SHE REMINDS ME OF THE ONE I KNEW

Jeudi matin, 10h45. Je n'avais pas cours de toute la journée. Et cette journée s'annonçait pour le moins sympathique. Je n'aurais pas à me pencher sur des graphiques compliqués, ni à étudier des statistiques sans intérêt. Rien qu'à cette pensée, je souriais. En tant normal, cela ne me dérangeait pas d'aller en cour mais, depuis quelques temps, je saturais. J'en avais marre, tout simplement. Alors, passer une journée au grand air et faire tout ce qu'il me plairait était un programme assez plaisant. Je m'étais levé tard et je m'étais tranquillement rendu au cœur même de San Francisco. Je m'étais muni de mon appareil photo, faute de mieux. J'avais laissé mes caméras au Texas et en attendant, je n'avais d'autre choix que de me servir de mon appareil photo pour filmer un peu. Il ne fallait pas que je perde la main et, même si mon père avait dans l'idée que je reprenne son entreprise, je comptais bien faire carrière dans le monde du cinéma. Vêtu d'une chemise à manches courtes verte et d'un jean déchiré, je me promenai tranquillement tout en observant mon environnement qui m'était encore inconnu. Je passai la main dans mes cheveux mal coiffés et me dis que c'était vraiment bizarre de me trouver là, à San Francisco, et d'y suivre des études dans un domaine qui m'était totalement nouveau.
Il y avait du monde qui se pressait sur les trottoirs et je ne trouvai rien d'intéressant. Je décidai d'entrer dans un cinéma qui se trouvait sur mon chemin. Je sortis mon appareil photo de ma poche et commençai à filmer. Gros plan sur les affiches de films. Comédie, biopic, thriller, horreur, ... Je m'arrêtai quelques instants sur chaque affiche et le mélange des genres rendait assez bien. Puis, gros plan sur les personnes qui faisaient la queue. Gros plan sur des visages blasés, souriants, sans expression, ... Je continuai de filmer, tout en marchant. Une affiche attira mon attention et je fis brusquement volte-face, heurtant au passage une inconnue se trouvant sur mon chemin. Le choc ne me fit cependant pas lâcher mon appareil, bien heureusement. « Je suis vraiment désolé », dis-je en rattrapant la jeune femme par le bras. Je la lâchai, voyant qu'elle n'allait pas choir par terre et jetai un coup d'œil à son visage. C'était bizarre, j'étais certain de l'avoir vu auparavant. Ses traits, ses yeux, tout cela me disait vaguement quelque chose. « Ça va, vous n'avez rien ? J'étais en train de filmer, je ne vous avais pas vu », me justifiai-je en lui indiquant d'un geste l'appareil photo que je tenais en main. Je la regardai plus attentivement cette fois. Non, pas possible ! Non non non. C'était un concours de circonstance, un pur hasard. La jeune femme qui se tenait en face de moi avait tout de ma future-ex fiancée qui s'était lâchement tirée mais, ce n'était pas elle. Non, ce n'était pas elle. C'était un sosie, qui, par un pur hasard, c'était trouvé sur ma route. Point barre. « Putain de destin ! », marmonnai-je pour moi-même. Qui que soit cette fille, elle avait bel et bien réussi à me gâcher ma journée.

.REAGAN & SID..I M A ROCKET SHIP ON MY WAY TO MARS ON A COLLISION COURSE .
Depuis que je suis en couple avec Idris, je dois avouer qu'une nouvelle passion m'habite. Celle de glander. Avant d'être avec lui, j'en aurai fait une crise d'urticaire que de rester dans mon canapé les bras croisés à ne rien faire. C'est un peu comme ceux qui restent enfermés chez eux sans ne jamais voir personne. Chose que je ne supporterai absolument pas. En tout cas ce matin je suis à deux à l'heure. Je me réveille à peine alors que mon petit-ami dort encore comme un bébé. J'éteins le réveil avant de me rouler en boule sous la couette. Je reste encore cinq petites minutes afin de me réveiller tranquillement. Je ne suis pas le genre de nana qui aime les réveils brutaux à coup de hard rock et de rayons de soleil en plein visage au risque de se brûler la rétine. Nouveau coup d'oeil au réveil qui affiche neuf heures moins le quart. Il est grand temps que je me lève. Repoussant la couette, j'étire mes petits bras et me décide à me lever de lit avant de me diriger droit dans la cuisine. Mon ventre gargouille, signe qu'il est grand temps que j'avale quelque chose. En même temps, si j'écoutais sans cesse mon estomac je passerai mon temps à manger tout et n'importe quoi. Surtout n'importe quoi d'ailleurs. Hissée sur la pointe des pieds, j'ouvre le placard afin d'attraper une boite de céréales ainsi qu'un bol. Une fois mon bol remplit, je me dirige dans le salon afin de m'installer sur le canapé et déjeuner tout en regardant les dessins animés. Oui je suis encore une petit fille au fond et je l'assume entièrement. Alors que je m'apprête à avaler une nouvelle cuillerée de céréales, mon chaton Globule passe comme une fusée sur moi, me faisant au passage tout renverser. Je pousse un cris de surprise avant de rester figée sur le canapé les bras en l'air, ma bouche formant au passage un O parfait. Je lâche alors un putain de circonstance et pose mon bol – qui est à présent quasiment vide – sur la table basse. Super, il faut que je nettoie tout maintenant ! C'est vrai que j'aime faire le ménage tout le monde le sait. Mais à même pas neuf heures et demi du matin, je m'en passerai volontiers. J'engueule le chaton comme il se doit, même si il ne pige pas un mot de ce que je lui raconte.

[…] J'arrête le jet d'eau brûlant et sort de la douche, attrapant au passage une serviette afin de m'essuyer. Il serait temps que je me magne les fesses étant donné que je dois rejoindre une amie à l'université pour onze heures et demi, et qu'avant ca j'aimerai passer au cinéma pour avoir les horaires du film qu'Idris et moi voulons aller voir. Enfin, c'est surtout moi qui voudrait y aller en fait. Ma main glisse le long du miroir afin d'essuyer la buée et je replace mes mèches de cheveux encore humides comme il se doit. L'avantage c'est que je n'ai pas besoin de me servir d'un sèche cheveux ou de je ne sais trop quel ustensile pour me coiffer puisqu'ils le font tout seul. Même si j'ai souvent au final, un bordel capillaire sans nom à la place d'une coiffure à peu près normale. Sans perdre d'avantage de temps, je me dirige dans la chambre – réveillant au passage mon petit-ami vu le bordel que je fais – afin de me trouver des fringues. Etant donné que je n'aime pas passer cent sept ans à chercher ce que je pourrais bien enfiler, je me contente d'attraper les premiers bouts de tissus qui me passent sous la main. Autrement dit mon slim léopard ainsi qu'un t-shirt noir. Dans la foulée j'enfile ma paire de basquettes dont l'une est orange et l'autre jaune, puis saisis mon sac en bandoulière avant de quitter mon appartement, direction le centre ville.

[…] Bien entendu, avant d'arriver au cinéma je suis passée à mon lieu de culte, mon temple, mon paradis terrestre, autrement dit au Starbucks. C'est fou, à chaque fois que je passe devant – tout les jours pour être honnête – il faut que je passe m'y acheter quelque chose. Aujourd'hui j'ai opté pour un cappuccino. Il faudrait d'ailleurs que je songe à changer d'itinéraire histoire de ne pas céder à la tentation à chaque fois que je passe devant la vitrine. Paille portée à ma bouche, j'aspire le liquide du contenu en plastique et pénètre dans le cinéma à la recherche des papiers pour les horaires. Avec le monde qu'il y a ici, c'est presque mission impossible en fait. Je risque de me faire marcher dessus plus qu'autre chose. Tant pis, je suis une warrior, je n'ai pas peur du danger. Au bout de quelques secondes, mes yeux repèrent la petite étagère contenant les papiers. D'un pas rapide je me dirige vers l'objet de mes désirs et en saisi un. Je feuillette le prospectus et fait demi tour sur moi-même sans faire attention aux autres. C'est là que le drame arrive. Je fonce dans quelque chose, ou plutot quelqu'un. Ou alors nous nous sommes rentrés dedans mutuellement je n'en sais trop rien. Je relève les yeux et là : le choc. Je fais tomber mon prospectus au sol et reste la bouche entre ouverte. Non, ce n'était pas possible, ca ne pouvait pas être lui. Le coeur battant à tout rompre je n'écoute même pas les paroles du jeune homme, me contentant de reculer et de passer une main dans ma chevelure. « Désolée, je dois y aller. » Lachais-je avant de me faufiler dans la foule.