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Zara-Lynn & Noah

Cours de langues. Avec cette professeur si particulière qu'était Gemma. Dès le départ, Noah s'était senti mal à l'aise en sa compagnie. Sans doute parce qu'avant de le considérer comme un élève, miss Nightingale le considérait comme un homme. Elle avait beau être enceinte et donc, normalement en couple avec le père du bébé, cela ne l'avait pas empêché de se montrer plus courtoise que la politesse ne le voudrait. Et Noah n'avait jamais été doué pour converser avec la gent féminine. En fait, si, il l'était. Comme tous britanniques. Tel un vrai gentleman. Mais sa science s'arrêtait à ces préceptes. Jamais le blondinet n'avait réussi jusqu'à alors à se montrer entreprenant, séducteur envers une femme. De toutes façons, depuis le décès d'Emilie, les autres lui étaient totalement indifférentes. Même s'il lui arrivait de rougir devant leur technique plus que subtil et étudiée pour l'aborder. Certaines demoiselles ne reculent devant rien pour obtenir ce qu'elles désiraient de l'écrivain.

C'était le cas d'une certaine Zara-Lynn, rencontrée plusieurs semaines auparavant, dans la cour de l'Université. Une jeune femme remarquable à tous points de vue. Belle, qui n'a pas la langue dans sa poche apparemment, populaire, allumeuse à ses heures perdues. Bref, le genre de femmes que Noah évitait en général, justement en raison d'une différence d'âge, et de personnalité trop marquée. Sauf que la demoiselle en question, depuis quelques temps, et alors qu'il aurait pensé passer inaperçu, avait tendance à le suivre dans les couloirs, à lui jeter un clin d'oeil de temps à autre, à sourire plus que de raison lorsqu'il était dans les parages. Avait-il fait quelque chose qui lui avait plu ? Etait-il l'ami d'une amie ? Il n'en savait rien.

Assis au dernier rang de l'amphithéâtre – non pas comme certains le font, pour faire des coups en douce derrière le regard du professeur mais plutôt pour être seul et au calme, le blondinet avait brusquement tourné la tête vers deux rangs plus bas, baissant immédiatement les yeux lorsque son regard rencontra celui de Zara-Lynn.

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Zara-Lynn & Noah

Qui était-elle ? Dans quelle filière était-elle inscrite ? Avait-elle un petit ami ? Entre ces trois questions, la seule à laquelle Noah pouvait espérer donner une réponse était la dernière. Il connaissait sa réputation. Belle, populaire, séductrice et manipulatrice. Elle lui rappelait étrangement une jeune femme de sa connaissance. Peut-être même étaient-elles les meilleures amies du monde, qui sait ?! Non, il n'avait jamais vu Sydney en sa compagnie. Quoiqu'il en soit, à moins d'être bitch en plus de tout le reste, la demoiselle devait être célibataire, et collectionneuse d'hommes. Pas lui, évidemment que non. Noah n'était ni un pigeon que l'on pouvait se vanter d'attraper aussi facilement, ni un homme qui appréciait la compagnie d'autres femmes uniquement pour le goût du risque ou du plaisir charnel. Il était ...comment dire ...le solitaire. Réservé, observateur, charmeur par moment, mais toujours fidèle malgré tout au souvenir d'une femme qu'il avait tendrement aimé, et qui était décédée voilà 6 ans de cela. Son épouse. Nulle autre n'avait jamais eu d'importance à ses yeux. Auss belles soient-elles, aussi entreprenantes puissent-elles se montrer. Noah n'était peut-être pas le plus expérimenté des hommes, ni le meilleur amant, il n'en était pas moins certain que le sexe pour seul mode de vie ne valait pas grand chose. Pas plus que ces étudiants qui fêtaient jusqu'à pas d'heure et se plaignaient de ne pas avoir terminer leur mémoire le lendemain matin. Oui, l'écrivain était sérieux dans ses études, presque autant que dans sa vie sentimentale. Jamais plus, après la mort d'Emilie, il n'avait ouvert ses bras, son coeur, son lit, aux autres femmes. Et dieu sait pourtant qu'il en avait rencontré au cours des nombreuses soirées mondaines auxquelles Joe Shark, son meilleur ami et accessoirement professeur de littérature à l'Université de Berkeley, l'obligeait à se rendre. Il était un écrivain de renom, voilà quels étaient ses devoirs en tant que privilégié. Sourire à une bande d'aristocrates richissimes et avares jusqu'au moindre centime, faire semblant d'apprécier sa soirée, et ...ne pas trop se goinfrer de petits fours – il était un véritable ventre sur pattes quand il s'ennuyait.

Quoiqu'il en soit, évitant conscieusement de regarder la table plus bas, le blondinet parut stupéfait lorsque l'objet de sa timidité s'approcha de sa propre table, s'assied à ses côtés, et lui offrit son plus beau sourire. Les étudiantes de nos jours étaient de véritables chasseresses. Il avait intérêt à être sur ses gardes.

« Bonjour, mademoiselle Buckley. »

La politesse exacerbée des gentlemen britanniques. Noah ne se prévalait jamais d'un prénom, toujours d'un nom de famille. Et il s'était renseigné sur cette jeune femme, depuis qu'il l'avait vu rôdé autour de son casier la semaine passée. Quant à son teint, il venait de virer au rouge pivoine. Son regard l'observait, suspicieux, quoiqu'amusé de la découvrir si prompte à obtenir ce qu'elle était venue chercher. Et c'était ...quoi, au juste ?

« Oh, eum....ah...ah oui, vraiment ? Je ...je ne comprends pas très bien. »

Avoua non sans gêne notre british en détaillant chacun de ses traits, cherchant à deviner ce qui se tramait dans sa jolie tête blonde. La plus belle heure de sa journée hein ? ….elle allait lui offrir le dernier Conan Doyle, c'est ça ?

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Zara-Lynn & Noah

Pendant plusieurs secondes qui lui parurent durer une éternité, Noah feignit la surprise en dévisageant sans comprendre le visage de la nouvelle venue à ses côtés. Que recherchait-elle au juste ? S'il n'avait s'agi que du cours, elle se serait simplement assise et ne se serait pas montrée aussi insistante dans sa manière de l'observer. Il avait la désagréable impression de faire partie d'une publicité pour les steaks de boeuf. Lui, c'était le steak, elle, celle qui comptait le dévorer. Et son regard en disait long sur ce qu'elle comptait lui faire. Pour un peu, s'il n'avait pas été certain d'être un homme, d'avoir 34 ans, il aurait déjà fait une syncope. A t-on le droit de regarder une personne de cette manière ? C'était forcément interdit....dîtes-moi que c'est interdit … Baissant la tête comme un enfant pris en faute, Noah fit le désintéressé – elle finirait bien par se lasser, non ?! Il n'était pas l'espèce la plus rare du campus quand même ! - en retirant un à un ses livres de son sac à bandoulière, ressentant par chaque pore de sa peau le regard de la jeune femme braqué sur ses épaules. Du calme Noah, du calme ...vas-y respire ...voilà...

Il s'attendait à tout – qu'elle lui murmure quelques mots doux à l'oreille, qu'elle décide de jouer dans ses boucles blondes : ce qui plaisait apparement à beaucoup des étudiantes de son entourage, à jouer avec sa trousse ou à lui voler quelques stylos pour le faire réagir, mais certainement pas à cela. Sa main qui s'était glissée sur sa cuisse, sournoisement, subtilement. Son regard qui ne quittait pas le sien, pour peu qu'il relevait la tête dans sa direction.Oui, elle avait vu juste : Noah était aussi rouge qu'une pivoine. Et bien plus encore. Il avait même eu du mal à déglutir. Immobile comme une statue de marbre, le britannique songea immédiatement à se sortir de cette situation équivoque. Avait-il dit quelque chose qui lui faisait penser qu'il s'intéressait à elle ou n'était-ce qu'un jeu pour l'étudiante ? Sans se départir du rouge de ses joues, l'écrivain pria le ciel pour que le professeur passe la porte à ce moment précis. Elle serait alors bien obligée de se retirer, n'est-ce pas ? Quoiqu'avec ce genre de filles – très entreprenantes et qui ne reculaient devant rien pour satisfaire leurs moindres désirs – rien n'était moins sûr.

« Dans votre ...oh god... »

Poussant un long soupir entrecoupé, et jugeant que le professeur tardait trop à venir, la main du blondinet se posa sur celle de Zara-Lynn, toujours en évidence sur le haut de sa jambe, et la souleva le plus délicatement du monde, tandis que l'homme croisait une nouvelle le regard de la prédatrice.

« Je suis désolé, mademoiselle. Vous vous trompez de … je ne crois pas que ... »

Et voilà ce qui se produisait lorsqu'il était nerveux. Quoiqu'au fond, il n'était pas si nerveux que cela. Juste au bord de la parapléxie. Aucune, je dis bien aucune, femme ne s'était jamais montrée aussi entreprenante à son égard. Et dieu sait qu'il en avait connu au cours de sa vie. Lors des soirées mondaines, des amies de son épouse défunte, de la famille … Jamais il n'aurait cru être à ce point gêné, troublé, par une étudiante de quinze ans au moins sa cadette.

« S'il vous plait, vous êtes ...vous êtes une jeune femme tout à fait charmante, je vous assure mais...je ne suis pas ...intéressé. »

Certaines femmes jugeraient vexant que l'on puisse leur reprocher une telle conduite, et de tels propos. D'autant plus que Zara-Lynn était très séduisante. Sauf que le british n'avait rien trouvé de plus 'direct' sans pour autant se montrer trop blessant, pour qu'elle se détourne de lui. A choisir : il préférait la savoir vexée, qu'aussi proche qu'elle l'avait été auparavant. Il y avait moins de risques qu'il perde définitivement la parole, et ses esprits.