La vie avait toujours eu son lot de surprises pour la brunette, chose à laquelle elle s’était habituée avec le temps. Dix ans avaient passés. Dix ans et elles étaient restées en contact comme si toutes ces années ne s’étaient pas écoulées, comme si la distance et les années ne les avaient pas séparé, comme si elles ne vivaient pas dans deux villes différentes avec chacune leur famille à leur côté. Ce petit rendez-vous entre deux vieilles amies n’avaient pas été prévu, enfin au départ. Rien de tout cela n’avait été prévu, Blaith et Esme s’étaient retrouvées un jour, par le plus grand des hasards et elles avaient pris un café ensemble, parlant de tout et de rien, s’assurant que l’autre allait bien. Une banale rencontre entre deux amies de longue date et elles avaient décidé de se revoir à l’avenir, histoire de ne pas couper les ponts et de toujours rester en contact. Esme y avait tenu spécialement, à ce rendez-vous tous les ans, au même endroit. Elle n’avait jamais connu ce que signifiait le bonheur d’une famille ou de réellement compter pour quelqu’un jusqu’à son arrivée à San Francisco après les drames qu’elle avait vécu. C’était là-bas qu’elle avait fait la connaissance de Blaith’, étant encore qu’une étudiante dans la prestigieuse université qu’était Berkeley, elle avait trouvé en la personne de Blaithin une précieuse amie. Elle ne voulait donc pas la perdre comme elle avait perdu tous ceux qui comptaient pour elle.

La brunette lui avait téléphoné pour remettre leur rendez-vous à la soirée, ce n’était pas plus mal. Esme avait quitté Miami la veille pour être sûre de ne pas arriver en retard, elle avait pris une chambre d’hôtel pour elle et ses enfants. Eleanore, âgée de dix ans, lui rappelait bien trop souvent son père. Elle avait hérité de ses yeux et chaque fois qu’elle croisait ce regard qu’elle ne connaissait que trop bien, elle ne pouvait s’empêcher de repenser à cette époque où elle avait été heureuse avec cet homme qui avait su lui voler son cœur en une fraction de seconde. Dom ne faisait plus partie de sa vie à présent mais, cela ne l’empêchait pas de prendre des nouvelles de sa fille et de venir la chercher pour passer du temps avec elle. Heureusement, la petite ne subissait l’échec de leur relation. La fillette était d’autant plus adorable avec son petit frère, Evan, dont elle s’occupait comme une vraie pro. La jeune mère ne pouvait être que comblé par un tel bonheur. Qui plus est, elle avait pu compter sur Lenny, le père d’Evan et parrain d’Eleanore, ils se connaissaient depuis tellement longtemps qu’ils ne pouvaient plus se passer l’un de l’autre. Et même s’ils n’étaient pas un couple, ils étaient toujours présents l’un pour l’autre. Ils avaient toujours été ainsi. La jeune femme s’était réveillée tôt ce matin là et elle avait regardé ces deux trésors dormir à poings fermés, ils étaient tellement adorables. Ils étaient tout ce qu’elle avait de plus cher. Esme avait ensuite quitté son lit pour prendre une bonne douche, elle avait promis à sa fille de faire les boutiques. Du haut de ses deux ans, Evan ne semblait pas contre une séance shopping en compagnie de sa mère et sa sœur. C’est ainsi que la petite famille s’était retrouvée à marcher le long des rues de San Francisco, d’agréable souvenirs emplissant l’esprit de l’ancienne Sigma. Souvenirs d’une vie qu’elle n’aurait jamais cru mériter un jour. La journée se passa agréablement bien et dès que l’heure de son rendez-vous fût proche, la jolie grecque confia ses enfants à une nounou avant de se diriger vers le restaurant qu’elles avaient pour habitude de s’y retrouver.

Quelle ne fût pas sa joie lorsqu’elle vit son amie, au loin, assise à une table. Cela paraissait ridicule mais, elle y avait pris goût, ses rendez-vous entre deux amies qui se racontaient leur vie. Pendant un laps de temps, elles n’étaient plus des mères, ni des femmes, elles ne faisaient plus partie d’un monde professionnel où on n’avait pas le droit à l’erreur, elles ne devaient plus garder le sourire pour le bonheur de leur famille. Non. Pendant ce déjeuner ou ce diner, elles étaient simplement deux bonnes amies qui prenaient du bon temps ensemble. Deux amies qui ne se lassaient pas de se voir, même après toutes ces années. Deux amies qui mettaient un point d’honneur à ne pas rater cette occasion de se retrouver. « Ma chérie ! Tu m’as tellement manqué…Tu vas bien ?! » Un sourire radieux sur les lèvres tandis qu’elle étreignait son amie avant de prendre place en face d’elle autour de leur table.

La première fois qu’elle avait fait la connaissance de Blaithin, elles étaient toutes deux à la mairie pour régler un problème avec leurs papiers. Aussi, le courant était très bien passé entre eux, elles avaient de suite sympathisé, une véritable amitié était née entre eux. Suite à cela, les rendez-vous entre amies s’étaient enchaîné pour le plus grand bonheur des deux jeunes femmes, qui plus est lorsqu’elles comprirent qu’elles fréquentaient le même établissement. Aujourd’hui, elles faisaient tout leur possible pour ne pas perdre contact, chose qui devenait de plus en plus difficile en vue des obligations professionnelles et personnelles des deux amies mais, elles réussissaient toujours à trouver le moyen de prendre des nouvelles de l’autre. « Oui, c’est comme si on n’avait jamais quitté tout ça ! Je vais bien. Oh mais, dis-moi ce qui te tracasse, peut-être que d’en parler te ferais le plus grand bien… » Voir les autres souffrir surtout lorsque cela concernait ses amis était une chose qu’elle ne réussissait toujours pas à supporter. Voir de la tristesse et de la douleur dans le regard des personnes aimées était bien plus difficile que ce qu’on voulait faire croire. Et Blaith’ n’échappait pas à la règle. La jolie grecque se faisait réellement du souci pour elle alors, pourquoi ne pas profiter de ce dîner entre filles pour savoir ce qu’il en était. Qui plus est, cette petite rencontre hors du temps et en dehors de leur vie respective était justement fait pour ça, non ?! Puis posant un regard protecteur sur ses deux bouts de chou assis à côté d’elle, un sourire vint illuminer son visage. Elle ne se ferait jamais à cette idée d’avoir été comblée par ses deux anges qui emplissaient sa vie et son cœur d’un bonheur incomparable. « Je me suis dit que ça les changerait de venir à San Francisco et puis, changer d’air n’a jamais fait de mal à personne ! » Les laissait chez eux lui avait effleuré l’esprit mais, elle avait changé d’avis au dernier moment, faisant rire Lenny par la même occasion. Elle n’avait jamais autant indécise que quand il s’agissait de ses enfants et il ne se gênait pas pour le lui faire rappeler à chaque fois que l’occasion s’en présentait. Esme se souvenait encore du jour où leur amitié s’était transformée en quelque chose de plus fort et de plus compliqué. Bien sûr, entre eux les choses avaient toujours été quelque peu complexes, ils se plaisaient à coucher ensemble à chaque fois que l’occasion se présenter, sans que cela n’affecte leur véritable et profonde amitié envers l’autre. Ils pouvaient compter l’un sur l’autre, c’était incontestable. Et lorsqu’ils avaient décidé de tenter quelque chose ensemble, cette amitié s’était encore plus renforcée et même s’ils avaient décidé d’un commun accord que l’amitié leur suffisait amplement, bien plus que l’amour, leur histoire n’avait rien changé à leur manière de se comporter avec l’autre. Plus encore avec l’arrivée de leur Evan dans leur vie. « Le plat du jour aussi et un jus de fruit, merci ! » Elle en profita également pour commander pour ses enfants quelque chose susceptible de leur plaire. Redonnant au serveur la carte des menus, elle se retourna vers son amie, le même sourire plaqué sur ses lèvres. Elle était plus que ravie d’avoir pu se libérer et ne pas manquer ce rendez-vous qui avait pris une place importante dans sa vie ces dernières années. « Et bien, le night-club que je tiens a beaucoup de succès, les groupes de musique qui s’y produisent sont de véritables perles, j’ai beaucoup de chance qu’ils acceptent de venir jouer chez nous…Et je vais bientôt promouvoir ma nouvelle collection de prêt à porter ce qui veut surement dire que je vais devoir voyager… » Ce qui voulait dire que les enfants iraient surement chez Lenny ou chez leur tante Jules qu’ils adoraient plus que tout. Esme n’arrêtait pas de lui répéter qu’elle les gâtait beaucoup trop, à quoi sa sœur répondait que les tantes étaient faites pour ça. « Et toi alors ma belle ? Quoi de nouveau dans ta vie ? » Le serveur revint avec leurs plats, coupant momentanément la conversation avant qu’elle ne reprenne dès qu’il eut le dos tourné.

« Tu fais de l’excellent travail, quoi que tu puisses en penser…La preuve, ils t’offrent une promotion, ça veut dire qu’ils croient en toi…Après pour ce qui est de Shannon et des enfants, c’est une autre histoire. Ce n’est pas le genre de décision à prendre à la légère, tu vas devoir en parler avec lui et voir les points positifs et négatifs….Et si tu venais à accepter, ce sera une décision murement réfléchie et tes enfants ne pourront qu’être contents et fiers de leur maman…Qui plus est, tu dois t’épanouir si tu veux leur offrir le meilleur de toi et si cette opportunité te le permet alors, fonce ! » Son amie avait travaillé très dur pour en arriver là où elle en était à présent, sa famille faisait plus de concessions que les familles normales mais, cela n’avait guère d’importance tant qu’ils étaient sur la même longueur d’onde et qu’ils étaient heureux. Elle comprenait parfaitement sa retenue, sa famille passait avant tout comme pour elle mais, elle continuait à croire que pour être une bonne mère, une épouse merveilleuse, elle devait avant tout s’épanouir elle-même afin que ses proches profitent de sa bonne humeur et de tout ce qu’elle avait à leur offrir. Elle leur faisait confiance à Shannon et à elle pour prendre la meilleure décision, non seulement pour leur couple et leur famille mais, aussi pour l’avenir professionnel de Blaith’. Dès que les plats furent posés en face d’eux, Esme en resta émerveillée, la bonne cuisine avait toujours eu le don de la faire chavirer, elle le devait en grande partie à sa mère. Elle savait savourer de bons plats à leur juste valeur. Et lorsqu’on partageait de telles saveurs avec des personnes aussi importantes que la belle Irlandaise, cela ne rendait les repas que meilleur. Lui offrant son plus beau et sincère sourire, son cœur ne pu que se gonfler de bonheur. « Je suis fière de toi ma belle ! Tu as su tenir le coup et maintenant, c’est devenue ta force…Tu peux être fière de toi aussi, il t’en aura fallu du courage pour en arriver jusque là… » Un combat de tous les jours, à chaque seconde, ce n’était pas simple. On n’estimait jamais le courage que cela demandait pour réussir à tout arrêter et à continuer à vivre, c’était une lutte qui ne se terminait jamais mais, qui en valait la peine. Esme aussi avait modéré sa consommation d’alcool, elle ne pouvait plus se permettre des excès comme quand elle avait rejoint les Oméga, elle devait faire plus attention. Elle avait eu une seconde chance avec son nouveau cœur, elle ne devait pas la gâcher. Et puis maintenant qu’il y avait ses deux anges, elle ne pouvait que faire plus attention. Ce qui n’était pas plus mal. « Mieux vaut éviter oui, ça t’évite d’être tenté mais, j’aimerais bien que tu passes un jour quand tu auras plus de temps et je te promets de te garder à l’œil pour ne pas que tu craques…J’aimerais bien ton avis, après tout, rares sont ceux qui ont une aussi bonne oreille musicale que toi… » Elle continua à déguster son diner tout en discutant avec son amie. « Et puis, je pense que l’idée de ton parrain n’est pas mauvaise, réserver une partie du club aux personnes qui ne boivent pas mais, qui ont envie d’écouter des groupes se produire…Tout le monde y serait gagnant… » Tout appelait à consommer de l’alcool sans jamais penser à ceux qui était comme Blaithin. Esme aurait tant souhaité que son amie vienne lui rendre visite pour lui donner son avis. Cela comptait énormément pour elle. Sans se départir de sa bonne humeur, la jolie grecque jeta un coup d’œil à ses enfants qui mangeaient leurs plats tout en se chamaillant gentiment. Ca lui faisait chaud au cœur, elle n’aurait changé son bonheur pour rien au monde. Elle posa sa fourchette avant de prendre son verre de jus et d’en boire une gorgée. Le liquide frais et sucrée lui fit le plus grand bien. « Ce n’est pas habituel comme musique, je l’avoue mais, ces jeunes ont un véritable potentiel et je voulais leur donner une chance, les lancer mais, j’avais aussi besoin d’un avis externe…Pour être sûr de ne pas leur faire perdre leur temps… » Son nighclub lui permettait aussi de découvrir de nouvelles voix et de nouveaux artistes et elle essayait de les aider dans leurs démarches pour percer dans ce milieu qu’elle savait difficile.

« Je comprends ce que tu veux dire, je ne pourrais pas rester cloitré entre quatre murs à ne rien faire alors que je suis habituée depuis toujours à m’occuper…Mais, dis-toi que c’est un mal pour un bien, tu auras plus de temps à consacrer à ta famille et ce n’est pas rien… » Tout n’était pas tout blanc ou tout noir. Il y avait des variantes à prendre en compte mais, le plus important était que la famille devait passer avant tout. Qui plus est, passer plus de temps avec sa famille tant que cela restait encore possible était une opportunité à ne pas laisser passer. Esme en savait quelque chose. Perdre sa mère si tôt lui avait ouvert les yeux sur l’importance qu’une famille devait avoir dans sa vie. Elle veillait à passer le plus de temps possible avec ses enfants. Un énième sourire éclaira le visage de la brunette avant qu’elle ne reprenne la parole. « C’est une merveilleuse nouvelle Blaith’...Tu le mérites vraiment. » Elle secoua la tête en riant légèrement, les hommes avaient tendance à ne pas apprécier les mondanités, encore moins dans l’armée. « Ne te fais pas de souci pour ton homme, il comprendra et je suis sûr qu’il se prêtera au jeu parce qu’il t’aime… » Shannon était un homme assez intelligent pour savoir que sa présence auprès de son épouse était très important, Esme en était certaine. Qui plus est, c'était chose courante lorsqu'on épousait un soldat, il y avait toutes les obligations qui allaient de paire. Quelques chamboulements par ci par là n'était rien lorsqu'on était avec la personne qu'on aimait. Tous les sacrifices du monde ne signifiait rien lorsqu'on pouvait partager le reste de sa vie avec la personne la plus importante au monde. Posant sa main sur celle de son amie pour la rassurer, elle lui offrit son plus beau sourire avant de reprendre. « Tu sais, le changement n'est pas si mal parfois...Ca redonne parfois un nouveau souffle à nos vies et je suis certaine que Shannon et les enfants apprécieront les avantages que ta promotion apportera à vos vies...Et puis, le plus important aujourd'hui c'est que vous n'allez plus être séparés comme par le passé, vous pourrez profiter pleinement de votre vie de famille... » La jeune femme en savait quelque chose. Devoir être séparé de ceux qu'on aimait n'était jamais une bonne chose et c'était un mode de vie qui laissait des traces. Et puis, du nouveau dans la vie était synonyme de nouvelles découvertes et de nouvelles aventures à vivre. Ce n'était donc pas plus mal. « Ce serait tellement génial si tu pouvais venir...Je pourrais en profiter pour te voir plus souvent comme ça et puis, ça vous fera une sortie avec ton homme...Et si tu continue comme ça avec tes idées, je vais finir par te prendre comme associée... » Lança-t-elle en riant. Blaith' était une amie en or et la perdre aurait été une véritable peine pour la jolie grecque. Une amie comme elle ça ne courait pas les rues et Esme était bien heureuse de pouvoir la compter parmi ses meilleurs amis. Car oui, depuis près de dix ans qu'elles se connaissaient, elles en avaient vu des vertes et des pas mûres toutes les deux et cela n'avait fait que renforcer leur amitié. Alors oui, elle pouvait tout à fait lui faire confiance. « Que de bons souvenirs...C'était une belle époque...J'avoue que j'y repense parfois et ça me manque de ne plus y être. Même si ma vie d'aujourd'hui me plait énormément, ces années là ont été très importantes pour moi... » C'était à cette époque là de sa vie qu'elle avait réussit à prendre un nouveau départ, à espérer un avenir comme tout le monde et surtout à se faire des amis sur qui elle pouvait compter sans rien craindre d'eux. C'était définitivement, une belle époque.