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Something in common.

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MessageSujet: Something in common. Something in common. EmptyLun 17 Juin - 8:02





Cela fait maintenant plus de deux semaines que je prévois cette rencontre. La mère de Benedikt est en ville grâce à mes soins et j'ai organisé la rencontre ce jour-même, à la maison. Les seuls à être au courant de tout ceci sont Noah, Tacha et Sophie. J'avais longuement hésité avant de chercher à nouveau la trace de Natacha - eh oui, j'arrive encore à me souvenir de son prénom, entre les mille et uns sobriquets insultants que je lui avais trouvés quand j'avais appris qu'elle m'avait caché un fils - dans la mesure où les choses sont relativement complexes en ce moment pour Benedikt. Il vient de perdre son grand-père et, malgré le fait qu'il ne l'ai connu à peine que dix ou quinze minutes, quelque chose s'était formé entre le clochard forcé et l'ancien enfant des rues. L'enterrement s'était déroulé à Londres. Ma mère avait été présente, d'autres avaient fait le déplacement, ils devaient être environ trois ou quatre dans le cimetière, en comptant le cadavre. Pourquoi dire "ils" ? Car j'avais refusé d'assister aux funérailles. Tout comme j'avais ordonné qu'il soit enterré au cimetière le plus éloigné de celui où mon frère repose. J'avais mes raisons, les plus empressés ont conclu que même une mort soudaine n'efface pas des années de rancœur proportionnelles aux souffrances endurées. Qu'ils gardent donc cette version, je ne m'attarderait pas davantage sur le sujet. Quand j'avais annoncé cela à Noah, il avait même été surpris de savoir mon père en vie, je ne lui avais absolument rien dit à son sujet, ni aux décennies de misère dans laquelle j'avais placé mon propre géniteur aujourd'hui disparu. Et puis Marc, lui, n'avait pu s'empêcher de pouffer de rire avant de s'excuser platement : il m'avait simplement dit que cela le surprenait que je puisse avoir un père, dans la mesure où il m'avait toujours imaginé émergeant d'un chaudron ou élevé par une meute de chacals. Adorable, cet assistant, je n'en changerai pour rien au monde. Alors pourquoi appeler Natacha ? Parce que Benedikt avait été assez morne ces derniers temps. Distant, en un sens. Je ne saurais exactement dire pourquoi, s'il s'agit de son grand-père ou d'autre chose, mais comme il se referme et s'isole dès que j'essaie d'aborder un sujet sensible, impossible de connaître la raison exacte. Comment lui en vouloir ? La pudeur sur la vie privée, il a de qui la tenir. Avec le conseil de Logan, Noah et Sophie, j'avais donc décidé de lui faire la surprise de faire venir sa mère. Il devait la penser morte suite au choc à l'adolescence, selon ce que m'avait très brièvement expliqué Tacha, j'avais moi-même été surpris d'obtenir une adresse dans la mesure où Beni en parlait comme d'une trépassée. Toutefois, j'étais pratiquement sûr de moi en espérant lui faire plaisir. Rappelons qu'il m'a fait mettre en prison pour venger l'honneur de cette femme, ce n'est pas anodin comme preuve d'attachement. Le jour J, je descends les escaliers pour apercevoir Noah et Sophie. J'embrasse Noah très brièvement - malgré mon affection, il sait à quel point je suis détaché en termes de rapprochements physiques - puis je regarde Sophie. "Tu n'aurais pas encore un peu grossi, toi ?" Ça, c'est le bonjour "gentleman" façon Joe Shark pour son ex compagne. Celle-ci croise les bras sur sa poitrine avec un air contrarié tout en rougissant un peu. De colère ? "C'est de l'aérophagie, si tu veux tout savoir. - Non, je ne veux pas tout savoir, gardes un peu de mystère..." Une vraie tête à claques. Connor passe dans le coin avec sa Nintendo DS à la main, levant la tête pour sourire à son oncle et à sa mère. "Tu lui as dit qu'elle venait aujourd'hui ? - Tu plaisantes, ou quoi ? La dernière fois que je lui ai dit de se taire pour garder une surprise à Benedikt, il est carrément monté dans sa chambre pour lui dire que j'avais caché un téléphone portable dans le garage, mais qu'il n'était pas censé le savoir. Il est aussi bavard que sa mère, c'est une calami... Aïe !" Une tape derrière la tête par Sophie, c'est fait. Je me frotte la tête avec un air mécontent en grommelant dans ma barbe puis je tourne la tête vers la fenêtre qui donne sur la rue. Un taxi vient de se garer devant et une chevelure rousse flamboyante vient de sortir du véhicule. "Elle arrive. Sophie, va chercher Beni et ton moulin à paroles mobile." Oui, Joe Shark a toujours le dernier mot. Elle secoue la tête puis monte à l'étage pour aller chercher les garçons. Je jette un bref regard à Noah alors que j'aperçois à peine Natacha vers la porte d'entrée. "J'ai pris la bonne décision, n'est-ce pas ?" D'ordinaire, je ne remets jamais mes choix en question. Mais dès qu'il s'agit d'organiser quelques chose pour mon fils aîné, j'ai l'impression de marcher sur des œufs pour ménager sa susceptibilité et sa pudeur. La sonnette retentit, elle est là. Et Beni descend les escaliers. Je déglutis avec un air stoïque. C'est le moment. "C'est pour toi." dis-je au Russe en désignant la porte.
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MessageSujet: Re: Something in common. Something in common. EmptyLun 17 Juin - 17:49


«Something in common.»
« Oui, tu as pris la bonne décision. Allons, détends-toi Joe, tout va bien se passer. Benedikt sera sûrement un peu surpris au départ de la savoir toujours en vie mais sois sûr que chaque enfant serait heureux de retrouver sa mère. » annonça Noah avec le sourire en s’installant derrière la cuisine pour aller préparer du thé. « Humph…j’espère qu’c’est important, j’étais super occupé ! » Et Connor qui me suivait, de faire remarquer en levant les yeux de sa console après deux heures non stop. « Mais quand je t’ai demandé tout à l’heure, t’as dit que tu devais te faire les griffes ! » Adorable ce gamin, vous ne trouvez pas ? Regard en biais, blasé, et mâchoires contractés. Va falloir que je lui apprenne à tenir sa langue, c’est pas possible ! « Ouais, c’est pour ça que j’dis que je suis super occupé ! J’étais en train d’me faire les gr… ongles ! » grognai-je à mon entourage en croisant les bras sur mon torse, me préparant déjà à une éventuelle remarque de la part de mon paternel. Il faut dire que depuis l’Ecosse, nous avions un peu de mal à communiquer. Non pas que je lui en voulais pour ce qui s’était passé. Non. Je m’en voulais à moi-même de n’avoir rien pu changer à la situation de mon grand-père. Et du fait que l’enquête le concernant était au point mort. « J’espère que c’est une pizza quatre fromages… » Quoi ? Oui, je viens de prendre mon p’tit déj, et alors ? Je ne vois pas le rapport ! Même Connor a relevé les yeux lorsqu’il a entendu le mot ‘fromage’. C’est dire à quel point nous sommes connectés dès qu’il s’agit de nourriture.J’ouvre la porte. Mon sourire s’efface alors. Petit à petit, lorsque je découvre la personne qui attend sous le porche. Mes yeux sont grands ouverts et pourtant, je crois rêver. Peu à peu, ma mâchoire se disloque jusqu’à ce que je n’affiche plus qu’un air niais et profondément surpris. « Mama ? » murmurai-je dans un souffle, dans ma langue natale. Ma mère que je croyais morte depuis que j’avais quitté la Russie, était bel et bien en vie. Elle me fixait un immense sourire sur les lèvres, les mains jointes devant elle, les yeux emplis de larmes. Immobile, la main toujours sur la poignée de la porte, je mis quelques secondes à réaliser. Quelques secondes avant de me sentir projeté contre sa poitrine. Sa bouche au creux de ma joue. Quelques secondes avant que mes paupières ne s’abaissent et qu’un long soupir de soulagement ne s’échappe comme un râle, de ma gorge. « Mama... » Notre embrassade, nos retrouvailles durèrent de longues minutes. Je gardai mes bras autour de sa taille, presque par peur qu’elle ne s’envole, qu’il ne s’agisse d’un rêve éveillé, avant qu’enfin, la réalité ne me rappelle à l’ordre, et que je me tourne, les yeux rougis par mes larmes versés, vers Joe, Sophie, Noah et Connor. « C’est... ma mère. » Au cas où ils n’auraient pas encore compris. Immédiatement, je me dirigeai vers mon petit frère, fier comme un œuf, pour le présenter à celle qui m’avait mis au monde. « Lui, c’est Connor mon p’tit frère. » Avant de présenter le reste de la famille, insistant particulièrement sur mon père. « Tu… c’est toi qui… ? » Oui, forcément. Puisqu’il savait d’ores et déjà qui attendait derrière la porte, tout à l’heure. Et parce qu’il était le seul à pouvoir la retrouver. Le MI6 disposait de ressources inégalables, apparemment. « Spassibo. Merci… » soufflai-je avec un sourire qui ne faisait plus aucun doute quant au bonheur que je ressentais actuellement. Ma mère, en vie. « Viens… viens t’asseoir… Tu… comment est-ce que tu… désolé, j’sais même pas par où commencer… » avouai-je en m’interrompant, toutes les cinq minutes. « Moi, je sais, Beni. Tu m’as manqué, chéri. » La seule personne qui me témoignait ce genre d’affection , ces petits surnoms que d’ordinaire, je rejetais en bloc, était ma mère. La seule qui avait ce droit depuis ma naissance. « Mon dieu, tu as tellement grandi ! » Je souris, baissant légèrement la tête, gêné. « Da, mama. » Mais les retrouvailles ne durent qu’un temps. Le temps de réaliser qu’un vide avait marqué nos deux vies. Qu’il devait aujourd’hui être comblé. « Tu…je te croyais morte, mama. C’est ce qu’ils m’ont dit…avant de m’emmener… » Son air se durcit aussitôt. Elle m’observe, pensive, avant de me répondre. « Je suis navrée, chéri. Non, je n’étais pas morte. J’étais… j’ai eu besoin d’aides et… écoute chéri, l’important maintenant, c’est que nous soyons à nouveau réunis, tu ne crois pas ? » Sur ce, elle se retourne vers mon père, se lève du canapé dans laquelle elle s’était installée il y a tout juste une minute ou deux, et s’approche, manifestement plus heureuse que jamais. « Je ne pourrais jamais te remercier assez pour ce que tu as fait, Joey. Merci, merci infiniment de m’avoir permis de retrouver mon… NOTRE fils. » Et sans prévenir, ses bras l’enlacent déjà, alors qu’elle dépose un baiser au creux de son cou. A-t-elle déjà oublié les convenances, et le fait que Joe a horreur de ce genre de rapprochements ?
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MessageSujet: Re: Something in common. Something in common. EmptyMar 18 Juin - 8:37





Je tourne la tête vers mes fils qui descendent les escaliers, Benedikt a l'air plus renfrogné que jamais. "Rappelles-moi d'avancer la visite chez le vétérinaire si tes 'griffes' ne peuvent pas attendre." soupirai-je sur un ton exaspéré, le visage animé du flegme anglais si charmant et agaçant à la fois. Je sais que la mort soudaine de son grand-père l'attriste très profondément, mais au lieu d'en parler, il préfère s'isoler. Et de qui tient-il cette sale manie...? Devinez. Sophie descend juste derrière les garçons en m'adressant un regard entendu. Quoi ? Si je n'ai même plus le droit d'y aller de mon petit commentaire, maintenant. Bref, je m'abstiens de relever cette histoire de pizza quatre fromages et j'attends avec fébrilité qu'il ouvre la porte. Lorsque j'aperçois Natacha pour la première fois depuis une vingtaine d'années, je demeure parfaitement détaché. Insensible. Et pourtant, je me surprends à la trouver remarquablement séduisante. Malgré mes conquêtes et mes maîtresses plus ou moins nombreuses, je n'ai jamais considéré la jeunesse comme un canon absolu de beauté. La seule femme qui avait su m'arracher quelques bribes de sentiments se trouvait dans cette pièce et n'était plus jeune que moi que de deux ans à peine. Sa chevelure rousse me rappelle soudain que Benedikt a une étrange fascination pour les femmes avec la même couleur de cheveux. Étrange, ce garçon. Cependant, malgré ma réserve émotionnelle naturelle, je ne peux m'empêcher d'éprouver un soulagement profond à voir enfin un sourire égayer le visage de mon fils aîné, chose que je n'ai pas vue depuis notre retour sur le sol américain. J'ai beau être exigeant, contrôlant et peu démonstratif, il n'y a rien de presque aussi douloureux à mes yeux que de voir l'un de mes enfants être triste. Noah avait raison, j'ai pris la bonne décision, malgré les signes d'alarme qui avaient résonné à de maintes reprises dans mon esprit. Toutefois, je manifeste une réticence à l'entendre présenter tous les membres de la famille à Natacha. Y a-t-il vraiment besoin de lui dire que Connor est son petit frère ? Que Noah est comme son oncle ? Mon côté secret et possessif s'exprime à tout va, mais je le fais taire lorsque le Gamma me demande à demi-mot si je suis le responsable de ces retrouvailles inespérées. J'écoute les paroles échangées, ne répondant à ces remerciements que d'un lointain mouvement de tête. Mes pensées migrent vers ce thé qui siffle sur le feu, mais j'ai à peine le temps de le désigner à Noah que des bras m'enlacent. Natacha ? Je me fige soudainement en sentant ses lèvres sur ma peau. Automatiquement, ma rancœur s'éveille au contact de cette femme que j'exècre malgré mon silence poli. Tu n'as rien récupéré du tout. J'ai eu la faiblesse de faire œuvre de bonne volonté envers un fils esseulé, n'y vois aucune chance de m'arracher à cette filiation dont j'ai déjà été privé pendant deux décennies. Voici ce qui me brûle presque les lèvres et que je dois retenir à grand peine pour ne pas décevoir les attentes de Benedikt. La rancœur est tenace, prépares-toi à ne pas pouvoir t'en sortir si facilement, Natacha. Son immense mensonge me reste en travers, elle va devoir s'y faire. Pudeur anglaise oblige, je ne lui rends pas cette étreinte et me dégage de ses bras sous le regard de Sophie qui me connait bien assez pour comprendre que je prends sur moi. "Quel père serais-je en privant mon propre fils de sa mère ?" Tant pis si cette remarque subtile jette un froid sur cette rencontre, il y a certaines remarques que je ne peux pas retenir davantage. C'est pourquoi, au lieu de gâcher ces émouvantes retrouvailles et ne pas embarrasser Beni dans un moment qu'il doit savourer, je recule de quelques pas. "Je vais aller chercher le thé." D'ordinaire, Joe Shark ne va rien chercher : il se fait servir. Sophie me regarde avec un air à mi-chemin entre le reproche et la compréhension. Elle sait ce que ça fait de me voir mécontent à cause d'un enfant caché, les deux mères de mes fils se trouvent dans la même pièce. Je croise le regard de Noah. Lui seul sait à quel point je peux être particulièrement blessant et hargneux quand j'ai quelqu'un dans le nez, c'est entre autres pour cette raison que je lui avais demandé de venir. J'avais besoin de son esprit diplomatique, arrangeant et apaisant pour contrebalancer avec une humeur que j'avais prévue massacrante. Pourtant, je m'appliquais à rester un minimum courtois afin que mon fils aîné puisse profiter de ces retrouvailles inespérées. C'est lui qui importe, personne d'autre. Quant à la Russe, j'espère qu'elle aura au moins compris qu'il est nécessaire de tenir ses distances avec le britannique détaché qui lui a fait un enfant sans le savoir pendant ces deux dernières décennies. Je coupe le feu sous la théière et je sors un plateau pour préparer le tout, sans lâcher la scène des yeux depuis la cuisine ouverte sur le salon. Comment ça, trop étouffant ?
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MessageSujet: Re: Something in common. Something in common. EmptyMar 18 Juin - 20:05


«Something in common.»


    Par cette réplique, je savais ce que mon père était en train de sous entendre. Ce que ma propre mère n’avait pas fait pour lui. Me cacher aux yeux de mon père. Intérieurement, je ne pouvais lui en vouloir, sachant qu’il avait raison de le lui reprocher, même après toutes ces années alors qu’ils n’avaient eu aucun contact. Sauf que j’étais actuellement sur un petit nuage. Et que je n’avais nullement envie que le mauvais temps s’installe au salon. Ce pourquoi, je jetais un léger coup d’œil à mon père, presque suppliant. Ma mère elle, avait relâché son étreinte et poussé un petit soupir de dépit. « Je sais, Joe. J’aurai dû t’en parler. » C’est tout ? Ce n’était pas des excuses. Juste, qu’elle s’en était voulue, d’une certaine manière. Je crois me souvenir que ma mère n’avait jamais éprouvé de regrets de l’avoir quitté, à l’époque, à moins que ce ne soit qu’un effet de mon imagination ? Il faut dire que j’ai très peu de souvenirs des moments que j’ai passé avant d’être placé à l’orphelinat. Les médecins ont dit que le choc d’avoir perdu ma mère fut tel, que j’en avais occulté une partie de mes souvenirs. Les meilleurs sans doute. De toutes façons, je ne me rappelais que de son visage, de son sourire aussi et sa crinière rousse qui m’obsède toujours aujourd’hui. Au final, tout est pêle-mêle dans ma mémoire. Qu’ais-je fait, qu’ais-je accompli après être venu au monde ? Mis à part les gangs, la prostitution, la drogue, le vol, la prison, je n’avais aucun souvenir de ce que ma mère et moi avions en commun. Je sais que nous étions pauvres. Que nous ne mangions pas toujours à notre faim. Qu’elle avait fait le tapin, pour payer nos courses. Je me souviens de la fois où elle m’avait sauvé la vie de cet homme qui me préférait à elle, pour sa soirée, mais à part ça …
     
    Faisant fi de la remarque de mon père, et de ma mère qui s’apprêtait à se défendre, je pris sa main dans la mienne pour la ramener vers le canapé du salon. Connor lui, l’avait observé pendant plusieurs minutes, avant d’aller s’installer plus loin, et de reprendre son jeu en cours de route. Noah était venu s’asseoir de l’autre côté de mon siège, comme pour m’assurer de sa bonne volonté à pardonner à ma mère, à défaut de mon propre père. « Vous plaisez-vous en Californie, madame Alekseievi ? » Un sourire étira ses lèvres. Inconsciemment, mes doigts venaient de s’accaparer une mèche de ses cheveux, que je faisais tournoyer sur mon index. Une manie de naissance ? Peut-être. Peut-être pas. « C’est un pays très chaud. Très différent de Bogotol. Oui, je suppose que je m’y habituerai à la longue. Oh, et vous pouvez m’appeler Natacha, vous savez. » énonça ma mère avec un sourire en posant sa main sur mon genou. « Au fait, tu ne m’as pas dit … comment vous êtes-vous retrouvés, tous les deux ? » me demanda ensuite ma mère. Il semblerait que je doive faire le récit de notre mésaventure. J’en occultai certains détails cependant, pour éviter de passer pour le mouton noir une seconde fois, tandis que ma mère écoutait attentivement chaque évènement que je lui relatai, depuis ma fuite de ma famille d’accueil russe, jusqu’à mon installation ici, aux Etats-Unis. « Seigneur, en voilà une histoire ! Je comprends que tu m’en as voulu, Joe, en découvrant ton fils aussi démuni. Mais tu sais, je ne suis plus celle que tu as connu. J’ai changé. J’ai pris soin de Beni, jusqu’à ce tragique jour où j’ai dû me faire soigner… » Elle s’arrête subitement, incapable de prononcer un mot de plus, les yeux fixant un point invisible droit devant elle. « Te…faire soigner ? Tu as été malade ? » Elle déglutit, et détourne son attention sur moi, un faible sourire sur son visage. « Oui. On peut le dire. Mais tout va mieux maintenant, ne t’inquiète pas. » Inquiet malgré moi pour la santé de ma mère, je prends sa main dans la mienne, et insiste. « Mais…non, je veux savoir ! Qu’est-ce que c’était ? Toi aussi tu as eu un problème rénal ? » « Beni, je t’ai dit que je ne voulais plus en…. Attends… comment ça ‘toi aussi’ ? » Elle fronce les sourcils. Et c’est à mon tour de me sentir gêné, et de baisser le regard sur le plancher du salon. « Non, c’est juste une façon d’parler, c’est tout. » murmurai-je. Je venais de retrouver ma mère, ce n’était pas pour parler de ma maladie et qu’elle s’inquiète. « Joe ? » Même si elle ne l’entend vraisemblablement pas de cette oreille, puisque devant mon silence, elle s’adresse maintenant directement à mon père.
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MessageSujet: Re: Something in common. Something in common. EmptyMer 19 Juin - 7:38

 
M'en parler, oui, cela aurait été un minimum. Tandis que je prenais les tasses, je me retenais à grands frais de ne pas me montrer d'une incorrection acide au point de faire chuter Natacha dans une dépression nerveuse dont les plus grands psychiatres auraient grand peine à l'extirper. Jamais je ne m'excuserai pour cette nuit et cette humiliation qu'elle avait subi par la suite car, à ce moment-là, je n'avais pas conscience d'avoir engendré la vie. Il y a une nette différence entre avoir de la rancœur envers quelqu'un et faire grandir un enfant loin d'une vie plus simple à laquelle il aurait dû avoir droit. J'en voulais moins à Sophie car elle possédait une situation stable à l'époque, même si j'avais considéré son statut d'artiste comme un gagne-pain instable sur le plan financier... Natacha, elle, était encore étudiante sans prétention à l'époque. Et Beni avait plus ou moins grandi dans la rue à cause de ça. Je verse le thé dans les tasses, imperturbable et détaché tout en demeurant à l'écoute de ce qui se dit dans le salon. Le britannique dans toute sa splendeur. À la longue ? Comment ça, à la longue ? Elle compte rester ici ? J'avais présumé qu'elle repartirait en Russie après cette rencontre... visiblement non. Et ce n'était pas pour que je me sente réjoui pour autant. Je vais chercher le sucre pour le mettre morceau par morceau dans un récipient, comme pour repousser le plus loin possible le moment où je vais devoir revenir dans cette pièce. Je parlerai avec Natacha, un jour. Pas maintenant. Pas devant Benedikt. J'avais besoin de lui exprimer clairement - et sans délicatesse aucune - le fond de ma pensée, mais il est hors de question que Beni se retrouve confronté à ça. Depuis son réveil, Sophie et moi avions eu quelques rares prises de bec, mais personne n'en avait jamais rien su. La sphère privée ne regarde personne d'autre que les concernés du moment. Le Gamma raconte son épopée quasi homérique et je m'abstiens de nuancer ses propos, il semble vouloir épargner certains détails afin que la réputation de chacun - y compris la sienne - demeure intacte. Malin. Je souris légèrement en entendant la manière dont il s'y prend : comme quoi, il est capable de faire preuve de délicatesse dans ses propos quand ça l'arrange. Néanmoins, la voix de Natacha me parvient à nouveau et vient ternir à nouveau les traits durs de mon visage figé dans son insensibilité la plus flagrante. "Non, tu ne comprendras sans doute jamais. Et je suis ravi de savoir que tu aies pu changer : la prochaine fois que tu prétendras "prendre soin" de mon fils, tu pourras éventuellement considérer la chose en agissant d'une façon nettement plus responsable." Connor se mît à pouffer de rire, sans lever les yeux de sa console, et redevint très concentré la seconde d'après. Bizarrement, cet enfant s'amuse toujours de distinguer le ton que j'emploie quand je dissimule ma colère derrière des paroles acerbes et soulignées par un accent pourtant très aimable. Comme si le fait de me voir démolir le genre humain le divertit au plus haut point. J'ai décoché un regard glacial en direction de mon interlocutrice. Et ne t'avises pas de répondre. A la rigueur, ne m'adresse même pas la parole, Natacha. C'est probablement la solution la plus sage qui s'offre à toi si tu veux repartir en un seul morceau de cette maison. Je suis peut-être moins affectueux qu'elle, c'est même évident et je ne le nierai jamais. Cependant, je préfère suer sang et eau afin de ne jamais voir mes enfants errer dans la rue plutôt que d'être assez borné pour n'écouter que ma petite personne. Je reviens dans le salon afin de déposer le plateau sur la table basse afin que chacun se serve à sa guise. Je m'assieds ensuite en face du divan sur lequel Noah, Natacha et Beni se trouvent, placé entre Connor et Sophie. Rapidement, la maladie s'invite dans la conversation, poussant les protagonistes à penser que le cas de Beni pourrait bien être une hérédité léguée par sa mère ici présente. De toutes manières, cela ne pouvait pas venir de mon côté : même son grand-père, pourtant sans abri pendant une vingtaine d'années, n'avait jamais eu le moindre souci de santé majeur. Je croise le regard inquiet de Natacha et au lieu de l'exploiter pour faire jaillir une peur panique chez elle, je soupire en me montrant un brin plus conciliant. "Beni a un problème aux reins qui rend l'évacuation des déchets assez complexe. Par conséquent, il a besoin de suivre un régime particulier à la lettre ainsi qu'une dialyse toutes les semaines pour drainer ce que ses reins ne peuvent gérer par eux-mêmes." Cela avait été aussi un cap difficile à passer, mais j'avais tout pris en charge afin qu'on lui prodigue les meilleurs soins et qu'il n'ait à se soucier que d'une seule chose : faire attention à ce qu'il mange. Pour le reste, je m'occupe de tout. "Enfin, j'imagine que s'il avait été exposé à un environnement plus propice dès son enf... Humpf...!" Je n'ai pas le temps de finir cette nouvelle critique à son égard que Sophie attrape un biscuit et me l'enfonce de force dans la bouche après m'avoir mis un coup de pied dans le tibia. Je la fusille du regard, c'est bien la seule qui peut se permettre un tel écart de conduite sans finir six pieds sous terre dans la seconde suivante. Toutefois, elle ne me regarde déjà plus, souriant à Natacha pendant que je mâche mon biscuit en grognant de mécontentement. "Excusez-le, il est un peu bougon quand il n'a pas mangé. - Il mange pas très souvent, alors, hein Beni ?" lance Connor à son grand frère en lui présentant sa main pour qu'il tape dedans en signe de complicité. Génial, même les culottes courtes s'y mettent, maintenant. J'attrape une tasse de thé au citron pour remuer le sucre à l'intérieur puis j'arque un sourcil en avalant la bouchée, de nouveau muré dans le silence tandis que Sophie reprend la parole. "Vous disiez donc que vous avez été malade, c'est bien ça ? Mais bon, ça va mieux, et Beni aussi. Et c'est tout ce qui importe, n'est-ce pas ?" lança-t-elle avec un sourire radieux en me regardant avec insistance. Si t'attends que j'abonde dans ton sens, chérie, tu peux t'asseoir là-dessus. Sentant qu'il fallait peut-être changer de sujet, la mère de Connor se focalise sur Noah et Natacha, sans prêter attention au regard imperturbable avec lequel je harponne la Russe aux cheveux roux sans relâche.
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MessageSujet: Re: Something in common. Something in common. EmptyMer 19 Juin - 10:06


«Something in common.»


    Un regard en direction de mon père, et je baissais aussitôt la tête, honteux. Tant parce qu’il remettait à sa place une femme qui n’avait pas été suffisamment mûre à l’époque pour parler de sa grossesse à celui qui l’avait engrossé, que parce qu’après tout ce qu’il avait fait pour moi, en l’absence de ma mère, je me voyais mal lui demander de se taire sur ce sujet sensible. « Joe…s’il te plait. » Noah et Sophie, eux au moins, semblaient vouloir arranger la situation plutôt que de l’envenimer. « Non, laissez Noah, il a raison. » Je relève les yeux, scrutant ma mère en fronçant les sourcils, les lèvres pincées. « J’aurai dû te dire que tu étais père, Joe. Mais essaie de me comprendre aussi. J’étais jeune. Nous l’étions tous les deux et…enfin, je n’y ai pas réfléchi sur le moment. Je le regrette amèrement aujourd’hui, tu peux me croire. » soupira ma mère en se tordant les mains entre elles. J’avais la curieuse impression qu’elle n’avait tout dit. Qu’elle avait encore quelque chose à ajouter. Parce qu’elle continua longtemps, à l’observer du salon, comme si le débat ne faisait que commencer. Finalement, tout s’arrêta là. Du moins, pour le moment. Joe revint au salon pour déposer sur la petite table, de quoi nous restaurer, tandis que je voyais Noah qui de temps en temps, tentait de le dissuader de reprendre la parole. Des paroles sans nul doute acerbes qu’il aurait aimé lancer à la figure de ma génitrice. Sophie aussi, thanks God, était là pour veiller au grain. « Ouais bon, on va pas en faire toute une histoire non plus, hein ! Ca arrive à beaucoup de gens. » grognai-je lorsque mon père finit par évoquer ma maladie, devant l’air paniqué de ma mère. Et Connor qui s’en mêle deux secondes plus tard. Je n’ai pas pu m’en empêcher, désolé p’pa. A son commentaire, j’avais longuement pincé les lèvres, mais rien n’y fit. J’éclatais quand même de rire, en tapant dans la main de mon frère cadet, qui s’empressa, après avoir croisé le regard furieux de Joe, de retourner à sa console. Il ira loin, ce petit. « Absolument, Sophie. C’est tout, ce qui importe. » répéta Noah en insistant à son tour, les yeux braqués vers Shark senior. Sauf que je n’étais pas dupe. Je savais que sitôt que les enfants – eh oui, malheureusement, je suis encore considéré comme tel dans la famille – auraient disparu dans leurs chambres, mon père ne se gênerait pas le moins du monde pour crier à Natacha, ce qu’il avait sur le cœur. J’espérais donc retardé le plus longtemps possible, l’instant fatidique où ma mère découvrirait le visage qu’elle ne connaissait pas à l’époque, de son ancien amant. Le temps passant, nous avons continué de parler. Ma mère me posa milles questions sur les études que je suivais à Berkeley, se montrant fière et impressionnée par les talents que je démontrais en chimie. Bien que je cherchais des réponses quant à notre vie avant qu’elle ne me soit enlevée, enfant, je suis un peu surpris que ma mère veuille aussi peu m’en dire à ce sujet. A croire que j’ai idéalisé ma vie à Bogotol, à ses côtés. Je suppose que oui, en un sens. Tout enfant voit en ses parents un modèle. Et si ma mère pensait que j’avais oublié la profession de rue qu’elle exerçait à l’époque, le fait qu’elle n’était pas très douée en cuisine, ou encore, que nous vivions comme des miséreux dans un appartement sordide, elle se trompait. Mais je n’avais pas l’intention de le lui rappeler. Le passé est derrière nous maintenant. Ce pourquoi, je ne m’offusquais pas de son désir de tenir secret, notre vie antérieure. Sophie en revanche, ou Noah également, réclamaient parfois plus d’explications qu’elle n’en donnait. « Et sinon… tu dors où ici ? ‘fin j’veux dire … t’es chez une amie ou … ? » Ma mère eut un bref sourire, en glissant sa main dans la mienne, comme pour me rassurer. « Non, je ne connais personne ici, chéri. J’ai pris une chambre pour une durée illimitée à l’Hôtel, le temps de me trouver un petit appartement. » A cette réponse, je tournai immédiatement la tête vers Sophie. Qui de son côté – sans doute la télépathie – s’était tournée vers Joe, lui faisant implicitement comprendre qu’il serait mieux pour tout le monde – excepté pour lui, naturellement – que ma mère dorme ici, avec nous. Sauf que je savais d’ores et déjà que mon père n’était pas de ceux qui pardonnait facilement les folies et les erreurs des autres. « En ce cas, vous dormirez chez moi. J’ai une chambre de libre, justement. » Et Joe pouvait bien fustiger autant qu’il lui plairait. Sophie n’en ferait de toutes façons, qu’à sa guise. « Oh noon, je ne veux pas vous déranger… » « Mais non, voyons. C’est un plaisir d’avoir une compagnie avec qui discuter. Ne vous en faîtes pas. Cela me ferait très plaisir. Et à Beni aussi, si j’en juge par son sourire. » Je fis de mon mieux pour le masquer, mais rien n’y fit. J’étais heureux qu’elle ait compris, et qu’elle soit aussi généreuse à l’égard de ma propre mère, alors même qu’elle s’était toujours comportée envers moi, de telle sorte que je puisse un jour, la traiter comme telle. « Merci, Sophie. » « Mais, je vous en prie. » Quelques heures plus tard, après que Sophie soit allée déposer Connor à son cours de basket, et moi à mon cours de physique avec le professeur Riley, bien que j’aurai souhaité rester auprès de ma mère, de peur de la voir disparaitre comme la première fois, ce à quoi elle m’avait rassuré, Joe se retrouva seul, avec Natacha. Ce qui me consolait, c’est que Noah était resté aussi. Sans doute pour prévenir une éventuelle tuerie…
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MessageSujet: Re: Something in common. Something in common. EmptyMer 19 Juin - 11:46

 
Non, je ne ferai pas l'effort de comprendre, ce n'est pas dans le style de Joe Shark de faire l'effort de comprendre pour les autres. Encore moins avoir été dupé au point de m'avoir fait un enfant dans le dos, car c'est précisément le nom caractérisant les agissements de Natacha. Je ne daigne même pas répondre à sa remarque, la jugeant encore trop peu digne pour que je m'abaisse à lui parler franchement dès maintenant. Je décidais d'ailleurs de me murer dans un silence profond au cours de la conversation qui suivit l'annonce de la maladie de Benedikt. À quoi bon parler maintenant ? Noah et Sophie semblaient captivés par ces retrouvailles, Beni ne voyait désormais que sa mère et Connor... Je fronce les sourcils. Il bat des pieds dans le vide. C'est étrange, ce tic nerveux hérité de sa mère suppose qu'il est en train de stresser. Sans lui parler, je m'adosse plus confortablement dans le fond du divan et je jette un œil à son jeu vidéo. Pourtant, même si je suis très loin d'être un expert en la matière, il a l'air de s'en sortir... Alors, je l'observe et, au bout de cinq minutes, je crois comprendre. Connor jette sans arrêt quelques regards furtifs sur la main que son grand frère dépose sur celle qui, apparemment, lui a été présentée comme sa mère. Et à chaque fois qu'il scrute ce contact, il baisse les yeux, rougit et balance ses pieds plus nerveusement. Dans sa tête, il doit être terrifié à l'idée que son aîné puisse partir pour rejoindre sa mère. Lui qui a pris l'habitude d'aller envahir son espace personnel et se blottir contre lui pour jouer ou pour discuter dès que l'occasion se présente, je le soupçonne d'être très possessif à l'égard de Beni. Décidément, c'est de famille. De façon presque invisible pour les autres dont l'attention est focalisée sur la Russe, je passe une main dans le dos de mon fils cadet et je monte de haut en bas pour l'apaiser. Il lève la tête dans ma direction en fronçant les sourcils et, un clin d'œil discret de ma part suffit à lui rendre le sourire. Je suis là, mon garçon, mais ne le répètes à personne. Il a vite pris conscience que je ne débordais jamais d'affection en public, d'où le fait qu'il apprécie sincèrement la moindre petite marque d'attachement que je pouvais lui offrir. La conversation dérive ensuite sur les modalités de logement de la mère de Beni. À l'hôtel ? Et c'est dans la chambre de quel homme qu'elle passe ses nuits tarifées ? Non, Joe, ne dis pas ça. Je retiens cette remarque insultante entre mes dents, mais j'écarquille les yeux lorsque je croise le regard de Sophie. Bientôt, un orage gronde dans le bleu de mes pupilles. Si vous pensez que je vais laisser cette moins que rien poser ses bagages dans ma maison, vous vous mettez le doigt dans l'œil jusqu'au coude. J'ai déjà la faiblesse de tolérer le chien de Connor, je ne veux pas d'un animal domestique supplémentaire. Comment ça, je suis très méchant et insultant ? Oui, et alors ? Cependant, Sophie présage de mon refus catégorique et insiste pour l'accueillir chez elle. Pas le temps de m'interposer, la demande est déjà acceptée. "Parfait, dans ce cas Connor restera ici pendant ce temps." annonçai-je d'emblée. Sophie ouvrit la bouche en grand suite à la surprise puis secoue la tête. "Mais je ne suis pas d'acc... - On m'a demandé mon avis pour le fait que tu accueilles une étrangère dans la maison où mon fils se trouve ? Non. Je n'approuve pas ton choix, alors tu t'en accommoderas par tes propres moyens ou avec un mot de mon avocat." Attention, quand je commence à rentrer sur le terrain juridique et procédurier, cela signifie que j'ai la volonté affirmée de ne faire aucun effort, voire même un désir sincère d'envenimer les choses. Et autant dire qu'avec un master en droit et un bataillon d'avocats et de juges de mon côté, la pauvre Sophie n'aurait jamais les moyens de lutter. Il est absolument hors de question que Connor fréquente cette femme tant que je serai vivant. Elle a déjà gâché l'enfance d'un de mes fils - à mon sens - c'est pourquoi elle n'approchera pas le second, fin de la discussion. J'ai conscience de placer Sophie dos au mur, la privant de son élan maternel... et c'est calculé. Connor, inconscient de mes manœuvres sous-jacentes, se réjouit déjà d'être ici plus souvent et de pouvoir retrouver ses amis de quartier. Brave garçon. Quelques heures plus tard, tout ce beau monde a décollé de la maison, ne restent plus que Natacha, Noah et moi. Je me lève du divan pour débarrasser la table basse tout en lâchant un regard froid et détaché à Natacha. "J'espère que tu as conscience que ton rôle de mère ne consistera plus à embarquer notre fils à l'autre bout du monde car si jamais tu me mets à nouveau des bâtons dans les roues, je n'aurais pas la clémence que j'ai eu à ton égard jusqu'ici." De la clémence ? Encore heureux, qu'est-ce que cela aurait été, alors, si je n'avais pas été "clément". Je veux qu'elle s'imbrique une bonne fois pour toutes que je n'ai pas été un père de secours pour Beni, mais bel et bien son père du début à la fin. Celui qui incarne la figure parfois trop rigide de l'autorité, mais qui est aussi le premier à s'inquiéter dès qu'un simple rhume l'atteint ou qu'il est en retard pour arriver à la maison. Je suis capable du pire pour protéger mes louveteaux, alors qu'elle ne vienne pas se frotter à moi. Tandis que je dépose le plateau dans la cuisine, je me tourne puis je la fixe à nouveau avec insistance. "Je vais te faire une fleur : je me retiens depuis exactement quatre heures, cinquante minutes et vingt quatre secondes de te réduire en miettes et, maintenant que Benedikt est parti, je risque fort d'avoir bien plus de mal à me contrôler. Tu ferais mieux de partir, maintenant. Je t'ai invitée pour que tu revois ton fils, c'est chose faite." On ne pourra pas dire que je n'aurais pas été magnanime. Si elle insiste, alors elle ne pourra s'en prendre qu'à elle-même pour l'acidité et l'insensibilité insultante de mes propos. Je n'avais plus que du mépris à lui offrir. Du mépris allié à une bonne dose d'indifférence. Je croise le regard de Noah, songeant un instant au fait que mes propos pourraient le choquer s'ils parvenaient jusqu'à ses oreilles délicates. Oui, lui seul sait à quel point je suis dénué de toute forme de gentillesse quelconque, et il sait aussi être le cœur qui me manque bien souvent. Noah, c'est à peu près la seule part d'humanité que je "possède". En attendant leur réaction suite à cet avertissement qui fait quasiment office de menace, je m'emploie à ranger la cuisine.
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MessageSujet: Re: Something in common. Something in common. EmptyMer 19 Juin - 12:38


«Something in common.»


    Une fois parti, les trois ‘adultes’ se retrouvent donc seuls dans la maison. A Berkeley, en salle de chimie, je ne peux m’empêcher de stresser à l’idée de ce qui peut bien se passer. Nul doute que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, encore moins à entendre, et que Joe n’allait pas se gêner pour en faire part à Natacha. Or, je savais aussi que ma mère avait du tempérament. Non, je ne me souviens d’aucune scène de colère. Juste qu’elle est Russe. Et que tous les Russes, ne se laissent pas marcher sur les pieds. Je m’attends donc déjà à retrouver la maison sens dessus dessous, lorsque je rentrerais d’ici cinq heures. En attendant, à la maison …



    « Très bien. Je n’ai rien dit jusqu’ici pour ne pas peiner Benedikt, mais puisque tu t’es retenu aussi longtemps, et toutes mes félicitations à propos, nous allons mettre les choses à plat, une bonne fois pour toutes. » Elle se lève de la chaise sur laquelle elle est assise depuis que nous sommes partis, et se dirige vers Joe. Son sourire n’est plus. Ses traits sont tout aussi froids que ceux de mon père lorsqu’elle s’adresse à lui. De son côté, Noah a posé sa tasse de thé sur la table du salon et les a rapidement rejoint. « Je vous en prie. Tout le monde est ici pour le bien de Beni, n’est-ce pas ? Alors tâchons de garder notre calme. Joe tu… » Il continue sur sa lancée, sans même jeter un coup d’œil vers Noah qui soupire, les yeux fermés. « Joe, arrête maintenant ! » Ce n’était pas comme cela que les choses allaient s’arranger dans la famille Shark. Joe était bien trop remonté. Et Noah, ma foi, trop altruiste. « Je ne m’en irais pas. J’ai l’intention de m’installer en Californie, figure-toi. Et dès que j’en aurai l’occasion, si Beni veut bien me pardonner, je lui demanderai de s’installer avec moi. Il n’est pas seulement TON fils, Joe. » énonça la russe en croisant les bras sur sa poitrine. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle avait du cran. Et les mêmes manières que Joe. A savoir qu’elle savait garder son calme, et répondre avec la même froideur que l’Anglais. « Madame Alekseievi… Natacha… » « S’il vous plait, Noah, laissez-nous. Je ne suis plus une petite fille, je sais très bien me défendre. » En effet. « Nous ne pourrons pas avancer sans avoir mis les points sur les ‘i’, vous le savez. J’aimerai faire cela en privé, avec le principal concerné, si cela ne vous dérange pas. » De la froideur, mais aussi… un côté particulièrement … dur. Nul ne l’avait remarqué à son arrivée. Et pourtant, ses traits durcis, la façon avec laquelle elle s’exprimait, ne dénotait plus le visage de la mère protectrice et avenante qu’elle avait affiché tout au long de la matinée. Cependant, ce n’était pas à lui qu’il convenait de la juger. Comme Joe, elle avait sûrement dû souffrir de cette situation. Sans doute que le temps l’avait rendu amère, et forcément plus forte que par le passé. « Oui, oui je comprends. Si vous avez besoin de quoique ce soit, je suis à l’étage. Viens, Bongo ! » Lançant un dernier coup d’œil à son frère de cœur, le médecin disparut dans la chambre de Benedikt – depuis le temps qu’il voulait mettre de l’ordre dans ce cafarnaum – suivi de près par le fidèle chien de la famille.



    « Donc, commençons par le début, si tu n’y vois pas d’inconvénients. Je sais que j’ai mal agi, Joe. Tu crois peut-être que je ne me le suis jamais reprochée ? Quand Benedikt ne mangeait pas toujours à sa faim, quand je faisais le tapin le soir, pour payer les factures ? Tu crois que ça me plaisait ? Que j’ai été heureuse de quitter l’Angleterre sans un mot ? Je vais t’avouer une chose, Joe. Je n’imaginais pas mon avenir ainsi. Je ne voulais pas de cet enfant, à la base. Parce que j’étais jeune, parce que je voulais un bel avenir. Comme toutes les étudiantes de mon âge à l’époque. » Son ton est sec, mais sa voix posée. Effectivement, elle n’a plus rien de l’adolescente fêtarde et immature qu’elle était alors. Posant une main sur le comptoir de la cuisine, elle poursuit, non sans jamais lâcher des yeux son ancien amant. « Mais ce qui était fait, était fait. Je ne pouvais pas revenir en arrière. J’avais un bébé qui grossissait dans mon ventre, et toi, tu te jouais des femmes comme tu l’avais toujours fait. Tu te souviens la façon avec laquelle tu m’as traitée à l’époque, ou faut-il que je te rafraichisse la mémoire ? Une pute, voilà ce que j’étais à tes yeux. Un divertissement. Et c’est avec un garçon tout aussi immature que moi, que j’aurai dû vivre ? Je voulais te faire mal, Joe. Te faire prendre conscience que tu n’étais rien de plus qu’un flirt toi aussi. Même si je ne l’ai jamais conçu ainsi. » Sa voix tremble, légèrement. Elle baisse les yeux, gênée d’avouer qu’à l’époque, elle était folle amoureuse de celui qui ne devait même pas se rappeler son prénom. Avant de reprendre fièrement une contenance, le menton levé. « J’admets que j’ai agi bêtement. Que je n’ai pas pensé un seul instant au bonheur de mon fils à ce moment-là. Si je suis partie, c’était dans l’espoir que mes parents puissent eux, me pardonner une telle erreur de jugement à ton égard. Ils ne l’ont pas fait, et je me suis retrouvée à la rue. C’est à partir de ce moment-là que j’ai compris à quel point j’avais été idiote. A quel point, mon fils méritait mieux que ce que moi, ou toi, pouvions lui offrir à l’époque. Je l’ai donc élevé du mieux que j’ai pu, en priant le ciel pour qu’un jour, il puisse me pardonner cette erreur … »
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MessageSujet: Re: Something in common. Something in common. EmptyMer 19 Juin - 15:52



Je me permets l'ombre d'un sourire en biais quand elle m'annonce qu'elle compte demander à Benedikt de s'installer avec elle. Je ne cautionnerai jamais une telle chose. "Amusant que tu me fasses remarquer qu'il n'est pas que MON fils dans la mesure où tu t'es bien gardée de me parler de lui ces quelques vingt-et-unes dernières années. Ne t'engages pas sur cette pente, elle est trop glissante pour toi." Benedikt est toutefois majeur, soit libre d'habiter avec qui il veut et où il veut. Je ne l'oublie pas, mais il est certain que je prendrais très mal qu'il souhaite poser ses bagages chez sa mère. Noah ne tarde pas à disparaître pour nous laisser seuls. Parfait, aucun témoin, couteaux de cuisine à portée de main. Quoique l'étouffement pourrait être assez jouissif. Quel dommage qu'elle m'inspire autant d'antipathie car je la trouve objectivement bien plus séduisante aujourd'hui qu'elle a pu l'être par le passé... Je l'écoute sans broncher, imperturbable et absolument impossible à émouvoir. J'avais déjà renvoyé une secrétaire mère de famille appauvrie et divorcée avec plusieurs crédits sur le dos pas plus tard que cette semaine : inutile de dire à quel point la misère sociale ne m'atteint pas. Au terme de ses paroles, auxquelles j'ai eu la courtoisie de ne pas couper court, je me tourne enfin entièrement vers elle pour la toiser avec une indifférence méprisante. "Qu'est-ce que je suis supposé faire ? Culpabiliser, m'excuser, agiter des banderoles pour tout ce que tu as fait ? Faire preuve de compassion à ton égard, peut-être ? Navré, je ne comprends pas bien la portée de tes jérémiades." Rempart de froideur et de méchanceté à l'état pur, Shark a la rancune tenace. Éternelle, dans certains cas. "Saches que tout ce que tu as été contrainte de faire, personne ne t'y a obligé. Ni moi, ni Benedikt ni même tes parents. Ce sont ton égoïsme et ton manque consternant de lucidité qui sont responsables de la manière dont les choses se sont produites. Qu'est-ce que j'y peux, si tu étais amoureuse ? Je devrais être désolé de n'être pas tombé amoureux à mon tour ? Atterris un peu, toi aussi tu allumais tout ce qui se présentait." Je secoue la tête en grommelant, les conversations féminines m'agacent et celle-ci en particulier. "Je t'ai appelée pour faire plaisir à Benedikt, c'est tout. Nous avons des rapports sans doute bien plus compliqués qu'avec toi, et je me doute qu'il n'hésiterait pas longtemps avant de poser ses bagages chez toi. Cependant, je suis son père et tu vas devoir te faire à l'idée que tu ne contrôles pas les choses de la même façon qu'auparavant." J'avance sur elle et même s'il y a peu de chances pour qu'elle recule, je poursuis mon avancée. "Je lui ai donné un foyer, une vie simple pour qu'il n'ait à se soucier que de ses études, tous les soins dont il a besoin, et même un petit frère dont il est raide dingue. Je ne suis pas débordant d'affection, mais je tiens au bien-être de cet enfant et si tu t'étais posée la question ne serait-ce qu'une seconde, tu aurais pu offrir une vie bien plus agréable à notre fils en venant me parler dès le début, au lieu de l'embarquer dans un taudis miteux où il a sûrement dû voir sa mère se faire sauter sur un lit sale et usé !" Cette fois, j'ai presque rugi. C'est rare. En réalité, dès qu'il est question des enfants, tout devient plus exacerbé. Je retrouve ma contenance en un battements de cils, sans effort. Tant pis si elle se sent insultée, c'est elle qui tenait à mettre les points sur les i. Pour marquer une petite pause, je m'éloigne d'elle afin de ranger ce qu'il reste dans la cuisine. Ce n'est pas une tactique de fuite, juste un moyen d'apaiser ma colère et me murer derrière mon flegme naturel. Une poignée de secondes plus tard, je surenchéris. "Moi non plus je ne suis pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. J'ai sacrifié ma vie pour ma carrière et pour m'occuper de ma mère. Et depuis que j'ai conscience d'avoir un fils comme Benedikt, je regarde le building de ma maison d'édition avec une pointe d'amertume, si ce n'est du dégoût : je me dis que tout ce que j'ai bâti pour ma personne, je n'aurais pas hésité une seconde à le bâtir pour mon enfant." Je n'avais jamais parlé à qui que ce soit de ce sentiment de dégoût de ma personne que j'avais en regardant Benedikt, ni à Noah, ni à Logan et encore moins à l'intéressé. Dès que mes yeux se posent sur mon fils aîné, je me sens terriblement mal à l'aise car je songe à ma carrière qui fleurissait au moment où grandissait un enfant des rues en même temps. Tout ce que j'avais donné à mon entreprise aurait dû lui revenir. Pas besoin des paroles de Natacha pour me sentir coupable, c'est déjà le cas. Je secoue la tête, détestant vivre dans le passé ou me permettre de telles confidences, même à demi-mot. Mes yeux se posent sur mon interlocutrice alors que je reviens vers elle. "Nous sommes tous les deux trop orgueilleux pour revenir sur ce qui s'est passé. Et je ne m'excuserai pas pour ce que j'ai fait. Maintenant, nous sommes parents d'un même enfant, toi et moi, et chacun veut rester dans sa vie. Que fait-on, avant de lui demander son avis ?" Il est là, le fond de la conversation. S'envoyer des reproches à la figure, nous pourrions sans doute le faire pendant encore de longues minutes, mais cela ne changerait rien. Il faut que nous soyons capables de nous entendre sur ce qu'il y a de mieux pour Benedikt, d'autant plus que Natacha sait à présent que je ne me suis pas occupé de lui par obligation, ni même par pitié. Je tiens à lui autant qu'à Connor et il est absolument hors de question que nous reprenions nos vies chacun de notre côté. Je tire une chaise de la cuisine puis je m'assieds sur celle qui se trouve en face, silencieux. J'attends qu'elle s'exprime.
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