Garoza aka Gaël, Zach' et Rom' ✿ Il parait qu'il est possible de grandir. Mais je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui est pu y parvenir. Sans parents à défier, on viole les règles qu'on s'était imposées à soi-même. On fait des caprices quand les choses ne fonctionnent pas comme on le désire. On murmure des  secrets avec nos meilleurs amis dans le noir. On cherche du réconfort où on peut en trouver. Et on espère. Contre toute logique. Contre toute expérience. Comme des enfants, on ne perd jamais espoir.▬;; gaël & roméo & zachariah ✿

« Giusyyyyyyyyyyyyyy cette équation me prends la tête, impossible de la résoudre ». Soupirant, je me résignais à poser mon stylo, m'énervant à ne pas savoir résoudre ce problème seul. Assis par terre, le dos posé contre le lit de ma meilleure amie, je laissais choir ma tête contre son matelas, espérant que l'epsilon aurait réponse à me donner. Depuis près de deux heures désormais nous étions enfermés, à travailler comme des acharnés, sans la moindre parole échangée si ce n'était quelques réponses et quelques soupirs. A quelques mois des examens finaux de notre année, les professeurs se déchainaient à nous engloutir sous du travail toujours plus loin et fastidieux. Pour ne pas que vous pensiez que les beaux jours signifient vacances. Ah ça, nous avions bien fini par le comprendre. Je tournai la tête vers ma meilleure amie, installée sur son bureau, la tête dans les maths. Nouveau soupir, mes pensées s'échappaient déjà vers de nouveaux horizons tandis que mes prunelles azurées regardaient par la fenêtre. « Josy ? » questionnai-je à l'encontre de ma meilleure amie, à qui je tentais désespérément d'attirer l'attention. J'attendis quelques secondes qu'elle finisse son exercice avant qu'elle ne veuille daigner me regarder. « Oui ? » me dit-elle, se tournant dans ma direction. « Tu veux pas qu'on sorte prendre l'air un moment ? ». A son sourire, je compris que je venais de gagner une bataille. On allait sortir s'aérer l'esprit après s'être torturés à vouloir résoudre des équations dont même notre prof ne connaissait les répondes, j'en demeurais persuadé. Je la laissais passer devant moi avant de refermer sa porte de chambre derrière moi et c'est à moitié en riant que nous dévalions les escaliers plus vite que notre ombre, à la recherche du soleil tant attendu. Une fois dehors, je sortis mes lunettes de soleil que je posai sur mon nez, le visage en l'air, m'imprégnant du moindre rayon de soleil qui s'offrait à ma peau. Je respirai, là était le terme. Respirer, à pleins poumons, se vider la tête et en profiter. Quelques heures d'innocence volées à la vie avant de remettre le costume de l'alpha sérieux qui souhaitait réussir ses études. Giusy me saisit le bras et nous partîmes en quête d'aventures, à la poursuite des pirates et des traqueurs de marsupilami. Enfin, c'était surtout dans ma tête cela. Il suffisait qu'il fasse un brin de soleil pour que mon âme d'enfant aventurier reprenne le dessus et que je m'invente des montagnes à escalader et des enquêtes à résoudre. Si Micah avait été avec moi, elle aussi aurait participé de plein gré à ce genre d'aventures. C'était tout le charme de notre relation. J'avais retrouvé ma Micah comme je l'avais quitté. C'était avec un plaisir exquis que je m'étais aperçu qu'elle aussi avait conservé son âme d'enfant et ses yeux bleus de malice. Ma Micah n'avait pas changé, si ce n'était sa taille et sa voix. « Gaga, vient on va acheter des glaces » s'exclama Giusy, des étoiles dans les yeux alors que nous nous dirigions vers le marchand de glace ambulant qui se promenait dans les parcs de l'université dès que les beaux jours arrivaient. En un regard, nous nous comprîmes et nous dépêchions d'arriver les premiers chez monsieur le marchand de glace. Pire que des gosses de quatre ans. « Bonjour, je voudrais une glace pistache avec supplément de Pythagore » demandai-je sur un ton de plus sérieux. Ma meilleure amie étouffa un rire tandis que je lui assénai un gentil coup de coude. « Pardon ? ». Le marchand de glace me regarda, incrédule, se demandant apparemment si je me foutais de sa gueule ou non. « Ah oui et une glace au sorbet de Thalès pour ma meilleure amie ici présente ». Giusy éclata de rire à mes côtés avant que j'empoigne sa main en riant à mon tour pour la tirer à mes côtés, prenant nos jambes à notre cou. Tant pis pour la glace, se foutre de la gueule des gens demeurait un passe-temps bien plus lucratif. « T'es con Gaga, moi je la voulais ma glace ». Giusy me fait sa petite moue et je m'esclaffai. « Maaah on y retourna tout à l'heure, on s'en fout ». Bras dessous, bras dessus, nous piétinions le sol, profitant de notre pause bien méritée. Pause qui n'allait pas tarder à prendre fin, du boulot et nous attendait. Et moi ce soir, je sortais.

« Monsieur Gaël, j'ai repassé votre pantalon et la chemise blanche que vous m'aviez demandé, tout cela vous attend dans votre chambre ». Je remerciai grassement notre domestique pour le petit service qu'elle venait de me prendre tandis que je montai les marches de l'escalier menant à l'étage des chambres quatre à quatre. Je n'avais vu le temps passer avec Giusy et maintenant, le retard s'accumulait à mon compte. Ce soir je devais retrouver un de mes meilleurs amis Roméo, un alpha tout comme moi et Zachariah, qui demeurait à présent un de mes plus fidèles compagnons. Seulement quelques semaines que j'étais arrivée à Berkeley et je pouvais déjà me vanter de pouvoir compter sur quelques têtes dont j'étais vite devenus proches. Généralement je savais cerner rapidement la personnalité des gens ce qui m'était un atout pour savoir à qui je pouvais faire confiance ou non. Or Roméo et Zachariah, je savais que je pouvais leur faire entièrement confiance. Tous deux m'avaient accueilli à bras ouverts lorsque j'avais débarqué à Berkeley, me faisant découvrir les revers de l'université. Je tournai la tête en passant devant la chambre de ma sœur pour voir qu'elle se pomponnait elle aussi. Arrivé dans ma chambre, j'empoignai mes fringues et me dirigeai vers la salle de bain. Douche expédiée en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, je m'habillai à la vitesse de l'éclair. J'étais clairement en retard et connaissant Roméo, il allait encore râler. Le touche de parfum mise, dernier regard dans la glace avant de me dépêcher à quitter les lieux. Lançant un vague à plus tard, je claquai la porte d'entrée, direction le Lexington où j'avais rendez-vous avec mes amis. Après m'être perdu une ou deux fois, j'entrai enfin dans l'endroit, cherchant du regard Roméo et Zachariah. Nouveau californien, je ne maitrisais pas pleinement encore l'itinéraire de chaque endroit de la ville. Et il fallait dire que mon sens de l'orientation digne d'une loutre bourrée ne jouait pas en ma faveur. Brefs coups de tête à droite et à gauche pour apercevoir Roméo, sans notre ami sigma. Bon je n'étais pas si en retard que ça. « Salut Rom' ! Désolé pour le retard, petit contre-temps et en plus je me suis trompé de rue. Faut dire que dans cette ville, toutes les intersections se ressemblent » pestai-je, en proie d'une mauvaise foi camouflant la vérité absolue sur mon sens de l'orientation. « Zach est pas encore arrivé ? ». Question rhétorique, puisque si notre ami se trouvait dans les lieux, il aurait été avec Roméo. Oui, il m'arrivait quelques fois de ne pas avoir de cerveau. « Alors quel est le programme pour ce soir ? ». je regardai mon ami, tout sourire, prêt à passer une soirée dont nous nous souviendrons longtemps.

Je regardais une nouvelle fois ces cartons vides. Cette fois j'avais accepté de faire le boulot à la place de mes frères et soeurs parce qu'après tout, c'était chacun son tour. Mais il ne fallait pas croire que ça m'enchantait. Je ne connaissais rien dans Los Angeles, alors certes j'avais mon taxi qui allait me suivre toute la journée mais ça m'énervait. C'était quand même pas dur de mettre trente sacs dans un carton et de l’étiqueter 'Los Angeles' que je sache ? Et bien même ça, ça avait été mal fait. « Bon, vous me jetez ces cartons et j'appelle Paris dans la journée. Si la cliente n'est pas contente, Saint-Laurent est ouvert juste en face. » La femme à qui je m'adressais devait tenir cette boutique bien avant que je naisse, elle devait être considérée par mes parents pour tenir l'une des boutiques qui produit le plus de chiffre d'affaire dans le monde, mais je lui avais parlé sur ce ton désinvolte. D'un certain point de vue, il était évident que j'étais supérieur à elle, mais tout de même, elle n'y était pour rien. En tout cas, je pense que la personne responsable de cette boulette n'aurait pas apprécié me rencontrer aujourd'hui tellement j'étais dans un sale état. Cette visite m'énervait, un point c'est tout. Je n'étais pas du tout connu pour mes sautes d'humeur mais il y avait une première à tout. Je fis un dernier petit tour dans la boutique pour m'assurer que rien ne clochait, et je pris la direction de San Francisco. C'est donc totalement exaspéré que je remis le pied en ville. Ça ne m'arrivait pas souvent, mais là, j'en avais marre. Je tournais en rond dans ma chambre, tout ce que je détestais. J'avais besoin d'une chose : revoir Gaël et Zachariah. Mine de rien, ça me manquait un peu de pas les voir. Je me rappelle encore quand La Tour Dubois et moi même faisions des conneries. Je faisais le coincé en essayant de décliner l'invitation mais en réalité je l'incitais à me forcer à y aller. En somme, je voulais qu'il me force à y aller pour avoir une excuse si on se faisait prendre par nos parents. Je faisais donc semblant de céder et nous voilà donc partis. Grâce à lui, je sortais un peu des bras de mon frère et de ma soeur qui n'étaient pas trop pour le fait que je fasse des conneries. En gros, ils me surprotégeaient. Avec eux, c'était limite si j'avais le droit de manger des gâteaux ou des sucreries dans le genre. C'est le revers de la médaille quand on est trop aimé ... Ils ne voulaient pas me voir mal alors ils me protégeaient. C'est peut être en grande partie pour ça si je suis aussi réservé aujourd'hui. En tout cas ça m'a permis de ne pas tourner comme Keyllan. Dans ta face frérot.

Encore ce soir, je venais de me prouver que j'étais trop gentil. Enfin bon, ça c'était pas nouveau. Mais là, faut pas pousser non plus. Je m'évertue à être là, pile à l'heure à n'importe lequel de mes rendez vous, et à chaque fois c'est moi l'imbécile qui attend. La prochaine fois, j'arriverais un quart d'heure en retard comme ça avec un peu de chance on arrivera tous au même moment. Je dramatise certainement un peu le truc mais c'était bel et bien une nouvelle manifestation de mon caractère. Trop bon trop con comme on dit. Certes, je savais pertinemment que les deux français n'allaient pas abuser de ma gentillesse mais on a bien vu ce que ça avait donné avec d'autres personnes. Heureusement pour moi, Keyllan me soignait. En même temps, comme connard vous trouverez pas mieux. J'entrai donc dans le Lexington qui n'était, ma foi, pas trop rempli. Ce soir nous allions pouvoir être tranquilles au moins. Enfin ... pas si tranquille que ça vu comment on me tournait autour. C'est affreux comme je n'aime pas ça. Que je sois avec Chuck ou non, peut importe, j'aime quand on me regarde pas en fait. Certainement à cause de ces journalistes sur Paris qui ne nous lâchait pas, mes frangins et moi. Mais il semblerait que les deux aient fait une fixette sur moi et qu'elles ont senti que je n'étais pas du tout à l'aise. Dommage pour moi, c'était obligé qu'elles reviennent à présent. Assis à une table, je priais pour que l'un de mes deux compagnons n'aient pas trop de retard et débarque là, tout de suite. Je n'étais pas du tout à l'aise et je commençais presque à regretter le choix d'endroit que nous avions pris pour notre soirée. Je pris l'initiative de commander quelque chose à boire. Un scotch. Vite j'en avais besoin, là tout de suite. Peut être que le fait de passer pour un alcoolique les feraient fuir. Après quelques secondes, je me sentis con, parce que non. Au contraire, les filles de ce genre aimaient les mauvais garçons autant que les bons à tout faire. Je n'avais décidément aucun moyen de me sentir de ce pétrin. Au même moment je sentis une main dans mon dos qui me fit légèrement sursauter. Seigneur, une apparition divine. Gaël se pointait enfin. « T'es nul pour te repérer, voilà tout. » Je fis mine de l'ignorer en prenant une gorgée d'alcool avant de lui lancer un grand sourire, je n'avais pas pu me retenir longtemps. Je lui mis une tape dans l'épaule, un peu forte si possible, pour lui signifier que je m'en fichais d'avoir attendu avant d'ajouter : « Si, il est là, assis à côté de moi. Zach ? Dis bonjour au monsieur. » Je tapotais sur le dossier de la chaise en même temps que je parlais. Ahhhh ce que j'aimais me foutre de la gueule des gens qui m'entouraient. Et là, ce n'était qu'un début. Après tout, il était arrivé en retard, alors pas de raison que je ne me venge pas un petit peu. Je repris un peu plus sérieusement. « Tout ce qui est interdit est bon à faire je pense. » Non je ne rêvais pas, c'était moi qui proposait de faire des choses interdites. Moi, le gars toujours plus mûre que son âge. En même temps, on ne fêtait pas un retour toutes les semaines non plus alors autant en profiter. Mais tel que je connaissais Zach et Gaël, je savais très bien sur quelle pente allait dévier cette soirée. Surtout si l'on continuait à m'accoster de la même manière qu'il y a deux minutes. Conversant avec Gaël et finissant mon verre, j'en avais oublié les deux filles. Tant mieux, si elles voyaient que je ne m'intéressais pas à elles, elles partiraient sûrement. Quelques secondes plus tard, ce fut à Zachariah de faire son entrée. On allait enfin pouvoir passer aux choses sérieuses. Deuxième verre en cinq minutes, ma foi très bonne idée. « Toi aussi tu as pris le forfait retard ? » Pas de remerciements, je pris le verre et bus. C'est alors que je faillis m'étouffer. Non pas que j'ai avalé de travers mais les paris étaient engagés et ils me concernaient. Me retournant pour voir qu'effectivement on me dévisageait, je commençais vraiment à maudire cet endroit. « Range ton fric on a pas que ça à faire. » Même pas le temps de finir que je sentais déjà une présence derrière moi. Mmmh. Jolie poitrine mais désolé, va voir ailleurs si j'y suis. « On va faire un tour ? » J'entendais les deux derrière moi rigoler. « Ouais mais non. » Je me retournai pour voir si ils pouvaient me venir en aide. Je n'avais jamais été doué pour ce genre de situations mais malheureusement pour moi, je voyais bien que personne n'avait envie de me sortir de là.

❥ - ... Vous verrez il est un peu spécial...
- Il est carrément chiant oui !



Une soirée entre potes, rien de mieux pour décompresser et penser à autre chose. Surtout lorsqu'on était le petit dernier à être arrivé, se trouver des personnes avec qui passer du temps et pouvoir apprendre les ficelles de la vie californienne ne pouvait être qu'un plus. Et je ne regrettais pas d'être tombé sur Roméo et Zachariah. Tout n'est n'avaient pas hésité une seule seconde à m'accepter dans leur petit groupe et à me tendre une main amicale. Quelques semaines seulement que j'avais foulé le sol de San Francisco et déjà je pouvais les compter parmi mes meilleurs amis. Répondant présent dès que j'avais besoin d'eux, pour un renseignement, pour une indication ou pour me faire visiter la ville et me changer les idées, tout simplement. Alors quand Roméo m'avait initié à leur petite soirée, c'était avec un grand sourire que j'avais accepté la proposition de mon ami. « T'es nul pour te repérer, voilà tout ». Après être arrivé légèrement en retard, mais n'étant pas le dernier pour autant, Roméo ne trouva rien d'autres que me charrier pour m'accueillir. En même temps, je le comprenais. Le pauvre passait son temps à nous attendre, Zachariah et moi, lorsque nous avions rendez-vous. Il était clair que la ponctualité n'était pas ancré en chacun d'entre nous et certains, comme Roméo, mettait plus de cœur à l'ouvrage que d'autres pour arriver à l'heure. Personnellement, mon retard se faisait souvent indépendant de ma volonté. Mes parents, les grands Levy-Carcenac, s'étaient toujours appliqués à nous offrir, à Cadence, Gaulthier, Lucas et moi, une éducation stricte, appliquant les règles de politesse et de ponctualité à la lettre. Mais être ponctuel à mes rendez-vous dans une nouvelle ville, avec une sens de l'orientation comme le mien relevait de l'utopie, voir de l'impossible. Et Roméo ne s'en privait pas pour me le faire remarquer. « Je te répondrais bien que je t'emmerde mon cher petit Roméo, mais mes parents m'ont offert une autre éducation que celle de proliférer de telles injures » déclarai-je, en lui offrant un petit sourire, se confondant de peu avec une grimace. Roméo aussi avait des parents riches, et nous nous taquinions souvent sur le sujet car lui aussi s'était vu offrir une éducation à la hauteur du prestige de son titre. Les bonnes manières, les soirées mondaines, tout ça, on connaissait tous les deux. Et ce n'était pas ce que nous préférions. Surtout moi à vrai dire. Autant mon frère Gaulthier et ma sœur Cadence se régalaient de se pavaner devant tout le gratin qui se présentait à ces soirées, autant Lucas et moi évitions au maximum ces mondanités et ce snobisme omniprésent lors de ce genre de réceptions. « Ha ha, très drôle, t'as mangé un clown au déjeuner ? ». Certes, ma question pouvait s'avérer des plus stupides sachant qu'aucune trace de Zachariah n'était présente aux côtés de Roméo, mais ce dernier pouvait se dispenser de se foutre un peu plus de ma poire. La taquinerie demeurait l'histoire de notre amitié. Toujours partant pour emmerder l'autre, le faire descendre de son piédestal pour lui foutre une honte mémorable. Comme des gamins, nous ne nous lassions de nous envoyer quelques petites piques dans la figure, oh jamais bien méchantes évidemment. « Et c'est toi qui dit ça ? Mon dieu, je sens que cette soirée va envoyer du rêve ! ». J'éclatai de rire après ces paroles. Roméo me dire que tout ce qui était interdit était bon à faire. Limite je ne reconnaissais pas mon ami, qui, niveau caractère, me ressemblait beaucoup. Et ouais, on n'était pas deux alphas pour rien. Zachariah fit enfin son entrée. Tant mieux, la soirée allait pouvoir commencer. J'offris un regard compatissant au sigma suite à la remarque de Roméo sur son retard. « On a prit le forfait de groupe avec Zachariah, c'était plus avantageux » pouffai-je. Idiotie quand tu nous tiens. Je voyais déjà la mine exaspérer qui allait s'afficher sur le minois de notre ami. Peut-être allait-il y ajouter un petit soupir de lassitude, s'il n'était pas dans son bon jour. Zach mit les bases en commandant la première tournée. Installés confortablement, enfin tout du moins pour le sigma qui s'était offert la seule place assise restante, je ne pus m'empêcher de lui offrir légère grimace, en réponse à sa petite boutade. Bon j'avouais, je ne l'avais pas vraiment volé. « Au moins, j'ai une excuse valable pour justifier de mon retard, moi », rétorquai-je, en insistant bien sur le « moi », coup d'oeil appuyé vers Zachariah, et petit rictus accroché aux lèvres. Bim, dans ta face, tu me cherches, tu me trouves. Si je restais le gentil petit Gaël, surnommé de surcroit little Gaël, je n'en oubliais pas pour le moins de me défendre lorsqu'on m'attaquait. Enfin m'attaquer, façon de parler. On ne pouvait pas vraiment parler d'attaque à proprement parler dans notre trio. Chamaillerie, camaraderie, taquinerie, ça s'arrêtait là. Mais on aimait ça, se chercher, tout le temps, sur n'importe quel sujet. Et surtout sur le sujet sensible, celui des filles. Zachariah lança le premier pari de la soirée et sitôt ses mots prononcés, je me retournai dans la direction de ladite fille pour voir un peu à quoi elle ressemblait. Ouais pas trop moche, mais pas un top model non plus. En moins de temps qu'il ne fallu pour le dire, la rousse s'approcha de notre table. J'échangeai un coup d'oeil complice à Zachariah, dans le genre, on va pas le louper le Roméo. Ce dernier nous lança un regard désespéré et je me mordis la langue pour ne pas éclater de rire. « Bah alors Roméo, ne fais pas ton timide, c'est pas toi qui nous as dit que tu n'osais pas aborder la demoiselle ? ». Bon sur ce coup-là, mon meilleur ami allait me tuer et j'allais surement prendre très cher par la suite, mais c'était vraiment trop tentant. Je m'approchai de la fille, plaçant ma main sur son dos et l'invitant à s'approcher un peu plus de notre Roméo. « Faut pas lui en vouloir tu sais, notre ami est du genre assez timide, mais il nous a confié tuer pour pouvoir passer un peu de temps avec toi. Vous devriez aller boire un petit verre tous les deux, un peu plus loin, histoire de faire.. connaissance ». Si Roméo avait eu des missiles à la place des yeux, je serais déjà mort, agonisant sur ce sol des plus déprimants. « Allez, ne faites pas vos timides, ne t'inquiètes pas, on t'attend ici Roméo. Promis on ne pars pas sans toi ». Petite tape amicale sur son épaule et je les poussai tous les deux en direction du bar, figurant en face de Zachariah et moi. Avec un grand sourire, j'attendais que les deux s'éloignent de quelques mètres, avant de me retourner vers mon ami sigma, complètement hilare. Nous nous offrîmes une tape dans la main, au bord de la crise de larmes. « Allez, dix dollars que Roméo nous revient dans les dix minutes, complètement affolé et rageux ». Le billet fut mit sur la table, le verre porté à mes lèvres, tandis qu'avec Zachariah, nous nous régalions et offrions à nos yeux le plus doux des spectacles. Roméo allait me tuer, mais mon dieu, avec un tel fou rire, je pouvais mourir heureux.

La soirée garoza commençait sur les chapeaux de roue. Pauvre Roméo, nous ne cessions de se moquer ouvertement avec Zachariah. Mais c’était parce qu’on l’aimait bien rooooh. Je n’avais pas les mêmes rapports avec Roméo et Zachariah. Avec Roméo, nous partagions la même confrérie, le même statut familial, les mêmes valeurs, il était en quelques sortes un nouveau frère. Avec Zachariah, les liens commençaient doucement à se souder. Nous, nous avions l’humour en commun et notre art pour toujours réussir à emmerder notre Roméo préféré. Nous faisions de ce passe-temps, un de nos passe-temps favoris. Mais je savais que je pouvais me confier à mon ami si un jour j’en ressentais le besoin et évidemment, c’était réciproque. « Effarouchée je veux bien, vierge, renseigne toi mieux mon ami ». J’offris un clin d’œil à Roméo avant de rire. Ce qu’on pouvait raconter comme conneries. Surtout moi. Et encore, Zachariah me battait à plate couture sur ce terrain, j’en restais persuadé. « Tu sais, tu devrais arrêter de croire tout ce que les gens te disent pour te faire plaisir, après tu t’enfermes dans des utopies telles que celles de croire que tu peux être un artiste, allons Roméo sois sérieux, il faut grandir un peu hein ». Je lui souriai, lui montrant l’intégralité de mes dents blanches. Bim, bam et boum, cassé en mille morceaux qu’il était le Roméo. Je me pincai la lèvre inférieur, refoulant du mieux que je le pouvais un fou rire grandissant. Qu’il était méchant avec son copain le Gaël. Mais c’était de bonne guerre, Roméo allait bien trouver une pique à me retourner, je n’en avais aucun doute. A ce jeu-là, nous étions très forts. Qui serait celui qui casserait le mieux et le plus longtemps. Face à moi, devais bien avouer avoir des adversaires de taille. Tout dans le sarcasme et l’ironie, ah ce qu’on pouvait être fort. « Le trafic était dense ? Oh Zach, franchement tu me déçois, niveau crédibilité zéro mon pauvre ami. Je pensais sincèrement que tu trouverais une meilleure excuse que celle-là ». Je rigolais à l’excuse minable qu’il venait de nous sortir. Le trafic était dense. Il aurait pu nous dire qu’une chèvre l’avait attaqué que ça serait mieux passé. Alala, il en avait encore à apprendre niveau excuses celui-là. Je tenais toute mon éducation sur ce côté-là de mon frère Gaulthier, le champion pour inventer tout et n’importe quoi à nos parents lorsqu’il sortait sans autorisation ou commettait quelconque connerie. Ah ça, j’avais été à la bonne école avec mon frère. Et ce n’était pas forcément une fierté. « Le mieux c’est de parier sur ta tête quand on sait qu’on va gagner le pari » complétai-je suite aux dires de Zachariah. Mon pauvre Roméo, ce soir, c’est sur toi que vont avoir tous les paris et toutes les distractions. D’un simple coup d’œil, nous nous comprenions avec Zachariah. Dans le sens, ce soir Roméo, tu vas prendre, oh tu vas prendre mon français chéri. Et aussitôt dit, aussitôt fait, une charmante rousse venait de prendre en grippe l’alpha qui tentait désespérément de s’en échapper, en pensant pouvoir compter sur ses fidèles acolytes. Fidèles acolytes qui en avaient alors décidé autrement. Je m’évertuais à pousser Roméo dans les bras de cette fille tandis que Zachariah appuyait mes dires. Oui oui, tu vas finir avec elle. Nous regardions Roméo trainer la grolle tandis que la jeune femme le tirait derrière elle pour les isoler. Avec Zachariah, nous ne perdions pas une miette du spectacle, au bord de la crise de larmes. Le moment orgasmique fut lorsque la rousse tenta d’enfouir profondément sa langue dans la bouche de Roméo, qui tentait tant bien que mal que résister. Je ne cessais de rire à gorge déployée mais fut vite interrompu par une nouvelle jeune femme qui semblait être intéressée par mes charmes à moi. L’alcool commençait doucement à faire effet, je ne refusais pas lorsqu’elle vint s’asseoir sur mes genoux. Oh moins toi t’es moins moche que la rousse, un bon point pour toi. La jeune femme tenta bien de me donner son nom mais à vrai dire, ça ne m’intéressait pas plus que cela et je m’essayais à toujours garder un œil sur Roméo et ses moindres faits et gestes. Roméo qui d’ailleurs s’empressait de revenir vers nous au pas de charge. Je tournai la tête à l’opposé de mon ami, masquant et étouffant un rire, toujours la jeune femme sur mes genoux pour dissimuler quelque peu mon fou rire. Il était en pétard le Roméo. Bah quoi, elle était drôle notre petite blague à Zachariah et moi. Il tenta de se venger une première fois en renvoyant bien poliment la jeune femme qui se laissait choir sur moi. Elle ne se fit pas prier vu les dires de mon ami et je décidai de rentrer alors dans son jeu, me levant à mon tour avant de passer mon bras sur les épaules de mon meilleur ami. « Oh mais moi je m’en fous du monsieur là-bas, c’est toi qui m’intéresse mon chou ». Clin d’œil avant d’éclater de rire. Qu’il était coincé de petit Roméo, pire que moi ! « Ouais tiens, à Zachariah de jouer un peu, il ne fait pas grand-chose depuis qu’on est là à part picoler comme un trou ». Bim, et true story, quand on voyait où se situait le niveau d’alcool figurant dans la bouteille d’alcool. « Vingt dollars que tu nous tapes pas un strip-tease sur le bar là-bas » indiquai-je à Zachariah avant de déposer l’argent sur la table. Allez, à toi de jouer Zach, montre nous de quoi t’es capable.