Eileen dansait à n’en plus pouvoir, la soirée n’était pas mauvaise, mais il manquait quelque chose. Quelque chose d’un peu plus original, le genre de chose que l’on trouve dans les soirées de Vegas. Elle quitta la piste de danse en titubant, elle était sacrement éméché mais ça allait, elle tenait encore debout. Elle se dirigea vers le bar, elle avait terriblement envie d’une énième tequila au point ou elle en était. Elle traversa la boite de nuit, manqua de renverser plusieures personnes toutes aussi ivre qu’elle. Elle avait atrocement mal aux pieds qui plus est mais elle ne le montrait pas, garda la tête, secouant avec sensualité ses cheveux derrière ses épaules. Elle arriva finalement au bar, elle fit un large sourire au serveur qui l’avait vu défiler toute la soirée, de plus en plus ivre à chaques fois. « Encore vous Eileen … La même chose je suppose ? » Elle lui fit un clin d’œil et se mit à rire. Elle regarda autour d’elle, tous les tabourets était occupés, elle soupira, appuya ses mains contre le bar, se souleva et s’asseya dessus. Elle laissa ses interminables jambes flottées dans le vide. Elle se retourna vers le serveur qui lui préparait son cocktail et ajouta, « charge le bien et met une paille s’il te plait ».


Aussitôt dis, aussitôt fait, Eileen se retrouva à tenir un nouveau verre, bien rempli. Elle détailla les gens assis au comptoir et ne pu s’empêcher de remarquer ce type couvert de tatouages, elle l’avait déjà vu. Eileen avait une excellente mémoire des visages, utile dans sa branche. Cet homme elle l’avait vu la veille lors de son arrivée à Berkeley, il y était étudiant, et il faisait parti de sa confrérie à ce qu’elle avait pu comprendre. Son style était plutôt original, mais elle trouvait qu’il avait une certaine classe, un coté mauvais garçons avec lequel on aurait envie de faire les pires conneries. Elle se demandait si il l’avait remarqué. Elle le fixa plusieures minutes jusqu’à croiser son regard et lui fit un de ses plus beaux sourires. Elle descendit du comptoir ou elle était assise, sirotant sa boisson, elle avait une terrible envie de fumer. Cette boite était non fumeur, mais un petit jardin était à la disposition des clients fumeur. Eileen passa à coté de Judas le frôlant au passage, mais l’ignorant, le sourire aux lèvres elle poussa la porte du jardin fumeur.


Elle attrapa une cigarette dans son sac et son zippo métallique, et pris une longue bouffée de nicotine. Dans moins de cinq minutes il allait venir elle en était sure. Il était impossible qu’il en reste la. Eileen alla s’asseoir sur le rebord d’une murette, quittant au passage ses escarpins bien trop hauts qui la faisaient souffrir le martyre. Elle tira une nouvelle latte, et termina son verre d’une traite. Elle se souvenait que cette addiction au tabac avait commencé quatre ans plus tôt à Vegas. Elle était avec ses amis de l’époque, et ça paraissait tellement cool la cigarette, contrairement à la plupart des gens elle avait tout de suite adoré la cigarette. Cette longue brûlure aux poumons, cette perte de respiration, et surtout l’associer à l’alcool. C’était mal, dangereux peut importe elle s’en fichait, elle avait tout, elle en voulait plus. Elle se demandait où cette année à Berkeley allait la mener. Elle laissa son regard se perdre vers le ciel, noir et pleins d’étoiles. Elle était sacrement bourrée ça ne faisait pas l’ombre d’un doute.

Eileen avait danser, bu, mais elle ne semblait pas plus satisfaite que ça, les boites ici avaient tout à envier à celle de Vegas. Pas de démesures, pas d’excès superflus, pas la moindre trace de drogue. Puis la soirée avancée plus elle sentait qu’elle n’avait pas sa place dans cette boite, ce n’était pas son milieu. Les fêtes auxquelles elle participait en temps normal étaient un milliard de fois plus décadente que ça. Elle devait trouver un moyen de faire venir Vegas a Berkeley avant de peter littéralement un plomb. Faire des allers retours tous les week ends entre Sin City et Berkeley allait vite la lasser elle le savait, de plus elle n’était jamais très rassurée à bord d’un avion. Elle s’était éloignée de la piste de danse le sourire accroché aux lèvres, les yeux malicieux et un peu explosés par l’alcool, ses fines jambes vacillantes, la tête haute. Elle s’était rapidement retrouvée dans un petit jardin qui servait d’espace fumeur. Les nombreux cendriers disposés aux quatre coins de l’endroit étaient pleins à ras bord, des verres vides traînaient sur les murettes, la porte était à peine insonorisée, si bien que de dehors on étendait encore dans un bruit sourd la musique de la boite. La musique, des tubes qui passaient il y a déjà plusieurs mois dans la boite de l’hôtel de son père le MGM, sur lesquels elle avait déjà danser, bu, trinquer baiser fumer pleurer rit hurler …Et qui aujourd’hui la saoulaient simplement. Elle trouva une place pour s’asseoir sur un rebord de murette. Elle ajusta ses longues mèches blondes qui tombaient harmonieusement sur sa poitrine et sortie de sa pochette métallisé son paquet de cigarette. Elle porta l’objet à sa bouche, la coinçant entre ses lèvres, laissant sur le filtre une trace de rouge à lèvres. Elle se saisi de son Zippo argenté et alluma sa cigarette. Elle laissa alors son regard se perdre vers la lune, pleine et brillante.

Il faisait encore bon dehors malgré l’heure tardive ou peut être étais-ce du aux effets réchauffant de l’alcool dans le sang, peut importe. Elle se sentait bien, détendue, aspirant de longues bouffées de nicotine. Plus elle y pensait, plus elle se demandait si elle allait réussir à se plaire et à s’intégrer à Berkeley. Tout était si différent, elle ne voulait pas être perçue comme une blonde sans cervelle, égocentrique et juste bonne à dépenser l’argent de son cher papa avant de se faire baiser par le premier venu. Eileen était en psychologie, avait un dossier excellent, elle ne voulait pas que son penchant pour la boisson, la fête, et autres excès en tout genre entache sa réputation. Mais avant de s’intégrer au campus, elle devait s’intégrer à sa confrérie, et ce n’était pas chose aisé. Ils étaient tous riches, beaux, brillants, parmi eux elle n’était rien, juste la nouvelle venue, fraîchement débarqué de Vegas. Elle ignorait si on parlait d’elle parmi les Epsilon si des rumeurs courraient déjà à son sujet. Qui à Berkeley et chez les Epsilon ne l’aimait déjà pas ? Laisser t’elle refléter une image atrocement stéréotypé d’elle-même, le genre de cliché de la blonde riche, fetarde, et ayant un papa suffisamment riche pour lui ouvrir les portes de n’importe quelles université ? Elle n’espérait pas, elle était réellement passionnée par la psychologie, elle pouvait passer des heures, seule, enfermée à lire des livres de psycho sans en avoir marre une seule seconde.

Et puis il y avait ce type, le mec de sa confrérie dont elle ignorait le nom. Mais elle l’avait déjà repérer il était différent des autres, il n’essayait pas de mentir sur lui-même, de se donner un genre, il s’assumait à cent dix pourcent, pas du genre à se laisser faire, et ça lui plaisait. Eileen une brillante observatrice, elle l’avait vu regarder le fond de son verre, il semblait s’ennuyer sans pour autant s’en aller. Elle l’avait vu observer les femmes de la boite elle comprit, en soupirant ou en restant de marbre. Ce genre de comportement ça devait l’horripiler au plus au point, cette débauche à peine assumer. Il pensait qu’Eileen était pareil, il se trompé, c’était la seule à ne pas jouer, à ne pas mentir, à ne pas tricher, elle n’avait pas besoin de ça, elle savait ce qu’elle voulez. Et jamais, elle ne tentait le diable pour ensuite l’abandonner au pied de sa suite. Eileen jouait avec le feu à s’en brûler les ailes, et il ne lui manquait qu’une chose pour se plaire à Berkeley, un partenaire, quelqu’un d’aussi dérangé qu’elle. Des nuits sans limites, des fêtes de folies, des souvenirs mémorables, quelqu’un qui se fouterait des conséquences. Bizarrement en observant Judas, elle s’était dis, pourquoi pas lui ? Elle lui avait sourit histoire de le manipuler, imitant ainsi le parfait cliché des filles qui l’insupportait sachant que ça le ferait venir. L’ennui le ferait venir, et aussi le physique non négligeable d’Eileen, il restait un homme. Elle compta les secondes. 10 – 9 – 8, la psychologie et la manipulation, un lien étroit, 4 – 3 – 2 , elle tira de nouveau sur sa cigarette, et fixa la porte du petit jardin. 1 – 0 Gagné !

Il passe la porte d’un pas assuré, la tête haute, Eileen laisse se dessiner un mince sourire sur ses lèvres, faisant semblant d’être encore plus ivre qu’elle ne l’est vraiment. Simple envie de s’amuser, de laisser croire à Judas qu’elle est une de ces allumeuses qui ne va pas plus loin, qui ne tient pas l’alcool au bout de trois verres. Elle le laisse s’approcher faisant mine de ne pas le voir, jouant encore plus les vierges effarouchées. Une fois arrivée près d’Eileen il attrape d’un geste vif sa cigarette et la porte à sa bouche. Eileen le fixe dans les yeux, le défie du regard et attrape une autre cigarette dans son paquet. Elle prit un ton insolent.

- Si t’en voulais une, suffisait de demander

« C’est moche les filles qui fument », elle manqua de rire mais ça aurait ruiner son plan, celui qui consistait à se faire passer pour une pimbêche fortement alcoolisée pour mieux lui prouver que c’était pertinemment ce qu’elle n’était pas. Malheureusement la phrase qu’il prononca juste après ça, ruina totalement son plan. Eileen était trop franche, trop grande gueule et bien trop bavarde pour se laisser faire de la sorte par un gamin à peine plus vieux qu’elle qui se pensait supérieur à tout le monde. Elle cessa de faire semblant d’être ivre, fronça les sourcils. Et d’un ton des plus cinglants ajouta.

- A mon age ? Arrêtes de jouer au donneur de leçons, tu dois avoir à peine un an de plus que moi. Et qui te dis que je joue à la poupée ? Tu ne connais rien de moi ! Tu devrais peut être apprendre à connaître un minimum les gens avant de les critiquer. Je sais tu t’en fou de mes conseils, mais laisses moi te dire continue sur ta lancé et tu finiras la soirée seul ou avec une gamine tellement ivre qu’elle vomira sur tes chaussures, et qui sera tellement « malade » qu’elle refusera de coucher avec toi. Quand ca arrivera pense à moi entrain de dire « Bien fait ».

Elle ajouta un sourire des plus satisfait, et recracha sa fumée vers le ciel noir, faisant toujours face à Judas, hors de question de s’avouer vaincue maintenant. Un blanc se fit soudain sentir entre les deux jeunes gens, elle tendit alors sa main vers Judas, riant discrètement.

- Sans rancunes ? Eileen Rosenbach, Epsilon et de Vegas.