fasse de même pour se saisir de la carte et commencer à regarder les alcools que ce bar proposait. Une fois son choix fait, il se leva, fit quelques pas et se retourna vers l'Omicron.

« Que désirez-vous, pretty woman ? »

Bien sûr, il ne la vouvoyait pas tout le temps, mais il aimait vouvoyer les gens. Non seulement ça l'amusait, mais il trouvait que ça restait une manière plus polie de présenter les choses, de poser des questions.

Mercredi 27 Mars, DNA Lounge, Eastern San Francisco.

Debout, le sourire aux lèvres, Drew attendait la réponse de son amie. Elle lui donna enfin sa décision. « Hmmm… je vais prendre un Bellini tiens » Un Bellini. L'alcool était un bon indicateur de l'état d'esprit d'Alexie et Drew s'amusait souvent à décrypter ce que la jeune femme désirait, ce qu'elle avait en tête, selon ce qu'elle prenait. Aujourd'hui, elle ne devait pas trop penser à la peinture, sinon elle n'aurait pas décider de se lancer dans les alcools qui peuvent un peu lui faire tourner la tête au risque de ne pouvoir peindre le lendemain. Drew en déduisait qu'elle avait quelque chose sur la conscience, qu'elle préférait oublier par ailleurs. Alexie n'était pas si difficile à comprendre, bien qu'elle soit pleine de surprise en réalité. Mais Drew avait entendu parlé d'un certain jeune homme avec qui elle aurait une relation conflictuelle, compliquée ou il ne savait pas vraiment comme la définir. Toujours est-il qu'en sachant ça, il ne lui était pas bien difficile de comprendre l'envie de penser à autre chose de l'autre britannique. Cependant, Drew n'en savait pas plus et il devait bien avouer que les rumeurs, les ouï-dires et autres informations incertaines ne lui plaisaient que peu. Aussi ne parlait-il jamais à Alexie de ce qu'il avait entendu dire, d'autant qu'il n'y portait que peu de crédit en réalité.

« Tout ce que vous voudrez ! » Tirant une courte révérence, il s'éloigna vers la bar afin de chercher leurs consommations. Le Bellini était bien frai. Pour sa part, il commanda une caipirinha, sans doute l'un des cocktails qu'il appréciait le plus et de loin. Il revint, déposant délicatement le verre de la demoiselle face à elle. S'installant à son tour, il observa quelques instants son interlocutrice. Elle semblait relativement heureuse. Si elle n'allait pas bien, elle ne le montrait pas. Peut-être les rumeurs n'étaient elles que peu fondées. Drew haussa les épaules, ne prenant pas garde à ne pas montrer ce signe extérieur de sa réflexion passée.

C'est alors que la jeune femme repris la conversation avant même que Drew ne pense à un nouveau sujet. « Pourquoi tu n'es pas venu à Whistler Blackcomb ? Monsieur ne supporte pas le froid ? » Le jeune homme souri. En effet, il n'y était pas allé et n'avait même pas pensé y aller une seule seconde. En Angleterre, certains élèves avaient pris cette habitude du Spring Break, mais il fallait bien avouer que lors de ses premières études, ce n'était pas encore tellement une mode. Il préférait voyager seul, ou avec quelques amis, mais n'avait jamais vraiment apprécié les voyages scolaires ou tout ce qui pouvait s'en rapprocher. De plus, il n'était arrivé que depuis peu et ne connaissait encore pas grand monde à ce moment là. En y repensant, on aurait pu lui rétorquer qu'Alexie non plus n'était pas à Berkeley depuis très longtemps avant le départ pour Whistler Blackcomb ... mais Drew voyait une très grande différence: elle n'était pas arrivée seule et connaissait déjà des gens de sa confrérie. Après avoir essayé de tourner tout ça en une phrase cohérente, Drew reprit la parole. « Monsieur ne supporte pas la collocation à plus de deux surtout ! » Et encore, la collocation à deux était déjà compliqué à son avis. Cela lui fit penser à son futur emménagement dans la même chambre qu'un autre alpha. Il devait bien avouer qu'il était plutôt soulagé d'avoir enfin trouvé une place dans sa confrérie, la location qu'il avait jusque là était plutôt minable et lui coûtait tout de même bien trop cher, mais il devait reconnaître qu'il se demandait comment était cet Aidan et comment la cohabitation se passerait-elle. « Plus sérieusement ... je n'ai pas vraiment été tenté par un Spring Break avec une multitude d'inconnus plus jeunes que moi qui se crêperaient le chignon après avoir trop bu et qui ne savent même pas cuisiner dignement ! » C'était en effet une de ses autres réticences ... il savait que peu de jeunes et même d'enseignants de son âge prenaient le temps de cuisiner et avaient un vrai goût culinaire, or, lui, aimait ça. Mais il ne supportait pas être le seul à cuisiner lorsqu'il partait en vacance avec autrui.

Drew retourna alors la conversation vers son amie. Il est vrai qu'il n'y avait pas grand chose à dire sur son propre Spring Break, vu qu'il ne l'avait pas fait et était resté ici, à Berkeley, à étudier et sortir un peu. Mais Alexie était allée à Whistler Blackcomb, elle, alors elle devait bien avoir quelques trucs à raconter. « Mais toi, tu y étais ... c'est cela ? Parce que Madame n'a pas peur du froid, elle ! Elle l'affronte avec bravoure, courage et dignité ! » Il lui souri, un léger air espiègle au fond du regard. « Racontes. Ai-je réellement fait une erreur en ne vous accompagnant pas ? »