Je n'avais rien de prévu en ce faste jour. Rien d'intéressant ni de primordial, en fait. J'aimais ces jours calmes, paisibles, sans but presque. Je pouvais faire ce que bon me semblais, pas d'obligations. Simplement lambiner. J'étais étaler sur mon lit, la joue applatie contre le matelas. J'étais terassé par la chaleur ambiante ici, à San Francisco. Les étés sont souvent les plus beaux ici, relativement chaud, mais pas trop pour être insuportable. Mai mon métabolisme se chauffait tellement rapidement qu'avec à peine trente degrès j'étais le même que quelqu'un dans un sauna ou une eau à cinquante degrès. J'étais en short ainsi étalé, je n'aurais pas pu supporté un vêtement de plus, seul des glaçons pourraient se poser sur mon corps sans que j'ai envie de m'insérer dans un frigidaire. C'est vrai qu'un frigo n'aurait pas été de trop. Mais après tout, j'avais ma douche pas loin. Nu, je me plongeais sous celle-ci tournant le robinet du côté froid. Je profitais de cet instant de plaisir simple. De l'eau coulait dans mes yeux, et glissait jusque mes oreils. Je ne vais pas vous expliquer ce qu'est une douche : tout le monde le sait, du moins, je l'espère. J'en ressortais, revêtant un caleçon, rien de plus. Mais voilà, mis à part tourner en rond dans ma chambre je n'avais aucune idée de quoi faire. Et ce n'était pas mon aspiration de la journée. Certes, la solitude me plait mais au bon d'un moment, à être seul dans cet endroit morose je n'appréciais pas.

Un brin d'air parcourait ma nuque, me penchant à la fenêtre je voyais toute cette verdure éclairée par ce magnifique soleil. Pourquoi ne pas utiliser ce soleil, après tout ? Je ne quittais pas San Francisco pour les vacances, alors je n'avais pas vraiment d'occasion de lambiner en pleins soleil au bord de la plage. Le seul endroit confortable du coin restait le parc : spacieux, relativement calme, plein de petites fleurs et d'arbres, de l'ombres, du soleil et parfois de belles rencontres. Je partais avec du baume au coeur. Je portais un bermuda et un tee-shirt. Je déposais mes lunettes roses sur le haut de mon nez et me descendais les escaliers de la maison des sigma. Rien que de descendre les escaliers jusqu'à l'exterieur m'avait rendu en âge. Le parc n'était pas vraiment proche d'ici, c'était presque même à l'autre bout du campus. Je m'y rendais en marchant le plus tranquillement possible, je n'avais pas besoin de transpirer encore plus que c'était le cas.

Une quinzaine de minutes plus tard j'arrivais dans une des nombreuses entrées de ce parc. Il y avait de nombreuses personnes ici. Certains jouaient de la musique, d'autres se lançaient un ballon, des filles se doraient la pilule en bikini. Je ne savais pas réellement où m'arrêter, alors j’errais lentement dans les allées du parc. À chaque passage à l'ombre je soufflais un peu et continuais mon chemin. Je remarquais une sorte de bosquet plutôt sympathique et calme, je m'installais là, je m'allongeais au sol. Je regardais le ciel bleu, puis fermais les yeux, puis les rouvrais, et ainsi de suite, si bien qu'après une dizaine de fois mes yeux étaient remplis d'une multitude de couleurs. Ca m'amusait de faire ça. Accabler par la chaleur, je retirais mon tee-shirt. Je n'ai jamais eu honte de mon corps, il est plutôt intéressant et bien fait. Je fermais les yeux à nouveau, posant les mains au bord de mes hanches.

J'étais là, allongé dans une prairie paisible, plongé dans mes rêves de banquises lorsqu'une masse relativement chaude se fit ressentir dans mon espace vital. Je ne voulais pas ouvrir les yeux, profitant de ce moment de came et de plénitude. Non, être putride et chauffant, tu ne m'auras pas, jamais. Mais voilà, l'importun n'avait pas l'intention de me laisser dans ma paix intérieure. Cette personne restait plantée là, je me sentais ainsi obligé de me faire violence, et d'ouvrir les yeux. Le visage que je vis au dessus de moi ne fut au final pas déplaisant. À peine avais-je ouvert les yeux qu'il commença à parler. "Salut toi, est-ce que ça te gêne si je m'installe à côté de toi ?!" Il me souriait, je fis de même. Il est vrai que j'appréciais vraiment ce jeune homme, il était sympa et assez plaisant physiquement. C'est vrai que j'avais une sorte de picotement je ne sais où lorsque je me trouvais en sa compagnie. S'il n'y avait une qu'une seule chose qui pouvait me déranger chez lui ce serait son obsession du bruit, enfin, il parle beaucoup.

Je n'eu même pas le temps de lui répondre qu'il recommençait à parler. Il cachait mes yeux du soleil avec ses cheveux. J'étais capté par la césure entre ses cheveux bruns et le ciel bleu. Les rayons du soleil lui faisaient une couronne, je riais plus ou moins sans réellement relever ce qu'il me racontait. Je n'entendais que ce qui me semblais être la fin de sa déclaration. "dessécher comme un vieux pruneaux ?!" Puis il croisa les jambes et posa ses fesses sur l'herbe à mes côtés. Il déposa aux siens l'étui de sa guitare. Il en sorti une bouteille d'eau. Je ne lui avais encore prononcé un seul mot, seuls quelques sourires lui avaient étés offert : il n'en faut parfois pas plus. Je fermais doucement les yeux, toujours un peu dans les vapes. J'avais glissé mes lunettes roses sur mon nez pour ne pas trop abîmer mes yeux. Swen avait eut une plutôt bonne idée d'avoir pris une bouteille d'eau, j'avoue ne pas avoir voulu m'encombrer d'une bouteille d'eau fraîche qui se serait réchauffer au bout d'un quart d'heures.

Cependant, son eau, à lui, semblait bien fraîche, la bouteille ruisselait encore de toutes parts. La bouteille me faisait envie. Elle me provoquait des picotements elle aussi. Les mêmes que son possesseur. Comme s'il lisait dans mes pensées, il me tendait la bouteille et la secouait au dessus de ma tête, si bien que des gouttelettes me tombaient dessus et me rafraîchissaient. "T'en veux un peu peut-être ?! Ça serait dommage que tu te déshydrates, tu risquerais de finir à l'hosto..." C'était plutôt gentil de sa part de se soucier de moi ainsi. Depuis notre rencontre, il est comme ça, à s'inquiéter, à prendre des nouvelles. Pleins de charmantes intentions de sa part envers moi. C'était indéniable, j'appréciais grandement Swen. Après les progénitures d'Holly qui m'ont quelques peu retournés.

Qu'importe, il était charmant. Je m'empare de la bouteille d'eau que j'ouvre et que je glisse au niveau de ma bouche. Evidemment, étant au trois-quart allongé, je me retrouvais avec une rigole entre mes "abdos" jusqu'au nombril. En moins de deux, mon bermuda était mouillé. La sensation n'était pas désagréable, mais c'était tout de même un peu gênant. Je rendais la bouteille à Swen. Sa main effleurait la mienne et je mis quelques mili-secondes avant de la retirer. "Merci. Ca fait du bien, même si je suis maladroit, un peu." Je ne reste mouillé que peu de temps, le bouillant soleil me séchait quasi-instantanément. Cela faisait bien cinq minutes -si ce n'est plus- que Swen se trouvait à mes côtés et je lui avais adressé en tout et pour tout douze mots sur les vingt dernières secondes.

Et voilà, je n'avais répondu à aucune de ses demandes. Aucunes. Il avait demandé comment j'allais et des nouvelles de ma vie. Je n'avais rien répondu, niet. Comme si j'avais la langue fondue tellement j'étais terrassé par la chaleur."Malgré cette chaleur, ça va. Tranquille. La vie est belle et chaude." Je lui lance un énorme sourire et m'allonge à nouveau, trop d'effort... Je commençais à avoir des crampes au niveau des biceps. Je tourne la tête vers lui et continue "Je suis sûr que ta vie doit être plus animée..." Je soupirais ensuite, pliant mes jambes pour tenter de me cacher un peu du soleil. Je me demandais, dans cette position, pourquoi Swen avait ici transporté sa guitare, après tout, avec cette chaleur, la guitare serait vraiment la dernière chose que j'aurais eu envie de faire. "Tu te sens d'en jouer ?" Je pointais de mon nez sa guitare, ce n'était pas un proposition en réalité, même pas du tout. "Je veux dire, avec cette chaleur..."

Depuis le premier jour, la première seconde même, j'ai trouvé en la personne de Swen quelqu'un de magique, quelqu'un de splendide, quelqu'un de spectaculaire. Il avait l'âme d'un enfant dans un corps d'homme bien bâti, terriblement bien bâti. Il savait cependant parfois être très mature et sérieux. Depuis le premier jour, la première seconde même ma vision de lui n'a pas changé. Car il n'a jamais changé.

flashback

Kilian avait passé une après-midi avec Holly à papoté lorsque celle-ci lui parla de Swen. Elle insista pour que les deux jeunes hommes se rencontrent. Holly et Swen n'étaient pas encore ensembles mais étaient déjà bien proches. Elle avait déjà organisé la chose pour le soir même dans un bar plutôt calme de la ville. Lorsqu'ils sont arrivés, Swen était déjà sur place sirotant un verre de whisky. De loin, il ne payait pas de mines, mais plus ils se rapprochaient, plus Kilian comprenait l'envoûtement que Swen produisait sur Holly. Il sentait le charme à cinq mètres à la ronde. C'était la première fois que le coeur de Kilian s’accélérait à la vue de quelqu'un. Et ces picotements, ces picotements qu'il ressent encore aujourd'hui en sa présence. Timide comme jamais Kilian salua et se présenta à Swen. La soirée n'aurait pu mieux se passée. Le feeling était bel et bien passé. Ainsi Swen était devenu protecteur envers Kilian. Quelques temps après Swen et Holly se mirent ensembles. Kilian, lui, n'avait cessé de trouver Swen plus qu'à son goût.

fin du flashback

Ma main n'avait pu s'empêcher de rester quelques instants au toucher de celle de Swen. Sa peau était douce et agréable. Son contact m'électrisait. Je prenais bon-gré malgré sur moi pour ne rien laisser échapper. Ca n'a jamais été clairement dit, mais pour moi, ce jeune homme ne me considérait pas autrement que comme un petit frère, ce qui me touchait en bien comme en mal. À la fois l'idée d'être important à ses yeux me plaisait et l'envie d'être un peu plus me tiraillait. Je retirais finalement ma main, Swen semblait lui aussi plongé dans ses songes. Puis il me souriait. "De rien, c'est normal, j'avais de l'eau, ça aurait été méchant si je ne te l'avais pas proposé vu la chaleur qu'il fait actuellement." Je n'y répondais rien, souriant simplement encore et encore. "Mais non t'es pas maladroit, n'importe qui dans cette position aurait fait la même chose que toi, perso, je suis sûre qu'en plus je me serais à moitié étranglé en buvant l'eau, donc bon..." Je riais à sa remarque. Swen est quelqu'un d'assez comique. Il avait toujours le petit mot pour faire rire ou la blague bien placée. Parfois il était un peu lourd mais il savait plutôt bien se rattraper le sacripant. "Et puis tu sais mouillé comme ça, t'es très bien aussi." Après cette réflexion je me sentais piquer un fard. Était-ce une avance ? Était-ce de la drague ? Je n'étai pas doué pour discerner ce genre de choses, mais cette phrase avait fait l'effet d'une bombe en moi, sans grande raison. Swen, lui, virait au rouge écarlate. Il ne sortait pas un seul son de sa bouche durant plusieurs dizaines de secondes. C'était presque s'il ne respirait plus.

Il eut plusieurs réactions nerveuses : il passa une main dans ses cheveux et se racla fortement la gorge. Il s'excusait doucement et commençait à perdre de sa couleur. De son rouge flamboyant. Sur ces excuses je fermais quelques peu les yeux. La vision de Swen souriant au dessus de mon visage, à quelques centimètres seulement me fit sursauter et ouvrir les yeux. Que m'arrivais-t-il ? Mes joues étaient restées pourpre, suite à cette pensée. "À vrai dire, mis à part le fait que je sois papa, ma vie est des plus plates... Je ne fais presque rien de la semaine, et le week-end je vais garder mes enfants normalement, enfin, il faudra qu'on en reparle avec Holly mais normalement ça sera comme ça..." Il n'avait pas l'air emballé par la perspective qu'il exposait. Je ne m'intéressais absolument pas de leurs histoires de bébés. Je ne pouvais m’accommoder du fait qu'Holly et Swen avaient des petits bébés. Non, non, non. Je pensais cependant que la vie de Swen était bien plus palpitante, mais je semblais avoir tord, selon ses dire. Sa vie était aussi plate que la mienne, apparemment. "On pourrait se voir plus souvent, histoire de rendre nos vies plus excitantes !". Je lançais un sourire, j'avais dis ça d'un ton plutôt niais. Mais avais-je utilisé le bon mot ? Mes joues s'habillèrent à nouveau de rouge. Quel cruche je suis à lui faire des sous-entendus, sans même le faire exprès... "Enfin plus mou...mouvementées, quoi ! hein..." Je bafouillais. Puis je reprenais mes esprits. Après tout, peut-être le prendrait-il sans arrières pensées. J'avais pointé sa guitare du regard, Swen était plutôt interrogatif à ce propos. "Pourquoi oui... Peut-être pas tout de suite, je me sentirais coupable de te réveiller complètement ou de te déranger... Mais ce n'est pas la chaleur qui va me faire arrêter d'en jouer... " Haussement d'épaules de sa part. Mes yeux se fermèrent peu après. "Pourquoi tu ne t'allongerais pas ? T'as bien besoin de bronze, t'es blanc comme un cul !" Je souriais et frappais le sol à mes côtés. J’espérais intérieurement qu'il s'installe le plus proche de moi.

Quelles seraient les retombées, si Turner devenait "mien" ? Swen connaissait bon nombre des personnes de mon entourage. Il connaissait mon oncle, qui serait certainement prêt à tuer pour me protéger. Holly était la mère de ses enfants, son ex en plus. Tordu. Swen ne connaissait pas mon père, je crois, mais celui-ci en sachant son fils avec un autre homme ne le vivrait à coup sûr pas de la meilleure façon, ce rustre. Mais faut-il réellement penser aux autres avant de penser à nous-même ? Un peu d'égoïsme ne fait pas de mal. Mais à vrai dire il fallait principalement penser au beau brun posé à mes côtés. Il était assurément hétéro ou bien bisexuel : il a mis en cloque Holly (même si la seconde option m'arrangerait d'avantage.) Je ne sais même pas si je suis fais pour être amoureux, je ne l'ai jamais été. Comment sent-on lorsque c'est l'amour, le vrai et pas une pulsation sexuelle ? Je n'en sais rien. J'ai tellement de choses à apprendre, peut-être qu'il pourrait me les apprendre, lui. Ce serait plaisant d'être dans ses bras. Je n'ai jamais été dans les bras de quelqu'un d'amoureux. J'imagine que c'est réchauffant et rassurant à la fois. J'imagine. J'espère pouvoir le dire un jour. À mes enfants. À mes petits enfants, à qui voudra bien l'entendre.

Pourquoi avais-je fais une telle déclaration ? Une telle bêtise ? Utiliser le mot excitant face à un homme, envers un homme, nous mêlant même à l'action. Je voyais déjà Swen partir en courant, me fuyant comme la peste jusqu'à la fin de mes jours. Un sous-entendu imprévu qui semblait produire un drôle d'effet sur Swen. Il semblait respirer plus rapidement. Comme, comme de l'excitation, non ? Oui parce que je ne suis pas calé sur le sujet, mais je sais tout de même mes propres symptômes d'excitation. Bref. "T'as raison, voyons-nous plus pour rendre nos vis exci... passionnantes, pardon." Il semblait troublé, ça ne me dérangeait pas et cela provoqua une esquisse de sourire sur mes lèvres. Je crois que c'était ça, ma destiné : mettre les gens dans l'embarras. Que ce soit lorsque je fais une blague que personne ne comprend ou lorsque je fais un lapsus qui s'avère être révélateur, ces gens "normaux" sont perdus et embarrassés.

"J'aime pas spécialement bronzer, je vais devenir rouge écrevisse après, j'ai tendance à prendre des coups de soleil facilement.." Je le regarde et souris. Il n'a pas tord. Sa peau est réellement blanche et doit être peu réceptive aux bons rayons du soleil. Je l'imagine totalement rouge, comme ces allemands que l'on voit parfois sur les plages de la côte est, cela provoque en moi une sorte de fou rire. Il serait accompagné d'une splendide blonde, d'un barbecue avec des saucisses et d'une caisse de bières. Le cliché par excellence. Tout le contraire du vrai Swen qui vient de poser ses fesses à mes côtés. Je peux sentir son parfum, c'est agréable. À la fois doux et puissant, comme celui qui le porte. "Tu as de la crème solaire, ou n'importe quoi qui m'éviterait de passer d'une couleur aspirine à tomate ?!" J'étais désolé pour lui, mais je n'en avais pas. Je ne prend jamais de coups de soleil et la crème solaire empêche de bronzer rapidement. "Non, désolé. Mais j'ai de la biafine dans ma chambre, pour les coups de soleil..." Je le regarde en souriant, je me fiche un peu de lui. Je le taquine. Je dois avoir cinq couches de bronzage tandis que lui n'en a aucunes, un peu comme mes amis d'enfance, en Bretagne. Il retirait son haut. Son torse était séduisant, très séduisant.Je ne m'attardais pas dessus et me rallongeais dans mon intégralité, face vers le soleil. " Tu as passé beaucoup de temps à la plage, t'es bien bronzé ?!" Swen, pourquoi me demandes-tu ça ? Cette question est banale. Swen parle trop, c'est une vraie pipelette. Il continue : "Ca te va très bien ce petit ton mat" Je deviens à nouveau rouge écarlate, il ne faut pas me faire de compliments. Encore moins en me regardant dans les yeux. Il veut ma mort ? Je souris tant bien que mal. Je n'arrive qu'à sortir une seule phrase de mes entrailles "Tu dis ça à tout tes amis ?"