(Cliiiiic )

La musique était forte, si bien que la jeune femme ne s’entendait même plus penser. Mais à quoi pourrait-elle penser, de toute façon ? Totalement stone, elle se contentait de tourner autour de la barre, s’y accrochant, y collant son corps ; bref, entre autres termes, son but était d’offrir un beau spectacle, de faire revenir les clients. Elle ferma finalement les yeux, lâchant un doux soupir en se glissant contre la barre. La nuit était presque terminée, et elle commençait à fatiguer, si bien que ses mouvements se faisaient plus lents, plus langoureux. Plus sexy, peut-être, puisqu’elle prenait bien son temps pour bouger, faisant finalement corps avec la musique. Elle avait à vrai dire sommeil, et elle savait que ça finirait par se voir. Généralement elle partait plus tôt, mais là, sans savoir pourquoi, elle avait décidé de rester un peu plus longtemps. Peut-être parce qu’elle n’avait pas fait assez de chiffre, ou peut-être parce qu’elle ne voulait pas rentrer chez elle, et penser. Rester ici lui permettait le temps d’une soirée de se détendre, et d’oublier un peu tout. Elle n’était pas traumatisée, non, et à part ses parents, elle n’avait pas grand-chose à oublier. Mais ne plus avoir à penser, mine de rien, ça repose. Et puis elle se faisait plaisir, à s’exhiber ainsi, devant tant d’inconnus.

D’ailleurs, elle les voyait à peine. Les rares moments où elle ouvrait les yeux, elle était rapidement aveuglée par les spots, et se retrouvait à les fermer bien vite. Ca, plus les lentilles qui lui brûlait les yeux, ça n’aidait en rien. Et elle se retrouvait à pleurer bien malgré elle : elle n’était pas triste. Soupirant à nouveau, elle se laissa glisser au sol, roulant lentement en se rapprochant du bord, fixant finalement les deux personnes qui la regardait, avant de se mettre à quatre pattes et reculer, se rapprochant de la barre. Elle fronça d’ailleurs légèrement les sourcils, alors qu’elle leur tournait le dos. Il lui avait semblé reconnaître un des deux. Elle ne savait plus où elle l’avait vu, mais elle était certaine de l’avoir déjà croisé quelque part. Elle haussa très légèrement les épaules, balayant cette pensée de son esprit. La chanson était presque finie, il était tant qu’elle conclut, et qu’elle rentre chez elle, histoire de dormir au moins deux heures avant d’aller en cours. Quoiqu’elle pouvait bien rater une heure de cours, pour une fois, on lui en tiendrait probablement pas rigueur. Mais ce n’était pas sérieux, et concernant son travail officiel, elle était toujours sérieuse ; question de principe. Il fallait juste qu’elle ne s’attarde pas dans le club, et ça serait parfait.

Elle glissa ses doigts dans les mèches de sa perruque rousse, avant de descendre ses mains le long de son corps, caressant sa propre peau avec lenteur, tout en s’accroupissant progressivement, la barre entre les cuisses. Elle effleura la barre de son entrecuisse en se relevant, et y accrocha son mollet, tournant lentement. Finalement, la musique se termina, alors qu’elle se figeait contre la barre. Lâche un énième soupir, épuisée, elle s’éclipsa de la scène rapidement, laissant la place à une autre fille. Une fois dans les loges, elle retira sa perruque, et ses lentilles, qu’elle rangea dans son sac bien soigneusement. Pressée, elle enfila distraitement son jogging et ses baskets, et sortant de la salle, enfila son t-shirt sur le chemin de la sortie. Entre-temps évidemment, elle le recroisa. Lui. A nouveau, elle se figea, et termina d’enfiler son haut, le regard planté sur lui. C’était le garagiste. Ce même garagiste qui avait trouvé sa drogue dans sa voiture, et qui avait élégamment décidé de ne rien dire. Détournant rapidement le regard, elle prit le chemin de la sortie, courant presque, espérant qu’il ne l’ait pas reconnue. Il ne manquait plus que ça.

Illusion Benny Benassi Bros ft Sandy

C'était la pire journée que j'avais eu, habituellement j'adorais aller au boulot, ne plus penser aux petits problèmes de la vie quotidienne et faire ce que les gens attendaient de moi, ce pour quoi ils me payaient. Tout avait été gâché par un client qui demandait qu'on répare sa voiture comme si on polissait un diamant rare et inestimable. J'avais l'habitude de travailler avec ce genre de client, ils possédaient de superbes voitures de luxe, il fallait en prendre le plus grand soin. À chaque fois je devais mettre une combinaison en plastique, des gants pour entrer dans la voiture, ne laisser aucune trace. C'était bien l'erreur qu'il m'avait reproché ou plutôt reproché à mon nouvel employé. Il lui avait passé un savon mémorable comme s'il l'accusait d'un meurtre, il s'en prit aussi à moi comme quoi je ne savais pas m'occuper de mes employés ni respecter mes clients et satisfaire leurs moindres recommandations. J'avais promis au client que ce genre de chose ne se reproduirait plus à l'avenir, il m'assura en effet que ça n'arriverait plus puisqu'il ne remettrait plus jamais les pieds dans mon garage. Après quelques minutes de silence ça avait été à mon tour de passer un savon à mon employé, il y a quelques mois il était encore mon apprentis et puis il avait obtenu son diplôme de mécanicien alors je l'avais embauché, il faisait du bon travail et j'étais plus que content de l'avoir à mes côtés. Mais je devais bien avouer qu'il avait parfois le QI d'un adolescent prépubère, il en faisait des conneries mais là perdre un client c'était le pompom.

Pour me changer les idées j'avais décidé déjà d'éviter que Blaith me parle encore des préparations du mariage, c'était plus compliqué que ce que je pensais et je n'avais qu'une hâte que tout ça soit derrière nous, non pas que je ne voulais plus me marier, la question n'était pas là. C'était juste que je pensais que les choses iraient plus vite que je ne pensais. J'allais de bar en bar sans vraiment avoir de but particulier, j'avais juste envie de penser à autre chose que ma journée pourrie. Sans que je m'en rende vraiment compte mes pieds m'avaient ammenés dans un club de strip-tease, je ne voulais pas tromper Blaith, loin de là elle était tout pour moi. Je n'avais jamais mis les pieds dans ce genre d'endroit, je voulais savoir l'intérêt qu'il sucitait chez la gente masculine. Je regardais les femmes dansées à moitié nue, l'une retint particulièrement mon attention, j'avais toujours trouvé que les rousses avaient des corps fabuleux. Plus je la regardais danser et plus j'avais la nette impression de l'avoir déjà vu, impossible de me souvenir convenablement de l'endroit mais je l'avais vu. Quand elle finit de danser, il était vraiment très tard, je sortis dehors, je n'avais plus besoin d'être ici mais je voulais voir cette femme. Soit j'allais derrière le bâtiment pour l'attendre et bingo elle se présenta à moi.

Si on m'avait dit que tu travaillais là j'aurais ris. Tu 'nes pas un peu vieille pour ça, sans vouloir t'offenser mais tu as plus de 30 ans et en général les filles arrête de danser autour d'une barre à cet âge là

Elle avait trouvé assez brillante l’idée de s’échapper par la porte de derrière, plutôt que par l’entrée normale. Elle s’était glissée contre le mur, essayant de disparaitre à la vue de celui qu’elle avait reconnu, et un instant, pensa qu’elle avait réussi. Soulagée, elle poussa la porte de derrière, avant de se figer. Il était là, en face d’elle. Elle leva les yeux au ciel. Elle n’était vraiment pas d’humeur à s’engueuler, elle n’était même pas d’humeur à discuter tranquillement. Elle voulait juste rentrer chez elle, avoir la paix, et dormir. Dormir. Elle qui adorait dormir, c’était quand même une tragédie : elle n’avait pas le temps. Soupirant, elle sortit du bâtiment, et s’adossa contre le mur, le fixant en fronçant les sourcils. Elle croisa les bras, après avoir laissé tomber son sac par terre, et se sortit une cigarette, qu’elle glissa entre ses lèvres. Elle l’écouta sans rien dire, ne le regardant même pas. Elle constata que l’horizon s’éclairait, et que minutes par minutes, ses pauvres petites heures de sommeil étaient entrain de disparaitre ; elle rageait intérieurement. Et en plus il la provoquait ! Autant la traiter de mamie aussi, pendant qu’il y était.

« Et alors ? T’as bien apprécié la vue non ? »

Elle soupira, allumant lentement sa cigarette. Elle se redressa quelques instants, avant de se laisser retomber contre le mur. Non, autant rester appuyée, elle ne tenait pas vraiment bien debout. Elle tira sur sa cigarette lentement, et recracha la fumée vers le ciel, lassée.

« Vous êtes tous les mêmes. Vous profitez, et après vous critiquez. Faut assumer un peu. »

Elle haussa légèrement les épaules, braquant finalement son regard bleu sur lui. Elle arrangea ses cheveux, gardant la cigarette entre ses lèvres. Elle se redressa à nouveau, finalement, et marcha lentement vers lui. Elle s’arrêta à sa hauteur, et lui offrit un léger sourire, glissant ses doigts contre le bras du jeune homme.

« Go fuck yourself. »

Elle sourit un peu à nouveau, et le contourna, son sac sur l’épaule. Tirant sur sa clope, elle s’échappa de la petite cour derrière le bâtiment. Elle se tourna alors, et lui offrit un nouveau sourire, avant de lui présenter élégamment son majeur. Fallait pas l’emmerder non plus. Elle était rarement vulgaire, mais la fatigue, et les insultes sous entendues de ce cher Shannon, c’était trop.

Spoiler:

Ne te méprend pas je n'ai pas dit que ton corps n'était plus aussi fringant que dans ta folle jeunesse, je pensais juste que les femmes de la trentaine arrêtait ce boulot c'est tout

C'était bien une femme ça de prendre la mouche pour quelque chose d'aussi insignifiant, je n'avais pas non plus dans la dentelle, j'aurais pu dire les choses d'une autre manière pour qu'elle ne se sente pas agressée. Le tact me faisait toujours autant défaut dans certaines situations et avec la gente féminine en particulier, il fallait juste regarder l'effet que je faisais aux enfants c'tait atroce, bon il ne fallait pas que Blaith tombe enceinte maintenant parce que ce n'était pas le moment. Je la regardais s'éloigner et puis se retourner pour me lancer des phrases bien venimeuses, elle était fatiguée ça se sentait et je m'étias ses nerfs à rude épreuve.

Je n'ai pas dit que tu avais la peau flasque alors arrête. Je ne te critique pas.... j'adorerais voir la tête de tes élèves s'ils apprennent que tu fais du strip-tease

Ce serait bien drôle en effet si ils venaient à l'apprendre, il ne verrait sûrement plus la gentille petite professeur qu'elle était mais bien la menteuse et prédatrice sexuelle que je voyais. Je n'avias jamais suivi ses cours donc je ne savais pas comment elle se comportait avec ses élèves mais je me doutais qu'elle devait être une professeur sympathique, exigeante. Oui je pensais qu'elle devait ête du genre sympathique par devant et quand elle notait c'était sévère, comme la plupart des professeurs que j'avais eu et qui me hérissait les cheveux sur la nuque. Le monde était plein d'hypocrite. Elle se rapprocha de moi pour toucher mon bras après avoir allumé sa cigarette, j'eus un geste de recul pour qu'elle ne me touche pas justement, hors de question de laisser une femme danser à moitié nue devant des inconnus me toucher.

Ce n'est pas très beau ça dans la bouche d'une femme

Je n'aimais pas particulièrement les femmes vulgaires, un homme disait des gros mots ça ne me posait pas de problème. Moi je disais beaucoup de gros mots, j'essayais de me calmer parce que ça ne plaisait pas beaucoup à Blaith que je sois aussi vulgaire mais je devais iben avouer que dans la bouche d'une femme ce n'était vraiment pas beau d'etnendre des gros mots même s'ils étaient bien mérités comme dans le cas présent. Je la laissais s'éloigner et puis alors qu'elle me montra son majeur je marchais vers elle un sourire aux coins des lèvres.

Oh je m'excuse, j'ai le droit de dire que je suis très surpris de te voir dans ce genre d'endroit c'est tout

Spoiler:

Il l'insultait. Il ne cessait de l'insulter. Elle se figea et se tourna lentement vers lui, le regard haineux malgré ses traits fatigués. Comment pouvait-il insulter les gens comme ça ? Qu'il ne veuille pas qu'elle le touche, soit, ça pouvait à la limite être compréhensible ; mais là ça devenait trop. D'autant qu'il parlait de ses élèves ! Il ne tenait pas à la vie, ou quoi ? Elle crispa légèrement ses doigts sur la lanière de son sac. Il n'avait pas tord, par ailleurs, même si ça la tuait de l'avouer. Comment réagiraient-ils ? Feraient-ils l'amalgame et la traiteraient-ils comme une putain ? Elle ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi les strip-teaseuses étaient si dénigrées. Elles ne se vendaient pas, elles dansaient simplement sensuellement. Certes, des gens les regardaient danser, et parfois souhaitaient plus ; mais si certaines leur accordaient, Lisbeth n'était pas de celles-là. Si le sexe était important pour elle, ce n'était pas non plus toute sa vie, et elle pourrait tout à fait vivre sans. Elle ne séduisait d'ailleurs que rarement, ce jeu, s'il pouvait être intéressant, ne lui plaisait pas tant que ça.

Elle l'observa marcher vers elle, et lâcha un lourd soupir. Bon. Visiblement il n'allait pas la lâcher, mais elle sentait qu'elle ne resterait pas bien longtemps éveillée. Elle se ferait porter pâle, sûrement, elle en avait besoin, surtout s'il continuait de l'emmerder comme ça. Elle croisa finalement les bras, alors qu'il revenait à sa hauteur.

« Est-ce que tu arrêterais quelque chose que tu adores faire parce que tu deviens trop vieux ? »

Sachant que son trop vieux à lui se plaçait à trente ans, c'était quand même jeune, pour Lisbeth. Et puis ça ne se voyait pas, qu'elle avait passé les trente-cinq, si ? Bon, alors ; elle n'allait pas arrêter de danser de si tôt, ou tout du moins, pas tant qu'elle arrivait à tenir le coup. Il ne voulait pas qu'elle le touche, alors elle attrapa simplement sa manche entre ses doigts, le tirant un peu dans la rue, l'entraînant dans un bar non loin du club. Le poussant sur une chaise, elle s'assit en face de lui, en profitant pour appeler un serveur.

« Excuse moi pour tout à l'heure, je suis fatiguée. Mais tu l'as cherché aussi. Pourquoi tu es comme ça ? Tu as des antécédents avec les strip-teaseuses ? »

Elle s'appuya sur son poing, alors qu'elle le contemplait en silence. C'est vrai, pourquoi avait-il était si désagréable alors qu'elle ne lui avait rien fait ? Et puis elle se retrouvait à nouveau en position de faiblesse, ce qui l'agaçait un peu ; d'abord la coke, et maintenant le strip, il avait un trop grand nombre de dossiers sur elle, c'était fatiguant à force. Et puis pour l'instant il n'avait rien fait, mais qui sait si ça n'allait pas lui prendre plus tard ! Le cas échéant, elle serait bien dans la mouise. Elle demanda un café au serveur qui approchait, histoire de se réveiller assez pour pouvoir tenir une conversation.

« Pourquoi tu étais là, d'ailleurs, vu que tu ne sembles pas apprécier du tout le strip-tease ? »

Spoiler:

Rain Norah Jones

Je levais un sourcil entendant ses mots, elle adorait faire ça, se mettre pesque nue devant des inconnus, des pervers en puissance. Elle pouvait très bien me dire adorer sentir le regard des homme sur elle, danser mais dans ce cas elle pouvait faire autre chose que le strip-tease si c'était danser et être vu qu'il lui plaisait tant. Elle pourrait essayer d'enter dans une compagnie de danse ou même devenir actrice, elle aviat peut-être du talent d'ailleurs elle arrivait bien à jongler entre sa vie professionnelle de professeur et celle de strip-teaseuse. Elle n'avait pas non plus tort, si on me disait que j'étais trop vieux pour conduire, pour réparer des voitures je ne m'arrêterais sous aucun prétexte, j'avais fait ça une bonne partie de ma vie, dès que j'avais su utiliser mes dix doigts. J'avais été un enfant assez hyper-actif, mes parents avaient essayer de trouver une occupation pour que j'arrête de courir dans leur pattes et de dire tout le temps "maman je m'ennuie".

Selon moi tu n'es pas vieille, mais je comprend ce que tu veux dire. Sérieusement tu aimes faire ça ? Te mettre nue devant des vieux pervers ? Tu peux faire ça chez toi avec une webcam tu sais tu te ferais surement plus d'argent

Là je n'avais pas été sympa, comparé les strip-teaseuses aux femmes qui se mettent nue et se touchent devant leur ordinateur pour faire plaisir à des hommes ou des femmes qui payent pour ça. Je n'avais pas envie qu'elle se vexe et qu'elle prenne ça personnellement. Je la suivais malgré moi, elle avait compris que je ne voulais pas qu'elle me touche pour aller dans un café. Je n'étais pas vraiment le genre de garçon à prendre tout le monde dans ses bras, je n'aimais pas particulièrement ça en fait, peut-être que ma mère ne m'avait pas assez pris dans ses bras quand j'étais enfant, c'était souvent l'explication que donnait les psychologues. Je m'assis en face d'elle, le serveur vint nous voir rapidement, je commandais un café, j'avais très envie de boire une bière mais Blaith allait le sentir rapidement que j'avais bu et on allait surement se disputer à cause de ça.

Excuse moi, je ne voulais pas être agressif. J'ai juste... Eté très surpris de te voir là. Si on m'avait dit que tu faisais ça j'aurais ris, pour moi les femmes qui font ce travail ne te ressemblent pas du tout. Je trouve dégradant qu'une femme soit obligé de se mettre nue pour gagner de l'argent

J'allais encore en prendre pour mon grade je le sentais bien, je devais avoir l'air d'un vieux con macho qui voulait que les femmes restent à la maison pour s'occuper des enfants et du ménage. Je n'aurais pas du lui dire que trente ans c'était vieux, je m'en approchais dangereusement. Le serveur revint à notre table avec nos tasses de café, je le remerciais d'un regard et entreprit de faire fondre mon sucre dedans. Je baissais mon regard sur mon café, le touillant avec une petite cuillère, j'écoutais la douce voix de Lisbeth, je ne levais pas le regard vers elle pour lui répondre.

Je n'avais jamais été dans une boîte de strip-tease, il faut un début à tout, je n'avais pas prévu de rester en fait mais quand je t'ai vu j'ai cru que il fallait que je porte des lunettes parce que je me disais "non ce n'est pas possible que Lisbeth fasse ça". J'ai eu aussi une journée de merde donc je n'avais pas très envie de rentrer directement chez moi. Pourquoi tu fais ça d'ailleurs ? Tu ne gagnes pas assez en étant professeur ?

Spoiler:

Elle finit par s’appuyer sur son poing, les yeux à demi fermés. Elle était obligée de papillonner des paupières pour ne pas s’endormir. Elle savait que si elle commençait à fermer les yeux ce serait la fin, et qu’elle ne tiendrait pas longtemps avant de s’écrouler de sommeil sur la table. Elle regarda un peu autour d’elle, se redressant finalement. C’était vraiment dommage qu’on ne puisse pas fumer dans les bars, dans ce pays, ça l’aurait occupée. Elle finit par braquer son regard fatigué sur le jeune homme à nouveau, alors qu’on déposait enfin la tasse devant elle. Elle eut un soupir de soulagement, alors qu’elle attrapait la dite tasse pour en boire une longue gorgée. Tant pis pour le sucre, c’était amer, mais il fallait absolument qu’elle se réveille. Et puis il parla, à nouveau, et elle faillit s’étouffer. Elle reposa la tasse avec lenteur, et releva les yeux vers lui, lançant presque des éclairs. Il n’avait pas osé dire ça ? La prochaine étape c’était quoi, la comparer à une pute ? Elle crispa légèrement ses doigts contre la tasse, agacée. Son but devait être de la faire sortir de ses gonds, elle ne voyait pas autre chose.

Elle choisit finalement d’ignorer. S’énerver ne servait à rien, n’est-ce pas ? Et puis n’étant pas assez réveillée pour faire preuve d’une répartie cinglante, elle préférait éviter de lui répondre. Son alternative serait aussi de lui envoyer le café à la figure. Mais quand même, abimer un si beau visage, ce serait dommage. Donc, non, tant pis, elle ne ferait rien. Elle se contenta de prendre une nouvelle gorgée de café. Elle allait sûrement en prendre un autre, vu le rythme auquel elle était entrain de vider la tasse. Et il parlait à nouveau. Elle releva une nouvelle fois les yeux vers lui, haussant légèrement un sourcil. Dégradant ? Il vivait à quelle époque, en 1960 ? Et l’évolution des mœurs, il ne connaissait pas ? Ah oui. Il ne fallait pas oublier qu’il était américain. Il devait être soit cul-serré soit hypocrite. Ou les deux. Elle soupira légèrement. Comment lui expliquer. Oui, ça pouvait être dégradant, ça l’était même certainement, au Mexique, ou dans les endroits comme ça, mais ici, elle ne pensait pas. Définitivement pas. Elle se frotta légèrement la joue, et finit par lui répondre, faisant claquer ses ongles sur la table.

« Je ne sais pas pour les autres, mais pour moi, c’est une question d’orgueil. Tu ne peux pas savoir à quel point c’est valorisant de savoir des mecs bander devant ton corps. »

Elle esquissa un très léger sourire, les traits toujours aussi fatigués. Elle reprit sa tasse, et la vida en quelques gorgées, avant de lever légèrement le bras pour rappeler un serveur, histoire qu’il la serve à nouveau. Elle sortit son briquet, et commença à jouer avec, restant frustrée de ne pouvoir fumer ici. Elle fit une flamme quelques secondes, puis refermant le zippo, avant de recommencer plusieurs fois, soupirant finalement. Elle braqua finalement son regard sur lui à nouveau alors qu’on lui resservait un café, et plissa légèrement les paupières. Elle sourit un peu en l’entendant, ça faisait toujours plaisir de s’entendre dire qu’on ne paraissait pas faire ce métier – bien que la demoiselle ne pense pas que le faire soit dégradant – et secoua légèrement la tête à sa dernière question. Elle ne comptait pas du tout lui raconter sa vie, mais c’était vrai qu’il pouvait au moins savoir cela.

« Tu connais … mon problème d’addiction. La coke ça coûte assez cher. Mais je ne fais pas ça pour l’argent, c’est juste que … ça me plaît. J’étais strip-teaseuse pour payer mes études et je n’ai jamais vraiment ressenti le besoin d’arrêter. »

Après tout, pourquoi aimer quelque chose que l’on apprécie ? Elle attrapa son sac et en sortit une petite flasque de whisky. Pas que ce soit spécialement dans ses habitudes de boire de l’alcool – surtout qu’elle était plutôt vodka – mais une fois de temps en temps ça ne pouvait pas faire de mal. Et puis dans le café, ce n’était pas si mal, du whisky. Elle versa un peu du liquide dans sa tasse à nouveau pleine, et tendit la flasque au jeune homme, au cas où. Elle le détailla quelques instants, avant de détourner le regard, jouant avec son briquet à nouveau.

« Pourquoi traînes-tu les pieds à rentrer chez toi ? Tu n’as pas une femme, ou quelque chose du genre ? »

Elle releva les yeux vers lui, haussant un sourcil. Il était bien temps de détourner le sujet d’elle pour commencer à parler de lui. Parce que oui, être strip-teaseuse, ce n’était peut-être pas très valorisant, mais aller dans un club alors qu’on est fiancé – ou même marié – ce n’était franchement pas mieux.

Si c'est uniquement le regard des gens que tu recherches tu peux être actrice, chanteuse... ou même danseuse. Mais je ne vois absolument pas en quoi c'est valorisant de danser nue

On allait pas non plus passer trois cent ans sur la question de savoir en quoi c'était "bandant" de danser nue devant des hommes qui crachent facilment leurs billets juste pour voir une femme en string se trémousser devant eux. Je ne verrais jamais les choses de son point de vue il n'était pas donc nécessaire pour elle de m'expliquer en long, en large les bienfaits de la danse. Je baissais le regard sur ma tasse de café, j'en bus une longue gorgée alors que je l'écoutais me dire qu'elle avait du faire ça dans sa vie étudiante par besoin d'argent, je pouvais ce que c'était que d'avoir des petits boulots pour essayer de payer ses études, j'avais bons nombres d'amis dans ce cas, personnellement mes parents pourvoyaient assez bien mes études, jamais je n'avais été dans le besoin et avait pu assouvir ma passion des voitures jusqu'aujourd'hui où j'avais mon propre garage. Je me taisais ne voulant pas dire de nouveau des bêtises que je pourrais regretter par la suite, ça m'arrivait trop souvent de le faire parce que justement j'étais de mauvaise humeur et il fallait que je passe mes nerfs sur quelqu'un. Ce soir en faisait pas exception à la régle, si je n'étais pas l'homme le plus agréable qui soit c'était uniquement parce que je faisais passer ma mauvaise humeur sur les autres. Il ne fallait pas croire que j'était quelqu'un de foncièrement méchant, méprisant quoi que ce soit, mes employés connaissaient que trop bien mes passages d'humeur, ils étaient même contents quand je les engueulais parce qu'au moins je ne cassais pas quelque chose.

Si j'ai une fiancé... On s'est engueulé ce matin et étant donner que je ne suis pas d'une superbe humeur j'aimerais éviter de la frapper parce que je suis navré de l'avouer quand je ne vais pas très bien j'ai tendance à frapper, casser ce qui me passe sous la main alors parler, même si mes mots ne sont pas très gentils je le conçois ça fait passer mes nerfs... Je m'en excuse

Au moins je savais reconnaître mes torts, tout le monde ne le faisait pas ouvertement ce qui était bien dommage en soi. Mes paroles n'allaient pas vraiment lui plaire mais je me devais d'être franc avec elle et ne pas lui mentir. Je ne lui en voudrais pas d'ailleurs si elle décidait de prendre ses jambes à son cou et de me laisser ici boire mon café en solitaire... ou bien rentrer ivre, pour ça aussi j'aurais le droit à une dispute digne de ce nom. Je buvais une nouvelle gorgée de mon café, le silence c'était installé entre nous, comme si mes paroles avaient eu le don de lui faire peur au point qu'elle ne savait plus que faire dans cette situation, partir ou rester.

Et toi tu as quelqu'un dans ta vie ?

Elle le dévisagea en silence. La frapper ? Il trouvait cela envisageable de la frapper ? Elle fronça légèrement les sourcils. Elle n’était pas particulièrement féministe, et ne soutenait pas non plus particulièrement les associations contre la violence faite aux femmes. Elle était contre la violence en général, bien que ce soit assez paradoxal, puisqu’il lui arrivait de s’énerver violemment, et parfois, quand les nerfs lâchent, de devenir violente. Mais par chance, elle n’avait jamais appris à frapper, et lorsque cela arrivait, elle ne faisait jamais bien mal. Mais tout de même, elle ne se permettrait pas de juger, elle savait ce que ça faisait, de s’énerver tellement qu’on en arrivait à des extrémités. Elle baissa finalement les yeux, hochant légèrement la tête, plongeant son regard dans sa tasse. C’était bien, la caféine commençait à faire effet, et elle se retrouvait bien plus éveillée qu’avant, assez pour arriver à suivre une conversation normalement. Elle attrapa la tasse, et en but une courte gorgée, appréciant le mélange alcoolisé qu’elle avait fait. Elle finit par lui sourire, entendant sa nouvelle question. Quelqu’un dans sa vie ? Non, à part son chat, elle avait fait fuir tout le monde ; et peut-être que lui-même finirait par se barrer. Elle secoua alors légèrement la tête, s’appuyant sur son poing.

« Non, personne. » Elle lui sourit à nouveau, regardant finalement un peu autour d’elle, comme pour voir si personne ne l’écoutait. « Je comprends ce que tu veux dire. Ca fait du bien de se défouler, mais … Si ça te reprend, je préfère que tu reviennes me voir plutôt que tu risques de te laisser aller sur ta fiancée. »

Pushing-ball ? Pourquoi pas, après tout, non ? Autant être utile. Et puis dans le fond, elle l’aimait bien, il fallait l’avouer.

« Tu pourras même me traiter de traînée si ça te fait plaisir. »

Elle s’osa à lui tirer légèrement la langue, alors qu’elle vidait sa tasse de café une nouvelle fois. Elle se sentait revigorée. Elle se redressa alors, glissant la cigarette avec laquelle elle jouait entre ses lèvres.

« Viens, on va aller se balader, et puis tu rentreras chez toi, parce qu’elle va finir par se demander où tu es. »

Elle fouilla son sac et laissa un billet sur la table, sans trop lui laisser le temps de réagir, et attrapa son bras par la manche pour l’entraîner avec elle. La nuit était tombée, et les lumières allaient être magnifiques ; Lisbeth avait toujours préféré cette vue de nuit de San Francisco à une simple vue de jour, quoiqu’un bel orage avait aussi son charme. L’entraînant tranquillement dans les rues, elle s’osa à s’accrocher à son bras, se serrant un peu contre lui en souriant doucement, avant de se décoller, joueuse.

« Il est pour quand votre mariage ? »

Elle releva les yeux vers lui, relâchant finalement son bras pour allumer sa cigarette, tirant tranquillement dessus après quelques secondes, recrachant la fumée sur le côté.