Zoé lui manquait terriblement mais la douleur qu’avait suscitée leur brutale séparation n’avait pas totalement disparu, elle s’était juste atténuée. Elle qui en temps normal n’aimait pas s’attacher aux autres, elle s’était littéralement attachée à cette petite. Elle l’avait considéré comme sa propre fille et même si elle n’avait passé que quelques semaines avec elle et Lukas, sa présence parmi eux lui manquait. La jeune femme redoubla d’effort et augmenta la cadence. Elle était sortie de chez elle tôt ce matin pour courir et se vider l’esprit. Pas question d’arriver chez Blaith avec une tête de déterrée. C’était une personne qu’elle affectionnait particulièrement et lorsqu’elle lui avait proposé de venir déjeuner dans son nouveau chez soi, elle n’avait pu qu’accepter. Cela lui ferait le plus grand bien, à elle et surtout à Lukas. Encore un coup dur pour lui. Encore une déception. C’était d’ailleurs ça qui déchirait le cœur de la jeune mère. Son fils était encore trop jeune pour être déçu par la vie et le pire c’était qu’elle n’arrivait pas à le protéger comme elle l’aurait souhaité. Un point de côté se fit sentir et elle couru encore plus vite. Elle n’avait que ce qu’elle méritait. Peut-être aurait-elle dû prendre d’autres décisions, peut-être aurait-elle dû faire plus attention, peut-être aurait-elle dû être plus prudente avec Maximilian. C’était bien beau de refaire le monde avec des si seulement cela ne changeait rien au passé. Tout ce qu’elle pouvait faire était de faire de son mieux même si cela n’effacerait pas les peines passées.

Lorsqu’elle passa le pas de sa porte, la fatigue ainsi que la douleur se faisaient ressentir sur son visage. Elle n’aurait pas dû forcer de la sorte seulement, elle avait eu ce besoin d’extérioriser sa frustration. Elle trouva son voisin assis dans le salon à lire une revue de sport, elle lui proposa un café tout en le remerciant d’être resté auprès de son bout de chou le temps de son jogging, si on pouvait appeler ça ainsi. C’était un vieil homme qui appréciait énormément la maman et son fils, il se faisait toujours un plaisir de garder Lukas quand sa mère devait se rendre quelque part à la dernière minute. L’une des premières personnes à qui elle avait adressé la parole il y a quelques mois de cela lors de son arrivée à San Francisco. Calyope le considérait un peu comme le père qu’elle n’avait jamais eu. Et puis, ainsi, Lukas avait l’impression d’avoir un grand-père. Les deux adultes discutèrent un moment autour d’un café avant que chacun ne vaque à ses occupations. La belle O’Bannion se rendit dans sa salle de bain pour prendre une bonne douche avant d’aller réveiller son fils. Laissant couler l’eau chaude sur son corps, elle laissa ses idées noires s’en aller en même temps que l’eau. Une fois que la tension accumulée depuis quelques jours se dissipa, elle pu enfin quitta la cabine de douche un peu plus apaisée. C’est donc habillée d’un jean blanc et d’un chemisier turquoise qu’elle se dirigea vers la chambre de son petit prince pour le réveiller. Ils prirent ensuite leur petit-déjeuner ensemble avant que Lukas rejoigne le salon pour jouer tandis que sa mère s’occuper de ranger la maison.

Les heures défilèrent sans que la jolie brune ne s’en rende compte. Le point positif était qu’elle était de bien meilleure humeur qu’à son réveil. Aidant son fils à se préparer, elle lui mit quelques jouets et coloriages dans son sac à dos pour ne pas qu’il s’ennuie lorsqu’elle discutera avec Blaith. Les deux jeunes femmes ne se voyaient plus aussi souvent qu’avant et dire qu’un temps, elles étaient voisines et passaient chacun de leur temps libre chez l’une ou l’autre. Elles en avaient passé des bons moments ensemble et Lukas appréciait la jeune femme tout autant que sa mère. Prenant sa voiture, elle conduisit jusqu’à l’appartement de son amie. Elle ne vivait plus aussi près qu’avant mais cela ne les empêchait pas de profiter de l’autre. Arrivée à l’adresse donnée par la jolie brune, Calyope sonna à la porte et attendit que son hôte arrive. C’est avec un joli sourire et les mains chargés qu’elle salua Blaith.

« Salut ! Comment ça va toi ? Pas trop dur le déménagement ? »

Une après-midi avec Blaith et Lukas était une bonne manière d’aller encore mieux. Calyope ne s’arrêtait jamais à un échec, à un obstacle ou à une déception et même si perdre Zoé l’avait terriblement affecté, elle était à présent sereine. Elle savait qu’elle continuerait à se réveiller en pleine nuit pour s’assurer que ses deux enfants ne manquent de rien et que voir la chambre qu’elle avait spécialement aménagée pour accueillir Zoé vide lui ferait mal mais, elle s’en remettrait. Ce n’était pas si différent de ce qui c’était passé avec le père de Lukas, la séparation avait elle aussi été dure et brutale, beaucoup plus qu’elle ne l’aurait pensé. A aucun moment dans sa vie, depuis qu’elle avait rencontré Maximilian, elle n’avait pensé qu’elle s’attacherait autant à lui. Seulement, la vérité était autre. A la seconde où son grand-père était mort, il était devenu la seule famille qui lui restait, la seule personne sur qui elle pouvait compter et le fait de se retrouver loin de lui du jour au lendemain sans même avoir la chance de lui faire ses adieux, ni même espérer le revoir était encore plus douloureux que la séparation en elle-même. Mais, elle avait réussit à passer outre sa douleur, comme toujours et puis, il lui restait son fils. Il ressemblait de plus en plus à son père, il faisait sa fierté et elle était la plus heureuse des femmes d’avoir donné naissance à un ange pareil. Cette après-midi avec son amie lui permettait donc de laisser de côté sa vie et ses tracas pour se concentrer sur ce qui était plus important.

« Oui, très bien même, Lukas était impatient de te revoir, faut croire que tu as la quotte ma belle… J’y compte bien et tu me connais je ne te lâcherais pas jusqu’à ce que tu me dises ce qu’il se passe. Non, ça va ! »

C’est un sourire radieux aux lèvres que la brunette suivit son amie dans son appartement, il y avait bien plus d’espace que dans l’ancien, c’était sûre et puis au moins, c’était son chez soi à elle et à personne d’autre.

« Si tu as besoin d’aide pour défaire tes cartons, n’hésite surtout pas à me le faire savoir. »

Après avoir embrassé son amie et lui avoir donné ce qu’elle tenait entre les mains, un gâteau au chocolat qu’elle avait acheté à la pâtisserie en venant ici, elle regarda son fils courir vers le jardin pour voir sa surprise.

« Il va finir par te préférer à moi si tu continues à lui faire pleins de cadeaux comme ça. » Plaisanta-t-elle.

A dire vrai, Calyope était bien contente de voir son fils heureux et épanouit, elle-même appréciait la jolie irlandaise et la voir s’entendre aussi bien avec son fils ne pouvait que lui faire plaisir. Elle la vit revenir vers elle et posa son regard au même endroit que sa vis-à-vis avant qu’un sourire vienne prendre place sur ses lèvres. Lester. Ce chat lui avait manqué lui aussi, pensa-t-elle soudainement. Elles en avaient passé du temps sur la terrasse de leurs appartements, avec Lester dans les bras de l’une ou de l’autre. De bons moments.

« Je veux bien oui, ton appart’ est très accueillant je dois avouer.. . »

C’était bien rare que la belle russe se sente à l’aise chez les gens dès la première fois, surement son côté méfiant mais, dans cet appartement c’était tout à fait le contraire. Blaith y était surement pour beaucoup, elle la connaissait depuis un certain temps maintenant. Murmurant à son fils de continuer à s’amuser avec son nouveau jouet dans le jardin, elle se rendit en cuisine pour aider son hôte. Elle s’arrêta à l’entrée de la cuisine, appuyée contre le chambranle de la porte. Il lui semblait que Blaith n’allait pas bien, elle ne savait pas pourquoi mais elle comptait bien faire en sorte que la jolie brune en face d’elle aille mieux.

« Je vais bien, ne t’en fais pas pour moi… Par contre toi, j’ai l’impression que c’est une toute autre histoire, n’est-ce pas ?! » Elle s’avança vers elle jusqu’à lui mettre une main sur l’épaule. « Tu es sûre que tout va bien pour toi ? Tu sais que tu peux me parler, si tu le veux ? »

Beaucoup de personnes la prenaient pour une femme sans cœur, beaucoup de personnes aimaient à croire qu’elle ne ressentait rien et qu’elle était incapable d’éprouver quoi que ce soit. La vérité était totalement différente et cela ne se voyait qu’en présence des personnes qui comptaient réellement pour elle comme c’était le cas avec Blaith. Elle ne supportait tout simplement pas de la voir dans ccet état là, triste et les yeux remplis de larmes contenues.

« On a tout le temps pour déjeuner un peu plus tard… » Sous-entendu, tu peux très bien me parler maintenant de ce qui te préoccupe, tu es plus importante que ce déjeuner.