Depuis plusieurs jours, j’évitais le Lexington Club pour aller faire la fête. J’y allais à n’importe quel moment de la semaine, plus précisément le jeudi soir là où le rush étudiant battait son plein. Depuis cet incident avec ma demi-sœur, je décidais de traîner à un autre endroit. L’absinthe bar, voilà l’endroit où je trainais pratiquement tous les soirs. Oui, j’avais bien dit tous les soirs. J’avais besoin de voir autre chose et de soulager ma conscience avec quelques filles du coin. Je repartais toujours bien accompagné, comme à chaque fois. Je n’avais pas vraiment besoin de faire trop d’efforts, les filles venaient naturellement à moi. Même quand je ne cherchais pas. Bon à vrai dire, je cherchais souvent. Les femmes pour moi, n’étaient que des distractions. Et pour toutes les filles qui râlaient, je sortais souvent la même excuse bidon. Et qu’est-ce que Adam et Eve faisait lorsqu’ils étaient seuls dans le jardin d’Eden hein ? Ce n’était certainement pas pour compter chaque brin d’herbe. Pareil pour moi. J’avais besoin de ça, parce que c’était mon besoin naturel. Certaines personnes avaient simplement besoin de courir, de manger, d’aller au cinéma. Bah moi, j’avais besoin de sexe. Il était très certain que je ne pense d’abord avec mon entre-jambe plutôt qu’avec mon cerveau à quelques moments. J’avais passé la soirée avec une sublime blonde qui était tout à fait mon type de femme : grande, avec genre un mètre vingt de jambes interminables, des yeux bleus à te transpercer le cœur. Je n’eus pas trop de mal à la repérer. Ce genre de beauté innocente ne pouvait pas se cacher bien longtemps. Bien que son regard était angélique, au lit c’était tout autre chose. Je me foutais de réveiller mes autres camarades Delta. Au moins, je pouvais me vanter d’avoir ramené une sirène blonde qui de plus, ajoutait l’option tigresse à son compteur. Il était dix heures du matin lorsque je commençais à me réveiller. La blonde était déjà partie, et visiblement sans me laisser son numéro de téléphone. Bah voilà, elle au moins, elle avait compris comment je fonctionnais ! Je me plaçais sur les deux coudes pour observer l’heure. J’étais encore totalement dans le flou, je savais que j’étais en retard puisque je commençais à huit heures ce matin. Je me permettais encore quelques minutes de sommeil, avant de me motiver à sortir de mon lit. J’étais déjà à la bourre. Je me demandais encore pourquoi je résidais sur le campus. Au moins, j’aurai pu probablement sécher cette journée sans problèmes. A dix heures quinze, je décidais de me lever digne d’un zombie. L’avantage avec moi, je ne prenais pas beaucoup de temps dans la salle de bain à me préparer. Une douche rapide, les cheveux en bataille genre coiffé/décoiffé, les affaires repassées dans le placard et j’étais paré. La classe naturelle était là, c’était moi tout simplement.

Je saluais au passage les étudiants de ma confrérie qui se trouvaient dans la maison de confrérie. Certains n’avaient pas cours, ou alors certains osaient sécher. J’étais à la bourre mais je ne me précipitais pas pour autant pour courir dans le premier amphithéâtre de droit. Ma nonchalance habituelle prenait déjà le terrain rien qu’à ma façon de marcher. Je traînais des pieds, une main dans la poche et l’autre main portant mes bouquins. J’étais sûr de m’être planté de bouquin en plus. Ma chemise était à moitié rentrée dans mon pantalon, mon marcel blanc se voyait en dessous. J’entrais dans les couloirs qui étaient vides. Normal, tout le monde était en cours j’avais envie de dire. Mais sauf une personne. Je scrutais une tignasse blonde, qui bizarrement, ne m’était pas inconnue. Cette fille, je l’a connaissais. C’était une Iota. Et vu la tronche qu’elle tirait, elle n’était pas franchement ravie de me revoir. Oui, je me souvenais de Lou bien entendu. J’avais réussi, comme la plupart des petites cheerleaders innocentes, à la mettre dans mon lit pour une nuit. Visiblement, la jolie blonde n’a pas vraiment apprécié le fait que je la foute dehors le lendemain. Elle n’avait pas compris ma façon de procéder. Je la séduisais comme les autres, et maintenant elle m’en voulait. Ce qui en soit était tout à fait normal. C’était comme ça avec toutes mes ex. Je la regardais stresser. Elle voulait probablement sortir par la porte qui se situait derrière moi. Je croisais les bras, m’appuyant contre le mur en riant. Voir une jeune fille énervée, ou stressée de me voir, me mettait toujours dans un état moqueur. Comme si elle était amoureuse de moi, non mais franchement. Comment tomber amoureuse d’un goujat pareil ? Je lui faisais croire que je me foutais d’elle, du moins qu’elle pouvait passer sans la moindre crainte d’entendre le son de ma voix. Enfin ça, c’est ce qu’elle croyait. Quand elle arrivait à mon niveau, je me plaçais juste devant elle les bras toujours croisés contre mon torse, avec un sourire moqueur. Elle me demandait à quoi je jouais. Je jouais sans arrêt, je ne pouvais pas m’en empêcher. Oui, j’adorais emmerder certaines de mes ex qui y croyaient visiblement trop. Elle n’était pas encore née celle qui allait faire flancher le cœur de Nolann Woobleforth mes chéries. Je fis mine d’avoir peur pendant quelques secondes, avant d’éclater de rire. « Ouhhh, attention c’est que tu fais peur là ! » Personne n’aimait ce caractère odieux que j’avais, sauf moi. Dommage. Je comptais bien lui barrer encore la route. Qui sait, peut-être que j’allais pouvoir me l’attraper dans un placard à balai. « Je t’ai connue beaucoup plus calme… Si tu vois ce que j’veux dire » Dans le genre goujat, je ne faisais pas mieux. J’excellais même dans cette matière. Je plaignais presque toutes les filles qui me fréquentaient. « Bah quoi ? Je n’ai plus le droit de te dire bonjour maintenant ! » Là, je n’avais pas tort. Mais je savais qu’elle allait une nouvelle fois m’envoyer sur les roses. C’était tellement charmant et attirant chez une femme.

Tenter de me changer moi ? Non, c’était tout à fait impossible. On me prenait avec mes défauts, ou pas du tout. Je ne voulais pas m’installer dans une relation saine avec une femme, tout simplement parce que je n’avais pas envie de devenir comme « lui ». Je savais que je n’étais pas fidèle pour deux sous, et que je n’étais absolument pas stable au niveau de mes relations amoureuses. Est-ce qu’il fallait s’attendre à du sérieux avec un Delta franchement ? Pas avec moi en tout cas. Je savais que certains trahissaient à la règle, mais pas moi. Qu’est-ce que j’en avais à foutre des sentiments amoureux hein ? Alors que pour moi : sexe c’était primordial ? Apparemment, je n’avais pas la même optique que la jeune femme en colère devant moi. J’essayais de me souvenir de notre nuit torride. Difficile de m’en rappeler, j’en avais tellement par semaine. Elle ne supportait probablement pas se faire larguer par un Delta, ce qui à la base pour moi, était normal. Je n’avais aucune attache ici, mis à part ma demi-sœur Aislynn. Mais elle, c’était autre chose. Une autre facette de moi que je découvrais à peine. Mais passons. Les états de nerfs de la demoiselle me rappelaient presque la soirée tumultueuse que j’ai passé avec Alaina. Le même paquet de nerf. J’arrivais à conclusion de penser que les femmes à Berkeley étaient toutes atteintes de la rage. Non mais franchement, elle ne pouvait pas parler sans gueuler c’était incroyable. Les femmes, toujours en train de gueuler pour rien. Ça me fatiguait presque de la voir hurler sur moi comme ça. Il y a des jours comme ça, où je préférais rester au lit. Il y avait toujours une femme enragée dans le coin pour me cracher son venin à la figure. J’étais tellement bien pour elle qu’elle ne supportait pas que je la jette comme une vieille chaussette dans une poubelle. Pour celles qui comprenaient ma façon de penser, c’était ok. Mais alors pour les fleurs bleus et les romantiques dans l’âme, j’étais dans une merde pas possible. Lou en faisait visiblement partie, vu la façon dont elle me crachait son venin à la figure. Charmant, vraiment charmant. Les femmes avec du caractère ne me laissait jamais indifférent. Mais elle me voulait quoi au juste celle-là ? Elle voulait une autre partie de jambe en l’air ? Ou des excuses peut-être ? Autant qu’elle aille se brosser pour la seconde proposition. Pour la première, cela pouvait largement se négocier. Bah quoi ? Ok, ce n’était pas bon de réchauffer les plats. Mais dans mon cas, le réchauffé marchait toujours. Sa mini insulte sonnait presque faux dans mes oreilles. Mais pourquoi tant de haine hein ? « Ok, j’suis peut-être pas très riche mais pas pauvre non plus. » Est-ce que j’étais en train de me foutre de sa tête ? Non rien qu’un peu. Franchement, il y avait de quoi.

Je ne savais pas si toutes mes conquêtes s’étaient données le mot, mais à chaque fois, ça hurlait. C’était franchement fatiguant. Je ne pouvais même pas avoir une discussion normale avec elles. Les seules fois où elles ne parlaient pas… C’était au pieu, quand je les sautais. Au moins, j’avais la paix. Mais j’étais pratiquement certain, tout comme Alaina, qu’elle avait encore envie de moi. Bah oui voyons, les femmes se cachaient derrière une montagne de hurlements pour en réalité, refuser de voir la vérité en face. Caractère typiquement habituel. Je songeais même à écrire le dictionnaire de la femme, tellement cela m’était familier. Je rentrais dans son propre jeu, en lui renvoyant chacune de ses piques avec un calme olympien. Pour moi, ce n’était qu’un jeu. Une belle entrée théâtrale pour qu’ensuite elle cède. « Merde, pour une fois que je suis poli. » disais-je, en levant les yeux au ciel. A ce rythme, Lou allait péter un câble dans une vingtaine de minute peut-être moins. Si j’arrivais à la faire bouillonner un peu plus… « Tu es encore plus polie qu’un teckel enragé. C’est charmant. » Bon ok, la comparaison n’était pas terrible mais au moins, je titillais un peu plus sur la nervosité de la jeune femme. Ce jeu me passionnait complètement. Ou alors, j’allais me prendre une gifle mémorable. Je prenais pire que ça dans mon jeune temps. Elle voulait que je bouge. Eh bien, elle n’avait qu’à me contourner et passer la porte non ? Mais visiblement, cette situation l’arrangeait autant à elle qu’à moi. Formidable. Je sentais qu’on allait passer des heures à se bloquer comme ça. Autant dire qu’elle n’était pas prête à partir de ce couloir tant que je ne cédais pas. Là encore, elle pouvait rêver éveillée autant de fois qu’elle le voulait, je n’allais pas bouger d’un seul centimètre. « Hum… Attends que je réfléchisse. » Je prenais quelques secondes pour faire mine de réfléchir alors que tout était dans ma tête depuis un bon moment déjà. Ce n’était que quelques secondes plus pour la faire enrager. Un peu plus et je devais l’amener faire piquer chez un vétérinaire. Quelle sauvage. « Non. » disais-je, avec un air satisfait sur le visage. Je la toisais de haut en bas, comme un gentil morceau de steak haché. Saignant s’il vous plait. Je penchais la tête sur le côté, histoire de voir si je n’apercevais pas ses jolies fesses. Dommage, elle était raide comme un piquet. « Détends-toi, j’vais pas te bouffer. Quoi que… » disais-je, avec un air amusé.