Bailee n’avait pas l’habitude de peindre, vraiment pas l’habitude. Mais elle en avait eu envie et le besoin surtout. Certes ses toiles n’étaient pas des chefs d’œuvre mais elle ne peignait pas pour la gloire mais parce qu’elle en avait besoin. Elle peignait dans les moments de tristesse mais surtout en pensant à sa mère, sa défunte mère. Elle essayait de combler le vide, en peignant pour se rapprocher le plus d’elle. Elle lui manquait terriblement, sa présence son parfum, son rire, son sourire, tous lui manquait. Alors c’est la solution qu’elle avait trouvé pour combler le vide de son cœur. N’ayant plus de relation avec son père, elle était comme orpheline, une orpheline riche oui mais qui aurait bien plus préférer avoir un geste de tendresse que de l’argent car oui, l’argent ne fait pas le bonheur. Mais Berkeley était pour elle un nouveau départ, une nouvelle vie, de nouveaux amis sans oublier Keley qui avait été là pour elle quoi qu’il arrive. Ah Keley, qu’est-ce qu’elle lui manquait. Mais heureusement que le téléphone existe, grâce à ça elle pouvait l’avoir tous les soirs et surtout lui parler de sa nouvelle vie à l’université. Elle avait donc cherché la salle de peinture, où elle pourrait se réfugier en période de « crise ».
Elle était arrivée devant cette porte, elle espérait qu’elle n’était pas verrouillée et par chance, elle ne l’était pas. Elle l’ouvrit et posa son sac sur le bureau. Elle observa d’abord la pièce d’un coup d’œil puis se rapprocha d’une toile vide, elle posa sa main sur celle-ci et y fit glisser ses doigts. Une sensation de douceur l’a parcouru, cela faisait maintenant deux ans qu’elle n’avait pas touché à un pinceau. Deux ans c’est long, trop long. Elle prépara alors tous le matériel dont elle avait besoin, peintures, pinceaux, eau, palette, tous. Elle se plaça alors devant la toile et commença à peindre sans réfléchir, en se laissant guider par son subconscient. Puis, trait après trait, son tableau commençait à prendre forme. Elle s’arrêta alors et se mit à le contempler, mais elle fut déranger par l’entrée de quelqu’un dans la pièce. Elle entendu un « Salut. » auquel elle répondit par un mouvement de tête. Puis alors qu’elle allait reprendre son occupation, il la coupa de nouveau « Ne te dérange pas pour moi, continue, je ne fais que passer. » Elle reprit alors sa contemplation de la toile qu’elle venait de réaliser. C’était abstrait certes et réellement bizarre mais ça lui avait fait du bien. Puis, elle sentit un regarde au dessus de son épaule, surement celui de la personne qui se trouvait dans la pièce, un homme au son de sa voix. Elle le trouvait assez gonflé de se permettre de regarder sa toile qui plus est pas encore finie, mais elle fit abstraction de sa présence et essaya de se re-concentrer sur celle-ci. « Je ne parviens pas à savoir dans quel sens je dois regarder ta toile… » S’en était trop ! « Peut-être parce que ce n’est pas une toile à regarder mais à ressentir. » dit-elle nonchalante. Elle n’aimait déjà pas ce type qui se permettait de la déranger mais en plus de juger sa toile, mais bien sur il rajouta : « Mmm… on a du mal à comprendre où tu veux en venir, ça ne ressemble pas à grand-chose » C’est alors qu’elle se retourna rapidement et jaugea l’homme qui se trouvait devant elle, soit il était pas mal, mais trop arrogant à son gout. « D’abord, vous entrez dans la salle, vous vous permettez de regarder ma toile et qui plus est au dessus de mon épaule et ensuite vous me faites des réflexions. » dit-elle, s’entend la colère monter en elle. « Mais pour qui vous prenez-vous ? Vous ne me connaissez pas, vous ne savez rien de se que j’ai vu et vous vous permettez de juger ma toile ! Je n’ai pas besoin de vous et de vos commentaires désobligeants alors allez-vous-en ! » Elle avait explosé, le rouge lui montait aux joues. Il avait dépassé les limites et elle lui avait bien fait ressentir. Sa toile, son œuvre, non ce n’est pas une œuvre juste un moyen d’évacuer son chagrin.

Bailee ne peignait pas pour être connue et appréciée non, elle laissait ça à la photographie. Elle peignait pour extérioriser la douleur qu’elle ressentait au fond d’elle, au plus profond et elle n’aimait vraiment pas qu’on la dérange dans ses moments là. Si elle avait voulu peindre, elle aurait choisi d’étudier la peinture et tous se qui l’entoure mais ce n’est pas se qu’elle avait choisi donc elle n’avait pas besoin des conseils d’un homme inconnu au bataillon et qui se permettait bien plus que ce dont il avait droit. Comment continuer à peindre si il était là ? Elle n’aimait pas cela, elle n’aimait pas qu’on l’observe ou bien qu’on la force à finir se qui n’était même pas une toile pour elle mais juste un défouloir sentimental.
Elle le fixait dans les yeux, quand il ouvrit la bouche pour parler, elle ne le quitta pas des yeux, plus pour jauger son « adversaire » que pour la beauté de ces yeux : « Je pense que tu as mieux à faire que de me gueuler dessus jeune fille, comme finir cette toile justement. » Elle resta sur le derrière de cette réflexion du jeune homme, comme ça elle devrait finir sa toile, sa quoi ? Ce n’est pas une toile, vraiment pas une toile et il va falloir qu’il le comprenne tôt ou tard. Elle leva les yeux au ciel et le re-planta dans le regard du jeune homme : « Ceci n’est pas une toile, en faite ce n’est rien, strictement rien. » Dit-elle en baissant les yeux sur ce qu’elle venait de peindre comme peiné par le faite de regarder cette toile qu’elle ne finirait surement pas, pas par fainéantise mais par tristesse, par douleur. Elle le regarda ensuite s’éloigner d’elle pour rejoindre le bureau du professeur où il avait précédemment déposé ces affaires. Il n’allait pas la laisser tranquille, elle en était sure. C’est pour cela que quand elle l’entendit prendre la parole une seconde fois elle ne fût pas surprise. « Par contre tu devras me supporter car j’ai des choses à préparer ici même justement… » Elle ronchonna pendant quelques minutes. Puis, elle se remit devant sa « toile » et ne lui répondit pas. Pas de politesse non, elle n’en avait pas l’envie. Elle le regarda, l’inspecta sous tous les angles, pour elle quelque chose l’habitait mais elle ne saurait dire quoi, de la tristesse oui, elles étaient toutes ainsi. Des couleurs dures, souvent foncées, jamais de joie ou de couleurs pastels. C’était cela les toiles de Bailee. Elle n’aimait pas parler de ses toiles, de se qu’elle exprimait parce que forcément il faudrait parler de son passé et ça s’était impossible. Elle ne voulait pas revivre la mort de sa mère, rien que d’y penser cela lui faisait déjà mal alors en parler, elle ne l’imaginait même pas. Elle saisit le pinceau de nouveau quand elle l’entendit de nouveau, il commençait à l’exaspérer sérieusement. « Tu avances ? » Elle reprit sur un ton lasse « Je ne pourrais pas avancer si toutes les cinq minutes vous prenez la parole ! » Elle fit abstraction de l’homme qui se trouvait dans la même pièce qu’elle et commença à peindre par de petits gestes vifs ainsi que par petites touches. Bien sur le silence ne dura pas. Il reprit « J’aurais besoin de connaitre ton nom s’il te plait… » Elle jeta son pinceau sur sa palette et se rapprocha du bureau à grandes enjambés, elle se stoppa devant celui-ci les joues encore plus rouges qu’auparavant. « C’est quoi votre problème ? Vous êtes flic ? Psy ? Ou une connerie dans le genre ? » Il reprit comme si de rien n’était « J’espère que tu es matinale, car demain, je t’attendrais ici à huit heure. » Là, elle n’était même plus au point de l’exaspération, oh non, elle en était nettement plus loin. « Non je ne crois pas non ! Vous débarquez ici comme ça, sans même demander si vous dérangez ou quoique ce soit et après il faudrait que je vous fournisse mon nom et que je me pointe demain à huit heure ? NON ! » Elle dit cela sur un ton de colère noire, repartit près de son sac, elle rangea furieusement ses affaires, prête à partir. En faite, elle était surtout blessée, blessée que quelqu'un s'introduise dans son intimité car c'est cela que ses reflétaient.

C’est pas comme si Bailee avait l’impression que ce mec voulait rentrer dans son intimité mais un peu et cela ne lui plaisait pas vraiment. Pour lui, peindre était peut-être un divertissement mais pour elle c’était bien plus que ça, c’est un besoin. Comme d’autre ont besoin de courir, de frapper un sac, de parler avec leurs amis, elle, elle avait besoin de peindre pour réduire ce chagrin qui la rongeait de l’intérieur depuis bien trop longtemps. Elle n’en parlait pas, enfin plus. Elle n’avait pas encore d’amis de confiance sur ce campus alors ce confier n’était pas encore à l’ordre du jour. Alors elle souffrait de l’intérieur et faisait se qu’elle savait faire de mieux, s’énerver quand on voulait l’aider. Ce jeune homme, elle ne le connaissait pas mais elle savait que ce n’était pas un simple artiste comme elle voulait le penser, non, il était surement comme elle avec peut-être même un passé plus lourd que le sien.
Elle rangeait ses affaires le plus vite qu’elle pouvait et bien sur sans aucune douceur dans ses mouvements. Elle s’apprêtait à mettre son sa sur son épaule quand elle entendit de nouveau le son de cette voix qu’elle aurait préférer ignorer : « Très bien, alors je note Mlle Furie, demain à huit heure… » Son sac échappa alors de sa main dans un fracas sur le sol, se qu’il pouvait être chiant celui-là, apparemment il n’était pas près de la lâcher. Elle se tourna alors vers lui et le vit se lever, se rapprocher d’elle et croiser les bras, il était son obstacle premier pour rejoindre la porte signification d’avoir la paix. Mais, apparemment il n’était pas du même avis qu’elle et n’était pas non plus décidé à la laisser partir. « Fichu artiste. » pensa-t-elle. Elle était dans un état pas possible alors que lui était calme, trop calme même. Comment fait-il ? Mais elle n’eut pas le temps de répondre à sa propre question qu’il reprit encore la parole, elle était à bout, il fallait le dire, à deux doigts de craquer mais elle ne pouvait pas se le permettre devant un inconnue, elle ne connaissait même pas son nom. « Tu ne vas tout de même pas laisser ce travail inachevé à cause d’un type comme moi… Quand on commence quelque chose il faut le finir… » Elle baissa les yeux, elle n’achevait jamais fini ses « toiles » parce qu’un fois qu’elle se sentait mieux, elle les abandonnait. Mais, en cette fin d’après midi, ce n’était pas le cas, elle ne se sentait pas mieux parce qu’elle n’avait pas pu craquer devant son « œuvre », reprendre son souffle et repartir comme si de rien n’était. Elle avait baissé les yeux car la colère et la tristesse les avaient embué et elle ne voulait pas se montrer faible devant lui. « J’ai exposé pour la première fois il y a plusieurs mois maintenant, c’est assez bizarre, des types, un verre de champagne à la main jouisse de cette fenêtre ouverte sur notre âme… c’est comme faire un striptease, mais en pire… C’est pourtant un besoin… Je ne sais pas ce qui te fait peindre un truc pareil, mais j’ai envie de voir la fin… » Ces mots résonnèrent dans sa tête « Je ne sais pas ce qui te fait peindre un truc pareil, mais j’ai envie de voir la fin… » Elle se mit à marmonner assez audiblement mais sans s’en rendre compte : « Le manque, la tristesse, le désespoir… Ma maman. » Quand elle s’en rendit compte, il était trop tard, elle lui avait révélé ce dont elle ne voulait pas parler. Elle reprit la parole : « Ne faites pas attention à se que je viens de dire. » Elle se frotta alors les yeux et releva son visage pour voir se que reflétaient les yeux du jeune peintre qui se trouvait en face d’elle et à qui elle venait, sans le faire exprès, de relever se qui la faisait peindre. Il lui répondit tout naturellement « Alors ? Tu me laisses voir la fin du film ou non ? S’il le faut je rayerai ton nom de ma liste et tu pourras faire la grasse matinée demain… » Elle répondit : « Je ne vais pas la continuer pour vous, mais pour moi parce que j’en ai besoin, à cause de vous. » Sur ses mots, elle fit volte-face et se dirigea vers sa toile, prit son pinceau en main et regarda celle-ci. Elle ajouta ensuite : « Et ne compter pas sur moi pour demain matin. », puis elle se mit à peindre. Elle reprit encore la parole mais sans lever le regard de sa « toile » : « Est-ce que l'emmerdeur a un nom ? » .