featuring naya r. greenwood

La démarche assurée du vainqueur. Je marchais dans les couloirs de mon université, arborant fièrement l’uniforme de cheerleader qui faisait de moi, cette personne si populaire. Les gens se retournaient derrière moi pour pouvoir me regarder. Oh bien sûr que faire partie des iotas c’était la classe assurée. Mais ce n’était pas simplement un uniforme à porter, c’était tout un code éthique à faire respecter. Bien entendu, nous n’étions pas les joueurs sur le terrain mais c’était quasiment pareil. Sans les cheerleaders, ces compétitions en perdraient tout leur charme. Depuis la rentrée scolaire, j’avais repris petit à petit les entraînements de cheerleading. Faire ces pirouettes, bouger mes fesses sur le rythme de la musique, secouer mes pompons… Si je n’avais pas ça, je serai probablement devenue l’une de ces alphas qui passaient leurs journées sur leurs bouquins comme si rien d’autre n’existait. Si je n’avais pas la danse… Oh, je n’osais même pas imaginer à vrai dire. Quand on a une passion qui vous dévore, on l’a dans la peau et il en est difficile de s’en échapper. C’était comme ça. Je me rappelais de cette cheerleader, Chelsea, qui après une mauvaise chute, s’était retournée vers les gammas. Pauvre fille. Lorsque je l’a croisais dans les couloirs, elle traînait avec ces espèces de junkies dérangés. Elle avait complètement oubliée d’où elle venait. Je faisais tout pour ne pas qu’une telle chute arrive, pour ne pas abandonner. Heureusement j’avais mes amies cheerleaders. A vrai dire, je m’entendais plutôt bien avec tout le monde en général du côté fille. Côté garçons, j’avais certains atomes crochus mais bon rien de bien important. C’était la meilleure confrérie, et actuellement elle l’est encore. J’avais du mal à rester éloignée d’eux une seule journée, et même du mal à retirer mon uniforme pour le laisser au placard. En marchant dans les couloirs, je me dirigeais vers mon casier pour prendre les bouquins dont j’avais besoin dans la journée. Ce qui me faisait le plus chier en fait, c’était cette blouse blanche à mettre à chaque fois qu’on allait dans le labo. Blouse qui couvrait mon splendide uniforme rouge et blanc. Imaginez l’horreur pour une cheerleader si elle n’arbore pas fièrement son uniforme et surtout si celui-ci est caché par… une blouse. Une horreur. Je refermais mon casier, l’humeur massacrée par le fait de porter cette horreur toute une journée.

Je me dirigeais dans les toilettes. Des filles, évidemment. C’était l’endroit où toutes les confidences sur les garçons se faisaient. L’avantage avec moi, je pouvais parler garçons mais aussi embrasser une fille pour me donner un avant-goût du reste. Je me penchais sur l’immense miroir afin de contempler mon reflet. Parfait. Même si il y avait besoin d’une petite retouche. Heureusement, j’avais toujours le nécessaire en cas de petite urgence comme celle-ci. Vidant ma trousse à maquillage dans l’un des lavabos, je trouvais mon bonheur en retrouvant mon mascara préféré. A cette heure précise, ma meilleure amie Naya devait me retrouver dans les toilettes. C’était un petit rituel du matin on va dire. Avec cette fille, je parlais de tout et de rien. C’était d’ailleurs la seule à ne pas se foutre de moi lorsque je balançais mes phrases bizarroïdes. Nous étions tout le temps fourrées ensemble. En général, quand il y a Niveane il y a toujours Naya qui n’est pas très loin. Je regardais ma montre. Dans quelques secondes, elle n’allait pas tarder à arriver. Je l’a connaissais bien ma meilleure amie. Toujours à l’heure, et toujours avec le sourire aux lèvres… Même si certains jours, je m’attendais au pire. J’espérais seulement qu’elle n’avait pas passé un mauvais week-end comme le mien. Je pourrai tout faire pour cette fille.

Aujourd'hui ce n'était pas un jour comme les autres. Bah oui car il m'était arrivé quelque chose dont je n'oublierais pas pendant sûrement des dizaine et dizaine de jours. Oui parce que en ce jour, sur l'hedbo de Berkeley quelle ne fut ma surprise ! En effet mon visage avec la coiffure que j'avais faite pour Noël dernier qui faisait très... Chcoucroute cette photo avait été diffusée sur l'hedbo de la fac. Complètement offusquée et abasourdie je me sentais ridiculisée, d'ailleurs certains étudiants aux sourires narquois faisaient preuve que j'étais laide ce jour là ! Vous ne vous rendez pas compte, "laide" c'est le pire des mots qui me fait ridiculisée. Mais malheureusement je ne pouvais rien y faire, l'hedbo venait d'être diffusé ce jour même. J'avais même honte de me montrer dans les couloirs, mais je du quand même y aller parce que j'avais rendez-vous avec Niveane. La pauvre je lui ferais sûrement de la peine avec le visage recouvert de mascara qui dégouline partout sur mon sois disant "parfait" visage. Oui car même si j'étais en tenue de cheerleader actuellement, j'osais à peine me montrer dans les couloirs. Pourtant une fois avoir pleuré dans la bibliothèque, je finis par céder et je cachais mon visage. Bon c'est sûr je ne me trouvait très belle et féminine, mais c'était rapport au mascara qui commençait à recouvrir mon jolis minois. Bref, je me dépêcha d'arpenter quelques marches et de courir à tort et travers dans les lumineux couloirs de Berkeley... Quand je fus enfin arrivée dans les toilettes j'apercevait très vite Niveane qui était venue avec sa trousse de maquillage. Disons que j'avais complètement oublié qu'aujourd'hui toutes les deux on devait faire une séance maquillage, oui parce que ce matin toutes les deux on avait pas à étudier, ni de cheerleading à faire. C'est tous les mardis que nous faisons ça. Pourtant c'est bizarre parce que j'avais complètement oublié, disons que j'étais trop perturbée et ce satané hedbo envahissait toute ma boîte cranienne. J'entra alors avec mes larmes de crocodiles et comme je le savais d'avance, Niveane se dépêcha de venir à mon secours en quelques sortes. Bon il était vrai que je pleurais moins rapport à tout à l'heure, j'étais part terre à genoux et mes mains recouvraient mon visage empêchant à Niveane de me voir. Mais de peur qu'elle le prenne mal, j'enleva alors mes mains en laissant découvrir mon visage complètement peint en noir. Quelle ne fut alors la surprise de mon amie, j'en étais sûre qu'elle serait complètement sous le choc. J'étais triste, mais pas trop triste pour m'expliquer à Niveane.

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Je n’avais jamais vraiment fait attention à l’hebdo du lycée. Je savais qu’il y avait Watch Out qui traînait dans le coin mais fort heureusement je n’avais eu encore rumeurs me concernant. J’arrivais peut-être à bien me cacher il faut dire. J’avais entendu dire que cet hebdo publiait des horreurs concernant certains élèves de l’établissement. Il était distribué le lundi matin, histoire de bien laisser les élèves s’imprégner de toutes les rumeurs qu’il pouvait y avoir la dedans. Une sorte de journal universitaire mais en version scandale probablement. Une bonne idée pour mettre de l’animation au lycée, mais je savais que cela pouvait blesser des gens quand on y pense. Je n’aurai sans doute jamais aimé que l’on insulte ma façon de danser, ma façon de m’habiller ou même ma façon de m’exprimer. Je savais qu’un jour, j’allais faire polémique sur ma bisexualité et le fait que je me tapais tout ce qui bougeait à Berkeley. A part les alphas, j’étais passée par toutes les confréries possibles. J’adorais ça. C’était une manière de provoquer, à ma façon. Pour le moment, je me contentais uniquement de ma petite matinée rituelle, c’était tout ce qui m’importait. Tous les mardis, j’avais rendez-vous avec Naya pour une séance de maquillage. Un petit rituel que nous faisions depuis maintenant un peu plus d’un an. C’était complètement stupide quand j’y repensais, mais à vrai dire, les petits rituels rendaient mon quotidien avec beaucoup plus de charme. On discutait pendant des heures, oubliant parfois que la sonnerie avait retentit il y a une heure. Juste pour se retrouver seules toutes les deux, à se raconter toutes sortes d’histoires toutes loufoques les unes des autres. Bizarrement, je ne voyais pas ma meilleure amie arriver. Connaissant Naya, elle était toujours à l’heure. Elle arrivait toujours vers 7h58. Juste avant la sonnerie, histoire qu’on sèche un peu les premières minutes de cours. Les trois quarts du temps, je séchais toute une matinée à cause de cette discussion dans les toilettes tous les mardis matins. 8h05, personne en vue. Je commençais à attraper mon téléphone lorsque je remarquais que ma petite Naya était là. Elle était rentrée discrètement probablement pour ne pas se faire attraper par les surveillants dans les couloirs. Lorsque je remarquais que celle-ci était assise par terre, les genoux recroquevillés sur elle… Là, j’avais senti que quelque chose tournait mal. Je m’approchais d’elle, posant les genoux à terre, silencieuse. Naya relevait la tête vers moi. Mon dieu, elle avait pleuré et son maquillage avait coulé sur ses joues. Je me relevais rapidement, pour lui attraper un mouchoir afin de lui essuyer ses larmes. Je ne supportais pas la voir dans cet état-là, cela me rendait malade. Mon sourire qui représentait ma joie de la voir, s’effaçait pour exprimer une inquiétude et surtout une tristesse de la voir comme ça. Mais qu’est-ce qui lui avaient causé ses larmes ? Dans ma tête, je me jurais à moi-même de trouver le coupable et de lui faire payer très cher ce qu’il ou elle avait fait. J’avais du mal à voir les gens pleurer, parce que je ne supportais pas la souffrance. Mais voir sa meilleure amie, dans un piteux état et en plus complètement démaquillée sur le coup, cela me mettait hors de moi. Je lui essuyais doucement les larmes avec le mouchoir, tout en lui caressant les cheveux. Elle ne disait pour le moment, mais je savais que j’allais réussir à lui faire dire. On se disait tout depuis quelques mois maintenant. C’était difficile que quelque chose me passe à côté. Je lui relevais le menton, afin de plonger mon regard dans le sien. Cela me déchirait le cœur, mais il fallait que je sache. « Allez ma belle, raconte-moi ce qui se passe… Je ne t’ai jamais vue dans un état pareil. »

Posant à son tour ses genoux par terre, Niveane voyait bien que que je n'était pas comme d'habitude que quelque chose n'allait pas. Et en voyant mon visage recouvert de mascara, elle n'hésita pas à chercher un mouchoir pour m'essuyer cet affreux visage de "suie". Au début quand je l'avais vue en bon état avant qu'elle ne me voit, elle avait bonne mine, mais grâce à moi cette bonne mine était disparue pour laisser place à l'inquiétude. Moi non plus je n'aimais pas lui faire du mal, j'avais l'impression que quand je pleurais je devais être deux fois plus triste à voir le visage de Niveane. D'un coup elle prit mon menton afin de plonger son regard spéculeux contre le mien, qui lui était triste et bourré d'inquiétudes. Si je tenais vraiment à aller jusqu'au bout de mes pensées, j'aurais volontiers botté le derrière de celui qui aurait fait ce stupide hedbo, quitte à lui imprimer dessus une trace fumante de ma paire de petites ballerines verniers. Sincèrement, j’étais prête à l’étriper ce dernier, voire à le dépecer. Je jetai un regard aussi noir et lourd qu’un nuage chargé de pluie et qu’un ciel orageux et, en silence, du bout des lèvres et discrètement, qui signifiait clairement mon mécontentement : « No. me. gusta. ». Au prix d’un effort exceptionnel et quasiment surhumain, je réussi à sourire de toutes mes dents, de la façon la plus hideuse qu’il soit, quoique j’eus toujours la chance de posséder deux petites fossettes charmantes de chaque côté de mon visage, creusant dans mes joues d’adorables sillons. C’était déjà ça. Mais le cœur n’y était franchement pas. Et dans ma tête, je voyais clairement l’image de mes mains autours du délicat et gracile cou de Niveane, les yeux de cette dernières révulsés. Agacée, je fis claquer ma langue contre mon palais, et croisai les bras sur ma poitrine, un sourcil haussé, un sourcil froncé. Quand d'un coup Niveane se décida alors à me faire avouer ce qu'il se passait. « Allez ma belle, raconte-moi ce qui se passe… Je ne t’ai jamais vue dans un état pareil. » disait-elle d'un ton désolée. Un jour où l'autre j'allais bien lui dire, mais j'attendis avant une petite minute pour faire régner un peu de silence. « C'est ce satané hedbo, on a mit une photo de moi avec ma coupe en "choucroutte" du noël passé, et une phrase complètement déplacée était écrite juste en dessous » laissais-je filer entre mes dents très serrées, roulant de la langue comme mon léger accent me le permettait. J'attendais que Niveane me dise de continuer pour ne pas lui fournir de suite ma longue histoire. Ce qui était assez étonnant c'est que depuis environ une bonne dizaine de minutes j'avais arrêté de pleurer. Quand à mon visage il était redevenu beau, féminin, extravagant. Puis je me levais tout en accoudant mes bras sur le rebords des miroirs.

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Je me demandais pourquoi je ne supportais pas voir les gens tristes. J’étais tout le temps en train de sourire, pour ma part. Même quand je ne me sentais pas bien, j’étais encore en train de sourire. Une simple facette pour cacher une quelconque souffrance. Je pariais que beaucoup de personnes se retrouvaient dans mon cas, sourire pour permettre ne serait-ce que quelques secondes, d’avoir une échappatoire face au quotidien qui ruinait, qui épuisait tout le monde au final. Je ne pleurais que très rarement, voir même jamais. Je ne me souvenais même plus de cette dernière fois. Le milieu d’où je venais me permettait d’être un peu plus forte, et d’avoir un mental résistant. Mais comme tout être humain, j’avais mes faiblesses et je devais bien avouer que voir ma meilleure amie pleurer ainsi, cela me fendait le cœur. Oh bien sûr, je n’allais pas pleurer à sa place… Mais c’était une vue qui m’était difficilement supportable. C’était probablement pour cela que je voulais être médecin : ne plus voir les gens souffrir ou pleurer parce qu’ils ont mal. Le simple fait de voir un sourire de la part de ma meilleure amie, remplissait mon cœur de joie. En me plongeant dans son regard, je revoyais toutes les scènes où j’avais dû la consoler. Dans l’autre sens, cela n’arrivait que très rarement. J’entendais les paroles de ma meilleure amie prononcées en espagnol. Aïe, là ça n’allait vraiment pas. Je savais que Naya parlait parfois dans sa langue, pour exprimer son mécontentement. Heureusement que les mots n’étaient pas trop compliqués à deviner. Je ne supportais pas quand on me parlait dans une autre langue. Bien que j’aie des origines lointaines nordiques, je parlais la langue du pays. Je fronçais les sourcils tout en me redressant, parce que je n’arrivais plus à tenir sur mes jambes. « Naya, tu sais bien que j’ai du mal avec tes jargons espagnols. » Je lui montrais ma tête nordique avec un sourire pour bien lui faire comprendre. Elle et moi, physiquement du moins, nous étions diamétralement opposées. C’était probablement ça qui faisait le charme de notre amitié si spéciale. Lorsqu’elle m’annonça la raison de sa crise de larmes, je ne pouvais m’empêcher d’étouffer un petit rire. Je savais très bien que Naya allait très mal le prendre. Elle faisait énormément attention à son physique et à sa réputation. Moi je m’en fichais un peu tant que je gardais une ligne convenable. J’avais du mal à concevoir que ma meilleure amie puisse pleurer à cause d’une coupe de cheveux. Pour me prendre au jeu, j’ouvrais la bouche en plaçant ma main manucurée devant. « Olalalalala… Quelle catastrophe ! J’espère que tu as porté plainte contre ton coiffeur ! » Oh j’étais taquine mais je ne lui voulais absolument aucun mal. Au contraire. Nous avions l’habitude de prendre un peu tout à l’ironie. C’était marrant quand on y repense. Je reprenais rapidement un air sérieux, pour être tout à fait potable. « Comment ont-ils pu avoir cette photo ? Et surtout comment as-tu pu avoir une horreur pareille sur la tête ? Toi qui déteste les choucroutes en plus ! » disais-je, en regardant ma meilleure amie tout en me regardant dans le miroir, admirant mes cheveux lisses et brillants.

Quand Niveane fronça les yeux tout en se redressant, elle me regardait d'un air particulièrement frustrant. « Naya, tu sais bien que j’ai du mal avec tes jargons espagnols. » Oui je le savais, mais c'était plus fort que moi quand ça n'allait pas j'étais obligée à dire ces mots espagnols. Quand je lui annonça la raison des mes pleurs, Niveane se mit subitement à s'étouffer de rire entre ses mains. Plantant mes yeux dans les siens, d'une nuance plus claire que mes propres pupilles, je tentais d'y faire passer toute l'exaspération et l'agacement que me faisait ressentir la situation présente. Mais je n'y arrivais pas. Niveane, je n'avais jamais put être méchante avec elle, ni même vexante, ni même blessante. Mes yeux s'adoucirent instantanément, mais mes sourcils étaient toujours froncés, suspicieux, et il était hors de question de m'avouer vaincue ou de laisser transparaître dans mes paroles la moindre once de douceur et de tendresse. Mais Niveane finit vite fait par laisser ça derrière et de se prendre au jeu en plaçant sa main manucurée devant sa bouche. « Olalalalala… Quelle catastrophe ! J’espère que tu as porté plainte contre ton coiffeur ! ». Bon il était vrai que ce n'était que de l'ironie et nous avions tant l'habitude de faire ses sortes de blagues, elle reprenait rapidement son air sérieux et elle me répondit d'une manière tout à fait potable. « Comment ont-ils pu avoir cette photo ? Et surtout comment as-tu pu avoir une horreur pareille sur la tête ? Toi qui déteste les choucroutes en plus ! ». Je tapais du pied, énervée, frustrée de voir la situation échapper à mon contrôle et pencher en faveur de mon insupportable caractère, et en même temps, très paradoxalement, le tout m'amusais, et la lueur de malice qui illuminait le regard de Niveane me fit presque sourire. Presque. Je connaissais bien ma chipie pour la côtoyer tous les jours depuis maintenant deux années. Et j'en découvrais chaque jour un peu plus... Reste zen, reste zen ... Plus facile à dire qu'à faire ! Je connaissais ma bien ma raison d'être triste et énervée comme si elle était sortie de mon propre ventre, et pour connaître par cœur chaque tout ce que j'avais vécu, chaque mimique qu'elle faisait, les reflets dans ses yeux, je devinais aisément qu'en plus d'être parfaitement à son aise. Je soupirai, sifflai entre mes dents de façon agacée, et levai les yeux au ciel. Niveane semblait nager dans le bonheur, au centre de la scène, sous les feux de la rampe, brillant comme l'étoile du berger. Moi, il fallait bien le reconnaître, j'étais moins à l'aise, et très vexée. Les rôles s'inversaient. Pourtant, je savais que c'était ça, qu'elle voulait. Ma colère, ma colère grandissante, tonitruante, impétueuse, vile, venimeuse, et surtout humiliante. Doucement mais sûrement, de cette façon qu'elle seule connaissait et maîtrisait à la perfection, elle m'amenait avec ses mots à m'humilier moi-même, toute seule, comme une grande, sans l'aide de personne. Ce moment où on comprend qu'on est fichu, qu'il n'y a plus rien à faire et là, seulement là, la personne qui avait fait l'hebdo porte le coup final, l'estocade en m'influençant une phrase complètement déplacée "Naya cacherait ses anti-sèches dans sa touffe de cheveux !". Non, je ne voulais pas accepter ! Je prononçais d'une voix tout à fait sournoise : « Cette photo ils l'ont prise le noël dernier au bal de promo, et pour porter cette horreur c'était parce que mes cheveux étaient complètement remplis de noeuds et figure toi que sans cette coupe de choucroute j'avais l'air d'une clocharde ! » Je m'attendais à une réponse claire et nette et non des moqueries idiotes de la part de Niveane je voulais du sérieux ! Fermement campée sur mes deux pieds, mes yeux ancrés dans ceux de Niveane qui venait enfin de relever la tête, j'attendais la riposte. Car après tout, que pouvait-il y avoir de pire ? J'avais déjà franchi la limite.

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Ma meilleure amie quand elle parlait en espagnol, je savais que ça n’allait pas fort et qu’il fallait que je fasse quelque chose. Bizarrement, quand je me sentais mal je me réfugiais avec elle ou alors avec Perdita. Quand j’avais besoin de me confier, je m’adressais à Memphis. Quand je sortais dehors, je venais voir Andreas. J’avais déjà du mal à parler l’anglais correctement sans que je ne fasse une gaffe, alors imaginez moi en train d’essayer de déchiffrer de l’espagnol. Bien que je trouve cela terriblement sexy, je ne comprenais absolument rien. Heureusement, Naya m’avait appris quelques mots lorsque nous étions parties au Mexique. Je me sentais terriblement gênée de me moquer d’elle comme cela, mais nous avions l’habitude de nous balancer des horreurs mutuellement. Je crois même que Naya est la seule fille qui avait réussi à me blesser par des paroles faites sur ma façon d’agir. Et le pire, c’est qu’elle avait raison. Je ne cessais de me comporter comme une gamine, j’avais du mal à gagner en maturité peut-être parce que mon rêve était présent lui depuis ma plus tendre enfance. Ce jour-là, Naya m’avait fait mal mais au moins on se rendait la monnaie de nos pièces à chaque fois. Je savais qu’elle n’était pas méchante. D’ailleurs, je remarquais déjà ses expressions de son visage se modifier. Son visage s’adoucissait. Je décidais d’arrêter de me foutre d’elle. Du moins, j’allais éviter que ça soit trop flagrant. Parce que si elle avait pu remplacer ses yeux par une mitraillette, elle m’aurait immédiatement tuée sur place. Je me demandais n’empêche comment elle avait pu se faire une coiffure aussi hideuse que ça. J’imaginais parfaitement la grosse choucroute à l’afro-américaine. C’était une vision d’horreur qui me traversait l’esprit. Surtout connaissant Naya qui faisait absolument attention à sa coiffure, ou plutôt à son apparence à part entière. Je ne l’avais jamais vu en mode dégoutante pour aller en cours. Je savais également que si elle avait vu cet hebdo, elle devait l’avoir planqué quelque part. Il fallait absolument que j’observe l’état des lieux avant de porter un quelconque jugement. Même si la situation me faisait quand même assez rire. J’écoutais son récit, sur l’apparition de sa coiffure choucroute. Bizarrement, ce bal de promo je devais être totalement défoncée pour ne pas avoir vu cette coiffure. Ou alors j’étais en train de coucher quelque part. Je ne me souvenais absolument pas de ce moment. Par contre, Naya allait s’en rappeler pendant un petit moment. Je savais qu’elle était en colère. Ce genre de magasine pouvait réduire à néant à la réputation d’une fille en quelques secondes et surtout en un seul coup d’œil. Une seule photo déplacée, et voilà que tout était réduit à néant. Je savais qu’en sortant des toilettes, beaucoup de gens allaient se moquer d’elle. J’allais bien évidemment être là pour la soutenir. Ce n’était pas mon genre de m’en aller, tout ça parce que la réputation d’une fille venait d’être anéantie à cause d’un raté sur une coiffure. « Tu n’utilises jamais d’après-shampooing ou quoi ? Naya, ça ne te ressemble pas ça ! » Oh non, ça ne ressemblait pas du tout à elle. Pour avoir passé des soirées avec elle, elle se douchait tous les matins pour avoir des cheveux impeccables et pour sentir bon. Qu’est ce qui s’était passé ce jour-là pour que Naya se retrouve humiliée de la sorte aujourd’hui ? « Et euh … Tu dois avoir le magasine, je suppose, planqué par-là, pour ne pas que je tombe dessus… Je veux moi-même constaté les dégâts de ce foutu magasine. » Je savais déjà qu’il allait falloir redoubler d’effort pour faire enlever cette photo. J’avais déjà envie d’étriper le photographe. Mais il fallait déjà voir l’objet du délit, et je savais que Naya n’allait pas me laisser la voir tout de suite. « Et n’invente pas d’excuse, il faut que je constate pour ensuite faire manger les feuilles au rédacteur en chef. » disais-je, tout en sortant mon fard à joues.

Je savais que Niveane se sentait gênée par son comportement plutôt moqueuse, mais vu que nous avions tant l'habitude de le faire ce n'était même plus nouveau à vrai dire. Il paraît que je suis seule à lui faire du mal avec mes paroles, je suis quand même surprise même si je sais depuis un bout de temps. Je crois que ça fait 3 mois maintenant, en effet je ne m'étais jamais aperçue à ce que je la blesse autant par mes paroles très dures à avaler. C'était Nessa qui me l'avait fait découvert, et j'étais tellement gênée que je n'était plus allée en cours pendant plus de trois jours. En voyant Niveane j'avais cru comprendre que ce jour aussi elle se sentait blessée, mais cette fois-ci c'était différent c'était l'arroseur arrosé ! Je n'hésitais jamais à aller droit au conflit. Mais bien sûr, avec ma meilleure amie, c'était différent. Jamais je n'aurais put tenter quelque chose contre elle, car même si nous nous prenions le bec très très régulièrement, je l'aimais beaucoup trop pour lui faire du mal. Même si là, maintenant, précisément, j'en avais très envie à cause de sa vanne idiote. Et c'était là que résidait le fond du problème. Et comme me le répétait souvent ma mère, « la violence n'engendre que la violence et ne règle en aucun cas les conflits. » Quelle était sage, ma mère ! Pourtant, je savais que c'était ça, qu'elle voulait. Ma colère, ma colère grandissante, tonitruante, impétueuse, vile, venimeuse, et surtout humiliante. Doucement mais sûrement, de cette façon qu'elle seule connaissait et maîtrisait à la perfection, elle m'amenait avec ses mots à m'humilier moi-même, toute seule, comme une grande, sans l'aide de personne. Pourtant de plus en plus il semblait qu'en parlant avec cette dernière, mon visage s'adoucissait et Niveane me souriait de toutes ses dents. Heureusement qu'elle avait arrêté de se foutre de ma gueule, parce que une deuxième fois je ne l'aurais pas pris à la légère et même que peut être je dégagerais de Berkeley pour érer dans les rues du New Jersey. Bref, d'un coup j'avais complètement oublié ce stupide hebdo, miracle ! Enfin, miracle pendant à peine cinq minutes. Je me doutais très bien que Niveane ne savait pas comment est-ce que j'étais dans cet état pareil me connaissant. Le noël dernier pendant plus de deux semaines j'étais tombée malade, et par ma faute je ne me suis levée que dans les derniers jours de la deuxième semaine. Et à cause de tout ça je me suis retrouvée rempli de noeuds quelle horreur ! Comme le lendemain il y avait le bal de promo, je n'avais pas eu le temps de me coiffer alors badam je me suis mise cette satané coupe ! En songeant à tout ça dans ma tête, je devenais de plus en plus démoralisée, je me retenais de pleurer en engouffrant mes larmes tout en pinçant avec mes dents ma bouche pulpeuse. Il était vrai que de même ce jour là je n'avais pas vu Niveane, je dansais avec un garçon quelconque dont je ne connaissais pas, sûrement étais-je bourrée. Oui c'était le cas, et je n'avais même pas regretter cette délicieuse soirée, d'ailleurs cette coupe je n'y pensais plus pendant plusieurs mois. Enfin jusqu'à ce jour, si maudit et pleines d'injures ! Pourtant je savais que vite fait, ma réputation redeviendrait la même et que tout le monde oubliera, seulement quand ça ? Niveane me regardait tout en s'approchant de moi : « Tu n’utilises jamais d’après-shampooing ou quoi ? Naya, ça ne te ressemble pas ça ! » Oui exact ça ne me ressemblait pas du tout ! Sauf que cette fois-ci ce n'était qu'un accident, dont peut-être je me souviendrais toute ma vie, ou pas… « Le noël dernier j'étais tombée malade tu te souviens ? Et après je suis restée malade dans mon lit pendant deux semaines, depuis le bal de promo je n'ai pas pu me coiffer, j'ai donc du faire cette "choucroute". » En plus de tout ça je me douchais tous les matins, je sentais bon c'était vraiment une injustice. Avec tout ce que je faisais, et voilà qu'un seul jour suffit pour tout démolir. Quand à Niveane elle commençait à regarder dans mon sac qui se trouvait par terre, je commençais sérieusement à avoir des doutes. « Et euh … Tu dois avoir le magasine, je suppose, planqué par-là, pour ne pas que je tombe dessus… Je veux moi-même constaté les dégâts de ce foutu magasine. » Oh non elle avait deviné que l'hebdo se cachait dans mon sac, je me souviens que je l'avais pris pour relire à chaque fois cette phrase dont je ne comprenais absolument rien car j'étais à côté de la plaque, démoralisée disons. Je commençais à aller chercher mon sac quand… « Et n’invente pas d’excuse, il faut que je constate pour ensuite faire manger les feuilles au rédacteur en chef. » disait-elle, tout en sortant ses joues. » Grillée ! En courrant vers mon sac Niveane m'intercepta et pris alors l'hebdo. Plus vite que la lumière je m'enferma dans l'un des cabinets des toilettes. J'avais peur qu'elle ne crie en me voyant, aussi horrible que j'étais, de même je fermais mes taympans.

featuring naya r. greenwood

Je m’imaginais si j’étais dans la situation actuelle. Non en fait, je ne voulais pas imaginer cette horreur. Voir ma réputation brisée par une simple coiffure, c’était dur. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de la taquiner. C’était devenu comme un rituel entre nous. A chaque fois qu’il nous arrivait quelque chose de mauvais, l’une taquinait l’autre. Cela finissait souvent en câlins dans les bras et souvent en vengeance tel un duo synchronisé. Je comptais bien me venger, pour venger la réputation de ma meilleure amie qui devait être salie mais aussi pour ma propre satisfaction. J’avais besoin de leur montrer à ces petits binoclards que s’attaquer à la meilleure amie de Niveane Bentley, ça ne passerait pas inaperçu. Certes, je savais que ma réaction en regardant la photo allait être sans appel et certainement très humiliante. Mais comparé aux autres élèves, moi ça allait me passer. Les autres n’allaient pas oublier cela de sitôt. J’avais envie de rassurer ma meilleure amie, lui dire que cela n’était qu’une mauvaise passade mais j’avais tellement peur de déclencher une nouvelle crise de larmes que je me taisais. Je me remaquillais en silence pendant quelques secondes avant de pencher mon regard vers le sac de ma meilleure amie pour ensuite reposer mon regard vers elle. Elle m’expliquait la raison de cette horreur sortie de sa touffe capillaire. Bien sûr, il m’arrivait de me réveiller avec une coiffure frisant celle de Michael Jackson lorsqu’il était jeune mais en pleine journée… Jamais. Je savais que si je continuais à embêter Naya, elle allait partir et bien entendu déverser sa rage dans tous les couloirs et qui sait peut-être même dans la ville toute entière. Je l’a connaissais et elle en était entièrement capable. Elle me parlait du bal de promo. Je devais probablement être trop saoule pour me rappeler que ma meilleure amie s'était pointée avec une coiffure à l’afro-américaine ratée. Je me maudissais à l’intérieur de moi. J’aurai peut-être pu sauver quelques meubles si j’avais remarqué cette immonde chevelure. Mais je devais probablement être trop occupée pour m’en rendre compte. Dommage pour Naya, parce que cela venait de tout raser sur son passage. « Oh mon dieu… Mais j’étais où moi ? Je ne m’en souviens même pas. Tu crois que j’étais bien habillée ? » Et voilà encore une question qui n’avait rien à voir avec le sujet. J’atterrissais à nouveau sur Terre, en regardant la tête de ma meilleure amie qui ravalait ses larmes de crocodile. Cela devait être pour elle, un moment très difficile. Je n’osais même pas imaginer si cela m’était arrivé. J’aurai probablement fait une crise cardiaque, ou alors je serai restée enterrée sous ma couette le temps que cette photo disparaisse. Ma meilleure amie était très courageuse d’oser affronter le regard moqueur des étudiants. Mon regard se posait sur le sac de ma meilleure amie. Je me demandais ou pouvait être ce foutu hebdo. Il fallait que je constate par moi-même les dégâts causés par cette photographie prise à l’insu de Naya. Celle-ci courait vers son sac. J’avais deviné qu’il se trouvait là. J’étais un peu trop rapide pour elle puisque j’avais chipé l’hebdo sous ses mains. Naya courut pour aller s’enfermer dans les toilettes, ce qui au fond me faisait de la peine pour elle. J’ouvrais le magasine pour constater les dégats. Photo en première page. Déjà ça, ça faisait mal. Je tournais le magasine dans tous les sens pour constater l’horreur. En effet, c’était une véritable choucroute on ne pouvait pas se tromper. Je me dirigeais devant la porte des toilettes où Naya s’était enfermée et y tapait fort dessus pour qu’elle puisse m’ouvrir. « Naya… Ouvre-moi s’il te plait… » Je tapais plusieurs fois. Elle s’était enfermée dedans, probablement pour ne pas à affronter mon regard moqueur comme ceux qu’elle avait déjà affronté ce matin. « Je t’en prie… » disais-je, d’une voix lasse. Bizarrement, je n’avais pas envie de rire. L’heure était grave maintenant, il fallait que je sauve la réputation de ma meilleure amie. Tout se mélangeait dans ma tête. J’organisais déjà le plan que j’allais faire pour incendier ce foutu journal étudiant. « Naya… On va leur faire brûler leur hebdo devant le bureau, allez viens ça va être drôle je t’assure ! » Il fallait bien que j’arrive à la convaincre, ma meilleure amie c’était une vrai tête de mule…